Kol - Nidre
Le vieux clown de Karach-Hamba, par habitude
Coupait dans son café quelques oignons.
Je me sens triste, alors je me conte une fable
Avec le chant de Kol - Nidre dans l'ombre.
Ses yeux rouges, bizarrement,
Clignaient longtemps sur la tasse d'argile ;
Avec une simple cuiller de bois
Il mangeait ses oignons en buvant son café.
Sept jours de pluie d'automne à la fenêtre
Ne sauraient autant évoquer la mort
Que la pauvreté qui se lamentait,
Qui s'échappait, sanglot, de son potage.
Je m'en irai où mes aïeux s'en furent
Disait la bouche ouverte à la cuiller,
Ma femme Baleike déjà s'y trouve,
Je m'en irai où mes aïeux s'en furent.
Et les morceaux d'oignons sur la cuiller
Avaient l'air de perles brisées,
Ils rappelaient aussi le tabac jaune
Et les doigts maigres sur les cordes.
Dans sa robe d'au moins sept aunes
Dansait Baleike face à son fiancé,
Que crois-tu donc clown de Karach-Hamba,
C'est seulement mon chant de Kol - Nidre.
La tasse de café est chaude encore
Comme mon coeur, aveugle de naissance,
L'oignon que l'on coupa est aussi dur
Que ma mélancolie dans l'ombre.
Moshe - Leib Halpern
( 1886 Zloczow Galice - 1932 NewYork )
Peintre d'enseigne à Zloczow il connut une vie précaire
à NewYork et au Canada puis écrivit dans divers journaux.
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