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Poème Saturnien
Ce fut bizarre et Satan dut rire.
Ce jour d'été m'avait tout soulé.
Quelle chanteuse impossible à dire
Et tout ce qu'elle a débagoulé !
Ce piano dans trop de fumée
Sous des suspensions à pétroles !
Je crois, j'avais la bile enflammée,
J'entendais de travers mes paroles.
Je crois, mes sens étaient à l'envers,
Ma bile avait des bouillons fantasques.
Ô les refrains de cafés-concerts,
Faussés par le plus plâtré des masques !
Dans des troquets comme en ces bourgades, play-original.com
Trois galopins aux yeux de tribades
Dévisageaient sans fin ma grimace.
Je fus hué manifestement
Par ces voyous, non loin de la gare,
Et les engueulai si goulûment
Que j'en faillis gober mon cigare
Je rentre : une voix à mon oreille,
Un pas fantôme. Aucun ou personne ?
On m'a frôlé. - La nuit sans pareille !
Ah ! l'heure d'un réveil drôle sonne.
Paul Verlaine
Attigny ( Ardennes ) 31 mai-1er juin 1885
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