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16/17/18/19 juillet 1661
Nous avons occupé ces quatre derniers jours à mettre de l'ordre dans les affaires. Donner à ferme la récolte sur pied. Nous nous sommes entendus avec Stankes pour qu'il dirige nos affaires en notre absence. Nous fûmes très heureux d'avoir fait de lui notre régisseur, d'être allés à Oxford et Stirtloe et d'avoir parcouru nos terres en tous sens, le soir de nous être promenés à pied dans nos champs en causant, mon père et moi. Mr Moore, que j'avais consulté, me fit savoir de Londres que le testament ne pouvait être invalidé car les trois témoins étaient tous légataires. L'avocat Bernard est, me dit-on, de retour à la campagne
Souper et au lit.
Ma tante continue à faire ses vilains tours par-derrière que nous rapportent chaque jour Jane Perkin, qui nous est très précieuse, et la servante.
20 juillet
jasper
Montai ce matin à Huntingdon rendre visite à Robert Bernard. Rencontrai Robert Trice. Bernard nous convia à nous asseoir et à entamer une discussion franche. Je sortis donc le testament et nous parlâmes autant que je pouvais le souhaiter, mais ne pûmes arriver à aucune conclusion en l'absence de Tom Trice. Je parlai ensuite avec Bernard de l'argent que nous doit Pigott aux termes de la cession de propriété, soit 164 livres. Il me dit qu'il craint fort que cette somme ne soit due à l'héritier légitime, ce qui m'est un autre crève-coeur.
Restai dîner avec Bernard et sa femme, Mrs Digby, une femme très bien.
Après dîner, passai l'après-midi, partie avec Mr Phillips, partie avec le Dr Simcotes, Mr Vinter, Robert Ethell et beaucoup d'autres amis, et enfin avec Mr Davenport, Phillips, Jasper Trice et quelques autres en face de la Couronne. Nous bûmes de la bière et nous divertîmes jusqu'à 9 heures du soir. Je rentrai à la maison et apprends que Tom Trice et mon père se sont rendus à la taverne de la mère Gorham. Je les retrouve ainsi que Jasper Trice et Mr Greenes. Nous discutâmes calmement sans toutefois parvenir à une décision.
Retour à la maison et au lit. Ma main droite guérie, qui avait été fort enflée à la suite d'une piqûre.
21 juillet
jour du Seigneur
A la maison toute la matinée à mettre de l'ordre dans mes papiers et à diverses autres tâches, en prévision de mon départ demain. Fîmes un bon dîner avec Stankes et sa femme. Retour à mes affaires l'après-midi. Le soir vinrent les deux Trice, Mr Greene et Mr Phillips, et la discussion s'engagea. Nous finîmes par arriver à une sorte d'accord selon lequel, moyennant 10 livres que nous donnerons à ma tante, elle devra libérer la maison. Pour le reste nous nous en remettons à la loi, ce qui nous agrée tous. Nous nous séparâmes donc fort satisfaits.
Vinrent ensuite Mr Barnwell et John Bowles qui soupèrent avec nous et partirent tout de suite après. Pris congé d'eux et rangeai au mieux les affaires pour demain, puis allai me coucher.
Le père William Luffe est venu ici cet après-midi et nous a versé 20 livres qu'il nous devait et je lui remis en main propre, devant Mr Phillips, Robert Barnwell et Mr Pigott, l'acte par lequel mon oncle me cède Stirtloe. Il reconnut devant eux que mon oncle lui avait remis ce document de son vivant.
22 juillet
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Levé dès 3 heures et parti dès 4 heures pour Londres. Mais la journée se révéla très froide et comme je n'avais dans mes bottes que des chaussettes de fil, je dus acheter une paire de grosse laine à Bigglesworth et les mettre. Ainsi par étapes jusqu'à Hartfield où j'arrivai avant midi. Je fis un excellent dîner avec l'hôtesse de l'auberge de milord Sallysbury, ensuite, malgré ma fatigue, j'allai seul à pied à la vigne redevenu un fort bel endroit. Au retour je rencontrai Mr Looker, le jardinier de milord, ami de Mr Edlin, qui me fit visiter la maison, la chapelle où sont accrochés de magnifiques tableaux, et surtout les jardins, comme je n'en ai jamais vus de ma vie, ni de si belles fleurs, de si grands groseilliers à maquereaux avec des fruits aussi gros que des noix de muscade.
Retour à l'auberge où je bus un verre avec lui, puis me remis en selle, ralliai Londres tant bien que mal et laissai le cheval à Smithfield, m'arrêtai chez mon oncle Fenner, ma mère, milady, puis chez moi. Les choses me parurent partout aussi bien que possible. Recru de fatigue, au lit.
23 juillet 1661
Mis mes vêtements de deuil, fis visite à sir William Penn et Batten, puis à Westminster où je causai un bon moment avec Mrs Mitchell dans la Grand-Salle. L'après-midi, me sentant incapable de travailler, j'allai au Théâtre où je vis
Brennoralt, que je n'avais encore jamais vu. Me sembla une bonne pièce, mais mal jouée. J'étais, néanmoins, assis en face de Mrs Palmer, la maîtresse du roi, et la contemplai tout mon saoul, avec un plaisir extrême. Ensuite chez mon père où je rencontrai, à ma demande, mon oncle Thomas et parlai avec lui du testament de mon oncle, en l'éclairant du mieux que je pus, puis allai chez mon oncle Wight, qui est sorti, mais je rencontrai ma tante, et restai un moment. Retour chez moi, et au lit. Contrarié d'apprendre que Pall est devenu fière et paresseuse, au point que j'ai décidé de ne pas la garder.
24 juillet
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Ce matin au lit, ma femme me dit qu'on nous a volé notre chope en argent. Fus tourmenté toute la journée à l'idée que mes gens aient pu commettre la négligence de laisser la porte ouverte.
Ma femme et moi par le fleuve à Whitehall où je la laisse à ses affaires, et moi chez mon cousin Thomas Pepys avec qui j'eus une longue discussion sur l'affaire du testament de mon oncle qui nous occupe. Il ne peut me donner aucune précision sur les biens de mon oncle, mais me dit que, d'une façon générale, à son avis, celui-ci n'a laissé que peu d'argent, un peu plus toutefois que nous n'en avons trouvé, soit environ 500 livres.
Arrive par hasard sir George Lane qui avait vu sur la porte que la maison était à louer. Nous en fîmes une visite détaillée. C'est vraiment une fort jolie maison. Ils se mirent d'accord sur les termes, soit : 400 livres de bail et 46 livres de loyer par an dont j'assurerai la rédaction. Ensuite à la Garde-Robe, mais arrivai trop tard et mangeai avec les domestiques. Puis chez milady qui a pour ma femme et moi la plus grande prévenance, à mon grand contentement.
Retour chez moi par le fleuve et au bureau tout l'après-midi, où je prends à nouveau grand plaisir, parler avec des personnes de qualité et avoir la haute main sur les affaires. Je leur dis que les biens dont j'héritais se montaient à 200 livres de terres, outre l'argent, car je voulais me faire valoir auprès d'eux.
Le soir à la maison et au lit après avoir mis au net le journal de mon voyage....
J'apprends cet après-midi que mon valet Will s'est fait voler son manteau au moment où on volait ma chope, ce qui me réjouit fort.
25 juillet 1661
Ce matin arrive de Brampton mon coffre rempli de papiers, tous les papiers de mon oncle, de quoi m'occuper maintenant. A midi je me rendis à la Bourse, rencontrai mon oncle Wight et le trouvai si mécontent de mon père ( a-t-i gardé sur le coeur de ne pas avoir été informé ou de n'avoir rien reçu ? je ne sais ) que j'en fus for chagriné et ne m'attardai pas à lui parler.
Allai chez ma mère où je trouve ma femme, ma tante Bell et Mrs Ramsay. Et belle matière à caqueter pour les vieilles, surtout ma mère qui pense que lui est tombé en héritage Dieu sait quoi ! ce qui m'exaspère au plus au haut point, mais ce n'était pas le moment de lui en parler. Je partis donc avec Mr Moore et nous allâmes au Théâtre voir
Les Gais Compères ( première fois que je voyais cette pièce ), elle vaut tout ce que j'ai jamais vu pour la gaieté..... Après quoi retour chez moi où j'écrivis à mon père , puis au lit. Tourmenté à la pensée de tout ce que nous devrons subir comme tracas avant de savoir ce qu'il nous restera de nos espérances.
26 juillet
A la maison toute la matinée. A la promenade rencontrai Mr Hill de Cambridge, dans la venelle de la Tête du Pape, en compagnie de dames. Il nous emmena dans une taverne proche et nous offrit du vin.Très soucieux de paraître au fait des affaires de l'Etat, il me dit que la situation de l'Église en Angleterre est, depuis hier, complètement bouleversée. En effet, le roi serait désormais obligé d'accorder sa faveur aux presbytériens sous peine de voir la Cité le lâcher. Mais je n'accorde aucun crédit à ce qu'il dit, même si, renseignement pris j'apprends que règne dans les affaires du Parlement le plus grand désordre.
Retour chez moi à midi, trouve Mr Moore et allons dîner à une table d'hôte. Nous lûmes ensemble le testament de mon oncle et il me dit ce qu'il en pensait. Plus je vais plus je découvre de raisons d'en attendre des ennuis.
Retour au bureau tout l'après-midi, puis chez moi toute la soirée.
Ayant pris au début de la semaine la résolution de ne pas boire de vin cette semaine, car je m'aperçois que le vin me rend impropre au travail, et l'ayant enfreinte contre ma volonté aujourd'hui, j'en suis fort chagriné, mais espère que Dieu me pardonnera.
27 juillet
A Westminster. Dans les appartements de Mr Montagu. J"entendis un Français, ami de Mr d'Esquier, jouer admirablement de la guitare, mais cet instrument me paraît au mieux n'être qu'un amusement
Puis dans la Grand-Salle de Westminster où l'on pensait que le Parlement fût prolongé de deux ou trois mois. Mais quelque raison fait reporter cette mesure d'un jour ou deux. Dans le vestibule parlai avec Mr George Montagu et discutâmes du choix d'un bateau pour le voyage de milord Hinchingbrooke et des autres jeunes gentilshommes en France. Nous résolûmes de les faire partir de Rye dans un bateau de location et non dans un vaisseau de guerre. Au cours de la conversation il me dit que milord le chancelier était fort envié et que de nombreuses personnes de haut rang, tels que le duc de Buckingham et milord de Bristol, tentaient de lui nuire en sous-main, qu'il pense qu'ils n'y parviendront pas, car le roi, qui pourtant ne l'apprécie pas comme compagnon, au rebours de ces jeune galants qui peuvent partager ses plaisirs, ne saurait toutefois se passer de ses conseils politiques et de ses services.
Puis à la Garde-Robe où ma femme me rejoignit, car c'était l'anniversaire de milord Sandwich. Beaucoup d'amis, Mr Townshend et sa femme, la femme du capitaine Ferrer et le capitaine Isham, étaient là. Nous nous divertîmes fort et mangeâmes un bon pâté de venaison. Également avec nous Mr Pargiter, le négociant.........
....... Ma femme et moi prîmes une voiture pour rentrer. Après avoir écrit une lettre à mon père à Brampton, le pauvre homme y est tout seul et n'ai pas reçu de ses nouvelles depuis que je l'ai quitté, ce qui m'inquiète. Au lit.
musicarius.com 28 juillet
jour du Seigneur
Ce matin, alors que ma femme et moi partions pour l'église, vint Mrs Ramsey, nous l'entraînâmes avec nous à l'église......
Derechef à l'église l'après-midi......De retour je restai faire mes comptes à la maison........
Ce soir ma femme me donne tout mon linge, que je range et entends maintenant garder moi-même.
Souper et au lit.
29 juillet
Ce matin nous reprenons nos réunions matinales au bureau...... Nous nous réunîmes et expédiâmes les affaires. Rentrai dîner, mon frère Tom mangea avec moi. Nous eûmes ensuite une longue conversation seuls dans mon cabinet. Il apparaît qu'à moins que mon père ne renonce à vendre sa maison de Londres à son propre profit et ne la lui cède, Tom n'a aucune envie d'établir ailleurs son commerce. Je ne sais que faire de lui.
J'allai ensuite chez ma mère à qui j'appris que les choses ne répondaient pas à nos espérances. Ce qui est vrai, mais je lui dis cela pour l'engager à renoncer aux dépenses dans lesquelles je la vois ces derniers temps se jeter sans mesure comptant sur ce que nous a laissé mon oncle pour les acquitter, ce qui me tracasse fort. Alors que je me trouvais là arrive la nouvelle que ma tante Fenner est extrêmement mal et que l'on demande à ma mère de se rendre auprès d'elle immédiatement. Mon cousin Charles Glascock ; lui-même fort malade, est aujourd'hui parti pour la province auprès de son frère John Glascock mourant.
Retour à la maison.
30 juillet
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Après ma leçon ce matin, avec mon maître à chanter, je me rendis à Whitehall et dans la Grand-Salle de Westminster, où j'apprends que l'on s'attend à ce que le roi vienne proroger le Parlement.
Je constate qu'un violent différend oppose les deux Chambres, les Lords revendiquant le droit d'être exemptés de perquisition à domicile. Ils ont rejeté pour cette raison le projet de loi des Communes autorisant les perquisitions pour la recherche des pamphlets et livres séditieux.
Puis par le fleuve à la Garde-Robe. Rencontrai sur la Tamise le roi qui allait en canot proroger le Parlement. Dînai avec milady et rencontrai le Dr Thomas Pepys qui me paraît sot et bavard, mais d'un fort bon naturel.
A la maison et au bureau où nous tînmes réunion cet après-midi sur l'affaire de Tanger. Puis retour chez moi où je trouvai Mr Moore et allai avec lui à pied à la Cité où nous nous séparâmes. Me rendis à Fleet Street pour me renseigner sur le début des Assises à Cambridge et à Huntingdon, afin d'y rencontrer Roger Pepys pour lui demander conseil.
Dans Fleet Street rencontrai Mr Salsbury qui, en moins de deux ans est devenu un si grand miniaturiste qu'il fait des choses excellentes, qui lui rapportent beaucoup d'argent. Je l'emmenai aux Colonnes d'Hercule, où Mr Whore vint le trouver. C'est un homme fort habile et je restai un long moment à parler avec eux. Retour chez moi où j'écrivis des lettres jusque tard le soir à milord et à mon père, puis au lit
31 juillet
Le maître à chanter venu me voir ce matin, puis au bureau toute la matinée. L'après-midi j'allai au Théâtre où je vis
Le Dompteur dompté, bien joué. Puis rentrai chez moi où je préparai le voyage que je dois faire demain à Walthamstow.
Ce soir j'ai été obligé d'emprunter 40 livres à sir William Batten.
à suivre
.... 1er août 1661
Ce matin, les....../