samedi 2 février 2019

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 92 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )


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                                                                                                                        1er Mai 1663

            Levés de bonne heure, mon père et moi toute la matinée avec Will Stankes, seuls dans le petit salon de ma femme à l'étage, pour régler nos affaires concernant notre domaine de Brampton, etc. Il m'apparaît que le revenu des terres, après que toutes les dettes, pas plus de 100 livres, auront été payées, se montera à 50 livres net par an pour les dépenses de mon père en plus des rentes, 25 livres par an, pour mon oncle Thomas et ma tante Perkin. Quoique me réjouissant dans mon for intérieur, je ne pensai point qu'il convînt d'en informer exactement mon père. Il alla ensuite visiter mon oncle Thomas et le ramena avec lui pour dîner. Après dîner je priai mon père et mon frère Tom de se joindre à moi et je leur peignis de la situation un tableau plus sombre et promis à mon père 20 livres de ma propre bourse pour atteindre les 50 livres, proposant de vendre Stiltoe, ce qui permettrait de lui verser 200 livres qui lui reviennent, et d'utiliser le reste pour payer dettes et legs. Pour être franc j'ai peur que mon père ne meurt avant que les dettes ne soient payées, auquel cas cette terre reviendrait à Tom et la charge de payer toutes les dettes retomberait sur les terres restantes. Ce n'est pas que je veuille causer aucun tort véritable à mon frère. Je recommandai à mon père de gérer prudemment ses affaires et de borner ses dépenses à 50 livres pas an, et j'employai des mots si affectueux que, non seulement les larmes lui vinrent aux yeux, mais à moi aussi. J'espère que mes conseils auront un bon effet.
            Cela réglé et aucun point n'étant contesté nous descendîmes et, après un verre de vin, nous montâmes tous à cheval et je l'accompagnai, ayant loué un cheval à Mr Game, jusqu'à la sortie de Londres, au bout de Bishopsgate Street, puis fis demi-tour et me frayai avec peine un chemin à travers champs puis dans Holborne, etc., vers Hyde Park où, semble-t-il le monde entier s'est donné rendez-vous. Sur ma route rencontrai William Howe qui venait en sens inverse, au galop sur un petit cheval noir essorillé, apparemment celui que l'on a pris sur une terre appartenant à milord, et que son maître, un voleur, avait laissé là par quelque accident. On l'avait trouvé affublé d'oreilles en tissu noire et d'une fausse crinière, car il en était dépourvu. Je retournai avec lui à l'auberge de Chequer à Charing Cross où je laissai ma pauvre rosse et, suivant son conseil, enfourchai un bel étalon  appartenant au capitaine Ferrer. Et ainsi chevauchai en grand apparat vers le parc. Mais comme je me trouvais au milieu d'une foule de chevaux pour regarder les cavaliers du roi faire des exercices de voltige très curieux, mon étalon se montra fort indocile et commença de se battre avec d'autres chevaux, nous mettant en danger. Je me dégageai à grand peine et me tins à l'écart.
            Je ne vis rien d'intéressant.............Les quelques jolis visages qui se trouvaient là disparaissaient au milieu de nombreux laiderons, car il y avait toute espèce de gens dans les voitures, plusieurs milliers je crois.                                                                                     
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            Plus tard, m'en retournai, changeai à nouveau de cheval et me dirigeai vers la maison au milieu d'un grand embarras de voitures qui allait presque jusqu'à l'autre bout de la ville. Sur mon chemin, dans Leadenhall Street on dansait la " morris dance ", ce que j &e n'avais pas vu depuis longtemps. Ramenai mon cheval chez Game, payai 5 shillings, puis rentrai à la maison voir sir John Mennes qui est rétabli et, après avoir causé un moment je pris congé et allai écouter la fille de Mrs Turner, chez qui Sir John Mennes couche ce soir, jouer du clavecin. Mais, Seigneur ! il y avait de quoi vous rendre malade de l'entendre. Je fus cependant bien obligé de lui faire force compliments.
            Puis à la maison, souper et au lit. Miss Ashwell joua très bien du virginal avant que j'allasse me coucher.
            Aujourd'hui le capitaine Grove m'a envoyé des côtes de porc, ce qui, assurément est le cadeau le plus étrange qui se puisse faire. La prochaine fois, je me souviens l'avoir dit à ma femme, je crois que ce sera une livre de chandelles ou une épaule de mouton. Mais cet homme fait cela par courtoisie
et je suis son obligé.
            Puis au lit, fort las et un peu écorché par manque d'habitude d'aller à cheval, priant Dieu que mon père fasse bon voyage. Je me soucie pour lui car a été repris par son mal, il y a si peu de temps !


                                                                                                                2 mai

            A cause de ma fatigue d'hier soir j'ai dormi jusqu'à presque 7 heures, ce qui ne m'était pas arrivé depuis bien des jours. Lever et à mon bureau, après m'être querellé avec ma femme car elle ne tient pas la maison assez propre. Je la traitai de " va-nu-pieds " et elle m'appela " tire-l'aiguille " ( nte de l'édit. Pepys était fils de tailleur et sa femme Elisabeth n'avait pas apporté de dot ), ce qui m'irrita. et passai là toute la matinée. Puis à la Bourse et retour à la maison où, fort gai et très satisfait de ma femme, et de nouveau au bureau, réunion extraordinaire pour établir la liste des dettes de la marine pour milord le trésorier. La séance levée montai chez sir William Penn pour boire un verre de mauvais cidre dans sa nouvelle salle à manger qui est basse de plafond et fort élégante, puis à la maison où je trouve le capitaine Ferrer et sa femme venus rendre visite à ma femme. Il doit se rendre en France au début de la semaine prochaine pour voir, et je pense pour ramener le jeune lord Hinchingbrooke. Après leur départ allai à mon bureau pour écrire le courrier. Puis à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                   3 mai
                                                                                             Jour du Seigneur
            Levé avant 5 heures et demeurai seul à mettre en ordre mes papiers concernant Brampton en accord avec nos calculs et nos décisions de l'autre jour, à ma grande satisfaction, il m'apparaît qu'il nous reviendra 50 livres net par an. Le seul ennui est que la dette pourrait se monter à 100 livres.
M'habillai et à l'office où sir William Penn me montra la jeune fille que le jeune Dawes, qui occupe le nouveau banc d'angle dans l'église, à enlevée à sir Andrew Riccard, son tuteur. Elle a 1 000 livres de rente en belles et bonnes terres et de l'argent, et c'est une très belle jeune fille fort bien élevée. Lui, je le crains, n'est qu'un sot, cependant il a eu la bonne fortune d'obtenir sa main et il s'en faut de peu, ma foi, que je lui envie cette chance de tout mon coeur. Retour dîner à la maison avec ma femme qui, souffrant, ne s'est pas habillée de toute la journée et n'a pas quitté la maison, puis à l'office l'après-midi, et retour à la maison enseigner un peu à Miss Ashwell la notation de la mesure et d'autres choses au virginal et apprendre un psaume excellemment, car elle a une bonne oreille et la main adroite. Puis un moment à mon bureau et ensuite à la maison, souper, prières et, au lit.
            Ma femme et moi nous sommes un peu disputés parce que je n'ai pas voulu interrompre notre conversation en bas avec elle et Miss Ashwell pour monter causer seul avec elle de quelque chose qu'elle avait à me dire. Elle me reprocha de préférer parler avec n'importe qui plutôt qu'avec elle. Ce qui montre, je pense qu'elle est jalouse de ma familiarité avec Miss Ashwell. Je dois éviter de lui en donner l'occasion.


                                                                                                               4 mai
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            Levé de bonne heure, mis de l'ordre dans mes papiers de Brampton, examinai ma garde-robe en prévision de l'été et mis de côté des habits à envoyer à mon frère pour qu'il les transforme.
            Un peu plus tard pris une barque pour me rendre à Woolwich, mais voyant que je ne pourrais pas rentrer à temps pour dîner, je rebroussai chemin où arriva bientôt le maître à danser. J'assistai à la leçon qu'il donnait à ma femme et quand il eut terminé sir William voulut à toute force me faire essayer les pas d'une courante, et il insista tant et ma femme me pressa avec tant d'obstination que je commençai et fus donc obligé de lui verser 10 shillings d'acompte, et me voilà devenu son élève.
            A la vérité, je crois que c'est un art très utile pour un gentilhomme, et je peux avoir l'occasion d'en faire usage, bien que cela me coûte de l'argent, ce dont je suis bien fâché, sans compter que je dois, au terme de mes résolutions, donner la moitié autant aux pauvres. Je suis cependant résolu à recouvrer cet argent de quelque autre façon et de toute manière cela ne durera pas plus de un ou deux mois et donc, quoique à mon corps défendant je vais essayer quelque temps. Si je vois que cela me crée trop de désagréments ou de dépenses j'arrêterai. Après que j'eus commencé à apprendre, ce qu'à mon avis je n'aurai pas de peine, il partit et nous allâmes dîner.
            Un peu plus tard nous sortîmes en fiacre, je laissai ma femme chez milord Crew, et visite à milady Jemima Montagu qui vient d'arriver en ville. Me rendis à St James où avec  Mr Coventry et sir William Penn attendîmes un bon moment le Duc, mais comme il ne vint pas nous nous rendîmes à Whitehall. Nous rencontrâmes le roi que nous suivîmes dans le parc où Mr Coventry et lui causèrent de la construction d'un nouveau yacht, que le roi est résolu à faire construire sur sa cassette personnelle, car il a quelque plan de son cru. Après cette conversation nous repartîmes vers Whitehall, laissant le roi dans le parc, et en chemin nous rencontrâmes le Duc qui se dirigeait vers St James pour nous rejoindre. Nous nous rendîmes à son cabinet de travail à Whitehall, et là en présence de milord Sandwich nous nous acquittâmes de notre tâche hebdomadaire et nous séparâmes. Milord Sandwich et moi descendîmes dans le jardin après avoir passé une heure en réunion à la commission de Tanger.  Après avoir parlé longuement des affaires qui le concernent nous causâmes de la situation à la Cour. Bien qu'il ne m'ait rien dit de tel en termes clairs, je soupçonne que tout ne va pas pour le mieux entre le roi et le Duc, et que c'est l'affection du roi pour le petit duc qui en est la cause. Peut-être craint-on qu'il ne soit fait héritier de la Couronne, mais cela milord ne me l'a pas dit, ce n'est qu'une déduction. Et il est certain que la chute de milord le chancelier est inéluctable.
            Milord partit pour Chelsea en carrosse, et je me rendis chez lui où m'attendait ma femme. Elle alla ensuite voir Mrs Pearse et m'appela à l'embarcadère de Whitehall, où je m'étais rendu à pied pour savoir s'il y avait une pièce à la Cour ce soir. Comme il n'y en avait pas, elle, moi et Mr Creed nous rendîmes à la Bourse où elle fit quelque emplette, puis, par le fleuve à Whitefriars et ma femme rendit visite à Mrs Turner puis me rejoignit chez mon frère à qui je donnai mes instructions concernant mes habits d'été. Puis en fiacre à la maison et après souper au lit avec ma femme, avec qui je n'avais pas couché depuis que je partageai mon lit avec mon père.


                                                                                                               5 mai

            Levé de bonne heure et à mon bureau, occupé toute la matinée. Entre autres, me promenai un bon moment avec sir John Mennes qui m'a raconté maintes vieilles histoires sur la marine et sur la situation de la marine au début des troubles d'autrefois, et je suis fort chagriné en
pensant à l'échec de la cause du roi, mais ne pourrai plus m'en étonner à l'avenir sachant qu'un coquin de son espèce, si ce qu'il dit est vrai, avait le commandement de toute la flotte et que reposait sur lui le plan d'abattre milord de Warwick et de rallier la flotte au roi, tâche à laquelle il échoua lamentablement, causant la perte de son souverain.
            Dînai à la maison et montai ensuite étudier mes pas de danse, puis retour au bureau, et réunion tout l'après-midi. Le soir, Deane de Woolwich m'accompagna chez moi et me montra comment utiliser une petite règle à mesurer, plus petite que celle que j'ai achetée l'autre jour, la même que celle-là mais plus aisément portable néanmoins. Je fis mine de n'y rien comprendre et même de n'avoir jamais vu pareil instrument auparavant. Mais je trouve l'homme ingénieux et pense qu'il sert bien le roi à son poste.                                                                                                  onlinekunst.de
            Puis à mon bureau occupé à écrire des lettres. Arriva sir William Warren qui attendit que l'on eût fini une lettre pour ses affaires. Nous causâmes marchandises, commerce et manières de gagner de l'argent. Je me préoccupai de savoir de quelles façons un homme de mon éducation peut parvenir à comprendre quoi que ce soit au commerce. Il me donna sur tout de très judicieuses réponses, me montrant quel danger il y aurait pour moi de l'aller occuper de vaisseaux ou de marchandises de quelque sorte que ce fût, ou d'effets publics, mais que je devrais placer ce que j'ai à intérêt, ce qui est une manière excellente, discrète et facile de s'enrichir et, de temps en temps l'occasion se présente, pour qui a de l'argent disponible d'en faire usage de fort profitable manière. Je suis bien de son avis.. Je le quittai tard, ayant tiré beaucoup de plaisir et de satisfaction de sa conversation. Puis à la maison, souper et, au lit.
             Il a fait très chaud cet après-midi ainsi que ce soir et vers onze heures du soir, alors que j'allais me coucher, il commença de tonner et de faire des éclairs, les plus grands, qui illuminaient la cour toute entière, que j'avais jamais vus de ma vie.
         

                                                                                                               6 mai 1663

            Levé de bonne heure et à mon bureau. Passai un bon moment à étudier mes nouvelles règles, puis au travail. Vers midi à la Bourse avec Creed. Nous rencontrâmes John Mennes qui revenait dans son carrosse de Westminster. Fort échauffé il nous dit que, par le ciel ! le Parlement s'apprête à commettre une folie, que l'on va interdire à tous ceux qui ont porté les armes contre le roi durant les troubles d'autrefois toute charge civile ou militaire, à l'exception de certaines personnes. Si c'est le cas, ce que je ne souhaite pas, cela va causer bien du mécontentement et je crains que rien n'en sorte, que du mal.
            Je les laissai à la Bourse et me rendis à pied à l'enclos de Saint-Paul pour feuilleter un livre ou deux, puis m'en retournai et allai dîner à Trinity House.
            Parmi diverses histoires intéressantes contées par les vieux marins, ils nous dirent avoir souvent, alors qu'ils pêchaient au Groenland, attrapé des baleines, et les grappins de fer qui avaient pénétré dans le corps des animaux étaient couverts de graisse. Il leur était arrivé de tirer 11 barils d'huile de la langue d'une baleine.
            Après dîner, à la maison et à mon bureau occupé jusqu'au soir, et à la maison et souper et arrive Mr Pembleton. Après souper montâmes dans notre salle de danse, exécutâmes trois ou quatre danses campagnardes, puis m'exerçai à danser la courante. Je commence à penser que dans quelque temps je pourrai en faire quelque chose d'assez bien. Tard et fort gaiement à danser puis fatigué au lit.


                                                                                                                    7 mai

            Levé de bonne heure, un moment à mon bureau. Ensuite pris une barque avec ma femme, la laissai à la nouvelle Bourse, tandis que j'allais voir le Dr Williams pour l'affaire qui m'oppose à Tom Trice. Puis chez mon frère que je trouve fort soigneux ces temps-ci dans son travail et en bonne voie de bien réussir. Puis à Westminster où je fis les cent pas de la Grand-Salle au vestibule de la Chambre car le Parlement était en séance. Me rendis ensuite en fiacre chez milord Crew et dînai avec lui. Il me parle de l'ordre qu'a donné la chambre des Communes pour que fût rédigé un projet de loi réservant promotions et charges publiques aux seules personnes qui ont été loyales et fidèles au roi et l'Eglise, ce qui sera fatal à maintes gens et me fait craindre que je pourrais moi-même être concerné, malgré mon innocence totale à cette époque, car j'étais employé à l'Echiquier. Mais j'espère que Dieu me protègera.
            C'est aujourd'hui l'ouverture du nouveau théâtre royal qui présente avec des décors " Le lieutenant fantasque ", mais je n'ai pas le temps d'aller voir la pièce. Je n'ai pas pu rester non plus voir milady Jemima qui vient d'arriver en ville et qui se trouvait dans la maison mais dînait en haut avec sa grand-mère. J'allai chercher ma femme chez mon frère en fiacre et rentrai à la maison, mais comme les officiers se trouvaient à Deptford pour verser des soldes, la réunion était annulée. Je partis alors avec ma femme faire une promenade en barque et passai ainsi la soirée. Puis à la maison, fort content, pour souper et, au lit.
            Sir Thomas Crew me dit aujourd'hui que la reine en apprenant que l'on avait soumis, parmi les autres dépenses de la Couronne, la question de ses 40 000 livres par an, à la commission parlementaire, a fait en sorte de les informer de ce qu'elle n'a encore reçu que 4 000 livres pour l'entretien de toute sa maison. Acte remarquable car il dénote un fort caractère, et qui, je le crois, est tout à fait vrai.


                                                                                                                  9 mai

            Levé très tôt et à mon bureau où préparai pour mon père des lettres de grande importance pour ce qui est du règlement de nos affaires et de la manière de bien gérer son bien. Je lui promets de compléter sa rente de ma poche pour la porter à  50 livres par an, jusqu'à ce que la mort de mon oncle Thomas ou l'obtention d'une place à le Garde-Robe lui assure d'autres revenus.
            Cela fait, me rendis en barque jusqu'au Strand où observai les travaux de la reine-mère à l'hôtel de Somerset. Puis au nouveau théâtre, mais ne puis entrer le voir. Ensuite visitai milady Jemima, qui a beaucoup grandi depuis que je l'avais vue, mais qui a besoin d'apprendre les façons de la Cour pour se mettre en valeur.                                                                 cosmovision.com
            De là au quartier du Temple où restai jusqu'à une heure chez Playford à lire dans Le fondement de la théologie du Dr Husher ce qu'il écrit sur les Ecritures. Nul, dans aucun livre, n'en a dit plus que lui sur le sujet. Il y a pourtant là matière à critique, si un homme n'a que faire de la tradition de l'Eglise qui est la sienne depuis sa naissance, je crois que c'est un aussi bon argument que la plupart de ceux que l'on avance pour bien des choses, et il peut s'appliquer ici, entre autres.
            Puis chez mon frère chercher ma femme et Miss Ashwell pour les emmener au Théâtre royal qui est ouvert depuis deux jours. La salle est extraordinairement bien conçue, quoiqu'elle présente quelques défauts, tels que l'étroitesse des portes d'accès au parterre, et la distance qui sépare la scène des loges, d'où j'en suis certain, l'on ne peut rien entendre. Mais cela excepté, tout est bien. A part que, et c'est la pire, comme les musiciens sont en bas, et que la plupart d'entre eux jouent sous la scène même, il est tout à fait impossible d'entendre les graves, et les aigus ne sont pas très audibles, chose à laquelle il faudra assurément remédier.
            On présentait Le lieutenant fantasque, une pièce médiocre tout comme est médiocrement joué le rôle même que Lacy, par ordre du roi, interprète maintenant à la place de Clun. Lors du ballet la danse du démon était fort réussie.
             La pièce terminée rentrâmes à la maison en barque. J'ai été un peu honteux que ma femme et sa dame de compagnie fussent si négligées dans leur toilette car, me semble-t-il, toutes les dames du parterre étaient plus richement et plus élégamment vêtues qu'à l'accoutumée.
            A mon bureau pour noter les événements de ce jour, et bien que n'étant pas contraint par mes résolutions de ne point aller au théâtre, de ne pas le fréquenter, parce qu'il n'existait pas alors, je crois cependant qu'à l'époque je voulais parler de tous les théâtres publics et je suis résolu à renoncer aux deux pièces à la Cour qui restaient à mon crédit pour les mois de mars et d'avril, ce qui compensera largement l'excès d'aujourd'hui. De sorte que ce mois de mai est le premier où j'aurai le droit d'aller voir une pièce à la Cour, au terme de mes résolutions.
            Souper à la maison, et arrive Pembleton. Ensuite montâmes tous danser jusqu'à une heure avancée, puis nous nous séparâmes et, au lit. On me dit que j'ai l'étoffe d'un bon danseur.


                                                                                                               9 mai 1663

            Levé de bonne heure et à mon bureau où, plus tôt que de coutume arrive Mr Hayter, la mine défaite. Il désirait me dire un mot en particulier, ce qui m'étonna fort. Le pauvre homme me dit que le sort avait voulu qu'il se trouva dimanche dernier à une assemblée d'amis qui faisaient leurs dévotions, et qu'ils fussent surpris,et lui emmenés à la prison du Comptoir être relâché par la suite. Cependant, ayant appris que sir William Batten en avait été informé, il a jugé bon de me rapporter l'affaire de crainte que cela ne me porte préjudice.
            Son récit me causa une surprise extraordinaire et du tourment pour lui car, sachant que maintenant les faits sont connus, il m'est impossible de les dissimuler ou de le garder à mon service sans danger pour moi. J'examinai toutes les possibilités et lui donnai les meilleurs conseils que je pus. Comme je lui demandais si je pouvais promettre qu'il ne recommencerait pas, il me dit qu'il préférait que je m'abstinsse de faire une telle promesse, car il n'osait s'y engager, quel que soit le sort que lui réservât la providence divine et que, pour ce qui me concerne, il rendait grâce à Dieu et me remerciait pour toute l'affection et la bonté que je lui avais témoignée. Je ne pus poursuivre notre conversation sans avoir les larmes aux yeux, mais je décidai de finalement dire toute la vérité à Mt Coventry, dès que je le pourrais, et dans ce dessein usai de stratagèmes pour empêcher sir William Batten, arrivé hier soir en ville, d'aller là-bas aujourd'hui de crainte qu'il n'en parlât à sir George Carteret ou à Mr Coventry avant moi. Je parvins à mes fins et le gardai au bureau toute la matinée.
            A midi dînai à la maison, le coeur lourd pour le pauvre homme. Sortis ensuite voir mon frère, puis à Westminster, chez Mr Jervas, mon ancien barbier. J'essayai deux ou trois postiches et perruques, car j'ai l'intention d'en porter, bien que je n'en ai guère envie, si ce n'est que cela me coûte trop de peine de garder mes cheveux propres. Il me rasa et finalement je m'en allai ayant presque changé d'avis à cause des problèmes que pose aussi, je le prévois, le port d'une perruque. Puis en barque à la maison et au bureau où travaillai tard. A la maison souper et, au lit l'esprit fort préoccupé au sujet de Thomas Hayter.


                                                                                                                          10 mai
                                                                                                      Jour du Seigneur
            Levé de bonne heure et revêtis un costume de drap noir avec dessous des caleçons blancs dépassant des chausses, comme c'est la mode. Puis prêt me rendis à St James où je m'entretins avec Mr Coventry tandis qu'il s'habillait, à propos de diverses affaires de la marine. Après le départ du Duc
nous nous rendîmes à Whitehall en passant par le parc, et je lui rapportai les propos de Tom Hayter. Il semble en être fort marri, mais me dit que si l'affaire ne s'ébruite pas trop il ne sera pas nécessaire de le renvoyer pour le moment, il suffira de lui donner un bon avertissement pour l'avenir. Il va cependant en parler au Duc pour connaître son bon plaisir.
            Je le quittai  là et retournai à St James où assistai à la messe et fus forcé de m'agenouiller dans la foule ( nte de l'édit. chapelle de la reine qui est catholique ) . Après la messe à la table d'hôte de la Tête du Roi. J'envoyai quérir Mr Creed pour dîner. Là beaucoup de membres du Parlement, qui parlaient principalement des nouvelles d'Ecosse selon lesquelles l'évêque de Galloway a été assiégé dans sa maison par des femmes qui ont manqué lui faire subir des outrages mais, je ne sais comment, il a été sauvé. De mauvaises nouvelles qui rappellent exactement le début des troubles d'autrefois. Ils en vinrent ensuite à parler de rébellion et je vois qu'ils érigent en grand principe de s'assurer le contrôle de la Cité de Londres, quoi qu'il advienne, et passèrent à d'autres sujets. Entre autres, comme on causait des tables d'hôte, disant qu'elles sont fort commodes, car on sait ce qu'il faudra payer, quelqu'un exprima le souhait que, parmi bien des mauvaises choses, nous puissions en apprendre deux bonnes des Français : d'abord de ne pas juger indigne d'un gentilhomme ou d'une personne honorable de marchander le prix de son repas dans leur taverne avant de la manger. Et ensuite de ne point engager de domestique sans certificat d'un ami ou d'un gentilhomme attestant sa bonne conduite ou ses capacités.
            De là avec Creed au parc de St James où nous promenâmes tout l'après-midi, et retour à la maison à pied. Après avoir passé un petit moment à mon bureau, fis un tout dans le jardin avec ma femme. Puis à la maison souper et, après les prières, au lit. Mon frère Tom soupa avec moi et aurait dû amener ma tante Ellen, mais elle n'était pas libre.


                                                                                                                     11 mai
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            Levé de bonne heure et en barque jusqu'à Woolwich, montai à bord du Royal James pour voir de quelle façon il va être amené jusqu'à Chatham, puis un moment à l'arsenal et ensuite à pied jusqu'à Greenwich. En chemin je fus attaqué par un gros chien qui me saisit par les jarretières et aurait pu me faire du mal. Mais, Seigneur, dans quelle confusion était mon esprit, quand j'avais sur moi mon épée pour n'y avoir pas pensé un seul instant, ni avoir eu le coeur de m'en servir au risque de me faire mettre en pièces pour avoir manqué de courage !
            M'embarquai et à la maison et, à l'aller comme au retour, répétai mes leçons sur ma règle à cuber le bois, ce que je crois pouvoir entreprendre de faire avec succès maintenant.
            A la maison, comme Pembleton était là, je dansai et je pense que dans assez peu de temps j'arriverai à quelque chose.
            Après dîner à St James en voiture avec sir William Penn, laissant sa fille à Clerkenwell, nous mîmes au service du duc d'York. Une grande dispute m'opposa à sir George Carteret au sujet des différentes valeurs de la pièce de huit, estimée par Mr Creed à 4 shillings 5 pence et par Pitts à 4 shillings 9 pence. Il soutenait que le prix le plus élevé était le plus avantageux pour le roi, ce qui est la pire ineptie. Il fut cependant décidé que le sujet serait discuté au Conseil et la conclusion rapportée au Duc la semaine prochaine, ce qui tournera, je l'espère, à mon avantage.
            Puis à la commission de Tanger où nous aurions dû décider l'envoi du capitaine Cuttance et des autres à Tanger pour délibérer sur le plan du môle avant le début des travaux, mais il n'y eut pas de réunion ( milord avait l'intention de venir mais avait été retenu chez milady Castlemaine ) je partis pour la maison après une brève conversation avec Mr Pearse le chirurgien. Il me dit que milady Castlemaine a maintenant un appartement à côté de la chambre du roi à la Cour, et que l'autre jour le Dr Clarke et lui ont disséqué deux cadavres, un homme et une femme, devant le roi, à la grande satisfaction de ce dernier.
            Pris une barque et rendis visite à Tom Trice chez qui j'avais rendez-vous avec le Dr Williams. Mais le docteur ne vint pas, apparemment à la demande de Tom Trice, pensant qu'il n'aurait pas le temps. Nonobstant, pour l'essentiel il fut question de notre affaire et il ne m'apparaît pas qu'il puisse accepter de descendre en-dessous de 150 livres, et je pense que je ne les lui donnerai que si le tribunal m'y contraint. Nous nous séparâmes et je rendis visite à Mr Cromleholme et lui donnai les 10 shillings que je n'avais pas encore versés sur les 5 livres que je lui avais promises pour l'école et acheter ainsi des attaches et des lettres d'or pour les livres que je leur ai donnés. Je demeurai avec lui et sa femme à deviser un bon moment. Cette dernière est une jolie femme qui n'a pas encore eu d'enfant et, parfois, quand elle regarde certains de ses élèves, il me semble que l'eau lui vient à la bouche.
            Puis je les quittai et me rendis chez Tom Pepys, le tourneur, pour lui demander, à lui et à son père, d'écrire une lettre à Pigott, dans laquelle ils donneraient leur consentement à la vente de la terre de ce dernier afin qu'il nous paie l'argent qu'il nous doit. Puis à la maison, et comme Pembleton était là, nous dansâmes jusqu'à une heure avancée, puis souper et, au lit.


                                                                                                                       12 mai

            Levé entre 4 et 5 heures, m'habillai et ensuite à mon bureau afin de préparer mon travail pour cet après-midi. Restai toute la matinée et à midi dînai à la maison, où me fâchai un tantinet contre ma femme car elle ne pense plus qu'au maître à danser, qu'elle fait venir deux fois par jour, ce qui est une folie.
            Retour à mon bureau, réunion jusqu'à une heure avancée, principalement occupés à régler le l'histoire des pièces de huit. C'est moi qui l'ai emporté et ils se sont tous ralliés à mon avis, ce dont je suis fier.
            Restai tard à écrire des lettres, puis à la maison, souper et, au lit. Là je trouve Creed qui m'attendait, et donc, après le souper je le retins pour la nuit, et il dormit avec moi. Nous causâmes principalement de nos deux chevaliers radoteurs, dont j'ai bien honte.


                                                                                                                         13 mai

            Au lit jusqu'à 6 heures et lever. Après avoir bavardé quelque peu et fort gaiement il s'en alla, et me rendis à mon bureau où, occupé toute la matinée. A midi dîner à la maison, après Pembleton arriva et je m'exerçai. Mais Seigneur, quand je vois comme ma femme s'obstine à faire comme si elle n'avait aucun besoin de mes remarques, ni de celles de Miss Ashwell tout en plaidant qu'elle n'apprend que depuis un mois ! C'est la cause de bien des chamailleries entre nous. Puis à mon bureau où je reçus la visite de Cooper le borgne. Il me montra, à ma requête, comment utiliser les plans et comprendre les tracés, et comment trouver la façon dont la membrure est agencée, etc., à ma grande satisfaction.
            Puis arriva Mr Barrow, magasinier de Chatham, qui me conta bien des choses sur la façon méprisable dont sir William Batten s'est conduit envers lui, comme dans tout ce qu'il fait, en radoteur emporté, au grand détriment du roi. Que Dieu nous aide ! car si je ne sais point comment le roi est servi ailleurs, je suis sûr que la marine va bien mal.
            A la maison pour souper. Joué aux cartes et, au lit.


                                                                                                                             14 mai
hermitage.nl
            Levé de bonne heure et préparé certaines choses pour les envoyer à Brampton, puis allai dans le quartier du Temple et en divers lieux pour affaires. Rencontrai Mr Moore et entrai avec lui dans une taverne de Holborn. Au cours de notre conversation il me dit craindre que le roi ne soit tenté de faire du petit duc l'héritier de la Couronne, ce qui pourrait engendrer des troubles.
            Fasse le ciel qu'il n'en soit rien, sauf s'il y a droit !
            Il me dit que milord commence à se remettre aux affaires, ce qui me réjouit car il ne lui faut pas se retirer du service du roi maintenant qu'il a réglé ses affaires privées en assurant sa fortune, et que l'autre jour le roi l'a mandé chez milady Castlemaine pour jouer aux cartes, où il a perdu 50 livres. Ce qui me désole, quoique milord me dise qu'il en était content et avait dit qu'il serait toujours heureux de perdre 50 livres afin que le roi le mandât pour jouer, ce qui ne me plaît guère.
            Puis à la maison et après dîner à mon bureau, réunion jusqu'au soir, puis terminai mes papiers et mon courrier, ensuite à la maison pour danser avec Pembleton.
            Aujourd'hui nous avons reçu un panier de ma soeur Pall, qu'elle avait elle-même confectionné avec du papier et est fort élaboré pour un simple ouvrage fait à la campagne.
            Après souper, au lit. Et au moment de me mettre au lit, reçus une lettre de Mr Coventry, requérant ma venue chez lui demain matin. Je me demandai avec inquiétude de quoi il pouvait bien s'agir, craignant que ce ne fût quelque mauvaise nouvelle au sujet de l'affaire de Tom Hayter.


                                                                                                                          15 mai

             Chez Mr Coventry je m'assis à son chevet et il me dit qu'il m'avait mandé pour m'entretenir des émoluments de milord Sandwich au titre de ses diverses charges, et de son opinion sur ce que demande milord, matières qu'il  ne pouvait permettre d'aborder en tête à tête avec lui, car ce ne serait point aussi convenable que si je m'en chargeais. Et il me rendit compte très amicalement et très franchement de tout, disant qu'il serait fort imprudent dans les conditions présentes, alors que les actes de chacun et ceux de milord en particulier, font l'objet de commentaires........ alors que le roi s'est déjà montré si généreux, ce que tout le monde remarque et cause même quelques murmures ( nte de l'édit. Sandwich en 1660 a obtenu du roi le titre de comte et une rente de 4 000 livres ). Il me pria de m'entretenir de tout cela avec milord, ce que je promis de faire.
            Nous causâmes aussi de notre bureau en général, il me dit qu'il n'en était plus du tout aussi satisfait qu'auparavant. J'avoue lui avoir dit que les choses sont dans un tel état que nous allons inéluctablement à l'effondrement à brève échéance.
            Ensuite il me parla de Mr Hayter. L'opinion du Duc était, en deux mots, qu'il avait un bon serviteur, un anabaptiste, et qu'à moins qu'il ne se conduisît de manière plus susceptible de jeter le discrédit sur le bureau, il garderait le même avis jusqu'à plus ample informé, ce qui me réjouit extrêmement.
            Puis marchai jusqu'à Westminster, me promenai dans la Grand-Salle et le Parlement toute la matinée. A midi me rendis en fiacre chez milord Crew, ayant appris que milord Sandwich y dînait. Je lui rapportai la conversation que j'avais eue avec Mr Coventry. Il ne fit pas d'objection, mais je vis bien qu'il n'était guère content. Et je crois que milord voit d'autres choses qui ne vont pas comme il le voudrait au Parlement car, dans la motion proposée par milord Bruce, nul ne pourrait se voir confier de charge à part ceux qui ont montré une constante loyauté envers le roi et l'Eglise. Il était mentionné que cela ne s'appliquerait ni au général, ni à milord. Depuis milord Bruce est allé voir milord pour se disculper.......... dînai avec lui en compagnie, un bon dîner.
            On parla d'une querelle ridicule il y a deux jours chez milord d'Oxford lors d'un divertissement. Etaient présents milord d'Albemarle, Lindsay..... et d'autres. Il y eut des mots, des coups, et des perruques arrachées, jusqu'à ce que milord Monk ôtât à certains leurs épées et envoyât chercher des soldats pour protéger la maison jusqu'à la fin de la mêlée. A quelle degré de folie la noblesse de notre époque n'a-t-elle pas atteint !
            Je montai voir sir Thomas Crew couché à l'étage car il a des maux de tête et est affligé de vapeurs et d'étourdissements. Je passai là tout l'après-midi à causer. Principalement de la funeste situation dans laquelle nous nous trouvons, de ce que le roi ne pense qu'aux plaisirs et exècre la seule vue ou la seule pensée des affaires publiques. De ce que milady Castlemaine a sur lui un empire absolu. Celle-ci, d'après lui, connaît tous les artifices de l'Arétin qu'il faut mettre en oeuvre pour donner du plaisir, ce à quoi il n'est que trop expert parce qu'il a une grosse "........ " Mais le malheur c'est que comme dit le proverbe italien, " Cazzo dritto non vuolt consiglio " ( verge dressée n'a pas d'oreilles - nte de l'édit. )
            Si l'un de ses conseillers lui donne de sages avis et le pousse à agir de façon qui serve son intérêt et son honneur, l'autre partie, c'est-à-dire les conseillers de son plaisir l'entreprennent quand il est avec milady Castlemaine et enclin au plaisir, et le persuade ensuite qu'il ne devrait ni entendre ni écouter l'avis de ces vieux radoteurs ou conseillers qui étaient naguère ses ennemis, quand Dieu sait que ce sont eux maintenant qui ont le plus grand soin de son honneur.
            Il semble aujourd'hui que les favoris du moment soient milord Bristol, le duc de Buckingham, sir Henry Bennet, milord Ashley et sir Charles Berkeley qui, ensemble, ont mis à terre milord le chancelier qui n'a plus d'espoir de s'en relever. Il ne lui reste maintenant que fort peu à faire, et il va à la Cour et attend de pouvoir parler au roi, comme les autres.
            Je prie le ciel que cela puisse s'avérer bénéfique, car l'on craint que la même chose n'advienne bientôt à milord le trésorier général. Mais il est bien étrange d'entendre que milord Ashley, par l'entremise de milord Bristol ( il a rallié le parti catholique contre les évêques auxquels il voue une haine mortelle et contre qui il invective publiquement. Ce n'est pas qu'il se soit fait catholique, il est simplement opposé aux évêques. Et pourtant, d'après ce que j'entends, l'évêque de Londres est toujours aussi en faveur auprès du roi ), jouit maintenant d'une faveur si grande que l'on pense, car c'est un homme publique d'importance tout en étant un bon vivant qui aime plaisanter, qu'il va être nommé lord trésorier général, à la mort ou au renvoi du cher vieil homme.
            .............
            On se demande fort si le roi ne veut pas faire légitimer le duc de Monmouth, mais assurément la Chambre des communes d'Angleterre ne le fera jamais, et le duc d'York ne le souffrira point. La femme de ce dernier, dit-on, le gêne extrêmement par sa jalousie. Mais c'est grande merveille que sir Charles Berkeley soit toujours si bien en cour, non seulement auprès du roi, mais aussi auprès du Duc, après avoir juré avec tant de véhémence, avoir couché avec elle, et un autre, un certain Armorer, avait affirmé avoir chevauché assis devant elle, en Hollande, je crois, tandis qu'elle lui tenait la "..... "
dans sa main.
            Il me semble que nul ne se préoccupe de l'enjeu principal, que ce soit pour favoriser le maintien de bonnes relations ou l'affrontement des hommes, Dieu sait qu'un conflit est prêt à éclater si l'un de ces hommes, Dieu nous en préserve ! s'avisait de commencer, cela parce que le roi et tout son entourage pensent trop à leurs plaisirs ou à leur profit.
            Milord Hinchingbrooke, ai-je appris, a eu le malheur de tuer son petit valet, son fusil étant parti tout seul alors qu'il chassait les oiseaux. L'arme était chargé de petit plomb, et le valet a été atteint à la face et aux tempes, et a survécu quatre jours.
            Ecosse : apparemment, et bien que les gazettes nous disent chaque semaine que tout est parfaitement calme et que toutes les affaires de l'Eglise sont réglées, les vieilles femmes de l'autre jour ont manqué tuer l'évêque de Galloway, et moins de la moitié des églises de tout le royaume font acte de conformité.
            Bien étranges ont été les effets du tonnerre et de la foudre accompagnés de fortes pluies, il y a environ une semaine, à Northampton. L'orage a causé en quelques heures des inondations extraordinaires qui ont emporté des ponts et noyé bêtes et gens. Alors que deux hommes passaient sur un pont à cheval, les arches devant et derrière eux furent emportées, et seule demeura celle sur laquelle ils se trouvaient. Cependant un des chevaux tomba et fut noyé. Des tas de fagots soulevés aussi haut qu'un clocher, et autres choses terribles. Sir Thomas Crew me montra des lettres que Mr Freemantle et d'autres lui avaient écrites, tout est parfaitement vrai.
            Les Portugais nous ont grugés, semble-t-il, sur l'île de Bombay dans les Indes orientales car, après qu'un grand nombre de vaisseaux ont été envoyés là-bas avec la commission pleine et entière délivrée par le roi du Portugal pour en prendre possession, le gouverneur, sous quelque prétexte, refuse de remettre l'île à sir Abraham Shipman, l'envoyé du roi, ou à milord Marlborough, ce que le roi prend fort mal et je crains que notre reine n'ait à en subir les conséquences.
            En Inde, la puissance des Hollandais décline considérablement et l'on pense que leurs gens vont se révolter contre eux là-bas et qu'il leur faudra renoncer à leur commerce. C'est ce qui se dit parmi nous, mais je ne peux juger si c'est vrai.
            Sir Thomas m'a montré son portrait et celui de sir Antoine Van Dyck exécuté au pastel en petit, et d'une facture admirable.
            Après avoir ainsi parlé librement avec lui, et abordé bien d'autres sujets, je me retirai. Pris un fiacre jusqu'à St James où rendis compte à Mr Coventry de ma conversation avec milord, à ma grande satisfaction. Ensuite, fort content, à la maison. Je rentre pour trouver la nuit presque tombée, et ma femme et le maître à danser, seuls en haut, occupés non pas à danser, mais à marcher. Eh bien, je suis si mortellement jaloux que j'en ai le coeur et la tête tout tourmentés et dans une agitation extrême, au point que je suis incapable de faire le moindre travail, et partis au bureau. Ensuite retour à la maison à une heure avancée, d'humeur à redire à tout. Puis, sans tarder, au lit.
            Je pus à peine fermer l'oeil, sans toutefois oser rien dire. Mais je fus forcé de prétendre que j'avais reçu du Duc de mauvaises nouvelles au sujet de Tom Hayter, pour m'excuser auprès de ma femme à qui j'ai moi-même, sot que je suis, donné trop d'occasions de se trouver avec cet homme. C'est un bel homme brun et élégant, mais il est marié
            Mais à quelle mortelle folie et à quel supplice ne me condamné-je point en étant si jaloux, et aussi en donnant moi-même à ma femme, qui n'en désirait pas tant, un second mois de leçons de danse, auxquelles, cependant, je vais mettre fin dès que je pourrai.
            J'ai honte de penser à la façon dont j'ai agi, quand je me suis couché par terre pour voir si ma femme portait comme d'habitude un caleçon aujourd'hui, et me suis livré à d'autres choses propres à augmenter les soupçons que j'ai sur elle, mais je n'ai rien trouvé qui les confirmât.



                                                                      à suivre.............

                                                                               
                                                                                                Le 16 mai 1663

            Levé l'esprit inquiet et................                 


                                                                                                                           

lundi 28 janvier 2019

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 91 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

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                                                                                                                           16 avril 1663

            Lever de bonne heure et à mon bureau. Peu de temps après réunion pour apurer les comptes de Mr Pitt, secrétaire et trésorier adjoint de sir John Lawson, concernant le dernier voyage en Méditerranée occidentale. Je perçois des exigences étrangement singulières, et je n'ose pas m'y opposer seul, craignant me faire un ennemi, outre que cela ne servirait qu'à attirer l'attention sur les comptes de milord Sandwich. Mais Dieu sait que je suis fort chagriné de voir cela et de voir le contrôleur, dont c'est la responsabilité, s'en soucier si peu. A midi, une heure à la maison pour dîner, puis au bureau à expédier des affaires publiques et privées, jusque tard le soir, et retour à la maison, et au lit, avec mon père.


                                                                                                                            17 avril

            Levé avant 5 heures, comme c'est depuis longtemps mon habitude et à mon bureau toute la matinée. A midi à la maison pour dîner, mon père avec nous. Comme c'était le vendredi saint, notre dîner ne consistait que de mouillettes sucrées et de poisson. Notre seul repas de carême cette année.
            Ce matin Mr Hunt, le luthier, m'apporta une viole de gambe pour me la faire essayer, mais elle ne me plaît guère. Je me demande, en outre, si ce serait une bonne choses d'en acheter une maintenant
parce que cela pourrait gâcher mon intérêt et mon amour pour mon travail.
            Après le dîner, avec mon père, un petit tour dans la Cité, puis nous nous quittâmes et je me rendis à l'enclos de Saint Paul pour faire remplacer la page de titre de mon exemplaire en anglais du
" Mare Clausum ", par la nouvelle avec la dédicace au roi, car j'ai honte de montrer l'ancienne dédiée à la République.
            Puis à la maison et à mon bureau jusqu'au soir. A la maison causai avec mon père, souper et au lit. Je n'ai point eu encore un quart d'heure de loisir pour m'asseoir et causer avec lui depuis son arrivée en ville, et je ne sais pas quand je trouverai du temps avant les fêtes de Pâques.


                                                                                                                             18 avril

            Levé de bonne heure et à mon bureau toute la matinée. A midi, dîner avec Mr Creed qui s'est fort démené aujourd'hui pour apurer ses comptes. Il est bien fâché d'avoir affaire à une bande de nigauds qui, après avoir signé ses comptes et écrit les lettres de change, n'osent pourtant pas affirmer franchement au trésorier qu'ils en sont satisfaits. Et donc, pendant tout le dîner et notre promenade ensuite, causâmes de la mauvaise marche de notre bureau, et Dieu sait comme elle est mauvaise. Pour le bien du roi je souhaiterais pouvoir l'améliorer.
            Dans la soirée à mon bureau, puis souper et, au lit.


                                                                                                                            19 avril
                                                                                                           Jour de Pâques
            Lever et portai aujourd'hui mon costume de couleur serré aux genoux, avec de nouveaux bas assortis, une ceinture et une nouvelle épée à pommeau doré, fait un fort bel effet.
            Allai seul à l'office, dînai avec mon père et mon frère Tom. Et après le dîner derechef à l'office, mon père ayant pris place plus bas dans le choeur. L'office terminé ( prêché par le jeune Écossais. J'ai dormi tout le temps ) mon père et moi allâmes voir mon oncle et ma tante Wight, Après une visite d'une heure mon père se rendit chez mon frère et je rentrai à la maison pour souper. Nous parlâmes ensuite de danse, et je découvris que miss Ashwell a un fort bon maintien, ce qui rend ma femme presque honteuse de se voir surpassée de la sorte mais, dès demain elle commence à prendre des cours de danse, un mois ou deux.
            Ensuite prières et au lit. Mon commis Will est allé, avec mon accord, chez son père, pour un jour ou deux pour se purger
pendant les fêtes.
                                                                                                     
                                                                                                       
                                                                                                                     20 avril 1663
                                                                                                                          lamesure.fr
            Comme d'habitude levé de bonne heure, et dans mon cabinet de travail commençai à examiner les comptes de mon père qu'il a apportés de la campagne, à ma requête, afin que je pusse voir ce qu'il a reçu et dépensé. Il apparaît qu'il n'est en rien extravagant mais qu'il vit au-dessus de ses revenus et qu'il doit songer à réduire ses dépenses ou je serai obligé de lui donner de l'argent de ma poche pour l'aider à joindre les deux bouts, ce que je suis disposé à faire dans la limite de 20 livres.
            Puis à mon bureau le reste de la matinée. A environ midi me rendis chez Mr Graunt. Il me montra les gravures qui forment en vérité une des plus belles collections que j'aie jamais vue. Car il y avait là des gravures de la plupart des plus célèbres demeures, églises et ruines antiques d'Italie et de France, et de superbes estampes. Je n'eus pas le temps de les étudier comme elles l'auraient mérité, je le ferai ultérieurement plus à loisir. Je m'en allai donc et rentrai dîner à la maison.
            Après dîner, comme il pleuvait très fort, pris un fiacre pour aller à Whitehall où après que sir George Carteret, sir John Mennes, Mr Coventry et moi eûmes vu le Duc, nous rejoignîmes le commissaire de Tanger, où avons entièrement réglé ce qui concerne le départ de milord Teviot, puis levâmes la séance.
            Nous nous rendîmes en fiacre chez milord le trésorier général, pour lui demander de l'argent pour les arsenaux, mais nous le trouvâmes occupé à jouer aux cartes avec des dames. L'occasion se prêtant mal à un entretien nous nous séparâmes, et rentrai à la maison avec sir John Mennes. Après m'être longuement promené avec ma femme dans le jardin, souper et au lit, quelque peu contrarié par le désir exprimé par Miss Ashwell, avec une insistance excessive, de se rendre à un bal pour revoir ses anciennes compagnes dans une école de danse, ici en ville, vendredi prochain, mais je suis bien décidé à ce qu'elle n'y aille pas. Et au lit.
            Aujourd'hui le petit duc de Monmouth s'est marié à Whitehall dans la Chambre du roi ( nte de l'éditeur : elle avait douze ans,et lui quatorze ) Et ce soir il donne un grand souper et bal chez lui à Charing Cross. J'ai remarqué son blason à l'arrière de son carrosse. Il écartèle les armes d'Angleterre, d'Ecosse et de France sur d'autres champs. Mais je n'ai rien vu qui indiquât sa bâtardise.


                                                                                                                 21 avril

            Levé de bonne heure et à mon bureau, où je commençai par décorer de filets d'encre rouge mon Mare Clausum en langue anglaise ce qui, avec le titre rectifié, en fait maintenant un fort beau livre. Puis au travail et dîner à la maison. Ensuite réunion au bureau, puis dans mon cabinet jusque tard, à la maison et souper, une partie de cartes avec ma femme, puis au lit. Miss Ashwell joue bien aux cartes et va nous apprendre à jouer. J'espère que cela ne me fera pas perdre de temps et que ma femme ne s'y intéressera pas trop.


                                                                                                                    22 avril
media.artab.fr
            Levé de bonne heure et à mon bureau, fort occupé toute la matinée à noter des choses dans mon manuscrit, ce qui me procure une grande satisfaction. Puis à la Bourse et chez mon oncle Wight qui m'a invité, rejoint par mon père, ma femme et Miss Ashwell. On ne nous servit qu'un piètre dîner mal apprêté, de plus la simple vue des mains de ma tante et la façon malpropre dont elle coupait la viande manquèrent me retourner l'estomac. Après prîmes un fiacre et nous rendîmes au Théâtre royal où nous ne vîmes qu'une partie de L'Esprit sans argent, que je n'ai guère aimé. Le fait d'être arrivé en retard m'avait gâté l'humeur, ainsi que la somme de quatre demi-couronnes à débourser..... Puis, à la maison et un moment à mon bureau et retour à la maison jouai aux cartes avec mon père pas très valide, ce qui le rend fort mélancolique. Puis souper et, au lit.

                                                                                                              23 avril
                                                                               Saint-Georges et jour du couronnement
            Le roi et la Cour sont à Windsor. Au cours de la cérémonie le prince du Danemark, par procuration, et le duc de Monmouth sont faits chevaliers de l'ordre de la Jarretière.
            Me levai de bonne heure avec mon père, après avoir fait allumer le feu dans le petit salon de ma femme à l'étage, car la journée est humide et froide. Nous y passâmes toute la matinée à examiner ses comptes depuis son déménagement à la campagne. Il apparaît que ses dépenses jusqu'à ce jour s'élèvent, en dehors de dépenses extraordinaires, au moins à 100 livres par an, ce que je trouve préoccupant et que je lui fis clairement voir. Le pauvre homme en pleura tout en me représentant qu'il n'aurait pu dépenser un farthing de moins. Je lui exposai notre situation, et laissai bien apparaître que je ne fais point confiance à Pall, pas plus à la bonté de son naturel qu'à ses qualités de ménagère. Il en fut bien affligé et me dit qu'en réalité elle se conduit fort bien et très prudemment. Je m'en réjouis, mais je soupçonne que ce jugement n'est dû qu'à l'affection excessive que lui porte mon père et à ce qu'il n'est plus aussi capable qu'autrefois de découvrir ses fautes.
            Nous décidons de faire venir Will Stankes à Londres afin qu'il nous explique bien tout ce que nous possédons à Brampton et pour qu'avant le départ de mon père nous puissions tout régler, décider comment trouver des revenus pour mon père et payer dettes et legs et aussi pour comprendre véritablement dans quelle situation se trouve Tom, afin de savoir à quoi nous attendre quant au succès de ses affaires, en bien ou en mal.
            Puis dîner et au bureau où se retrouvèrent quelques-uns d'entre nous pour travailler un peu. Puis chez sir William Batten pour voir un petit dessin qu'il possède, exécuté par un Hollandais et qui est très réussi.
            A mon bureau mis deux ou trois choses en ordre, puis à la maison où passai la soirée avec mon père, jouai aux cartes jusque tard le soir. Au cours du souper on envoya mon petit valet quérir de la moutarde pour accompagner la langue de boeuf, et le coquin traîna une demi-heure dans les rues pour voir un feu de joie, à ce qu'il paraît. Ce qui me mit fort en colère, et je suis résolu à le corriger demain.


                                                                                                                       24 avril

            Levé de bonne heure et armé de ma ceinture descendis au petit salon, fis venir mon petit valet et le battis si fort que je dus reprendre haleine deux ou trois fois. Je crains bien, pourtant, que cela ne remette aucunement ce garçon dans le droit chemin, ses mauvaises habitudes sont trop bien installées. Ce qui m'attriste fort car il a l'étoffe de devenir un homme bien, et c'est un garçon que ma femme et moi aimons beaucoup.
            Puis m'habillai et à mon bureau toute la matinée. A mon retour à la maison j'eus la visite du capitaine Holland de retour d'un voyage en mer et a été si harcelé en justice à cause du vaisseau qu'il a acheté, à tel point semble-t-il que, de désespoir, il a tenté de se trancher la gorge, mais il en a réchappé et, apparemment, que ce soit à cause de cela ou qu'il ait été convaincu par quelqu'un d'autre ( la mère de sa femme est une fanatique enragée ) il est presque devenu quaker, ne parle que de choses saintes et si extravagantes que je fus vite lassé de sa compagnie. A la fin, je prétendis avoir affaire à la Bourse, où nous nous rendîmes à pied. Je pris là congé de lui et rentrai dîner à la maison. En chemin j'envoyai mon petit valet s'enquérir de deux maîtres à danser de notre quartier qui pourraient donner des leçons à ma femme, et il me rapporta ce que l'on dit d'eux.
            Après dîner,  tout l'après-midi à la maison, à jouer du violon, ce qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps, tandis que Miss Ashwell dansait, à l'étage dans ma meilleure pièce du haut qui est excellente pour y jouer de la musique. Je m'attendais, cet après-midi, à ce que mon père ramenât mon cousin Scott et Strudwick, mais ils ne vinrent pas. Le soir nous fîmes donc seuls une promenade jusqu'à la taverne de la Demi-Etape, mais nous n'y entrâmes pas, c'était une simple promenade.
            Retour à la maison, et souper avec mon père, et mangeâmes un bon homard prévu, entre autres, d'offrir à nos invités aujourd'hui, puis partie de cartes et ensuite, au lit.
            C'est le premier jour depuis fort longtemps que j'aie si largement consacré à mes plaisirs.


                                                                                                                25 avril
opera.fr
            Levé de bonne heure, m'appliquai à ma viole et à mon livre de chant un bon moment, puis à mon bureau, réunion toute la matinée. Entre autres, sir William Batten vint dans l'idée de nommer Butler, notre témoin principal dans l'affaire Field, et que nous avons obligé de quitter un poste sur un vaisseau en partance pour qu'il fût présent à notre procès, maître d'équipage sur le " Rainbow, dans les Downs, pour compenser la perte qu'il a subie à cause de nous. Il commanda qu'un ordre d'affectation fût établi dans ce sens par Mr Turner. Après que divers membres l'eurent signé on me le passa, et je voulus le mettre dans mon carnet, avec l'intention d'y réfléchir et de leur donner mon opinion avant de leur remettre. Mais sir William Penn me dit que je devais le signer ou le lui rendre, car il fallait ma signature. Je lui dis ce que je voulais faire, sur ce, sir William entra dans une grande colère, et l'esprit fort échauffé, ce qui le conduit toujours à dire le fond de sa pensée. Et j'en suis content, bien qu'il soit méprisable de sa part de garder par devers lui une chose sans en parler, je suis cependant content que ce soit là le pire qu'il me reproche car, s'il avait un plus grand grief il me l'aurait dit aussi tôt ou tard. Il me dit d'abandonner l'idée que je pourrais faire signer des ordres d'affectation tout en m'en abstenant moi-même. Il est aisé de voir quelle ignorance, ou pis encore, suppose sa réaction quand il signe lui-même, comme les autres membres du Conseil, des documents pour faire comme tout le monde, et non parce qu'il les croit justes car, après en avoir parlé je les convainquis qu'il ne convenait pas d'envoyer cet ordre, et sir William Batten en premier, puis tous les autres annulèrent volontiers leur signature et l'ordre fut déchiré. Je leur montrai que Butler étant un fieffé coquin , ce que nous avions tous affirmé dans une lettre au Duc, il aurait en son pouvoir de dire publiquement, à notre grand détriment, que nous avions agi ainsi pour servir notre propre intérêt, causant du tort au roi en lui donnant une place qu'il n'est aucunement capable de tenir sur un vaisseau amiral.
            Levâmes la séance à midi, sir William Batten et moi irrité, puis à la maison pour dîner. Me rendis ensuite à l'ancienne Bourse et poursuivis jusqu'au palais de Westminster et à Whitehall dans les appartements de milord Sandwich. En revenant dans le quartier du Temple par le fleuve, payai mes dettes en différents endroits pour pouvoir examiner mes comptes demain, à ma grande satisfaction. Puis à la maison. Après le souper, mon père était chez mon frère, nous sommes joyeusement essayés à danser ce que ma femme a commencé aujourd'hui d'apprendre avec Mr Pembleton. Mais je crains qu'elle ne devienne jamais une bonne danseuse, car elle s'imagine qu'elle danse déjà très bien, ce qui n'est pas du tout mon avis.
            Puis au lit.
            Aujourd'hui, dans la Grand-Salle de Westminster, j'ai acheté un livre récemment paru avec l'imprimatur du Dr Stradling, chapelain de l'évêque de Londres. Ce livre dévoile les pratiques et desseins des papistes et les craintes qu'ont eues jusqu'à nos jours certains des pères de notre propre Eglise protestante concernant le retour au papisme, en l'imaginant en quelque sorte.
            C'est un fort bon livre, mais comme il mentionne des confesseurs de la reine mère, l'évêque, chose qui tourmente bien des braves gens et des membres du Parlement, l'a fait retirer de la circulation, et j'en suis bien fâché.
            J'ai acheté un autre livre, un recueil de nombreux sermons publics des grands prédicateurs presbytériens prononcés dans le passé en des occasions officielles contre le roi et son parti. C'est un livre intéressant à lire aujourd'hui, qui permet de voir ce qu'ils prêchaient et ce que croyaient les gens, ainsi que ce qu'ils prétendent être aujourd'hui.
            Pour finir, j'ai entendu dire que la reine est fort peinée depuis quelque temps de ce que le roi la néglige. Il n'a pas soupé avec elle depuis trois mois, alors qu'il est presque tous les soirs avec milady Castlemaine qui a passé avec lui la Saint-Georges à Windsor et est rentrée avec lui hier soir. Qui plus est on dit qu'elle ne dort plus chez elle, mais dans une chambre de Whitehall qui jouxte celle du roi. Je suis bien fâché de l'entendre, malgré ma grande admiration pour elle

                                                                                                                    26 avril 1663
                                                                                                    Jour du Seigneur
            Grasse matinée, à causer avec ma femme, puis lever et commençai de faire mes comptes pour ce mois. Mais à l'arrivée de Tom, contre qui j'étais irrité car il a bien mal rapetassé mon manteau de camelot, venu m'apprendre que mon père et lui viendraient dîner chez moi, et que notre père se trouvait à notre église. Je m'habillai et écoutai un très bon sermon fait par un pasteur de la campagne sur le thème " Quelle félicité pour des frères que de vivre ensemble dans l'unité ! " . Puis dînâmes tous à la maison. Avions l'intention de prendre un fiacre pour aller voir milord Sandwich à Chelsea, si le cocher avait voulu nous y mener, mais comme il refusa nous restâmes à la maison. Et passai tout l'après-midi sur mes comptes et vois que ma fortune s'élève à plus de 700 livres, le Seigneur soit loué! je n'avais encore jamais possédé autant d'argent.
            Le soir, mon père étant allé dormir chez mon frère, ma femme, Miss Ashwell, le petit valet et moi, et le chien traversâmes le fleuve et allâmes à pied jusqu'à la taverne de la Demi-Etape et au-delà, entrant dans les champs pour cueillir des primevères, puis à la taverne où soupâmes d'agneau froid que nous avions apporté, et fîmes une fort agréable promenade de retour, durant laquelle Miss Ashwell nous récita des parties du masque qu'elles avaient joué à l'école de Chelsea et qui était fort joli. Je m'aperçois qu'elle a une mémoire absolument prodigieuse...........
            Puis à la maison et, après avoir relu mes résolutions, comme j'avais sommeil, au lit, sans prières, que Dieu me le pardonne !


                                                                                                                          27 avril
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            Levé de bonne heure et à mon bureau. Travaillai seul un bon moment..........
            A midi dînai gaiement avec ma femme à la maison, et après, par le fleuve à Whitehall, mais j'apprends que le duc d'York s'est installé pour l'été au palais de St James et donc Mr Coventry, que je trouvai à son cabinet de travail, sir William Penn et moi nous rendîmes au cabinet du Duc et passâmes un bon moment à nous occuper des affaires de la marine. Puis à Whitehall où passai un moment seul avec milord Sandwich à parler avec lui de sa dette envers la marine. Il me questionne sur certains papiers qu'il m'a confiés. Puis aux appartements de milord où Creed vint me trouver et fîmes ensemble une grande promenade dans le jardin, puis à la taverne sur la place du marché pour boire de la bonne bière de Lamberth, ensuite au palais de Westminster et, après m'être longuement promené, pris un fiacre pour rentrer à la maison. Là j'apprends que Mary a quitté le service de ma femme, car elle était trop fière à son goût, quoique une très bonne servante, et mon petit valet va aussi partir dans quelques jours, car il ne convient pas à ma famille, si incontrôlable......... ce que je regrette bien car j'aime ce garçon et serais content de le ramener sur le droit chemin.
            A la maison avec ma femme et Miss Ashwell avons causé de son départ à la campagne cette année. Nous avons manqué nous fâcher à ce sujet, car elle a pensé que je voulais l'éloigner, ce qui n'est pas le cas, et lui permettre de rester n'est pas une bonne idée, me semble-t-il, car elle s'attend à davantage de plaisir que je ne peux lui en donner ici, et je crains d'avoir commis une grave faute en la laissant commencer des leçons de danse.
            La reine, ce que j'ignorais, se trouvait à Windsor, semble-t-il, lors du banquet de la Saint-Georges et, comme le duc de Monmouth dansait avec elle, son chapeau à la main, le roi entra, embrassa le duc et le fit se couvrir, ce que tout le monde remarqua.
            Après avoir passé un moment à mon bureau, à la maison, souper et, au lit. Mon valet Will est revenu à la maison, après avoir passé toute la semaine chez son père pour se purger.


                                                                                                                        28 avril

            Levé de bonne heure et toute la matinée à mon bureau. Montai seulement voir à l'oeuvre ma femme et son maître à danser, et je crois, en fin de compte, qu'elle réussit fort bien.. Puis dîner en compagnie de Mrs Hunt et ensuite au bureau où réunion jusque tard, puis allai dans mon bureau pour refaire les comptes du voyage de milord et le mettre en ordre en vue du règlement de la dette. Ensuite à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                           29 avril

            Levé de bonne heure et, après avoir réglé certains comptes pour milord Sandwich à mon bureau, je sortis. Allai chercher mon père chez mon frère et prîmes un fiacre pour Chelsea. Fîmes halte dans une taverne près de la prison de Gatehouse à Westminster pour prendre notre boisson du matin, puis reprîmes notre chemin et arrivée à Chelsea où nous trouvâmes milord dînant d'un rôti, tout seul à une petite table. Nous nous assîmes et passâmes un fort joyeux moment à causer et lui fîmes force compliments sur son lieu de retraite et l'excellence des mets, très bien apprêtés, en effet, par la maîtresse de la maison, Mrs Becke, autrefois une femme de bonne condition, l'épouse d'un négociant, et qui accommode tout de merveilleuse manière, entre autres ses gâteaux sont admirables et si savoureux que milord les a déclarés dignes d'êtres offerts à milady Castlemaine.
            Puis milord aborda le sujet de sa querelle avec Mr Edward Montagu. Il en ressort qu'après leur dispute il l'avait revu trois fois et il ne semblait pas demeurer le moindre différend. Depuis lors, pourtant, il n'est pas venu le voir, de plus il parle partout de milord en termes désobligeants et se plaint de lui à milord le chancelier qui a montré tant de mépris pour Mr Montagu que milord sait n'avoir rien à craindre. Nonobstant tout cela, si noble est son caractère qu'il se déclare prêt à témoigner bonté et compassion à Mr Montagu en toute occasion.
            Milord m'a dit avoir offert à sir Henry Bennet une coupe en or de 100 livres qu'il a refusée avec un compliment. Mais milord aurait bien aimé qu'il la prît, afin qu'il lui fût redevable de quelque chose et il lui paraît possible que l'autre refuse pour éviter de devenir son obligé, mais il n'a pas la moindre raison de douter de ses bonnes dispositions. Cependant je vois qu'il y a de grandes divisions à la Cour et il est probable que sir Henry Bennet, milord Bristol et leur faction  vont l'emporter, ce qui, pense milord, ne sera pas pour le mieux, et en particulier triompher du chancelier  qui, me dit-il, est irrémédiablement perdu. Malgré cela il ne prendra part à rien qui soit dirigé contre le chancelier qui, il le reconnaît, est le plus sûr et a été le plus grand de ses amis. Et donc il n'agira ouvertement ni pour l'un ni pour l'autre parti, mais se conduira avec impartialité sans s'engager.
            Quant à la reine, me dit milord, il pense avoir encouru son mécontentement à cause de son amitié pour sa voisine, milady Castlemaine avec qui, me dit milord, il n'a nulle raison de se brouiller pour plaire à la reine dont ni l'intelligence, ni l'habileté, ni l'influence ne sont susceptibles de constituer un soutien pour quiconque. Il pense donc ne pas être dans l'obligation de servir sa cause contre son propre intérêt.                                                                             calatorprinlume.ro
            Quant au Duc et à Mr Coventry, il me dit être en fort bons termes avec eux, et ne doute pas qu'ils se montreront de solides amis tout particulièrement maintenant, puisqu'il peut leur rendre des services et qu'ils ont besoin de lui, mais il ne me dit pas de quelle manière.
               A propos de l'affaire de Tanger, il me dit que milord Treviot s'est embarqué sans que quiconque fut allé lui présenter ses respects, et en fait à personne d'autre, et sans sa commission et, si ce qu'il dit est vrai, en ayant avancé 7 ou 8 mille livres en marchandises pour sa place. Il a en outre désobligé tous les membres de la commission de Tanger, mais aussi, l'autre jour, sir Charles Berkeley........ Et alors que l'on dit que lui et ses hommes sont irlandais ( ce qui est en fait la principale raison qui a poussé le roi et le Conseil à nommer Treviot, pour éviter que les Irlandais n'aient un trop grand contrôle, ou le contrôle complet de la place sous le commandement de Fitzgerald ), il ajouta qu'il n'existait aucun Anglais capable de gouverner Tanger. Milord Treviot répondit " Si, qu'il y en avait beaucoup de plus capables que lui-même, et que Fitzgerald aussi ". Comme Fitzgerald est fort lié avec le duc d'York, qu'il est déjà nommé vice-gouverneur et indépendant de milord Treviot et qu'il va demeurer ici encore quelque temps après le départ de ce dernier, milord Sandwich pense que le peu d'amis qu'il lui reste et la fâcheuse posture où sont ses affaires, milord Treviot n'est pas le chef et l'homme habile qu'il passe pour être, et n'est pas apte à commander cette place.                                                                                 tangier.free.fr
            ..................... Nous en vînmes à parler des comptes concernant son voyage à Tanger et arrêtâmes ce que nous allions faire et la manière de procéder. Bien que je lui offrisse un moyen de se libérer honnêtement de la plus grande partie de sa dette en se déclarant débiteur du Parlement d'avant le retour du roi, il résolut de procéder ouvertement et sans détours, de s'en remettre à la bonté du roi et du Duc. Cette humeur, je dois l'avouer, et je le lui dis, ce qui lui plut, lui avait été fort profitable, car il avait la réputation de n'employer ni stratagèmes secrets ni fourberies dans ses affaires........... 
            Nous parlâmes ensuite de sir George Carteret, qu'il trouve bien disposé envers lui, quoique peut-être légèrement envieux, comme le sont la plupart des gens, et de beaucoup d'autres.
            Dans l'ensemble, je vois que c'est chose fort difficile pour un courtisan, de quelque condition qu'il soit, de se conduire impartialement sans susciter l'hostilité ou l'envie et qu'il faut pour cela bien de la sagesse et de la dissimulation.
            ................
            Je pris congé un peu plus tard et, en descendant trouve mon père saisi de grandes douleurs. Il me demande, pour l'amour de Dieu, de lui trouver un lit pour s'allonger. Ce que je fis et William Howe et moi restâmes à ses côtés, souffrant comme je ne l'avais jamais vu souffrir, le malheureux, et avec une telle patience, criant seulement ;
            - Terrible, douleur terrible, Dieu me vienne en aide ! Dieu me vienne en aide !
de cette voix funèbre qui me brisait le coeur. Il demanda à se reposer un peu seul, pour voir si la douleur s'apaiserait. Nous descendîmes nous promener dans les jardins, fort beaux avec une jolie fontaine qui me mouilla, et nous allâmes jusqu'à une salle des banquets qui jouit d'une fort belle vue. Puis retour auprès de mon père que je trouve dans des souffrances telles que je ne pouvais le regarder sans pleurer, pensant que jamais je ne pourrais l'emmener hors de cette maison. Mais à la fin, comprenant que cela ne passerait probablement pas, j'emmenai mon père, en proie à d'atroces douleurs, jusqu'à la voiture, et rentrâmes à toute allure, il souffrait le martyre. Rencontrâmes en chemin le capitaine Ferrer....... sans arrêter la voiture pour parler à quiconque, sauf une fois à l'enclos de Saint-Paul, les secousses et la douleur ayant fait vomir mon père, ce qui n'avait jusque-là jamais eu pareil effet. Nous arrivâmes enfin et le mîmes au lit avec l'aide de tous. Après être resté une demi-heure allongé nu sur son lit ( c'est une hernie qui le fait souffrir, depuis vingt ans, mais qui ne lui a jamais causé autant de douleur et une si grande enflure, et quelle en est la cause sinon d'avoir bu de la petite bière froide et d'être resté longtemps assis sur un tabouret bas puis être demeuré longtemps debout après cela, il ne peut le dire ) ses entrailles remontèrent dans son ventre, après être descendues dans le scrotum, ce qui, semble-t-il est fréquent chez beaucoup d'hommes, après quoi il se sentit bien et la douleur ne revint pas, puis nous descendîmes pour trouver William Stankes avec ses chevaux. Mais il est fort plaisant de l'entendre se plaindre du tintamarre et de l'agitation de Londres par rapport à la campagne, et qu'il ne peut souffrir.
            Il soupa avec nous, repas fort gai. Puis il partit à l'auberge avec les chevaux et nous allâmes au lit. Dormis avec mon père qui se porte de nouveau fort bien et passâmes une fort bonne nuit.


                                                                                                                               30 avril 1663

            Lever et, après avoir pris ma boisson du matin avec mon père et William Stankes, allai voir sir William Batten qui va, comme toujours inutilement, faire une inspection à Chatham
            A mon bureau jusque vers midi. Ensuite à la Bourse et retour à la maison pour dîner avec mon père, Mr Hunt et William Stankes. Mais Seigneur ! quelles histoires Stankes ne fait-il pas en nous disant comme il se fait bousculer dans les rues et combien marcher dans Londres le fatigue et il n'a pas voulu se laisser persuader par ma femme et Miss Ashwell d'aller au théâtre, ni de visiter Whitehall, ni de voir les lions, même si on l'emmenait en fiacre. Je n'aurais jamais pu croire qu'il y eût sur terre un homme aussi peu curieux du monde que lui.
            Au bureau tout l'après-midi, jusqu'à neuf heures du soir, puis à la maison, jouai aux cartes avec mon père, ma femme et Miss Ashwell, et, au lit.



                                                                            à suivre...........

                                                                                                        1er Mai 1663

            Levés de bonne...........


         

                                                                                                                             
       
                                                                                             
         


samedi 26 janvier 2019

Fake News Michelle Cotta Robert Namias ( Roman Policier France )

Fake News           
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                                                        Fake News

            Un scandale d'Etat se prépare sous les yeux incrédules d'un jeune Président. Des partis politiques déprimés, des journalistes à l'affût d'informations. Un premier assassinat, et ce sera le premier épisode d'un désastre annoncé, ajouté à cela une première salve d'articles sortis dans le Canard enchaîné. Le pays se remet rapidement de ces révélations, mais un couple de journalistes déjeunent dans un restaurant également fréquenté par les politiques. Le hasard et la curiosité, attrapant au vol quelques mots de ministres nerveux, semble-t-il, et Blanche, reporter indépendante décide de pousser son enquête sur les révélations du Canard enchaîné. Son compagnon lui, happé par la visite de son amie épisodique, Monica, par ailleurs maîtresse d'un ponte de la CIA à Washington, reçoit de cette dernière une information concernant le Président de la République française signalant l'ingérence de pays étrangers dans le financement de son élection. Il refuse d'en parler et note sur une toute nouvelle tablette les confidences exprimées volontairement ou pas. Il cache la tablette dans sa maison des Alpilles. Il ne pourra pas enquêter, Mais plusieurs mois plus tard, Blanche dans son journal attitré et d'autres titres sortent un déroulé de l'affaire très accusateur, preuves à l'appui, disent-ils. Les ressentiments, dans le milieu politique se font jour à pas feutrés pour certains, à grands cris pour les partis de l'opposition. La crédibilité et l'honneur sont en jeu, celui de l'accusé, le tout jeune président de la France, et le très critique et critiqué président des EtatsUnis. La vie du couple présidentielle est intenable surtout pour les jeunes filles insultées au collège. Les scènes d'intimité sont un peu lourdes, les passages très documentés nombreux et l'arrivée d'un informaticien de génie démontrent la légèreté de l'enquête sur le terrain. On se promène à Marseille, on reconnaît sans reconnaître tel personnage. Michèle Cotta et Robert Namias, tous deux journalistes émérites reconnaissent avoir mélangé les personnalités, c'est aussi un jeu dans la lecture de ce roman. Jusqu'où l'électronique est-elle maître du jeu...