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1er Avril 1664
Levé puis au bureau, travaillai jusqu'à midi, puis à la Bourse où je trouve tous les négociants soucieux de présenter à la Commission du Parlement désignée pour les entendre, leurs doléances contre les Hollandais. Rentré dîner puis en voiture, déposai ma femme à la nouvelle Bourse. A Whitehall arrivé trop en avance pour la commission de Tanger, allai à pied chez Mr Blagrave pour chercher une chanson que j'avais laissée depuis longtemps. Comme il était absent devisai avec sa parente, sans toutefois l'entendre chanter, car je ne le connais pas suffisamment, mais je serais heureux de la faire venir chez moi pour une semaine de temps à autre.
De retour à Whitehall, rencontrai le duc d'York dans la galerie. Je vis aussi la reine aller au parc avec ses demoiselles d'honneur, elle paraît malade. Je trouve aussi que Mrs Stuart est devenue plus grosse et moins belle qu'autrefois. Le Duc me fit appeler et s'entretint un bon moment avec moi. Après s'être absenté deux ou trois fois, il resta et me fit de nouveau appeler pendant toute la séance du Parlement. Parla enfin des Hollandais. J'ai le sentiment qu'il souhaite ardemment que le Parlement trouve une raison de se brouiller avec eux.
Après son départ je trouve bientôt que les membres de la Commission de Tanger se sont réunis chez le duc d'Albermarle. Je suis donc venu en vain.
Donc à la Bourse avec Creed, allai chercher ma femme et le laissai. Nous rentrâmes tous deux, et moi allai me promener dans le jardin avec William Howe, que nous passâmes prendre car il était venu nous voir. Il me dit que le Conseil privé a interrogé Creed au sujet d'une lettre que l'on a découverte où des fanatiques le citent comme ami très serviable, et ajoute qu'il s'en est bien sorti. Cependant continue de le tenir en suspicion, me dit-il, ce qui ne me contrarie guère car je le crois fourbe. Comme j'allais avec lui à Saint-Paul il me dit que milord est très peu chez lui, ne se souciant guère que de jeu et ne prêtant guère attention à quiconque. A son avis, milord n'est pas mécontent de moi, comme je le crains, mais se comporte étrangement avec tous, ce qui me rend d'autant moins chagrin.
Rentré à pied puis tard au bureau, à la maison et, au lit.
Aujourd'hui Mrs Turner m'a prêté un document fort rare, manuscrit très ancien d'un certain Mr Wells qui enseigne l'art de construire les navires, ce qui me plaît fort. Je l'examinai ce soir, mais n'osai continuer longtemps, car j'en suis arrivé à avoir les yeux très douloureux et larmoyants sous l'effet de la lumière de la bougie.
2 avril
Levé et au bureau, réunion. Grand débat avec sir William Batten, Mr Wood et ce niais et ce radoteur, sir John Mennes, qui répète tout ce que dit sir William Batten, sans jamais se soucier de savoir si c'est au bénéfice du roi ou non. A midi, au café, excellente conversation avec sir William Petty qui suggéra qu'on ne peut véritablement savoir s'il y a vraiment une différence entre l'état de veille et le rêve. Il avança qu'il est difficile, non seulement de dire ce qui nous permet de savoir quand nous agissons en réalité ou en rêve, mais encore de distinguer entre ces deux états.
Puis me dirigeai vers la Bourse, mais appris par cette conversation et ensuite par sir Thomas Chamberlain ce que d'autres m'ont appris, que la plupart des compagnies, excepté celle des Indes orientales, ont présenté hier, à la commission parlementaire, leurs griefs contre les Hollandais. C'est, me dit-il, qu'elle ne voulait pas être considérée comme la première et la seule responsable d'une guerre avec la Hollande. Il ajouta qu'il est très probable et tout à fait nécessaire de nous brouiller avec ce peuple.
J'arrivai à la Bourse et trouvai que la plupart des gens étaient partis, rentrai donc dîner. Allai ensuite chez sir William Warren avec qui je passai tout l'après-midi, d'abord à examiner deux navires, que le capitaine Taylor et Phineas Pett faisaient actuellement construire. Ai résolu d'apprendre un peu de cet art, car je trouve que ce n'est pas difficile, mais que c'est très utile. Puis à Woolwich où Mr Pett me parla de plusieurs aspects de la mauvaise gestion de sir William Batten. Allai à pied à Greenwich en compagnie de sir William Warren, avec qui j'eus une conversation intéressante, puis par le fleuve, comme il faisait maintenant clair de lune et qu'il était 9 ou 10 heures du soir descendis à Wapping et fus reconduit sain et sauf jusqu'à ma porte par son serviteur et par lui-même, il s'en retourna ensuite chez lui. Ai passé une très bonne journée en sa compagnie. Rentré manger un morceau puis quelque temps au bureau, rentré chez moi, prières et, au lit.
3 avril
huguenots.fr Jour du Seigneur
Ayant été très las hier soir, grasse matinée. Recevant la visite de William Joyce, me levai. Il venait me demander conseil, car il est convoqué demain à la Chambre des lords pour avoir essayé de faire arrêter milady Petre pour dette. Je lui donnai effectivement conseil et le secourrai volontiers. Il resta donc la matinée, mais ne voulut point dîner avec moi, puis au bureau, expédiai les affaires. A midi rentré dîner. Comme nous étions installés avec ma femme dans la cuisine, mon père vint s'asseoir et dîna avec nous.
Après dîner il me rend compte de sa façon de procéder pour sa maison et pour ses biens. Il a presque terminé et pense retourner à Brampton la semaine prochaine. J'en suis bien aise parce que je crains les enfants de milord qui se trouvent là-bas, j'ai peur qu'ils puissent être mécontents.
Après son départ allai au bureau où fus embesogné à mettre des papiers en ordre jusque tard dans la nuit. Mais dans l'après-midi, ma femme me fit mander à la maison pour voir sa nouvelle robe ornée d'un galon d'or, j'entends, sa robe qu'elle vient de faire orner d'un galon. Elle lui va vraiment à merveille et est bien faite. Cela me fait grand plaisir.
Le soir, souper, prières et, au lit.
4 avril
Levé, allai à pied chez milord Sandwich, lui parlai de William Joyce qui m'a dit vouloir faire ce qui convenait dans une affaire délicate. Je perçois encore une certaine réserve chez lui quand je désire m'entretenir avec lui. Puis à Westminster dans la Chambre peinte, rencontrai les deux Joyce, William d'humeur fort mélancolique. Après un bref entretien allai à la Chambre des lords avant qu'ils tiennent séance et restai un bon moment. pendant lequel le duc d'York vint me parler assez longtemps du nouveau bateau de Woolwich..... et vis milady Petre, imprudente drôlesse, rameutant tous les lords à sa cause. On appela William Joyce..... je pense qu'il n'a rien dit qu'à son désavantage et fut donc remis à l'huissier de la Verge noire - c'est un jugement très sévère car il n'a agi que sur le conseil de l'intendant de milord Petre en personne. Mais l'huissier de la Verge noire donna ordre à l'un de ses messagers de l'emmener sous bonne garde. Il se laissa donc conduire à la taverne du Cygne aux Deux Cous dans Tuttle Street, dans une belle salle à manger, où il fut traité fort courtoisement, mon oncle Fenner, son frère Anthony et d'autres amis se trouvant en sa compagnie. Qui eût pu croire que cet homme, dont j'aurais juré qu'il aurait pu parler devant le monde entier, serait impressionné au point de ne plus savoir ce qu'il disait et de pleurer ensuite comme un enfant ? J'affirme que c'est fort étrange à observer.
Je les laissai pourvoir à son séjour dans cette taverne pour la nuit et préparer une requête contre son incarcération le lendemain. Partis donc au palais de Westminster, rencontrai Mr Coventry qui m'emmena dans ses appartements, en compagnie de sir William Hidkeman, membre des Communes, et personne très aimable. Nous prîmes un dîner plantureux, puis allâmes à Whitehall chez le Duc. Après un entretien sur l'état de la flotte en vue d'une guerre avec la Hollande, car c'est à cela, me semble-t-il, que le Duc souhaite qu'on aboutisse, nous partîmes au bureau où se tint notre réunion. Je pris soin de m'en aller de bonne heure, par le fleuve, vers la taverne de la Demi-Etape, échangeant tout le long des propos intéressants avec Mr Waith. Rencontrai là ma femme qui était allée se promener avec Bess, sa servante. Mais, Seigneur ! comme ma jalousie me la fit soupçonner d'avoir eu un rendez-vous avec quelqu'un ! Mais je les rencontrai, les pauvres petites, alors qu'elles s'en retournaient, donc les ramenai, mangeai et bus. Rentré à la maison et, après un moment passé au bureau, rentré, souper et, au lit.
C'était un triste spectacle, pensai-je, aujourd'hui de voir milord Petre, sortant de la Chambre, se quereller avec sa femme, dont il est séparé, à propos de cette affaire, et lui dire qu'elle le déshonorait. Mais elle a été belle et, semble-t-il, c'est maintenant une femme dévergondée mais aussi très pétulante.
5 avril 1624
Levé très tôt, allai chez mon cousin Anthony Joyce et de là avec lui voir son frère William dans Tuttle Street, où je le trouve assez gai à la suite de ce qui s'est passé hier, fier comme Artaban, sa femme venue à ses côtés et son fils ayant passé la nuit avec lui.
Restai une ou deux heures et écrivis une nouvelle requête, celle rédigée par leur avocat ne me plaisant pas. Puis à la Chambre peinte et bientôt en voiture chez milord Peterborough à qui je remis la requête en mains propres. Il promit, avec grand empressement, de la présenter aujourd'hui à la Chambre. Revins parler à plusieurs lords. Son avocat à qui William Joyce a promis 5 livres s'il est relâché, fit de même. Un grand débat eut lieu dans la Chambre, apprenons-nous, discutant du pour et du contre. Il fut finalement décidé qu'il devait être mis en liberté sous caution jusqu'à la prochaine session de la Chambre, après Pâques, s'il s'engage à comparaître. Cela ne comble pas nos espérances, mais nous ne pouvions, raisonnablement, rien attendre de mieux.
Bientôt arriva le roi et l'on adopta le projet de loi portant abrogation de la loi de triennalité, ainsi qu'un autre sur les recours pour vice de forme. Je me faufilai et entendis le discours du roi. Je n'ai de ma vie entendu si mal parler, c'est encore pire que s'il lisait d'un bout à l'autre, et il tenait son texte écrit à la main.
Puis, une fois la séance levée et après m'être enquis de l'ordre du jour, j'allai voir William Joyce et son frère et leur racontai tout. Kate s'y trouvait, c'est une belle femme, corpulente. Je ne voulais pas rester dîner, pensant rentrer dîner chez moi. Allai par le fleuve jusqu'au Pont mais, pensant que les deux frères aimeraient que je me trouve avec eux pour servir, au besoin, de caution, je m'en retournai. Mais les trouvant sortis en chercher une, il ne restait que William, sa femme, sa soeur et quelques amis venus lui rendre visite, allai au palais de Westminster puis bientôt, comme convenu, chez Mrs Lane où je fis venir une langouste que je mangeai avec Mr Sxayne et sa femme. Je plaidai vivement, en leur présence, en faveur de Hawley. Mais rien n'y fit. Pourtant j'irritai Mrs Lane en déclarant qu'elle était vieille, en lui disant ses quatre vérités. Son corps se refusait à tout badinage amoureux, donc, après être resté trois ou quatre heures, mais en prenant garde d'honorer mon serment de ne pas rester plus d'un quart d'heure avec elle, j'allai voir William Joyce. J'apprends que les instructions sont arrivées, que la caution est donnée, par son père et son frère, et qu'il paie ses frais qui s'élèvent à plus de 12 livres, outre les 5 livres qu'il doit donner à un homme et ses frais de nourriture et de boisson ici, et 10 shillings par jour tant qu'il sera en liberté sous caution. J'espère que cela lui apprendra à mieux tenir sa langue qu'auparavant.
Rentré seul avec la femme d'Anthony Joyce en parlant de la sottise de William. après l'avoir déposée, rentré chez moi où je trouve ma femme habillée comme si elle était sortie, mais je ne crois pas que ce fut le cas. Mais comme elle me répondit d'une façon qui me déplut, je la tirai par le nez, à vrai dire pour l'offenser, bien qu'ensuite, pour l'apaiser, je l'ai nié, prétendant que ce n'était que pour plaisanter. La pauvre malheureuse le prit fort mal. Outre le fait que je lui avais tordu le nez, je crois que cela lui fit mal et elle pleura donc fort longtemps. Mais bientôt nous fûmes réconciliés. Après souper, quelque temps au bureau, puis à la maison et, au lit.
Ce jour un grand nombre de négociants vinrent à une commission solennelle du Parlement pour présenter leurs griefs contre les Hollandais. Je prie Dieu de nous amener à une heureuse conclusion.
6 avril
ph.ucla.edu
Levé et au bureau où arriva bientôt John Noble, le vieux serviteur de mon père, pour me parler. Soupçonnant de quoi il s'agissait, je l'emmenai chez moi et là, seul à seul, il me dit qu'il avait rendu service à mon frère Tom lorsque celui-ci engrossa Margaret, sa servante, vilaine traînée. Elle accoucha de deux enfants dans la paroisse du Saint-Sépulcre. L'un est mort, l'autre est vivante, elle se prénomme Elizabeth et porte le nom de Taylor, fille de John Taylor. Pendant fort longtemps, semble-t-il, Tom confia cette affaire à un certain Crawly qui lui extorquait de l'argent tous les jours. Finalement, trouvant qu'il s'était fait abuser, il s'en ouvrit à John Noble, sous le sceau du secret. La première idée de Tom fut de payer une mendiante de l'autre rive pour qu'elle prenne l'enfant en charge. Ils y allèrent bien une fois, mais n'en firent rien car John Noble dit que la mère pourrait, sept ans plus tard, venir exiger l'enfant et obliger Tom à le présenter, sous peine d'être soupçonné de meurtre. C'est alors, je crois, qu'ils délibérèrent et persuadèrent, en lui donnant 5 livres, un certain Cave, pauvre petit pensionnaire de la paroisse de St Bride, de prendre l'enfant. Il promit donc de la garder pour toujours sans que cela leur coûtât rien d'autre.
Sur ces entrefaites, la paroisse accuse ce Cave d'élever cet enfant à la charge de la paroisse, et le fait envoyer par sir Richard Browne à la prison de Counter. Cave écrit alors à Tom et lui demande de l'en sortir. Tom lui répond par une lettre écrite de sa main, mais non signée, que John Noble m'a montrée, où il parle de le libérer et de se porter garant de lui, mais ne mentionne pas, de près ou de loin, la question de l'enfant. donc, autant que j'aie pu en juger, il n'y a là, pour l'essentiel, rien qui pût porter tort à mon frère. Je n'insistai donc pas pour déchirer ou pour emporter ce papier.
Après sa libération Cave exige de mon frère 5 livres supplémentaires pour que mon frère n'ait plus jamais de responsabilité vis-à-vis de l'enfant. Il fut obligé de les lui donner, et prit un engagement de 100 livres envers Cave, par-devant un notaire, un certain Hudson, je crois, de l'Old Baily, pour garantir John Taylor et ses mandataires, etc. , eu égard aux 10 livres qui lui ont été payées, contre toute difficulté ou toute dépense afférente à la nourriture, à la boisson, aux vêtements et à l'éducation d'Elizabeth Taylor. Et, semble-t-il, dans cet acte, John Noble fut considéré comme le mandataire de ce John Taylor. John Noble dit qu'il procura l'argent à Tom, et qu'il est également tenu par un autre engagement de lui payer 20 shillings supplémentaires ce lundi de Pâques. Mais il n'y a aucun papier de la main de Tom concernant aucune de ces deux sommes. Je lui dis que je vais sans doute perdre beaucoup d'argent suite à ce décès et que je ne veux rien payer de plus, quant à moi, mais que j'en parlerai à mon père cet après-midi. Il s'en alla donc.Je fus ensuite occupé toute la matinée au bureau, rentré à midi pour dîner, fort gêné par des vents. Après dîner pris une voiture et allai à Paternoster Row où achetai de la belle soie pour faire un jupon à ma femme, puis la déposai à la nouvelle Bourse. Laissant le tissu chez Unthank, allai à Whitehall. Mais comme le Conseil privé se réunissait à Worcester House, j'y allai et remis au duc d'Albemarle un mémoire concernant certaine affaire de Tanger. Puis allai chercher ma femme à la Bourse et à pied chez mon père qui emballait des affaires pour la campagne.
Je l'abordai et lui parlai de cette affaire de Tom. Le pauvre homme en fut très contrarié. Il souhaita que je parle avec John Noble et que je fasse ce qui me semble convenir en cette affaire, sans l'y impliquer.
J'allai donc voir Noble et vis l'engagement de Cave ainsi que la lettre de Tom mentionnée ci-dessus. Somme toute, je pense qu'il pourra en résulter de la honte, mais qu'il sera difficile, après tout ce que je vois, de prouver que cet enfant est bien le sien. Puis chez mon père, lui dis ce que j'avais fait et comme j'avais apaisé Noble en lui disant que, bien que nous ayons résolu de ne plus payer de notre poche, cependant, s'il peut prouver qu'il y a vraiment dette et justifier qu'il nous revient de l'honorer, nous agirions comme il le faut pour l'honorer. Je dis aussi que j'acquitterais avant mes propres dettes.
Mon père et moi sommes donc modérément satisfaits, quoique fâchés de penser que mon frère était, à tous égards, un gredin. Je ramenai ma femme à la maison en voiture, puis au bureau, tard avec sir William Warren. A la maison, souper, au lit.
J'ai entendu dire aujourd'hui que les Hollandais ont commencé les hostilités en accordant des lettres de marque sur nous. Mais je n'en crois rien.
7 avril
Levé et au bureau où réglai les affaires. Bientôt arrivent sir William Warren et le vieux Mr Bond afin de me résoudre des questions concernant les mâts et leurs proportions. Mais il ne sut guère me convaincre, je ne le gardai donc pas longtemps et nous prîmes congé. Au bureau travail jusqu'à midi, puis à la Bourse où l'on parle beaucoup de la protestation des Hollandais contre notre Compagnie royale en Guinée et de l'octroi à des capitaines de lettres de marque sur nous. Tout le monde s'attend à une guerre, mais j'espère qu'il n'en sera pas ainsi et que ce n'est pas vrai. Puis à dîner où ma femme fit donner une bonne fricassée de veau à la française pour dîner. Ensuite au bureau, fâché de voir comme sir William Batten a organisé le travail cet après-midi.......... Le soir, après un long entretien et après m'être tranquillisé l'esprit par une conversation avec sir William Warren, travaillai tard. A la maison, souper et, au lit.
8 avril
Levé tôt puis au bureau, bientôt il se mit à faire beau, après une grande averse ce matin. Allai par le fleuve à Deptford avec sir William Batten, prenant au passage son fils Castle, avec qui je n'échangeai mot de la lettre qu'il m'écrivit l'autre jour. Après un tour dans l'arsenal, je l'accompagnai à l'hospice pour voir le bâtiment qu'il a l'intention de construire pendant son mandat comme grand Maître de Trinity House. C'est du beau travail. Avec quelle simplicité il répondit à la question de quelqu'un lui demandant s'il envisageait de mettre les armes de la corporation sur la porte, ainsi qu'à d'autres remarques ! Il n'en nia pas l'utilité, mais dit qu'il laisserait ce nom au grand Maître qui lui succéderait .
Je pris congé de lui et retournai à l'arsenal du roi, où m'enquis de l'affaire des fanaux de poupe. Je trouve l'occasion de corriger considérablement ce que j'ai mis dans le contrat avec l'argenteur. Résolus, bien que je ne sache comment, de le leur faire amender, bien qu'ils l'aient signé hier soir. Ramenai donc Stanes en bateau avec moi, tout en en discutant. Il viendra à la raison quand je lui ferai comprendre ce dont il s'agit.
Nous n'avions pas sitôt débarqué qu'il tombe une terrible averse de pluie et de grêle, j'entrai donc dans une boutique de cannes et en achetai une pour marcher, au prix de 4 shillings et 6 pence, faite d'une seule pièce.
Rentré chez moi dîner, eus un excellent dîner de vendredi saint, soupe de pois et tourte aux pommes.
Puis au bureau tout l'après-midi préparer un nouveau registre pour mes contrats. Cet après-midi arrivèrent les globes pour le bureau, fabriqués à ma grande satisfaction. Le soir brève visite à sir William Penn qui ressent de nouveau, depuis un ou deux jours, les atteintes de sa vieille maladie. Ensuite promenade dans le jardin avec ma femme, puis au bureau un moment, et à la maison pour le seul repas de carême que j'aie jamais eu avec des gâteaux et de la bière. Puis au lit.
Ce matin, de bonne heure, Smith, le maître d'équipage de Woolwich, vint au bureau me citer un remarquable exemple de friponnerie commis par les officiers de l'arsenal et par Mr Gold, au sujet d'un contrat passé par Mr Wood pour de vieux cordages. Je crois bien que je trouverai que sir William Batten est de la partie.
9 avril 1664
Dans la nuit, je ne sais si c'est pour avoir pris froid, ou pour avoir eu l'esprit trop préoccupé de l'affaire de Stanes concernant l'argenterie pour la marine, car j'en eus l'esprit contrarié toute la nuit, je me réveillai vers une heure du matin, ce qui m'arrive rarement, et pissai un peu, mais avec grande douleur. Continuai d'avoir sommeil mais eus une température élevée toute la nuit, ayant très chaud et souffrant un peu. Je dormis un peu vers le matin. Au réveil me sentais mieux mais eus encore mal en pissant. Me levai, les vêtements couverts de sueur, je l'avoue, et il faisait assez froid ce qui, je crois, pourrait aggraver le mal, car je continuai d'avoir froid et d'être près de trembler toute la matinée, si ce n'est que les problèmes avec sir John Mennes et sir William Batten me réchauffèrent. A midi rentre dîner à la maison, de tripes. Bien que ne me sentant pas bien, sortis avec ma femme en voiture pour aller chez son tailleur et à la nouvelle Bourse, puis chez mon père, à qui je dis un mot. Rentré à la maison, j'avais mal au coeur et vomis, ce qui n'est pas mon habitude, bus ensuite un ou deux verres d'hypocras et allai au bureau expédier les affaires urgentes. A la maison et au lit. Dormis très bien grâce à du mithridate.
10 avril
lemalesaint.fr Jour du Seigneur
Grasse matinée, puis me levai et ma femme s'habilla car c'était Pâques. Mais comme je n'étais pas assez bien pour sortir elle resta à la maison avec moi, quoique contre son gré, car elle avait mis sa nouvelle robe, la plus belle qui, maintenant, est vraiment magnifique avec son galon d'or. Ce matin son tailleur apporta sa nouvelle robe de soie neuve, décorée d'un galon plus mince et le nouveau jupon que j'achetai l'autre jour, tous deux très beaux.
Nous avons passé la journée en aimable conversation et en compagnie l'un de l'autre à lire dans le livre du Dr Fuller ce qu'il dit de la famille des Clifford et des Kingsmill. Et le soir, comme je me trouvais mieux pour avoir pris un clystère qui m'enleva beaucoup de vents. Après souper, le soir, allai au lit et dormis bien.
11 avril
Grasse matinée, devisant avec ma femme, puis me levai et allai dans mon cabinet de travail préparer des papiers pour m'entretenir avec mon père qui viendra coucher ici, des affaires de la campagne. Bon dîner avec ma femme à la maison. Je ne me sentais pas encore complètement rétabli car j'urinais douloureusement, mais étais beaucoup mieux, toute crainte d'accès de fièvre ayant disparu.
Dans l'après-midi mon père vint nous voir. Après son départ je remontai vaquer à mon travail du matin, dans la soirée quelque temps au bureau, puis visite à sir William Batten qui est de nouveau malade. A la maison, souper et, au lit.
12 avril
Levé, après que ma femme se fut très bien habillée en mettant sa nouvelle robe galonnée d'or, et vraiment très belle, William Howe venant également nous voir, je l'emmenai, en voiture, chez mon oncle Wight et l'y déposai. Avec William Howe allai au café, où nous parlâmes de lui trouver une place avantageuse au service de milord, s'il doit prendre la mer. Je serais heureux de lui obtenir une place de secrétaire et d'évincer Creed si possible, car c'est un gredin fourbe et roué.
Puis un moment à la Bourse d'où je l'emmenai chez mon oncle Wight, où dînèrent mon père, pauvre homme mélancolique autrefois si plein de vie, ainsi que le frère de ma tante, Mr Sutton, négociant dans les Flandres, bel homme très réservé, et Mr Cole et sa femme. Mais, Seigneur ! que j'adorais autrefois la conversation de cet homme ! et maintenant je le trouve que très ordinaire. Son fils est vraiment un joli garçon mais, malheureusement, il a le nez de travers. Il y avait d'autres invités et un dîner médiocre, et rien que médiocre, pour tant d'invités. Après dîner pris une voiture, très cher car c'est la période de Pâques et que le temps est exécrable, pour aller chez milord, rendis visite à milady. Après avoir laissé ma femme, allai avec William Howe chez Mr Paget où j'entendis de la musique, pas très bonne, à l'exception d'un certain Dr Walgrave, Anglais éduqué à Rome, qui joue du luth mieux que quiconque. Rencontrai également Mr Hill, le petit négociant. A la fin nous chantâmes. Je m'en sortis assez bien avec un ou deux psaumes de Lawes. Quant à lui je vois qu'il a beaucoup de talent et chante bien, l'un de ses amis a une belle voix de basse.
Retour tard, allai à pied avec eux deux jusque chez milord, pensant chercher ma femme et les ramener à la maison, mais comme il n'y avait pas de voiture ils partirent. Je restai fort longtemps, comme il était très tard, environ 10 heures, avant de trouver une voiture. Je trouvai milord, les dames et ma femme à souper. Milord semble très gentil, mais je suis encore disposé à penser le pire et qu'il fait seulement semblant en présence de ma femme et de milady.
Rentré et trouvé mon père venu coucher à la maison. Souper et menai, pauvre homme, au lit, n'ayant jamais éprouvé plus d'amour pour lui, ni d'admiration pour sa sagesse et pour le mal qu'il s'est donné jusqu'à présent en ce bas monde, qu'en voyant comment Tom s'est comporté en affaires, et comment le pauvre homme pense à subvenir aux besoins de ses jeunes enfants et de ma mère. Mais j'espère qu'ils ne seront jamais dans le besoin. Ma femme et moi, au lit.
13 avril
Bien qu'il fut tard, passé minuit, lorsque nous allâmes au lit, j'entendis cependant mon pauvre père se lever. Aussi je sonnai mes gens, me levai et lui donnai quelque chose à manger et à boire. Sortis en voiture, car il faisait très mauvais, déposai mon père dans Fleet Street. Allai à St James où trouvai Mr Coventry, le Duc étant maintenant ici pour l'été, avec un orfèvre, triant son argenterie pour échanger la vieille contre de la neuve. Mais, Seigneur ! comme il en a beaucoup ! Je restai m'entretenir avec lui pendant deux ou trois heures, au sujet de ce qui ne va pas dans notre bureau, et moi de lui dire surtout comment sir William Batten et sir John Mennes mènent les affaires, à mon grand regret. Il semble également s'inquiéter fort à ce sujet, ainsi que pour toutes les affaires du roi traitées de la même façon partout ailleurs, et même pour les affaires domestiques du Duc, généralement avec malhonnêteté, mais surtout avec négligence et indifférence. Je lui dis haut et fort mon opinion de sir John Mennes et de l'autre, et lui fais confiance pour en faire bon usage.
Puis de parler de notre affaire avec les Hollandais. Il m'explique longuement qu'il ne croit pas que cela va aboutir à la guerre, car il me montra d'abord une lettre de sir George Downing, de sa propre écriture, où il l'assure que les Hollandais eux-mêmes ne désirent pas une guerre, mais la craignent par dessus tout, qu'ils non pas accordé de lettres de marque sur nos navires en Guinée et que de Ruyter ne maintient pas sa flotte au port à cette fin, mais par manque de vent favorable, qu'il est maintenant sorti à cette fin, mais par manque de vent favorable, qu'il est maintenant sorti et se dirige vers la Méditerranée.
Il me dit aussi que tout ce qu'il espère c'est que le Parlement présentera les griefs des négociants au roi, en le priant de protéger ses sujets contre les Hollandais. Et bien que le Parlement ne puisse peut-être pas en voir l'utilité immédiatement, cependant cela suffira à faire savoir aux Hollandais que le Parlement ne s'oppose pas au roi, et cela leur fera perdre l'espoir de voir le roi d'Angleterre incapable de se procurer de l'argent ou d'agir en vue d'une guerre contre eux. Ils se croyaient dégagés de l'obligation de restituer quoi que ce soit, ce en quoi ils verront ainsi qu'ils se trompent.
Il me dit aussi que les Etats hollandais ne sont pas eux-mêmes en bon ordre, qu'il y a des différends entre eux et, qu'assurément, seuls les Etats de Hollande et de Zélande participeront à une guerre, les autres considérant, comme ils sont à l'intérieur des terres qu'ils ne tireront profit de la guerre ni de la paix.
Mais c'est intéressant d'entendre ce qu'il dit. D'après lui ceux qui à la Cour sont partisans de la guerre apparaissent aux yeux de tous comme n'ayant d'autre dessein que de mettre de l'argent dans les poches du roi. Ceux qui ailleurs se déclarent pour la guerre ont pour dessein de troubler l'ordre dans le royaume et de donner aux fanatiques l'occasion de frapper. Et enfin, ceux qui sont contre la guerre, ainsi lui-même par exemple, est assez réservé à ce sujet, ont la réputation de se laisser corrompre par les Hollandais.
Après cette longue conversation, il m'emmena dans son carrosse, car il pleuvait encore, à Charing Cross et là me mit dans une voiture, et, passant prendre mon père et mon frère, je les emmenai chez moi pour dîner, ma femme gardant le lit tout le jour car elle est indisposée.
Tout l'après-midi au bureau avec William Bodham à examiner ses comptes de la Caisse des invalides de Chatham qui montrent bien quel escroc est le commissaire Pett depuis le début, et comment sir William Batten a continué en prenant de belles sommes pour se rémunérer, lui et d'autres, avec l'argent des pauvres. Tout sera dévoilé avec le temps.
Dans la soirée allai voir sir William Penn puis rentrai chez moi auprès de mon père pour lui tenir compagnie, car il doit quitter Londres. Veillai tard avec lui et avec mon frère John, jusque passé minuit, pour préparer convenablement les comptes de Tom, de façon à les remettre à mon cousin Scott. Enfin nous en avons terminé, après souper tous, au lit.
14 avril 1664
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Levé tôt. Après que mon père eut mangé, je l'accompagnai à pied jusqu'à Milk Street, lui tournant pour descendre jusqu'à Cripplegate, prendre une voiture. Au bout de la rue je pris congé, craignant fort de ne plus le voir ici, tant il décline chaque jour. Je continuai à pied, ne trouvant pas de voiture avant d'arriver à Charing Cross où le colonel Frowde me prit et me conduisit à St James, où discutai avec Mr Coventry, Povey, etc, des comptes de milord Peterborough. Mais, Seigneur ! c'est très étrange de voir comme ce Povey peut paraître fat avec toute son affectation. Puis à Whitehall......
Allai ensuite à pied, avec Creed, au café de Covent Garden, où ne se trouvait personne, mais il me raconta maintes belles expériences réalisées à Gresham College, et comment on a démontré que la température de l'air dilate et contracte la substance même du verre. Ainsi si l'on plonge un matras plein d'eau froide dans l'eau chaude, la dilatation du verre fait d'abord baisser le niveau de l'eau et ensuite, lorsque la chaleur de l'eau augmente, le niveau monte. Si on le plonge ensuite dans l'eau froide, cela fait monter le niveau de l'eau par contraction du verre. Et lorsque l'eau se refroidit le niveau baisse, ce qui est très intéressant et vrai, il l'a vu expérimenter.
Rentrai à la maison en voiture et dînai à l'étage avec ma femme, à son chevet, elle garde le lit car elle est indisposée. Puis au bureau : vive querelle avec Wood et Castle au sujet de leurs mâts de Nouvelle Angleterre.
Dans la soirée, l'esprit un peu contrarié, pourtant sans raison, car mon avis prévaudra, j'espère, pour le bénéfice du roi. A la maison, souper et, au lit.
15 avril
Levé. Toute la matinée chez moi avec le capitaine Taylor à parler de questions de marine...........
A midi à la Bourse où je rencontrai Mr Hill, le petit négociant qui, je crois, va me faire connaître un musicien à engager. Mais je veux que cela se passe le plus simplement du monde.
A la maison, dîner. Puis allai, avec ma femme, en voiture, au Théâtre du Duc, où vîmes une représentation de La Princesse allemande, jouée par l'héroïne elle-même. Mais jamais histoire si bien menée et avec sérieux ne fut plus mal jouée, comme pour plaisanter sur scène. A dire vrai, toute la pièce, hormis le comique de celui qui joue le rôle de son mari, est très simple, excepté une ou deux réparties spirituelles çà et là. Nous rencontrâmes le Dr Clerck et nous plaçâmes près de lui. Et puis repris le chemin de notre domicile, passant chez Madame Turner. Déposai ensuite ma femme chez ma tante Wight, allai au bureau jusque tard et puis, à dix heures du soir, vins la chercher pour la ramener. Retournai un court moment au bureau, puis souper et, au lit.
à suivre........
16 avril 1664
Levé, puis........