dimanche 26 juin 2022

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 156 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

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                                                                    1666
                                                                

                                                                                                                   1er Janvier1666 
                                                                                                            Jour de l'An 
            Réveillé à 5 heures, à ma requête, par Mr Tooker. Il prit note, sous ma dictée, de mon travail sur les commissaires de marine. Et ce sans manger ni boire jusqu'à 3 heures de l'après-midi où, à ma grande satisfaction, j'eus terminé. Puis dîner, Gibson, lui et moi, puis copie, Mr Gibson lisant tandis que j'écrivais. Avançâmes grandement notre tâche, jusqu'à ce que nous fussions interrompus par l'arrivée de sir William Warren, de qui j'avais toujours quelque chose à apprendre, son propos étant de fort bonne qualité tout comme son cerveau. A son départ retour à notre travail et copie d'une nouvelle partie. Puis, au lit, à heure tardive.


                                                                                                                            2 janvier

            Lever derechef à la lueur de la chandelle. Copie de la plus grande partie de mon travail, puis allé au bureau, puis retour chez moi pour le dîner, ensuite travail et fin de ma copie. Cela étant achevé, je fais enregistrer les minutes par mes commis tandis que je me rends chez milord Brouncker, où je trouve sir John Mennes et tous ses gens ainsi que Mr Boreman et Mrs Turner. Mais surtout ma chère Mrs Knepp avec qui je chantai. Plaisir parfait que de l'ouïr chanter, en particulier sa petite chanson écossaise de Barbara Allen. Et pour parachever notre gaieté voilà sir John Mennes plus gai que jamais ne le vis, avec ses imitations. C'est le meilleur mime que j'aie jamais vu, il eût à coup sûr fait un excellent acteur et serait désormais un excellent maître dramatique. La nuit tombée pris congé. Mais, avant de regagner mon bureau, ayant grande envie de la revoir, m'en retournai et les rencontrai rentrant chez eux en voiture. Je montai dans la voiture où se trouvait Mrs Knepp et la pris sur mes genoux, la voiture étant pleine, lui caressai les seins et chantai. Pour finir, la déposai chez elle et lui souhaitai bonne nuit.
            Retour à mon appartement où je tentai de terminer l'examen de mon mémoire sur les commissaires de marine, afin de l'expédier dès ce soir. Mais j'avais tant sommeil, à force de m'être levé tôt et couché tard ces derniers temps, que je n'y parvins point, mais fus forcé d'allerau lit et de le laisser, à charge pour moi de l'expédier par exprès.


                                                                                                                                 3 janvier

            Lever. Toute la matinée et jusqu'à 3 heures de l'après-midi examen et mise au point de mon mémoire sur les commissaires, puis expédition par express. Arrivée de ma femme. Je la chargeai de préparer le souper avant que je n'allasse chez le duc d'Albemarle, puis retour. Mais chez le duc c'est avec grande joie que j'appris la bonne nouvelle, le nombre des victimes de la peste était tombé cette semaine à 70 pour un total de 253, ce qui représente la plus faible mortalité de ces vingt dernières années dans la Cité, bien que ce doive être la dépopulation de Londres qui explique une baisse au-dessous des nombres habituels.
            Rentré chez moi je trouve tous les bons amis que j'avais mandés, comme Coleman, sa femme et Laenare, Knepp et son bougon de mari. Belle musique, entre autres Mrs Coleman chanta la partie de 
" Beauté éloignez-vous " que j'avais mise en musique. Je pense que c'est un beau chant et ils le louent fort. Puis danse et souper, et force gaieté jusqu'à l'arrivée de Mr Rolt qu'un mal de dents rendait d'un commerce peu agréable et qui gâcha notre joie d'être ensemble. Puis il partit et, alors, ma femme commença à avoir mal aux dents et alla au lit. Il fallut alors se séparer sur une belle chanson et, au lit.


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            Levé, au bureau. Milord Brouncker et moi-même, contre sir William Batten, sir John Mennes et toutes personnes présentes autour de la table, soutînmes sir William Warren dans l'affaire des mâts pour laquelle il avait contracté. Eûmes raison d'eux et les menâmes où je l'entendais. De fait, milord se souciait peu de ce que j'avais en tête. Retour chez moi pour le dîner, vis Mr Sheldon invité à venir de Woolwich. Fus aussi gai qu'il m'était possible, assailli que j'étais de mes pensées, tandis que ma femme souffrait encore des dents. Il prit bientôt congé et ramena chez lui sa nièce, Mrs Barbary et semble m'être très reconnaissant des 10 £ que je lui donnai pour la location de sa maison pour ma femme. J'ai la certitude d'être son obligé, car ce me fut une grande commodité. Puis ma femme va chez elle à Londres, par le fleuve. Vais au bureau jusqu'à 8 heures du soir, puis chez milord Brouncker pensant m'y divertir, car j'avais derechef rendez-vous avec sir John Mennes et ses gens, et avec Mrs Knepp. Mais, en raison de je ne sais quel empêchement, personne ne vint, ce dont je fus chagrin, car j'étais ainsi privé des réjouissance dont j'avais espéré me rassasier. Nonobstant, agréable conversation avec milord, amusé d'entendre Mrs Williams discourir sur l'absence de sir John Mennes et de Mrs Turner. Retour chez moi puis, au lit.


                                                                                                                              5 janvier 1666

            Avec milord Brouncker et Mrs Williams, dans un carrosse à quatre chevaux, allé à Londres à la maison de milord, à Covent Garden. Grands Dieux ! quel ébahissement de la foule devant le carrosse d'un noble  venu en ville, et portiers en tous lieux de s'incliner, et mendiants de mendier à qui mieux mieux. Il est délicieux de revoir la ville ainsi, pleine de monde et des magasins commençant à ouvrir, bien qu'en maint endroit on en voie sept ou huit à la suite, voir plus, qui restent fermés. Pourtant, la ville est pleine en comparaison de ce qu'elle étai naguère, je veux parler du côté de la Cité, car Covent Garden et Westminster sont encore très vides, ni la Cour, ni la gentry ne s'y trouvant. 
            Une fois Mrs Williams laissée chez milord, allons, lui et moi, trouver sir George Carteret en ses appartements de Whitehall, venu en ville hier soir pour passer une journée. Parlons abondamment du texte de loi et du crédit qu'il nous procure, mais point d'échanges personnels entre nous.
            Puis me rendis à la Bourse, rencontrai Mr Povey récemment revenu en ville et allâmes tous deux chez sir George Smith où nous dînâmes de noble façon. Il me dit que milord Belasyse se plaint de manquer d'argent, et du rôle que Povey et moi jouerions dans cette affaire. Mais peu me chaut car je sais que je fais tout ce qui peut être fait. Nous n'eûmes point le temps d'aborder les détails laissant cela pour un autre jour..
            Me dirigeai vers Cornhill pour attendre le retour de milord Brouncker. Attendis chez mon papetier. Arrivée de milord qui me prit avec lui, puis à Greenwich. Je demeurai un temps avec eux, et retour à la maison, pensant voir Mrs Knepp, mais impossible, elle était en compagnie, mais m'avait envoyé une lettre plaisante signée Barbara Allen. Allai donc chez Mr Boreman pour passer le temps, restai une heure ou deux, devisant et lisant un traité sur la Tamise et les raisons pour lesquelles elle est obstruée en plusieurs endroits par des bancs de sable. Il est clair que cela s'explique comme suit : on a empiété sur le fleuve et des chaussées y pénètrent à chaque appontement. Ce n'était pas le cas lorsqu'on construisit le Palais de Justice de Westminster, et Whitehall ainsi que l'église de Redriff qui, désormais, sont parfois inondés. Je pris grand plaisir à cela. 
            Retour à la maison et à mes papiers, faute de compagnie. Mais peu après voici venir la petite Mrs Tooker qui s'assit et soupa avec moi. Je la retins très tard, lui parlant et lui donnant mes cheveux à peigner. Fis avec elle ce que j'avais en tête et tena grande plaisir con ella, tocando sa cosa con mi cosa, et hazendo la cosa par cette moyen et, au lit, tard.


                                                                                                                         6 Janvier

            Levé de bonne heure. Allai par le fleuve au théâtre du Cockpit. Rencontrai sir George Carteret. Nous nous entretînmes avec le Duc. Vîmes une lettre où sir William Coventry informait le Duc et louait mon mémoire sur les commissaires de marine. Me promenai dans le parc avec le vice-chambellan, entendis son avis sur mon attitude quant à l'avance de crédit consentie au titre du texte de loi. Il m'engagea à veiller à ce que nous n'égarions point le roi en faisant croire à ses gens qu'il sortirait de tout cela de plus grandes choses que ce ne serait le cas. Mais je vois bien qu'il est mû par l'affliction de voir le succès de ce texte de loi, d'entendre mon nom si souvent prononcé et de ce que mes lettres, montrées à la Cour, attestent que des marchandises nous sont fournies grâce au crédit que nous vaut ce texte. Mais je lui fais croire que j'agis en cette affaire avec le plus grand respect pour sa personne et même en son nom, ce qui est vrai, ainsi qu'en mon nom propre, afin que l'on ne puisse dire que lui ou moi ne prêtons pas notre concours.
            Il me dit que milord Sandwich s'embarque en ayant reçu du roi et du chancelier les plus grandes marques de bonté, nouvelle qui m'emplit de joie.
            Allai à Greenwich par le fleuve, avec milord Brouncker, pour participer à un grand dîner. Beaucoup de monde, Mr Cottle, sa femme et d'autres. Espérai faire venir à nous Mrs Knepp, lui ayant écrit ce matin une lettre où je me désignais sous le nom de Richard le pimpant, en réponse à la sienne. Mais impossible, le porteur de ma lettre me dit qu'il l'avait trouvée en larmes, et je crains qu'elle n'ait une triste vie avec son mari, ce personnage acariâtre.
            Grand dîner donc, mais mélancolique en ce qui me concerne, puisqu'elle n'était point là comme je l'espérais. Après le dîner, jeu de cartes. Suis alors averti que ma femme est inopinément venue me voir en ville. Je vais la retrouver. Il s'agit pour elle de voir ce que je fais et pourquoi je ne viens pas à la maison. Et elle pense, à juste titre, que je souhaitais profiter un peu de la présence de Mrs Knepp avant de m'en aller. Ma femme va à Woolwich pour prendre mes affaires, et moi, retour aux cartes. Après les cartes, tirons les rois. Bon gâteau, mais on ne trouve point de marque. Moi je trouvai, privément, le clou de girofle, marque du valet, et le mis subrepticement dans le morceau de gâteau du capitaine Cocke, ce qui n'alla point sans quelque gaieté, car on a prononcé récemment son nom à propos de l'achat de clous de girofle et de macis, provenant de navires capturés à leur retour des Indes orientales.
            Le soir rentré à mon appartement où je trouve ma femme de retour avec mes affaires, ainsi que le capitaine Ferrer venu pour le compte de milord, afin de faire embarquer des marchandises lui appartenant en prévision de son départ pour l'Espagne. Ferrer ne doute pas que je lui trouve un lit, mais j'eusse aimé qu'il attendît mon invitation. Je l'avais fait plusieurs fois auparavant, durant la peste, comme il ne pouvait trouver de logement sûr ailleurs. Mais comme c'était la Nuit des Rois, ils avaient amené le joueur de violon, et ils s'en donnaient à cœur joie. De fait je ne les rejoignis point, mais lorsque j'eus terminé de travailler à mes papiers, allai au lit, les laissant danser et tirer les rois.


                                                                                                                             7 janvier
 lepoint.fr                                                                                                   Jour du Seigneur
            Levé puis, m'étant rasé, je fus invité par le capitaine Cocke, aussi laissai-je ma femme ayant envie de m'entretenir avec lui  et dînai avec lui. Il me fait part de nouvelles difficultés concernant ses marchandises, ce qui me soucie, je crains qu'elles ne soient grandes. Il me fait aussi part, j'en entends parler partout, des bruits courant en ville quant au remplacement par milord Craven de sir George Carteret. Mais, à coup sûr cela ne peut être vrai. J'ai, pourtant, bien peur que ces deux familles, la sienne et celle de milord Sandwich, ne soient tout à fait ruinées et qu'il me faille maintenant ne compter que sur moi-même.
            A mon appartement, empêché par la compagnie de travailler à mes papiers, je résolus de m'en aller aujourd'hui, plutôt que de rester pour rien jusqu'à demain. Emballai alors toutes mes affaires et passai une demi-heure avec Will Howe à examiner ses comptes relatifs aux imprévus et les comptes de milord, puis pris congé de ma propriétaire et de ses filles, ayant cher payé le temps passé chez elles. Comme j'y suis resté au calme et en bonne santé, j'en suis, nonobstant, fort satisfait. Puis, avec ma femme et Mrs Mercer prîmes un bateau et partîmes pour notre maison.
            Mais le soir, avant mon départ, voici venir Mrs Knepp. Elle veut seulement me parler privément, me demander de l'excuser de n'être pas venue hier, se plaignant de ce que son mari lui mène une vie infernale, mais elle sera des nôtres en ville dans une semaine. Je l'embrassai et nous nous séparâmes.
            De retour chez nous ma femme et moi inspectons notre maison et envisageons de débourser un peu d'argent pour tendre notre chambre à coucher de meilleure façon et, décision prise, d'aller demain acheter quelque chose à cet effet. Après le souper, alors que j'ai le cœur rempli de joie d'être de retour ici, au lit.


                                                                                                                              8 janvier

            Levé. Ma femme et moi allons chez Bennet, dans Paternoster Row où il n'y a encore que peu de boutiques ouvertes, achetai du velours pour faire un habit et du camelot pour me faire un manteau, puis ailleurs examiner de délicats damas caffarts destinés à garnir le cabinet de femme, et fixâmes notre choix. Retour à la maison, en voiture avec, pour moi, une visite à la Bourse. A la maison pour le dîner. Tout l'après-midi je m'occupe de mes papiers et de mon travail pour demain, puis après le souper, considérant l'inutilité de dépenser autant d'argent pour le cabinet de ma femme, alors que la chambre à coucher suffirait, au lit.


                                                                                                                            9 janvier

            Levé, puis au bureau où nous nous réunissions pour la première fois depuis la peste. Dieu fasse que nous y demeurions ! A midi rentré dîner avec mon oncle Thomas. Surviennent Pearse, récemment arrivé d'Oxford, et Ferrer. Après le dîner, avec Pearse, à mon cabinet de travail. Il me fait part d'un sérieux différend entre le Duc et la Duchesse, celui-ci soupçonnant celle-ci d'inconduite avec Mr Sydney, au reste l'affaire est réglée par je ne sais quel moyen, mais Sydney a été banni de la Cour et plusieurs jours durant le Duc n'a point adressé la parole à la Duchesse. Il me dit que milord Sandwich n'est plus rien, là-bas, à la Cour, encore que le roi le distingue particulièrement de son amitié. Mais partout on tient sur lui des propos blessants. C'est pour moi un bien triste récit, mais j'espère que sa fortune s'améliorera. 
            Il me dit aussi que l'on néglige sir George Carteret, qui a de grands ennemis œuvrant à sa perte. Qu'à coup sûr les choses iront mal aussi longtemps que toute la ville d'Oxford et tous les jeunes gens qu'on voit dans la rue crieront ouvertement que le roi ne s'en ira qu'une fois milady Castlemaine prête à le suivre, car elle vient d'accoucher ( 5è enfant avec le roi et futur duc de Northumberland ), et qu'il lui rend visite tous les matins, ainsi qu'à Mrs Stuart, avant que de déjeuner. 
            Toutes ces choses mises bout à bout m'attristent fort. En dépit de tout cela j'espère quand même tirer mon épingle du jeu de la belle façon parmi ces gens, si je ne me mêle d'aucune de leurs affaires. 
            Après son départ et celui de Ferrer, je payai à mon oncle Thomas l'argent du dernier terme. Puis arrive Mr Gauden. A l'étage nous parlâmes tous les deux un bon moment de ses affaires et, à ma grande joie, je lui fis déclarer que des 500 £ qu'il me donna l'autre jour, rien ne concerne ma charge de trésorier de Tanger. J'avais commencé de lui parler de l'arrangement entre Povey et moi, lui disant que Povey devait recevoir la moitié de ce que je touchais au titre de cette charge. Gauden me dit aussi qu'il me
gratifiera de 2 % à ce titre la prochaine fois qu'il recevra de l'argent, de sorte que me sont dues 80 £ de plus que je ne pensais.
            Après son départ allai le cœur joyeux au bureau pour faire mon courrier, puis retour à la maison, souper et, au lit.. 
            Ma femme ne pense qu'au travail qu'elle a fourni aujourd'hui pour la décoration de sa chambre à coucher.


                                                                                                                            10 Janvier 1665

            Levé. En voiture chez sir George Downing. Rencontrai, comme convenu, Mr Gauden afin de parler du texte de loi. De fait, je découvre en sir George un bien grand hâbleur et qui ne s'en tient guère à la vérité. Je le sais désormais, et déjà le soupçonnais. Mais, en dépit de tout cela, j'ai de bonnes raisons de penser que l'affaire va réussir quant aux provisions et aussi, le moment venu, quant à l'argent.
            Ayant terminé avec lui allai chez milord Brouncker à Covent Garden. Outre d'autres questions il s'agissait de l'informer de mon mémoire traitant des commissaires de marine. Le lui lus, eus son plein assentiment. Lui montrai l'avis de Mr Coventry sur cette affaire qu'il m'avait adressé par la dernière poste, à ma grande satisfaction. De là à la Bourse pour apprendre, à notre grande affliction, que le nombre des victimes de la peste est passé cette semaine de 70 à 89. Grand souci également quant à notre flotte de Hambourg. Nous craignons qu'elle ne rencontre les Hollandais. Selon certaines informations la flotte de sir Jeremy Smith a été dispersée par la tempête et trois bâtiments sont rentrés démâtés à Plymouth. Voilà derechef une très très considérable déception, car si les navires d'avitaillement sont perdus, il y a risque que la garnison de Tanger ne tombe.
            Retour à la maison. En chemin eus l'occasion, attendue, de voir et de saluer Mrs Stokes, ma petite épouse d'orfèvre de Paternoster Row. Passai quelque commande, un chauffe-plat en argent, et retour à la maison pour le dîner. Trouvai ma femme, en compagnie du tapissier, s'occupant à poser des tentures dans sa chambre. Puis bureau et peu après chez le duc d'Albemarle, en voiture, de nuit, ayant pris avec moi, pour gagner du temps, sir William Warren. Parlâmes de notre travail tout au long de notre trajet, à l'aller comme au retour. Consultai le duc au sujet de mon mémoire au Conseil à propos . des commissaires. Lui laissai le temps de se pénétrer de cette question avant de le lire, car jamais, j'en suis sûr, il ne le comprendra.                                                                                       lesyeuxsurtout.canalblog.com     
            Chez le duc vis l'aimable lettre que lui adressa sir William Coventry au sujet de mon mémoire. Et parmi d'autres lettres lui étant destinées. Je les vois toutes, et il est étrange que quoi que l'on écrive à ce duc d'Albemarle, cela puisse être vu de tous. Ainsi ce soir-même il me fit lire une lettre de Mr Coventry dès qu'elle lui fut parvenue, avant de l'avoir lue lui-même, et me pria d'en extraire tout ce qui touchait la marine. Il me semble qu'il y avait beaucoup de choses dans cette lettre, qu'il n'était point opportun qu'il montrât si inopinément cette lettre à qui que ce fût. Mais je pus constater, entre autres, que l'auteur se proclamait devant le duc partisan d'un complément d'enquête dans l'affaire des prises de guerre, et qu'il recommandait que cette enquête, fût publique, afin de rendre justice au roi, de satisfaire l'opinion et d'incriminer qui de droit, ce qui revient à atteindre très sévèrement milord Sandwich. Et le duc de me forcer à lire cette lettre. Bien plus j'eus le désagrément d'entendre cette satanée duchesse redire publiquement à une vingtaine de messieurs présents qu'elle souhaitait que l'on renvoyât Montagu encore une fois en mer avant qu'il ne partît pour son ambassade, ainsi pourrions-nous voir si sa lâcheté s'était amendée. Et elle réitéra la réponse qu'elle avait faite l'autre jour, en ma présence, à sir George Downing, regrettant que milord son époux ne fût point lâche, auquel cas il eût peut-être été fait ambassadeur, au lieu d'être maintenant envoyé en mer. Du moins dit-elle quelque chose de sensé. Elle protesta avec véhémence contre le recrutement de capitaines bien nés, couverts de plumes et de rubans et elle souhaita que le roi envoya son mari en mer avec les bons vieux capitaines d'autrefois, ces hommes ordinaires en compagnie de qui il avait jadis servi et dont les navires étaient inondés de sang, bien qu'ils n'eussent point la jambe aussi bien tournée que ceux d'aujourd'hui.
            Je fus consterné de voir avec quelle légèreté le Duc agit en toutes choses, et comment le roi et tout un chacun acquiescent à quelque décision qu'il prenne à propos de la marine, si déraisonnable soit-elle, comme par exemple dans l'affaire de l'annulation des billets de solde des matelots, qui se fera quels que soient les arguments contraires. Retour à mon bureau, travail, puis coucher.


                                                                                                                            11 janvier

            Levé puis allé au bureau. Peu après visite à l'hôtel des douanes et aux fermiers des Douanes porteurs d'une lettre de sir George Carteret d'une valeur de 3 000 £, somme qu'ils donnèrent l'ordre de me payer. Retour au bureau. A midi dîner chez sir William Penn qui nous avait tous invités, rencontrâmes maintes autres gens, entre autres le lieutenant de la Tour et son poète Brone, le docteur Whistler et son beau-fils Lowther, soupirant de Mrs Margaret Penn, et sir Edward Spragge, homme d'humeur joviale qui chanta joliment un chant non moins joli. Quittai la table avant que nous ne fussions à la moitié du dîner et, avec Mr Mountney qui appartient à l'hôtel des douanes, allai au bureau de la Cie des Indes orientales, lui remis des tailles à concurrence de 3 000 £ et reçus un billet pour la valeur de cette somme à tirer sur sir Robert Vyner, ce qui mit un terme à l'affaire.
            Retour auprès de mes commensaux, restai un moment et départ en compagnie de lord Brouncker, pour le plaisir de converser avec lui. Allâmes tous les deux à Gresham College où nous devions voir Mr Hooke et une voiture nouvellement inventée par le Dr Wilkins, mais trouvâmes porte close Accueil fort affable et rencontre du Dr Merrett. Pour ma plus grande joie conversation de haute tenue parmi ces gens si raisonnables et si ingénieux. Wilkins s'emploie à achever un traité sur son projet d'écriture universelle. Retour au bureau pour mon courrier, puis à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                                                                                                                                                                   12 janvier
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            En voiture chez le duc d'Albemarle, avec seul William Batten. Ai le cœur serré de voit comment ici on fait aller les choses, sans réflexion ni jugement. Retour en voiture, visite à Wotton, mon bottier, depuis peu revenu en ville. Passai commande de chaussures, le chargeai aussi de me trouver un tailleur qui me fît quelques vêtements, le mien n'étant point encore en ville, non plus que Mr Pym tailleur de milord Sandwich. Aussi m'indiqua-t-il un certain Mr Penny, homme fort élégant, en face de l'église St Dunstan.
            A la Bourse, rencontrai Mr Moore, nouvellement arrivé en ville, et l'emmenai avec moi dîner à la maison, et bavarder ensuite. Sommes tous les deux bien d'accord que le cas de milord est fort sérieux et peut le devenir plus encore s'il n'obtient pas de lettres de pardon à propos de son attitude concernant les prises de guerre, à l'affaire de Bergen ainsi qu'à d'autres accomplies en mer avant son départ pour l'Espagne. Je mets en oeuvre toute l'adresse dont je suis capable pour obtenir de lui qu'il amène milord à payer mon cousin Pepys, car ce m'est à l'esprit un lourd fardeau que d'être caution de milord auprès de lui pour 1 000 £.
            Notre conversation achevée et lui ayant donné pour instruction d'aller voir milord demain en toute hâte, lui conseillant de ma part que ses lettres de pardon fussent prêtes avant son départ, à cause de ce que je vis l'autre soir dans les lettres de sir William Coventry. Allai au bureau où je participai à une réunion extraordinaire avec sir John Mennes et d'autres. Il s'agissait de leur donner lecture de mon mémoire traitant des commissaires de marine. Tous l'écoutèrent avec force bonne volonté et force approbation de ma méthode et de mes efforts en toutes choses. Seul sir William Penn qui, ne peut s'empêcher de tout blâmes sans remédier à rien, ne manqua pas de blâmer ma proposition, pour des raisons que je ne pus entendre, non plus que milord Brouncker. Mais, en vérité, il décela bien une ou deux erreurs que j'avais commises dans mon rapport sur les défauts de l'organisation actuelle des commissaires : il est vrai que je les avais grossis sur un ou deux petits points.. M'est avis qu'il ne me blâma pas là-dessus sans raison. Pour finir, il déclara en termes fort civils que c'était ce qu'il avait entendu de mieux dans le genre. Mais lorsque sir William Batten dit :
            " - Nous qui connaissons le côté pratique du ravitaillement, réunissons-nous et voyons ce qu'il est loisible de faire pour réparer tout cela. 
            Bien loin de s'associer à cette proposition, ou de la soutenir il déclina disant qu'il lui fallait quitter la ville. Il agit ainsi que je l'avais toujours vu faire, n'essayant pas une seule fois de réparer quoi que ce fût, mais laissant toutes choses en l'état, si mauvais fût-il, plutôt que de faire bon usage de son expérience et d'en faire profiter le roi.
            Nous nous séparâmes. Cependant ils me promirent de se réunir afin, si possible, de présenter sur ce sujet le fruit de leurs réflexions. Nous nous levons alors, milord Brouncker et moi faisons quelque trajet ensemble en voiture. Je fais route avec lui pour le plaisir de la conversation, jusqu'au moment où notre voiture versa, me faisant culbuter par-dessus lui et choir de l'autre côté, tandis que le voiture se couchait au milieu du marché du Pilori. Mais nous nous relevâmes, et pensant qu'il siérait à mon honneur que quelques remarques fussent consignées par écrit à l'intention du Duc touchant mes efforts en cette affaire, afin que l'on ne pensât point que la chose eût été écartée comme futile, j'en fis la proposition à milord qui y pourvoira demain. Puis nous nous séparâmes. Allai au bureau puis rentrai chez moi auprès de ma pauvre femme qui travaille toute la journée comme un bœuf à la fabrication de ses tentures, pour notre chambre et pour le lit. Puis souper et, au lit.


                                                                                                                                 13 janvier

            Au bureau toute la matinée. Mr Brouncker proposa qu'un texte fût écrit relatif à mon affaire, comme j'avais souhaité qu'il le fît hier soir. Des ordres furent donnés à cet effet, et ce sera chose faite lors de la prochaine réunion.
     
      Départ avec Sa Seigneurie, allons dîner chez Mrs Williams à Covent Garden, ma première visite en ce lieu. Rencontre du capitaine Cocke. Belle gaieté, encore qu'imparfaite, tant on craint de nouveau cette semaine une augmentation du nombre de victimes de la peste. Derechef milord Brouncker nous dit qu'il tient de sir John Baber, parent de milord Craven, que milord convoite la place de sir George Carteret et estime avoir toutes les chances de l'obtenir. Après le dîner Cocke allons à la Bourse en voiture, devisant en chemin de nos affaires, et de conclure que tout peut s'effondrer tant que nous seront gouvernés d'aussi piètre façon que cela semble être le cas, et qu'il ne messiérait point que lui, moi et tout le monde, nous missions nos comptes au net dès qu'il sera possible, dans l'attente d'une déconfiture générale. De plus, s'il nous faut faire face à la peste cette année encore, Dieu sait ce qu'il adviendra de nous. 
            Je le dépose à la Bourse et je rentre au bureau où je reste tard à écrire des lettres et à travailler. Puis à la maison, souper et, au lit, en proie à mille soucis, mais content de ce que ma femme s'acquitte si bien de son travail et s'active dans sa maison. Et, avec l'aide de Dieu, si je parviens à me dégager de la caution qui me lie à milord Sandwich et qui engage ma responsabilités pour les 1 000 livres qu'il doit à Thomas Pepys, j'ai bon espoir de me tirer d'affaire, quoi qu'il arrive.


                                                                                                                             14 janvier 1666
                                                                                                               Jour du Seigneur
                                                                                                                         voyage.gentside.com  
          Grasse matinée jusqu'au moment où je suis tiré du lit par mon tailleur, Mr Penny. Il m'apporte mon nouvel habit de velours, très élégant, mais simple, et demain il m'apportera mon manteau de camelot. Après son départ, je m'absorbe dans mes papiers pour tout mettre en ordre et pour être fidèle à mon vœu, qui est d'en terminer avec mon journal et d'autres tâches avant d'embrasser derechef une femme, ou de boire du vin. Or j'y serai forcé demain si je vais à Greenwich, puisque je suis invité par Mr Boreman à entendre chanter Mrs Knepp. Et j'ai envie d'y aller afin de nous égayer. A midi je mange le second des deux jeunes cygnes que Mr Shipley nous a envoyés comme cadeau de nouvel an, et je rejoins bientôt mon cabinet et je travaille toute la journée à mes comptes de Tanger, que je vais refaire, ainsi qu'à une lettre à mon père au sujet de Pall qu'il est temps désormais, me semble-t-il, de songer à établir, pour autant que Dieu tout-puissant me laisse quelque chose à donner avec sa personne, et dans ma lettre à mon père j'offre de lui donner 450 £ qui, ajoutées aux 50 £ données par mon oncle, en feront 500. Dans cette lettre je propose de lui donner pour époux Mr Harman, le tapissier, que j'aime fort, tout comme j'ai aimé auparavant sa précédente femme. C'est un homme civil et qui agit avec prudence. Me plaisent aussi son métier et l'endroit où il vit, Cornhill. Je travaille donc fort tard, puis souper et, au lit.
            < Cet après-midi, après le sermon, survient ma chère et aimable beauté de la Bourse, Mrs Batelier, amenée par sa sœur amie de Mrs Mercer, pour voir ma femme. Il y a longtemps que je n'avais pas salué quelqu'un avec autant de plaisir. Nous restâmes assis à causer une heure durant, et j'en éprouvai infiniment de plaisir. Puis la belle s'en fut. Il m'apparaît que c'est l'une des femmes les plus modestes et les plus jolies que j'aie jamais rencontrées. Ma femme en juge pareillement.


                                                                                                                           15 janvier 1666

            Affairé toute la matinée dans mon cabinet de travail. Je porte mon vieux costume de drap, celui que je porte d'ordinaire ayant été donné à mon tailleur pour réparations. On me le rendit à midi. Je reçus aussi la réponse à une lettre que j'avais envoyée ce matin à Mrs Pearse, lui demandant de nous accompagner ce soir, ma femme et moi, à Greenwich où nous étions invités chez Mr Boreman, à nous égayer, à danser et à chanter avec Mrs Knetpp. Après m'être habillé et avoir dîné je montai en voiture pour aller voir Mrs Pearse en sa nouvelle maison de Covent Garden, bel endroit et très belle maison. La ramenai chez moi puis, par le fleuve, chez Boreman. 
            Là ce fut la plus grande déception de ma vie. Nombreuse compagnie, un bon souper avait été préparé, tout le monde était venu s'attendant à trouver une extrême gaieté. Pourtant, c'était le vide, du fait du caprice de Mrs Knepp que l'on ne parvint point à faire venir, encore qu'elle eût choisi elle-même la date de ce soir, il n'est pas jusqu'à son mari qui ne fût dans l'impossibilité de la faire venir. Mais, et ceci m'amusa dans ma colère, lorsque je lui demandai, alors que nous attendions, quelle réponse nous rapporterait l'un de nos nombreux messages, s'il pensait qu'elle viendrait ou non, il répondit que, pour sa part, il était hors d'état de penser quoi  que ce fût.
            Bientôt nous passâmes tous à ce souper que le stupide amphitryon avait commandé. Mais entre la mauvaise humeur qui était mienne et la méchante qualité des mets apprêtés, jamais de ma vie je ne fis pire souper.
            Très tard, le souper achevé, elle finit par venir, en déshabillé, mais je ne ressentis pas la moindre gaieté. Lorsque tout fut terminé, sans que l'on eût chanté, ou si peu, je me contentai d'aller dormir avec Pearse, et nous nous gaussâmes fort tous les deux de voir à quel point les draps qu'on nous avait donnés pour nous couvrir étaient petits et fins, si bien que nous fûmes contraints de nous coucher avec nos bas et nos caleçons, et d'étendre tous nos habits et vêtements sur le lit. Puis nous nous endormîmes.


                                                          à suivre..............

                                                                                                                    16 Janvier 1666

            Levé et laissant.........







































                                                                    
            
                                                                                                      


































      

samedi 25 juin 2022

Poème saturnien - Paul Verlaine ( Poème France )







   


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                     Poème Saturnien

            Ce fut bizarre et Satan dut rire.
            Ce jour d'été m'avait tout soulé.
            Quelle chanteuse impossible à dire
            Et tout ce qu'elle a débagoulé !

            Ce piano dans trop de fumée
            Sous des suspensions à pétroles !
            Je crois, j'avais la bile enflammée,
            J'entendais de travers mes paroles.

            Je crois, mes sens étaient à l'envers,
            Ma bile avait des bouillons fantasques.
            Ô les refrains de cafés-concerts,
            Faussés par le plus plâtré des masques !

            Dans des troquets comme en ces bourgades,                                               play-original.com      
            J'avais rôdé, suçant peu de glace.
            Trois galopins aux yeux de tribades
            Dévisageaient sans fin ma grimace.

            Je fus hué manifestement
            Par ces voyous, non loin de la gare,
            Et les engueulai si goulûment                                                     
            Que j'en faillis gober mon cigare

            Je rentre : une voix à mon oreille,
            Un pas fantôme. Aucun ou personne ?
            On m'a frôlé. - La nuit sans pareille !
            Ah ! l'heure d'un réveil drôle sonne.


                       Paul Verlaine

                  Attigny ( Ardennes ) 31 mai-1er juin 1885









 

jeudi 23 juin 2022

L'instinct Cesare Pavese ( Poème Italie )

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                                  L'instinct

            Le vieil homme, qui est revenu de tout,
            du seuil de sa maison, sous le tiède soleil,
            regarde le chien et la chienne défouler leur instinct.                                          koubadvd.com 


            Sur sa bouche édentée les mouches se poursuivent.
            Sa femme est morte il y a très longtemps. Elle aussi,
            comme toutes les chiennes, ne voulait rien savoir,
            mais elle avait l'instinct. Le vieil homme flairait,
            - pas encore édenté - la nuit venait,
            ils se mettaient au lit. C'était beau l'instinct.

            Ce qui est bien chez le chien, c'est qu'il est vraiment libre,
            Du matin jusqu'au soir, il vadrouille dans la rue ;
            et il mange, ou il dort, ou il monte les chiennes :
            il n'attend même pas qu'il fasse nuit. Sa raison
            c'est son flair, et les odeurs qu'il sent sont à lui.

            Le vieil homme se souvient qu'il a fait ça une fois                                skyrock.com
            dans un champ de blé, en plein jour, comme un chien.
            La chienne, il ne s'en souvient plus, mais il se rappelle
            le grand soleil d'été, la sueur et l'envie de ne plus s'arrêter
            C'était comme dans un lit. S'il avait encore l'âge,
            il voudrait ne faire ça que dans un champ de blé.

            Une femme descend dans la rue et s'arrête pour voir ;
            passe un prêtre qui se tourne. Sur la place publique,
            on peut faire ce qu'on veut. Et la femme elle-même
            qui, à cause de l'homme, n'ose se retourner, s'arrête.
            Un enfant, seulement, ne tolère pas le jeu
             et il fait pleuvoir des pierres. Le vieil homme s'indigne.           


                                                   Pavese
                                                                ( 1933 )
                                                                



















jeudi 16 juin 2022

Monsieur Crépin Rodolphe Toepffer ( Bande dessinée Suisse )

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                                          Monsieur Crépin

            Pauvre Monsieur Crépin ! De retour dans sa maison le voici confronté à ses onze garçons, petits, voués à une éducation joyeuse prodiguée par un instituteur choisi après discussion avec Madame Crépin, vêtue tout au long de l'album d'une robe rose vif et d'un plumet de la même couleur. Madame Crépin, esprit simple ou retors, s'évanouit lorsque sa décision n'emporte pas l'adhésion de Monsieur Crépin qui a fort à faire avec l'indiscipline de sa joyeuse bande de gamins étonnamment guidés par des instituteurs plus loufoques les uns que les autres. Monsieur Crépin interroge Joseph : " Où se trouve Besançon ? " ou à un autre une question sur le saindoux. Réponses " Besançon est dans l'ensemble des choses qui comprend l'univers, qui comprend le monde..... qui comprend l'Europe, qui comprend Besançon...... " à Léopold " Combien coûteront 8 livres de saindoux à cinq sous la livre, réponse " Le saindoux est dans l'ensemble des choses, qui comprend l'univers....... qui comprend le cochon, qui comprend le saindoux. "  Monsieur Crépin déçu de l'enseignement de l'un change et change encore d'instituteur, au grand dam de Madame Crépin qui s'évanouit et se désévanouhit intéressée par un nouvel instituteur qui tâte le cerveau et diagnostique, après avoir expérimenté son savoir sur une dizaine de crânes de vauriens qui serviront, au cours d'un chahut de ballons à la petite équipe. Absurde et réjouissant.
            Première bande dessinée due à un auteur suisse Rodolphe Toepffer en " l'année 1837 ", à Genève, à l'origine en noir et blanc, n'est pas une histoire naïve. Histoire du phrénologue expert en tâteries, ce qui lui vaut un pot d'eau grasse de la part de la cuisinière, apprendre les bonnes manières 
( d'époque ) comment répondre à un inférieur ou à un supérieur. Peut être pour fans de Benoit Brisefer et Gaston Lagaffe. Peut plaire dans sa forme moderne au graphisme actualisé et images colorisées, à tous, petits et grands collectionneurs. Bonne lecture ! MB









                                                                         

mercredi 15 juin 2022

Casta Piana Verlaine ( Poème France )

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                                              Casta Piana

            Tes cheveux bleus aux dessous roux,
            Tes yeux très durs qui sont trop doux,
            Ta beauté qui n'en est pas une,
            Tes seins que busqua, que musqua
            Un diable cruel et jusqu'à
            Ta pâleur volée à la lune,

            Nous ont mis dans tous nos états,
            Notre-Dame du galetas
            Que l'on vénère avec des cierges
            Non bénis, les Ave non plus
            Récités lors des angélus
            Que sonnent tant d'heures peu vierges,

            Et vraiment tu sens le fagot
            Tu tournes un homme en nigaud,
            En chiffre, en symbole, en souffle,
            Le temps de dire ou de faire oui,
            Le temps d'un bonjour ébloui, 
            Le temps de baiser ta pantoufle.

            Terrible lieu, ton galetas !
            On t'y prend toujours sur le tas
            A démolir quelque maroufle,
            Et, décanillés, ces amants,
            Munis de tous les sacrements,
            T'y penses moins qu'à ta pantoufle !
                                                                                                                         rivagedeboheme.fr 
            T'as raison ! Aime-moi donc mieux
            Que tous ces jeunes et ces vieux
            Qui ne savent pas la manière,
            Moi qui suis dans ton mouvement,
            Moi qui connais le boniment
            Et te voue une cour plénière !

            Ne fronce plus ces sourcils-ci,
            Casta, ni cette bouche-ci,
            Laisse-moi puiser tous tes baumes,
            Piana, sucrés, salés, poivrés,
            Et laisse-moi boire, poivrés,
            Salés, sucrés, tes sacrés baumes.


                                Verlaine






mardi 14 juin 2022

Jeux de Dupes Maud Tabachnik ( Policier France )


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                                             Jeux de dupes

            Histoire de deux méchants velléitaires. Ils sont médiocres, mènent une vie étriquée, l'un employé de bureau sans espoir de promotion, marié à une femme qui ne travaille pas, ambitieuse dans un cadre étriqué aussi, père d'une jeune fille, par accident. Le second représentant de commerce, sans envergure, célibataire, aussi bavard que l'autre est silencieux. Un livre les réunit, les détruira peut-être. " C'est l'histoire d'un mec ", aurait dit notre ami Coluche. Une absence de sa femme, quelques jours à peine et le premier respire et pris d'une soudaine envie de décrire cette vie de détresse et de reproches qu'il subit, il couvre un cahier des mots qui lui viennent jusqu'au mot fin écrit au bas d'un manuscrit écrit à la main, pas de tapuscrit, qu'il espère proposer à un éditeur. Malheureux et maladroit, rendez-vous pris, jour de pluie et émoi, sorti du taxi avec parapluie, il s'aperçoit que ses précieux feuillets, proprement reliés, sont restés dans le taxi. Pas perdus pour tout le monde. Plusieurs mois plus tard, après une dépression et divers maux, il apprend que le livre écrit par un inconnu reçoit un prix prestigieux. L'auteur, Maud Tabachnik, ressent-elle quelque sympathie pour l'un ou l'autre de ses personnages, je ne sais, mais leur rencontre, et la vie commune qui s'ensuit, durant quelques semaines et mois, ne le démontrent pas. La haine de chacun, Abbot pense à un meurtre parfait grâce à un nid de frelons, l'autre occupé par des interviews et le voyage à Hollywood pour participer à l'élaboration du scénario tiré du livre, ce qui est compliqué car intimiste, volage, subit le joug de Ivens, metteur en scène et du scénariste. Tous sont mécontents. Maud Tabachnik décrit les méandres de l'adaptation d'un livre en scénario, à Hollywood, l'auteur logé dans un chateau reconstruit à l'identique de l'original français. Seule une call-girl présentée comme public-relations, Mireille, habituée au luxe américain, mais rêve d'un retour à Nice, propriétaire d'un magasin de fleurs, donne un peu de charme alors qu'Abbot, auteur, frustré, bien que rempli d'émotion et d'amour, dit-il, donne envie de le secouer. Mais Abbot aurait-il réussi à se faire éditer, à forcer la sympathie de tous ces lecteurs et journalistes. A Hollywood la bagarre est sournoise, se règle en partie à coups de dollars, milliers, entre eux. " Le diable entrait-il avec le manuscrit dans le cartable de Abbot ", comme l'écrit Tabachnik. D'un coin de rue gris d'une ville sans nom à Nice au festival du Livre à Hollywood, Maud Tabachnik, 21 romans policiers écrits à ce jour, nous promène dans des ruelles. Bonne lecture. 

jeudi 9 juin 2022

L'île des chamanes Kim JAY ( Corée du Sud PoliUn groupier )

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                                              L'île des Chamanes

            Profileur au commissariat de Séoul Kim Seong-ho, comme les agents et agentes des commissariats de quartier, tente de résoudre le meurtre d'une jeune femme sauvagement assassinée, nombre coups de couteau surtout sur le visage. Défigurée. Morte elle est retrouvée emballée et ficelée comme un tapis. Quelques jours plus tôt elle a été invectivée sur les réseaux sociaux, car apparemment un groupe de jeunes adolescents ne supportent pas les transformations faciales. L'un d'eux est arrêté pour un simple interrogatoire. Solitaire, il ne s'intègre à la société qu'à travers internet et les réseaux, le regard vide lorsque des personnes de la société interviennent dans son monde. Il reconnait être à l'origine du rendez-vous donné au réseau de jeunes plus sociables que lui, pour rudoyer la jeune femme. Mais personne ne vient et le crime, car elle est tuée, est parfait. Kim ni personne ne le résout. Il est donc envoyé sur l'île de Sambo où trois jeune femmes ont disparu. L'île vit surtout durant la saison douce de la manne qu'apportent les touristes. Et les réunions du commissaire de Kim et d'autres permettent une approche du travail de profileur. Le livre ne manque pas d'intérêt, les différentes sociétés effleurées, le regard étonnant sur la vie féminine de certains chamanistes ou pas, la jeunesse et les réseaux sociaux, les méfaits. Livre, histoire, traitement couleur locale. Mais en fait le meurtre de Séoul serait-il lié aux disparitions ? Et Kim est-il un agent exemplaire alors qu'on apprend que adolescent il a subi un traumatisme grave, accidentel, ne lui permettant aucun souvenir antérieur à cet accident. L'auteur, une femme, était styliste de mode avant de s'interroger sur les dimensions des avancées technologiques. 
" Aussitôt qu'il a obtenu son master de psychologie comportementales en 2009, Kim Seong-ho a été engagé...... mais au risque..... de créer un système d'analyse des types de crimes propres aux Coréens..... " Le profileur essaie d'entrer dans le cerveau du criminel encore inconnu. Journées hivernales, huit, sur une île coréenne. 















dimanche 5 juin 2022

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 155 Samuel Pepys ( Journal Angleter. Me. Un te

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                                                                                                                     16 Décembre 1665

            Levé. Nous réunîmes au bureau en présence de sir William Batten rentré du Portugal lundi dernier, mais qui a attendu aujourd'hui pour venir nous voir et parler de notre travail. A midi allâmes manger un morceau, puis pris une barque pour Westlinster, par un temps glacial et neigeux et accostai au débarcadère de Whitehall. Chez sur George Downing à qui j'annonçai l'heureuse nouvelle du contrat que nous avons signé ce matin avec sir William Warren, au sujet d'une cargaison de marchandises pour la Norvège au départ de Londres, et d'une autre au départ de Harwich, pour une valeur de plus de 3 000 livres. C'est le premier a avoir été signé selon les termes de la nouvelle loi. Au comble de sa joie il m'annonce qu'il me revaudra le plus grand bien possible auprès de la Cour. Quant à moi je me réjouis d'avoir à annoncer cette nouvelle à sir William Coventry dans la lettre que je lui écrirai ce soir. Il entreprit de me convaincre de prêter moi-même 200 £ aux termes de cette loi, mais je lui répondis que je souhaitais en être excusé, car cela ne nous servirait à rien à nous qui sommes proches du roi, et cette somme ne vaudrait au roi nul crédit et nul avantage.
            Pris congé et me rendis à pied au palais de Westminster où m'attendait sir William Warren venu avec moi.. Allai voir Betty Howlet de retour à Westminster après l'épidémie. Je ne pus lui donner un baiser comme j'en avais envie, mais eus plaisir à la voir, car elle est fort belle fille.
            Repartis par le fleuve, débarquai à l'Ancien Cygne, puis repris une barque à Billingsgate, puis à pied chez moi. Allongé tout au fond de mon bateau, et sans avoir à me servir de la main je me suis donné force plaisir. C'est la première fois que j'ai pu constater la puissance de mon imagination en ce domaine, car sans me servir de ma main j'ai joui pleinement avec la fille que j'ai vue au-jour-d'huy au palais de Westminster.
            A mon bureau, écrivis mes lettres. Rentrai souper et, au lit, car il gèle à pierre fendre. On raconte que notre flotte de la Baltique est arrivée aujourd'hui, mais j'ignore ce que William Warren a assuré.


                                                                                                              17 décembre
                                                                                             Jour du Seigneur 
            Une fois rasé on me fait dire que la voiture de Cutler m'attend, comme prévu, à l'île aux Chiens. Pris donc le bac et partîmes pour Hackney, dans sa voiture par un beau temps de gel, froid et clair. Chez lui avons pris une collation frugale et sans façon, bon vin et bon accueil. Il est toujours aussi volubile et plus je le connais plus je le trouve insipide. Il habite une fort jolie maison qu'il a lui-même fait construire, mais la présence de sa vieille mère à table, entre autres, m'empêcha d'apprécier le repas et, quand, après dîner, il fallut rendre visite à son épouse malade, je n'y pris guère davantage de plaisir. Mais il se montra fort aimable avec moi, non point qu'il soit homme à éprouver de l'amitié pour quiconque, mais parce que, m'est avis, je passe à ses yeux pour une personne dont il faut cultiver l'amitié
            Après dîner repartis et allai à Deptford chez Mr Evelyn qui était absent, mais j'avais demandé à mon cousin de Hatcham, Thomas Pepys, de m'y retrouver afin de discuter de la manière de recouvrer ses 1 000 £ en la possession de milord Sandwich, car j'ai à présent l'occasion de faire fructifier cette somme qui leur appartient. Il me parut toujours aussi borné dans la moindre de ses paroles, mais il est tout disposé à suivre mon conseil ; solliciter par écrit milord ainsi que moi-même, de manière puissante à ce sujet, et je m'occuperai du reste. Je lui ai dit et redit que je ne pouvais me porter garant pour une telle somme. Il m'accompagna à pied jusqu'à la partie haute de Deptford, car il a pour moi grand respect. Nous prîmes congé après qu'il m'eut dit que la ville pâtit encore grandement de la peste.
            A peine à Greenwich, en premier lieu pour rendre visite à milord Brouncker, en second pour me rendre chez Mrs Penington avec qui j'ai passé la soirée, en prenant les libertés accoutumées, ce qui fut fort plaisant. Restai jusqu'à plus d'une heure du matin, puis rentrai à mon logis.

            << 18 >> et me levai de bonne heure, par un beau temps de gel. A pied à Rotherhithe, fis une halte pour étancher ma soif à la taverne de la Demi-Etape, pensant trouver certains de nos gens, en particulier les servantes qui devaient suivre le même chemin, mais ne les vis point. Puis à Londres où je rendis visite à ma femme, et eus le déplaisir de la voir si soudainement s'enhardir à faire grand cas de son frère et de sa sœur, depuis que j'ai eu la bonté de trouver une place à celui-ci. Mais on se quitta en bons termes et me rendis à la Bourse, fis diverses allées et venues chez Kinngdon et les orfèvres afin de rencontrer Mr Stephens et pus régler au mieux mes affaires d'argent, à ma grande satisfaction.
            En passant par Cornhill aperçus la jeune Mrs Daniel et Sarah, les deux filles de ma logeuse qui, comme je l'espérais sont revenues en ville. Voyant qu'elles m'avaient aussi avisé  je ne les lâchai pas d'une semelle jusqu'à St Martin où je les dépassai car elles achetaient des chaussures, puis je descendis jusqu'à Duck Lane et demandai des livres espagnols. Revins sur mes pas, mais elles étaient parties. Derechef, à la Bourse avec l'espoir de les recroiser dans la rue. Ne les voyant point, revins de nouveau puis fis demi-tour pour la Bourse, mais ne les vis nulle part. Si bien que je retournai vaquer à mes affaires et, malgré l'heure tardive, sir William Warren, à qui on avait dit où j'étais, me fit dire qu'il m'invitait à venir dîner avec lui, ayant appris que je n'avais point mangé à la Tête du Pape ou en compagnie de Mr Hinton l'orfèvre et d'autres, on s'en donna à cœur joie. Mais Seigneur ! Quel spectacle que celui du Dr Hinton arrivant à sa suite un ou deux freluquets de la Cour, qui appellent celui-ci cousin, ce qui me fit bien rire en mon for intérieur, sachant quel gueux et quel fripon il fait.
            Après dîner allai un moment parler affaires en tête à tête avec sir William Warren dans une pièce voisine. Puis on se quitta et, la conscience satisfaite du travail de la journée, je rentrai chez moi, à Greenwich, par le fleuve qui commence à geler en divers endroits, si bien que je n'étais point rassuré. Mais arrivé chez moi, sauf, à la nuit tombée. N'ayant guère l'esprit à travailler rentrai à mon logis où je fis venir la petite demoiselle Tooker, ainsi que Mrs Daniel fille et Sarah dans mon cabinet, pour jouer aux cartes et souper avec moi, quand arriva Mr Pearse venu me dire que Will Howe avait été interrogé aujourd'hui même, à bord, par milord Brouncker et d'autres. Milord, par pure jalousie, l'a accusé d'avoir fait circuler des marchandises sous le sceau de milord et au nom de milord Brouncker; afin qu'on les laisse passer, ce qui, au dire de Pearse, est faux, car c'est mon nom qui a été utilisé à cette fin, et il l'a fait observer à milord Brouncker, tout en reconnaissant qu'il a bien usé du nom de Brouncker pour un ballot de marchandises. Me voilà fort contrarié d'apprendre que mon nom est impliqué dans ce genre d'affaires, encore que je pris garde de lui dissimuler mon mécontentement tant que je n'en avais point parlé avec milord Brouncker. Quand il fut parti, car il devait se rendre à Oxford le lendemain, nous reprîmes notre jeu de cartes, tard, puis on se quitta, après que j'ai eu grand plaisir avec ma petite amie Mrs Tooker.


                                                                                                                             19 décembre

            Levé et à mon bureau toute la matinée. A midi, comme convenu, le Pepys de Hatcham est venu dîner avec moi. Je pensai l'emmener chez sir John Mennes dîner d'un bon pâté de venaison avec le reste de mes collègues, car nous y étions invités, mais voyant qu'il y avait beaucoup de monde nous repartîmes tous les deux faire bonne chère à la maison. Il me donna les lettres qu'il avait écrites à milord et à Moore au sujet de l'argent de milord, afin que cette somme soit versée à mon cousin, et je saurai en faire bon usage. Je lui fis bon accueil, mais quel triple sot il fait, incapable de la moindre finesse, et pas l'ombre d'une amabilité ou d'un service à attendre de lui. Dès qu'il aura touché son argent je me désintéresserai de lui afin d'éviter d'avoir à me porter garant pour lui devant milord. Dire qu'il voudrait que je l'aide à trouver quelque emploi, lui rapportant ne serait-ce que 100 £ l'an, alors que sa fortune s'élève, au bas mot, à 20 000 £ !
            Me rendis chez sir John Mennes après son départ puis, accompagné de milord Brouncker, à bord du Bezan, afin d'interroger à nouveau Will Howe qui, dans ses réponses, m'avait paru faire preuve, contre toute attente, de beaucoup de finesse et d'intelligence, car en chacune d'elles il se montra fort circonspect, avisé et courtois dans ses paroles. Je ne me suis guère adressé à lui et n'ai presque rien dit le concernant. Mais Seigneur ! l'homme se sent si affligé et avili que dans ses lettres il s'adresse à moi par la formule " Votre honneur " afin de me flatter en pareille occasion.
            Milord et moi revînmes chez sir John Mennes où je pris congé des personnes présentes. Rentrai à mon bureau où j'écrivis des lettres jusqu'à très tard et, au lit.


                                                                                                                      20 décembre 1665

            Levé, rasé, mais ne pus être à l'heure pour partir dans la voiture de milord Brouncker ou celle de sir John Mennes, si bien que je dus aller à Lambeth à pied, mais la marche fut plaisante par ce beau temps de gel, encore que la glace rendait difficile la traversé de la Tamise.
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              Chez le duc d'Albemarle où tous mes frères étaient déjà arrivés, mais je n'étais point trop en retard. Nous tînmes réunion une heure à discourir de nos affaires de la Marine. Puis je pris, seul, la voiture de milord Brouncker qui partit à pied avant moi. Sir George Browning me retint un moment pour parler de cette loi et m'agaça au plus haut point, et me rendis à l'ancienne Bourse. Là emmenai sir Ellis Leighton dîner chez le capitaine Cocke où étaient aussi invités milord Brouncker et lady Williams. On rit beaucoup, ce sir Ellis Leighton est, à table, de la meilleure compagnie. Après dîner allai voir à la Bourse si ma jolie couturière était de retour, et elle l'était en effet, allai donc l'embrasser par-dessus le comptoir, là-haut dans la galerie, et fus ravi de revoir cette chère belle dame. Je dois avouer que je la trouve fort belle. Après m'être délesté de quelques menues monnaies pour l'achat de deux paires de bas en fil, à 8 shillings, me rendis à Lombard Street, chez l'orfèvre afin de régler diverses affaires, entre autres pour déposer chez Vyner les 1 258 £ destinées à milord Sandwich, sur le compte de Cocke. Milord Brouncker me prit au passage dans sa voiture où se trouvaient aussi sa maîtresse et Mr Cottle le greffier, une connaissance de Greenwich où on se rendit.
            A mon logis puis chez Mrs Pennington où je fis apporter un souper de la taverne de la Tête du Roi, et me divertis fort et très librement, comme j'ai coutume avec elle. Finalement, tard dans la soirée je la priai de mettre son déshabillé afin de voir comment on pouvait faire son portrait en négligé, l'idée lui tenant fort à cœur, tandis que je patienterai dehors, dans la rue, en attendant qu'elle soit prête. Je sortis donc et, est-ce parce que je fis trop longtemps les cent pas dans le noir, par cette nuit glaciale, entre les deux murs qui conduisent à la grille du parc, je l'ignore mais toujours est-il qu'elle était allée se coucher quand, prétextant que j'avais oublié des papiers, je revins, comme j'en avais le dessein, et avec son consentement. 
            Rentrai ensuite chez moi où j'étais attendu par la jeune Mrs Daniel venue me prier de dire un mot favorable de son mari pour l'aider à obtenir le poste de lieutenant. Je profitai de l'occasion pour lui donner moult baisers, et lui répondis que j'étais tout disposé à lui faire quelque faveur. Ainsi nous nous séparâmes et j'allai au lit, fort aise de ce qui m'est advenu en matière d'argent ces deux derniers mois, car il a plu à Dieu de me donner plusieurs fois l'occasion d'encaisser de jolies sommes que, de surcroît, j'ai effectivement touchées ou qu'il est en mon pouvoir d'obtenir.
            Je suis cependant inquiet à double titre : d'une part il y eut cette semaine plus de 80 morts de la peste, bien que personne ne soit mort dans ma paroisse, alors qu'il en était mort 6 la semaine précédente. Pis encore, mes comptes pour ces deux derniers mois sont si embrouillés, tant par mes divers débours pour le compte de Tanger que par mes diverses rentrées d'argent, que voilà trois ou quatre mois que je ne les ai point apurés. J'en suis fort contrarié car je crains de n'y point comprendre goutte, et de ne plus voir aussi clair que lorsque je les faisais régulièrement, chez moi, à Londres.


                                                                                                                                21 décembre

            Au bureau toute la matinée. A midi dînâmes tous chez le capitaine Cocke d'une bonne échine de bœuf et autres mets délicieux, à ceci près qu'une grande partie de la viande qui avait gelée n'avait point rôti. Mais on se divertit fort et préparâmes nous-mêmes un bon plat de volaille. Il y avait aussi Mr Evelyn, d'humeur fort enjouée. Tout l'après-midi, et jusqu'au soir, fut des plus plaisants, puis je pris congé et me rendis au bureau écrire des lettres, puis repartis chez moi, l'esprit empli de besogne, soucieux d'avoir tant négligé mes comptes. Aussi ai-je fait ce soir le serment de ne plus boire de vin, etc., sour peine d'amende, aussi longtemps que je n'aurai pas apuré mes comptes et tout mis à jour.
            Au moment où je rentrais me coucher, chez moi, arriva le petit valet m'annonçant que sa sœur, Mrs Daniel, m'a apporté à souper, des oisillons que son mari a tués. Je l'invitai à venir souper avec moi, après quoi nous restâmes seuls un long moment, et j'eus le plaisir de l'embrasser sur les lèvres. C'est une jolie femme et son ventre rebondi lui sied mieux qu'à quiconque. Après son départ, au lit.
            Reçus aujourd'hui la visite de Mrs Burrows, de Westminster, la veuve du lieutenant Burrows, mort depuis peu. Elle est fort jolie et je la connais de longue date. Je lui pris un ou deux baisers, c'est une fort honnête femme.


                                                                                                                      22 décembre
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            Levé tôt. Chez milord Brouncker pour examiner les instructions récemment reçues au sujet de la nouvelle manière de procéder en matière de signature et de paiement de nos lettres de change. Puis, comme convenu, arrivèrent bientôt sir John Mennes et sir William Batten. Les instructions furent lues publiquement et il fut question de les mettre en application, ce qui nous prit toute la matinée.  
      Comme il s'avérait nécessaire que le contrôleur eût un nouveau secrétaire, je lui suggérai d'engager Pointer, ce qui fut accordé. Me voilà ainsi débarrassé de celui qui, je le crains, ne m'aurait point convenu, encore qu'il ait une belle écriture.
            Mr Hill arriva en ville à midi, vint me trouver au bureau après avoir demandé à Mr Houblon de l'y rejoindre. Je dus donc laisser là milord, la compagnie et leur dîner pour les suivre à l'Ours où je dînai avec Hill. Mr Houblon et leurs frères, l'un est le frère du premier, les deux autres du second. Ce fut une compagnie fort gaie et fort plaisante que j'eus, quant à moi, plaisir à rencontrer. Je dus les quitter après dîner, ayant reçu la visite de Mr Andrews que j'avais envoyé chercher. Alléguant quelque habile prétexte je le convainquis d'accepter d'être payé en tailles pour les factures dont je lui étais redevable ainsi qu'à sa compagnie, au sujet des subsistances pour Tanger. L'opération me vaut d'empocher 210 £ sur leurs deux factures, ce qui accroît de manière non négligeable mes récents bénéfices, considérables ces deniers temps, encore que je ne puis en évaluer l'importance, tant que je n'aurai pas fait mes comptes. Un tel retard me pèse et j'ai résolu de ne rien entreprendre de nouveau tant qu'ils ne seraient pas à jour.
            Après son départ allai passer la soirée chez milord Brouncker, désireux que j'étais de voir milord démonter sa montre puis en assembler les pièces de nouveau, chose que je n'avais encore jamais vu faire et qui méritait d'être observée. Je me réjouis fort d'en avoir eu l'occasion. Je restai bavarder avec lui tard dans la nuit, quelque peu contrarié par la réponse acerbe que m'a faite à voix basse Madame Williams que j'avais, par plaisanterie, pris la liberté de traiter de sacrée garce. Elle me rétorqua que nous nous connaissions depuis trop peu de temps. Mais je le fus plus encore par cette lettre reçue aujourd'hui de milord le duc d'Albemarle qui nous presse de ne pas interrompre nos réunions pendant les fêtes de Noël, et m'inclut dans cette requête, alors que contrairement à tous les autres je n'avais nullement l'intention de cesser le travail. M'est avis qu'il me faudra rendre de fréquentes visites à milord le duc, à quoi, une fois mes comptes faits, rien ne s'opposera. Mais maintenant que le fleuve est gelé, je ne vois guère comment me rendre chez lui.
            De là chez moi où je mis à jour mon journal pour ces huit ou neuf jours puis, l'esprit ainsi apaisé, allai souper et, au lit.
            Depuis huit ou neuf jours le temps s'est remis au gel, et on espère que la peste régressera la semaine prochaine, faute de quoi Dieu ait pitié de nous ! car à n'en pas douter la peste sévira l'année prochaine, si elle ne régresse pas maintenant.


                                                                                                                    23 décembre 1665

            A mon bureau toute la matinée, l'esprit tout à mon travail, rentrai dîner chez moi où arriva ma femme à l'improviste. Mais, voyant que je n'étais point d'humeur à m'attarder ni à bavarder, elle prit une voiture pour descendre à Woolwich, pensant demander à Mrs Barbara de l'accompagner à Londres pour passer la Noël avec elle, et je retournai au bureau. Aujourd'hui on m'apporta quatre énormes dindes, un cadeau de Mr Deane, de Harwich. Le soir ma femme en emporta trois à Londres dans sa voiture. Mrs Barbara ne sera point disponible dans l'immédiat, mais elle viendra voir ma femme la semaine suivante. A mon bureau tard, puis à mon logis et, au lit.


                                                                                                                             24 décembre
                                                                                                                Jour du Seigneur
            Levé tôt. Chez milord le duc d'Albemarle par le fleuve. Parlâmes, fort satisfaits, des affaires du bureau, puis rentrai dîner en compagnie de ma logeuse et de ses filles. Mangeâmes des tourtes et on s'amusa fort de la mésaventure du jeune fils de ma logeuse qui s'était déchiré une des manches de son habit neuf sur toute l'épaisseur du drap, jouant de la malchance la plus étonnante qui soit. Puis à l'église où je m'assis sur le banc du pasteur, sous la chaire, pour entendre chanter Mrs Chamberlain de la rangée voisine. Elle est la fille de sir James Bunce, et on en dit grand bien. Le fait est qu'elle chante à ravir.. A la sortie rencontrai sir William Warren, fîmes quelques pas ensemble parlant en chemin de nos affaires respectives et du moyen de nous enrichir aussi honnêtement que possible. Puis, l'ayant raccompagné presque jusque chez lui, me rendis à pied chez milord Brouncker qui, me dit-on, est allé chez l'échevin Hooker, espérant voir et saluer Mrs Lethieuillier. Je ne la connais que de vue et n'ai point eu l'occasion de lier connaissance, mais c'est une fort belle dame, et ce sot d'échevin l'a obtenue en mariage.  Passâmes un long moment à bavarder en compagnie de sir Theophilus Biddulph et de Mr Vaughan, l'un des gendres de l'échevin Hooker. Puis repartis avec milord Brouncker, chez qui je restai un moment, puis chez moi et, au lit.


                                                                                                                      25 décembre
                                                                                                           Jour de Noël
            A l'église le matin, vis qu'on y célébrait un mariage. Voilà longtemps que je n'en avais vu un. Les jeunes gens paraissaient fort ravis l'un et l'autre.
            Comme il est étrange de constater avec quel plaisir nous autres gens mariés voyons ces pauvres innocents se laisser prendre comme nous au piège, et de remarquer que chaque mari et chaque épouse les contemple en leur souriant. Je revis ma belle Lethieuillier. Puis me rendis chez milord Brouncker où j'étais invité à dîner. Après quoi, à mon logis, m'affairant à mes papiers afin d'y mettre de l'ordre, que ce soit dans mes comptes personnels ou ceux de Tanger. J'ai si longtemps négligé de le faire que, si j'étais mort, nul n'y aurait pu entendre goutte et ne serait jamais parvenu à rien. Dieu fasse que je ne me laisse plus aller à un tel désordre !


                                                                                                                           26 décembre

            Levé et au bureau où nous tînmes réunion avec sir John Mennes et milord Brouncker, afin de mander à tous les capitaines de frégate de la Tamise de nous faire apporter des listes de leurs membres d'équipage, avec dates d'engagement, de débarquement etc., lors de leur dernier voyage en mer. Seul ce jeune et fier impertinent de Seymour, parmi la vingtaine de personnes se tenant nu-tête autour de lui avait gardé son couvre-chef.                                                                                   pinterest.com
            Allâmes ensuite tous trois chez Mr Cottle, où le dîner fut somptueux et bien présenté, dans une fort belle demeure, surmontée d'une tourelle à laquelle on accède par un escalier en colimaçon et d'où on a la plus magnifique vue sur Greenwich, mis à part celle que l'on a du haut de la colline, encore que celle-là soit à certains égards plus jolie. Vis également de belles pages de calligraphie avec des enjolivures de la main de Mr Hoare, le secrétaire de notre hôte. Je le connais d'ailleurs de longue date car il est ami avec Mr Thompson de Westminster. Ces planches racontent la vie de plusieurs évêques de Cantorbéry consignée sur feuille de vélin, destinées à remplacer les anciennes qui ornent les murs de la cathédrale de Cantorbéry et qui sont presque usées.
            Ensuite derechef au bureau, puis chez le capitaine Cocke où on bavarda, puis chez moi étudier mes papiers et, au lit.


                                                                                                                            27 décembre

            Levé et à Londres, avec Cocke, en voiture. Me rendis chez moi voir ma femme. Fâché qu'elle réclame déjà une servante, avant même que la peste n'ait complètement disparu. Mercer est, à ce qu'il paraît, contrariée de n'avoir personne sous ses ordres, mais je me refuse à mettre en danger la maisonnée, en l'accroissant plus tôt qu'il n'est prudent de le faire.
            Vaquai à diverses tâches, en particulier en compagnie de sir William Warren à la Bourse. Dînâmes ensemble, à la Tête du Pape, afin de régler nos comptes de Tanger, ce qui me vaut, pour l'heure, plus de 200 £ .
            Me rendis ensuite chez l'orfèvre, voir où en étaient mes affaires. Je le conviai ensuite chez moi, mais ma femme était partie chez Mercer, si bien que nous prîmes une barque. La nuit étant tombée et le dégel ayant commencé à faire fondre la glace, sans pour autant en venir complètement à bout, le bateau dut en traverser une telle quantité et avec de tels craquements et bruits divers, que je pris grand-peur, aussi forçai le batelier à nous débarquer près de Rotherhithe et on finit à pied avant de nous séparer, sir Warren et moi, devant chez lui. Je rentrai à travers champs à la lueur d'une torche portée par l'un de mes bateliers, tout en lisant ainsi éclairé, car c'était une belle nuit sèche et claire.
            Chez le capitaine Cocke où on discuta un moment des prises de guerre, en particulier avec son conseiller, ce dernier lui ayant rendu de fiers services, car il est dans l'équipage du capitaine Fisher, il se nomme Godderson. Soupai chez Cocke, puis rentrai me coucher satisfait d'apprendre que la peste n'a fait que 152 morts.


                                                                                                                               28 décembre

            Levé, au bureau, dînai seul avec Cocke, l'esprit tout à mes affaires, puis revins chez moi, seul, afin de ne m'occuper que de mes comptes. Ce fut un bon début, puis je fis mon courrier afin qu'il partît ce soir et, au lit.


                                                                                                                                   29 décembre

            Tôt levé et ne sortis point de chez moi de la journée, afin de m'atteler à mes comptes, privés et publics. J'ai pu constater combien il était pernicieux de les avoir si longtemps négligés, car nul autre que moi n'y aurait pu voir clair, et j'y ai moi-même grand-peine. Par chance je suis servi par la régularité de mes actions et de mes dépenses, et j'espère m'y retrouver. Travaillai tard puis, au lit.


                                                                                                                             30 décembre 1665

            Levé et à mon bureau. A midi rentrai dîner et me remis à mes comptes tout l'après-midi. A ma grande joie je constatai que ma fortune se monte à bien plus de 4 000 £. Béni soit le Seigneur ! La cause principale est que j'ai touché 500 £ de bénéfices de la part de Cocke, dans son affaire de prises de guerre et 500 autres reçues en cadeau de Mr Gauden, quand je lui ai payé ses 8 000 £ pour Tanger. A mon bureau écrire des lettres, puis derechef à mes comptes et, au lit, l'esprit fort aise.


                                                                                                                              31 décembre 1665
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            Resté à mon cabinet toute la matinée à mettre au propre mes comptes de Tanger, et ai donc dîner chez moi. L'après-midi chez le duc d'Albemarle, puis revins par le fleuve à mon cabinet. Achevai de mettre mes comptes au clair et songeai à la prochaine tâche qui m'incombe : réfléchir et ordonner mes conclusions sur le métier de commissaire de marine, afin de voir à quelles faiblesses attribuer notre présente situation et comment y porter remède. M'occupa tard puis l'esprit tout occupé à ces réflexions, au lit.
       
    Ainsi s'achève cette année, à ma grande joie :
            Ma fortune est passée de 1 300 à 4 000 £ cette année. Il convient, je crois de mettre l'accroissement de mes gains au compte de ma diligence. J'ai en outre obtenu les postes de trésorier de Tanger et de surintendant des subsistances.
            Il est vrai que la grande peste nous a valu de sombres heures et qu'elle m'a occasionné de lourdes dépenses, telles que l'installation de ma famille à Woolwich, de moi-même et d'une autre partie de ma famille, mes commis, à Greenwich, sans compter une servante restée à Londres. Mais j'espère que le roi nous revaudra quelque dédommagement.
            Maintenant que la peste ne fait presque plus de victimes, j'ai résolu de retourner à Londres au plus tôt, car ma famille, c'est-à-dire ma femme et mes domestiques y sont depuis deux ou trois semaines.
            La guerre contre la Hollande prend fort mauvaise tournure en raison du manque d'argent, et il ne faut guère espérer en obtenir, car une nouvelle loi est venue tout bousculer : c'est une expérience destinée à renflouer l'Echiquier, prévoyant que soient avancés argent et marchandises aux termes de cette loi.
            Jamais ma vie n'a été aussi gaie, outre que je n'ai jamais gagné autant d'argent, qu'en ces temps de peste, grâce à milord Brouncker et au capitaine Cocke qui ont été de bonne compagnie, et à la fréquentation de Mrs Knepp, de Mrs Coleman et son mari, et de Mr Lanier. J'ai organisé chez moi, à mes frais, tant et plus de sauteries, moi-même et ma femme voulions ainsi nous faire plaisir.
            Le grand malheur de l'année, et à vrai dire le seul, a été la disgrâce de milord Sandwich, dont le faux-pas concernant les prises de guerre fut, je crois, la cause de sa défaveur à la Cour. Bien que, à titre de petite compensation, on l'envoie en Espagne comme ambassadeur, ce à quoi il se prépare. Mais c'est le duc d'Albemarle qui prendra la mer avec le prince l'an prochain, tandis qu'on dénigre milord. Il faut avouer que sa faute, en ce qui concerne les prises de guerre, n'est guère excusable, car il a toléré qu'une bande de marauds partent en s'en mettant dans les poches dix fois plus que lui. C'est à juste titre qu'on rejette le blâme sur lui pour tout cela.
            Ma famille, au grand complet, est en bonne santé, ainsi que, à ma connaissance, tous mes amis, hormis ma tante Bell et des enfants de ma cousine Sarah, morts de la peste. Mais bon nombre de gens que je connaissais bien sont morts. Pourtant, à notre grande joie, la ville se repeuple à grand train et les boutiques recommencent à ouvrir.
            Dieu fasse que la peste continue à décroître ! car on assiste au naufrage des affaires publiques, tant que la Cour reste à l'écart du centre des affaires : loin d'elles elle n'y pense plus guère.


                                                                   à suivre............

                                                                     1666

                                                                                                                        1er Janvier 1666
                                                                                                               Jour de l'An
            Réveillé à........