samedi 30 septembre 2017

Une voix dans l'ombre Andrea Camilleri ( Roman policier Italie )

Une voix dans l'ombre
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                                                  Une voix dans l'ombre

            " - Comment ça se fait que vous veniez si tard, demanda Enzo le restaurateur........ Le coeur du commissaire se serra : - Il ne reste plus rien ?....... - Soyez tranquille, dottore........ Hors d'oeuvre    ( double portion ), pâtes aux oursins ( une portion et demie ), rougets de roche au sel ( six rougets plutôt gros ). " La suite chacun la connaît, petite marche jusqu'au môle, café, et l'enquête reprend son cours. Et Montalbano qui fête ces jours ses cinquante-huit ans, s'énerve devant la vivacité de Fazio, impressionné par sa moindre réactivité. Cambriolage dans un supermarché propriété en sous-main de la mafia, assassinats, agression verbale avec un jeune automobiliste hyper-nerveux qui, hasard, se retrouve dans son bureau pour lui signaler un meurtre. Les événements ont lieu en Sicile sous le mandat de Berlusconi, et Camilleri ne manque pas de signaler les occlusions entre médias et gouvernements, mais le commissaire Montalbano bien qu'il ait le sentiment d'être assez vieux, connaît toujours bien le métier. La colère du Questeur, les mensonges du député, Montalbano et ses équipiers, Fazio, Mimi, l'inimitable Catarella et son langage particulier piégeront les suspects. Durant les quelques jours que durera l'enquête le commissaire ne se reposera guère dans sa maison de Marinella. Il se disputera au téléphone avec Livia, connue des lecteurs, nourri par Adelina de pâtes, de poissons, plats divers et copieux, quoique alourdi par un poulpe fraîchement pêché.  " ........ Il lui revint à l'esprit un passage du livre d'un scientifique spécialiste en animaux et dénommé Alleva qui disait que les poulpes étaient très 'ntelliigents. Un instant il resta fourchette en l'air. Puis il aréfléchi que le destin des intelligents était toujours et en tous les cas d'être mangés par des crétins plus fourbes qu'eux. Il areconnut sans difficulté être un crétin et recommença à manger. " En fin de volume une note de l'auteur signale avoir écrit cette histoire il y a quelques années, des problèmes d'édition.

            

            

mercredi 27 septembre 2017

Apparition Victor Hugo ( poème France )

fée clochette

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                                                    Apparition

            Je vis un ange blanc qui passait sur ma tête ;
            Son vol éblouissant apaisait la tempête,
            Et faisait taire au loin la mer pleine de bruit.
            - Qu'est-ce que tu viens faire, ange, dans cette nuit ?
            Lui dis-je. Il répondit : - Je viens prendre ton âme.
            Et j'eus peur, car je vis que c'était une femme ;
            Et je lui dis, tremblant et lui tendant les bras :
            - Que me restera-t-il ? car tu t'envoleras.
            Il ne répondit pas ; le ciel que l'ombre assiège
            S'éteignait... - Si tu prends mon âme, m'écriai-je,                                  
            Où l'emporteras-tu ? montre-moi dans quel lieu.
            Il se taisait toujours. - Ô passant du ciel bleu,                               fansshare.com
Image associée            Es-tu la mort ? lui dis-je, ou bien es-tu la vie ?
            Et la nuit augmentait sur mon âme ravie,
            Et l'ange devint noir, et dit : - Je suis l'amour.
            Mais son front sombre était plus charmant que le jour,
            Et je voyais, dans l'ombre où brûlaient ses prunelles,
            Les astres à travers les plumes de ses ailes.


                                                                                             Jersey, septembre 1855
                                                                    Victor Hugo
         
         

mardi 26 septembre 2017

Celle qui fuit et celle qui reste Elena Ferrante ( Roman Italie )

Celle qui fuit et celle qui reste
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                                                         L'amie prodigieuse 3

                                                 Celle qui fuit et Celle qui reste

            Amies de toujours, Lila et Lenù évoluent à leur rythme. Amitié féroce. Lila abandonne son mari Stéphano dans le deuxième volume et travaille dans une usine de salaisons dans la périphérie de Naples. Dans " Le nouveau nom " donc elle emmène Gennaro, son enfant qu'elle pense, souhaite on ne sait trop à ce moment, être le fils de Nino. Travail difficile, désossage, ambiance. Mais son ami d'enfance Enzo la recueille. Il est doux avec l'enfant, passif avec elle. Ils sont jeunes et nous sommes en 1968. Ils saisissent l'opportunité qui s'annonce, l'arrivée des ordinateurs, alors gros meuble qu'installe IBM dans les entreprises. Mais la rue s'agite, en France c'est mai 68, et Linù encore quelques semaines à Naples avant de s'installer à Florence avec Pietro Airota nommé, malgré son jeune âge, professeur de latin à l'université. De très bonne famille et aux excellentes relations, il est surtout chercheur, sa soeur est féministe. Et Lenù de réussite en réussite, devient Eléna Greco grâce à la publication de son premier livre. L'histoire de la non moins grande réussite des volumes d'Elena Ferrante tient sans doute au fait qu'elle détricote chaque événement, chaque sentiment, la jalousie de sa mère puis sa relative fierté, les terrifiantes sautes d'humeur des femmes, les luttes entre fascistes et extrême gauche, meurtres et meurtrissures d'amour-propre. " J'eus du mal à me concentrer sur la leçon qui nous venait de la France........ "Les nouvelles libertés, des féministes entre autres, inquiètent à Naples plus qu'ailleurs. Lors de discussions "....... En gros, j'affirmai être perplexe quant au degré de maturation de la lutte des classes en France........ " Mariée, mère de famille, Lenù petite bourgeoise se contentera-t-elle d'une vie un peu terne, son goût pour l'écriture serait-il tari, ou prendra-t-elle modèle sur Emma Bovary ? Et Lila, elle, évolue, munie d'un salaire, agit comme dans leur enfance, volontaire, elle impose sa vie, ses réflexions à Linù, et même son fils, petit napolitain au dialecte vif. Rebondissements et belle écriture. Femmes volcaniques, camoristes fils d'une mère usurière qui fête ses soixante ans essoufflés, et la mort rôde, et l'amour disent deux personnages a tous les droits, même celui de détruire les familles. Et donc, le tome IV est attendu avec impatience.
            

            

                                                 

samedi 23 septembre 2017

Journal secret 3 Alexandre Pouchkine ( Roman Russie )

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bloglesoiseauxdufaucigny.center.net


                                                   Journal secret 3
                                                                                 ( extraits suite )

            J'observe mes réactions et l'influence qu'exerce sur elles l'habitude........
            Toutefois, au bout d'un mois, la routine m'avait déprimé et, une nuit qu'elle avait lâché un pet au lit, j'ai préféré me tourner dans l'autre sens, en silence, plutôt que de lui sauter dessus. Mes sentiments émoussés par l'habitude étaient en sommeil.
            Je me souviens de la première nuit où nous sommes restés allongés au lit et où nous nous sommes endormis sans faire l'amour. Auparavant, nous n'avions pas manqué une seule nuit. A partir de là, ce fut de plus en plus fréquent.
 
            ............. Le déménagement à Tsarskoïé Sélo a été un grand soulagement pour N. et pour moi. Nous nous sommes accordés un répit nécessaire, à l'écart des parents ennuyeux et des connaissances importunes.
            La visite du Lycée a réveillé en moi des souvenirs qui auraient provoqué sa jalousie si elle en avait eu vent. Alors, encore fidèle à N., je me suis demandé si l'adultère mental était un véritable adultère. J'en suis arrivé à la conclusion que mes souvenirs poignants n'étaient pas de l'adultère, car mon expérience de l'amour rend mes rêves négligeables en comparaison. Avec N. c'est le contraire. Si elle rêve à quelqu'un d'autre elle me devient infidèle parce qu'elle n'a connu que moi. En un mot, mes rêves sont provoqués par des souvenirs que je ne donne pas, et ses rêves s'inspirent de basses pensées nées du présent qu'elle invoque délibérément.
            Bientôt, quand j'aurai franchi le Rubicon et recommencé à baiser à droite et à gauche, ce sujet cessera de me faire souffrir et je lui pardonnerai tous ses fantasmes, demandant simplement à Dieu que, moi vivant, elle ne me soit pas infidèle. Mais le plus effrayant c'est que rien ne nous permet de savoir si nos femmes sont fidèles. Je ne saurai jamais ce que fait N. lorsque je ne la vois pas. On ne peut être fidèle qu'à la fidélité. Quand ma fidélité faiblit apparaît un Diable jaloux et les preuves de fidélité n'y peuvent rien car chaque signe du contraire, dans mon esprit, devient irréfutable. Et seul le retour de la fidélité dans mon propre coeur en chasse la jalousie. Hélas pas pour longtemps.

            Je me fais penser à Othello : lui aussi était Noir et lui non plus n'était pas jaloux, il était confiant.

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            ............................                                                                          bibo.kz
Image associée            Je suis jaloux de chaque jolie femme parce que j'aime chaque jolie femme. Et n'importe quelle femme est jolie après la jouissance en elle, cela signifie qu'elle est vraiment jolie. N. est vraiment très très jolie car, bien qu'ayant depuis longtemps cessé de la désirer, je n'ai jamais cessé de l'admirer.

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            La fidélité est une lutte contre la tentation d'être infidèle. J'ai épuisé mes forces au cours de cette longue bataille. Quand j'ai senti que cette faiblesse à laquelle je m'abandonnais me menait droit aux ennuis, j'ai essayé de persuader N. d'aller passer quelque temps au village. Je savais que je serais incapable de résister à la tentation et que l'isolement me maintiendrait à mon bureau. Quand le désir s'allumerait en moi, il n'y aurait que N. à mes côtés. Je n'avais pas compté avec les filles des serfs du manoir.
            Son tempérament serein, que j'ai toujours eu quelque peine à perturber, trouvait son plus vif plaisir lorsqu'elle aguichait les hommes, ce qui est absolument sans risque, c'est en tout cas ce qu'elle m'a assuré. Elle s'enivrait du pouvoir de sa propre beauté qui mettait à ses pieds les hommes les plus influents de Pétersbourg, dont le Tsar. Grâce à sa décence et à sa gentillesse elle ne prenait pas avantage de sa beauté dans un esprit de conquête, mais se contenter d'en jouer, comme le ferait une enfant.
            Si on la frustrait d'une vénération constante, la vie perdrait toute signification à ses yeux. Rien, pas même les enfants, ne revêt tant d'importance pour elle. Non, c'est trop de dire cela. Les enfants ont encore sa préférence. Après la naissance de Mashka elle s'est tellement épanouie qu'elle espérait accroître encore son charme après chaque nouvelle naissance. Mais non, je ne veux pas être caustique envers ma femme, je l'aime. Seules mes propres faiblesses me poussent à vouloir l'atteindre dans sa dignité.
            La première fois que je lui ai été infidèle je savais que je rompais des liens impossibles à rétablir. J'ai pensé " Quand on baise une putain on ne trompe pas sa femme ". Mais au même moment j'avais compris que j'avais brisé mes voeux de mariage et qu'à partir de ce jour notre vie serait irrévocablement changée, même si elle ne le découvrait jamais. Je n'ai cessé de me répéter qu'un poète ne peut vivre sans fièvre et n'est pas fait pour le monde du mariage. Il me fallait accepter que tombe cette fièvre, parce que c'est la loi. Dieu ne nous empêche pas d'apprendre ses lois, mais il punit toute tentative qui les changerait. J'aurais dû être croyant, mais j'ai osé les enfreindre, et cela ne peut se faire qu'en tournant le dos à Dieu
  *        Après cette première transgression je ne pouvais plus m'arrêter. N. l'a deviné avant même de l'apprendre de ma bouche, et de celles des autres. J'ai plongé dans la luxure avec avidité, et si l'on veut appeler cela des saletés, alors du miel étalé partout sur un corps c'est aussi de la saleté. Elle n'en paraîtra pas moins douce.            
                                                                **********************

            .........................

            Le rendez-vous fatal s'est déroulé dans un bordel Il n'y a pas de meilleur endroit pour assouvir ma passion d'observer le plaisir des autres. Quel exemple frappant n'a-t-on pas de l'amour d'un homme pour l'humanité quand le plaisir d'un homme en éveille un semblable chez lui !........... Ma passion pour ce genre de spectacle m'a conduit à faire une connaissance qui pourrait bientôt entraîner ma mort.
            Chez Sofya Astafievna............... C'était d'Anthès qui avait récemment été admis dans la Garde et dont toutes les femmes raffolaient. Nous n'avions pas été présentés mais quelqu'un me l'avait un jour fait remarquer, dans une demeure où se réunissaient les plus belles femmes de Saint-Pétersbours. J'étais debout avec N. qui, elle aussi, le voyait pour la première fois.
            - " Il est vraiment remarquablement beau ! " furent les mots qui s'échappèrent de ses lèvres.                Le sang m'est monté à la tête. Dans l'instant où je m'en suis souvenu..........
           Repartant pour la maison je suis passé par le salon et j'ai vu d'Anthès soûl....... Il parlait français et son compagnon traduisait. Il s'est tourné vers moi et m'a gratifié d'un large sourire.
            - Je parie que vous êtes Pouchkine !
            - Désolé, je ne vous connais pas, ai-je dit avec froideur sans m'arrêter.
            - Eh bien, permettez que je me présente. Il a élégamment sauté du sofa et m'a emboîté le pas, m'a dépassé en quelques enjambées rapides, s'est courbé et s'est nommé. Je l'ai salué avant de poursuivre mon chemin dans l'antichambre. Tenant à peine sur ses jambes il me suivait de très près.
            - Je viens d'arriver à Pétersbourg et j'aimerais faire votre connaissance, dit-il.
            - Ce n'est pas l'endroit idéal pour faire connaissance, ai-je répondu comme je pouvais.
            - Pourquoi ? C'est exactement le contraire ! Cette maison pousse les gens à l'intimité.
            Je me suis arrêté et l'ai regardé avec curiosité. Je ne savais pas à ce moment-là combien de ses inepties il me faudrait encore entendre à l'avenir.
            Entre temps il a continué :
            - Eh bien, vous êtes un poète célèbre, mais avez-vous vraiment réfléchi au plus poétique des phénomènes naturels ?
            Ce qu'il allait dire m'intéresserait peut-être, je décidai donc de rester un peu.
            - Quand je regarde les femmes je sais avec une certitude absolue que chacune a une intimité. Oui, oui, c'est un fait simple, cependant tant de poésie repose sur cette certitude inébranlable qui peut donner un but aux manoeuvres que nous employons pour approcher une femme quelle qu'elle soit. Si nous n'avions pas une telle certitude nous serions angoissés, car dans la société les femmes se comportent comme si elles n'avaient pas d'intimité du tout.                       richardunord6.skynetblogs.be
Image associée            Je n'ai pu m'empêcher de sourire à l'idée de la similitude qui existe entre nos façons de penser.........
            Je ne tardai pas à le saluer afin de couper court à cette conversation désagréable avec le jeune homme. Dans d'autres circonstances et avec quelqu'un de différent une telle discussion aurait été la bienvenue, mais je n'aimais pas d'Anthès et cela depuis la première fois où je le vis. Par ailleurs peu après mon mariage j'étais beaucoup moins disposé à parler de ma fascination pour les affaires de sexe, pourtant mon sujet favori de conversation, même avec des amis proches. J'ai compris que si un homme marié parlait de cela il impliquait inévitablement sa femme à qui chacun de ses commentaires serait attribué. Et la réputation d'une épouse doit être immaculée.
            Quand je suis devenu infidèle j'ai également cessé de me retenir verbalement, ne me privant pas de mentionner d'autres femmes. Mais mes interlocuteurs, comme toujours, lui ont attribué tout ce que je disais. Aujourd'hui cela m'apparaît clairement. Trop tard, hélas !
            Depuis l'incident au bordel, chaque fois que je voyais d'Anthès en société, je croisais son regard malicieux. Une fois il a même osé me faire un clin d'oeil, mais en voyant la fureur mettre le feu à mon visage, il ne sait plus jamais hasardé à une telle familiarité.
            Chaque fois qu'il danse avec N. je le soupçonne de la baiser. Il est trop certain de la présence de son intime. Il est libre de toute interprétation romantique. Cette pensée ne me laisse pas tranquille, me met hors de moi. Alors je quitte la salle et fait taire ma jalousie dans la fièvre d'un jeu de cartes, ou dans la poursuite de quelque jupon.    

                                                                *******************

            A regarder d'Anthès faire la cour, je me souviens du temps où j'étais célibataire et de ma passion à rendre les maris cocus. " Voici venu ton tour ", me dis-je. Le cercle se referme, le passé se reproduit, mais cette fois j'y joue le rôle du mari devant défendre sa femme contre des brigands affamés par sa moniche. Que lui disent-ils, comment s'y prennent-ils pour la séduire ?
 **        Personnellement, ma méthode consistait à raconter aux rares femmes intelligentes qu'il n'y  avait rien de mieux que la variété, et qu'en se soumettant à moi elles aimeraient davantage leur mari, grâce à des sentiments rafraîchis par mes soins. Aux femmes stupides je déclarais un amour si passionné que jamais leur mari ne pourrait rivaliser. Et j'étais totalement sincère avec chacune d'entre elles.
            J'ai confiance en N., et le fait que d'autres aient des doutes me rend encore plus insupportable sa coquetterie sans bornes. Je suis forcé de m'avouer que les rumeurs, l'honneur et l'opinion de la société ont plus d'importance pour moi que la véritable nature des choses. Je préférerais qu'elle se fît reluire avec quelqu'un, secrètement - mais une fois seulement - et que personne ne le découvre, plutôt que de me trouver face à un flot de racontars et de rumeurs au sujet de son infidélité, et cela malgré son innocence absolue. Voilà pourquoi je me contente de sourire du coin de la bouche si Vyazemsky courtise N. La société ne pourrait jamais croire qu'elle fût attirée par un homme si commun et si peu raffiné. Mais d'Anthès est dangereux avec sa beauté, son impudence........ Je hais l'impertinence de ces bruits de couloir qui me stigmatisent derrière mon dos. Je me sens pousser des cornes alors même que je suis persuadé qu'elles n'ont rien à faire sur ma tête. Les ragots insinuent le doute dans ma certitude. Combien d'innombrables occasions N. peut-elle avoir eu de commettre l'adultère avec tous ces hommes à ses pieds ? Qu'est-ce qui la retient de se servir ?

*      bibo.kz    
**     .carnetnature.com
                                                                                              ( à suivre )








            


mercredi 20 septembre 2017

Les Fleurs Rares Fable poème à Lou Guillaume Apollinaire ( poésie France )

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                              Les Fleurs Rares
                                                  Fable

            Entreprenant un long voyage
            Ptit Lou hantée par l'histoire de Jussieu
Au lieu d'un petit cèdre prit Quoi donc Je gage
Qu'on ne devinera pas ce que Dieu
Fit prendre à mon ptit Lou une fleur rare
Dont elle ferait don aux serres de Paris
                La fleur était sans prix
Et Dame Lou voyant qu'elle en valait la peine
Froissa pour la cueillir sa jupe de futaine
            Mais en passant dans la forêt
Allant prendre son train à la ville prochaine
            Ptit Lou vit sous un chêne
Une autre fleur Plus belle encore elle paraît                                            
            La première fleur tombe
            Et la forêt devient sa tombe                                                                     fineartamerica.com
Image associée     Tandis que mon ptit Lou d'un air rêveur
            A cueilli la seconde fleur
      Et l'entoure de sa sollicitude
            Arrivant à la station
      Après une montée un peu rude
            Pour s'y reposer de sa lassitude
                    Avec satisfaction
       Ptit Lou s'assied dans le jardin du chef de gare
Tiens dit-elle une fleur Elle est encore plus rare
            Et sans précaution
                     Ma bergère
Abandonna la timide fleur bocagère
            Et cueillit la troisième fleur
            Cheu Cheu Pheu Pheu Cheu Cheu Pheu Pheu
                 Le train arrive
Et puis repart pour regagner l'Intérieur
Mais dans le train la fleur se fane et Lou pensive
            S'en va chez la fleuriste en arrivant
        Ces rares fleurs j'en vais rêvant
            Elles sont si rares Madame
        Que je n'en tiens plus mon âme
                   La fleuriste s'exprime ainsi
Et Lou dut se contenter d'un souci
                          Que lui refuse
                   Sans lui donner d'excuse
              Le directeur ( un personnage réussi )
                   Des serres de la ville
                           De Paris
              Mais tous les pleurs et les cris
     De Lou qui dut jeter cette fleur inutile
                               Et Lou du                                                                         pretapousser.fr  
Résultat de recherche d'images pour "fleurs très rares"                     Vilain personnage
                 Quittant le bureau dut
Entreprendre à rebours l'horticole voyage

                 Je crois qu'il est sage
                      De nous arrêter
             A la morale suivante sans insister

Des Lous et de leurs fleurs il ne faut discuter
             Et je n'en dis pas davantage


                                                                       Apollinaire

jeudi 14 septembre 2017

Journal secret 2 ( extraits ) Alexandre Pouchkine ( Roman Russie )


konbini.com


                                                      Journal secret 2 ( suite extraits )

            Une fois nous avons fait le pari qu'elle serait satisfaite même si elle n'était pas d'humeur à cela. Je connais trop bien la façon dont l'indifférence chez une femme se transforme en désir quand un homme sait ce qu'il fait. Dans le cas de N. son indifférence à ce moment précis était si évidente qu'il était impossible d'imaginer la facilité avec laquelle elle pouvait disparaître sans une trace !
            Je lui ai fait boire deux verres de champagne, me réservai une demi-heure ce qui fut suffisant.......
           Comme je l'aimais dans ces moments fulgurants !....... Je ne la lâchais pas d'un pouce....... J'étais encore abasourdi par la métamorphose d'une déesse en simple mortelle...... mais dans les moments de trop grande intimité l'enchantement s'évanouit, et je me suis débarrassé de ma vénération excessive qui souvent peut contrecarrer la soumission féminine.
            Le pouvoir des belles femmes dans la haute société réside dans l'illusion entretenue autour de leur divinité, celle-là même qui se dissipe si agréablement dans l'intimité. O connaissance grandiose et charmante ! Un regard sur la beauté la plus inapprochable et vous savez sans erreur possible ce qu'elle sent, où elle se rend en quittant un salon et le pourquoi de son départ. la vision de ces genoux fermés et de la courbe de ces hanches véritablement divines. L'admiration me faisait tourner la tête. Mais simultanément je sentais clairement que l'on me dissimulait quelque chose d'extrêmement important........... Quand la première fois......... j'ai vu le visage de la Vérité, j'ai au même instant pris conscience de ma destinée, servir cette divinité blottie....... et chanter les sensations produites par elle.........

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                                                                                                                            pinterest.com 
Résultat de recherche d'images pour "portrait d'une tres belle femme peinture"            Quand j'étais célibataire rien de particulier ne me hantait, sauf, peut-être, le désir d'un bonheur que je recherchais vainement, et cela me rendait malheureux. Il me semblait que le mariage avec une fille jeune, jolie, au grand coeur, m'apporterait la paix et la liberté, les deux éléments consécutifs du bonheur. Hélas, la vie donne soit la paix, soit la liberté, mais jamais les deux. La paix vient d'une résignation débilitante, et une telle paix ne laisse aucune place à la liberté/ La liberté m'entraîne dans des aventures sans fin, au sein desquels aucune paix ne peut exister.
            En dépit de mon bon sens, des projets de mariage brûlaient en moi et s'enflammaient chaque fois que je croisais une jeune beauté. J'étais prêt à épouser n'importe quelle femme, sans délai, du moment que je pouvais me montrer avec elle, en société, sans avoir honte. Olénina et Sof. ne voulaient pas d'un mari fou. N. n'avait pas le choix. Voilà comment Dieu m'a mis à l'épreuve.

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            Je me suis marié avec placidité, convaincu d'être protégé par mon expérience des espoirs inutiles et des naïves illusions. Mais ma conception du mariage n'était qu'une sèche théorie. Il est impossible de comprendre les émotions sans les ressentir intensément. C'est ainsi que le coeur peut être atteint, et seul le coeur peut enrichir l'esprit. Toute mon expérience était celle d'un amant, non celle d'un mari.
            Ma passion pour N. ne dura pas même deux mois. J'étais conscient de la fuite de cette passion mais, découragé par cette évidence, parce que pour la première fois il s'agissait de ma propre femme.
            Au bout du premier mois je ne tremblais déjà plus par anticipation joyeuse lorsque N. se déshabillait devant moi. Au bout de deux mois, la maîtresse en elle n'avait plus de secrets pour moi. Elle ne pouvait plus me surprendre avec quoi que ce soit. Je savais par avance les mouvements qu'elle ferait, les gémissements que j'entendrais, comment elle s'accrocherait à moi et comment elle soupirerait de contentement.
            Ses odeurs ne m'incitaient plus à me ruer sur elle comme avant. Je ne les remarquais pas, comme s'il s'agissait des miennes. L'arôme du fromage allemand m'excitait plus que les lourdes senteurs de sa peau.
            Parce que cela me faisait penser à d'autres femmes.

                                                              *****************

            J'avais tort de penser que je pouvais modeler N. comme bon me semblait. Non, le talent n'est pas quelque chose que l'on apprend. On naît avec. De la même manière il faut être né pour l'amour, et N. était née pour la coquetterie. Ce que moi j'appelle excellence, elle le nomme bassesse. La capacité de ressentir les convulsions de l'amour n'est absolument pas un talent amoureux. Le talent de l'amour implique un désir si puissant et si vite inflammable que toute minauderie, toute honte disparaissent complètement. Les femmes douées pour l'amour en deviennent les esclaves. Elles font des maîtresses merveilleuses mais des épouses.... Encore une fois il faut faire un choix entre une merveilleuse maîtresse et une épouse merveilleuse. Mon mariage se trouve être l'un des meilleurs car, si j'avais
une femme douée pour l'amour, en d'autres termes une mauvaise femme, il serait impossible de compenser son inaptitude à être une bonne épouse par des à-côtés, alors qu'il n'est pas difficile de trouver ailleurs une maîtresse talentueuse.
Image associée  *          J'ai compris que le tempérament de N. est celui qui convient le mieux au mariage. Elle me tuerait si elle avait une faim omnivore semblable à celle de Z. ou R. Ce qui m'offensait n'était pas son manque d'entrain mais mon indifférence devant son corps. Mon coeur ne parvenait pas à se résigner. Quoi ! pouvoir m'allonger nu aux côtés de N. et m'endormir sans le désir de la prendre ? C'était, pour moi, absolument impensable avec n'importe quelle autre femme, et N., la plus belle d'entre toutes, m'a émasculé. Je la regardais, impassible, et pensais que si, à cet instant, n'importe quelle femme étrangère, même peu séduisante, prenait sa place, je la défoncerais avec le désir que N. ne sera plus jamais capable de provoquer en moi. Je sentais en moi la colère brûler à petit feu.
            Mon désir de corps nouveaux devint plus puissant que l'amour, plus puissant que la beauté, mais je ne voulais pas que cela devienne plus puissant que ma fidélité envers ma femme.

                                                               *******************

            J'ai essayé de rendre N. enceinte. Durant les premiers mois de notre mariage, avant que la haute société ne tombe amoureuse d'elle, N. s'ennuyait à ses heures de loisir. Je lui ai appris à jouer aux échecs, lui ai donné à lire " Histoire de Karamzine ", mais cela l'a davantage ennuyée. Elle pouvait lire des romans français insipides, l'un après l'autre, avec une exaltation enfantine. Une fois je lui ai lu quelques-uns de mes poèmes. Elle les a écoutés avec une telle expression de nonchalance que je n'ai plus jamais osé l'importuner avec mes compositions, et elle ne m'en a plus réclamées...
            Les nouveaux habits et les compliments relatifs à sa beauté étaient ses plus grands plaisirs Cela ne me fâchait pas du tout. Je savais qu'une fois les enfants arrivés elle serait occupée par des choses réelles. Entre-temps elle brodait et je regardais son joli visage, mais le plaisir que j'en retirais était plus esthétique qu'érotique.
            N. avait rejeté la bonne moitié de ma vie liée à la poésie. L'autre moitié c'était l'amour, où la tendresse remplace les sensations poignantes. Mais nous ne sommes pas capables de trouver l'extase autrement que par la stimulation des sens

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            Moi qui me glorifiais autant de mon prestige d'amant que de ma célébrité de poète, je ne trouvais pas de place pour ce genre d'activité dans ma vie familiale. N. entretenait ma vanité avec sa
beauté, sa gentillesse et son innocence. Mais son innocence a fini par devenir de la coquetterie, sa gentillesse du sentimentalisme, et je suis tellement habitué à sa beauté qu'elle m'est devenue imperceptible. Je ne me sentais fier que lorsque tous admiraient la beauté de N., malheureusement , cette sensation dégénérait de plus en plus souvent en jalousie.
            Pour la première fois dans mon existence de sauvage je m'endormais et me réveillais chaque jour avec la même femme. Auparavant aussi je perdais vite la fascination qu'exerçait sur moi la douceur de la nouveauté, si bien que je changeais de maîtresse ou ajoutais l'une à l'autre. Je me rends compte avec chagrin qu'en ce qui concerne l'homme marié un tel comportement est inacceptable.
            La différence entre une épouse et une maîtresse, c'est qu'avec une épouse on se couche sans désir. Voilà la raison pour laquelle le mariage est sacré. Le désir s'en trouve graduellement exclu et les rapports deviennent simplement amicaux, indifférents même et souvent hostiles. Alors le corps nu n'est plus considéré comme péché, parce qu'il n'est plus tentant.

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                                                                                                                        br.pinterest.com
Image associée            Parfois je ressentais le calme, une joie tranquille, en regardant innocemment ma Madone ( existe-t-il une autre façon de regarder la Madone ? ). Le désir devenait une partie minime de notre vie. La majeure partie consistait en une angoisse des petites choses, le châtiment de la passion. De manière inexcusable, et sans retour possible, je commençai à croire à mon droit irrévocable au corps de N.

                                                                       ******************

            Les fantasmes commencèrent à me hanter, et c'était l'oeuvre du Diable.........
            Depuis ma jeunesse je me connaissais un goût prononcé pour le voyeurisme............
            J'avais cette espèce de vision quand je prenais N. dans mes bras........
            Parfois, je m'asseyais dans mon bureau et je tentais d'écrire, mais mes pensées s'envolaient vers des femmes inconnues, des intimités........ et le désir me prenait d'un coup........
            Lorsque N. entrait dans mon bureau pendant ces chauds moments de rêverie, mon désir disparaissait sans une trace........ La regarder est toujours un plaisir et une joie, mais elle ne m'excite ni ne m'inspire. Je la regarde comme une oeuvre d'art, vraiment comme une Madone ( dont la seule imperfection serait un oeil-de-perdrix à l'orteil ).
            N. est devenue pour moi un moyen de me débarrasser de mes hantises charnelles. En d'autres mots, je baisais ma femme non pour le plaisir mais pour lui rester fidèle.
            Cependant je me suis révélé incapable d'oublier mes fantasmes, si courte que fût la période que je m'assignais. Ils finissaient par s'agiter d'eux-mêmes au fond de moi et se redressaient comme l'herbe après la pluie...........

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            A une époque je pensais que les spasmes divins étaient le but de l'amour. Eh bien, non ! Car s'il en était ainsi la fidélité ne représenterait pas un tel fardeau et une épouse pourrait complètement satisfaire mes désirs. La finalité ne réside pas dans les convulsions.......... mais dans la révélation du mystère de l'intime féminin. Ce mystère qui cesse de vous exciter à cause de contacts répétés chaque nuit avec la même femme, ne disparaît pas et ne se résout pas entièrement mais s'envole vers d'autres femmes..........
            La seule chose qui remet le mystère à sa place légitime est la séparation. Alors une épouse devient à nouveau désirable, mais pour une nuit seulement, ensuite la satiété reprend sa place, tout aussi légitime.

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Résultat de recherche d'images pour "portrait d'une tres belle femme peinture"            En décembre je ne pouvais plus le supporter et j'ai fui Moscou. J'ai pensé que la séparation ranimerait ma passion pour N. Mais la séparation doit s'effectuer dans l'isolement, et non au milieu d'une foule de Tsiganes invités par Naschokine. La distance n'a pas seulement rallumé ma passion, elle m'a aussi fait oublier mes voeux de fidélité. Quand Olenka est venue à moi, toute ma passion renaissante pour ma femme s'est reportée sur la femme la plus proche. Il m'a semblé qu'elle était la première femme de ma vie, tant mes sensations étaient fraîches. L'intime était redevenu divinité.
            Mais, repu d'elle, je me suis mis à rêver de N. comme assoiffé. Si elle était apparue à côté de moi je me serais précipité sur elle avec une passion toute neuve. N. était lointaine, une étrangère et en conséquence excessivement désirable. Ce n'était pas une de mes inventions. Je ressentais la même chose à l'endroit des autres femmes, mais pour je ne sais quelle raison je m'étais convaincu que les lois habituelles ne s'appliquaient pas à mon épouse. Ainsi donc, lorsqu'une nouvelle fois tout s'est répété avec elle, j'ai compris que mon désir pouvait se porter sur la première femme venue.
            Et ventre à terre je suis retourné aux p... Celles qui avaient entendu parler de la grande beauté de ma femme me reprochaient de leur rendre visite et de laisser une telle merveille à la maison. Comment pouvaient-elles comprendre que la beauté ne protège pas de la satiété et que la variété est la seule chose qui maintienne en vie ? Des soupirants amoureux de N. me regardaient avec colère ou étonnement., comment pouvais-je oser désirer une autre femme que ma sublime épouse ? De nombreux admirateurs lui écrivaient, lui promettaient leur vie en échange de ses faveurs. Leur lecture nous faisait rire. Si seulement les personnes amoureuses savaient à quel point l'admiration s'estompe rapidement et combien on en vient à la regretter ! Car, une fois que l'on s'en rend compte il devient impossible de s'habituer à sa disparition.
            Le sacrifice de sa propre vie dans l'unique dessein de posséder une beauté trouve une signification profonde : on évite ainsi d'être ignoré, situation offensante entre toutes quand il s'agit d'une passion naissante. La mort est la façon la plus sûre de rester fidèle à celle qui habite vos pensées. Je comprends la raison du suicide de Roméo et Juliette. Ils ont agi intuitivement, sans comprendre, mais dans la même perspective, rester fidèles à leur amant même après la mort, ce qui est impossible pour un corps jeune, beau et vivant.

*        fineartlib.info
                                                                             ( à suivre .........)
            

mercredi 13 septembre 2017

LesFleurs ne saignent Pas Alexis Ravelo ( Roman policier Espagne )

Les fleurs ne saignent pas
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                                                                 Les Fleurs ne saignent Pas

            A Las Palmas de Grande Canarie, la vie s'écoule entre nuages et soleil pour Diego, dit le Marquis, et Lola sa jolie compagne, arnaqueurs de petite envergure, mais des arnaques répétées leur ont permis d'être propriétaires d'une maison, La Maison rouge, où Lola cultive un petit potager et des fleurs.Leurs amis se nomment Paco, le Sauvage, Fito, Pâquerette et Ruth. " Lola venait d'avoir trente ans et son tempérament de feu cédait la place à d'autres envies.........  Leur spécialité c'était les petites arnaques rapides........ sans se faire repérer..... " Une île n'est pas le continent. Tout se sait et à part l'eau nul endroit où se fondre dans la foule. Aussi hésitèrent-ils tous beaucoup avant d'accepter le plan, un kidnapping, que l'un des leurs propose et qui n'apparaissait pas dans leurs petits vols, mais était parfaitement renseigné sur le père de la jeune fille. Une des grosses entreprises de l'île est dirigée par deux associés, Perera et Isidro Padron. Tous deux, outre des affaires confortables et diverses, trempent dans des projets immobiliers qui les forcent depuis des années à jouer un jeu d'argent dangereux. Les arnaqueurs hésitent mais rêvent d'un gros coup qui permettra à l'un de se libérer de ses dettes, l'autre de voler Ruth à un mari brutal, ou encore profiter de quelque répit entre deux arnaques. Mais un kidnapping c'est sauter dans une autre catégorie. Leur plan élaboré minutieusement pourrait aboutir sans l'Argentin et ses acolytes, employés par Perera au Service Sécurité. De plus les ordinateurs offrent de précieux renseignements à qui sait un peu décripter les pages. Ils lurent, suivirent des traces, et le carnage commença. Ce fut saignant, haineux, et ce qui resta vivant se trouva l'un grandi par le courage solitaire d'un tueur, d'autres pour avoir gagné le titre de grand arnaqueur.
C'est écrit dans l'esprit des personnages, vivant, sympathique, dépaysant.

samedi 2 septembre 2017

Ma mère cette inconnue Philippe Labro ( biographie France )


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                                           Ma mère,
                                                       Cette inconnue

           Appelée Netka, après être prénommée Henriette à sa naissance, ses petits enfants la surnommèrent Mamika. Elle eut quatre fils, un jour ils s'interrogèrent qui était-elle ? car il n'y avait pas de grands-parents. Elle n'aimait pas répondre aux questions, alors après avoir lu ses carnets et les quelques souvenirs qu'elle laissa à sa mort, ils remontèrent le temps, et celui qui des quatre frères était l'écrivain fut désigné pour décrire sa vie. Au milieu du livre Philippe Labro avoue avoir peiné dans la rédaction de l'ouvrage, puis arrivent les années de guerre et lui-même présent l'histoire se déroule facilement. Marie-Hélise ne connut pas son père, mais elle fut la première de la famille à étudier.  Institutrice elle trouva un poste chez le comte Henry de Slizien, grand propriétaire polonais, père de plusieurs enfants. De cette rencontre naquirent les deux enfants, l'aîné né à Villepinte, Henriette en Suisse. Ils ne furent pas reconnus par le père mais il paya la pension où il les fit placer, tant qu'il pût , car les bolcheviks saisirent sa propriété et l'emprisonnèrent vivant chez lui avant de l'éliminer. De Suisse les deux enfants furent placés dans un internat à Versailles. Ils furent de bons élèves, entourés avec bienveillance par deux femmes attentionnées. Henry entra à Saint-Cyr, Netka se tourna vers le droit et entra dans l'administration sans grand enthousiasme. Lors d'un thé-bridge elle rencontra Jean Labro conseiller financier, de vingt ans son aîné. Ils se marièrent et quelques années après la naissance des enfants ils décidèrent de quitter Paris pour Montauban où Jean Labro avait déjà acquis une propriété. La guerre de 40 fut déclarée. Montauban resta en zone libre quelques mois puis occupé comme le reste du pays. Contacté discrètement le couple accueillit, cacha des juifs qui fuyaient vers des lieux plus sûrs espéraient-ils. Dora arrivait d'Autriche, épuisée elle demanda à rester. Un jour elle fut obligée de fuir à la suite d'une dénonciation. Plus tard Philippe Labro sera " accueilli comme un fils ", lors de son séjour aux EtatsUnis où son évasion a conduit Dora. " Le document signé Dora fut le premier de nombreux témoignages qui autorisèrent Yad Vashem à honorer comme Justes parmi les Nations Jean-François Labro et Henriette, née Carisey, de longues décennies plus tard........ " à Nice alors que mon père avait déjà disparu, une courte cérémonie....... ses quatre fils, les adultes et leurs propres enfants étaient présents. Nous avions voulu que chacun de nos enfants...... comprennent mieux qui étaient leurs grands-parents et ce que signifiaient ces mots ....... camps de concentration, Shoah, résistance, libération, solidarité, engagement...... Le visage ridulé...... - Maman tu vas bien nous dire quelque chose ?........
- Oh, vous savez, ce n'était pas très difficile de faire ce qu'on a fait. C'était normal : on les aimait. "
Netka aurait voulu atteindre les cent ans, elle mourut à 99 ans. Un jour elle cita une ligne d'une chanson; Sarah, que Philippe Labro a écrit pour John Halliday " Merci pour ton effort ". L'auteur saisi, visiteur trop rare pour sa mère, oublia l'heure et manqua la navette et l'avion.


vendredi 1 septembre 2017

Claude C'était ma mère Alain Pompidou ( Document France )


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                                          Claude,
                                                    
                                               C'était ma mère

            Un jour de juillet 1942 Alain Pompidou entre dans la famille qui l'adopte. Il a trois mois ses père et mère sont mariés depuis sept ans. Il sera leur seul enfant. Chacun est heureux. Soixante-quinze ans plus tard il se penche sur ses années passées dans ce foyer où il côtoiera intellectuels, artistes et hommes d'état auprès de Claude et Georges Pompidou devenu Président de la République. Claude a sept ans, sa soeur cinq ans lorsque leur mère meurt emportée par la grippe espagnole, en 1919, le père est médecin, interne des hôpitaux au Havre. Les petites filles sont élevées par leur grand-mère. Une bibliothèque fournie, des études classiques, quelques années de droit et Claude rencontre Georges, agrégé de lettres. Ils se marient, Georges Pompidou enseigne français, grec et latin à Marseille. Le couple passe souvent ses vacances dans un joli village peu connu alors, Saint-Tropez. Voir les jolies photos qui complètent le récit. Puis remontée vers Paris où Georges Pompidou, né à Montboudif de parents instituteurs, enseigne dans les classes supérieures à Henry IV avant d'être mobilisé en 1940 et après être démobilisé. Claude apprécie leur vie, n'apprécie pas beaucoup le changement de situation qui s'annonce, son mari est contacté par la banque Rothschild. Déjà au fait des affaires, grâce à un ami gaulliste, René Brouillet, il obtient un poste de chargé de mission pour l'Education nationale. Ainsi d'enseignant et après divers postes, le statut social du couple s'améliore. Claude préférait la quiétude de leur vie pourtant par l'entremise de René Fillon ( oncle de François Fillon ) il entre à la Banque Rothschild, et le soir étudie avec acharnement les arcanes financières lui qui avoue " ne pas connaître la différence entre une traite et une lettre de change ". Le couple entre dans le cercle incontournable des Lazareff, Claude Pompidou  suit sans grand enthousiasme l'évolution de la carrière politique de son mari, fidèle au général de Gaulle qui le nomme premier ministre. Et si le couple fréquente les meilleurs artistes du moment, de Dali à Guy Béart, Sagan qui leur signale un joli coin de France, Cajarc où le couple achète et réhabilite maisons et étables où ils installent des moutons, Claude suit avec inquiétude leur progression vers une éventuelle présidence de la République. Claude Pompidou n'a jamais aimé l'Elysée qu'ils habitèrent le temps de cette présidence, 1969/1974. Claude Pompidou représenta parfaitement la France, les couturiers lui prêtaient les habits, Dior, Chanel qui lui apprit à les porter et à marcher. Les photos du milieu du livre en sont la démonstration. Claude Pompidou aime les robes mais aussi la décoration intérieure, elle modernise le mobilier de l'Elysée. Alain Pompidou devient médecin et père de famille, trois fils. Ils seront presque tous présents lorsqu'elle mourra à quatre-vingt-treize ans, quai de Béthune où Georges Pompidou mourut plus de trente ans plus tôt. Près du Centre Pompidou, l'Ircam qu'investit Pierre Boulez très apprécié des Pompidou et la Fondation Claude Pompidou. A la suite de la mort du Président Pompidou son épouse fut très attachée à la reconnaissance des ouvrages créés par son époux. " A quelques exceptions près elle n'aime pas la compagnie des femmes....... - La conversation des femmes est souvent trop potinière et trop personnelle, il faut se forcer pour y participer, dit-elle. "
Claude Pompidou emporte un peu de terroir lors des voyages : " Pour les séjours à l'étranger, elle emporte dans ses bagages un pain de campagne, un saucisson sec et une bonne bouteille de vin afin d'occuper son entourage durant les moments d'attente...... " Claude et Georges Pompidou sont enterrés à Orvilliers où ils avaient acquis une propriété et se rendaient régulièrement.