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lundi 22 avril 2019

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 95 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

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                                                                                                                       1er Juin 1663

           Recommencé à me lever tôt, vers 4 heures, achevé 5 heures d'aventures, une pièce tout à fait remarquable.
            A mon bureau un moment, puis sortis, allai chez mon frère et m'occupai de plusieurs affaires en chemin. Dînai avec lui ( il m'avait invité ), en compagnie de Mr Peter Honywood et du doyen Honywood. Fort bon dîner, très agréable, mais pas trop gai car le doyen n'est pas un homme trop brillant, quoique fort bon.
            Je fus forcé de partir et me rendis en hâte à St James pour me mettre au service du Duc, de retour de la chasse où il était allé aujourd'hui et était allé se coucher. Nous ne pûmes le voir. A Whitehall, en fiacre avec John Mennes jusqu'au mai du Strand et à pied jusqu'au Nouveau Théâtre qui a déménagé et est utilisé maintenant par les maîtres d'armes pour y disputer leurs concours. C'est le premier que j'eusse jamais vu............. Ils s'affrontèrent à huit armes, trois assauts pour chaque arme. Cela valait vraiment la peine d'être vu, parce que j'avais cru jusqu'aujourd'hui ces combats simulés, mais comme il s'agissait ici d'une querelle privée, ils se sont battus pour de bon. J'ai eu en main une de leurs épées et je remarque qu'elle n'est guère moins tranchante que les épées ordinaires, ou même tout autant. C'est un spectacle étrange que de voir tout l'argent qui leur est lancé à tous les deux sur la scène entre chaque assaut.
            Mais il y avait là une populace d'une déplorable grossièreté et qui faisait un tel vacarme que j'en eus mal à la tête toute la soirée. Ainsi, fort content d'avoir assisté à ce spectacle je retournai à la maison m'occupant de plusieurs affaires en chemin........... A la maison je trouve ma femme qui a passé toute la journée au lit à cause de ses menstrues. J'allai voir sir William Penn que sa goutte fait à nouveau un peu souffrir, mais il se remettra bientôt. Puis à la maison, souper et, au lit.
            On parle aujourd'hui à la Cour de la grande conspiration récemment découverte en Irlande, ourdie, entre autres, par des presbytériens dans le but de proclamer le convenant et de s'emparer du château de Dublin et d'autres places. Là-bas ils ont débauché une bonne partie de l'armée, promettant de l'argent en espèces aux soldats. Certains membres du Parlement, là-bas, sont impliqués, à ce que l'on dit.et certains démis de leurs fonctions.. Plusieurs personnes ont été arrêtées, notamment un des fils de Scott, exécuté ici comme régicide.
            Je ne sais pour quelle raison, mais le roi, semble-t-il, se méfie de l'Ecosse, et cet après-midi, au Palais le Conseil a été réuni pour une séance extraordinaire, et l'on a ouvert les lettres que venaient d'apporter les courriers qui vont et viennent entre l'Ecosse et Londres et d'autres endroits.
            Dieu soit loué ! j'ai la conscience et les mains pures, et donc le sommeil tranquille. Le roi de France est rétabli.


                                                                                                                 2 juin

            Levé et par le fleuve à Whitehall, puis à St James où je m'entretins en privé avec Mr Coventry
surtout de sa situation. Il subit la censure de la Chambre, des Communes car il est concerné avec d'autres par le projet de loi sur la vente des offices. Il pense, me dit-il, que sa réputation pâtit grandement de cette affaire........... Il s'engage à prouver qu'il n'a jamais de sa vie rien reçu d'un capitaine en échange d'un commandement.......... Il me dit être incapable de deviner de qui provient cette attaque, mais il soupçonne sir George Carteret............... Il semblerait qu'un certain sir Thomas Tomkins de la Chambre des Communes propose bien des motions extravagantes.........
            Je lui offris mes services et vraiment je le servirai de tout mon coeur. Il me répond cependant qu'il ne croit ni approprié ni utile que je me mêle de cette affaire, mais qu'il est sensible à l'affection que je lui témoigne. Je lui souhaitai donc le bonjour, car il est trop indisposé pour pouvoir parler des affaires de notre bureau.
            Je me rendis au palais de Westminster où j'apprends d'autres détails sur la conspiration en Irlande.......... La session des tribunaux s'est achevée hier, et il semble que les cours de justice ne se soient jamais, de mémoire d'homme, trouvées en vacances par manque de procès plus tôt que cette année.
            Puis de ci, de là pour le travail dans divers endroits. Par exemple, pour parler à Mr Philips, mais je ne le trouvai pas et allai voir Mr Beecham, l'orfèvre, qui fera partie demain du jury lors du procès que sir William Batten intente à Field. Je lui ai raconté notre affaire et je crois qu'il nous sera favorable.
            A la maison et, voyant que ma femme avait dîné, j'allai chez sir William Batten qui me convia au repas, avec sir John Mennes et d'autres, car le capitaine Allin qui part dans le Downs commander le navire amiral cet été, leur offrait un dîner d'adieu. Je trouvai un peu étrange qu'en dépit de ma grande civilité envers lui, le capitaine ne m'ait pas invité. Mais je suppose que l'idée du repas lui est venue soudainement et que c'est pour cela que je n'en ai pas été avisé.
            Après dîner tout l'après midi au bureau, jusqu'à une heure avancée, puis allai voir sir William Penn, et à la maison, souper et, au lit.
            Ce soir, j'ai profité de la venue du serviteur du marchand de vin à qui j'avais demandé de venir goûter à nouveau mon tonneau de bordeaux pour descendre avec lui à la cave pour le consulter sur la manière de tirer le vin. Et là, à ma grande irritation, je découvris que l'on a laissé longtemps la porte de la cave déverrouillée et que l'on a bu plus de la moitié de mon vin. Cela me mit dans une fureur terrible et j'interrogeai tous mes gens. Mais personne ne voulut avouer. Pourtant j'interrogeai le petit valet, et ensuite Will et lui dis que je savais qu'il allait parler aux servantes après que nous étions couchés, mais pour ce qui est de cette affaire il nie être le coupable. Je peux y remédier, mais je veux savoir ce qui s'est passé.                                                                                 philharmoniedeparis.fr
            Ma femme m'a aussi dit ce soir que Miss Ashwell lui a volé une ou deux aunes de ruban neuf. Je suis désolé de l'apprendre, et je crains que ma femme ne commence à être mécontente d'elle, et qu'elles ne veuillent plus rester ensemble. J'en serais bien chagrin, car je ne sais point où je pourrais en trouver une autre qui la vaille.


                                                                                                          3 juin

            Levé de bonne heure et étudié mon double cadran horizontal en attendant l'arrivée du doyen Honywood. L'instrument lui plaît fort et, je pense, qu'il faudra lui en faire présent.
            Après avoir parlé avec sir William Batten, allé ce matin à l'Hôtel de Ville prendre part à son procès contre Field, me rendis à mon bureau où passai toute la matinée à lire mon recueil de lois.........
            A midi, appris que le procès terminé sir William Batten est à la taverne du Soleil, derrière la Bourse. J'allai le rejoindre. Il m'apprend qu'il a eu bien de la peine à faire triompher sa cause, mais qu'il y est finalement parvenu. Mais le jury, avec la faveur des juges, ne nous a accordé que 10 livres de dommages et les frais du procès. J"en suis fâché, mais il est bon que l'affaire n'ait pas tourné à notre désavantage, ce qui eût été bien pire.
            Ensuite, à la Bourse et à la maison pour dîner. Ramenai Deane de Woolwich qui dîna seul avec moi, car ma femme n'était pas habillée, et passâmes ensemble un agréable après-midi. Il m'apprit comment dessiner les formes d'un vaisseau, à ma grande satisfaction. Cette méthode vaut bien la peine que j'y consacre du temps, ce que je ferai après le départ de ma femme pour la campagne. Le soir au bureau travaillai à quelques affaires. Puis à la maison et, comme ma femme refusait de me dire où elle avait envoyé le petit valet, je soupçonnai aussitôt, Dieu me pardonne ! qu'il était allé chez Pembleton. J'en fus si mécontent que c'est à peine si je pus dire trois mots, ni fermer l'oeil de toute la nuit.


                                                                                                                 4 juin 1663

            Levé de bonne heure, ma femme, Miss Ashwell et moi passâmes la matinée à aller et venir dans la maison, tandis qu'elles se préparaient, et je m'assurai que ma femme mettait bien son caleçon, ce qu'elle fit, la pauvre âme, et pourtant cela n'apaisa point mes soupçons, car elle désirait aller dans Fenchurch Street avant de partir pour de bon avec moi. J'en déduisis inévitablement que c'était pour rencontrer Pembleton, mais elle me dit par la suite que c'était pour acheter un éventail et qu'elle aurait préféré ne rien m'en dire, et je crois que c'est vrai.. D'autant que je suis parvenu, par ruse, à faire dire à mon petit valet qu'il ne s'était pas rendu hier chez Pembleton ni près de chez lui, mais qu'il avait seulement été envoyé à ce moment-là chercher de l'amidon. Je l'ai bien vu qui en ramenait à la maison. Et pourtant tout cela ne suffit pas à m'apaiser l'esprit.
            Enfin, je l'emmenai en fiacre au palais de Westminster, puis elles deux se rendirent chez Mrs Bowyer et, de là, ma femme se rendit chez son père et Miss Ashwell chez le sien. Bientôt, apercevant le père de ma femme dans la Grand-Salle, et peu désireux d'être contraint à de nouvelles dépenses et à un autre dérangement si ma femme ne le trouvait pas chez lui, je chargeai un commissionnaire de lui dire de la part d'un inconnu que sa fille était arrivée à son logis. J'observai la scène à distance. Mais, Seigneur ! que ne lui demanda-t-il pas ! Quelle sorte d'homme j'étais, et Dieu sait quoi encore. Il rentra donc chez lui et je demeurai un bon moment dans la Grand-Salle.
            J'appris que l'évêque de Juxon qui, de l'avis général, était un homme de bien, est mort aujourd'hui, et que l'évêque de Londres doit lui succéder.
            Rentrai à la maison par le fleuve, et arriva bientôt le doyen Honywood à qui je montrai mon double cadran horizontal et promis de lui en donner un, je lui donnerai celui-là. Puis, sans avoir bu ni manger il alla chez Mr Turner où sir John Mennes offre aujourd'hui à milord le chancelier et à une foule d'invités un grand dîner. Le ciel soit loué, ce n'est pas moi qui paie ! En outre, je crains qu'il ne soit trop tard pour obtenir de grands services de milord le chancelier, ce dont je suis fâché, et je prie le Seigneur que son remplaçant ne lui soit pas inférieur.
Image associée            Je dînai donc tout seul et me rendis dans mon cabinet de travail, ensuite au bureau tout seul, avec un mal de tête et l'esprit tourmenté à cause de ma femme. Je suis jaloux de la façon dont elle passe sa journée. Je n'ai pourtant guère de raisons de l'être, Dieu m'en est témoin. Et pourtant je me tourmente. Sur ces entrefaites arrive Will Howe. Nous nous promenâmes une heure dans le jardin, me dit que milord s'est remis à ses affaires, ce qui me réjouit, et qu'il va revenir habiter ses appartements de Whitehall.
            Le mariage de sir John Cutts et de milady Jemima, à ce qu'il dit, est près de se faire, et j'en suis bien content.
            Le Dr Pearse m'a dit aujouird'hui dans la Grand-Salle, que la reine commence à montrer plus de vivacité à jouer aux cartes comme les autres dames, et qu'elle est transformée, ce qui me réjouit. Peut-être le roi l'en aimera-t-il mieux et abandonnera-t-il ses deux maîtresses, milady Castlemaine et la Stuart.
            Après son départ réunion au bureau jusqu'au soir, puis à la maison. Ma femme est de retour. Elle a passé tout l'après-midi avec son père, puis elle est rentrée Nous avons fait une promenade tous les deux dans le jardin, je l'ai écoutée me raconter comment vont les affaires de son père, et tout me paraît bien.
            Après avoir mis de l'ordre dans mon bureau, à la maison et, au lit.


                                                                                                                     5 juin

            Levé et un peu de lecture. bientôt le sculpteur sur bois arriva et je lui donnai mes instructions pour qu'il me fît une belle tête pour la viole que je lui ai commandée.
            Vers dix heures, ma femme et moi, non sans quelque mécontentement, partîmes en fiacre et je la laissai chez son père, mais leur situation est telle qu'elle refuse de me laisser voir où ils habitent et s'y rend seule dès que je suis hors de vue. De là chez mon frère. Après avoir réservé une place pour ma femme la semaine prochaine dans une diligence pour aller chez mon père. Puis à l'enclos de Saint-Paul où j'apprends que plusieurs livres que j'avais donnés à relier sont prêts, notamment la nouvelle " Concordance " de la Bible, dont je suis fort content. C'est un livre dont j'espère faire bon usage. Emportant avec moi la petite histoire d'Angleterre, je me rendis par le fleuve à Deptford où dînai avec sir John Mennes et sir William Batten. Ils assistaient au versement de la solde. Il y avait le Dr Britton, pasteur de la ville, excellent homme et de bonne compagnie, agréable conversation. Après le dîner je pris congé et allai à Rotherhithe, puis à Whitehall et trouve ma femme chez milord. Je l'emmenai voir milady Jemima, mais elle était sortie, puis chez Mrs Turner où vîmes la femme de Mr Edward Pepys, que ma femme, d'accord avec moi, trouve fort jolie, une des plus jolies femmes que nous ayons jamais vues. Retour à la maison et, après une promenade dans le jardin, un peu inquiet de voir que ma femme ne prend plus de plaisir à la compagnie de Miss Ashwell, mais la néglige et la laisse à la maison, à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                         6 juin 1663

            Restai au lit jusqu'à 7 heures et me levai pourtant avec l'idée qu'il n'était pas cinq heures, bien que j'entendisse sonner l'horloge, je persistai dans mon erreur jusqu'à midi, incapable de croire qu'il était réellement aussi tard. Jamais de ma vie ou presque je n'ai commis semblable méprise.
            Lever et chez sir George Carteret pour affaires, mais il était de mauvaise humeur et n'eus pas envie de rester avec lui. Ensuite, à pied à l'hôtel d'York, l'ambassade de Russie, m'arrêtant en chemin pour prendre du petit-lait comme boisson du matin. Je vis là des gens qui allaient de-ci de-là, en s'épouillant. Ils sont tous fort pressés car ils doivent être partis au début de la semaine prochaine. Mais ce que j'ai le plus aimé c'est le souvenir de la douce âme de feu le duc de Buckingham qui apparaît partout dans sa maison, sur le linteau des portes et aux fenêtres.
            Bientôt apparaît sir John Hebdon, le résident de Russie, et nous nous rendîmes à Whitehall chez le secrétaire d'Etat Morice pour prendre les instructions concernant le chanvre qu'il faut prendre à Arkhangelsk pour notre roi. Cela fait retour à la Cité, puis à la maison. Après le dîner, en barque à mon rendez-vous avec Mr Deane à l'église du Temple, et ensemble en divers endroits, et dans une taverne. Et partout je m'exerçai à l'art de cuber le bois, avec de tels progrès que je puis maintenant le faire fort aisément, ce dont je suis bien content.                                        blogs.mediapart.fr
Résultat de recherche d'images pour "images cape et épée mousquetaires"            Ce Deane est un vaniteux qui sert excellemment le roi mais au détriment d'autres gens qui tirent de leur charge des profits qui ne sont pas à sa portée. Quoiqu'il en soit j'apprends beaucoup de lui....... Je l'encouragerai donc tant que je pourrai.
            Retour à la maison par le fleuve. Après avoir écrit pour ma femme une lettre à milady Sandwich, afin qu'elle la copiât et l'envoyât par le courrier de ce soir, au bureau où écrivis pour moi.
Puis à la maison, souper et, au lit, l'esprit tourmenté à la pensée que j'ai moi-même poussé ma femme à un tel relâchement, en lui permettant d'apprendre à danser. Il faudra bien du temps pour l'en guérir, et je crains que son départ n'aggrave encore les choses, j'espère seulement que pendant son absence je ferai bon usage de mon temps au bureau, avec moins de contrainte que lorsqu'elle est là. Hebdon m'a dit aujourd'hui.......... avec quel soin minutieux et avec quel ordre les Etats de Hollande conservent leurs fournitures dans les arsenaux où tout est dirigé par leurs constructeurs avec un art inimaginable, ce que je vais m'efforcer de mieux comprendre, s'il existe quelque moyen de l'apprendre.


                                                                                                                      7 juin
                                                                               Dimanche de Pentecôte. Jour du Seigneur

            Grasse matinée à causer avec ma femme, parfois fâché, content enfin et espère mettre d'ici peu nos affaires en meilleure posture, que Dieu veuille m'exaucer. Puis lever et à l'Office, prêche de Mr Milles. Dormis durant la plus grande partie du sermon, je ne sais pourquoi. Ensuite à la maison, dînai avec ma femme et Miss Ashwell, puis devisâmes fort agréablement et retournai à l'office. Comme c'était de nouveau l'Ecossais qui prêchait, je dormis tout l'après-midi. Retour à la maison et pour le travail chez sir William Batten. Milady Batten se répandit en invectives contre la princesse allemande et moi, avec semblable véhémence pour son courage et son esprit, et dis ma satisfaction qu'elle eût été acquittée par le tribunal.
            Chez sir William Penn de nouveau souffrant de la goutte et à la maison où ma femme et moi eurent des mots au sujet du petit valet et de celui qui est maintenant au service de sir William Penn. Je disais qu'il est beaucoup plus beau que le nôtre et elle le contraire. Je suis inquiet de voir que la moindre petite chose suffit désormais à causer un différend entre nous.
            A mon bureau, travaillai un peu, puis à la maison, souper et, au lit. Mrs Turner qui passe beaucoup de temps à la Cour, m'affirme aujourd'hui que l'humeur de la reine a bien changé et qu'elle est devenue aussi plaisante et sociable que les autres. Et on dit qu'elle est grosse, ou du moins on le croit.


                                                                                                                            8 juin

            Lever et un peu à mon bureau, puis en fiacre avec sir John Mennes à Saint-James voir le Duc rejoints par Mr Coventry. Nous nous entretînmes un moment des affaires du bureau et retour immédiat à la maison et dîner. Nous eûmes, ma femme et moi, une petite chamaillerie au cours de laquelle elle me traita de menteur, ce qui me fâcha. Voyant que mes paroles ne servaient qu'à la rendre plus hardie et qu'elle a changé de disposition depuis quelque temps laquelle dépend maintenant de la présence de Miss Ashwell devant qui, croit-elle, je ne dirais et ne ferais rien de violent, ce qui me fâche et me fait regretter de n'avoir pas mieux pesé tout ce que j'ai fait ces derniers temps et qui a conduit à rendre ma femme si irritable, je montai fâché à mon cabinet de travail où entrepris de comparer ma nouvelle " Concordance " que je viens d'acheter avec celle de Newman, la meilleure jamais publiée. Je trouve la mienne tout aussi riche et aussi complète........
            Je me lève, bientôt arrive ma femme, et réconciliation, allés nous promener dans le jardin, souper et, au lit. Mon cousin John Angier, le fils, est venu de Cambridge me trouver tard dans la soirée. Il voudrait s'embarquer sur un vaisseau, mais je l'en dissuadai, car je ne veux pas m'en mêler sans le consentement de sa famille.


                                                                                                                 9 juin 1663
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            Lever et après avoir réglé certaines choses pour le voyage de ma femme à la campagne, au bureau où passai fort agréablement la matinée à m'exercer sur les règles à mesurer, jusqu'à midi. Puis vint Mr Creed, avons causé mathématiques. Il me parle d'une méthode inventée par Mr Jonas Moore
qu'il appelle arithmétique duodécimale et qui s'applique particulièrement aux mesures de longueur où tout repose sur les pouces, 12 dans un pied, il me plairait de l'apprendre. Puis il m'accompagna à la maison pour dîner et promenade dans le jardin, puis réunion au bureau avec Mr Coventry et sir John Mennes. Mon travail terminé, à la maison et passai mon temps jusqu'à la nuit avec ma femme.
            A peine arrivé à la maison arrive Pembleton, était-ce convenu, je ne sais pas, ou peut-être s'agissait-il d'une vieille promesse qu'il avait faite de revenir avant le départ de ma femme pour la campagne. Je ne montrai qu'indifférence et les laissai monter avec Miss Ashwell pour danser et je demeurai en bas dans mon cabinet de travail.
            Mais Seigneur ! comme j'écoutais l'oreille collée à la porte et comme j'étais tourmenté quand j'entendais qu'ils restaient immobiles sans danser ! Ils s'arrêtèrent bientôt et ce fut fini, et je le laissai partir sans lui parler, quoique que l'esprit à la torture, mais je ne montrai aucun mécontentement à ma femme, car je crois qu'aujourd'hui il m'importune pour la dernière fois.
            Puis ma femme et moi promenade dans le jardin et à la maison, souper et, au lit.
         

                                                                                                                10 juin

            Lever et passai toute la matinée à aider ma femme à faire ses bagages pour la campagne, et à tirer le vin de mon tonneau pour l'envoyer là-bas aussi.
            Ce matin mon cousin Thomas Pepys est venu me prier de lui remettre de l'argent. Ce que je ne puis faire avant que son père ait signifié par écrit à Pigott son consentement à la vente de ses terres. Nous nous quittâmes et j'allai un moment à la Bourse, puis à la maison et dîner et au Théâtre royal par le fleuve. En débarquant rencontrâmes l'ami du capitaine Ferrer, le petit homme qui l'accompagnait autrefois et s'installa à nos côtés durant la représentation des Dédales de l'amour. La pièce est fort bonne mais ne vaut véritablement que par le rôle de Lacy, le bouffon, tout à fait admirable. Quant aux autres, qui ont une telle réputation d'acteurs excellents et expérimentés, jamais de ma vie je n'ai entendu personne, les femmes comme les hommes, dire si mal un texte, au point que cela me dégoûta.
            Ensuite, comme Creed était là aussi, tous les quatre à la taverne de la Demi-Lune, après que j'eus acheté du sucre que nous ajoutâmes à notre vin, puis chez le marchand de petit-lait que nous bûmes en grande quantité. Retour à la maison en barque et allai voir sir William Penn. Il ne souffre pas beaucoup, mais ses jambes sont gonflées et si impossibles à mouvoir qu'il ne peut les remuer que lorsque quelqu'un d'autre les soulève, et je crains que sa douleur ne revienne. Jouai un peu aux cartes avec lui et sa fille, qui devient une jeune personne de plus en plus accomplie, et à la maison, souper et, au lit.
            Dès que nous fûmes rentrés nous emmenâmes Miss Ashwell et tous les serviteurs à la cave où se trouvait le marchand de vin qui tirait mon vin. A ce propos je fis force reproches à Miss Ashwell et lui dis ce que je pensais, qu'il n'était pas convenable qu'elle se rabaissât au rang des domestiques ordinaires, que je ne le souffrirais pas.


                                                                                                                      11 juin
                                                                                                                 
            Lever et passai la plus grande partie de la matinée sur ma règle à cuber le bois, et j'ai trouvé tout seul et très vite certaines choses que mon livre n'enseigne pas, ce qui me réjouit extrêmement.
Envoyai aujourd'hui à mon père les affaires de ma femme et le vin par le voiturier. Mais je ne ferai pas partir mon petit valet à cause d'une lettre de mon père qui souhaite qu'il ne vienne pas tourmenter sa famille comme il l'a fait l'année dernière.
            Dîner à la maison et réunion au bureau tout l'après-midi. Retour à la maison, passai la soirée avec ma femme. Nous eûmes une grande querelle au sujet des coussins qu'elle a brodés avec des fils de laine l'année dernière, et qui sont trop petits pour servir à quoi que ce soit, mais nous ne tardâmes pas à nous réconcilier.
            Il me faut admettre que j'ai remarqué une chose que je n'avais pas vu jusqu'ici : je ne peux pas blâmer ma femme d'être d'humeur plus chagrine qu'autrefois, car je suis si absorbé par mes conversations avec Miss Ashwell qui a beaucoup d'esprit, que je ne l'aime plus autant qu'avant, ni autant que je le devrais. Maintenant que j'en ai pris conscience je vais y remédier. Mais Seigneur, comme j'aimerais n'avoir jamais engagé de dame de compagnie ! Et pourtant, je ne pourrais en trouver de meilleure qu'elle. Souper et, au lit. La pensée que ce jour est le plus long de l'année m'est fort désagréable. Cet après-midi ma femme a reçu la visite de milady Jemima et de Mrs Ferrer.


                                                                                                                          12 juin

            Lever et à mon bureau où fis des exercices sur ma règle à cuber le bois qui n'aura bientôt plus de secret pour moi. A midi, à la Bourse et à la maison pour dîner puis allai avec ma femme, par le fleuve, au Théâtre royal où vîmes Le Cénacle pièce joyeuse, mais médiocre, si ce n'est que Lacy dans le rôle d'un valet de pied irlandais passe l'imagination.
            Je vis là milord Fauconberg et sa femme, milady Cromwell aussi belle que je l'ai toujours connue et bien vêtue. Mais quand la salle commença de se remplir elle mit son masque et le garda durant tout le spectacle. C'est depuis quelque temps fort à la mode parmi les dames et cela cache tout leur visage.
            Ensuite à la Bourse pour faire des emplettes avec ma femme, notamment un masque pour elle, puis retour en barque à la maison, un moment travailler un peu à mon bureau, ensuite visite à sir William Penn, mais comme il s'apprêtait à se coucher et qu'il était souffrant je ne pus le voir. Puis à la maison souper et, au lit, fort incommodé toute la nuit et au matin par une inflammation du palais due à un refroidissement attrapé en étant resté assis en sueur dans le théâtre avec le vent qui soufflait sur ma tête.


                                                                                                                 13 juin 1663

            Lever et de bon matin à Thames Street chez les goudronniers pour m'informer sur le prix de leur marchandise, puis en barque à Whitehall parler à sir George Carteret, mais comme il avait passé la nuit dans la Cité et que je rencontrai Mr Cutler, le négociant, je montai dans son fiacre et me rendis à la Cité chez sir George Carteret, mais il était absent. Avec Mr Cutler le cherchâmes à pied chez sir Thomas Allin dans Bread Street. Nous ne le trouvâmes pas, et nous dirigeâmes à pied vers notre bureau et il m'entretint fort à propos des affaires de la marine, en particulier des subsistances dont il s'est autrefois occupé, d'après ce que je comprends. Puis nous nous séparâmes et j'allai au bureau où j'eus un différend avec sir William Batten au sujet du goudron de Mr Bowyer. Je suis résolu à empêcher le marché, quoiqu'il m'ait envoyé hier soir, comme pot-de-vin, un baril d'esturgeon. Peut-être vais-je le lui renvoyer, car je ne tolérerai point que le roi soit trompé de si abominable façon sur le prix de nos fournitures en raison de la corruption de sir William Batten et de ses trafics secrets. Puis quittai le bureau et pris une barque avec Mr Waith jusqu'au Parlement où je m'entretins avec sir George Carteret et lui contai tout, ce qui lui plut fort.........
            Avec Mr Waith bûmes une chope de bière à la taverne du Cygne, parlâmes ensemble dans notre barque de la corruption dans la marine. Je le débarquai à Whitefriars et me rendis à la Bourse, puis dîner à la maison où je trouve le frère de ma femme. Après dîner en barque au Théâtre royal où je suis résolu à dire adieu, comme je le montrerai demain en prononçant mes résolutions, à toutes les pièces de théâtre jouées dans les salles publiques comme à la Cour, jusqu'après Noël.
            Nous vîmes La bergère fidèle, une pièce qui a fort peu de mérites mais attire pourtant les foules et est souvent jouée, mais c'est uniquement en raison du décor, fort beau, mais je n'aime le jeu d'aucun des acteurs, Lacy excepté.....
            Allâmes ensuite voir Mrs Hunt qui nous reçut fort bien. En passant vîmes milady Castlemaine qui, je le crains, n'est pas aussi bien qu'elle m'avait semblé, et commence maintenant à décliner quelque peu. C'est aussi l'opinion de ma femme, et j'en suis chagrin. Puis prîmes un fiacre avec un fou de cocher qui conduisait comme un insensé et rentrâmes à la maison en faisant un détour par Bucklersbury. Tous les gens pestaient contre lui qui n'auraient pas hésité à les écraser. A la maison, au bureau pour écrire du courrier, retour à la maison, souper et, au lit...........


                                                                                                                     14 juin
                                                                                                   Jour du Seigneur
           Grasse matinée, puis à l'office, dîner avec Tom qui, je le crois devient un homme fort prospère, comme il me le dit lui-même...........
            Après son départ, quand j'eus envoyé mes gens assister à l'office, ma femme et moi fîmes nos comptes et eûmes une longue et sérieuse conversation, et je profitai pour lui suggérer la nécessité de faire toutes les économies possibles. Je vois chaque jour de fort bonnes raisons de maudire l'heure où j'ai accepté de lui engager une dame de compagnie, quoique je n'eusse jamais pu en trouver de meilleure, ainsi que de regretter d'avoir consenti à ses leçons de danse. Cela la distraite de sa besogne et de ses obligations de si diabolique façon que, de plus, elle est si persuadée de ma jalousie que je crains qu'elle ne se corrige jamais et que les tourments que cela me cause ne s'apaisent guère. Mais il me faut être patient.                                                   theatredesombres.free.fr
            Je lui donnai 40 shillings pour son voyage à la campagne, dont 15 pour sa place et celle de Miss Ashwell dans la diligence en complément des 20 déjà payés.
            Dans la soirée la conversation prit un tour fort satisfaisant et affectueux, et j'espère que lorsque nous aurons un peu oublié nos récents différends et que nous serons restés un temps séparés, nous nous accorderons de nouveau aussi bien qu'avant.
            Rendis ensuite visite à sir William Penn, et comme je le trouvai seul envoyai quérir ma femme vêtue de son habit d'amazone, elle ne l'avait pas vu depuis de nombreux mois, je crois. Arrivent sir John Mennes et sir William Batten. Nous passâmes un moment à causer, entre autres, sir John Mennes cita maintes belles expressions de Chaucer dont il est entiché, et qui est assurément un excellent poète.
            Sir William Penn a toujours les jambes si prises par la goutte qu'il ne peut se lever de sa chaise. Après avoir passé une heure avec lui, nous rentrâmes à la maison et, souper, prières et, au lit.


                                                                                                                       15 juin

            Levé de bonne heure, ma femme se leva peu après, me remit ses clefs, rangea d'autres choses et se prépara. Je fus obligé de me rendre à Thames Street conclure un marché pour l'achat de goudron pour éviter de me faire abuser par Hill venu ce matin et s'est montré fort surpris quand je lui ai dit à quel prix je peux avoir le même goudron que le sien, puis à la maison..
            Mais comme ma femme était partie je pris un fiacre et allai la retrouver à l'auberge. Je suis contrarié qu'elle soit obligée de s'asseoir au fond de la diligence, mais content de voir en quelle compagnie, rien que des femmes et un pasteur............ Je lui promis de louer un cheval et de les suivre. Je les embrassai, ma femme à maintes reprises, et Miss Ashwell un fois, et leur dis adieu.
            Retour à la maison en fiacre, puis à Deptford par le fleuve et à Trinity House où j'arrivai un peu en retard, au moment où ils donnaient lecture de la charte. Ils s'en acquittèrent fort sottement.......
Il fut procédé à l'élection sans contrôle d'un grand maître et sir William Batten fut choisi. Il leur fit un bref discours plein de lourdeurs....... Puis l'on choisit les compagnons et les gardiens et la séance fut levée........... Puis à l'office........ Par le fleuve, dans le canot de parade avec le grand maître à la Trinity House de Londres où je retrouvai entre autres milord Sandwich......... Nous passâmes bientôt à table pour le dîner qui fut splendide, comme à l'accoutumée.
            On parla de sujets fort divers. Parmi bien d'autres, Mr Prin nous conta la belle histoire de cet homme qui avait introduit un projet de loi au Parlement pour obtenir le droit de donner ses terres aux enfants qu'il pourrait avoir et qui porteraient le nom de sa femme, cela se passait au temps de la reine Elisabeth. On lui répondit qu'il y a bien des espèces de créatures où le mâle donne son nom aux deux sexes, tels les hommes et les coqs de bruyère, mais pas plus d'une où ce soit la femelle, et il s'agit de l'oie.
            Aussi bien avant qu'après le dîner nous eûmes de grandes conversations sur la nature et le pouvoir des esprits et la question de savoir s'ils peuvent animer les cadavres, sur tout cela ainsi que sur les apparitions d'esprits en général, milord Sandwich est fort sceptique. Il dit, qu'à sa connaissance, la preuve la plus convaincante de ces phénomènes est l'apparition récente, dont on parle beaucoup ces temps-ci, du diable dans Wiltshire. Il se promène en jouant du tambour. On a écrit des livres sur lui et l'on dit que l'histoire est parfaitement véridique. Mais milord fait observer que bien que ce diable soit censé répondre à n'importe quel air qu'on lui joue sur un autre tambour, il a une fois essayé de jouer un air sans y parvenir. Ce qui rend toute l'affaire suspecte à ses yeux, et je crois que c'est un bon argument.
            On parla plusieurs fois de jolies femmes, et comme sir John Mennes disait que nulle beauté ne se compare à celles qu'il voit sur les marchés à la campagne, et particulièrement à Bury ( et je suis         d'accord avec lui ) milord répondit :
            " -  Quoi, sir John, que pensez-vous de l'épouse de votre voisin ( en me regardant ). Ne pensez-vous pas qu'il a pour femme une grande beauté ? Ma parole, c'est la vérité ! " Ce qui me rendit pas peu fier..............
            Retour à la maison fus fâché de ne trouver au logis ni mon petit valet, que je corrigeai pour cela à son retour, ni Will quoiqu'il fût juste allé faire un petit tour sur la colline de la Tour.
            J'avais mal à la tête d'avoir dû boire tant de santés aujourd'hui et je fis venir le barbier. Quand il eut fini je montai dans le petit salon de ma femme et jouai un bon moment du violon, et sans souper me mis bientôt au lit, triste de l'absence de ma femme que j'aime de tout mon coeur, quoiqu'elle m'ait donné dernièrement bien du souci.


                                                                       à suivre..................

                                                                                                   16 juin 1663

            Levé, mais......