dimanche 15 janvier 2017

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 69 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

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                                                                                                            1er mai 1662

            Avec sir George Carteret et sir William Penn, et nos commis, nous  quittâmes ce matin Portsmouth de fort bonne humeur et arrivâmes avant midi à Petersfield, accompagnés également de plusieurs officiers de l'arsenal. Nous avons là dîné très gaiement.
            Arrive à ce moment, de Londres, milord Carlingford en route pour Portsmouth. Il nous dit que la duchesse d'York est accouchée d'une fille, ce qui, je le vois, ne fait plaisir à personne. Et que le prince Rupert, le duc de Buckingham ont prêté serment comme membres du Conseil priivé.
            Il cuisina lui-même un plat d'oeufs avec le beurre des asperges. C'est un excellent mets dont j'userai à l'avenir.
            Remontés à cheval après dîner et arrivés à Guilford. Après souper j'allai au lit, ayant été froissé aujourd'hui par les sottes remarques de sir William Penn, et l'ayant moi-même froissé par mes réponses. Il se plaignit entre autres dans la conversation de manquer d'assurance, et me pria de lui en prêter quelques grains, ce dont, je crois, lui répondis-je en présence de sir George, il était mieux fourni que moi. Je vois qu'il me faut être plus distant que je ne l'étais. Et j'espère y arriver, grâce au crédit que je suis en train d'acquérir auprès de sir George.
             Au lit, tout seul, et mon Will dans le lit bas.


                                                                                                         2 mai

            De nouveau en voiture de bon matin jusqu'à Kingston, où nous nous restaurâmes un peu, et aussitôt de nouveau en voiture et arrivâmes de bonne heure à Londres. Je trouve les choses en bon état à la maison. Mrs et Mr Hunt ont dîné avec ma femme aujourd'hui, et ils ont été très attentionnés avec elle en mon absence. Après m'être lavé car c'était la journée la plus chaude qu'il y ait eue cette année, je les emmenai tous chez Mrs Hunt et j'allai chez la femme du Dr Clarke lui donner sa lettre et son cadeau. C'est une femme très élégante, et entre elle et le grand nombre de dames élégantes qu'il y avait en sa compagnie je fus fort intimidé et j'eus peine à me conduire en homme au milieu d'elles. Je restai cependant jusqu'à ce que le courage me revint, et je causai avec elles et visitai sa maison qui est très agréable, et je bus et dis au revoir. Puis au logis de milord où, par hasard, j'aperçus le carrosse de milady et je la trouvai chez elle ainsi que milady Wright. Et je leur parlai. Et quand elles furent parties j'allai chercher ma femme chez Mr Hunt, et retour. Et au lit.


                                                                                                          3 mai

            Avec sir William Penn en voiture au palais de St James et dans la chambre du Duc qui a été à la chasse ce matin et est de retour. De là à Westminster où je rencontrai Mr Moore et j'apprends que Mr Watkins est mort soudainement depuis mon départ. A dîner chez milady Sandwich et les enfants de sir Thpmas Crew arrivant je les ai tous emmenés avec ceux de milady à la Tour leur montrer les lions et tout ce qu'il y a à voir. Puis je les emmenai chez moi où je les choyai, et les raccompagnai chez milady. Les enfants de sir Thomas Crew sont aussi beaux et bien élevés que tous ceux de leur âge que je connais.
            De là chez l'orfèvre d'où j'ai rapporté mon portrait en miniature, maintenant terminé, à la maison. Et il me plaît extrêmement, et à ma femme aussi. Et souper, et au lit par une chaleur extrême


                                                                                                                   4 mai
                                                                                             Jour du Seigneur
            Restai longtemps couché à causer avec ma femme. Puis levé et visite de Mr Hollier et m'a tiré du sang. Je commençai à me sentir mal, mais en me couchant sur le dos je fus aussitôt remis et je lui donnai 5 shillings pour sa peine, et nous nous séparâmes. Et j'allai dans mon cabinet rédiger mon journal depuis le début de mon récent voyage jusqu'à ce moment.
            Bien dîné, et après dîner, le bras en écharpe retenu par un ruban noir, ma femme et moi à pied chez mon frère Tom, escortés de mon petit laquais avec son épée qu'il commence aujourd'hui à porter afin de surpasser le petit laquais de sir William Penn qui, de même que celui de sir William Batten commencent à porter aussi des livrées neuves. Mais je crois bien que le mien est le plus élégant.
Afficher l'image d'origine            Je conduisis ma femme au banc de Mrs Turner, et  l'église étant comble, car si s'agissait d'entendre un docteur qui doit faire un sermon de probation, je sortis et allai au Temple où je me promenai, et l'office terminé j'allai chez Mrs Turner Nous restâmes un moment et nous rendîmes alors à Grey's Inn pour regarder la mode des dames, parce que ma femme est en train de se faire quelques vêtements. Puis en rentrant à la maison je passai chez Anthony Joyce où nous trouvâmes sa femme ramenée malade de l'église et qui était dans une crise de convulsions. De sorte que nous rentrâmes et nous rendîmes chez sir William Penn où nous soupâmes, et à la prière, et au lit.                                                                        


                                                                                                                   5 mai 1662

            Souffrant encore de mon bras je restai chez moi toute la matinée et dînai seul à la maison, ma femme étant sortie acheter certains objets pour elle et une robe de chambre pour moi. Et j'ai passé tout l'après-midi à examiner mes papiers, et le soir promené sur la terrasse, et au lit.


                                                                                                                 6 mai

            Ce matin j'ai fait installer mon banc sur la terrasse, ce dont je suis très content. Puis au bureau et de là à la Bourse mais sans pouvoir trouver mon oncle Wight et à la maison pour dîner. Et puis ressortis pour me rendre dans différents endroits verser de l'argent et vérifier mes dettes, et retour à la maison, et promené sur la terrasse avec ma femme, et souper, et au lit.
            Je trouve difficile de me mettre au travail après tant de repos et de plaisirs.


                                                                                                                    7 mai

            Allai à pied à Westminster où j'apprends que Mr Montagu est arrivé auprès du roi hier soir et qu'il a laissé la reine et la flotte dans le golfe de Gascogne, en route pour ici, et qu'il pense qu'elle est maintenant à l'île Sorlingue. A midi je dînai chez Mr Crew. Après cela je me suis entretenu avec sir Thomas Crew, entre autres exemples des propos frivoles qui se tiennent parfois au Parlement, il me raconta que dans la récente affaire du fouage que devaient payer tous les occupants, on demanda si les femmes devaient payer en cette qualité, et quelqu'un se leva pour dire qu'elles n'étaient pas occupantes mais occupées.
            De là à l'enclos de Saint-Paul où, voyant miladies Sandwich et Carteret et ma femme, qui a aujourd'hui rendu visite à Mrs Carteret pour la première fois, arriver en voiture et allant à Hyde Park, je résolus de les suivre et j'allai donc chez Mrs Turner et de là la trouver au Théâtre où je vis le dernier acte du Chevalier au pilon ardent, qui ne me plut pas du tout. La pièce finie ces dames et moi allâmes au parc en voiture retrouver ma femme et les miladies. Nous remarquâmes nombre de dames élégantes et nous restâmes jusqu'au départ de la plupart, et revînmes alors chez Mrs Turner. Et là je soupai et rentrai à pied à la maison. Peu après ma femme entra, ramenée jusqu'à la grille par milady Carteret. Et au lit.


                                                                                                 8 mai

            Au bureau toute la matinée, à travailler seul. Puis à la Garde-Robe où milady sortant avec les enfants pour dîner, je ne restai pas, mais rentrai à la maison. Et à l'enclos de Saint-Paul je fus rattrapé par sir George Carteret dans son carrosse, et il m'amena à la Bourse où je restai un moment. Il me dit que la reine et la flotte étaient dans le golfe du Mont lundi dernier, et que la reine supporte assez bien son mal de mer. Il me dit aussi que sir John Lawson a infligé des pertes aux Turcs en Méditerranée, ce dont je me réjouis, et je fus le premier à annoncer cette nouvelle à la Bourse. Et je fus fort poursuivi par des négociants qui voulaient me l'entendre dire. Puis je rentrai à la maison et dînai. Ensuite au bureau, et après que les autres furent partis, milady Albermale étant aujourd'hui à dîner chez sir William Batten, sir George Carteret vint, et nous nous promenâmes dans le jardin. Il me dit, entre autres propos, que c'est Mr Coventry qui doit venir chez nous comme commissaire du Conseil de la marine. Ce dont il est fort contrarié et s'en prend à sir William Penn et lui fait de grandes menaces. Et, regardant ses appartements qu'on agrandit, il s'est écrié, dans sa colère "guarda mi spada ( nte de l'édit. Prends garde à mon épée ), car par Dieu je pourrai bien le laisser en Irlande quand il y sera, car sir William Penn va là-bas avec le lord-lieutenant. Mais j'entends être en bons termes avec sir George et je crois que cela est déjà en bonne voie. Puis au bureau où je restai tard à travailler, et puis l'esprit plein de ces affaires, j'allai au lit.


                                                                                                          9 mai 1662
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Afficher l'image d'origine            Levé et été au bureau, puis dîner à la maison, en différents lieux pour payer mes dettes, et puis à Westminster voir le Dr Castle qui m'a entretenu de l'affaire du Sceau privé, qui m'importe peu car cela ne me rapporte guère. Mais la récente mort soudaine de Watkins va sans doute nous faire perdre de l'argent. De là été voir Mr de Critz où j'ai vu de bons tableaux qu'il a copiés sur les tableaux du roi, dont certains de Raphaêl et de Michel-Ange. Et j'ai emprunté une Elisabeth qu'il a copiée pour l'accrocher chez moi, je l'ai fait porter par Will. Puis en compagnie de Mr Sallsbury, que je rencontrai là, j'allai à Covent Garden dans une taverne voir un tableau qui y est exposé et qui est en vente pour 20 shillings et j'en ai offert 14; Il en vaut bien plus, mais je ne l'ai pas acheté, ne voulant pas enfreindre mon serment. Puis je suis allé voir une pièce de marionnettes italiennes qu'on joue dans l'enceinte, fort jolie, la meilleure que j'ai vue, et un grand rendez-vous d'élégants. Puis au quartier du Temple et par le fleuve à la maison, promenade sur la terrasse et dans le noir. J'ai joué là de mon flageolet, car c'était une belle soirée calme, et souper et au lit.
            Aujourd'hui j'ai payé la dette due à Godefrey de 40 et quelques livres. Le duc d'York est allé hier soir à Portsmouth, je pense donc que la reine n'est pas loin.


                                                                                                                10 mai

            Seul au bureau toute la matinée, à rédiger des instructions destinées à l'arsenal de Portsmouth au sujet de ce qu'il nous a semblé utile de réformer lors de notre dernier passage. Et je les ai fait signer ce matin pour les envoyer ce soir, le Duc s'y trouvant maintenant.
            A midi à la Garde-Robe où je dînai. Milady me dit que milady Castlemaine parle d'aller accoucher à Hampton Court, ce dont elle et toutes les dames sont fort affligées, parce que le roi serait obligé de lui faire bon visage devant la reine quand celle-ci viendra. Au bureau où je restai tout l'après-midi et dans la soirée vint sir George Carteret. Nous avons affrété un navire pour Tanger et traité ensemble d'autres affaires. Et je vois qu'il me distingue des autres pour travailler avec lui, ce dont je suis très heureux. A la maison et après m'être fait raser, au lit.


                                                                                                                11 mai
                                                                                            Jour du Seigneur
            Allai à notre église paroissiale le matin où notre ministre étant absent de Londres c'est un presbytérien ennuyeux et terne qui a prêché. Dînai à la maison, le frère de ma femme avec nous. Nous avions un bon plat de ragoût de boeuf cuisiné par Jane, bien préparé, et un morceau d'esturgeon provenant d'un baril que m'a récemment envoyé le capitaine Cocke. L'après-midi à Whitehall et promenade une ou deux heures dans le parc où j'ai vu le roi qui a maintenant quitté le deuil, vêtu d'un costume galonné d'or et d'argent ce qui, disait-on, n'est plus à la mode. De là à la Garde-Robe où je me suis entretenu avec ces dames pour savoir si nous irions à Hampton Court demain. Retour à la maison et après avoir réglé nos affaires, ma femme et moi allons à la Garde-Robe, et nous y avons couché toute la nuit dans la chambre du capitaine Ferrer, mais le lit était si mou que je n'ai pas pu dormir par cette nuit très chaude.


                                                                                                              12 mai

            Mr Townshen nous a réveillés à 4 heures, et à 5 heures les trois dames, ma femme et moi, Mr Townshend, son fils et sa fille étions arrivés au canot major et étions en route. Nous allâmes à pied de Mortlake à Richmond où nous reprîmes un bateau, et de Teddington à Hampton Court, Mr Townshend de nouveau à pied, et là nous retrouvâmes les dames, et Mr Marriot nous fit visiter tout le château vraiment splendidement meublé, en particulier le lit de la reine que lui ont donné les Etats de Hollande. Un miroir envoyé par la reine mère de France, accroché dans la chambre de la reine, et nombre de superbes tableaux.
            Puis chez Mr Marriot où nous nous reposâmes et on nous donna à boire. Et puis retour au canot où nous eûmes bonne chère et bon vin et fûmes très gais. Arrivés vers 8 heures du soir nous sentant très bien. Ma femme et moi prîmes donc congé de milady et rentrâmes à la maison en voiture de louage, la plus douce que j'aie jamais connue et au lit.


                                                                                                             13 mai

            Au bureau toute la matinée. Dînai seul à la maison ma femme étant malade de ses " mois " et alitée. Puis à pied à l'enclos de Saint-Paul et je réglai là tous mes comptes jusqu'à aujourd'hui. Et retour au bureau et à la maison. Visite de Will Joyce avec un ami, un de ses cousins. Je leur ai fait boire une bouteille de vin. Puis je me suis mis à chanter et à lire, puis au lit.


                                                                                                            14 mai 1662

            Toute la matinée à Westminster et ailleurs pour affaires, et dînai à la Garde-Robe, suis resté une heure ou deux seul avec milady. Elle craint que milady Castlemaine ne reste en bons termes avec le roi. Et moi j'ai peur du contraire, car j'aime fort cette femme. De là chez mon frère et en découvrant qu'il m'a menti à propos de la doublure de ma robe de chambre neuve, disant que c'est le même tissu que l'extérieur, je fus très fâché et le quittai en colère. A la maison après être resté une heure à l'enclos de Saint-Paul. Est arrivé Mr Moorcock de Chatham qui m'apportait un superbe gâteau, et je vois qu'il en a fait autant pour les autres, ce dont je suis content. Et au lit.


                                                                                                              15 mai
                                                                                                                         dessinoriginal.com
Afficher l'image d'origine            A Westminster et au Sceau privé j'ai vu le sceau de Mr Coventry qui le fait commissaire avec nous, ce dont je ne sais s'il faut me réjouir ou m'attrister. Je rentrai à pied faisant différentes choses en route, et après dîner je fus au bureau tout l'après-midi. Le soir toutes les cloches de la ville ont sonné et on a fait des feux de joie en signe de réjouissance pour l'arrivée de la reine. Elle était arrivée et avait débarqué la veille au soir. Mais je ne vois pas beaucoup de grande joie, seulement une joie médiocre dans le coeur des gens fort mécontents de l'arrogance et du luxe de la Cour et du fait de ses dettes. Et au lit.


                                                                                                               16 mai

            Levé de bonne heure. Mr Hayter et moi au bureau où j'ai terminé mon registre des marchés dont j'ai fait un état récapitulatif. Dînai à la maison et passai la plus grande partie de la journée au bureau. Le soir souper et au lit.


                                                                                                                  17 mai

            Ce matin au reçu d'une lettre de Mr Moore j'allai au cabinet de mon cousin Turner et je le chargeai de rédiger rapidement une réplique à la réponse de Tom Trice. Puis à Whitehall où je vis Mr Moore, et je me promenai longtemps dans la Grand-Salle de Westminster et de là nous allâmes dîner à la Garde-Robe. Etaient présentes Mrs Sanderson, la mère des demoiselles d'honneur, et après dîner milady et moi fûmes à pied dans Paternoster Row où milady acheta une jupe de satin uni et d'autres choses en prévision de l'arrivée de la reine. De retour nous trouvâmes à la Garde-Robe Mr Nathaniel Crew avec un jeune homme, son ami et condisciple, issu d'une bonne famille. Mr Knightly connu des Crew et à propos de qui milady me dit en confidence qu'elle pensait un peu à un mariage pour milady Jemima. Il me plaît bien, et il a 2 000 livres de rente. De là au bureau où nous eûmes une réunion, et puis après avoir écrit à tous mes amis qui sont à Portsmouth avec milord, allai à pied chez mon frère Tom pour voir un manteau de velours que j'achète à Mr Moore. Il me coûtera 8 livres 10 shillings, il l'a acheté 6 livres 10 shillings, mais il vaut l'argent que j'y mets. Et à la maison où je trouve tout nettoyé pour demain, ce qui me fait plaisir. Et au lit.

*         aparences.net


                                                                                     à suivre
                                                                    
                                                                                                      18 mai 1662
                                                                                            Pentecôte
            Par le fleuve jusqu'à Whitehall

                                                                 

vendredi 13 janvier 2017

Harry Potter et l'enfant maudit J.K. Rowling ( Théâtre Angleterre )


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                                              Harry Potter
                                                                     et l'enfant maudit

             D'après une nouvelle de J.K. Rowling Jack Thorne a écrit la pièce mise en scène par John Tiffany. 8è épisode de la vie mouvementée et en partie douloureuse de Harry Potter devenu père de famille, il a épousé Ginny et a trois enfants Albus, James et Lily. Albus comme son père sera pensionnaire à Poudlard, mais à son grand désarroi chez les Serpentard, ce qui, dit-il, ne correspond pas à son désir, ni à son état d'esprit, il trouve cependant en route un grand ami, Scorpius Malefoy. Malheureusement tous les adultes voudront les séparer, un des géants voit un gros nuage noir autour d'Albus, alors que déjà avec son ami il essaie, pense-t-il de réparer une erreur de jeunesse de son père. De fait, le père et le fils se sont séparés à la gare en très mauvais termes, quant à Scorpius la rumeur le dit fils de l'épouvantable Voldemort et non de Drago. Rumeur malveillante peut-être. Harry Potter est toujours sorcier de même que ses amis Hermione et Ron et ils auront besoin de toute leur science. ".... Voldemort - Je sens la culpabilité. Il y a dans l'air une odeur pestilentielle de culpabilité.... " Les deux adolescents volent un retourneur de temps, il ne dure que cinq minutes. La dernière partie de la pièce est un peu perturbante à lire car on est confronté à un Harry Potter et ses contemporains à l'âge d'Albus alors que celui-ci n'est bien sûr pas encore né. Un peu compliqué, mais à lire, les pages se tournent. Et l'histoire est lue différemment par les adultes et les jeunes lecteurs. Le père et le fils tentent un rapprochement : " ..... Harry à son fils - Je ne comprends pas ce qui se passe dans ta tête, Albus. En fait, tu sais quoi ? Tu es un adolescent donc je ne suis pas censé comprendre ce que tu as dans le crâne, mais je comprends ce que tu as dans le coeur...... Serpentard, Gryfondord, je sais.... " Plongée dans une histoire très sombre, pleine de magie, de baguettes magiques, de sorciers qui volent même sans balais; apparition de Dumbledore, mort bien sûr, mais son portrait sur un tableau parle. La pièce jouée à Londres, à lire les détails au cours des différents actes, nécessite une grosse mise en scène,elle fut très applaudie à sa création et très bien reçue, en France en tête des ventes chez les libraires.

dimanche 8 janvier 2017

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 68 Samuel Pepys ( journal Angleterre )

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                                                                                                                16 avril 1662

            Levé de bonne heure et pris ma purge. Elle a bien agi toute la matinée. A midi dînai et l'après-midi visite de Mr Hayter. Avons travaillé à la récapitulation de l'état de tous les marchés passés au bureau depuis notre installation. Le soir, au lit.
                                                                                                                 17 avril

            Chez Mr Hollier le matin avec l'intention de me faire saigner, mais il était sorti. A Whitehall dans l'intention d'obtenir un sceau du Sceau privé, mais milord ne vint pas et je rentrai à pied. Restai à l'intérieur tout l'après-midi, le bureau n'étant pas ouvert aujourd'hui. Mais dans la soirée sir William Batten m'envoya chercher pour me dire qu'il avait aujourd'hui parlé au Duc de la surélévation de ma maison et qu'il nous avait donné son autorisation. Joyeux de cela je revins gaiement à la maison, et après souper, au lit.


                                                                                                                 18 avril

            Ce matin, ayant envoyé le petit laquais à la cave chercher de la bière, je l'ai suivi avec une canne et je l'ai battu parce qu'il traîne dans ses courses et pour d'autres fautes, et sa soeur est descendue et a intercédé pour lui. Je me suis montré indulgent. Et plus tard dans la chambre de ma femme je dis à Jane combien j'aimais ce garçon à cause d'elle et combien j'étais soucieux de le corriger de ses fautes, sans quoi il serait perdu. De sorte qu'à la fin elle se trouva fort satisfaite.
            Ce matin accompagné de sir George Carteret et de William Batten, au bureau où nous avons décidé d'aller à Portsmouth la semaine prochaine. Et me voici fort embarrassé de savoir que faire de ma femme car je ne puis la convaincre d'aller à Brampton et je répugne à la laisser à la maison. Tout l'après-midi en différents lieux pour régler différentes questions en vue de mon départ. Le soir à la maison et au lit.                                                           imaristo.hypotheses.org  
Imaginaires du pouvoir et de la noblesse (XVIIIe-XIXe)

                                                                                                               

                                                                                                           19 avril

            Ce matin avant notre réunion j'ai été à Aldgate, et à la boutique qui fait le coin, un marchand de drap. Je me suis arrêté et j'ai vu Barkstead Okey et Corbet tirés sur la claie en direction du gibet de Tyburn. Là ils ont été pendus et coupés en quartiers. Ils avaient l'air très assuré. Mais on m'a dit qu'ils étaient tous morts en maintenant que ce qu'ils avaient fait au roi était juste, ce qui est fort étrange.
Puis au bureau et à la maison pour dîner. Et le commandant David Lambert est venu me faire ses adieux, car il doit repartir pour Tanger et y rester.
            Puis sorti pour affaires et dans la soirée j'ai reçu de sir William Batten un chapeau de castor vieux mais excellent. Il faut que je lui donne quelque chose en échange, mais j'en suis très content. Et après avoir écrit par le courrier, au lit.


                                                                                                                  20 avril 1662
                                                                                                    Jour du Seigneur
         Je souhaitai ce matin me rendre à Whitehall entendre South aumônier de milord le chancelier, le célèbre prédicateur et orateur d'Oxford ( qui dimanche dernier s'effondra en chaire devant le roi et ne put continuer ). Il pleuvait et j'avais le vent contre moi, de sorte que j'ai été absolument incapable de trouver un canot ou une voiture pour me transporter. Je restai donc à Saint-Paul où tous les juges étaient réunis, et j'entendis un sermon car c'était le premier dimanche de la session des cours de justice. Mais on leur a fait un bien misérable sermon. Puis dîner chez milady, puis à Whitehall voir George Carteret et ensuite à la Chapelle où j'usai de mon droit d'avoir une place comme clerc du Sceau privé, et l'obtins. Puis rentrai à pied avec Mr Blagrave jusqu'à sa maison de Fish Yard où il a une jolie parente qui chante et nous avons chanté quelques chants sacrés. Arrivèrent ensuite d'autres personnes. Je les laissai alors et rentrai par le fleuve en passant sous le Pont, ce qui m'inquiéta. Et au lit.


                                                                                                                 21 avril

            Ce matin j'ai tenté de persuader ma femme, au lit, d'aller à Brampton cette semaine. Mais elle n'a pas voulu, ce qui me tracasse. Voyant que je ne peux plus le lui cacher je lui dis que j'étais décidé à aller à Portsmouth demain. Sir William Batten va à Chatham aujourd'hui et reviendra pour aller à Portsmouth nous retrouver jeudi prochain.
            J' allai à Westminster et ailleurs pour affaires. Puis à midi je dînai à midi je dînai avec milord Crew, montai ensuite dans la chambre de Thomas Crew qui est encore malade. Il me dit que milady, la duchesse de Richmond et milady Castlemaine se sont querellées l'autre jour, et qu'elle a traité cette dernière de Jane Shore, et lui a dit qu'elle espérait la voir finir comme elle.
            Redescendu trouver milord qui me dit que la reine est débarquée. Je pris alors congé et courus à Whitehall en voiture. Les cloches sonnaient en divers endroits, mais là je ne vis rien de tel ni rien qui y ressemblât. J'allai donc comme convenu chez Anthony Joyce, où je restai avec sa femme et Mall Joyce une ou deux heures. Comme son mari était absent je partis dans Cheapside où je l'aperçus et le pris dans la voiture et l'amenai chez moi. Et là je trouve miladies Jemima et Anne et Mademoiselle venues rendre visite à ma femme. Je les laissai pour parler avec Joyce d'un projet. Je voudrais que lui et moi nous unissions pour obtenir quelque argent pour mon frère Tom et sa parente, pour contribuer à la dot s'ils en arrivaient à se marier. Mon idée est de lui acheter du suif à bas prix pour le roi et Tom en aurait tout le bénéfice. Mais il me dit que le bénéfice sera peu considérable, ce qui me tracassa. Mais je suis convenu avec lui qu'il en fournisse en mon absence.
            Il partit et arriva Mr Moore. Nous parlâmes affaires jusque tard, il partit et j'allai au lit.


                                                                                                             22 avril
canalacademie.com

Afficher l'image d'origine            Après avoir fait mes adieux à ma femme, ce que nous ne pûmes guère faire gentiment, à cause de son désir de m'accompagner; sir William Penn et ses deux commis et moi avec mon Will prîmes une voiture et passâmes le Pont pour aller à Lambeth. Là nous prîmes un plat d'oeufs brouillés et attendîmes l'arrivée de sir George Carteret venant de Whitehall, accompagné du Dr Clarke, ce dont je fus très heureux. Nous partîmes donc et je fus fort satisfait de sa compagnie et nous avons été très gais pendant tout le trajet. Il nous raconta, entre autres histoires, celle d'un singe qui avait saisi le con de la jeune demoiselle quand celle-ci était aux latrines à chier, qui s'était sauvé de sous ses jupes et était monté sur la table où le souper était mis pour après le bal. Et celle d'un bravache qui criait " Allez au diable, coquin ! "  Nous arrivâmes à Guilford où nous passâmes le temps au jardin à couper des asperges pour le souper, les meilleures que j'ai mangées de ma vie sauf dans cette maison l'année dernière. Nous fîmes un bon souper et le docteur et moi fûmes au lit ensemble, nous traitant de cousins, à cause de son nom et de ma charge.


                                                                                                                  23 avril

            Levé de bonne heure et été à Petersfield où j'ai fait un bon dîner et là ai trouvé un habitant du pays pour nous guider en passant par Havant et éviter la forêt. Mais il nous a fait faire un grand détour. En arrivant nous avons encoyé un express à sir William Batten pour lui dire de ne pas venir, procédé dont j'avais eu l'idée pour tenir ma promesse faite à ma femme qu'elle viendrait si une quelconque de nos femmes venait, projet de milady Batten. Le docteur et moi dormîmes ensemble chez Wyard le chirurgien, à Portsmouth. Sa femme est une très jolie personne. Nous avons partagé le lit fort gaiement et avons fort bien dormi.. Le matin nous avons conclu qu'il était du sang et de la race  aînés des Clarke, parce que les puces s'en prenaient toutes à lui et non à moi.


                                                                                                               24 avril

            Levé et été au logement de George Carteret chez Mrs Stephen où nous prenons nos repas. Nous sommes allés à la paierie, mais les registres n'étant pas prêts nous sommes rendus à l'église pour le sermon. Se trouvaient là milords Ormond et Manchester et beaucoup de gens de Londres, mais moins que je ne m'y attendais. Excellent sermon sur le texte " dans la charité s'assujetissant les uns aux autres " dont je fus très content.
            Aucune  nouvelle de la reine. Dîner et à la paie tout l'après-midi, puis avec sir William Penn à l'arsenal du roi et avons couché chez Mr Tippets, où nous avons été extrêmement bien traités.


                                                                                                                25 avril

            Toute la matinée à Portsmouth à faire la paie, dîner et retour à la paie. Le soir j'ai demandé au docteur de venir dormir avec moi et j'ai été fort content de sa compagnie. Mais j'ai eu fort mal aux yeux à cause des santés que j'ai été obligé de porter aujourd'hui.


                                                                                                                   26 avril
                                                                                        grandpalais.fr 
Afficher l'image d'origine            Avec sir George et son commis, Mr Stephens et Mr Holt notre guide, avons été à Gosport, et à cheval jusqu'à Southampton. En chemin, outre les parcs et les domaines de milord Southampton où, d'un seul coup d'oeil, nous apercevons 6 000 livres de revenu annuel, nous avons remarqué un petit cimetière où les tombes sont traditionnellement semées de sauge. A Southampton nous sommes allés chez le maire où nous avons dîné, d'esturgeon qu'ils ont pris eux-mêmes la semaine dernière, ce qui n'arrive pas une fois en 20 ans, et il était bien préparé. Ils nous apportèrent aussi du caviar que j'essayai de préparer, mais inutilement, car il n'avait pas assez salé et les oeufs n'étaient pas écrasés mais étaient restés entiers. La ville est faite d'une seule rue magnifique, elle est entourée d'un rempart de pierre, et un tableau de Bevis est sur une des portes. Beaucoup d'anciens murs de maisons religieuses et le quai valent bien la visite. Après dîner nous sommes remontés à cheval, sans autre ennui qu'un mauvais chapeau qu j'ai emprunté pour épargner mon chapeau de castor. Retour à la nuit, et écrit des lettres pour Londres, et été avec sir William Penn au chantier pour y dormir.


                                                                                                                27 avril 1662
                                                                                                      Dimanche
            Sir William Penn se trouva rasé avant moi et prit donc la voiture pour aller à Portsmouth accompagner milord l'intendant à l'église. Et il m'a renvoyé la voiture, j'ai donc été en voiture à l'église et j'ai rencontré milord le chambellan sur les remparts de la place forte, et il a bien voulu me reconnaître et me parler. Je l'ai suivi à travers la foule des élégants en traversant les appartements de la reine jusqu'à la Chapelle. Les pièces toutes merveilleusement meublées ont échappé de justesse à l'incendie hier. A la Chapelle nous avons entendu un excellent et éloquent sermon. J'ai aperçu là et salué Mrs Pearse, mais ayant hâte je n'ai pu savoir où elle loge, ce qui me contrarie. De là j'ai emmené Ned Pickering dîner avec nous, et les deux Marsh, père et fils, et nous fûmes très gais. Après dîner nous allâmes en voiture à l'arsenal, et là à bord du " Swallow " qui était au bassin nous avons entendu notre aumônier de marine prêcher un triste sermon, plein de sottises et de mauvais latin, mais il a prié pour les très honorables officiers de haut rang. Après le sermon je l'emmenai chez Mr Tippets prendre un verre de vin, puis nous revînmes tous les quatre en voiture à Portsmouth où nous rendîmes visite au maire, Mr Timbrell, notre fabricant d'ancres, qui nous a montré le cadeau qu'ils ont préparé pour la reine. C'est une salière d'argent, dont les parois sont en cristal avec quatre aigles et quatre lévriers debout sur le dessus pour porter un plat. C'est vraiment une des plus élégantes pièces d'orfèvrerie que j'aie jamais vues, et le coffret est aussi très joli.
            Dans la soirée arrivée au port d'un navire marchand que nous avons affrété à Londres pour transporter des chevaux au Portugal. Mais, grand Dieu ! comme on a couru à la rive pour connaître des nouvelles pensant qu'il venait de la part de la reine. Dans la soirée, avec sir George et sir William Penn allâmes faire le tour des remparts, puis à l'arsenal avec le docteur. Souper et au lit.


                                                                                                                 28 avril

Résultat de recherche d'images pour "hogarth peintre"            Commencé à m'entretenir de philosophie avec le docteur, de façon extrêmement agréable. Il m'offre de m'introduire dans le collège des virtuoses et de me présenter milord Brouncker. Et de me faire voir une dissection, ce qui me fait grand plaisir. J'essaierai à mon retour à Londres. Sir William Penn fort tracassé par des lettres arrivées hier soir et ce matin il m'en a montré une du Dr Owen à son fils. On voit que cet homme est fort perverti par cet homme dans ses opinions, et je m'aperçois maintenant que c'est une des choses qui, depuis si longtemps, rend sir William malheureux. En voiture à la paierie, et de nouveau à l'ouvrage. Et puis dîner, et retour à l'ouvrage et dans la soirée à l'arsenal et souper et au lit.


                                                                                                                                                                                                                              29 avril

            Occupé à la paie toute la matinée puis dîner et retour à l'ouvrage dans l'après-midi. Le travail achevé avec sir George Carteret et sir William Penn sortis à pied et j'aperçus Mrs Pearse et une autre dame. Je les quittai pour aller trouver ces dames et je me promenai avec elles et les conduisis chez Mrs Stephen et leur donnai du vin et des confiseries, et nous avons été très gais. Puis arrive le docteur et nous les avons ramenées en voiture  à leur logis, lequel était très misérable, mais le meilleur qu'elles aient trouvé, et qui fut le sujet de maintes plaisanteries entre nous. Je désignai quelqu'un pour observer quand les portes de la ville seraient sur le point d'être fermées et pour nous en avertir. Le docteur et moi pûmes donc rester avec elles à jouer et à rire. Nous fûmes enfin obligés de leur dire bonsoir de peur d'être enfermés toute la nuit dans la ville. Nous allâmes à pied jusqu'à l'arsenal, cherchant comment ne pas retourner à Londres le lendemain afin de nous réjouir avec ces dames, ce que je fis. Puis souper et gaiement au lit.


                                                                                                               30 avril 1662

            Ce matin sir George vint à l'arsenal et nous fîmes la revue de tous les hommes et décidâmes quelques nouveaux règlements. Puis dîner avec tous les officiers de l'arsenal et à pied à Portsmouth pour payer la solde de l'équipage du " Succès ", ce que nous fîmes d'assez bonne heure, et je pris congé de sir William Penn. Il voulait savoir où j'allais mais je ne pouvais pas le lui dire. J'allai retrouver les dames, et je les emmenai à pied chez le maire, pour leur montrer le cadeau, et puis au bassin où Mrs Tippets les reçut fort bien. Le docteur étant venu  nous retrouver retour à leur logis où notre souper arriva selon mes instructions, et nous fûmes très gais à jouer aux cartes et à rire fort gaiement jusqu'à minuit. Nous restâmes ainsi aussi longtemps ( nous avions résolu de rester jusqu'à ce qu'elles nous disent de partir ), ce que pourtant elles ne firent point. Mais de notre propre mouvement nous leur dîmes adieu. Et nous passâmes la garde et allâmes au logis du docteur et là je dormis avec lui, notre entretien roulant largement sur la condition de la dame qui accompagnait Mrs Pearse, car elle est assez vieille et peinte et élégante, et elle a une fort belle servante, ce qui nous paraît être les marques d'une entremetteuse. Mais Mrs Pearse dit qu'elle ne la connaît nullement et qu'elle l'a rencontrée par hasard dans la voiture et qu'elle prétend être camérière. Elle s'appelle Eastwood. Et dormir dans un mauvais lit vers une heure du matin.
            Cet après-midi, après dîner, arrive Mr Steventon, un des bourgeois de la ville. Il vient me dire que le maire et les bourgeois me prient d'accepter la bourgeoisie et qu'ils étaient prêts chez le maire à me faire bourgeois. J'y allai donc, et ils étaient tous prêts et me firent avec beaucoup de politesse prêter serment, et après le serment, selon la coutume, chacun me serra la main. Je les conduisis alors dans une taverne et leur donnai à boire, et après avoir réglé la note je partis, non sans qu'ils eussent d'abord à la taverne fait Mr Waith lui aussi bourgeois, car il était arrivé pendant que nous buvions. Cela me coûta une pièce d'or pour le secrétaire de ville  et dix shillings pour les baillis et je dépensai 6 shillings.


                                                                           à suivre
                                                                                         
                                                                                                1er mai 1662

            Sir George Carteret, sir..........
            

samedi 7 janvier 2017

Tarantula Bob Dylan ( Nouvelles EtatsUnis )


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                                                                 Tarantula

            Tarantula parait en 1966 aux EtatsUnis. Bob Dylan a 23 ans lorsqu'il commence l'écriture de ce livre indéfinissable, hybride, génial pour certains. " Un livre de mots ", avec parfois un sens, celui de l'auteur ou celui dont nous rêvons. Des cut-ups selon Burroughs que Dylan, lecteur compulsif, a rencontré une fois. Extraits " Titre : Fripouille ras la fouille... Dans une tombe fruitière à mourir de rire...... la tête dans la tête d'oreiller...... -- Ballade en soi bémol... les pieds étaient coincés entre le jupon & tom dick & harry passa par là & et tous hurlèrent... ses lèvres étaient si menues & et elle avait la bouche en tirelire....... peux pas me faire assez de toiles  ton amoureux ankylosé, benjamin tortu -- Rompre la barrière du son... le zdong du dobro de néon..... de madame de haute pègre..... 
comme je disais, tu es voué à un titanique tantagramme à triple octave ton petit écureuil, Fétu, le Fromentin -- Chute de thermomètre -- Une salve de pacifistes... Piwi-l'Esgourde, dont la bouche a tout d'une carte de crédit - Jack-la-Barbaque & lui- plus Sandy Bob du Pecos - ils mènent l'éléphant blanc à l'eau quelque part entre wichita falls & el camino real - c'est tard dans la journée & toujours pas de nouvelles de Saigon - rapplique la fille de jerry me boing-boing - Liza-la-Ganache - à cheval sur un billet de deux dollars...... ne va pas dilapider ton argent chez le merlan - te verrai au drugstore ton altesse, Gombo le Clodo " . Dans une interview donnée au Los Angeles Free Press en 1965 Bob Dylan dit "..... j'ai écrit ce livre parce qu'il contient beaucoup de choses qu'il m'est impossible de chanter... tous les collages...... Je ne peux pas chanter ça...... Ou alors uniquement avec quelques personnes qui savent ce qu'il en est...... " Qui donc a dit qu'il fallait jeter le livre en l'air et lire la page sur laquelle il était retombé ? Dadaiste, surréaliste, extraits
                             " Prélude au mediator
            maman, bien que je n'essaie pas de disqualifier l'humeur morose qui t'habite, maman au pâtre défait sur l'épaule. le diamant de vingt cents qui est à ton doigt, je ne joue plus avec mon âme comme un petit ferblantier / j'ai maintenant les yeux d'un chameau & je dors sur un clou... glorifier tes tribulations serait des plus faciles mais tu n'es pas la reine - le son est reine / tu es la princesse... & j'ai été ta ruche, tu as été mon invitée & et je ne lèverai pas la main sur toi
            " y a-t-il des questions ? demande 
               l'enseignant. un blondinet
               au premier rang
               lève les mains et demande
               " c'est loin le mexique ? "
pauvre muse optique qu'on appelle mon oncle..... la chambre de commerce tente de persuader pauvre muse que minnesota fats était du Kansas...... ils érigent un supermarché au milieu de la prairie.....
            " est-ce qu'il y en a qui voudraient 
              sortir de l'ordinaire ? demande
              l'enseignant. le crack
              de la classe, qui a pour habitude d'aller ivre
              à l'école, lève la main & dit :
              " oui, monsieur, j'aimerais être un
              dollar, monsieur "
........ tu peux apprendre aux gens à être beaux, mais ne sais-tu pas qu'il existe une force plus grande qui leur apprend à être crédules - ouais ça s'appelle le facteur problème........ faut que j'y aille. quelqu'un va venir apprivoiser ma mégère. espère qu'ils t'ont ôté le poumon proprement. dis salut à ta soeur
            amour,
            Lavette, Ton
            Gentil Pirate
            Bob Dylan Prix Nobel de littérature 2016 
             

lundi 2 janvier 2017

Correspondance Proust Gallimard 8 ( Lettres France )



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                                                      A Gaston Gallimard 

                                                                                      Début septembre 1920
            - Lire jusqu'au bout, très important -
            Cher ami
                     ( Et naturellement cela n' a aucun rapport avec ce que je voulais vous dire hier, et vous dirai, je ne sais quand ) vous voyez un homme au désespoir. Hier, en rentrant, je me suis mis à lire Le Côté de Guermantes ; sauf dans certaines parties, les fautes sont tellement nombreuses et rendant les phrases si inintelligibles, que devant mon déshonneur j'ai compris Vatel se perçant de son épée. Je vous avais dit naïvement que pour les fautes grossières le lecteur rétablirait et qu'il valait mieux se borner pour l'erratum aux singularités oubliées qui serviront dans la suite. Mais devant tant de fautes, il vaut mieux les signaler dans un très long erratum ( naturellement il serait mille fois mieux de les corriger dans le texte car personne, à chaque phrase qu'il ne comprendra pas, ne se rapportera toutes les 3 minutes à l'erratum. Mais puisque vous jugez les corrections impossibles, l'erratum, s'il ne servira guère à faciliter la lecture, palliera au moins le déshonneur ). Je crois que mon tort a été de demander moins demander moins d'épreuves que celles auxquelles j'avais droit et de vous dire :         " Lançons-nous comme cela. " - Je vais pourtant recommencer cette tactique en beaucoup plus grand puisque puisque pour Sodome et Gomorrhe 1 je crois que je ne vous demanderai pas d'épreuves du tout, ou seulement des 1res épreuves. Mais c'est que là, ça marche sur des roulettes.
            Pour Guermantes 1 c'est si désastreux que j'ai pensé à vous demander d'attendre février afin que paraissant avec Guermantes 2 er Sodome 1, on fasse moins attention. Mais j'ai songé qu'au fond, on ne fait pas attention. Monsieur ( le charmant dada qui a revu les épreuves et dont le nom m'échappe par une amnésie d'un instant ) Breton a cru lire, Jacques Rivière a cru lire. Ils ne se sont pas aperçus que chaque fois que je parle des romans de Bergotte, on a imprimé les romans de Bergson. Erreur sans gravité quoique inexplicable car les deux tt de Bergotte devraient prémunir contre toute confusion avec Bergson ( mais les protes veulent interpréter, montrer qu'ils sont au courant, que le pragmatisme ne leur est pas inconnu ). Mais si ces Bergson et Bergotte ne sont pas graves, beaucoup d'autres fautes ôtent tout sens à une phrase. Hé bien ces lecteurs avertis ne s'en sont pas aperçus. Comptons sur l'aveuglement des autres. Mais je suis navré. Jamais je n'ai attendu un livre avec tant d'impatience et ne l'ai lu avec tant de désolation.
            Cher ami vous feriez bien de ne pas attendre pour m'envoyer les 2 volumes brochés ( dont une 1ère édition ). Je regrette que l'un n'ait déjà pu partir.                          
Afficher l'image d'origine            Quant à l'erratum ( qui naturellement ne sera pas joint à ces deux exemplaires sacrifiés ), quand faut-il que vous ayez mes feuilles corrigées ? En regardant les corrections, vous ferez dresser vous-même l'erratum, dont je sais mal comment il se rédige ( lire pour... ) Malheureusement jusqu'ici tout ce que j'ai corrigé l'a été dans la désolation, et sans songer que cela servirait à l'erratum. C'est vous dire que c'est fort illisible. Mais je serai à votre disposition s'il y a des choses qui ne vous paraissent pas claires. D'ailleurs elles vous le paraîtront ( claires ), à cause de l'évidence de la faute. Je tâcherai de tout corriger. Avec mes yeux ce n'est pas facile. Mais on me dit que le grand oculiste que je dois consulter depuis 4 ans rentre ces jours-ci. Peut-être me découvrira-t-il de meilleurs verres. Si je vous demande la date où vous avez besoin des corrections, c'est pour ne pas retarder la parution au 1er octobre. Comme on est rentré à Paris plus tôt cette année, à cause du temps, on repartira plus tôt pour les villégiatures d'hiver. - Vous savez que Sodome 1 est presque au net, Guermantes 2 réclament beaucoup d'ajoutages. Que l'imprimeur ne me fasse donc pas attendre trop les épreuves       puisque les deux paraîtront ensemble ( 15 février ). J'aurais préféré que ma préface à Morand ne parût qu'après ce Sodome 1 qui est littérairement rehabilitateur, après nos pataugeages de Guermantes. Mais sans doute le livre de Morand paraît avant. Et je ne veux pas le retarder pour cela. J'ai été bien heureux de votre visite hier. C'est vous qui avez pris bonne mine, bonne allure, et rajeunit ! Cela fait très grand plaisir à votre très affectueusement dévoué


                                                                                             Marcel Proust

On me dit que les manuscrits de Claudel sont encore plus difficiles à lire que les miens. Pourtant il n'y a jamais de fautes.


                                            A Gaston Gallimard

                                                                                              Peu après le 3 septembre 1920          

                                                    Je suis bien pressé des épreuves de Guermantes 2
 artnet.com                                                                 Cher ami
Afficher l'image d'origine            Ne soyez pas ennuyé. Je ne l'ai été moi-même que qq heures et je me suis résigné. Quel malheur qu'il n'existe pas dans les maisons d'édition l'équivalent de ce qu'on nomme dans un journal  " un correcteur ". Quand je collaborais au Figaro, si je faisais une faute, le lendemain dans l'article imprimé, elle avait miraculeusement disparu. Tout cela ne fait rien. Les livres que je vous donnerai
( ? ) si Dieu me prête vie, seront de moins en moins mauvais, et quant aux fautes tant pis. Je suis buté aujourd'hui sur un certain " climat " qui doit être " élément " ou je ne sais pas quoi. Mais j'ai trop mal à la tête. Je remets à demain ou après-demain de chercher sur les épreuves corrigées quel mot on a bien pu traduire par climat . - . Toute la famille Daudet me réclame les bonnes feuilles de Guermantes. Cela aurait grand avantage à être envoyé sans tarder d'autant plus qu'ils sont assez loin de Paris. - . Si vous me trouvez dans ma lettre assez optimiste et consolé, c'est qu'au fond j'avais plus de souci des ennuis que l'article de Rivière pouvait lui attirer, que de mon livre. Or Lucien Daudet m'a écrit la joie qu'il avait eue à voir Rivière traiter ce " vieux veau " de Lasserre ( ceci entre nous, j'entends pas nous, vous, Rivière, Tronche et moi ) et Bainville m'a écrit d'autre part une lettre très gentille. Ma seule crainte, c'est que la liberté qu'il trouve dit-il très juste que Rivière prenne, il ne la reconnaisse aussi à Lasserre de lui répondre. Je tâcherai de le voir pour empêcher cela. Car j'aime tellement Rivière que l'idée d'injures qu'il aurait à cause de moi ( bien que je fusse contre l'article ) m'est insupportable. Si vous m'envoyez des bonnes feuilles aujourd'hui lundi, ne me les apportez pas vous-même car je suis tellement souffrant que je ne pourrais sans doute pas vous voir et cela me désolerait. Voyez comme nous avons traîné avec cette traduction anglaise. Je vous avais, entre autres, proposé Bardac. Vous avez toujours reculé. Bardac a demandé il y a qq jours à Hemant ( Abel ) le droit d'être son traducteur unique pour l'Angleterre et cela lui a été accordé dans les 24 heures. Ne me donnez pas, malgré toute votre gentillesse, le droit de m'appliquer le " Sic vos, non vobis, mellificatis apes " ( note de l'éd. : Ainsi de vos efforts le prix n'est pas payé. ). - . Comme je pense que vous voyez Tronche tous les jours voulez-vous lui dire que mes protégés qu'il a bien voulu recommander pour le concours Devambez ont remis leurs envois il y a qq jours, mais après la date de clôture. Comme on a pris leurs envois, j'espère que cela signifie que ce retard n'empêchera ni qu'ils soient admis au concours, ni qu'ils soient convenablement placés. Après tout, c'est peut-être aussi bien de ne rien dire, car je l'ai déjà assez embêté avec cela qui ne me concerne en rien. Votre affectueusement dévoué


                                                                                          Marcel Proust


                                                      A Gaston Gallimard

                                                                                              Le 8 ou le 9 septembre 1920

            Important à lire jusqu'au bout

           Cher ami
           Je suis de nouveau sorti ce soir et de nouveau rentré plus malade. D'autre part mon découragement a repris plus fort, devant ce monceau de fautes d'impression. Enfin, ne parlons pas de ce à quoi on ne peut plus rien changer.
            Cher ami vous ne m'avez envoyé que des 2è édition de Guermantes. Vous m'en aviez promis une 1re, pour les Daudet. Enfin maintenant c'est envoyé. Je leur ai dit que ce n'était que des bonnes feuilles ( en effet la couverture ne porte même pas mon nom, je pense qu'il n'en sera pas ainsi pour les volumes) et je leur ai promis pour plus tard des 1re édition.,       
Résultat de recherche d'images pour "gromaire"            D'autre part vous aviez eu la gentillesse de noter que la dédicace devait être après Le Côté de Guermantes 1, de façon qu'on vît bien que tout Le Côté de Guermantes était dédié à Léon Daudet sans que je fusse obligé de répéter la dédicace en tête du second volume, ce qui aurait divers inconvénients. Or contrairement à cela on a mis le Côté de Guermantes 1, avant la dédicace.  que c'est une erreur de brochage aisément réparable. Remarquez que quand je dis vous aviez bien voulu prendre en note, il n'est pas certain que ce soit vous, Gaston. C'est peut-être Tronche à qui j'ai donné cette petite corvée. En tous cas je me souviens du crayonnage sur un calepin tiré par l'un de vous, et je crois bien que c'était vous.
            Cher ami ( et croyez bien que devant l'irréparable je ne m'amuserais pas ou plutôt ne me fatiguerais pas à ces récriminations si je ne pensais que le bon renom de vos éditions autant que celui de mes livres n'était en jeu, laissez-moi vous dire au sujet des fautes une chose particulièrement minime ( il s'agit d'une seule lettre ! ) mais significative. Le lecteur peut admettre qu'on lise mal mon écriture, qu'on laisse passer sans en être choqué des phrases informes qu'on suppose alors provenir de l'inintelligence de l'auteur, mais quand il lit " ainsi qu'on a pu le voir dans un article de Times " au lieu d'un article " du Times, il se dit que je peux mal former mes u, qu'ils peuvent ressembler à des e,
mais que le Times est tellement connu que si le livre avait été relu par un correcteur il y aurait du Times et non de Times. Si je vous cite cela, c'est que c'est une faute qui m'est absolument indifférente. Je ne peux pas accuser de prendre mon intérêt en la signalant, elle ne peut pas faire dire que je ne sais pas le français, elle n'obscurcit en rien ma pensée. Si donc je me fatigue ( et je suis bien souffrant ) à m'y arrêter, c'est pour vous montrer que je sais faire attention à ce qui ne me fait pas de tort à moi-même. - . J'ai peur qu'avec ces insistances, je ne vous semble une Mlle Charasson mâle, que vous me preniez en grippe, et me plaquiez. " Quand vous commanderez vous serez obéi
                                                          Vos ordres sans détour pouvaient se faire entendre.
                                                           D'un oeil aussi content, d'un coeur aussi soumis
                                                           Que j'acceptais etc
                                                            Je saurai, s'il le faut, victime obéissante " etc.
                                                                             ( nte de l'éd. Iphigénie Racine)
            Les " etc " sont à cause de la fatigue laquelle ne m'empêchera pourtant pas de vous dire en finissant tout mon plus affectueux dévouement.


                                                                                                 
                                                                                                                  Marcel Proust

              briscadieu-bordeaux.com   
                                                        P.S.
Afficher l'image d'origine             Pendant que nous parlions 1re édition, il est peut-être important de vous prévenir d'avance qu'il m'en faudra un gd nombre pour Guermantes 1. Il me faudra en effet remercier les académiciens Goncourt qui m'ont donné le prix, les académiciens tout court qui ont demandé pour moi la décoration, les gds journalistes étrangers à qui j'aurais dû répondre, des amis comme Mme de Noailles
etc qui n'eurent pas les jeunes filles en fleurs.
            Je voudrais bien savoir quand vous aurez besoin de la préface pour Morand. J'ai besoin pour la commencer, à la fois de ses " nouvelles ", et de savoir le temps que vous me donnez. Je crois qu'elle ne sera pas mal. S'il était à Paris je voudrais bien le voir une fois, avant de commencer.
          

                                                                    A Gaston Gallimard

                                                                                                     21 septembre 1920

            Cher ami
            Je vous avais promis mes corrections pour le 20 et vous ne les recevez qu'aujourd'hui 21. Malgré cela je me considère comme en avance sur le délai fixé par vous car ce que je devais vous donner c'était les corrections à l'aide desquelles vous feriez dresser l'erratum.
            Or j'ai fait ce travail moi-même pour vous éviter tout ennui. C'est l'erratum que je vous envoie ci-joint ( d'où on peut tout au plus ôter les mots " très important " que j'ai mis quelquefois pour signaler qu'un simple tiret avait un grand sens ). J'ai selon votre conseil laissé subsister nombre d'interpolations qui alourdissent ma phrase. Je n'ai signalé que les choses importantes ? Encore ne les ai-je signalées que pour les trois premiers quarts du livre. Pour toute la fin, mes yeux étaient tellement usés par ce travail de couturière qui consiste à remonter ligne par ligne pour voir si c'est la ligne 12 ou la ligne 17, que j'ai jeté le manche après la cognée. Je me suis contenté de certaines choses, sans lesquelles c'est inintelligible. Ainsi ma mère dit " massif de lauriers " sur quoi le médecin fait une loBngue tirade sur le laurier dans l'histoire grecque etc. Or, comme on avait mis massif, au lieu de massif " de lauriers ", tout le discours du médecin perdait sa raison d'être. Mais encore une fois, pour toute cette fin, je n'ai pas été un correcteur. Ma vue avait subi du fait de ce travail une nouvelle de baisse, d'autre part le délai fixé expirait ( je vous écris, tout le travail terminé, dans la nuit du 20 au 21). Je regrette donc tout ce que je n'ai pu relever pour la fin. Je me souviens notamment d'un certain " climat " qui n'a aucun sens, mais je n'ai pas le courage de chercher le mot vrai. Malgré les lacune de mon travail vers la fin, vous verrez que j'ai travaillé. Je vous envoie 23 feuillets d'errata ( qui naturellement, imprimés, feront beaucoup moins ). Seulement prenez au moins garde que pas un seul exemplaire ne soit donné ou vendu sans cet errata. Sans cela ce n'est pas la peine que j'aie passé tant de temps, pris tant de soin. Et j'avais une otite en même temps. Je vous assure que j'aurais préféré faire autre chose. Je sais l'objection qu'on me fera, peu de lecteurs se reporteront à l'erratum. C'est *
Afficher l'image d'originepossible. Du moins ma " négligence " dénoncée par tant de critiques et confirmée ( article sur Lasserre ) par Jacques Rivière, ne pourra plus être mise en avant. Je vous prie instamment quand il y aura un nouveau tirage du Côté de Guermantes ( s'il y en a ) de faire corriger à l'aide de mon Erratum, de façon que les nouveaux tirages n'auront plus besoin d'avoir d'erratum comme le premier. Contrairement à ce que vous m'aviez dit j'ai qq fois signalé une faute peu importante/ Mais vous eussiez été de mon avis, c'était pour masquer la faute grave qui suivait. - . Cher ami, j'aurais tant de choses à vous dire mais pour nous en tenir à l'urgent, j'aurais besoin d'être averti dès que Gide et d'autre part Rivière seront ici. Car Me Blumenthal m'a écrit, le Directeur des Beaux-Arts m'a écrit, et j'attends pour leur répondre de pouvoir continuer le " dossier " de mon candidat au prix ( Jacques  Rivière ) . Par ex. ses évasions etc. Peut-être pour gagner du temps pourriez-vous dire un mot à Paul Valéry en faveur de J. Rivière.
            Mille amitiés de tout coeur

*quizz.biz
                                                                                                 Marcel Proust

   Je me suis trouvé consacrer à l'erratum inattendu le temps que je comptais consacrer à la préface de Morand. Peut-être pourriez-vous le lui dire et que maintenant, je craindrais de le retarder -. J'attends avec impatience les épreuves du Côté de Guermantes 2, dont je n'ai pas reçu une seule. J'espère qu'il n'y a pas eu malentendu et qu'elles ne sont pas restées rue Madame ! Je crois que Léon Daudet publiera son article ( sur Guermantes 1 ) Du moins je lui ai demandé d'attendre jusque-là.       






vendredi 30 décembre 2016

La liberté de la presse et autres - extraits Mark Twain ( Nouvelles USA )

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phildecressac.canalblog.com

                                                   La liberté de la presse
                                                            ( extraits )             .......... La presse s'est moquée de la religion jusqu'à ce que ses railleries deviennent populaires. Elle a défendu des hauts fonctionnaires criminels pour des histoires de partis jusqu'à ce que ça aboutisse à la création du Sénat américain dont les membres sont incapables de comprendre quelle est la différence entre un crime aux yeux de la loi et la dignité de leur propre personnage...... J'attribue totalement cette situation exécrable aux journaux..... une presse qui est plus que libre...... L'opinion publique n'est retenue par rien....... Il existe des lois pour protéger la liberté de parole de la presse mais aucune qui permette de protéger les gens de la presse.........
            Il me semble que notre morale décline à mesure qu'augmente le nombre de nos journaux...... Pour un journal qui fait du bien il y en a cinquante qui font du mal.........
            Il y a d'excellentes vertus dans les journaux, des pouvoirs qui exercent une immense influence pour le bien, dont j'aurais pu parler et faire un éloge exhaustif, mais, messieurs, vous n'auriez plus rien à en dire.

                                                                                             MT
                                                                                            USA 1873


                                                    Le privilège de la tombe
                                                               ( extraits )         
            Son occupant possède un privilège que n'exerce aucune personne vivante : la liberté de parole...... La liberté de parole est autorisée en théorie mais interdite en pratique........ Chaque homme porte en lui une opinion impopulaire concernant la politique ou la religion, et dans la plupart des cas il n'en a pas une mais plusieurs. Plus l'homme est intelligent plus il a une cargaison d'idées de cet acabit qu'il garde par devers lui. Il n'est pas un individu...... qui ne soit le dépositaire de convictions impopulaires chères à son coeur et choyées que la sagesse commune lui interdit d'exprimer....... Aucun d'entre nous n'aime être haï ou mis à l'écart....... Cette habitude produit tout naturellement le résultat suivant : l'opinion publique étant née et ayant grandi de la même façon, on ne peut absolument pas parler d"opinion " mais de "politique " pure et simple, car elle n'est sous-tendue par une aucune réflexion ni principe et ne mérite aucun respect.                                                                                                                                                                                                
Afficher l'image d'origine            Quand on présente aux gens un projet politique entièrement nouveau et inédit, ils sont surpris, inquiets et timorés, et pendant quelque temps ils restent muets, réservés et ne s'en mêlent pas. La majorité d'entre eux n'étudient pas la nouvelle doctrine et ne savent pas quoi en penser, ils attendent de voir de quel côté penche l'opinion publique.......
            C'est l'envie de suivre le mouvement qui fait le succès des partis politiques........
            La liberté de parole est le privilège et le monopole des morts.......
                                                                                                               
                                                                                                                                                                                                                                               stripsjournal.canalblog.com                                                                                                             
                                                                                            MT
                                                                                            USA 1905


                                                           Journalisme au Tennessee
                                                                     ( extraits )         

            Un médecin m'a expliqué qu'un climat du sud améliorerait ma santé, et je suis donc descendu dans le Tennessee où j'ai trouvé un poste de rédacteur adjoint au..Volubilis et cri de guerre du comté de Johnson - titre fictif...... Le rédacteur en chef était assis, penché en arrière sur une chaise à trois pieds, le pied sur une table en sapin. Il y avait une autre table en sapin dans la pièce et une autre chaise abîmée et toutes étaient à moitié noyée sous des piles de journaux, des bouts de papier et des feuillets de manuscrits. Il y avait un sablier en bois constellé de mégots de cigares et de " ola soldiers ", et un poêle dont la porte ne tenait plus que par le gond du haut. Le rédacteur en chef était revêtu d'une longue redingote de drap noir et d'un pantalon de lin. Ses bottes étaient courtes et parfaitement cirées. Il portait une chemise froissée, une grosse chevalière, un col droit d'un modèle obsolète et un foulard à carreaux dont les pans pendaient. Costume " 1848. Il fumait un cigare en réfléchissant à un mot et, à force de triturer les cheveux il avait pas mal ébouriffé ses mèches. Il avait l'air terriblement renfrogné et j'en ai conclu qu'il concoctait un éditorial particulièrement ardu. Il me dit de prendre les échanges, d'y jeter un oeil et d'écrire sur " l'esprit de la presse du Tennessee ".
            J'ai écrit........ J'ai tendu mon manuscrit au rédacteur en chef pour qu'il l'accepte, le modifie ou le détruise. Il y a jeté un coup d'oeil et son visage s'est assombri. Il l'a parcouru de bout en bout et son expression ne laissait rien présager de bon. Il était facile de voir que quelque chose n'allait pas. Il s'est levé d'un bond et s'est écrié :
            - Mille tonnerres ! vous vous figurez que je vais parler comme ça de ces individus ? Vous vous imaginez que mes souscripteurs vont accepter un tel éreintage ? Passez-moi le crayon !
            Je n'avais jamais vu un crayon érafler et égratigner si rageusement, ou bien labourer les verbes et les adjectifs d'un autre homme aussi implacablement. Alors qu'il était au milieu de son entreprise quelqu'un lui tira dessus par la fenêtre et défigura la symétrie de mon oreille.
            - Ah ! dit-il, c'est ce scélérat de Smith du Moral Volcano il était attendu hier.
            Et il s'empara d'un revolver de la marine qu'il portait à la ceinture et tira. Smith s'effondra touché à la cuisse. Le coup empêcha Smith d'atteindre son but, qui était en train de saisir une seconde chance, et il estropia une tierce personne. C'était moi. Juste un doigt emporté par une balle.
            Sur ce le rédac chef reprit ses raturages et ses ajouts. Au moment où il venait de s'arrêter une grenade à main descendit le tuyau du poêle et l'explosion le souffla. Néanmoins, elle ne posa pas d'autres dégâts, à l'exception d'un morceau perdu qui vint me casser deux dents.
            - Ce poêle est complètement fichu, s'exclama le rédacteur en chef.
            Je lui répondis que j'en avais bien peur.
Afficher l'image d'origine            - Eh bien ! peu importe, pas besoin par ce temps. Je sais qui a fait ça, je l'aurai. En attendant voilà comment il aurait fallu écrire ce papier......... Colérique et droit au but. Le journalisme façon bouillie au lait me met les nerfs en pelote.
            A ce moment-là une brique est passée par la fenêtre qui a volé en éclats et m'a porté un énorme coup dans le dos. Je me suis déplacé. Je commençais à penser être sur la trajectoire. Le rédacteur en chef a déclaré :
            - C'était probablement le colonel. Je l'attendais depuis deux jours. Il ne va pas tarder à se pointer ici.
            Il avait vu juste......
            - Monsieur, ai-je l'honneur de m'adresser au poltron qui publie     lepalingeois.magix.net                                              cette feuille miteuse ?
            - En effet. Installez-vous, monsieur, Attention à la chaise, il lui manque un pied. Je crois que j'ai l'honneur de m'adresser à ce menteur putride de colonel Blatherskite ( débiteurs de sornettes ) ?
            - Très bien monsieur. J'ai un petit compte à régler avec vous. Si vous avez le temps nous pouvons commencer........
            Les détonations des deux pistolets résonnèrent effroyablement au même instant. Le rédacteur en chef perdit une mèche de cheveux et la balle du colonel termina son parcours dans la partie charnue de ma cuisse. L'épaule gauche du colonel fut légèrement éraflée. Ils tirèrent de nouveau. Chacun manqua l'autre....... Au troisième tir les deux messieurs furent légèrement blessés et j'ai eu une phalange brisée........
            Ils parlèrent des élections et des moissons pendant qu'ils rechargeaient et je pensai mes blessures. Mais ils firent feu à nouveau avec animation, et chaque tir faisait mouche. La sixième balle blessa mortellement le colonel qui fit remarquer, avec une pointe d'humour, qu'il devait prendre congé à présent, car il avait affaire en ville. Il demanda ensuite son chemin pour aller chez l'entrepreneur de pompes funèbres et s'en alla. Le rédacteur en chef .......
            - J'attends quelqu'un pour dîner et je dois me préparer........ Jones sera ici à trois heures, rouez-le de coups. Gillepsie viendra plus tôt sans doute, jetez-le par la fenêtre. Ferguson se présentera vers quatre heures, tuez-le........ Si vous avez un peu de temps vous pouvez écrire un article saignant sur la police..... Les fouets sont sous la table, les armes dans le tiroir, les munitions là, dans le coin. Les charpies et les bandages là-haut dans les cases du bureau. En cas d'accident allez voir Lancet, le chirurgien, au rez-de-chaussée. Il fait de la réclame, nous avons un accord. Et il partit...... - Ils vinrent - me laissèrent sur le carreau les habits totalement déchirés....... Le rédacteur en chef est arrivé et avec lui une cohue d'amis charmés et enthousiastes. S'ensuivit une scène d'émeute et de carnage..... Le rédacteur en chef et moi étions assis, seuls, contemplions le champ de ruines maculé de sang jonchant le sol autour de nous. Il me dit :
            - Vous aimerez cet endroit quand vous vous y serez habitué.
            .......... L'écriture vigoureuse est faite pour élever le public, aucun doute là-dessus, mais je n'aime pas attirer toute cette attention qu'elle appelle....... Les expériences sont originales, je vous l'accorde, et amusantes aussi, grosso modo, mais elles ne sont pas réparties judicieusement........ En l'espace de cinq minutes toutes les gouapes du coin arrivent ...... entendant faire mourir de peur ce qui reste de ma personne avec leurs tomahawks. ..... Dans le Sud on a le coeur trop impulsif, l'hospitalité du Sud est trop prodigue avec l'étranger...... Je dois vous dire adieu. Je décline ma participation à ces festivités. J'étais venu dans le Sud pour ma santé, je repars pour les mêmes raisons sur-le-champ. Le journalisme au Tennessee est trop mouvementé pour moi.                     caricaturistes3.rssing.com  
Afficher l'image d'origine            Après que nous avons pris congé l'un de l'autre, en regrettant mutuellement cette séparation, j'ai pris mes appartements à l'hôpital.


                                                                                           MT
                                                                                           USA 1871


                                           Comment j'ai édité un journal agricole  
                                                               ( extraits )                                       
             J'ai accepté de prendre provisoirement la direction d'un journal agricole, non sans crainte. Pas plus qu'un capitaine ne prend le commandement d'un navire sans appréhension. Mais j'étais dans une situation qui faisait du salaire un bon motif. Le rédacteur en chef attitré était parti en vacances. J'ai accepté les termes du contrat qu'il m'a proposé et j'ai pris sa place.
            Le sentiment de retravailler était luxueux, et j'ai travaillé toute la semaine avec un plaisir inépuisable. Nous sommes allés à l'imprimerie et j'ai attendu le jour avec une certaine sollicitude pour voir si mes efforts allaient être couronnés de succès. Quand j'ai quitté le bureau, à la tombée du jour, un groupe d'hommes et de jeunes garçons au bas de l'escalier s'est écarté comme un seul homme et m'a laissé passer. J'ai alors entendu un ou deux d'entre eux s'exclamer :
            - C'est lui !
            Cet incident m'a tout naturellement réjoui. Le lendemain matin j'ai trouvé un autre groupe similaire au pied de l'escalier, et quelques individus seuls ou en groupes épars ici et là dans la rue et sur le passage.
            - Regardez ses yeux !
            J'ai feint de ne pas remarquer que j'exerçais sur eux un charmes, mais, en secret, j'en ai éprouvé de la satisfaction et je me suis proposé de raconter cette histoire à ma tante. J'ai grimpé la petite volée de marches et entendu des voix joyeuses et un éclat de rire en m'approchant de la porte que j'ai ouverte. Et j'ai aperçu deux jeunes hommes qui semblaient venir de la campagne. Leurs visages ont blêmi, se sont allongés quand ils m'ont vu, et tous deux ont sauté par la fenêtre dans un grand bruit de verre brisé. Cela m'a surpris.
            Une demi-heure plus tard un vieux monsieur, avec une longue barbe et un beau visage austère est entré et s'est assis comme je l'y avais invité. Il semblait avoir quelque chose en tête. Il a retiré son chapeau et l'a posé par terre, puis il a sorti un foulard de soie rouge et un exemplaire de notre journal.
            Il a posé le journal sur ses genoux et, tout en essuyant ses bésicles avec son foulard, il m'a demandé :
            - Êtes-vous le nouveau rédacteur en chef ?
Afficher l'image d'origine            Je lui ai répondu que tel était bien le cas.
            - Avez-vous déjà dirigé un journal agricole auparavant ?
            - Non, ai-je répondu, c'est ma première tentative.
            - De toute évidence ! Avez-vous une quelconque expérience en agriculture ?
            - Non, je ne crois pas.
            - Mon instinct me le disait, répondit le vieux monsieur en chaussant ses lunettes et en me toisant par-dessus avec rudesse, tout en repliant le journal pour lui donner une forme pratique. Je voudrais vous lire ce qui a nourri cet instinct. C'est cet éditorial.   Écoutez et réfléchissez pour savoir si c'est vous qui l'avez écrit :                lagouriniere.fr
            " On ne devrait jamais arracher les navets, ça leur fait mal. Il vaudrait mieux envoyer un garçon grimper à l'arbre et le secouer. "
Alors qu'en pensez-vous ? car je suppose vraiment que c'est vous qui l'avez écrit ?
            - Ce que j'en pense ? Eh bien ! je trouve que c'est bien. Je trouve que c'est sensé. Je suis sûr et certain que chaque année des millions et des millions de boisseaux de navets sont abîmés dans cette ville uniquement parce qu'ils ont été arrachés alors qu'ils n'étaient pas encore mûrs, alors que si on avait envoyé un garçon secouer l'arbre...
            - Secouez donc votre grand-mère ! Les navets ne poussent pas dans les arbres !
            - Ah ! Vraiment ? Mais qui a dit que c'était le cas ? La formule se voulait métaphorique, totalement métaphorique. Quiconque s'y connaît saura que je voulais dire que le garçon devait secouer les vignes.
            A ces mots le vieux monsieur s'est levé, a déchiré son exemplaire en mille morceaux qu'il a piétinés, a cassé plusieurs choses avec sa canne, m'a dit que j'étais plus ignorant qu'une vache et est sorti en claquant la porte derrière lui.
            En un mot il s'est comporté comme si quelque chose l'avait contrarié. Mais, ne sachant pas pourquoi il s'était mis dans cet état, je ne pouvais lui être d'aucune aide.
            Peu après une longue créature cadavérique, avec de longues boucles pendouillant sur les épaules et le visage hérissé d'une éteule d'une semaine passée dans les collines et les vallées a fait irruption et s'est arrêté, immobile, un doigt sur les lèvres, la tête et le corps penchés dans l'attitude de celui qui écoute. On n'entendait pas un bruit.
            Il écoutait encore. Pas un bruit. Puis il a tourné la clef dans la porte et s'est avancé sur la pointe des pieds jusqu'à ce qu'il soit à quelques centimètres de moi. Il s'est arrêté et, après m'avoir dévisagé avec beaucoup d'intérêt, il a sorti de sous sa poitrine un exemplaire plié de notre journal et dit :     short-edition.com
Afficher l'image d'origine            - Là vous avez écrit ça. Lisez-le moi, vite ! Soulagez-moi, je souffre.
            J'ai lu ce qui suit et au fur et à mesure que les phrases sortaient de mes lèvres je voyais le soulagement le gagner, ses muscles bandés se relâcher, l'inquiétude quitter son visage et le repos et la paix passer sur ses traits comme le clair de lune clément sur un paysage désolé :
            " Le guano est un bel oiseau, mais l'élever nécessite beaucoup de soins. Il ne faut pas l'importer avant juin et après septembre. Le garder au chaud en hiver où il pourra couver ses petits.
            Il est évident que nous avons une saison de retard pour les grains, le ferait donc bien de commencer à disposer les tiges de maïs et à planter ses galettes de blé noir en juillet plutôt qu'en août.
            Concernant la citrouille. Cette baie est l'une des préférées des autochtones de l'intérieur de la Nouvelle-Angleterre, ils la préfèrent à la groseille à maquereau pour faire du gâteau aux fruits et, de même, lui accordent la préférence par rapport à la framboise pour nourrir les vaches, parce qu'elle est plus nutritive et extrêmement savoureuse. La citrouille est le seul comestible de la famille de l'orange qui pousse dans le Nord à l'exception de la gourde et d'une ou deux variétés de courge. Mais l'habitude de la planter dans la cour avec le massif d'arbustes passe rapidement de mode, car tout le monde s'accorde à dire que le citrouillier ne donne pas assez d'ombre.
            Maintenant que les chaleurs approchent et que les jars commencent à frayer....
            Cet homme qui m'avait écouté dans un état d'excitation s'est précipité vers moi pour me serrer les mains et me dire :
            - Voilà, voilà... ça suffit. Je sais que j'ai raison maintenant, parce que vous venez de le lire comme je l'ai fait, mot à mot. Mais, étranger, quand je l'ai lu pour la première fois ce matin, je me suis dit que je ne pouvais pas y croire jusque-là, bien que mes amis me gardent sous surveillance, mais à présent je crois bien que je suis fou. Alors, j'ai poussé un hurlement qu'on a pu entendre à deux miles à la ronde, et je me suis mis en route pour tuer quelqu'un... parce que, vous voyez, je savais que cela arriverait tôt ou tard, et donc je pouvais aussi bien commencer maintenant. J'ai encore relu un des paragraphes, pour en être sûr, et ensuite j'ai brûlé ma maison, et je me suis mis en route. J'ai estropié plusieurs personnes et j'ai poussé un gars à grimper dans un arbre, où je peux le retrouver si je veux. Mais je me suis dit que je pourrais passer ici puisque j'étais dans le coin et m'assurer de la chose. Et maintenant que c'est bien certain, je vous dis que c'est une chance pour le type qui est dans l'arbre. J'aurais dû le tuer en revenant. Au revoir, monsieur, au revoir, vous m'avez retiré une sacrée épine du pied.......
            Je me sentais mal à l'aise à cause des blessures et des incendies dont cette personne s'était réjouie...... Mais ses pensées disparurent bien vite car le rédacteur en chef officiel fit son entrée !
( Je pensais par-devers moi " Si vous étiez parti en Egypte comme je vous l'avais conseillé, j'aurais pu avoir une chance de me faire la main...... ) "
            Le rédacteur en chef avait l'air triste, perplexe et abattu.........
            - Regardez-moi ça ! Quel spectacle navrant. La bouteille de colle de poisson est cassée, ainsi que six carreaux, le crachoir et deux bougeoirs. Mais ce n'est pas le pire. La réputation du journal est atteinte, et durablement, je le crains. C'est vrai qu'il n'y avait jamais eu beaucoup de demande pour le journal, qu'il ne s'est jamais autant vendu et n'a jamais atteint une telle célébrité. Mais qui veut être connu pour son aliénation mentale et prospérer grâce aux infirmités de son esprit. Mon ami, parce que je suis un honnête homme, la rue devant est pleine de gens, certains sont perchés sur les barrières et attendent de pouvoir vous apercevoir, parce qu'ils pensent que vous êtes fou....... Mais qui a pu vous mettre dans la tête que vous pouviez diriger un journal de cette nature ? Vous semblez ne pas connaître les premiers rudiments de l'agriculture........ vous parlez de la mue des vaches et vous recommandez la domestication du putois parce que c'est un animal joueur et un excellent chasseur de rats ! Votre remarque au sujet des palourdes, quand vous dîtes qu'elles se tairont si on leur joue de la musique ! Rien ne dérange les palourdes ! Les palourdes sont toujours silencieuses. Les palourdes se fichent éperdument de la musique. Ah ! dieux du ciel, mon ami ! si vous aviez fait de l'acquisition de l'ignorance le sujet d'étude de votre vie, vous n'auriez pu recevoir un plus haut diplôme que celui qui pourrait vous être décerné aujourd'hui. Je n'ai jamais rien vu de pareil, la remarque que vous faîtes au sujet du marronnier commun pour dire que c'est un article de commerce de plus en plus prisé, est tout simplement de nature à détruire ce journal.                                               youtube.com 
Afficher l'image d'origine            Je veux que vous abandonniez votre poste et partiez sur-le-champ. Je ne veux plus de vacances, je ne pourrais pas en profiter......... je perds toute patience chaque fois que je pense à votre papier sur les parcs à huîtres paru sous le titre " Jardins paysagistes "! Je veux que vous vous en alliez......... Oh ! pourquoi ne m'avez-vous pas dit que vous n'y connaissiez rien en agriculture .
            - Vous dire quoi, espèce d'épi de maïs, de chou, de fils d'artichaut vous-même ? C'est la première fois que j'entends une remarque aussi cruelle. Je peux vous dire que je travaille dans l'univers du journalisme depuis quatorze ans et c'est la première fois que j'entends dire qu'un homme doit savoir quelque chose pour publier un journal. Espèce de navet vous-même ! Qui écrit les critiques de théâtre pour les journaux de second rang ? Qui ? Une bande de cordonniers promus et d'apprentis apothicaires qui en savent autant sur le jeu d'acteur que moi sur l'agriculture, et rien d'autre. Qui rend compte des livres ? Des gens qui n'en ont jamais écrit un seul. Qui joue les gros chefs de la finance ? Les groupes qui sont susceptibles de ne rien savoir sur ce sujet. Qui critique les campagnes contre les Indiens ? Des bourgeois qui ne savent pas reconnaître un cri de guerre d'un wigwam et qui n'ont jamais dû courir avec un tomahawk........ Qui éditent les journaux agricoles, patate ? Des hommes, constat général, qui ont échoué dans la poésie, le roman à couverture jaune, à sensation, le drame......... Je me disais que je pouvais arriver à vous faire tirer à vingt mille exemplaires si j'avais disposé de deux semaines de plus, j'y serais parvenu. Et je vous ai amené la meilleure catégorie de lecteurs qu'un journal agricole ait jamais eue, par un seul fermier parmi eux, pas un seul individu qui sache faire la différence entre un pastéquier et un cep de pêche, dût-il le payer de sa vie. C'est vous qui y perdez, dans cette rupture de contrat, pas moi,
pauvre plante à tarte. Adios.
            Et je suis parti.


                                                                                Mark Twain
                                                                                                       1907