dimanche 27 janvier 2013

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 10 ( journal Samuel Pepys Grande Bretagne )




violes fresques italie


                                                                                                         17 février 1660

            Ce matin, Tom, qui était le valet de pied de milord ; vint me voir et je lui remis 10 shillings sur son argent que je suis chargé de garder. Si bien que je n'ai plus maintenant que 35 shillings à lui. Ensuite Mr Hill le facteur d'instruments, vint et je discutai avec lui des possibilités de modifier mon luth et ma viole. Après son départ, j'allai dans mon cabinet et je fis mes comptes : il apparaît que j'ai 40livres devant moi. C'est là toute ma fortune. Puis au bureau d'où je ramenai Mr Hawley dîner à la maison ; après dîner j'écrivis une lettre à Mr Downing au sujet de son affaire, et je la remis à Hawley ; ensuite, j'allai à l'église de Mr Gunning pour son jeûne hebdomadaire ; j'y retrouvai Monsieur l'Impertinent et, après le sermon j'allai avec lui me promener dans le parc jusqu'à ce qu'il fasse nuit. Je jouai de ma flûte à l'Echo, puis nous prîmes une chope de bière chez Jacob. Ensuite, au palais de Westminster où il m'accompagna ; nous y apprîmes que certains députés étaient partis voir certains des députés exclus et le général Monck dans la Cité. Nous nous rendîmes ensuite à Whitehall espérant en apprendre plus. J'y rencontrai Mr Hunt, qui me rapporta que Monck avait fait transporter tous ses biens dans la Cité. Et, cependant, il m'a dit que certains des membres du Parlement avait emmagasiné du combustible dans leurs logements de Whitehall pour un bon bout de temps. De sorte que personne ne sait au juste ce qu'il va advenir, si Monck va continuer à soutenir le Parlement ou non. Puis Mr l'Impertinent et moi sommes allés chez Mr Harper et avons bu un verre ou deux en l'honneur du roi et à la santé de sa jolie soeur Frances dont nous avons beaucoup discuté ; sa beauté n'avait pas trop souffert de la petite vérole qu'elle avait eue l'été dernier. Puis à la maison, et au lit.
 Aujourd'hui nous étions invités à la réception donnée pour le vingt-septième anniversaire de mon oncle Fenner, mais nous n'y sommes pas allés. -
                                                                                                          18 février 1660


                                                                                                      violes et clavecin national museum allemagne
            J'ai consacré un grand moment à jouer de la viole et à travailler ma voix, et j'ai appris à chanter Fly boy, fly boy sans partition. ensuite au bureau où il n'y avait pas grand chose à faire. A Palais je rencontrai Mr Edlin et un certain Looker, jardinier renommé, domestique chez Mr Salisbury. Entre autre chose le jardinier nous raconta une étrange histoire vraie : Mr Edlin aurait jadis en sa compagnie mis le doigt qui, du fait qu'il avait un abcès, était recouvert d'un doigtier noir, dans le ventre d'une femme qu'il appelait Nan ( je crois deviner de qui il s'agit ) et aurait laissé le doigtier dans le ventre de cette femme. Mr Edlin rougit mais ne nia pas les faits. En vérité, cette histoire m'a vraiment navré et j'y ai longtemps pensé ensuite. A la maison pour dîner ; j'allai ensuite au logis de milord dans ma tourelle et j'y pris la plupart de mes livres que je fis rapporter chez moi par ma servante. Le capitaine Holland vint me voir là-bas et m'emmena ainsi que Mr Southorne le secrétaire de Blackborne, à la taverne de la Demi-Lune. Puis il m'emmena à la Mitre dans Fleet Street où ( dans une salle située au-dessus de la salle de musique ) nous entendîmes très bien à travers le plafond. Nous nous quittâmes, j'allai voir Mr Wotton et nous allâmes boire dans une taverne ; il me raconta nombre d'intrigues de comédies qu'il a jadis vu jouer et le nom des principaux acteurs, et il m'en fit un fort bon récit. Ensuite à Whitehall où je retrouvai Llewellyn ; dans le bureau du secrétaire du Conseil j'écrivis une lettre à milord. Puis à la maison et au lit. Aujourd'hui deux soldats ont été pendus dans le Strand, pour avoir participé à la mutinerie de Somerset House.


                                                                                                         19 février 1660
                                                                                                       jour du Seigneur

            De bon matin, je rangeai dans mon cabinet d'étude les livres que j'ai rapportés hier. Ensuite, j'allai chez Mr Harper boire de la bière chaude mélangée de genièvre ; Monsieur l'Impertinent m'y rejoignit, comme convenu ; il voulait, comme je l'en avais prié, m'accompagner à l'église Saint-Bathélémy pour écouter un certain Mr Sparkes ; mais comme il pleuvait très fort nous allâmes à l'église de Mr Gunning, où nous entendîmes un excellent sermon. A propos du portrait que font les Écritures d'Anne, mère de la bienheureuse Vierge Marie, il vanta abondamment les mérites du veuvage, par opposition à notre coutume d'épouser deux ou trois femmes ou maris, l'un après l'autre. A l'église je rencontrai Mr Moore et l'accompagnai chez lui pour dîner ; il me raconta les discussions entre les députés exclus et les députés qui siègent au Parlement en présence de Monck, vendredi dernier ; les députés exclus dirent qu'ils ne venaient pas dans l'intention de se venger des parlementaires, mais seulement pour les rencontrer et dissoudre le Parlement, afin d'envoyer les lettres pour procéder à l'élection d'un Parlement libre.
            Il me raconta que Hesilrige avait peur de se faire précéder d'un porte-torche, de crainte que les gens ne le reconnaissent et ne s'en prennent à lui. Et qu'il a peur de se montrer dans la Cité. Qu'il y a de grandes chances pour que les député exclus viennent, et qu'en conséquence Mr Crew et milord risquent de devenir de grands hommes, ce qui m'a réjoui.
            Après dîner, un nombre important de députés exclus vinrent chez Mr Crew : comme c'était le jour du Seigneur, Mr Moore en a déduit qu'il y avait là quelque chose d'extraordinaire.
            Je rentrai ensuite à la maison et emmenai ma femme entendre Mr Messum à l'église. En vérité, il fit un très bon sermon, quoique trop éloquent pour un prêche. Mr l'Impertinent m'aida à trouver un siège. Après le sermon, chez mon père, nous discutâmes de notre projet d'aller la semaine prochaine à Cambridge avec mon frère John.
            Chez Mr Turner où se trouvait son frère, Mr Edouard Pepys ; je restai un grand moment avec lui, à bavarder des affaires de l'Etat. Puis, chez mon père  pour souper ; pendant tout le repas nous avons discuté du départ de John pour Cambridge.
            Puis nous prîmes le chemin du retour ; comme il pleuvait ma femme mit le manteau de ratine de ma mère et le chapeau de mon frère John ; nous rentrâmes ainsi à la maison. Et au lit.


                                                                                                                  20 février 1660
                                                                                                                                
                                                                                                                               ange au luth fribourg
            Ce matin, je jouai de mon luth. Puis, au bureau où mon collègue et moi fîmes nos comptes.Le ramenai à la maison pour dîner et mon frère John vint dîner avec nous. Après le dîner je l'emmenai dans mon cabinet de travail personnel, puis au domicile de milord et je lui donnai quelques ouvrages et d'autres affaires en vue de son entrée à Cambridge. Après son départ je me rendis au palais de Westminster, où je rencontrai Chetwind, Simons et Gregory ; nous allâmes tous chez Marsh à Whiehall prendre un verre ; nous y restâmes un bon moment et nous y lûmes un pamphlet bien écrit, adressé au général Monck, qui faisait l'éloge de la forme de monarchie qui existait dans ce pays avant les guerres.
            Ils m'apprirent que le président Lenthall refuse de signer les convocations en vue de l'élection de nouveaux députés pour remplacer les députés exclus ; de sorte que les convocations ne partiraient pas aujourd'hui. Dans la soirée Simons et moi allâmes au club du Café où il ne se passait rien. J'y entendis seulement Mr Harrington, milord Dorset, et un autre lord, parler de trouver un autre local comme le Cockpit ; ils pensaient que cela pourrait se faire. Après une courte discussion  sur la question de savoir
si les sujets érudits sont préférables aux sujets non érudits, les membres du club se séparèrent pitoyablement et je ne crois pas qu'ils se réuniront à nouveau. Je partis avec Vines, etc. chez Will, et après un pot ou deux à la maison ; ensuite au lit.
                                                   

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