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samedi 26 novembre 2011
Jirô Taniguchi - Masayuki Kusumi - Le gourmet solitaire.
vendredi 25 novembre 2011
L'appartement de Kang Do-Young
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La bicyclette rouge de Kim Dong - hwa.
En ces temps de stress, de course contre la montre plongez
dans cette manhwa délicieuse. La campagne coréenne, est-ce réaliste peu importe
l'auteur l'a vue ainsi, les dessins simples et doux, de jolies couleurs, et
nous suivons la vie d'un couple de paysans éloignés de Séoul. Le facteur est là
un lien précieux le amis sont des "potes " malgré leur âge. La
culture du concombre, la jalousie drôlement amenée entre ces personnes âgées,
et leur petite fille, adulte, venue en visite apporte la vie de la capitale. (
3 volumes )
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AYA Conseillère culinaire, ISHIKAWA SABURÔ, scénario Aouchi Akio supervision Kobayakawa Yôsei

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mercredi 23 novembre 2011
Un loup à ma table Auguten Burrougs
Augusten Burroughs fils de la
poétesse Margaret Robison se penche à nouveau sur son passé.
L'adulte est à la recherche de chaque senteur, de goût, très
sensible il détaille ses premiers pas de bébé, et revient à ce père assis à la
table de la cuisine apparemment inactif, le regard fixé sur la télévision
éteinte. Pourquoi ne répond-il pas à ses questions d'enfant ? Parce qu'il est
occupé ne le voit-il pas.
Puis voici la réalité de l'homme souriant et affable hors du
foyer, haineux, cruel avec le cochon d'inde, ses fils, sa femme. Atteint de
psoriasis, sur le corps, les mains déformées, la bouche, les dents, pervers, psycopathe. La mère, fume, fume, tape à la machine des textes poétiques, se
rend 4 fois par semaine chez son psychiatre à qui elle finira par confier
Augusten. Habile, elle coud ses robes, dessine, peint.
Burrougs dépeint avec minutie les affres que vit le couple,
joli enfant blond aux cheveux longs troublant.
Tout le livre est une interrogation, son père pourrait-il
tuer, et lui possède-t-il les gênes qui le pousseraient à assassiner cet homme
destructeur ? Il aime désespérément un homme qu'il voudrait tuer ou appeler
papa sans crainte. Après Déboire et Courir avec les oiseaux cruel parcours d'un
homme qui a malgré tout une réussite professionnelle.
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mardi 22 novembre 2011
Paradise Kiss ( 1er vol.) de Aï Yazawa

Les scènes se passent dans le quartier Shibuya mais pourquoi
pas à Londres. Aï (Amour) mangaka très douée nous offre là une histoire
simple ( 4 volumes suivent ) de gracieux dessins, une shöjo manga.
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dimanche 20 novembre 2011
Bienvenue dans le Marais de Hugues Barthe
Bande dessinée pour
Adultes - Si vous avez aimé "le petit Lulu" vous
retrouverez la même simplicité dans ce dernier opus: cases peu chargées, dessin
simplissime, sujet et images ne sont donc pas indigestes. Les personnages,
notamment Hugo admis aux Arts Déco qui quitte St Romain le Duc se rend à Paris
où il est hébergé par son cousin Manu, vivent plaisamment leurs vies de
garçons. Entraîné par son cousin, Hugo découvre le Marais, quartier chic devenu
repaire des homosexuels. Loin d'afficher la même liberté que Manu pour entrer
en contact avec l'un ou l'autre des garçons Hugo se défie puis se défoule.
Découverte des bars, saunas et autres backrooms. Son goût pour l'homme à petit
bedon étonne. L'inquiétante maladie est effleurée. Mais tous veulent retrouver
la nature, et en définitive vivre entourés de poules, de dindons.
"Bienvenue n'est pas la 1è bande dessinée de Barthe sur
le sujet. Son style et son dessin bien personnels, affirmés, cette BD est
réussie.
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Une sacrée mamie
Saburo Ishikawa ( Japon manga )
Une jubilation, pourtant : Tokunaga habite Hiroshima avec sa
mère et son frère. Son père est mort des suites nucléaires qui ont touchées la
ville. Le travail et les charges trop lourdes obligent la maman à se séparer de
l'un des deux enfants. Ce sera le cadet. Direction Saga, la maison la plus
petite et la plus pauvre du village. Voir les dessins. Pleurs, tristesse des
premiers moments mais, les copains, le maître d'école les jeux, Tokunaga
s'habitue vite à la philosophie souriante d'une sacrée mamie. Si les dieux ont
leur place, il arrive que le garde-manger soit complètement vide. Surtout en
hiver lorsque la rivière est gelée car le garde-manger se trouve être la
rivière. Un peu en amont les marchands jettent à l'eau les légumes tâchés,
cabossés, biscornus. Il y en a parfois en abondance. Et alors délices, radis au
vinaigre ou jours exceptionnels du riz à l'oeuf. La poule refuse de pondre bon
ce sera du riz à l'oeuf sans oeuf.
Vie rurale. Vie et moeurs du Japon et d'ailleurs. Les 10
volumes se lisent avec un grand plaisir, comme parfois lorsque les auteurs
content une vie quotidienne vécue au plus près.
Pour tous dès sept ans et sans limite d'âge.
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Gainsbourg Hors Champ de Joann Sfar
(roman-conte dessiné France)
Ce grand et fort volume peut
se feuilleter comme le story-board du film que l'auteur du Chat du Rabbin a
réalisé. A chacun son rêve : l'époque, les chansons, les humeurs, les
musiques de Gainsbourg. A partir des dessins, aquarelles, feutres, encre de
chine, des conversations de Serge perplexe avec le rat, la Gueule qui le suit,
le poursuit, son fantôme. Gainsbourg, Vie Héroïque, qui enfant alors que les
rafles des années 40 décimaient la population juive prit l'étoile jaune "
- Tu es pressé de la porter ton étoile ? - Ce n'est pas mon étoile, c'est la
vôtre "
Le père est pianiste, l'argent manque souvent à la maison. Serge
aime la peinture mais c'est en musique,
en chansons qu'il poursuivra une vie accompagnée de jolies femmes, de Bardot à
Birkin, d'alcool et de cigarettes. Papa de Charlotte et de Lucien ( le vrai
prénom de Serge ), il pleure, il aime.
Le texte, les dessins décrivent les hésitations, les reculs
avant les prises de vue
et aussi l'admiration d'un créateur pour un autre et qui ont
les mêmes affinités, origines, slaves, juives et un père musicien. Besoin
d'amour ?
Sfar perdit sa mère très jeune, Gainsbourg fut le fils
chargé des tendresses de ses parents. Gainsbourg citoyen tapageur réécrit la
Marseillaise sur un rythmes reggaë. Alcool et cigarettes ont eu raison du foie
du poinçonneur des lilas.
Un volume épais où chaque planche nous ramène à nos souvenirs.
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"La Ficelle" de Guy de Maupassant
Conte. 1è parution dans Gil Blas le 25 nov. 1883 puis dans le recueil " Miss Harriet " en 1884.
Maupassant né en Seine Maritime élevé ainsi que son frère à
Etretat par sa mère après la séparation de ses parents dépeint ici le monde
rural qu'il connait.
Sur toutes les
routes autour de Goderville, les paysans et leurs femmes s'en venaient vers le bourg
; car c'était le jour de marché. Les mâles allaient, à pas tranquilles, tout le
corps en avant à chaque mouvement de leurs longues jambes torses, déformées par
les rudes travaux, par la pesée sur la
charrue qui fait en même temps monter l'épaule gauche et dévier la taille, par
le fauchage des blés qui fait écarter les genoux pour prendre un aplomb solide,
par toutes les besognes lentes et pénibles de la campagne. Leur blouse bleue,
empesée, brillante, comme vernie, ornée au col et aux poignées d'un petit dessin de fil blanc, gonflée
autour de leur torse osseux, semblait un ballon prêt à s'envoler, d'où
sortaient une tête, deux bras et deux pied.
Les uns tiraient
au bout d'une corde une vache, un veau. Et leurs femmes, derrière l'animal, lui
fouettaient les reins d'une branche encore garnie de feuilles, pour hâter sa
marche. Elles portaient au bras de larges paniers d'où sortaient des têtes de
poulets par-ci, des têtes de canards par-là. Et elles marchaient d'un pas plus
court et plus vif que leurs hommes, la taille sèche, droite et drapée dans un
petit châle étriqué, épinglé sur leur poitrine plate, la tête enveloppée d'un
linge blanc collé sur les cheveux et surmonté d'un bonnet.
Puis, un char à
bancs passait, au trot saccadé d'un bidet, secouant étrangement deux hommes
assis côte à côte et une femme dans le fond du véhicule, dont elle tenait le
bord pour atténuer les durs cahots.
Sur la place de
Goderville, c'était une foule, une cohue d'humains et de bêtes mélangés. Les
cornes de boeufs, les hauts chapeaux à longs poils des paysans riches et les
coiffes des paysannes émergeaient à la surface de l'assemblée. Et les voix
criardes, aigues, glapissantes, formaient une clameur continue et sauvage que
dominait parfois un grand éclat poussé par la robuste poitrine d'un campagnard
en gaieté, ou le long meuglement d'une vache attachée au mur d'une maison.
Tout cela sentait
l'étable, le lait lait et le fumier, le foin et la sueur, dégageait cette
saveur aigre, affreuse, humaine et bestiale, particulière aux gens des champs.
Maître
Hauchecorne, de Bréauté, venait d'arriver à Goderville, et il se dirigeait vers
la place, quand il aperçut par terre un petit bout de ficelle. Maître
Hauchecorne, économe en vrai normand, pensa que tout était bon à ramasser qui
peut servir ; et il se baissa péniblement, car il souffrait de rhumatismes. Il
prit, par terre, le morceau de corde mince, et il se disposait à le rouler avec
soin, quand il remarqua, sur le seuil de sa porte, maître Malandain, le bourrelier,
qui le regardait. Ils avaient eu des affaires ensemble au sujet d'un licol,
autrefois, et ils étaient restaient fâchés, étant rancuniers tous deux. Maître
Hauchecorne fut pris d 'une sorte de honte d'être vu ainsi, par son ennemi,
cherchant dans la crotte un bout de ficelle. Il cacha brusquement sa trouvaille
sous sa blouse, puis dans la poche de sa culotte ; puis il fit semblant de
chercher encore par terre quelque chose qu'il ne trouvait point, et il s'en
alla vers le marché, la tête en avant, courbé en deux par ses douleurs.
Il se perdit
aussitôt dans la foule criarde et lente, agitée par les interminables
marchandages. Les paysans tâtaient les vaches, s'en allaient, revenaient,
perplexes, toujours dans la crainte d'être mis dedans, n'osant jamais se
décider, épiant l'oeil du vendeur, cherchant sans fin à découvrir la ruse de
l'homme et le défaut de la bête.
Les femmes, ayant
posé à leurs pieds leurs grands paniers, en avaient tiré leurs volailles qui
gisaient par terre, liées par les pattes, l'oeil effaré, la crête écarlate.
Elles écoutaient
les propositions, maintenaient leurs prix, l'air sec, le visage impassible, ou
bien tout à coup, se décidant au rabais proposé, criaient au client qui
s'éloignait lentement :
- C'est dit, maît'
Anthime. J'vous l'donne.
Puis, peu à peu,
la place se dépeupla, et l'Angélus sonnant midi, ceux qui demeuraient trop loin
se répandirent dans les auberges.
Chez Jourdain, la
grande salle était pleine de mangeurs, comme la vaste cour était pleine de véhicules
de toute race, charrettes, cabriolets, chars à bancs, tilburys, carrioles
innommables, jaunes de crotte, déformées, rapiécées, levant au ciel, comme deux
bras, leurs brancards, ou bien le nez par terre et le derrière en l'air.
Tout contre les dîneurs
attablés, l'immense cheminée, pleine de flamme claire, jetait une chaleur vive
dans le dos de la rangée de droite. Trois broches tournaient, chargées de
poulets, de pigeons et de gigots ; et une délectable odeur de viande rôtie et
de jus ruisselant sur la peau rissolée, s'envolait de l'âtre, allumait les
gaietés, mouillait les bouches.
Toute
l'aristocratie de la charue mangeait là, chez maît' Jourdain aubergiste et
maquignon, un malin qui avait des écus.
Les plats
passaient, se vidaient comme les brocs de cidre jaune. Chacun racontait ses
affaires, ses achats et ses ventes. On prenait des nouvelles des récoltes. Le
temps était bon pour les verts, mais un peu mucre pour les blés.
Tout à coup, le
tambour roula, dans la cour, devant la maison. Tout le monde aussitôt fut
debout, sauf quelques indifférents, et on courut à la porte, aux fenêtres, la
bouche encore pleine et la serviette à la main.
Après qu'il eut
terminé son roulement, le crieur public lança d'une voix saccadée, scandant ses
phrases à contretemps :
- Il est fait
assavoir aux habitants de Godervlle, et en général à toutes - les personnes
présentes au marché qu'il a été perdu ce matin, sur la route de Beuzeville,
entre - neuf heures et dix heures, un portefeuille en cuir noir, contenant cinq
cents francs et des papiers d'affaires. On est prié de le rapporter - à la
mairie incontinent, ou chez maître Fortuné Houlebrèque, de Mannerville. Il y
aura vingt francs de récompense.
Puis l'homme s'en
alla. On entendit encore une fois au loin les battements sourds de l'instrument
et la voix affaiblie du crieur.
Alors on se mit à
parler de cet évènement en énumérant les chances qu'avait maître Houlbrèque de
retrouver ou de ne pas retrouver son portefeuille.
Et le repas
s'acheva.
On finissait le
café, quand le brigadier de gendarmerie parut sur le seuil.
Il demanda
- Maître Hauchecorne,
de Bréauté, est-il ici ?
Maître Hauchecorne, assis à l'autre bout de la table, répondit
:
- Me v'là.
Et le brigadier
reprit :
- Maître
Hauchecorne, voulez-vous avoir la complaisance de m'accompagner à la mairie. M.
le maire voudrait vous parler.
Le paysan surpris,
inquiet, avala d'un coup son petit verre, se leva et, plus courbé encore que le
matin, car les premiers pas après chaque repos étaient particulièrement
difficiles, et il se mit en route en répétant :
- Me v'là, me
v'là.
Et il suivit le
brigadier.
Le maire
l'attendait, assis dans un fauteuil. C'était le notaire de l'endroit, homme
gros, grave, à phrases pompeuses.
- Maître
Hauchecorne, dit-il, on vous a vu ce matin ramasser, sur la route de
Beuzeville, le portefeuille perdu par maître Houlbrèque, de Manneville.
Le campagnard,
interdit, regardait le maire, apeuré déjà par ce soupçon qui pesait sur lui,
sans qu'il comprit pourquoi.
- Mé, mé, j'ai
ramassé çu portefeuille ?
- Oui, vous-même.
- Parole
d'honneur, je n'en ai point eu connaissance.
- On vous a vu.
- On m'a vu, mé ?
Qui ça qui m'a vu ?
- M. Malandain, le
bourrelier.
Alors le vieux se
rappela, comprit et, rougissant de colère :
- Ah ! I m'a vu,
çu manan ! Im'a vu ramasser c'te ficelle-là, tenez, m'sieur le maire.
Et, fouillant au
fonde de sa poche, il en retira le petit bout de corde.
Mais le maire,
incrédule, remuait la tête.
- Vous ne me ferez
pas accroire, maître Hauchecorne que M. Malandain, qui est un homme digne de
foi, a pris ce fil pour un portefeuille.
Le paysan,
furieux, leva la main, cracha de côté pour attester son honneur, répétant :
- C'est pourtant
la vérité du bon Dieu, la sainte vérité, m'sieur le maire. Là, sur mon âme et
mon salut, j'le répète.
Le maire reprit :
Après avoir
ramassé l'objet, vous avez même encore chercher longtemps dans la boue, si
quelque pièce de monnaie ne s'en était pas échappée.
Le bonhomme
suffoquait d'indignation et de peur.
- Si on peut dire
!... Si on peut dire... des menteries comme ça pour dénaturer un honnête homme
! Si on peut dire !...
Il eut beau
protester, on ne le crut pas.
Il fut confronté
avec M. Malandain, qui répéta et soutint son affirmation. Ils s'injurièrent une
heure durant.
On fouilla, sur sa
demande, maître Hauchecorne. On ne trouva rien sur lui.
Enfin, le maire,
fort perplexe, le renvoya en le prévenant qu'il allait aviser le parquet et
demander des ordres.
La nouvelle
s'était répandue. A sa sortie de la mairie, le vieux fut entouré, interrogé
avec une curiosité sérieuse ou goguenarde, mais où n'entrait aucune
indignation.
Et il se mit à
raconter l'histoire de la ficelle. On ne le crut pas. On riait.
Il allait, arrêté
par tous, arrêtant ses connaissances, recommençant sans fin son récit et ses
protestations, montrant ses poches retournées, pour prouver qu'il n'avait rien.
On lui disait :
- Vieux malin, va
!
Et il se fâchait,
s'exaspérant, enfiévré, désolé de n'être pas cru, ne sachant que faire, et
contant toujours son histoire.
La nuit vint. Il
fallait partir. Il se mit en route avec trois voisins à qui il montra la place
où il avait ramassé le bout de corde ; et tout le long du chemin il parla de
son aventure.
Le soir, il fit
une tournée dans le village de Bréauté, afin de la dire à tout le monde. Il ne
rencontra que des incrédules.
Il en fut malade
toute la nuit.
Le lendemain, vers
une heure de l'après-midi, Marius Paumelle, valet de ferme de maître Breton,
cultivateur à Ymauville, rendait le portefeuille et son contenu à maître
Houlbrèque, de Manneville.
Cet homme
prétendait avoir, en effet, trouvé l'objet sur la route ; mais, ne sachant pas
lire, il l'avait rapporté à la maison et donné à son patron.
La nouvelle se
répandit aux environs. Maître Hauchecorne en fut informé. Il se mit aussitôt en
tournée et commença à narrer son histoire complète du dénouement. Il
triomphait.
- C'qui m'faisait
deuil, disait-il, c'est point tant la chose, comprenez-vous ; mais c'est la
menterie. Y a rien qui vous nuit comme d'être en réprobation pour une menterie.
Tout le jour il
parlait de son aventure, il la contait sur les routes aux gens qui passaient,
au cabaret aux gens qui buvaient, à la sortie de l'église le dimanche suivant.
Il arrêtait des inconnus pour la leur dire. Maintenant, il était tranquille, et
pourtant quelque chose le gênait sans qu'il sût au juste ce que c'était. On
avait l'air de plaisanter en l'écoutant. On ne paraissait pas convaincu. Il lui
semblait sentir des propos derrière son dos.
Le mardi de l'autre semaine, il se rendit au
marché de Goderville, uniquement poussé par le besoin de raconter son cas.
Malandain, debout
sur sa porte, se mit à rire en le voyant passer. Pourquoi ?
Il aborda un
fermier de Cliquetot, qui ne le laissa pas achever et, lui jetant une tape dans
le creux de son ventre, lui cria par la figure ; " Gros malin, va ! "
Puis il tourna les talons.
Maître Hauchecorne
demeura interdit et de plus en plus inquiet. Pourquoi l'avait-on appelé
"gros malin" ?
Quand il fut assis à table, dans l'auberge de
Jourdain, il se remit à expliquer l'affaire.
Un maquignon de
Montivilliers lui cria :
- Allons, allons,
vieille pratique, je la connais ta ficelle !
Hauchecorne
balbutia :
- Puisqu'on l'a
retrouvé,çu portefeuille !
Mais l'autre
reprit :
- Tais-té, mon pé,
y en a un qui trouve et y en a un qui r'porte. Ni vu ni connu, je t'embrouille.
Le paysan resta
suffoqué. Il comprenait enfin. On l'accusait d'avoir fait reporter le
portefeuille par un compère, par un complice.
Il voulut
protester. Toute la table se mit à rire.
Il ne put achever
son dîner et s'en alla, au milieu des moqueries.
Il rentra chez
lui, honteux et indigné, étranglé par la colère, par la confusion, d'autant
plus atterré qu'il était capable, avec sa finauderie de Normand, de faire ce
dont on l'accusait, et même de s'en vanter comme d'un bon tour. Son innocence
lui apparaissait confusément comme impossible à prouver, sa malice étant connue.
Et il se sentait frappé au coeur par l'injustice du soupçon.
Alors il
recommença à conter l'aventure, en allongeant chaque jour son récit, ajoutant
chaque fois des raisons nouvelles, des protestations plus énergiques, des
serments plus solennels qu'il imaginait, qu'il préparait dans ses heures de
solitude, l'esprit uniquement occupé de l'histoire de la ficelle. On le croyait
d'autant moins que sa défense était plus compliquée et son argumentation plus
subtile.
- Ca, c'est des
raisons d'menteux, disait-on derrière son dos.
Il le sentait, se
rongeant les sangs, s'épuisait en efforts inutiles.
Il dépérissait à
vue d'oeil.
Les plaisants
maintenant lui faisaient conter " la Ficelle " pour s'amuser, comme
on fait conter sa bataille au soldat qui a fait campagne. Son esprit, atteint à
fond, s'affaiblissait.
Vers la fin de
décembre, il s'alita.
Il mourut dans les
premiers jours de janvier, et, dans le délire de l'agonie, il attestait son
innocence, répétant :
- Une 'tite
ficelle... une 'tite ficelle... t'nez, là voilà, m'sieur le maire.
lundi 14 novembre 2011
William Faulkner de Michel Mohrt pour le texte et l'iconographie ( Album Pléiade Gallimard France )
Falkner William devenu *Faulkner* nait un 25 septembre 1897
aux Etats-Unis dans le Deep South qu'il dépeindra dans tous ses livres et où il
vivra et mourra. Le Mississipi est le décor des Sartoris et autres Lumière
d'août.

Premiers textes parus dans la presse, premiers livres.
Faulkner part à Hollywood, une prison, où il écrit des scénarios, des dialogues
parfois repris pour des films moyens et mal rémunérés. Toujours imaginatif il
invente le Yoknapatawpha au Sud et la Tallahatchie, copies collées des comtés
de Lafayette d'Oxford, du Mississipi. Des cartes et les lieux où vivent les
familles, nombreuses photos d'Oxford, de la cueillette du coton, des habitants
des années 20-40. Puis le succès arrive, devant ses textes rassemblés il
s'étonne de la plénitude de l'oeuvre accomplie.
En 1950 il reçoit le prix Nobel et se rend avec sa fille
unique en Suède. Il voyage. Salué en France par Malraux, Sartre, Camus qui fit
l'adaptation et mit en scène Requiem pour une nonne, Gaston Gallimard son
éditeur. De passage à Oxford, (EU) il donne des conférences dans les
Universités.
Ethylique depuis son jeune âge, victime de malaises il meurt
d'une thrombose coronaire en juillet 1962, reconnu comme l'un des plus grands
écrivains américains qui a dépeint la société qu'il connaissait le mieux, le
sud profond, comme le fit Balzac qu'il avait lu, avec la Comédie humaine.
Plus de 300 photos dans ce passionnant ouvrage.
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dimanche 13 novembre 2011
La Confession John Grisham
(Roman Thriller USA) - Un lundi 5 novembre Keith Schroeder
pasteur luthérien à Topéka Kansas reçoit à l'église St Mark la visite de Travis
Boyette. La semaine sera rude pour l'ecclésiastique et sa famille. L'homme
visiblement très affaibli souhaite se confesser du meurtre de Nicole jeune
étudiante et pom-pom girl à Slone petite ville pas très éloignée de Dallas au
Texas et perpétré neuf ans plus tôt.

L'avocat acceptera-t-il de rencontrer Boyette accompagné du
pasteur qui, lui, serait en effraction, légère sans doute avec son ministère,
800 kilomètres séparent le Kansas du Texas. Il faut traverser l'Oklahoma, et
Boyette est en liberté conditionnelle, condamné dans plusieurs états pour
agressions sexuelles. A Slone " Il restait peu de travail juridique à
faire... "
Travis parait profondément atteint, en phase terminale
dit-il, d'une tumeur au cerveau qu'il décrit grosse comme un oeuf. Mais
l'équipe de Robbie Flak sait que "... plus le dossier est vide, plus il
faut brailler... " Le pasteur interroge Robbie l'avocat " Comment
condamne-t-on un homme pour meurtre quand il n'y a pas de cadavre ? "
L'auteur né et élevé dans le Mississipi décrit la société, des blancs, des
noirs, des croyants des diverses églises, baptiste, luthérienne, de la rage de
la jeune population. Des flash backs nous reportent aux différents stades de la
procédure, aux discussions qui mènent à des accusations sans preuve pour se
débarasser d'un procès encombrant.
Le Texas est toujours favorable à la peine de mort. La
politique et la justice sont toujours étroitement liées. Le roman lent dans la
1ère partie ne se lâche plus à partir du moment où commencent les recherches du
corps dans le Missouri. Livre pour tout public.
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Underground Julian Assange Suellette Dreyfus

Wikileaks va prendre naissance et le livre raconte "
... cette fascinante contre-culture du hacking... revendications identitaires,
candeur anarchiste et maîtrise redoutable et redoutée des outils..."
Dans les années 80 les connexions téléphoniques étaient très
longues et onéreuses, les jeunes gens réussirent à capter les lignes
téléphoniques d'inconnus, puis ils entrèrent dans les comptes de la Nasa, de
banques et tirèrent quelque argent à partir de cartes bleues piratées
appartenant à des clients suffisamment riches pour ne pas être embarrassés, ils
visitent des universités. Amitiés virtuelles internationales, du Texas au
Canada à la Suisse, ils n'éprouvent qu'une immense curiosité drogués par leur
facilité à entrer toujours plus avant dans des univers dangereux. Dotés de
surnom Mandax (serait Julian Assange), Pad, Anthrax, Electron. Ce dernier
arrêté "... le juge lui accorde la liberté sous caution. Consigné à la
maison... accepter qu'il doit définitivement abandonner le hacking... il tombe
dans la drogue." Prime Suspect rare utilisateur de drogues par manque de
temps "... a eu son lot de problèmes... Danser sur de la musique techno
lui fait du bien... la techno est un nihilisme musical... rapide, répétitive avec
des rythmes informatiques... "
Si le ver nommé Wake est dépassé "... Ver d'attaque
extrêmement sophistiqué, Stuxnet... est programmé pour surveiller, contrôler et
reprogrammer des procédés industriels très particuliers... "
Certains hackers ont disparu, d'autres travaillent dans des
services secrets civils, autres.
Le livre fascine le béotien et tous les accros aux petites
machines électroniques ravageuses, devenues indispensables, indiscrètes.
Passionnant.
Ma vie dans la CIA de Harry Mathews
(France roman traduit de l'anglais par
l'auteur avec la complicité de Marie Chaix éd. P.O.L)
New Yorkais diplômé d'art musical à
Harvard, Harry Mathews est en France membre de l'Oulipo, auteur de romans et de
Perverbes ( Le Savoir des Rois ), on le crut riche, mais il avait travaillé sur
deux films et hérité d'une jolie somme de son grand-père, puis il voyagea au
Laos, puis un jour de retour à Paris installé rue de Varenne, séparé de son
épouse Niki de Saint-Phalle, il apprend qu'à la suite d'un quiproquo il est
admis même parmi ses amis qu'il est un espion de la CIA.

" Vous êtes bien américain ?... "
Il dément vigoureusement, ses interlocuteurs sourient. Alors il va jouer le jeu
" ... un agent officieux doit fournir une couverture plausible."
S'il revient fréquemment sur la vie politique mondiale des années 60 c'est en
1973, année de la guerre du Vietnam, du Watergate, de la mort d'Allende et de
l'arrivée de Pinochet , qu'il crée son agence de voyages, qui lui permet
d'organiser des circuits qui pense-t-il seront la marque de son esprit tortueux
d'espion. La Sibérie.
Rencontres de personnages mystérieux,
d'une femme et de l'amour tantrique, qui lui fait monter les larmes
aux yeux, Georges Pérec dont il a traduit un roman en anglais abandonne son
scepticisme et l'accompagne dans son mensonge sans y participer, il monte son
film et use des lieux telle la place Saint Sulpice . Mélange étrange de poésie
et d'espions venus du froid. Vrai ou faux l'auteur voyage et de jolies
descriptions de la faune et de la flore. Il possède une maison isolée au-dessus
de Villars-de-Lans "Il n'y avait pas de jardin... un climat
montagnard... des heures de travail... forcer les pissenlits... poursuivre
l'ansérine... extraire les réseaux sournois de vesce de dessous les ancholies
et les digitales... "
Mélancholie, les enfants sont partis
" Ma maison est un mausolée ". Marcheur à la
cîme du Moucherotte, bien au-dessus de Grenoble à 2000m "... des
fleurs tardives... mille-feuilles, casse-lunettes... " .
Toutefois des espions ? hommes
malintentionnés le poursuivent il doit abandonner sa maison aux loirs habitués
de son grenier qui jouent au ballon avec des noix, et part sur les routes en
compagnie d'un berger, de ses 400 moutons, de Madeleine, le cheval,
aide-soignant, dormant sous les étoiles. Transhumance et routes de
Provence.
Mais qui est vraiment Mathews Oulipien
américain ? La question se pose encore à la dernière ligne de ce faux-vrai
roman d'espionnage par un auteur de l'Ouvroir de littérature potentielle.
Sourirs, souvenirs, plaisirs, agréable lecture.
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