mardi 29 janvier 2013

Poèmes - Alcools Guillaume Apollinaire ( Poemes France )


                                                
                                    Que lentement passent les heures
                                    Comme passe un enterrement

                                    Tu pleureras l'heure où tu pleures
                                    Qui passera trop vitement
                                    Comme passent toutes les heures




                                                Carte Postale
                                                                                                                        
                                                                                                                     
                                   Je t'écris de dessous la tente
                                   Tandis que meurt ce jour d'été
                                   Où floraison éblouissante
                                   Dans le ciel à peine bleuté
                                   Une canonnade éclatante
                                   Se fane avant d'avoir été




                                                               Avant le Cinéma

                                                                                                                                                                                                                                                            

                                                 Et puis ce soir on s'en ira
                                                Au cinéma

                                               Les Artistes que sont-ce donc
                                              Ce ne sont plus ceux qui cultivent les Beaux-Arts
                                             Ce ne sont pas ceux qui s'occupent de l'Art
                                             Art poétique ou bien musique
                                            Les Artistes ce sont les acteurs et les actrices

                                           Si nous étions des Artistes
                                          Nous ne dirions pas le cinéma
                                         Nous dirions le ciné

                                        Mais si nous étions de vieux professeurs de  province
                                       Nous ne dirions ni ciné ni cinéma
                                       Mais cinématographe

                                      Aussi mon Dieu faut-il avoir du goût



                                                                                              Guillaume Apollinaire




dimanche 27 janvier 2013

Edouard Manet Emile Zola ( Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui )



     zola par manet

                                                                  Edouard Manet *

            Je viens de lire, dans le dernier numéro de l'Artiste, ces quelques mots de M. Arsène Houssaye :
" Manet serait un artiste hors ligne s'il avait de la main... Ce n'est point assez d'avoir un front qui pense, un oeil qui voit ; il faut encore avoir une main qui parle. "
            C'est là, pour moi, un aveu précieux à recueillir. Je constate avec plaisir la déclaration du poète des élégances, du romancier des grandes dames trouvant qu'Edouard Manet a un front qui pense, un oeil qui voit, et qu'il pourrait être un artiste hors ligne. Je sais qu'il y a une restriction, mais cette restriction est très explicable : M. Arsène Houssaye, le galant épicurien du XVIIIè siècle, égaré dans nos temps de prose et d'analyse, voudrait mettre quelques mouches et un soupçon de poudre de riz au talent grave et exact du peintre.
            Je répondrai au poète : " Ne désirez pas trop que le maître original et personnel dont vous parlez, ait une main qui parle plus qu'elle ne le fait, plus qu'elle ne le doit. Voyez au Salon ces tableaux de curiosités, ces robes en trompe-l'oeil. Nos artistes ont les doigts trop habiles, ils font joujou avec des difficultés puériles. Si j'étais grand justicier, je leur couperais le poignet, je leur ouvrirais l'intelligence et les yeux avec des tenailles. "
            D'ailleurs il n'y a pas que M. Arsène Houssaye à cette heure qui ose trouver quelque talent à Edouard Manet. L'année lors de l'Exposition particulière de l'artiste, j'ai lu dans plusieurs journaux l'éloge d'un grand nombre de ses oeuvres. La réaction nécessaire, fatale, que j'annonçais en 1866, s'accomplit doucement : le public s'habitue, les critiques se calment et consentent à ouvrir les yeux, le succès vient.                                                                     Houssaye par Nadar
            C'est surtout parmi ses confrères qu'Edouard Manet trouve cette année une sympathie croissante. Je ne crois pas avoir le droit de citer ici les noms des peintres qui accueillent avec une admiration franche le portrait exposé par le jeune maître. Mais ces peintres sont nombreux et parmi les premiers.
            Quant au public, il ne comprend pas encore, mais il ne rit plus. Je me suis amusé, dimanche dernier, à étudier la physionomie des personnes qui s'arrêtaient devant les toiles d'Edouard Manet. Le dimanche est le jour de la vraie foule, le jour des ignorants, de ceux dont l'éducation artistique est encore entièrement à faire.
            J'ai vu arriver des gens qui venaient là avec l'intention bien arrêtée de s'égayer un peu. Ils restaient les yeux en l'air, les lèvres ouvertes, tout démontés, ne trouvant pas le moindre sourire. Leurs regards se sont habitués à leur insu ; l'originalité qui leur avait semblé si prodigieusement  comique, ne leur cause plus que l'étonnement inquiet qu'éprouve un enfant mis en face d'un spectacle inconnu.
            D'autres entrent dans la salle, jettent un coup d'oeil le long des murs, et sont attirés par les élégances étranges des oeuvres du peintre. Ils s'approchent, ils ouvrent le livret. Quand ils voient le nom de Manet, ils essaient de pouffer de rire. Mais les toiles sont là, claires, lumineuses, qui semblent les regarder avec un dédain grave et fier. Et ils s'en vont, mal à l'aise, ne sachant plus ce qu'ils doivent penser, remuer malgré eux par la voix sévère du talent, préparés à l'admiration pour les prochaines années.
            A mon sens, le succès d'Edouard Manet est complet. Je n'osais le rêver si rapide, si digne. Il est singulièrement difficile de faire revenir d'une erreur le peuple le plus spirituel de la terre. En France, un homme dont on a ri bêtement est souvent condamné à vivre et à mourir ridicule.Vous verrez qu'il y aura longtemps encore dans les petits journaux des plaisanteries sur le peintre d'Olympia. Mais dès aujourd'hui, les gens d'intelligence sont conquis, le reste de la foule suivra.
            Les deux tableaux de l'artiste sont malheureusement fort mal placés, dans des coins, très haut, à côté des portes. Pour les bien voir, pour les bien juger, il aurait fallu qu'ils fussent sur la cimaise, sous le nez du public qui aime à regarder de près. Je veux croire qu'un hasard malheureux a seul reléguer ainsi des toiles remarquables. D'ailleurs, tout mal placés qu'elles sont, on les voit et de loin : au milieu des niaiseries et des sentimentalités environnantes, elles font des trous dans le mur.
            Je ne parlerai pas du tableau intitulé : Une jeune dame. On le connaît, on l'a vu à l'Exposition particulière du peintre. Je conseille seulement aux messieurs habiles qui habillent leurs poupées de robes copiées dans des gravures de mode, d'aller voir la robe rose que porte cette jeune dame ; on n'y distingue pas, il est vrai, le grain de l'étoffe, on ne saurait y compter les trous de l'aiguille ; mais elle se drape admirablement sur un corps vivant ; elle est de la famille de ces linges souples et grassement peints que les maîtres ont jetés sur les épaules de leurs personnages. Aujourd'hui les peintres se fournissent chez la bonne faiseuse, comme les petites dames.                                                        
            Quant à l'autre tableau...
            Un de mes amis me demandait hier si je parlerais de ce tableau, qui est mon portrait. " Pourquoi pas ? lui ai-je répondu  ; je voudrais avoir dix colonnes de journal pour répéter tout haut ce que j'ai pensé tout bas pendant les séances, en voyant Edouard Manet lutter pied à pied avec la nature. Assez que vous croyez ma fierté assez mince pour prendre quelque plaisir à entretenir les gens de ma physionomie ? Certes, oui, je parlerai de ce tableau, et les mauvais plaisants qui trouveront là matière à faire de l'esprit, seront simplement des imbéciles.
            Je me rappelle les longues heures de pose. Dans l'engourdissement qui s'empare des membres immobiles, dans la fatigue du regard ouvert sur la pleine clarté, les mêmes pensées flottaient toujours en moi, avec un bruit doux et profond. Les sottises qui courent les rues, les mensonges des uns et les platitudes des autres, tout ce bruit humain qui coule inutile comme une eau sale, était loin, bien loin. Il me semblait que j'étais hors de la terre, dans un air de vérité et de justice, plein d'une pitié dédaigneuse pour les pauvres hères qui pataugeaient en bas.
            Un moment, au milieu du demi-sommeil de la pose, je regardais l'artiste, debout devant sa toile, le visage tendu, l'oeil clair, tout à son oeuvre. Il m'avait oublié, il ne savait plus que j'étais là, il me copiait comme il aurait copié une bête humaine quelconque avec une attention, une conscience artistique que je n'ai jamais vue ailleurs. Et alors je songeai au rapin débraillé de la légende, à ce Manet de fantaisie des caricaturistes qui peignait des chats par manière de blague. Il faut avouer que l'esprit est souvent d'une bêtise rare.
            Je pensais pendant des heures entières à ce destin des artistes individuels qui les fait vivre à part, dans la solitude de leur talent. Autour de moi, sur les murs de l'atelier étaient pendues ces toiles puissantes et caractéristiques que le public n'a pas voulu comprendre. Il suffit d'être différent des autres, de penser à part pour devenir un monstre. On vous accuser d'ignorer votre art, de vous moquer du sens commun, parce que justement, la science de votre oeil, les poussées de votre tempérament vous mènent à des résultats particuliers. Dès qu'on ne suit pas le large courant de la médiocrité, les sots vous lapident en vous traitant de fou ou d'orgueilleux.
            C'est en remuant ces idées que j'ai vu la toile se remplir. Ce qui m'a étonné moi-même a été la conscience extrême de l'artiste. Souvent, quand il traînait un détail secondaire, je voulais quitter la pose, je lui donnais le mauvais conseil d'inventer.
            - Non, me répondait-il, je ne puis rien faire sans la nature. Je ne sais pas inventer. Tant que j'ai voulu peindre d'après les leçons apprises, je n'ai produit rien qui vaille. Si je vaux quelque chose aujourd'hui, c'est à l'interprétation exacte, à l'analyse fidèle que je le dois.
            Là est tout son talent. Il est avant tout un naturaliste. Son oeil voit et rend les objets avec une simplicité élégante. Je sais bien que je ne ferai pas aimer sa peinture aux aveugles ; mais les vrais artistes me comprendront lorsque je parlerai du charme légèrement âcre de ses oeuvres.
            Le portrait qu'il a exposé cette année est une de ses meilleures toiles. La couleur en est très intense et d'une harmonie puissante. C'est pourtant le tableau d'un homme qu'on accuse de ne savoir ni peindre ni dessiner. Je défie tout autre portraitiste de mettre une figure dans un intérieur, avec une égale énergie, sans que les natures mortes environnantes nuisent à la tête.                              
            Ce portrait est un ensemble de difficultés vaincues ; depuis les cadres du fond, depuis le charmant paravent japonais qui se trouve à gauche, jusqu'aux moindres détails de la figure, tout se tient dans une gamme savante, claire et éclatante, si réelle que l'oeil oublie l'entassement des objets pour voir simplement un tout harmonieux.
            Je ne parle pas des natures mortes, des accessoires et des livres qui traînent sur la table ; Edouard Manet y est passé maître. Mais je recommande tout particulièrement la main placée sur un genou du personnage ; c'est une merveille d'exécution. Enfin, voilà donc de la peau, de la peau vraie, sans trompe-l'oeil ridicule. Si le portrait entier avait pu être poussé au point où en est cette main, la foule elle-même eût crié au chef-d'oeuvre.
            Je finirai comme j'ai commencé, en m'adressant à M. Arsène Houssaye.
            Vous vous plaignez qu'Edouard Manet manque d'habileté. En effet, ses confrères sont misérablement adroits auprès de lui. Je viens de voir quelques douzaines de portraits grattés et regrattés qui pourraient servir avec avantage d'étiquettes à des boîtes de gants.
            Les jolies femmes trouvent cela charmant. Mais moi qui ne suis pas une jolie femme, je pense que ces travaux d'adresse méritent au plus la curiosité qu'offre une tapisserie faite à petits points. Les toiles d'Edouard Manet qui sont peintes du coup comme celles des maîtres seront éternelles d'intérêt. Vous l'avez dit, il a l'intelligence, il a la vision exacte des choses ; en un mot, il est né peintre. Je crois qu'il se contentera de ce grand éloge qu'il est le seul avec deux ou trois autres artistes, à mériter aujourd'hui.



                                                                                                                      Zola
                                                                                                                
    * Voir les Chutes Zola  ( 14/06/12 )                                                                                     

Lettres à Madeleine 63 Guillaume Apollinaire







                                                    Lettre à Madeleine

                                                                                                              14 février 1916

            C'est absolument fou mon amour que tu n'aies rien le 9 f. depuis le 29 janvier. Mon amour chéri, évidemment maintenant tu as de mes nouvelles.
            Mais je t'adore mon petit Madelon chéri console-toi. Vois dès que je suis plus libre plus tranquille comme maintenant que je suis grippé et ne vais pas à l'exercice je t'écris longuement comme quand j'étais artilleur. Tu es mon amour chéri, ne t'affole pas, toi surtout ne t'affole pas, sois calme, je t'en prie.. Tu es mignonne, tu le sais. Je t'adore, sois gentille, sois mignonne.
            Je t'embrasse de toutes mes forces mon petit amour exquis Sois calme et gentil. Mon amour chéri, je ferai l'impossible pour t'écrire longuement. J'ai reçu aujourd'hui le nouveau costume que j'ai fait faire à Paris.
             Je t'envoie la note afin que tu te rendes compte des prix parisiens.
             Mon amour, tu es calme maintenant, la vue de ces prix élevés t'a bien calmé dis, mon Madelon, dis mon chéri.
             Enfin ma Madeleine sois moins nerveuse, moins sensitive. Je voudrais bien savoir si tu as reçu les paquets ou non. C'est bien extraordinaire tout de même qu'ils ne soient pas arrivés ! J'espère que le temps s'est remis au beau en Algérie. Ici il ne neige plus mais il a fait des orages. Je suis aphone aussi, mon chéri, et je me soigne comme je peux, il y a un major très gentils qui fait son possible pour me guérir et j'espère que dans 2 ou 3 jours il n'y paraîtra plus. Je n'ai pas fumé ces jours-ci aussi le tabac est-il encore intact je ne le fumerai que quand je serai tout à fait bien.
            Je t'embrasse partout mon petit Madelon très chéri et te câline bien longtemps pour que tu n'es plus le coeur gros.


                                                                                                            Ton Gui


                                                                                                        18 fév. 1916

            Je t'écris, mon Amour, d'Epernay, où je suis venu passer une demi-journée.Il pleut. Le temps est d'une tristesse navrante. Nous quitterons Hautvillers dans 2 ou 3 jours ( dimanche 20 ). Vraisemblablement nous allons du côté de Soissons ( à Fismes ). On dit que c'est mauvais, d'ailleurs je crois que tout le front nord est maintenant mauvais. En tout cas nous sommes division volante et ce n'est par pour rien qu'on aura laissé la division deux mois au repos.
            Fais-tu attention aux 1è lettres de chaque ligne dans mes lettres où il y a en tête Aux Armées. Dorénavant faudra regarder les 1è et dernières lettres de chaque ligne jusqu'à l'alinéa. Je suis très enroué, et j'ai une extension de voix. Je t'adore, mon petit Madelon chéri, écris-moi longuement en disant toujours tout.
            Pr les mitrail. rien de nouveau. Je crois qu'il passera pas mal d'eau sous les ponts avant que j'y sois. Pr le reste aussi. Je t'écrirai ce soir encore - Je t'adore et t'embrasse partout. Ne mets pas de nom de lieu dans tes lettres. Elles sont toutes lues en ce moment. Fais comprendre que tu as compris quand tu as compris.


                                                                                                        20 février 1916

            Mon amour. Je t'écris d'un hameau. Je n'ai pas eu le temps d'écrire hier, et peut-être serais obligé d'interrompre ma lettre tout à l'heure pr service.
            J'ai à répondre à tes lettres des 7, 11, 12, 13. L'histoire de l'élève prenant de l'éther m'a paru bouffonne en effet.
            J'espère que maintenant ton rhume est guéri. Moi je suis encore très enrhumé.
ecrivains Haute Marne           Il y a de jolies choses d'André Theuriet je le trouve pour ma part supérieur à Bazin. Au reste Theuriet est un poète dont les notations de nature ont une saveur. Cela tient du roman anglais à cottage, thé etc.
            J'aime ton amour, ma chérie ma chérie, tes photos ( une de Narbonne et celle où tu avais 18 ans ) se sont collées et complètement abîmées dans ma poche... Je suis assez fatigué en ce moment, il pleut tout le temps, l'humidité, le froid, perspective de recoucher par terre tout cela n'est guère, mais enfin il le faut bien et je crois que dans 2 ou 3 jours je n'y penserai plus.
            Je suis dans un hameau, t'ai-je dit plus haut; et je loge chez de braves paysans. Je t'écris de la salle commune.
            Il y a sur la cheminée où la marmite de la famille bout suspendue à sa crémaillère, il y a dis-je un pot en faïence à reflets métalliques, je crois que c'est anglais du temps du second Empire.
            Il y a aussi un lit Louis-Philippe à demi-colonnes avec des cuivres, puis une horloge paysanne dans le genre de celles qui sont dans les cafés arabes, mais le balancier de cuivre ne comporte aucun motif et le cadran est enchâssé dans du cuivre repoussé et découpé où sont représentées des gerbes avec la devise hora fugit ( l'heure passe ) au plafond aux poutres visibles sont suspendues des flèches de lard et il y a de grandes armoires à linge anciennes.
            A l'extérieur de la maison verdie par la bouillie bordelaise comme toutes les maisons de cette région grimpent des ceps.
            Il n'y a pas de cuivre. D'ailleurs on ne voit plus guère de batteries de cuisine en France, tout depuis quelques années a été remplacé par des casseroles en émail. Nous avons mangé dans une maison plus pauvre que celle où j'habite.
            On nous y a fait goûter du miel brun du pays qui a le goût de mélisse. Peut-être me trompé-je mais je crois que c'est bien ça.
            Je suis aujourd'hui dans un état de grande mélancolie. L'horloge marque 5 h moins le quart, heure blanche et froide.
           Je pense à la mer si bleue et aux montagnes mauves d'Oran.
           La nuit va descendre mais sans les couleurs crépusculaires qui donnent un charme de féerie aux côtes méditerranéennes quand la nuit se dispose ( à ) venir secouer ses violettes sur l'Afrique où tu t'endors ma douce chérie.
            Je te prends doucement dans mes bras et je te caresse tandis que tu me regardes avec tendresse


                                                                                                       Ton Gui             
























                                    










ecrivains Haute Marne
ecrivains Haute Marne

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 10 ( journal Samuel Pepys Grande Bretagne )




violes fresques italie


                                                                                                         17 février 1660

            Ce matin, Tom, qui était le valet de pied de milord ; vint me voir et je lui remis 10 shillings sur son argent que je suis chargé de garder. Si bien que je n'ai plus maintenant que 35 shillings à lui. Ensuite Mr Hill le facteur d'instruments, vint et je discutai avec lui des possibilités de modifier mon luth et ma viole. Après son départ, j'allai dans mon cabinet et je fis mes comptes : il apparaît que j'ai 40livres devant moi. C'est là toute ma fortune. Puis au bureau d'où je ramenai Mr Hawley dîner à la maison ; après dîner j'écrivis une lettre à Mr Downing au sujet de son affaire, et je la remis à Hawley ; ensuite, j'allai à l'église de Mr Gunning pour son jeûne hebdomadaire ; j'y retrouvai Monsieur l'Impertinent et, après le sermon j'allai avec lui me promener dans le parc jusqu'à ce qu'il fasse nuit. Je jouai de ma flûte à l'Echo, puis nous prîmes une chope de bière chez Jacob. Ensuite, au palais de Westminster où il m'accompagna ; nous y apprîmes que certains députés étaient partis voir certains des députés exclus et le général Monck dans la Cité. Nous nous rendîmes ensuite à Whitehall espérant en apprendre plus. J'y rencontrai Mr Hunt, qui me rapporta que Monck avait fait transporter tous ses biens dans la Cité. Et, cependant, il m'a dit que certains des membres du Parlement avait emmagasiné du combustible dans leurs logements de Whitehall pour un bon bout de temps. De sorte que personne ne sait au juste ce qu'il va advenir, si Monck va continuer à soutenir le Parlement ou non. Puis Mr l'Impertinent et moi sommes allés chez Mr Harper et avons bu un verre ou deux en l'honneur du roi et à la santé de sa jolie soeur Frances dont nous avons beaucoup discuté ; sa beauté n'avait pas trop souffert de la petite vérole qu'elle avait eue l'été dernier. Puis à la maison, et au lit.
 Aujourd'hui nous étions invités à la réception donnée pour le vingt-septième anniversaire de mon oncle Fenner, mais nous n'y sommes pas allés. -
                                                                                                          18 février 1660


                                                                                                      violes et clavecin national museum allemagne
            J'ai consacré un grand moment à jouer de la viole et à travailler ma voix, et j'ai appris à chanter Fly boy, fly boy sans partition. ensuite au bureau où il n'y avait pas grand chose à faire. A Palais je rencontrai Mr Edlin et un certain Looker, jardinier renommé, domestique chez Mr Salisbury. Entre autre chose le jardinier nous raconta une étrange histoire vraie : Mr Edlin aurait jadis en sa compagnie mis le doigt qui, du fait qu'il avait un abcès, était recouvert d'un doigtier noir, dans le ventre d'une femme qu'il appelait Nan ( je crois deviner de qui il s'agit ) et aurait laissé le doigtier dans le ventre de cette femme. Mr Edlin rougit mais ne nia pas les faits. En vérité, cette histoire m'a vraiment navré et j'y ai longtemps pensé ensuite. A la maison pour dîner ; j'allai ensuite au logis de milord dans ma tourelle et j'y pris la plupart de mes livres que je fis rapporter chez moi par ma servante. Le capitaine Holland vint me voir là-bas et m'emmena ainsi que Mr Southorne le secrétaire de Blackborne, à la taverne de la Demi-Lune. Puis il m'emmena à la Mitre dans Fleet Street où ( dans une salle située au-dessus de la salle de musique ) nous entendîmes très bien à travers le plafond. Nous nous quittâmes, j'allai voir Mr Wotton et nous allâmes boire dans une taverne ; il me raconta nombre d'intrigues de comédies qu'il a jadis vu jouer et le nom des principaux acteurs, et il m'en fit un fort bon récit. Ensuite à Whitehall où je retrouvai Llewellyn ; dans le bureau du secrétaire du Conseil j'écrivis une lettre à milord. Puis à la maison et au lit. Aujourd'hui deux soldats ont été pendus dans le Strand, pour avoir participé à la mutinerie de Somerset House.


                                                                                                         19 février 1660
                                                                                                       jour du Seigneur

            De bon matin, je rangeai dans mon cabinet d'étude les livres que j'ai rapportés hier. Ensuite, j'allai chez Mr Harper boire de la bière chaude mélangée de genièvre ; Monsieur l'Impertinent m'y rejoignit, comme convenu ; il voulait, comme je l'en avais prié, m'accompagner à l'église Saint-Bathélémy pour écouter un certain Mr Sparkes ; mais comme il pleuvait très fort nous allâmes à l'église de Mr Gunning, où nous entendîmes un excellent sermon. A propos du portrait que font les Écritures d'Anne, mère de la bienheureuse Vierge Marie, il vanta abondamment les mérites du veuvage, par opposition à notre coutume d'épouser deux ou trois femmes ou maris, l'un après l'autre. A l'église je rencontrai Mr Moore et l'accompagnai chez lui pour dîner ; il me raconta les discussions entre les députés exclus et les députés qui siègent au Parlement en présence de Monck, vendredi dernier ; les députés exclus dirent qu'ils ne venaient pas dans l'intention de se venger des parlementaires, mais seulement pour les rencontrer et dissoudre le Parlement, afin d'envoyer les lettres pour procéder à l'élection d'un Parlement libre.
            Il me raconta que Hesilrige avait peur de se faire précéder d'un porte-torche, de crainte que les gens ne le reconnaissent et ne s'en prennent à lui. Et qu'il a peur de se montrer dans la Cité. Qu'il y a de grandes chances pour que les député exclus viennent, et qu'en conséquence Mr Crew et milord risquent de devenir de grands hommes, ce qui m'a réjoui.
            Après dîner, un nombre important de députés exclus vinrent chez Mr Crew : comme c'était le jour du Seigneur, Mr Moore en a déduit qu'il y avait là quelque chose d'extraordinaire.
            Je rentrai ensuite à la maison et emmenai ma femme entendre Mr Messum à l'église. En vérité, il fit un très bon sermon, quoique trop éloquent pour un prêche. Mr l'Impertinent m'aida à trouver un siège. Après le sermon, chez mon père, nous discutâmes de notre projet d'aller la semaine prochaine à Cambridge avec mon frère John.
            Chez Mr Turner où se trouvait son frère, Mr Edouard Pepys ; je restai un grand moment avec lui, à bavarder des affaires de l'Etat. Puis, chez mon père  pour souper ; pendant tout le repas nous avons discuté du départ de John pour Cambridge.
            Puis nous prîmes le chemin du retour ; comme il pleuvait ma femme mit le manteau de ratine de ma mère et le chapeau de mon frère John ; nous rentrâmes ainsi à la maison. Et au lit.


                                                                                                                  20 février 1660
                                                                                                                                
                                                                                                                               ange au luth fribourg
            Ce matin, je jouai de mon luth. Puis, au bureau où mon collègue et moi fîmes nos comptes.Le ramenai à la maison pour dîner et mon frère John vint dîner avec nous. Après le dîner je l'emmenai dans mon cabinet de travail personnel, puis au domicile de milord et je lui donnai quelques ouvrages et d'autres affaires en vue de son entrée à Cambridge. Après son départ je me rendis au palais de Westminster, où je rencontrai Chetwind, Simons et Gregory ; nous allâmes tous chez Marsh à Whiehall prendre un verre ; nous y restâmes un bon moment et nous y lûmes un pamphlet bien écrit, adressé au général Monck, qui faisait l'éloge de la forme de monarchie qui existait dans ce pays avant les guerres.
            Ils m'apprirent que le président Lenthall refuse de signer les convocations en vue de l'élection de nouveaux députés pour remplacer les députés exclus ; de sorte que les convocations ne partiraient pas aujourd'hui. Dans la soirée Simons et moi allâmes au club du Café où il ne se passait rien. J'y entendis seulement Mr Harrington, milord Dorset, et un autre lord, parler de trouver un autre local comme le Cockpit ; ils pensaient que cela pourrait se faire. Après une courte discussion  sur la question de savoir
si les sujets érudits sont préférables aux sujets non érudits, les membres du club se séparèrent pitoyablement et je ne crois pas qu'ils se réuniront à nouveau. Je partis avec Vines, etc. chez Will, et après un pot ou deux à la maison ; ensuite au lit.
                                                   

                                                                                                                     ..........

Lettres à Madeleine 61 Apollinaire




                                                                       Lettre à Madeleine                
                                                                                                                               11 fév. 1916    

            Mon amour je t'adore je t'envoie d'autre part le long poème que j'ai enfin terminé et que je vais envoyer à Paris.  ( Je t'envoie le brouillon.  )
             Je t'adore ma jolie chérie, pas de  lettre de toi aujourd'hui,  voudrais savoir si tu as reçu paquets, je vais en envoyer un autre. - Je t'adore,  mais aujourd'hui suis fatigué du poème.  Suis très enrhumé,  c'est pourquoi j'ai pu rester enfermé  à écrire le poème.
             Maintenir je suis fatigué.  Mais  je t'aime tout plein ma chérie et t'embrasse en baisant ta bouche
Bye
                                                                                                                        Gui


              Guillaume Apollinaire    DU COTON DANS LES OREILLES


        Tant d'explosifs sur le point VIF !

                                Les points d'impacts  dans mon âme toujours en guerre
                     ?         Ton troupeau féroce crache du feu    
                              Écris un mot si tu l'oses


                   OMÉGaphone     

         Et ceux qui revinrent de mort
         Ne s'attendaient qu'à la pareille
         Et tout ce qui venait du Nord     
         Allait obscurcir le soleil
        Mais que voulez-vous c'est son sort
                              Allô la truie

         C'est quand sonnera le réveil

     

          Courage
          Ivresse
          Vie

         Tralala
          
          allÔ
      caverne-abrI
           amouR 
          FrancE

          POPUL
          ALLÔ ALL
          ALLÔ ALL
          ALLÔ ALL

          RF
         
          AVENIR
          SOUVENIR
          LA TRUIE
          LA TRUIE

                    La sentinelle au long regard

          La sentinelle au long regard
          Et la cagnât s'appelait

          LES CÉNOBITES TRANQUILLES

          La sentinelle au long regard
          La sentinelle au long regard
          Allô la truie

          Tant et tant de coquelicots
          D'où tant de sang a-t-il coulé
          Qu' est-ce qu' il se met dans le coco
          Bon sang de bois il s'est saoulé
          Et sans pinard  et sans tacot
             Avec de l'eau
               Allô la truie
          Le silence des photographes
          Mitrailleuses des cinémas
          tout l'échelon là-bas piaffe                                                  
          Fleurs de feu  des lueurs-frimas
          Puisque le canon avait soif

              Allô

                      la truie

          Et les trajectoires cabrées
          Trébuchements des soleils-nains
          SUR  TANT de chansons déchirées

          Il a l'Étoile du Bénin

          Mais du singe en boîtes carrées

          Crois-tu qu' il y
                         aura la guerre
        
                         Allô la truie
          Ah ! S'il vous plaît
          Ami l'Anglais
          Ah ! Qu'il est laid
          Ton frère, ton frère ton  frère de lait
          
          Et je mangeais du pain de Gênes
          En respirant leurs gaz lacrymogènes
                        Mets du coton dans tes oreilles
                                D'siré

          Puis ce fut  cette fleur sans nom
          A peine un souffle un souvenir
          Quand s'en allèrent les canons
          Au tour des roues heure à courir

          La baleine a d'autres fanons

          (Éclatements qui nous fanons )

          Mais mets du coton dans tes oreilles

          Évidemment les fanions des signaleurs
          Allô la truie

          ( Ici la musique militaire joue quelque chose
          Et chacun se souvient d'une joue rose
          Parce que même les airs entraînants
          Ont quelque chose qui étreint le cœur
          Lorsqu'on les entend à la guerre ) 
          Allô la truie
                                                                                            
          Mettez du coton dans vos oreilles
          Ne prenez pas les feuillées
          Pour autre chose qu'elles ne sont
          Comme faisaient pas mal d'auteurs 
               avant
         
          la guerre

          mettez du coton dans vos oreilles
          Ce fut bien quand sonna le réveil            
                      
                   Et              la              et                 la
                 puis           pluie            d'              nuit
             regardez           si            au                 la
              tomber        douce        tres             pluie
                  la                la       souvenirs        tout
                pluie          pluie          qui              cela               la
                                    si              se                c'est             pluie
                               tendre    ressemblent     crème             si
                                  la         Madeleine         une            douce
                                pluie      reviennent      crème              ô
                                  si              sur               au          Madeleine
                               douce         l'eau         chocolat            la
                                               précieuse                           pluie
                                                     ô                                     si
                                                 pluie                               douce
                                                   si
                                                douce

          Les longs boyaux où tu chemines

          Adieu les cagnats d'artilleurs

          Tu retrouveras
          La tranchée en première ligne
          Les éléphants des pare-éclats
          Une girouette maligne
          Et le regard des guetteurs las
          Qui veillent le silence insigne

                      Ne vois-tu rien venir
                                   au
                                  Pé
                                  ris                                                                             
                                  co
                                  pe
            La balle qui froisse le silence
         Les projectiles d'artillerie qui glissent
                 Comme un fleuve aérien

         Ne mettez plus de coton dans les oreilles
         Ça ne vaut plus la peine
             



                                                                                                        Guillaume Apollinaire
          


          
       

mardi 22 janvier 2013

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 9 journal Samuel Pepys ( Grande Bretagne )





                                                                                      

                                                                                                             12 février 1660

            Ce matin,  jour du Seigneur,  Mr Pearse vint me demander  où les choses en étaient.    hogarth
Après le mariage, la lune de miel, 1745, William Hogarth, Londres, National GalleryNous bûmes notre bière matinale ensemble et de là à Whitehall où le Dr Holmes prêchait ; mais je ne restai    pas l'écouter ; je me promenai dans la cour du palais et j'appris que sir  Arthur Helsirige venait d'aller voir Monck dans la Cité et que la femme de Monck avait quitté Whitehall la nuit dernière. A la maison à nouveau, où à midi sur mon invitation, mon cousin Thomas Pepys et sa partenaire vinrent dîner avec moi ; avant le dîner, nous allâmes faire une marche dans le parc car il faisait un temps des plus plaisants.  Après dîner nous nous rendîmes tous trois à Londres où j'appris que Monck s'était rendu à Saint Paul ce matin et que le peuple l'avait beaucoup acclamé à sa  sortie de l'église.  Dans l'après-midi, il est allé dans  une église dans Broadstreet, près d 'où il loge. Mais ne sachant  comment le voir, nous allâmes marcher dans Moorfields, où il y avait foule tellement il faisait beau. Je les y quittai pour me rendre à Saint-Paul ; je rencontrai l'apprenti de Mr Kirton, celui qui est difforme et je marchai avec lui pendant deux heures, en cherchant de temps à autre une taverne pour boire un verre, mais nous n'en trouvâmes aucune qui fût ouverte et nous n'osâmes pas frapper ; nous revînmes donc dans l'enclos de Saint-Paul, où il me dit qu'il avait vu la version imprimée de la lettre. De là,  chez Mrs Turner où je trouvai ma femme, ainsi que Mr Edward Pepys, Roger et Mr Armiger ; je leur fis un récit des événements aussi fidèle que possible.  Puis je me rendis chez mon père, où Charles Glascock ne cachait pas sa joie de la situation actuelle ; il me raconta que la nuit dernière la foule avait cassé les vitres de Barbone. Puis, à la maison ; en arrivant près de chez nous nous n'avons plus retrouver notre servante : me demandai où elle avait bien pu passer et nous rebroussâmes un grand bout de chemin pour la chercher ; ne la trouvant pas nous regagnâmes la maison où nous découvrîmes qu'elle nous attendait, ce qui nous surprit beaucoup. Au lit, où ma femme et moi nous sommes querellés à propos du chien que son frère lui a donné, car je lui ai annoncé mon intention de le jeter par la fenêtre s'il continue à pisser dans la maison.




                                                                                                  13 février 1660

Les Chambres du Parlement à Londres           Au bureau jusqu'à midi ; de là à la maison pour dîner, car le bouton que j'ai dans la bouche me fait mal et ma jambe gauche recommence à me faire souffrir. Après dîner j'allai voir Mrs Jemima, et en chemin je rencontrai Catau qui marchait dans la rue et je bavardai un peu avec elle.  Ensuite à la maison, puis j'emmenai ma femme chez mon père. En chemin j'allai chez Playford, contre deux ouvrages que j'avais, plus 6 shillings et 6 pence, j'achetai mon grand livre de chansons, qu'il continue à vendre pour quatorze shillings.. Je restai un moment chez mon père, tandis que ma mère envoyait sa servante, Bess, à Cheapside chercher des simples pour me faire une décoction pour soigner ma bouche. Puis voir Mr Cumberland ; après être resté un moment avec lui, je revins chez mon père et ramenai ma femme à la maison. Après souper, au lit.
            Aujourd'hui Monck a été invité à dîner à Whitehall par milord ; il ne semblait pas très désireux de s' y rendre,  et il a décline l'invitation.  De chez mon père j'allai voir Mr Fage, qui était cet après-midi avec Monck ; ce dernier a promis de vivre et de mourir  avec la Cité et défendre l'honneur de la Cité. En vérité, la Cité est très généreuse envers les soldats, au point qu'ils sont ivres toute  la journée, et ils reçoivent de l'argent. Il m'a donné un remède pour soigner ma bouche et je l'ai appliqué ce soir.



                                                                                                       14 février 1660
                                                                                                                  cathédrale saint-paul
La façade Sud de la Cathédrale St. Paul a Londres            Mr Moore vint me chercher ce matin chez moi ( ma femme l'entendant parler dans mon antichambre avec moi, se prépara, descendit et le choisit comme Valentin, puisque c'est aujourd'hui le jour ) pour aller au palais de Westminster, car il s'y fait de nombreuses nouvelles remontrances et déclarations émanant de nombreux comtés, et adressés à Monck et à la Cité ; l'une d'elles vient du Nord envoyée par sir Thomas Fairfax. De là je l'emmenai au Cygne et lui offris sa bière du matin. Puis au bureau  où Mr Hill du comté de Worcester vint nous voir moi et mon collègue, à notre bureau ; nous allâmes prendre un verre avec lui chez Will. A midi je passai à la maison puis chez Mr Crew : mais ils avaient dîné ; j'allai chez Mrs Jemima où je restai un moment,  puis retour à la maison, où je restai une heure ou  deux ( à jouer du luth ), avant de repartir pour le palais de Westminster, où j'appris que le Parlement a désormais commuer le serment tant discuté en une simple promesse ; et que l'un des critères requis des candidats à la députation est qu' un homme, ou le fils d'un homme qui a pris les armes contre le Parlement du vivant de son père ne pourra se présenter comme  candidat au Parlement. Chez Will, où je restai comme un benêt et  où je perdis 6 pence aux cartes. Rentrai ensuite à la maison écrire une lettre à milord par la poste ; puis après souper, au lit.
            Aujourd'hui,  par ordre de la Chambre, sir Henry Vane  a été banni de la capitale et envoyé dans sa résidence du Lincolnshire.
                                                                 


                                                                                                          15 février 1660
                                                                                                                 le caravage
            Ce matin, le  capitaine Holland et le capitaine Cuttance vinrent me chercher et nous allâmes chez Harper ; ensuite à mon bureau ; de là,  avec Mr Hill, de Worcester, chez Will, où je lui remis une lettre à l'intention de Nan Pepys, ainsi que quelques joyeux pamphlets contre le Parlement croupion,  pour qu' il les lui  porte dans sa campagne. Ensuite chez Mr Crew ; mais, comme  la salle à manger était pleine, Mr Walgrave et moi dînâmes en bas, à la cuisine entre nous, d'un bon plat de saumon au beurre.  De là chez Hering le marchand pour m'occuper de l'argent de milord dans le comté de Worcester, puis retour à l'enclos de Saint-Paul, où je restai lire des passages de l'histoire de l'Église d'Angleterre de Fuller pendant une heure ou deux. Ensuite chez mon père, où Mr Hill vint me voir ; je lui donnai des instructions sur ce qu' il devait faire à Worcester quant à l'argent. Ensuite chez milady  Wright,  à qui je remis une lettre de milord.  Puis chez Mrs Jemima,  avec qui je restai à bavarder : elle a dîné chez Mr Crew aujourd'hui et m'a raconté que, au moment où elle partait, au moins 40 gentilshommes ( je présume qu'il s'agit de des députés exclus, car Mr Walgrave m'a raconté qu'environ 30 d'entre eux s'étaient réunis chez Crew hier soir ) sont arrivés l'un après l'autre. De là à la maison ; j'ai écrit à la campagne afin d'envoyer ma lettre demain par porteur ; puis au lit.
            Chez mon père,  j'ai appris que ma cousine Kate Joyce avait fait une chute de cheval hier et s'était blessée.
            Aucune nouvelle aujourd'hui ; tout est calme ; on attend ce que va faire le Parlement demain à propos des injonctions de procéder à des élections, afin de remplir la Chambre conformément aux souhaits de Monck.



                                                                                                     16 février 1660
     hogarth
            Ce matin, jouai du luth. Shaw et Hawley vinrent ensuite et je leur offris leur bière du matin à la maison. Puis au bureau où j'écrivis à milord par porteur ; je scellai ma lettre chez Will et je la confiai au vieil East pour qu' il la remette au porteur (je le chargeai aussi de porter chez moi une  boîte d'oranges de Chine et deux petits tonneaux de coquilles Saint-Jacques, que le capitaine Cuttance m'a envoyés pour milord). Chez Will je rencontrai Osborne, Show et Spicer, et nous allâmes à la taverne du Soleil dans l'espoir d'y dîner ; on ne nous servit que deux plats de viande, dont nous nous régalâmes, cependant que vinrent nous rejoindre Mr Wade et son ami le capitaine Moyses ( qui nous fit part de ses espoirs de devenir propriétaire terrien simplement à cause de son patronyme ) ; nous restâmes jusqu'à 7 heures du soir et je gagnai un quart de Xérès à Shaw en pariant que l'un des plats de viande était de l'agneau alors que lui soutenait que c'était du veau. Comme je n'avais que 3 pence en poche, je m'arrangeai pour ne pas dépenser plus, alors que si j'avais eu plus j'aurais dépensé plus, comme tous les autres le firent. De sorte que je trouve qu'il y a un avantage certain à n'avoir que peu d'argent en poche.
            A la maison ; après souper et après avoir soupé et après avoir joué un moment de mon luth, j'allai au lit.