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16 Décembre 1662
Levé et au bureau arrivent Mr Coventry et sir George Carteret. Entre autres affaires celle de Strutt le commissaire de Marine contre le commandant Browne, beau-frère de sir William Batten. Mais grand Dieu.... quel personnage difficile que ce Strutt, jamais je n'en ai vu de pareil. Il a tant parlé, et nous aussi pour le calmer, que j'en ai eu grand mal de tête tout l'après-midi.
Puis à dîner avec le capitaine Murford qui m'apprend ce qu'on pense de moi et que tout le monde croit que Mr Coventry, Pett et moi sommes ligués, et que dorénavant rien ne nous résiste. Et bien d'autres choses, en particulier sur moi et mon application au travail, etc, ce qui me fait grand plaisir.
Après dîner visite de Mrs Browne à ma femme et moi, et je lui fis bon visage, et en vérité son mari a été courtois envers nous. Mais malgré mes bonnes paroles je crains de ne pouvoir faire grand chose pour son mari dans l'affaire de Strutt, car il n'y a pas de doute, il a usé abusivement de lui.
, Rentrai en voiture à la maison, et à mon bureau. Fis quelque travail et à la maison, souper et, au lit.
17 Décembre
Ce soir sont arrivés Mr Leigh, Wade et Evett, avec l'intention de reprendre notre projet de la Tour aujourd'hui, mais comme il pleuvait et que le travail se fait en plein air, dans le jardin, nous le remîmes à vendredi prochain. Allai donc travailler au bureau, puis dînai à la maison avec ma pauvre femme avec grand plaisir, puis retour au bureau où je terminai l'examen du second des livres de Mr Hollond sur la Marine, qui me satisfait fort. Puis traitai d'autres affaires jusqu'au soir et rentrai souper. Et après avoir beaucoup joui de la compagnie de ma femme et de sa conversation, au lit.
18 Décembre
Levé et au bureau seul avec Mr Coventry. Réunion jusqu'à 2 heures, il s'invita alors chez moi à dîner, ce dont je fus fier. Mais mon dîner était un gigot de mouton et deux chapons et ils n'étaient pas assez cuits. Cela me contraria, mais nous réussîmes à le satisfaire, je crois. Mais quand il fut parti je fus très fâché contre ma femme et mes gens.
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Cet après-midi arrivèrent le frère de ma femme et sa femme et Mrs Lodum sa propriétaire, soeur de mon vieil ami Mr Ashwell. La femme de Balty est très petite, mais elle n'est plus jeune, elle n'est pas belle et n'a rien du tout d'agréable, mais on dit qu'elle joue extrêmement bien de la basse de viole. Ils ont dîné chez son père aujourd'hui mais, pour autant que je sache, c'est un sage qui ne donnera rien à sa fille tant qu'il ne saura pas ce que son mari se décide à faire, de sorte que je crains qu'il n'ait pas fait une bonne affaire. Mais je suis décidé à ne point m'en mêler.
Après leur départ, allai au bureau et voir sir William Penn avec ma femme, puis voir Mr Cade le libraire pour lui donner des instructions sur mes deux exemplaires des livres de Mr Hollond qu'il doit relier, et après avoir acheté plusieurs choses je revins à mon bureau puis rentrai souper et, au lit.
19 Décembre 1662
Levé et comme prévu allai à la Tour avec Mr Leigh, Wade, Evett et des ouvriers. Avec la permission du lieutenant je les mis au travail au jardin dans le coin qui est contre la garde principale, endroit bien inattendu. Comme il faisait froid restai avec Mr Leigh jusqu'à 3 heures au coin du feu dans le logis du gouverneur. Je lus une pièce de Fletcher
" Une épouse pour un mois ", il n'y a là-dedans ni beaucoup d'esprit, ni beau langage. Puis nous allâmes retrouver les travailleurs et, comme ils étaient descendus au-dessous des fondations du mur, je leur ordonnai de renoncer. Et ce fut la fin de toutes nos espérances. Puis je rentrai emmenant Mr Leigh, après avoir bu un gobelet de vin, il partit et j'allai à mon bureau où je lus dans le livre de William Petty, et à la maison, et au lit, un peu mécontent de ma femme qui, la pauvre, souffre de sa vie solitaire, ce à quoi je ne sais pas encore, à moins d'une grande dépense, comment remédier, mais j'y réfléchirai.
20 Décembre
Levé, et Prior de Brampton m'apporta 100 livres qui complètent le prix d'achat de la maison de Barton et quelque terre. Puis au bureau et avec Mr Coventry, dans son carrosse à St James, plein de satisfaction et de fierté de le voir me traiter avec tant d'amitié, et dînai avec lui. Puis ensemble à Whitehall où nous nous rendîmes en vertu de la commission de Tanger et discutâmes de nombreuses questions. Mais on ne fera pas grand chose avant que milord Ruthford y arrive pour ce qui est de la fortification ou de la jetée.
Cela fait, avec milord Sandwich promenade un grand moment dans la grande galerie. Il me raconta ses récentes investigations dans l'affaire de la Garde-Robe qui lui donnent satisfaction, et il m'expose la situation, que la première année lui rapporta environ 3 000 livres et les suivantes à peu près autant. De sorte qu'aujourd'hui, s'il était payé cela lui vaudrait 7 000 livres. Mais ce qui me fait le plus grand plaisir, c'est de le voir me prendre pour confident. Je luis dis adieu, car il part lundi prochain fêter noël à la campagne.
Rentrai en voiture, et à mon bureau car c'est soir de courrier, puis rentrai et, au lit.
21 Décembre
google.fr Jour du Seigneur
Fis la grasse matinée, puis allai à l'église et rentrai dîner seul avec ma femme, fort agréablement. Allai ensuite chez mon frère. Il me dit qu'il conserve encore quelque espoir de mener à bien son affaire avec sa maîtresse, mais je vois qu'ils s'en tiennent à des conditions auxquelles il ne lui sera ni convenable ni possible de consentir. Ses propos me déplurent donc et je lui conseillai d'y renoncer.
Me rendis ensuite à pied à Whitehall et à la Chapelle. Je montai et parcourus le palais et les galeries dans l'aile du bâtiment où se trouvaient les appartements du roi et de la reine, puis traversant le jardin, au logis de milord. Se trouvaient là plusieurs personnes et milord Sandwich, de sorte que nous eûmes fort bonne musique. Au bout d'un moment arrive ce benêt de milord Chandos. Il se mit à chanter des psaumes de façon si ennuyeuse que j'en étais excédé. Milord Sandwich est allé se coucher après avoir discuté avec moi de ses affaires, je partageai alors avec Mr Creed et le capitaine Ferrer un pâté d'oie froid, confectionné par Mrs Sarah et, minuit passé avec Mr Creed à son logis, et avec lui, au lit et dormi jusqu'à 6 ou 7 heures. Levés, au coin du feu lûmes une bonne partie de
" Conseils à une fille " qu'un sot de freluquet a écrit en réponse à Osborne. Une absurdité imprimée. Puis chez milord qui se prépare à partir pour Hinchingbrooke. Après avoir mangé et causé, de m'avoir dit sa pensée, comme je m'informais de Sarah, mariée semble-t-il depuis peu et devenue grande ivrognesse, ce qui me fait honte, il me dit qu'il est satisfait de la façon dont elle le sert et qu'il n'aime pas de visages nouveaux, mais que son vice il ne saurait le tolérer. Il me demande de lui parler et de la conseiller si elle désire rester avec lui. Ce que je ferai.
Milord parti, Mr Coventry au parc avec le Duc, mon petit laquais étant là avec mes affaires toutes prêtes, je mis mon habit de cheval et le suivis en traversant Whitehall, et dans le parc les gens de Mr Coventry avaient mis à ma disposition un si beau cheval que j'avais presque honte de le monter, plus de peur que de mal. Je suivis le Duc et ses gens et fis une promenade. Puis le Duc nous dit d'aller à Woolwich. Avec Mr Coventry passâmes à l'aviron à Lambeth nos chevaux arrivant par le bac. Arrivés nous mangeâmes et bûmes chez Mr Pett et conversâmes bien des affaires et décidâmes de mettre en pratique ma conception des registres de rôles qui rendent de grands services. De retour vinrent la nuit et le mauvais temps, je retrouvai mon petit laquais, oublié et qui m'a cherché tout l'après-midi, rentrai en voiture les pieds tout mouillés et glacés. Je me changeai et après la visite du barbier ma femme et moi lûmes
Les Métamorphoses d'Ovide que je lui ai apportées ce soir de l'enclos de Saint-Paul, et au lit. et dormis ferme jusqu'à 8 heures ce matin. Levé et au bureau où je trouvai sir John Mennes et sir William Batten arrivés inopinément hier soir de Portsmouth, ayant terminé la paie. Réunion toute la matinée, à midi dînai seul avec ma femme, puis après au coin du feu je fis mes comptes avec elle et je trouve que mes dépenses ordinaires du ménage sont de 7 livres par mois, ce qui est beaucoup. Puis arrive le Dr Pearse qui me dit que l'influence de Mrs Castlemaine à la Cour s'accroît et est plus importante que celle de la reine, qu'elle a introduit sir Henry Bennet et sir Charles Berkeley, mais que la reine est une excellente personne et prend les choses avec toute la douceur possible. Il me dit aussi que Mr Edward Montagu est tout à fait perdu à la Cour, de réputation et d'argent, qu'il eut récemment une querelle avec milord Chesterfield, calmé par le roi qui est d'ailleurs fort malheureux de la maladie du chancelier toujours aussi puissant auprès du roi.
Il me dit aussi que tout le monde dit que Mr Coventry et moi faisons presque tout le travail du bureau, ce dont je suis bien fier.
Lui parti je me mis au travail, il y en avait beaucoup mais je l'avais terminé avant 9 heures du soir et je rentra. Après souper, au lit.
24 Décembre
Restai au lit à causer agréablement avec ma femme jusqu'à 8 heures. Levé et allai chez sir William Batten, sir George Carteret et sir John Mennes partis en voiture faire la paie à Chatham. Je rentrai et mis de l'argent dans ma poche pour payer aujourd'hui de nombreuses factures, en ville, celle de mon libraire, et dans une autre boutique 4 livres et 10 shillings pour le Thesaurus Graecae Linguae d'Estienne, que j'ai donné au Collège Saint-Paul. Puis chez mon frère et mon bottier, puis dîner chez milord Crew, causâmes seuls de bien des sujets. Je comprends qu'il y a de grandes factions à la Cour. , il a eu une parole qui impliquait un désaccord probable dans l'avenir entre le roi et le Duc au cas où la reine ne serait pas engrossée, je veux parler de ce bâtard, il dit aussi qu'un certain grand personnage sera pris à partie quand le Parlement viendra à siéger de nouveau, je suppose que c'est le chancelier. Et qu'un projet de loi va être déposé rendant inapte à toute charge quiconque aura porté les armes pour le Parlement, que la Cour est lasse de milord Albemarle et du chambellan. Il voudrait que milord Sandwich ait quelque bonne occasion d'être hors du pays l'été qui vient., et que milord Hinchingbrooke fasse un bon mariage et que Sidney ait une place à la Cour. Il a compassion des pasteurs chassés, que c'est à eux que le roi doit son retour, il parla aussi de l'instruction des jeunes gens de bonne famille comme marins, et je m'en fus.
Rencontrai Mr Creed chez mon libraire. Il prend ma lettre d'hier soir à Mr Povey où je l'accuse d'incurie à propos des navires pour Tanger. J'avoue ne pas avoir agi tout à fait en ami. Mais c'était la vérité, quand même je me brouillerai avec lui.
Au bureau où je travaillai seul......... Rentrai, souper et au lit. Ma femme n'est pas bien ayant ses menstrues.
Dans la soirée reçus de Mr Gauden, pour Noël, une grande échine de boeuf et trois douzaines de langues. Donné 5 shillings à celui qui me l'apporta et une demi-couronne aux porteurs. Aujourd'hui le clerc de paroisse a apporté la table générale de mortalité qui m'a encore coûté une demi-couronne.
25 Décembre 1662
visitlondon.com Jour de Noël
Levé de bonne heure, laissé ma femme indisposée au lit. Je sortis avec mon petit laquais car il faisait un très beau temps, gel et froid, et je fis une très agréable promenade jusqu'à Whitehall. J'avais l'intention d'y communier avec la famille, mais j'arrivai un peu trop tard. J'entrai donc dans le palais et passai mon temps à regarder des tableaux, en particulier les navires qui amenèrent le roi Henry VIII à Boulogne, et remarquai la grande différence entre la construction de leur époque et celle d'aujourd'hui. Puis je redescendis à la Chapelle où l'évêque Morley prêchait sur le cantique des anges ( Gloire à Dieu au plus haut des cieux...... ) Le sermon m'a semblé misérable, réprouvant les réjouissances de la Cour, confondues avec la vraie joie qui est et doit être en ces jours. Il a détaillé leur passion excessive du théâtre et du jeu, disant que celui dont la charge est de maintenir la discipline et des limites décentes parmi les joueurs préfère servir de second dans les duels, voulant parler du maître des jeux. On était loin de prendre au sérieux les réprobations d'un évêque, tout le monde riait dans la chapelle, ce qui était remarquable.
Il nous exhorta fortement à la joie en ces jours de joie publique et à l'hospitalité. Mais quelqu'un à côté de moi me chuchota que l'évêque pour sa part ne dépense pas un sou pour les pauvres.
Un beau motet suivit le sermon, accompagné de violes, puis le roi s'approcha pour recevoir le sacrement, mais je ne restai pas. Pris mon petit laquais à la maison de milord, donnai de bons conseils à Sarah, selon l'ordre de milord de ne pas s'enivrer et de s'occuper de la maison, et rentrai encore à pied, avec grand plaisir. Je dînai au chevet de ma femme avec beaucoup de satisfaction, d'un plat d'excellente bouillie aux raisins et d'un poulet rôti. J'envoyai au-dehors chercher un pâté, ma femme n'étant pas encore assez bien pour en faire elle-même. Je restai un bon moment à causer avec elle moins souffrante, puis j'allai chez William Penn et à mon bureau à faire seul des exercices d'arithmétique et terminer le livre d'hier soir, avec grande satisfaction, jusqu'à onze heures du soir.
Et rentrai, et soupai, et au lit.
26 Décembre
Levé. Ma femme occupée toute la journée à faire des pâtés de Noël. Moi je sortis pour de petites affaires, achetai, entre autres, un plat à four au marché de Newgate et le fis porter à la maison. Il me coûta 16 shillings. Puis chez le docteur William, absent. Puis Mr Moore à la Garde-Robe, encore souffrant. Arriva Mr Battersby et, comme nous causions d'un nouveau livre de bouffonnerie en vers,
Hudibras, je voulus à toute force aller le chercher. Et je le trouvai au Temple. Il me coûta 2 shillings 6 pence. Mais quand je me mis à le lire, c'est une si sotte invective contre le chevalier presbytérien, que cela me fit honte et, un peu plus tard, rencontrant Mr Townshend au dîner, je le lui vendis pour 18 pence. Nous dînâmes avec de nombreux commerçants qui appartiennent à la Garde-Robe, mais je me fatiguai vite de leur compagnie, et partis, avec réticence, et allai au logis du Duc voir
Le Maraud, ce que je ne devrais pas faire sans ma femme, si ce n'est que la période pour laquelle j'avais pris mes résolutions est maintenant terminée. Mais, grand Dieu ! de voir comme mon inclination naturelle est au plaisir. Dieu soit loué de m'avoir accordé, par mes serments, de la refréner aussi bien, et je les renouvellerai, après encore deux ou trois pièces de théâtre. Cette fois la pièce me plut davantage, je la compris mieux. J'aperçus Gosnell et sa soeur. J'aurais bien eu envie de les accoster mais cela ne me parut pas prudent. J'observai leur départ et vis qu'elles étaient venues avec une autre femme, et qu'elles allaient à pied à travers champs. J'éprouve en moi le désir de la voir revenir, bien que ce soit contre mon intérêt, qu'il s'agisse d'argent ou de la paix de l'esprit, sauf pour son chant.
les5duvin.wordpress.com
Rentrai à pied en m'arrêtant chez Mr Rawlinson ne prenant qu'une chope de bière. Me dit que mon oncle a terminé son acquisition, 4 500 livres, et qu'il parle de ses difficultés avec la famille de sa femme. Mais je sais que ses véritables intentions sont de favoriser les Wright qui s'attachent à lui et lui ont conseillé l'achat de ce domaine. . Rentrai et trouvai ma femme à ses pâtés, mais fâchées de quelques paroles impertinentes de sa servante Jane. Ce que je ne permets pas, je vais donc lui donner son congé. Nous sommes aussi tous deux mécontents de quelques paroles méprisantes que Sarah, maintenant chez sir William Penn, a dites sur nous. Mais cela n'a pas d'importance, nous allons tâcher de joindre la peau du lion à la queue du renard.
Puis à mon bureau, seul un moment, et rentrai dans mon cabinet d'étude, souper et au lit. contrarié aussi par mon petit laquais qui s'attarde dehors à jouer quand on l'envoie faire une course, de sorte que je l'ai envoyé ce soir voir si le roulier de son pays est à Londres, car je suis décidé à le renvoyer.
27 Décembre 1662
Levé et tout en m'habillant je fis appeler le frère de mon petit laquais, William qui demeure ici à Londres où il est garçon d'écurie. Je lui dis, de même qu'à leur soeur Jane, ma décision de ne plus le garder. Tout bien considéré ils demandent qu'il reste encore une semaine. Allai au bureau et travaillai avec Mr Coventry jusqu'à midi. J'allai faire un tour à la Bourse et je rentrai dîner. J'allai ensuite avec ma femme au Théâtre du Duc voir la seconde partie de Rhodes, jouée par la nouvelle Roxalana, plutôt meilleure sous tous les rapports, beauté, diction et intelligence, que la première. Rentrai très content avec ma femme mais moins satisfait de la compagnie qu'il y avait. Des bourgeois, presque aucun gentilhomme ou dame dans la salle, sauf deux jolies dames à côté de nous.bousculées par des apprentis, et qui s'en amusèrent. Retour à la maison et dans mon cabinet d'étude faire mes comptes du mois, et mon avoir est maintenant retombé à 630 livres ou à peu près, alors qu'il était de 680 livres il y a peu de temps, ce que je regrette, mais j'espère bien que Dieu me les fera recouvrer, et en attendant je veux vivre frugalement. Rentrai souper et au lit.
28 Décembre
Jour du Seigneur
Levé et à l'église avec ma femme. En sortant passâmes devant milady Batten, lui n'y était pas
( je crois que cela la vexera ). Après le dîner ma femme retourna à l'église et moi à l'église française où j'entendis un vieillard faire un sermon long et ennuyeux, si long qu'on fût obligé d'allumer des candélabres afin d'y voir pour baptiser des enfants. Au retour rencontrai mon frère Tom, sans guère lui parler, et passai aussi chez mon oncle Wight, mais il sortait. Je rentrai aussitôt et me mis à renouveler mes serments de l'an dernier. Il a plu à Dieu de me faire faire de tels progrès dans ma disposition d'esprit et dans ma conduite, puis descendis souper, puis la prière et au lit.
29 Décembre
Levé et à pied à Whitehall. Le Duc et Mr Coventry sortis j'allai à la Grand-Salle où je restai à lire dans la boutique de Mrs Mitchell et envoyai chercher une demi-pinte de xérès pour elle. Elle me raconta, ce que je ne savais pas, l'étrange façon dont ont brûlé la maison de Mr Delaune négociant dans Lothbury et sa femme, fille de sir Thomas Allen, et toute sa famille. Rien, pas un chien, pas un chat n'en a réchappé, et presque aucun des voisins n'a rien entendu avant que la maison fût complètement effondrée et consumée. Comment cela a pu se produire, Dieu seul le sait, mais c'est parfaitement étrange. Jack Spicer est venu me voir et je l'emmenai au Cygne où Mr Herbert me donna mon déjeuner d'échine de porc froide, et je m'entretins des affaires de l'Echiquier avec Spicer, et de ce que le lord Trésorier a donné l'ordre que tous les fonds fussent versés à l'Echiquier, a fixé le revenu du roi et a donné à chaque grande catégorie de dépense son affectation propre : à la Marine 200 000 livres et quelques. Il m'a raconté aussi l'immense trafic que font les orfèvres en fournissant de l'argent au roi à un taux élevé. Puis à Whitehall et montai dans la tribune supérieure de la salle des banquets pour voir la réception de l'ambassadeur de Russie. Une longue attente et la crainte que la tribune ne s'effondrât.......... Cela fut fort beau. Après leur entrée traversai la foule presque jusqu'au roi et des ambassadeurs, où je vis tous leurs présent : de riches fourrures, des faucons, tapis, drap d'or et d'argent et dents de chevaux de mer. Le roi prit deux ou trois faucons sur son poing, portant un gant ouvré d'or, donné à cette fin. Le fils d'un des envoyés portait l'habit le plus riche, par ses perles et son drap d'or. Après qu'ils eurent tous baisé la main du roi, les trois ambassadeurs et le fils, seuls, baisèrent la main de la reine. J'ai encore remarqué que le principal ambassadeur portait les lettres de son maître en grande cérémonie, devant lui, en l'air, et dès qu'il les eût remises il se jeta à terre, resta prosterné un grand moment. Puis la compagnie se dispersa, et je me promenai dans la tribune, à voir les dames, les deux reines et le duc de Montmouth avec sa petite maîtresse....... Puis avec Mr Creed à la Harpe et la Balle où se trouvaient Mr Howe, Goodroome et le jeune Coleman. Nous avons bu et causé. Et j'ai presque trouvé une jeune femme, de bonne famille, bien élevée qui me convienne pour servir ma femme, et sachant chanter. Je partis, pris une voiture et rentrai à la maison et restai jusque tard à parler avec ma femme de la proche visite de la femme du Dr Clarke et Mrs Pearse, fort soucieux de ce que ma femme n'a pas une seule robe d'hiver, presque honteux qu'elle doive se montrer en robe de taffetas quand tout le monde porte de la moire. Puis la prière et au lit. Mais nous n'avons pas pu décider que faire là-dessus, sinon qu'elle porte ce qu'elle a.
30 Décembre
Levé, au bureau arrive sir William Penn, remis et sorti pour la première fois de son attaque de goutte, et avec Mr Coventry réunion jusqu'à midi. Puis j'allai à la Bourse voir quelles pièces se jouent, mais aucune ne me plaisait et rentrai m'arrêtant chez Mr Rawlinson qui me retint à dîner avec deux officiers commandants de navires des Indes Orientales et Howell notre tourneur. Excellente conversation avec les officiers en particulier sur les habitants de Bonne-Espérance. Par expérience personnelle ils me racontent que à l'âge adulte les hommes se coupent les un aux autres un testicule ce qui, pensent-ils les aide à mieux engendrer les enfants et à engraisser, qu'ils ne se couchent jamais pour dormir mais se tiennent toujours assis par terre, que leur langage est moins articulé que le nôtre mais qu'ils se comprennent bien entre eux, qu'ils se peignent tout le corps avec la graisse que leur vendent les Hollandais, qui y possèdent un fort, et de la suie. Après cinq ou six verres de vin ( liberté que je prends avant de recommencer mon serment ) je rentrai et emmenai ma femme en voiture à Westminster. Nous rendîmes visite à Mrs Ferrer, causâmes un bon moment. Il y avait là une dame petite, fière, laide et bavarde qui faisait grand éloge de la Cour que tient la reine mère à Somerset House, la mettant bien au-dessus de celle de notre reine où on ne permet pas le rire et la gaieté. C'est donc là la Cour la plus importante. Puis à Whitehall j'emmenai ma femme voir la reine dans sa salle d'audience et les demoiselles d'honneur et le jeune duc de Monmouth qui jouait aux cartes.
Peu étaient jolies bien que toutes vêtues de robes de velours. Puis chez milord où Mrs Sarah a fait pour nous le lit de milord. Mr Creed appelé nous jouâmes aux cartes jusque tard, et bonsoir, et au lit avec grand plaisir.
31 Décembre 1662
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Restai assez longtemps au lit, puis levé et à la Grand-Salle puis au Cygne. Envoyai chercher Mr Bowyer et bus ma boisson du matin en écoutant ses simples propos............
De là chez le barbier, puis retrouvai ma femme et la menai chez Mrs Pearse où nous étions invités à dîner, arrivèrent aussi le Dr Clarke, sa femme et sa soeur et Mr Knight premier chirurgien du roi et sa femme. Ce fut assez gai, ces deux hommes étant d'excellente compagnie. J'avoue m'être libéré de l'opinion que j'avais de la beauté de Mrs Pearse en apercevant aujourd'hui son cou nu, car elle était en négligé quand nous arrivâmes et du génie de Mrs Clarke, la trouvant si recherchée et affectée dans sa toilette et son attitude, mais elle ne manque pas d'esprit.
Non sans peine, après le dîner, le Dr et moi partîmes travailler un peu, moi à la commission de Tanger où était le duc d'York, puis après un bon moment, partis afin d'organiser le départ des bateaux et des provisions pour Tanger......... Mr Povey et moi à Whitehall où il m'emmena à dessein de m'introduire au bal qui a lieu ce soir en présence du roi....... Je vois que c'est un homme du monde et un homme qui aime vivre avec noblesse et élégance comme cela se reconnaît à ce qu'il dit de sa demeure, de ses tableaux et de ses chevaux.
Il me conduisit d'abord aux appartements du Duc où je le vis ainsi que la Duchesse, à leur souper, puis me fit entrer dans la salle de bal, bondée de dames élégantes, les plus grandes dames de la Cour. Arrivent le roi et la reine, le Duc et la Duchesse et tous les grands. Quand ils se furent assis le roi donne la main à la duchesse d'York, et le duc à la duchesse de Buckingham, le duc de Monmouth à milady Castemaine et d'autres seigneurs à d'autres dames. Et ils dansèrent le branle. Après cela le roi fit danser une courante à deux à une dame, et puis le reste des seigneurs et d'autres dames. Tout cela fort noble et un grand plaisir pour les yeux. Puis des danses rustiques. Le roi demanda la première c'était, dit-il,
" Les Cocus tous en rang ", la vieille danse anglaise........ L'usage, quand le roi danse, est que toutes les dames, y compris la reine, se tiennent debout et en vérité il danse remarquablement....... Après être resté aussi longtemps que je le jugeai convenable, à ma satisfaction infinie....... je sortis, les laissant à leurs danses et me rendis chez Mrs Pearse. Tous étaient partis, après avoir attendu très longtemps mon retour, sauf ma femme. Je la ramenai donc en voiture et retournai chez milord où, après un léger souper, allai au lit, très fatigué et ayant un peu mal à la suite de ma course un peu pénible ( à cause de mes testicules ) de ce soir en voiture.
Ainsi se termine cette année, fort joyeusement, pour moi et ma femme. Notre situation est la suivante : nous passons actuellement une nuit ou deux chez milord à Whitehall. Notre bureau de la Marine en bon état achevé et fort commode. Ma bourse contient environ 650 livres outre mes biens de différentes sortes, ce qui aurait pu être davantage n'étaient les dépenses pour ma maison et l'impôt public, ce qui aurait pu être moins si je n'avais eu une vie très réglée, en vertu des serments que Dieu m'a incité à faire pour éviter le vin, la comédie et autres dépenses.... et que je vais renouveler, car c'est à eux que je dois, après Dieu, mon contentement....... Depuis le commencement jusqu'à aujourd'hui nous sommes en bonne santé, Dieu soit loué.
Nous avons eu ces derniers temps la pensée à laquelle j'ai du mal à m'arracher depuis que Mrs Gosnell ne peut être chez nous, d'en trouver une autre qui tienne le rôle de suivante de ma femme, qui sache danser ou chanter. Pourtant avec le mal que j'ai à économiser, je crois que je ne ferai pas cette folie tant que je n'aurai pas la bourse mieux garnie. Sans compter mon serment, tant que je n'aurai pas 1 000 livres.
Par mon application à mon travail au cours de l'année écoulée, Dieu en soit loué, je suis arrivé à un heureux degré de compétence, c'est quelque chose que tout le monde reconnaît..........
La seule chose qui me pèse, c'est la fin de l'affaire de mon oncle Thomas..... qui va fort mal pour nous. Et je crains en fin de compte d'être obligé de subvenir moi-même aux besoins de mon père. Mais il faut que je m'en satisfasse et que j'arrive à une solution dans un sens ou dans l'autre.
Voici l'état des affaires publiques. Le roi, dit-on, commence à réduire les dépenses de sa maison, de la Marine et de toutes les autres charges. En attendant lui-même se livre à ses plaisirs plus que la prudence ne le voudrait, ou le laisser voir à tout le monde, tel son attachement à lady Castlemaine et aux confidents de ses plaisirs....... Dieu veuille lui inspirer de s'amender,......
Le duc de Monmouth brille d'un tel éclat à la Cour et est tant mignardé par le roi que certains redoutent que, si le roi n'avait pas d'enfant de la reine ( aucun signe dans ce sens ) il pourrait bien être reconnu pour fils légitime. Il s'ensuivrait une querelle entre le duc d'York et lui, ce qu'à Dieu ne plaise !........
On accuse la reine-mère de tenir une cour trop somptueuse et l'on répand le bruit qu'elle est mariées à milord St Albans et qu'ils ont une fille en France. Ce qu'il y a de vrai, Dieu seul le sait !
Les évêques sont pleins d'arrogance....... et les presbytériens semblent ne rien dire, ou se conforment, ou démissionnent....... on a récemment découvert un complot pour lequel quatre personnes ont passé en jugement à l'Old Bailey et ont été pendues.
Milord Sandwich est toujours bien considéré et passe Noël à la campagne......
Mr Moore est fort malade.......
En somme pour l'heureuse situation où nous sommes, moi, ma femme, ma famille et ma fortune, à ce haut degré qu'elle atteint, et pour l'état de la nation, dans sa tranquillité, que le Seigneur soit loué !
à suivre................
1er Janvier 1663
Couché avec.........