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16 juillet 1662
Au matin je trouvai tous mes plafonds gâtés par la pluie d'hier soir et je crains qu'il ne faille les reblanchir quand le travail sera fini.
Je fis ma toilette et à mon bureau. Mr Moore passa me voir, nous retournâmes donc à la maison pour mettre au clair tous les comptes de milord. Cela fait il partit, et je commençai à les mettre bien au propre, ce que je fis avec beaucoup d'élégance et de concision. A midi je les portai chez milord, mais il dînait avec des gens importants, Mr Edward Montagu, son frère et Mr Coventry. Je sortis ensuite avec eux, de sorte que ce fut pour moi peine perdue. Je dînai donc avec Mr Moore et les domestiques qui à la fin commencèrent à parler de bagues du Portugal, et le capitaine Ferrer me proposa d'en acheter cinq ou six et comme je paraissais en aimer une faite d'une noix de coco avec une pierre encastrée, il voulut me la donner. Au bout d'un moment nous nous rendîmes chez Mr Creed. On nous servit là quelques friandises et, voyant un très joli étui de voyage en cuir où ranger le papier, la plume et l'encre, je me le fis également offrir par lui. Cela fait je rentrai par le fleuve et commençai à régler une partie des affaires de milord. Et au lit de bonne heure. wikiwand.com
On m'a raconté aujourd'hui que miladie Castlemaine, tout à fait brouillée avec son mari, l'a quitté en emportant toute sa vaisselle, ses bijoux et ce qu'elle a de plus précieux, et qu'elle est allée à Richmond chez un de ses frères. Je suis enclin à penser que c'est une ruse pour quitter Londres afin que le roi puisse la voir plus facilement. C'est une chose étrange comme sa beauté m'incite à considérer tout cela sous le meilleur jour possible et à la prendre en pitié lorsqu'elle en souffre, bien que je sache parfaitement que c'est une catin.
17 juillet
A mon bureau, et au bout d'un moment à notre réunion où nous avons beaucoup travaillé. Mr Coventry a pris congé car il doit aller avec le Duc chercher la reine mère. J'ai dîné à la maison puis chez milord. Je lui ai remis un état fidèle de tous ses comptes jusqu'à lundi dernier, 14 juillet, ce dont il a été content. A ma grande joie je continue à bénéficier de sa grande estime et de sa bonne opinion. J'ai aujourd'hui reçu quitus généra de milord jusqu'à ce même jour, de sorte que je n'ai plus d'affaires d'argent à régler qu'avec très peu de gens.
A la maison où je trouve beaucoup de travail, et restai tard au bureau à écrire des lettres à la lumière d'une bougie, ce qui est rare en cette saison. Mais je l'ai fait avec grande satisfaction et grande joie, et j'ai plaisir de constater que les gens s'adressent à présent à moi pour toutes les affaires.
Très tard je dus chercher Mr Turner, Smith, Young, à propos d'objets à envoyer demain de bonne heure à bord du bateau de plaisance du roi. Et au lit la cervelle pleine d'affaires mais l'esprit plus en paix qu'à aucun moment de ma vie.
18 juillet
Levé de bonne heure et montai en haut de ma maison pour avoir une vue d'ensemble de mes travaux , et cela me plaît bien. L'idée me vient de faire lambrisser ma salle à manger, ce qui sera fort élégant. Au bout d'un moment j'allai par le fleuve à Deptford pour donner différents ordres, puisque je suis à présent le seul qui soit à Londres, et revenu au bureau où je travaillai tout le matin et l'après-midi aussi jusqu'au soir. Est alors venu Cooper pour mes mathématiques. Mais, sérieusement, j'ai la cervelle si pleine des affaires que je ne les comprends pas comme je les comprendrais en d'autres circonstances.
Le soir au lit, fort ennuyé que la pluie pénètre dans la maison, le haut étant ouvert.
19 juillet
Levé de bonne heure, ai un peu travaillé. Ma femme étant venue me trouver je restai longtemps avec elle lui parlant de son départ à la campagne. Et comme elle n'en a pas grande envie, je suis fort embarrassé pour savoir si je la fais ou non partir, à cause de la dépense. Pourtant sous certains rapports je serais heureux qu'elle soit là-bas, à cause de la saleté de ma maison et du tracas d'y avoir un ménage. J'allai au bureau où je passai toute la matinée. Puis dînai avec mon frère Tom venu rien que pour me voir. Dans l'après-midi j'allai sur la Tamise pour voir du goudron et du charbon que j'expédie, et je rentrai. Comme il pleuvait fort sur le fleuve, je débarquai et me mis à l'abri pendant que le roi arrivait dans son bateau, allant vers les Downs à la rencontre de la reine, le Duc étant parti hier. Mais je pensai que cela diminuait l'idée que je me faisais d'un roi, qu'il ne puisse commander à la pluie.
A la maison, après que j'eus expédié plusieurs lettres, aux mathématiques. Et le soir au lit dans une chambre de sir William Penn. Ma maison étant si sale que je ne puis plus y coucher. Et puis cette chambre est placée de façon que j'y vais en passant par ma terrasse sans sortir. Mais je n'en suis pas entièrement satisfait, car les allées et venues des domestiques sur la terrasse seront cause de grand tracas.
20 juillet
jour du Seigneur
Ma femme et moi sommes restés longtemps à causer au lit et elle est enfin disposée à passer deux mois à la campagne, car c'est parce qu'elle n'était pas disposée à rester jusqu'à ce que la maison soit tout à fait finie que je ne savais pas si je voulais la voir partir ou rester.
Mais ce qui me tracasse le plus c'est qu'il a plu toute la matinée si furieusement que ma maison est toute trempée, et c'est avec cette pensée que je me levai et rentrai dans ma maison, et je la trouvai aussi trempée que la rue à ciel ouvert. Il n'y a pas un plancher sec en haut ni en bas de ma maison. Je m'habillai donc pour marcher dans la boue et j'emportai tous mes livres au bureau, et je passai toute la journée à ranger et enlever des objets car il a plu toute la journée aussi fort dedans que dehors. Enfin dîner. Nous avons eu une tête de veau et du lard dans ma chambre, chez sir William Penn, et ma femme et moi nous nous sommes décidés à son départ avec ses servantes et le petit laquais. Il ne restera ainsi à la maison que Will et moi. La maison sera vide car on ne peut faire entrer personne dans ma maison tant qu'elle est dans cet état. La décision étant prise nous avons rangé des objets dans l'arrière-cave pour la semaine prochaine, pour leur départ. Ma femme et moi allâmes dans mon bureau mesurer un drapeau de soie que j'y ai trouvé et que j'espère garder car on ne l'a pas réclamé depuis que je suis au bureau. Mais ma femme n'est pas pressée de le prendre, elle préférerait attendre un peu et voir si par la suite on s'apercevra de sa disparition.
Le soir à mon bureau où je consignai les événements d'aujourd'hui dans mon journal et lus mes serments, comme j'y suis obligé tous les dimanches. Puis revins chez sir William Penn dans ma chambre, tout crotté et sale, avec la crainte d'avoir pris froid à barboter dans l'eau.
Ce qui m'a le plus contrarié aujourd'hui c'est que comme on avait apporté la clef chez sir William Penn hier soir, on n'a pas pu la retrouver. Ils l'ont enfin retrouvée dans le feu que nous avons fait hier, et au lit.
21 juillet 1662
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Levé de bonne heure, et bien que je me trouve indisposé, qu'il fasse froid et que la pluie menace. Pourtant comme je l'ai promis et que je désire faire ce que j'ai décidé, j'ai pris un canot et me suis rendu chez le commandant Cox. Il a un manoir fort agréable, et élégant. J'ai bu du vin et mangé des fruits à l'arbre. Il m'a montré une grande curiosité : deux ou trois pièces parmi les nombreux plats et assiettes d'argent qu'il a achetés à un ambassadeur qui avait besoin d'argent, sur le pourtour desquels étaient incrustées des médailles d'or et d'argent très anciennes et, je crois, portant des inscriptions et, si c'est le cas, ce sont les plus grandes curiosités que j'ai vues de ma vie, et je veux les montrer à Mr Cromleholme.
De là à Woolwich à la corderie où j'examinai les différentes sortes de chanvre. Je commençai un grand travail, l'examen et la façon dont on éprouve la résistance de chaque sorte de câble et ce que coûte l'enduction. Je crois être vraiment arrivé à une certitude assez grande pour que cela rende un grand service au roi. Et j'ai la ferme intention de mettre cela au point pour le retour du Duc à Londres, afin de le lui présenter.
J'ai pris un bon déjeuner chez Mr Falconer, fort satisfait de mes recherches.
De là au bassin où nous nous sommes promenés dans le jardin de Mr Sheldon, mangeant encore des fruits et buvant et mangeant des figues qui étaient excellentes, et causant, tandis que le Royal Charles s'approchait du bassin. Nous sortîmes alors pour voir de quelle manière et avec quelle difficulté on fait entrer un pareil navire. On n'a pas pu y arriver, on a pu qu'en introduire l'avant dans le bassin et le béquiller jusqu'à la prochaine marée. Mais, grand Dieu ! quelle foule il y avait, venue des deux arsenaux pour aider à cette manoeuvre, alors que la moitié de ce monde aurait aussi bien pu le faire. Mais je vois bien que le roi ne peut pas faire les choses à aussi bas prix que les autres hommes.
Je repartis par le fleuve et débarquai au bout d'un moment sur une rive, quelque part au milieu des roseaux, gagnant à pied Greenwich, nous retrouvant chez Cox et nous promenant dans le jardin. Puis nous allâmes voir sa femme que je trouve encore jolie, mais qui était alors contrariée et parla d'un ton très mécontent et irrité au commandant pour avoir contremandé quelqu'un qu'il avait invité à dîner, ce qu'il prit en homme sage et avec peu de mots. Mais elle était très irritée, ce qui me décontenança tellement que je regrettai d'être entré. Aussi après avoir encore mangé quelques fruits, je lui fis mes adieux dans le jardin, cueillant des abricots pour les garder, je partis. Je rentrai à la maison par le fleuve. Mr Moore étant venu nous dire que milady partait demain pour la campagne, j'emmenai ma femme en voiture faire ses adieux à son père, restant moi-même dans la Grand-Salle de Westminster, car elle aussi part cette semaine.
Puis chez milady où nous restâmes souper. Mais je vois que milady était vraiment irritée, mécontente de nous et de ce que nous avons négligé d'aller la voir comme nous le faisions avant. Mais au bout elle nous refit bonne figure, comme avant, ce dont nous fûmes heureux. Ensuite retour, et au lit.
22 avril
De bonne heure au milieu de mes ouvriers. Puis au bureau où je reçois une lettre des Downs, de Mr Coventry. Il me parle du mauvais temps qu'ils ont eu dimanche dernier, ce qui les a forcés de revenir de près de Boulogne où ils allaient chercher la reine, jusqu'aux Downs, perdant leurs câbles, leurs voiles, leurs mâts. Mais tout le monde est sain et sauf. Seulement on ne sait pas ce qu'est devenu milord Sandwich qui était en tête avec les yachts. Ce qui me tracasse beaucoup. Mais j'espère qu'il était descendu avant le commencement de la tempête, ce que Dieu veuille.
Toute la journée au bureau, rentrai seulement pour le dîner. Je fus là très fâché contre ma femme, car elle a égaré ses clés. Mais elle les a finalement retrouvées et nous nous sommes réconciliés. Tout l'après-midi à écrire et répondre à des lettres, et le soir une longue lettre à Mr Coventry en réponse aux siennes et aux affaires du Duc.
Tard le soir dans mon bureau où il y a un grand travail, maintenant que je suis seul à Londres, mais j'en viendrai à bout avec plaisir
Rentrai, et au lit.
23 juillet
Après avoir été un peu irrité le matin, et ma maison dans une telle confusion me met in peu de mauvaise humeur, j'allai au bureau où je réglai des affaires, seul. Et de nouveau l'après-midi un peu contrarié de ce que mon frère Tom par négligence ne fournisse pas de voiture à ma femme et à sa servante cette semaine, ce qui l'empêchera d'aller à la fête de Brampton pour y voir milady chez mon père. Le soir, à la maison et tard à faire les paquets pour les envoyer à Brampton demain, et au lit, de fort méchante humeur parce que le temps est très mauvais et que ma maison est pleine d'eau et qu'il faut se donner à peine le temps d'aller d'une maison à l'autre, celle de sir William Penn, à chaque instant. Je suis en outre fort troublé par ce qu'on dit partout, que milord Sandwich est perdu. Mais j'espère le contraire, grâce à Dieu.
24 juillet
Levé de bonne heure ce matin pour envoyer les paquets au routier avec mon petit laquais qui part aujourd'hui, bien que sa maîtresse ne parte que lundi prochain.
Toute la matinée au bureau, sir William Batten étant arrivé à Londres hier soir. J'apprends avec grande satisfaction que milord Sandwich est sain et sauf, débarqué en France. Dîner dans notre cabinet avec Will Bowyer. Après une longue et simple conversation je le quittai et revins au bureau où je fus occupé jusqu'à 9 heures du soir. Entre autres pour pousser plus avant les essais que j'ai récemment faits à Woolwich sur le chanvre. A la maison, et au lit.
25 juillet 1662
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A mon bureau toute la matinée à lire les discours sur la marine de Mr Hollond que m'a prêtés Mr Turner, et j'en suis fort satisfait, car ils découvrent les maux exacts dont nous souffrons à l'heure actuelle. Je ferai en sorte de les faire copier et de les lire fréquemment.
Ce matin sir William Batten est venu au bureau pour me parler. Il a commencé par me dire qu'il a remarqué une froideur entre nous depuis quelque temps, et qu'il aimerait en connaître la raison. Me dit qu'il avait entendu que que j'étais blessé de ce que des négociants allaient chez lui conclure des marchés. Je lui répondis que c'est en ami que j'en avais parlé à sir William Penn, lui demandant de trouver une occasion de le lui dire, et non en détracteur, ce qui l'apaisa. Mais je vois que sir William Penn a agi en fourbe avec moi, et qu'il ne lui a pas dit cela en ami mais en mauvaise part. Il m'a aussi déclaré qu'on était choqué qu'il ait emmené sa femme à Plymouth, disant que ce n'était pas au roi de payer son voyage. Mais j'ai nié en avoir parlé, ce qui est vrai. Enfin il souhaitait que le désaccord entre nos épouses ne causât pas de désaccord entre nous. Ce que je fus extrêmement heureux de lui entendre dire. Je vois bien tous les jours les fruits de mon application au travail. Je prie Dieu de me faire persévérer, car je commence à être très heureux. Dînai à la maison, puis retournai au bureau tout l'après-midi, et le soir à la maison, et au lit.
26 juillet
Sir William Batten, Mr Pett et moi au bureau en réunion toute la matinée. Dînai à la maison et retournai au bureau, faisant déposer la maquette qui est accrochée dans mon cabinet pour la faire accrocher dans mon bureau, de crainte qu'elle ne soit abîmée par les ouvriers, et pouvoir l'étudier plus commodément. Cet après-midi j'ai reçu une lettre de Mr Creed qui a échappé de justesse à la mort sur le yacht du roi et est arrivé sain et sauf dans les Downs après la récente tempête. Il m'informe que le roi lui a dit qu'il est certain que milord a débarqué sain et sauf à Calais. Content, j'ai envoyé la nouvelle à Mr Crew et par le courrier à milady à la campagne.
Cet après-midi j'allai à Westminster et j'appris que le roi et la reine viendraient à Whitehall et quitteraient Hampton Court la semaine prochaine, pour tout l'hiver. Puis allai voir Mrs Sarah et visitai le logis de milord qui est fort élégant, le jardin de Whitehall et le jeu de boules où des seigneurs et des dames jouent, qui sont en bel état.. Mrs Sarah me dit que la querelle entre Mrs Castlemaine et son mari était à propos du récent baptême de l'enfant qu'il voulait et fit baptiser par un prêtre, et quelques jours après elle le refit baptiser par un pasteur. Le roi, le lord d'Oxford et la duchesse de Suffolk étaient témoins et la condition était que l'enfant n'eût pas déjà été baptisé. Depuis elle a quitté son mari, emportant tout ce qu'il y avait dans la maison, jusqu'aux plats et aux étoffes et les domestiques, sauf le portier. Il est allé, dans son mécontentement, en France, dit-on, dans un couvent. Et maintenant elle retourne dans sa maison de King Street. Mais on me dit que la reine l'a rayée de la liste que le roi lui a présentée, désirant qu'on lui fît cette faveur, sinon il la renverrait d'où elle venait. Et que le roi en a été fâché et la reine mécontente tout un jour et une nuit, et que le roi a promis de ne plus la voir dorénavant. Mais je ne puis croire que le roi puisse la renvoyer comme cela, car il l'aime trop, et c'est l'opinion que j'ai exprimée ce soir à milady en lui écrivant, en l'appelant " milady " et " la dame que j'admire ". Je m'aperçois que milord a perdu le jardin de son logis et qu'on en fait un court de tennis.
27 juillet
jour du Seigneur
A l'église seul à mon banc, le matin. Dans l'après-midi j'emmenai ma femme, par le fleuve, à Westminster où elle allait faire ses adieux à son père et moi me promener dans le parc que rendent chaque jour plus agréable les aménagements qu'on y fait. Rencontrant Laud Crisp, je l'emmenai au bout du jardin. Nous nous assîmes sous un arbre dans un coin, pour chanter quelques chansons. Il chante bien mais sans art, de sorte qu'il chantait faux parfois. Puis je pris congé et retrouvai ma femme au logis de milord. Je la ramenai à la maison par le fleuve et nous soupâmes sur le balcon de sir William Penn en compagnie de Mr Keene, puis arriva le frère de ma femme. Nous nous sommes alors séparés, et au lit.
28 juillet
Levé de bonne heure et à 6 heures, quand ma femme fut prête je l'accompagnai au George près de la fontaine de Holborn où était la voiture qui devait la conduire avec sa servante à Bugden. Mais comme la voiture n'était pas prête mon frère Tom resta avec elles pour attendre leur départ. Je lui dis un adieu chagriné, bien que consentant parce que l'état de ma maison ne permet pas à un ménage d'y vivre. Je lui fis donc mes adieux et j'allai à pied jusqu'au fleuve où je pris un canot pour la Tour, apprenant que la reine mère est déjà arrivée à la hauteur de Woolwich et que milord Sandwich est avec elle. Ce qui m'a réjoui le coeur. J'envoyai le batelier bien que pas encore tout à fait certain de la chose, auprès de ma femme pour qu'elle en apportât la nouvelle à milady. Puis à mon bureau toute la matinée, à résumer les instructions du Duc dans leur marge.
A la maison tout seul pour le dîner, puis de nouveau au bureau. Le soir arrive Cooper. Lui parti allai dans ma chambre, un peu chagrin et mélancolique. Je jouai de mon luth tard et allai au lit, Will couché là, à mes pieds, et la servante dans ma maison, dans le lit de Will.
29 juillet
au
Levé de bonne heure et retirai tout mon argent, presque 300 livres pour l'apporter dans cette chambre. Et puis au bureau. En réunion toute la matinée, sir George et Mr Coventry de retour de la mer.
Ce matin j'abordai, entre autres, l'affaire des abus qui concerne les pavillons, dont nous sommes victimes. Je sais que cela déplaît à sir William Batten , mais cela m'est égal.
A midi j'allai, sur invitation, dîner avec sir George et Mr Coventry, chez sir William Batten. Fûmes fort gais, Je fus fort aimable avec sir William et lui avec moi, il se montra fort complaisant avec moi. Mais je sais qu'il me jalouse et je n'ai pas d'estime pour lui.
Retour au bureau et dans la soirée, à pied à Deptford, en compagnie de Cooper pour parler de mathématiques, pour faire incarcérer un homme coupable d'avoir coupé des orins de bouées, et pour voir la différence entre les pavillons qu'on nous envoie maintenant. Je constate que les anciens bien meilleur marché sont tout à fait aussi bons. J'en ai donc rapporté un de chaque espèce à la maison, et en compagnie de Mr Waith pendant une bonne partie du chemin et parlant des défaillances de la marine je revins à pied à Rotherhithe et je rentrai par le fleuve. Ayant fini tard au bureau, j'allai dans ma chambre, et au lit.
30 juillet 1662
museedelhistoire.ca
Levé de bonne heure et au bureau. Cooper arriva et commença sa leçon sur la coque des navires, ce pour quoi une maquette dans le bureau m'est fort utile.
Puis, par le fleuve, à Whitehall. J'ai rendu mes devoirs à milord Sandwich et je l'ai félicité chez lui de son heureux retour après tout le danger qu'il a couru, et qu'il avoue avoir été très grand. Et ses gens me disent avec quel courage milord s'est comporté, alors que milord Crofts poussait des cris et je m'aperçois qu'il n'est question partout que de sa piètre conduite. Mais la plus belle fut cette d'un certain Rawlins, courtisan, qui était avec milord. Au moment du plus grand danger il s'écria :
- Sacredieu ! milord, je ne donnerais pas trois pence pour avoir votre place maintenant.
Mais tout cela finit à l'honneur des bateaux de plaisance qui, s'ils n'avaient pas été d'excellents bateaux n'auraient jamais pu tenir la mer comme ils l'ont fait.
Puis avec le commandant Fletcher de l'Eagle, dans le canot de son navire qui est à huit avirons, mais tous les canots ordinaires allaient plus vite que nous, j'allai à Woolwich m'attendant à trouver sir William Batten occupé à son inspection, mais il n'est pas apparu. Nous avons pris un plat de viande grillée au Cerf Blanc tandis que ses commis et d'autres festoyaient dans la plus belle salle et jouèrent ensuite au jeu de galet. Quand enfin ils surent que j'étais là ils allèrent à leur inspection. Mais Dieu aide le roi ! quelles inspections seront faites que celles de cette façon !
Pour moi, après le dîner, j'allai à la corderie pour mon affaire et j'y restai jusqu'au soir, répéter différents essais de résistance, de poids, de détérioration, et autres propriétés du chanvre. Je peux ainsi achever ce que je voulais faire, à savoir déterminer la qualité de toutes sortes de chanvre.
Je rentrai le soir en canot avec sir William Warren descendu en chemin, et à la maison, et au lit.
31 juillet
Levé de bonne heure, été au milieu de mes ouvriers, donné des ordres pour mes pièces du haut, qui me satisferont tout à fait. Puis à mon bureau et en réunion toute la matinée où je commence à acquérir de plus en plus d'importance. A midi avec Mr Coventry, dans sa voiture, à la Bourse, et dans Lombard Street nous rencontrâmes le commandant Browne du Rosebush. Ce dont il fut violemment en colère et menaça d'aller aujourd'hui trouver le Duc à Hampton Court pour le faire chasser pour n'avoir pas pris la mer. Mais à la Bourse nous décidâmes de manger un morceau ensemble, au Navire et prîmes un canot à Billingsgate, descendîmes pour monter à bord du Rosebush à Woolwich que nous avons trouvé en désordre. Mais après avoir fait peur aux officiers présents, nous les quittâmes pour mieux hâter les choses. A terre nous allâmes à l'arsenal parce que le navire n'était pas parti. Nous trouvons sir William Batten occupé à son inspection. Mais c'était si misérable et cela ressemble si peu à une inspection navale que j'en ai honte, et Mr Coventry aussi. Nous avons trouvé bien des défaillances, et entre autres le cubage de certains bois de charpente qu'on apporte en ce moment, dont nous parla Mr Deane l'adjoint. Et retour à la maison par le fleuve, causant tout le long des affaires du bureau et autres agréables conversations. Et je suis très fier d'être à ce point dans ses petits papiers, je crois vraiment y être.
Rentrai tard et, comme c'était le dernier jour du moi, j'ai fait mes comptes avant d'aller au lit. Je trouve que je possède environ 650 livres, ce dont le Seigneur Dieu soit loué. Et au lit.
Je n'ai bu que deux verres de vin aujourd'hui, et cela m'a cependant donné mal à la tête toute la nuit et m'a indisposé toute la journée du lendemain, ce dont je me réjouis. Je suis maintenant en ville avec seulement mon domestique Will et Jane. Et parce que ma maison est en constructions, je couche dans la maison de sir William Penn parti pour l'Irlande. Ma femme, sa servante et le petit laquais sont partis pour Brampton. Je suis bien au courant des affaires et j'ai gagné la considération du bureau, et j'y travaille ferme, et j'y trouve profit.
à suivre.........
1er août 1662
Levé avec.......