dimanche 26 mars 2023

T Ma vie en T-shirts Haruki Murakami (Autobiographie Japon )

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                  T

                                                           Ma vie en T-shirts

            Ce joli livre sur papier glacé d'un format assez inhabituel, 16/21
            Fans de tous bords, de Jazz, de whisky, d'art japonais et de t-shirts avec figurines, suivez l'interview de l'un de nos meilleurs auteurs contemporains Haruki Murakami, interview devenu livre et plongez dans les cartons de l'auteur. "Je ne suis pas un collectionneur ", écrit Murakam mais il ajoute ".... j'entasse toutes sortes de choses. Malgré mon indifférence, les objets comme s'ils étaient mus par une volonté propre, s'accumulent autour de moi..... " s'ensuit la description de divers articles des 33 tours aux petits bouts de crayons si usés qu'ils ne rentrent même plus dans un taille-crayon...... " Les t-shirts ne coûtent pas chers et ils les achète d'autant plus volontiers que le dessin, la couleur, la forme du col lui plaisent. Jazz, jeune il dirigea un club de jazz, et les disquaires lui fournirent certains de ces " modestes 
vêtements : " Vinyl Junkie, sur T-shirt noir KEEP CALM AND READ MURAKAMI "qu'il ne peut évidemment porter. Ses premiers achats il les fit dans une friperie à HawaÏ alors qu'il enseignait à l'Université, à Honolulu, à un ou deux dollars. D'ailleurs dit-il, depuis la parution de l'article les prix ont augmenté alors il n'en achète pas. Murakami a enseigné dans plusieurs villes, dont New-York, et reçu les T-shirts de ces campus. Entrer un peu dans l'intimité de ce grand voyageur qui apprécie le happy-hour d'un bar à proximité de son logement et boire son whisky même de moindre qualité, continuer à collectionner ses albums de Jazz, sûrement incollable sur le sujet. Parmi les dizaines de T-shirts présents dans ce joli livre, son préféré " Tony Takitani ", le nom l'intrigua, il en fit une nouvelle et plus, mais cela est raconté dans le livre, à offrir entre autres aux jeunes générations fans de l'auteur japonais, à conserver, sympathique auteur, sympathique ouvrage. Bonne lecture.















                                           



vendredi 24 mars 2023

Blanc Sylvain Tesson ( Roman France )

 








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                                     Blanc

            D'un bord de mer, Menton et la Méditerranée, à Trieste. Voyage dans le Blanc. Ecrit et parcouru sur quatre années, au mois de mars environ, de 2018 à 2022, crevasses et pics se succèdent, dangereux Pour cette nouvelle course il est accompagné de deux compagnons, l'un du Lac est prêt à tous les excès. " ....nous skiâmes très vite vers Chamonix. Si l'un de nous tombait dans une crevasse, les deux autres se porteraient à son secours. Mais si c'était du Lac ? Saurions-nous le secourir ?...... Si nous avion eu une pleine connaissance des crevasses sur lesquelles nous passions à l'aveugle, nous n'aurions jamais osé nous aventurer...... La neige permettait de glisser dans l'inconscience...... " Le second compagnon de Sylvain Tesson est un homme d'affaires, Rémoville, qui aime cette courte mais dangereuse interruption dans le rythme de son travail. Un soir dans un refuge il dit avoir découvert ces randonnées dans un livre dont il donna le titre, et Tesson lui dit " C'est moi ". Ainsi ils furent trois à avancer dans le brouillard, le vent parfois 80 km l'heure, le froid, -15°. Porteurs de lourdes charges, l'auteur 10 kg, les deux hommes 16kg, l'auteur du livre étant tombé d'un toit quelques années plus tôt, sa colonne vertébrale ne supporte plus les poids excessifs. Très cultivé, les réflexions, il cite même plaisamment Zarathoustra, l'auteur nous conduit sur des routes imprévisibles entrecoupées de pauses dans des refuges destinés aux fascinés des cimes. Tesson note quelque part que le thé qui réchauffe et les soupes du soir font d'eux un mélange de sportifs et de vieille dame. Ce sont d'authentiques montagnards, sans frontière, traversent la Suisse, l'Italie, l'Autriche sans sans problème, ceux-ci n'arriveront qu'avec le Covid.  Dans leurs sacs pas de masque mais piolet, peaux de phoque et clous pour traverser les pics glacés. Mais toujours le soir, lorsqu'ils obtiennent 14° " ........ La flambée, le poêle, la soupe : nos conquêtes. La vie se resserre  autour de plaisirs proportionnés à leur nécessité absolue. Le raid instituait une théorie de la relativité La cessation de la tempête, le comblement d'un manque profond des voluptés plus précieuses....... " Le livre est une suite de descriptions des dangers rencontrés, de pensées, de vies hors bruit, hors des familles, avec des refuges bien venus après des journées glaciales. Par l'auteur de multiples courses, dangereuses. Bonne lecture. Du Lac au départ avale du grappa avant de s'endormir et l'auteur de citer trois vers russes :
                                     
                                               Un premier verre : pas besoin de berceuse
                                               Un second : pas besoin de couverture !
                                               Un troisième : pas besoin de lit !

                                               










            

mardi 21 mars 2023

Poème pour chanter la joie Walt Whitman ( Poème Etats-Unis )

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                                      Poème
                                         pour 
                                 Chanter la Joie

            Car je veux écrire le plus jubilatoire des poèmes !
            Un poème tout en musique - tout en virilité, tout en
 féminité, tout en puérilité !
            Plénitude d'usages communs - foultitude d'arbres et
de graines.

            J'y veux la voix des animaux - la balance vivace des
poissons !
            Je veux qu'y tombent les gouttes de pluie musicalement !
            Je veux qu'y brille le soleil que s'y meuvent les vagues 
musicalement !

            Sortie de ses cages la joie de mon esprit, filant comme 
une langue de foudre !
            Posséder tel globe précis ou telle portion mesurée 
du temps ne me comblera pas,
            Ce sont mille globes c'est l'ensemble complet du temps
qu'il me faut !          

            J'envie la joie de l'ingénieur, je veux m'en aller sur la
locomotive,
            Entendre la compression de la vapeur, quel plaisir 
le hurlement de son sifflet, une locomotive qui rit !
            Irresistible la pression de la vitesse qui nous emporte
à l'horizon.

            Ce délice aussi de flâner par les collines et les prairies !
            Feuilles et fleurs des humbles herbes communes, 
fraîcheur d'humidité des sous-bois,                                                                      Rtl2
            Enivrant parfum de terre dans la prime aube, aux jeunes
heures de l'après-midi.
            Joie enviable de la cavalière, du cavalier en selle,
            Petite pression avec les jambes pour le galop, et le coulis
d'air murmurant aux oreilles, dans les cheveux.

            J'envie la joie de l'homme du feu, 
            Dans le silence de la nuit l'alarme qui hurle,
            Les cloches, les cris, vite je dépasse la foule, je cours !
            Qui est fou de joie au spectacle des flammes qui brûlent,
c'est moi !
     
            La joie du boxeur aux muscles saillants condition
physique impeccable qui surplombe l'arène dans la certitude
de sa puissance et le désir irrépressible d'affronter son adversaire,
ah ! comme je l'envie !
            Ah ! comme j'envie la sympathie élémentaire qu'émet à 
flots généreux et continus l'âme humaine et elle seule, vraiment 
oui comme je l'envie ! 

            Et les joies d'enfantement maternel !
            La veille, la longue endurance, l'amour précieux,
l'anxiété, le travail donneur de vie.

            La croissance, l'accroissement, la compensation,
            L'adoucissement, la pacification, la concorde, l'harmonie,
non mais quelle joie !

            Je voudrais tellement revenir au lieu de ma naissance
            Tellement entendre chanter les petits oiseaux à nouveau
            Tellement errer, flâner dans la grange dans la maison à
travers les champs à nouveau.
            Tellement à travers le verger, tellement sur les vieux
chemins encore une fois.

            Quel plaisir d'avoir grandi dans les baies, au bord des
lagunes, des ruisseaux, des rivages,
            Je voudrais continuer d'être employé là-bas toute ma vie
            Ah ! cette odeur de sel et d'iode des mollières, les algues
parfumées à marée basse,
            Le métier de la pêche, le travail du pêcheur d'anguilles,
du pêcheur de palourdes,
            Je suis venu avec mon râteau et ma bêche, suis venu
avec mon trident à anguilles,
            La mer a reflué au large ? Dans ce cas je m'agrège 
au groupe de palourdiers de l'estran,
            Plaisante, m'active avec eux, ironise sur mon efficacité
avec la vitalité du jeune homme,                                                                    Rtl2

            Prends mon panier à anguilles mon trident avec moi,
quand c'est l'hiver, pour m'aventurer sur la glace - d'une
 hachette découpant des trous à la surface,
            Regardez comme je suis chaudement vêtu, aller retour
en une après-midi, regardez comme je suis joyeux, et cette
ribambelle de jeunes costauds qui m'accompagne,
            Adultes ou encore adolescents, aucun ne donnerait sa
place pour rien au monde,
            Ca leur plaît tellement d'être avec moi jour et nuit, au
travail sur la plage, au sommeil dans ma chambre.
            D'autres fois calme plat, on sort en canot pour aller
relever les casiers à homards lestés de leurs lourdes pierres,
je connais les repères,
            Les balises, je rame dans leur direction, le soleil
n'est pas encore levé mais ah ! cette douceur matinale de 
la lumière du Cinquième Mois à la surface de l'eau autour
de nous,
            Je remonte obliquement les cages d'osier, carapaces 
vert sombre les bêtes traquées font assaut de toutes leurs
pinces, j'insère une cheville en bois à l'articulation
            L'un après l'autre j'inspecte tous les casiers, puis à la
rame retour au rivage,
            Là où, dans une énorme marmite d'eau bouillante, seront
jetés les homards jusqu'à ce que rougeur s'ensuive.

            Un autre jour, pêche au maquereau,
            Vorace lui, goulu du hameçon, nageant quasiment à la
surface, on croirait voir l'eau couverte sur des milles ;
            Un autre jour encore, pêche à l'aiglefin dans la baie 
de Chesapeake, je fais partie de l'équipe, peau brune de
lumière.
            Une autre fois pêche au poisson bleu on laisse traîner 
une ligne derrière le bateau, c'est moi muscles en alerte,
            Pied gauche calé sur le plat-bord, bras droit lançant 
très loin devant moi le serpentin de la fine corde,
            A portée d'yeux une armada de cinquante esquifs,
mes amis qui filent et manœuvrent dans le vent                                              gulli

            Canoter sur les rivières, j'en rêve !
            Descendre le Saint-Laurent, panorama grandiose,
les vapeurs,
            Les voiliers voiles claquantes, les Mille Iles, les 
trains de bois flottant qu'on rencontre avec leurs conducteurs
aux longues perches-godilles recourbées,
            Petit abri en bois, panache de fumée montant du feu
où cuit le dîner.

            ( Et puis je veux du pernicieux, de l'horrible !
               Je ne veux surtout pas d'une vie pieuse ni mesquine !
               Je veux de l'inéprouvé, je veux de la transe !
               Je veux échapper aux autres, dériver en toute liberté ! )

            Je me vois mineur, forgeron,
            Fondeur de fonte, fonderie même pourquoi pas haute
toiture en tôle rugueuse, ampleur d'espace dans la pénombre,
            Fourneau, versement du liquide en fusion.

            Retrouver les joies du soldat, mais oui !
            Sentir la présence à ses côtés d'un homme courageux,
en sympathie avec soi, d'un commandant !
            Quel admirable calme - se réchauffer au soleil de son
sourire !
            Monter au front - entendre le roulement du tambour, 
le clairon.
            Les rafales de l'artillerie, voir l'étincellement des 
baïonnettes, des barillets dans la lumière jouant aux
mousquets,
            Voir tomber, mourir sans un cri des hommes !
            Goûter au goût sauvage du sang - diaboliquement 
le désirer !
            Plaisir gourmand de compter les plaies, les pertes
infligées à l'ennemi.
            Maintenant le baleinier, sa joie ! Me voici repartir
de nouveau en expédition !
            N'est-ce pas le mouvement du bateau sous mes pieds,
n'est-ce pas la caresse des souffles atlantiques sur mon
visage,
            Dans mes oreilles n'est-ce pas soudain le cri de la
vigie :There she blows !
            Baleine à bâbord ! J'ai bondi dans les gréements, épiant                    âme sauvage

avec les autres, nous voici fous d'excitation maintenant
descendus de notre guet,
            Je saute dans la baleinière, nous ramons vers notre
proie,
            Approche silencieuse, discrète de la montagne massive,
paresseusement léthargique,
            Le harponneur s'est dressé, la flèche fuse à l'extrémité
du bras puissant,
            Rapide fuite au large de l'animal meurtri qui entraîne 
notre canot dans le vent, nous suivons la corde,
            Et puis je le vois reprendre surface pour respirer, nous
nous approchons,
            Une lance va se ficher dans son flanc, de toute la force
de la propulsion, qui sera tordue ensuite dans la plaie,
            Nouveau recul, la bête repart, perdant son sang 
en abondance,
            Jaillissement rouge comme elle reparaît, décrit des
cercles de plus en plus courts, sillage hâtif dans l'eau - puis 
meurt, j'assiste à la scène,
            Ultime cabrement convulsif au centre du cercle avant
de retomber gisant immobile sur le dos dans l'écume sanglante.

            Mais la joie la plus pure c'est ma vieillesse masculine
 qui me la donne !
            Mes enfants, mes petits-enfants, mes cheveux blancs,
ma barbe blanche,
            Mon imposante stature, ma calme majesté, à la fin
de cette longue perspective droite de la vie.
            Mais la joie la plus mûre est celle de la féminité, du
bonheur enfin atteint !
            J'ai dépassé quatre-vingts ans, je suis l'aïeule la plus
vénérable,
            Clarté parfaite dans mon esprit - tout le monde,
voyez, m'entoure d'attentions !
            Quel est le secret de cette séduction plus forte que
mes précédents charmes, quelle beauté s'épanouit en moi
de parfum plus sucré que dans la fleur de ma jeunesse ?
            D'où émane, d'où procède cette mystérieuse grâce
qui est mienne aujourd'hui ?

            Eprouver les joies de l'orateur !
            Cette profonde inspiration qui soulève les côtes et 
gonfle la poitrine pour conduire à la gorge le roulement de
tonnerre de la voix,
            Faire communier avec soi-même le peuple, larmes
ou rage, haines ou désirs,
            Entraîner l'Amérique par sa langue, apaiser l'Amérique                      RTBFbe
par ses mots !
            Et puis la joie de mon âme aussi en son égale
tempérance, prenant identité de toutes les manières, les
aimant toutes, observant et absorbant chacune en leurs
particularités,
            Cependant qu'elles me la retournent en écho, toute 
vibrante des actes de la vue, de l'ouïe, du toucher, de 
l'entendement, de la consécution, de la comparaison, de la
mémoire et autres facultés,
            Elle la vie profonde en moi de mes sens, qui transcende 
les sens comme mon corps incarné,
            Mon moi au-delà de la matière, ma vue au-delà de mes
yeux matériels,
            La preuve indiscutable à la minute même, mais bien sûr !
 que ce ne sont pas mes yeux matériels qui voient,
             Ni non plus mon corps matériel, mais bien entendu !
qui aime, qui marche, qui rit, qui crie, qui embrasse, qui
procrée.
            L'Ohioien, l'Illinoisien, le Wisconsinien, le Kanadien,
l'Iowan, le Kansien, le Missourien, l'Orégonais,   
            Au petit jour ils sont déjà debout, actifs, sans effort
apparent,
            Ce sont les labours d'automne pour les semailles
d'hiver,
            Ce sont les labours du printemps pour les maïs,
            Ce sont les arbres du verger à greffer, la cueillette
automnale des pommes.  

            Je veux me baigner dans une baignade, choisir
un endroit idéal de la rivière,
            Et entrer dans un éclaboussement d'eau, ou bien tremper
 tout juste mes chevilles ou alors courir tout nu sur le sable.                                                                                                                                                                                                                       
            Oh ! l'espace, saisir sa réalité !
            Qu'il n'a pas de frontières, l'universelle plénitude,
             S'unir intimement avec le ciel notre jaillissement,
le soleil, la lune, les nuages fuyants.

            Joie de l'indépendance masculine !
            N'être l'esclave de personne, comptable de personne,
tyran connu ou tyran anonyme,
            Marcher droit devant soi, port droit, foulée souple
élastique,
            Regard calme ou coup d'œil de l'éclair, regarder,
            S'exprimer d'une voix pleine et sonore, poitrine bien
dégagée,
            Faisant face en personne aux autres personnalités ici-bas.

            La richesse des joies de l'adolescence, les connais-tu ?
            Les compagnons chéris, les plaisanteries ensemble, le
rire sur le visage ?
            La journée illuminée d'une radieuse lumière, la joie des
jeux de souffle ?
            La joie de la musique, les lampes dans la salle de bal,
les danseurs ?
            Le dîner copieux, la succession des toasts verre en
main ?
            Mon âme, mon âme suprême écoute !                                                     Le Progrès

            Connais-tu les joies de la méditation ?
            Connais-tu le cœur solitaire mais joyeusement libre,
sa tendresse dans la nuit ?
            Connais-tu le plaisir de suivre une route orgueilleusement
seul, même lorsque pèsent à l'esprit souffrances et déchirements ?
             Connais-tu le plaisir angoissant des débats intimes, les
rêveries grandioses fertiles en extase ?  
            La pensée de la Mort, des sphères du Temps et de 
l'Espace ?
            Les prophéties d'amours idéales, d'essence plus pure,
l'épouse divine, la douceur du camarade à l'inaltérable
perfection ?
            A toi toutes ces joies mon immortelle, mon âme ! leur
récompense te revient.
            Aussi longtemps que j'affronterai la vie dans un
esprit vainqueur,
            Jamais de mauvaises brumes, jamais l'ennui,, jamais
les plaintes ni les critiques excoriantes,
            Mais aux rudes lois de l'air, de l'eau, du sol cherchant
critère incorruptible pour mon âme profonde
            Je ne laisserai aucun gouvernement étranger me
soumettre à son joug.

            Je ne chante pas, je ne scande pas seulement la joie du
Vivre - je chante aussi la Mort, la joie de la Mort !
            La caresse merveilleuse de la Mort, son apaisant
engourdissement, sa brève persuasion,
            Me voici déchargé de mon corps excrémentiel, qu'on
le brûle, qu'on le rende à la poussière, qu'on l'enterre,
            Reste mon corps réel pour mon usage sans doute
dans d'autres sphères,
            A quoi sert désormais mon enveloppe vide sinon à
être purifiée pour des tâches futures, à être réemployée dans
les usages éternels de la terre.

            Je veux attirer par d'autres lois que l'attraction !
            Comment m'y prendre, je ne sais pas, pourtant voyez
cette obéissance qui n'obéit à rien,
            Ce pouvoir magnétique, ah ! vraiment quelle force -
toujours offensive, jamais défensive.

            Oui, me battre contre des obstacles insurmontables,
affronter des ennemis intraitables,
            Seul à seul avec eux, pour mieux connaître mes limites
d'endurance !
            Face à face avec le combat, avec la torture, la prison,
la haine générale !
            Je monte à l'échafaud, j'avance sous la gueule des
fusils, l'allure dégagée, totalement insouciante !                                                                

            C'est cela un dieu, je veux être un dieu !
            M'embarquer à la mer !
            Je veux tellement quitter ce sol insupportable,
            Tellement quitter l'usante monotonie des rues, des
maisons, des trottoirs,
            Tellement te quitter terre compactement immuable,
oui monter à bord d'un vaisseau,
            Lever l'ancre, mettre à la voile, à la voile !

            Je veux que désormais la vie soit un grand chant de
joies !
            Je veux danser, battre des mains, exulter et crier, sauter,
bondir en l'air, me rouler par terre, surtout flotter, flotter !
            Car je serai marin du monde partant pour tous les ports
            Car je serai bateau ( avez-vous vu mes voiles, déployées,
au soleil et à l'air ? ),
            Navire vif cales gonflées d'une précieuse cargaison de
paroles et de joies.


                             Walt Whitman

                     Poème pour chanter la joie - 1860 -

                           extrait de Feuilles d'herbe )
          


             














































































































































mardi 14 mars 2023

Huit heures à Berlin Tome 29 : Blake & Mortimer - Aubin - Bocquet et Fromental ( BD France )

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                                                           Huit Heures
                                                                                  à 
                                                                  Berlin

            Reprenant avec succès les Héros créatures de Jacobs, Aubin et Boquet nous transportent dans un Berlin partagé par un mur : Berlin-est sous régime communiste et Berlin-ouest ville ouverte. 1963 A Londres Mortimer reçoit une invitation et se prépare à un séjour dans les Balkans où une découverte archéologique importante, sept cercueils ont été découverts sur un site. Mais une surprise désagréable attend des chercheurs conviés. Des cadavres visiblement récemment exécutés et défigurés, peau du visage arrachée. Et Mortimer se trouve engagé dans une aventure dangereuse. On lui demande par ailleurs de veiller sur le " Prince " en visite 8 heures durant à Berlin-Ouest. Une partie de l'histoire est basée sur des faits réels. Construction du mur de Berlin, 1961 et sa destruction en 1989, le docteur machiavélique qui fait des expériences cruelles et inhumaines sur des hommes. D'ailleurs Mortimer arrêté échappera-t-il au scalpel et à l'expérience douloureuse qui a mené à la mort les hommes dans les cercueils. Et la réalité rejoint la fiction car l'homme qui a déclaré devant la foule berlinoise :                   " Ich bin ein Berliner . " est non un Prince mais le très célèbre Président Kennedy qui fit cette visite de 8 heures et cette déclaration. Ensuite les auteurs ont pris quelques libertés avec la réalité des faits. Bande dessinée réussie  et intéressante par son côté historique et l'intrigue policière. Bonne BD eet bonne lecture, pour tous. M.

                                                                                   

                                                                          


                        

lundi 13 mars 2023

La femme du 2è étage Jurica Pavicic ( Croatie Roman policier )

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                                                     La femme du deuxième étage

           Croatie. Plus exactement Split, petite ville sur la côte dalmate. Les immeubles de la périphérie datent de l'époque communiste, le bord de mer, la vieille ville sont envahis l'été par des " touristes - sac à dos ". Bruna est comptable dans une société qui gère les comptes des clients. Elle commence assez tôt et termine sa journée de travail à 4 heures, en période de moindre activité elle consulte l'ordinateur du bureau pour des recherches personnelles. Bruna a 23 ans, est en prison, nous le savons très vite. L'enfermement ne la dérange pas, elle travaille à la cuisine, à sa demande, se lève à cinq heures. Guère bavarde, sur son lit, elle est insomniaque, elle refait le film de sa vie. " Si... " si elle n'avait pas accepté d'accompagner à une fête Susanna qui plus tard elle aussi ennuyée dans les désordres de son couple, de répondre à l'invitation de Franc, de l'épouser, et surtout, erreur fatale d'habiter la maison construite par le père de son nouvel époux, grande maison sur deux étages, où loge sa belle-mère, Anka, matrone à l'œil acéré, propre à l'excès, au premier, le jeune couple au second où il dispose de 80 m2. Très vite Bruna cuisinera, toujours, partout, épluchera courgettes, oignons, maintes fois ces gestes reviennent au long des pages. Et on suit l'histoire de ce couple sans histoire, sans tendresse, Franc trouvant naturel que sa femme obéisse au diktat maternel, pas malheureux. Il y a quelqu'un qui n'aime pas Bruna, Mirela, sœur de Franc. Elle habite Zagreb, vient avec son mari et son fils de temps à autre. Bruna est sous le feu des critiques des deux femmes. Et Bruna cuisine. Et Franc, marin, part plusieurs mois en mer. Bruna vit une routine. C'est une routinière, elle accommode son état au temps, au vent, le bora et autres, rencontre sa mère qui regrettera de lui avoir conseillé d'accepter d'épouser Franc, et de dissiper la poussière entre les dalles de la cour et surtout de la remise. Si elle n'avait suivi les injonctions de sa belle-mère peut-être celle qu'on appellera " la belle-fille fatale " n'aurait pas agi avec cette constance dans la préparation du meurtre. Le décor compte beaucoup, Split et le quartier de leur grande maison massive, Kman.  De l'île proche de Trieste, où, et c'est là tout le paradoxe que vit Bruna à la suite du meurtre préparé avec attention et sans précipitation, toujours, partout, Bruna sortie de prison cuisine, le court-bouillon et le poisson, les tomates fraiches pour les spaghettis que mangèrent ceux qui ont plus que des doutes, savent qu'elle est la meurtrière. Histoire simple, étonnante par sa tonalité. L'auteur Jurica Pavicic, semble avoir de la compassion ou une sympathie masculine pour son héroïne, et peut-être aussi sa mère Divina. Ambiance feux d'été, un petit pays que l'on connaissait sous un autre jour au temps du mandat de Tito. Bonne lecture, une action qui ne quitte pas un pays dont on connait assez mal les auteurs.  

















            

            

                          

dimanche 5 mars 2023

Larmes Albert Samain ( Poèmes France )












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                       Larmes           

            Larmes aux fleurs suspendues,      
            Larmes de sources perdues
            Aux mousses des rochers creux ;

            Larmes d'automne épandues,
            Larmes de cors entendues
            Dans les grands bois douloureux ;

            Larmes des cloches latines,
            Carmélites, Feuillantines...
            Voix des beffrois en ferveur ;
             
            Larmes, chansons argentines
            Dans les vasques florentines                                                                 ebay.fr
            Au fond du jardin rêveur ;            

            Larmes des nuits étoilées,
            Larmes de flûtes voilées
            Au bleu du parc endormi ;

            Larmes aux longs cils perlées,
            Larmes d'amante coulées
            Jusqu'à l'âme de l'ami ;

Gouttes d'extase, éplorement délicieux,
Tombez des nuits ! Tombez des fleurs ! Tombez des yeux !

Et toi, mon cœur, sois le doux fleuve harmonieux,
Qui, riche du trésor tari des urnes vides,
Roule un grand rêve triste aux mers des soirs languides. 


                  Albert Samain






vendredi 3 mars 2023

La Grenouille Albert Samain ( Poème France )

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                                         La Grenouille

            En ramassant un fruit dans l'herbe qu'elle fouille
            Chloris vient d'entrevoir la petite grenouille
            Qui, peureuse, et craignant justement pour son sort,
            Dans l'ombre se détend soudain comme un ressort,
            Et, rapide, écartant et rapprochant les pattes,
            Saute dans les fraisiers, et parmi les tomates,
            Se hâte vers la mare, où, flairant le danger,
            Ses sœurs, l'une après l'autre, à la hâte ont plongé.
            Dix fois déjà Chloris, à la chasse' animée,
            L'a prise sous sa main brusquement refermée ;
            La petite grenouille a glissé dans ses 
            Chloris la tient enfin ; Chloris chante victoire !                                           pinterest.fr
            Chloris aux yeux d'azur de sa mère est la gloire.
            Sa beauté rit au ciel ; sous son large chapeau
            Ses cheveux blonds coulant comme un double ruisseau
            Couvrent d'un voile d'or les roses de sa joue ;
            Et le plus clair sourire à ses lèvres se joue.
            Curieuse, elle observe et n'est point sans émoi
            A l'étrange contact du corps vivant et froid.
            La petite grenouille en tremblant la regarde,
            Et Chloris dont la main lentement se hasarde
            A pitié de sentir, affolé par la peur,
            Si fort entre ses doigts, battre le petit cœur.


                                              Albert Samain
                                                 










samedi 18 février 2023

La septième diabolique Adrienne Weick ( Roman Policier France )

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                                              La septième Diabolique

            En 1889 disparait l'un des écrivains classiques de la littérature du 19è siècle. L'une de ses oeuvres, " Les Diaboliques ", contient six nouvelles. Après des débuts contés dans le livre d'Adrienne Wieck et en fin de volume ( une page ), du fait de son méchant caractère et de ses critiques littéraires notamment à l'égard de Victor Hugo et de ses Misérables Barbey d'Aurevilly voit son volume Les Diaboliques accueilli " sévèrement ", alors qu'il annonce en préface une suite de six autres textes prêts à être publiés, ceci en 1879.  Ce roman policier, sans intervention de la police, mais avec une véritable énigme qui conduit deux hommes du Cotentin cher à Barbey, dans une Normandie noyée sous la pluie jour après jour, de Saint-Sauveur-le Vicomte, Valognes à Paris Meudon aux dédales du souterrain d'un ancien château à Issy-les-Moulineaux où Etienne, jeune étudiant en histoire et Anatole historien et vieux chercheur au passé un peu trouble trouveront peut-être la mort. L'auteure nous conte donc la recherche de l'une des six nouvelles annoncées. Barbey d'Aurevilly, héros ou pas, selon la lecture de chacun, dut fuir Paris et la Commune où ses ennemis n'appréciaient pas ses violentes critiques. Mais Barbey eut la vie sauve et rencontra Louise Read. Leur amitié permit à l'écrivain de lui confier le manuscrit d'une septième nouvelle qu'il admit avoir écrite après le récit d'un de ses contemporains qui lui demanda instamment de ne pas en parler. Louise Read obéit et cacha le manuscrit, mais où, s'interrogèrent les descendants normands de l'héroïne supposée Il y Anne, mère de Constance, Darnley, Blaise Méhidier, Gaétan Clamorga les vieux hôtels particuliers de Valognes, une vie provinciale, un jeune curé, en passant, un cimetière. Et on s'enferme en douceur dans l'atmosphère trouble de cette Normandie, vraiment très recouverte de pluie dans cette aventure d'un siècle qui vit " ...... La banlieue parisienne a connu une explosion démographique considérable entre 1850 et 1900, avec le.... développement des activités industrielles...... il a fallu loger ses nouveaux ouvriers...... On compte une centaine de chateaux en Ile de France qui ont disparu ainsi....... villages urbanisés annexés...... Passy, Bercy, Vaugirard....... " Premier roman choisi sur manuscrit d'une auteure diplômée d'IEP. Bonne lecture.








dimanche 12 février 2023

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 161 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )






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                                                                                                                             16 Mars 1666

            Levai et consacrai ma matinée aux affaires de l'entrepreneur des subsistances, approuvant ses comptes. Et puis à midi à la Bourse où je réglai diverses affaires. De la à la taverne de la Couronne, derrière la Bourse, où je dînai avec milord Brouncker, le capitaine Cocke, Fenn et Madame Williams, il faut assurément qu'elle soit la femme de milord, sinon elle ne pourrait point le suivre où qu'il aille, l'embrasser ni se comporter en public avec lui comme elle le fait. ( nte de l'éd. Brouncker mourut en 2684, célibataire, mais Mrs Abigaîl Williams hérita de sa fortune et fut nommée son exécutrice testamentaire ). 
            Au bureau où sir William Penn et moi menons à leur terme les affaires de subsistances. Sortis m'occuper de diverses affaires, retour dans la soirée. Reçus bientôt la visite de Mr Povey, restâmes ensemble dans mon cabinet de travail jusqu'à minuit, terminant nos comptes, lui donnai des tailles pour tout ce que je devais lui payer. Nous nous séparâmes et je m'employai à rédiger mon journal, je voulais rattraper deux ou trois jours. Me mis au travail et quand je voulus changer de page, je vis que j'avais beaucoup griffonné car, par manque de sommeil, je m'étais mis à écrire à l'aveuglette et sans rapport avec mon sujet. Fus alors forcé de m'interrompre et, au lit.


                                                                                                                        17 mars

            Levé. M'employai à terminer mon journal que je n'avais pas la veille mené à son terme par manque de concentration, puis au bureau où fus très occupé toute la matinée. A midi rentré dîner à la maison et bientôt, avec ma femme, chez Hayls, où j'ai encore beaucoup de plaisir à voir le portrait de ma femme. Je le payai 14 £ pour le portrait et 25 shillings pour le cadre, et il me semble qu'un si bon tableau vaut largement cette somme. Il n'est pas encore tout à fait fini ni sec, et donc impossible de le rapporter à la maison. Aujourd'hui je commençai à poser et il va me faire, je pense, un très beau portrait. Il me promet qu'il sera aussi réussi que celui de ma femme. Je pose de sorte qu'il y ait tout un jeu d'ombres et j'ai le cou presque brisé à force de regarder par-dessus mon épaule.
            Retour, puis au bureau et à la maison car j'ai un gros rhume. Ma femme et Mrs Barbara en ont aussi un très gros, nous ne saurions dire comment nous l'avons attraper. Puis au lit, nous buvons de la bière au beurre. Aujourd'hui mon dévoué Wille Hewer arrive de Portsmouth et il me donne un autre exemple des fourberies de sir William Penn qui a écrit à Middleton, commissaire du Conseil de la Marine, que c'est du fait de ma négligence qu'il ne fut point nommé, l'autre jour, conformément aux instructions du Conseil, de ce que nos commis se rendaient là-bas pour la solde. Mais point ne m'est besoin de nouvelles preuves pour savoir que c'est un hypocrite, un coquin, envers moi comme envers le monde entier.


                                                                                                                        18 mars
                                                                                                    Jour du Seigneur
            Levé, mon rhume va mieux, puis à l'église, puis rentré à la maison pour le dîner, puis à pied jusqu'à l'église St John, pensant voir la belle Mrs Butler, ce que ne pus car elle n'était pas là, et n'habite plus, je crois dans les parages. De là allé à pied jusqu'à Westminster. Très beau temps, mais tout le
monde réclame à cor et à cri de la pluie. Chez Herbert, chez qui j'ai bu, puis chez Mrs Martin fis avec elle ce que j'avais en tête tandis que son mari allait nous chercher du vin. Je crois bien que le pauvre homme accepterait de se mettre en peine pour que je lui obtienne un poste de commissaire de marine, ce que j'essaierai de faire. Elle me dit, sous le sceau du secret, que Betty Hewlett, de la Grande Salle, ma petite amoureuse ( que j'ai accoutumé d'appeler ma seconde femme )  est mariée à un fils cadet de Mrs Mitchell ( son aîné à qui elle était promise étant mort de cette épidémie de peste ). Je m'en réjouis et me réjouis de ce qu'ils doivent habiter près de moi, dans Thames Square, près de la taverne de l'ancien Cygne.
            Rentré chez moi en voiture et à mon cabinet de travail m'occuper de certains comptes, puis au lit. Sir Chrustopher Myngs est rentré de Hambourg sans avoir rien fait, sinon nous rapporter quelques lonngailles.


                                                                                                                        19 mars

            Levé de bonne heure et en réunion extraordinaire au bureau presque toute la matinée avec lord Brouncker, sir William Coventry et William Penn au sujet de ces affaires de comptes. A ce propos, maintenant que nous disposons de presque tout ce que nous pouvons souhaiter nous confions tout au contrôleur, et je crains qu'il n'en soit écrasé, car il est de jour en jour un peu moins capable de faire son travail. Puis, avec milord Brouncker et sir William Coventry au bureau de la solde pour voir quel désordre règne, et c'est une honte de voir comme l'on y sert le roi. Allons auprès du trésorier de Londres pour nous assurer avec plus de précision de l'étendue du crédit dont nous disposons là-bas. il apparaît que nous en avons bien peu. Chez sir Robert Long, absent, pour traiter, à peu de choses près les mêmes affaires, mais là non plus nous n'obtenons pas mes assurances que nous souhaiterions. Puis sir William Coventry s'en alla et milord et moi-même fûmes chez Mrs Williams. Je vis son petit salon qui contient, il est vrai, quantité de belles choses, mais je hais celle qui occupe ces lieux. Nous y dînâmes et sir John Mennes nous rejoignit. Après le dîner à pied jusqu'au Théâtre du Roi, couvert de saleté car on est en train de modifier la scène pour la rendre plus spacieuse. Mais Dieu sait quand ils recommenceront à jouer. Mais j'étais venu là afin de voir l'intérieur de la scène et toutes les loges d'acteurs ainsi que les machines, et le spectacle en valait assurément la peine. Mais à voir leurs costumes et toutes sortes de choses, à voir cette confusion d'objets, ici un jambe de bois, là une collerette, tantôt un cheval de bois, tantôt une couronne, il y a vraiment de quoi rire à se tordre, surtout la garde-robe de Lacy et celle de Shatterel. Mais encore une fois quand on pense à la splendeur de tout cet appareil sir scène à la lueur des bougies et à la piteuse apparence de tout cela vu de près, l'effet n'est point du tout plaisant. Les machines sont fort imposantes et les peintures fort jolies.
            Ayant pleinement satisfait ma curiosité, m'éloignai avec milord pour le raccompagner chez Mrs Williams, pris congé et rentrai en voiture, puis au bureau. Fus tantôt mandé par sir George Carteret à la Trésorerie Générale de la Marine dans Broad Street, où arpentâmes sa galerie pendant deux ou trois heures, jusqu'à ce qu'il fît très sombre, parlant de ses affaires. Je l'assurai que tout irait bien et lui recommandai très librement, ce qu'il accepta avec grâce, de ne rien céler au Conseil de ce qu'il voudrait savoir de ses comptes, et même d'en appeler à cette instance pour savoir s'il était quoi que ce fût d'autre qu'elle désirait connaître ou qui fît défaut. Mais l'essentiel de notre entretien ou nos réflexions les plus sérieuses portèrent sur le mauvais état du royaume en général par manque d'argent et de discernement, ce qui, j'en ai peur, causera notre perte à tous.
            Pleinement satisfait d'avoir eu la bonne fortune d'avoir eu un tel entretien avec lui, rentrai chez moi. Là, dans le jardin nous nous promenâmes, sir William Warren et moi, dans l'obscurité jusqu'à 10 heures du soir, causant de maintes choses nous concernant. J'espère tirer de lui quelque avantage considérable avant la fin de l'année. Il me donne le bon conseil d'être attentif à ce qui se passe autour de moi, relativement à ma charge que j'ai maintenant fort envie de développer, car il me semble que notre service se trouve dans une situation très délicate : il est vraisemblable que le Parlement siégera prochainement et qu'on lui demandera plus d'argent et nous ne pourrons rendre que très médiocrement compte de l'emploi des sommes qui nous furent déjà données par lui. De plus la révocation des officiers des prises de guerre peut servir d'exemple et inciter le roi à nous sacrifier tout aussi aisément au bon plaisir du Parlement, car nous le méritons autant.
            De plus, sir George Carteret me déclara ce soir que milord Brouncker lui-même, sur la bonne volonté de qui j'eusse pu compter autant qu'aucun autre, lui avait fait remarquer que je détenais de nombreuses charges et que, bien que je fusse travailleur, la Marine n'en suffisait pas moins à occuper quelqu'un pour assurer cette unique fonction. Ce qui me tracasse fort et m'incitera à faire preuve d'encore plus de soin et de diligence que je n'en ai jamais montré.
            Rentré souper chez moi pour trouver ma femme et Mrs Barbara très enrhumées, ce qui est aussi mon cas en ce moment.
            Ce jour lettre de mon père. Celui-ci me propose un parti pour Pall à la campagne qui ne me déplut point. Il s'agit de quelqu'un qui possède des terres rapportant quelque cent quarante livres par an et s'attend à recevoir 1 000 £ en espèces à la mort d'une vieille tante. Il n'a ni père, ni mère, ni sœur ni frère. Mais exige 600 £ comptant et 100£ à la naissance du premier enfant. J'inclinais à aller jusque-là. Il est parent de Mr Philips et vit avec lui. Mais ma femme me dit que c'est un rustaud buveur, laid et mal élevé, ce qui me dissuade encore. Je continue à penser à Harman. Après le souper, au lit.


                                                                                                                        20 mars 1666

            Levé et au bureau, travail toute la matinée. A midi dînai en hâte, puis ma femme, Mrs Barbara, Mrs Mercer et moi en voiture chez Hayls où je vois que maintenant le portrait de ma femme est parfaitement achevé, en tous points. C'est un beau portrait, le plus beau presque que j'aie jamais vu. Je posai derechef et fis grandement avancer le travail. Mais, quelle qu'en soit la raison, l'aspect général de mon visage, à ce qu'il me semble, n'est pas rendu, encore que ce doit être un portrait très imposant. Rentré, à mon travail la nuit étant tombée, et à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                       21 mars
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            Levé de bonne heure et d'abord en voiture chez milord le Général, en visite, puis chez le duc d'York où nous réunîmes tous et traitâmes avec lui nos affaires ordinaires. Mais, Seigneur ! il faut voir comme l'on défère aussitôt à toute chose que propose le Duc, même sir William Coventry. Comme par exemple de faire nommer Troubeck, son chirurgien de longue date et dont on voulait faire le chirurgien général de la flotte, médecin général de la flotte, chose sans précédent, et qui lui rapportera 20£ par mois. Avec lord Brouncker allai voir sir Robert Long. Après un entretien relatif à notre travail, il nous parla de choses plus générales et plaisantes : il nous parla entre autres de l'abondance des perdrix en France. " Là-bas, dit-il, le roi de France et sa suite ont tué au fusil dans la plaine de Versailles, quelques 300 perdrix en une seule équipée. "

        Allai à la Régie derrière la Bourse, trouvai nos affaires de tailles en grand désordre en ce qui concerne les paiements. Je prends la décision d'y remédier le plus tôt possible. Retour, rencontrai sir William Warren et, après avoir mangé quelques victuailles, cependant que sir William restait au bureau, lui et moi à Whitehall, lui pour s'occuper de l'affaire des vaisseaux pris à l'ennemi que nous nous efforçons d'acheter espérant en retirer de l'argent. Puis à Londres en voiture, à Gresham College où je demeurai une heure et demie.
            Retour à mon bureau et là, seul, me promenai tard dans le jardin, avec sir William Warren qui me dit qu'à la Commission de la Chambre des Lords chargée des prises de guerre, aujourd'hui de fortes paroles furent échangées entre William Ashley et sir William Coventry à propos des vaisseaux pris à l'ennemi, et que milord Ashley, très méprisant, lui avait parlé avec autant de hauteur qu'il avait accoutumé de le faire vis à vis du moindre matelot, et que sir William avait pris les choses très calmement, mais qu'il n'en avait pas moins dit avec modération et raison ce qu'il pensait., puis était parti déclarant qu'il avait fait son devoir et qu'il leur laissait le soin de décider s'ils souhaitaient que tous ces vaisseaux  allassent  ou non quérir des mâts. Là nous évoquâmes quantité d'affaires, conversation à tous égards instructive. Nous nous séparâmes tard.
            A la maison, souper et, au lit, quelque peu tracassé par une lettre de mon père me disant qu'il serait vraisemblablement poursuivi pour une dette de Tom par Smith le mercier.


                                                                                                                            22 mars

            Levé et toute la matinée au bureau. A midi, ma femme étant allée chez son père, je dînai avec sir William Batten à son invitation, puis à mon bureau sans relâche et fis beaucoup de travail. Rentré tard à la maison, souper et, au lit.
            Le nombre des victimes de la peste a augmenté de 4 cette semaine, ce qui me tracasse, encore qu'il n'y ait qu'une seule victime supplémentaire dans toute la Cité.


                                                                                                                             23 mars

            Levé, sortant de mon cabinet de toilette une fois prêt à descendre j'aperçus la petite Mrs Tooker, ma jolie petite qui, semble-t-il, est arrivée hier à la maison pour passer quelque temps avec nous, mais je n'en avais point encore été prévenu. Je me réjouis de son arrivée. C'est une très belle enfant, devenue presqu'une femme. Sorti dès 6 heures pour un rendez-vous chez Hayls où nous nous mîmes tout de suite à mon portrait, avec beaucoup d'énergie. Il s'annonce comme devant être un portrait très important. Force gaieté, plaisanterie, conversation toute la matinée cependant qu'il peignait. Bientôt arrivent ma femme avec Mrs Mercer et la petite Tooker. Hayls en ayant terminé avec moi allons tous chez un artiste tout proche. Hayls me mena voir un paysage que quelqu'un avait peint, mais je n'aime aucun de ces tableaux, excepté une étude de fruits, vraiment très belle. 
            Vais à Westminster, à l'Echiquier, pour quelques affaires, puis à la taverne du Cygne où je me fis servir un peu de nourriture et dînai. Eus ensuite l'occasion d'être satisfait de Sarah. Départ pour la Grand-Salle, et là Mrs Mitchell me dit fort joyeusement que la petite Betty Howlett est marié à son jeune fils Mitchell. C'es une bien étrange chose qu'il ait si vite, dans cette alliance, succédé à son frère aîné mort de la peste, et que lui reviennent la maison et le métier que l'on destinait à ce dernier. De plus, on dit que cette fille avait auparavant déclaré qu'elle aimait ce jeune-là plus que l'autre que l'on lui destinait depuis le début. Je suis content de ce mariage et plus encore qu'ils viennent près de chez moi, dans Thames Street, où il me sera possible de voir de temps à autre Betty que j'ai a accoutumé d'appeler ma seconde femme depuis qu'elle est petite fille, et il est de fait qu'elle est fort jolie.
            En voiture chez Anthony Joyce pour recevoir la réponse de Harman. J'en éprouvai de la contrariété, car il exige maintenant 800 livres, alors qu'il n'avait jamais trouvé à redire à la dot mais acceptait les 500 £, je n'aime pas cela. Pourtant je ne saurais vraiment  blâmer ce garçon s'il pense qu'il  peut obtenir plus d'un autre que de moi. Rentrai et m'attaquai avec énergie à mon travail au bureau, puis la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                      24 mars

            Levé, toute la matinée au bureau. A midi dînai à la maison où il y avait Anthony Joyce. Je donnai ma réponse définitive, à savoir que je ne donnerai avec ma soeur que 500 £, et je montrai la belle offre qui nous est faite à la campagne, que j'inclinais de plus en plus à accepter, et j'entends poursuivre dans cette voie. Après dîner à Whitehall pour une séance de la commission de Tanger, où était le duc d'York, et je m'acquittai bien de ce que je devais faire. J'eus ensuite l'occasion de suivre le duc dans ses appartements, dans une chambre où la duchesse posait pour son portrait que Lely
exécutait. Mais je vis avec grand plaisir que la ressemblance avec son visage dans cette oeuvre, qui est la seconde sinon la troisième, est bien moindre que dans celui de ma femme, pourtant le premier. Et je ne pense pas que le portrait puisse être très ressemblant car les traits ne sont pas proportionnés à ceux du visage.
            Retour, restai tard au bureau puis, au lit.


                        



                                                                                             25 mars 1666
                                                                         Fête de l'Annonciation et dimanche.
            Levé et à mon cabinet de travail, en robe de chambre, toute la matinée, occupé dans cette pièce à mettre en ordre mes papiers. A midi dîner, nous voyons le frère de ma femme que j'ai mandé pour lui proposer de faire de lui un officier de rôle et de l'envoyer en mer. Cela ne déplaît pas du tout à ce pauvre homme qui partira, et ce sera une belle promotion pour lui, mais dangereuse. J'espère qu'il se montrera homme de bien et de discernement.
            Après dîner derechef à mes papiers et à mes comptes de Tanger jusqu'au souper, après souper y retourné derechef. Mais ayant mélangé je ne sais comment mes comptes personnels et mes comptes publics, cela me rend fou de voir à quel point il est difficile de les rendre intelligibles. J'en ai la tête tout embrouillée, de telle sorte que, bien que m'étant juré de veiller jusqu'à une heure du matin, je crains que ce soit inutile, car je n'arrive pas à comprendre où j'en suis de ces comptes, ni ce que j'en ai fait jusqu'à aujourd'hui.   


                                                                                                                         26 mars

            Levé, puis il y eut une réunion extraordinaire avec sir William Coventry et lord Brouncker. au sujet de l'organisation du bureau de la solde où une infinie carrière reste ouverte à qui veut tromper le roi relativement au paiement des matelots. Notre travail achevé, milord Brouncker et moi allons à la Tour pour voir notre fameux graveur afin de lui faire graver un sceau pour notre service. Et je vis parmi les plus beaux exemples de travail en relief pour ce qui est de la délicatesse et de la petitesse, des images y figurant, et j'y amènerai ma femme pour les lui montrer. Je vis aussi des lingots d'or en fusion, un spectacle impressionnant. Puis avec milord à la taverne de la Tête du Pape dans Lombard Street, où nous avions rendez-vous pour dîner avec le capitaine Taylor. Fûmes rejoints par William Coventry et nous égayâmes fort, et je trouve tous les jours des raisons de l'honorer davantage.
            Allai seul à Broad Street chez sir George Carteret. Il souhaitait que je conférasse avec lui. Il souffre, me semble-t-il, beaucoup des affaires du bureau, et je crois qu'il ne craint pas peu d'y connaître la ruine, sir William Coventry lui vouant un tel ressentiment. Et je retiens d'abord de cela un exemple éminent de la leçon dont un homme, si grand aujourd'hui que tous le croient inébranlable, se voit le jour d'après jeté à bas, violemment privé de tout appui, tandis qu'on examine la plus petite irrégularité sur ses affaires, sur lesquelles personne n'eût osé la veille encore poser le regard. Je vois aussi que celui-là même dont personne n'osait s'approcher, il y a peu, est désormais docile comme un épagneul, qu'il m'a fait venir et me parle avec beaucoup d'humilité et écoute volontiers les avis qu'on lui donne. 
            Rentré au bureau, resté tard à travailler, puis chez moi pour m'occuper un peu de mes comptes publics et personnels, mais sans parvenir à savoir comment vraiment les disposer en vue de leur approbation.


                                                                                                                    27 mars

            Toute la matinée au bureau à travailler. A midi dînai chez moi, Mr Cooke, notre vieille connaissance de chez milord Sandwich vint me voir et dîner avec moi, mais j'étais de fort méchante humeur, ayant quantité de choses plus importantes en tête. Puis au bureau pour organiser le travail de mes gens, et retour chez moi pour m'occuper de mes comptes officiels relatifs à Tanger. Et, chose étrange, par suite d'une confusion avec des calculs faits récemment le soir avec Mr Povey, je me retrouvai à ce point embrouillé qu'il ne me restait plus ensuite, prêt que j'étais à me cogner la tête contre les murs, qu'à songer à une autre méthode, encore qu'elle fût moins parfaite. Mais c'était la seule qui me pût permettre de me tirer de mes comptes. M'y employant je veillai jusqu'à plus de 2 heures du matin puis, au lit.


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            Levé et avec Creed venu de bonne heure m'entretenir de ses comptes, à Whitehall par le fleuve. Il témoigna force gaieté dans la conversation, encore que je me souciasse bien peu de lui et ne l'encourageasse point, ayant désormais, Dieu merci, nombre d'affaires importantes à l'esprit et mieux à faire que de bavarder.
            Présentai mes respects au Duc, allai ensuite à pied dans le parc de St James, avec sir William Clarke et rencontrâmes bientôt Mr Hayes, secrétaire du prince Rupert, l'un et l'autre de fameux gaillards, mais j'en ai bien peur, ils se promettent davantage qu'ils ne peuvent attendre. Au théâtre du Cockpit, puis dînai avec force commensaux chez le duc d'Albemarle, mauvais dîner, vraiment répugnant. 

            En voiture chez Hayls où posai. Et le portrait est devenu terriblement ressemblant. Arrivent ma femme et Mrs Mercer amenées par Mrs Pearse et Mrs Knepp. Force gaieté et le tableau n'en progresse que mieux. Les déposai chez Pearse et rentrâmes à la maison où je travaillai et demeurai à mon cabinet de travail jusqu'à minuit puis, au lit
            J'apprends ce soir que la reine du Portugal, mère de notre reine, est morte récemment et que la nouvelle parvint ici aujourd'hui.

                                                                                                                         29 mars. 

            Toute la matinée au bureau, travaillai dur. A midi dîner puis allai à Lombard Street pour m'occuper de l'encaissement de quelque argent qui m'appartient et déposé là entre les mains de Vyner. Je n'ai pas l'intention de l'y laisser dormir davantage. Retour au bureau puis à la maison où je m'occupe d'affaires et de comptes publics et privés jusqu'à minuit passé puis, au lit.
            Ce jour, la pauvre Jane, ma chère petite Jane nous est revenue pour notre plus grand plaisir, à ma femme et à moi, et tous nous espérons qu'elle nous donnera grande satisfaction, elle qui possède toutes les caractéristiques et qualités d'une bonne servante, affectionnée et honnête, car elle s'est arrachée à la maison où elle vivait depuis son départ de chez nous pour répondre à notre désir, son ancienne maîtresse ayant usé de tous les stratagèmes possibles pour la retenir.


                                                                                                                         30 mars 1666

            Ma femme et moi fort satisfaits que Jane nous soit revenue. Levé et voici que s'en va Alice, notre fille de cuisine, bonne servante que nous aimions et envers qui nous agissions bien, et c'était une excellente servante mais qui n'acceptait pas qu'on lui fît remarquer la moindre faute, même le plus discrètement et le plus gentiment du monde. Elle a voulu partir, de son propre chef, après avoir donné et repris son congé à sa maîtresse plusieurs fois de suite durant un trimestre. Nous emploierons donc une autre fille et ferons de la petite Jane notre cuisinière, du moins en ferons l'essai.
            Levé et, après beaucoup de travail, vais à Lombard Street où reçus 2 200 £ que je rapportai à la maison et, contrairement à mon attente, reçus 35 £ pour 2 000 de ces livres pendant un trimestre, période qui m'a valu ce bénéfice. De plus, cela m'a épargné d'avoir à veiller à la sûreté de ma maison, et l'argent étant exigible sous deux jours, ce qui vient d'être le cas.
            Ce matin sir William Warren vient me voir pour la 2è fois. Il voulait de moi 2 000 £ sur la foi de ses lettres de change conformément à la nouvelle loi, cela lui permettra de payer les navires qu'il achète, ce dont je tirerai considérable profit. J'agis ainsi à contrecœur. Pourtant en parlant avec Colvill, je vois bien que je serai en mesure de le faire et que, par-dessus le marché, j'en retirerai de l'argent. 
            Retour à la maison, mangeai une bouchée, puis chez Hayls où posai jusqu'à la tombée de la nuit, le peintre travaillant à ma robe louée pour la circonstance. C'est une robe indienne, et je crois que j'ai toutes les raisons d'en attendre un excellent tableau.
            Rentrai chez moi et m'occupai de mes comptes personnels dans mon cabinet de travail jusqu'à plus d'une heure du matin. Puis, au lit, la tête pleine de pensées relatives à tous les comptes que je devrai faire demain, où nous atteignons la fin du mois. Puisse Dieu m'aider en cela, car jamais de ma vie je ne connus pareille confusion, et à propos de grosses sommes.


                                                                                                                     31 mars

            Toute la matinée au bureau, à midi dîner puis au bureau où je m'acquittai de mon travail sitôt que je le pus, rentrai chez moi et à mes comptes jusqu'à très tard. Mais, grands Dieux ! quelle affaire pour en comprendre la moindre partie, et, en bref, je ne parvins point à les comprendre, mais après m'être totalement épuisé, je fus forcé d'aller au lit et de laisser mes comptes, tout à fais contre mon gré et aussi contre mes serments. J'espère que Dieu me le pardonnera, car cela fait quatre soirs que je veille jusqu'à plus de minuit pour les maitriser, mais ne le puis point. 
            Ainsi le mois s'achève-t-il alors que j'ai la tête et l'esprit entièrement envahis par l'inquiétude au sujet de mes comptes que j'ai laissés aller trop longtemps, confondant comptes publics et comptes personnels, si bien que je ne saurais parvenir à les liquider aucunement. Je vois néanmoins que je dois être plus riche que je n'étais le mois dernier.
            Me préoccupe aussi la pensée de trouver un mari à ma soeur et, à cette fin, ma femme et moi avons décidé qu'elle irait incontinent à la campagne chez mon père et ma mère afin d'examiner une proposition qu'on leur a faite à son sujet à la campagne, proposition qui, si elle lui agrée, suivra son cours.


                                                                       à suivre...........

                                                                                                                1er avril 1666

                  Levé, sorti.............