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Le Hareng Saur
Il était un grand mur blanc - nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle - haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur - sec, sec, sec.
Il vient, tenant dans ses mains - sales, sales, sales,
Un marteau lourd, un grand clou - pointu, pointu, pointu,
Un peloton de ficelle - gros, gros, gros.
Alors il monte à l'échelle - haute, haute, haute. artnet.com
Et plante le clou pointu - toc, toc, toc,
Tout en haut du grand mur blanc - nu, nu, nu.
Il laisse aller le marteau - qui tombe, qui tombe, qui tombe,
Attache au clou la ficelle - longue, longue, longue,
Et, au bout, le hareng saur - sec, sec, sec.
Il redescend de l'échelle - haute, haute, haute,
L'emporte avec le marteau - lourd, lourd, lourd,
Et puis, il s'en va ailleurs - loin, loin, loin.
Et, depuis, le hareng saur - sec, sec, sec,
Au bout de cette ficelle - longue, longue, longue,
Très lentement se balance - toujours, toujours, toujours.
J'ai composé cette histoire - simple, simple, simple,
Pour mettre en fureur les gens - graves, graves, graves,
Et amuser les enfants - petits, petits, petits.
Charles Cros
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Intérieur
" Joujou, pipi, caca, dodo. "
" Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do. "
Le moutard gueule, et sa soeur tape
Sur un vieux clavecin de Pape.
Le père se rase au carreau
Avant de se rendre au bureau.
La mère émiette une panade
Qui mijote gluante et fade
Dans les cendres. Le fils aîné
Cire, avec un air étonné,
Les souliers de toute la troupe.
Car, ce soir même, après la soupe, *
Ils iront autour de Musard
Et ne rentreront pas trop tard ;
Afin que demain l'on s'éveille
Pour une excellente pareille.
" Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do. "
" Joujou, pipi, caca, dodo. "
Charles Cros
* amtealty.e-monsite.com
************ quizz.biz
A une Chatte
Chatte blanche, chatte sans taches,
Je te demande dans ces vers,
Quel secret dort dans tes yeux verts,
Quel sarcasme sous ta moustache.
Tu nous lorgnes pensant tout bas,
Que nos fronts pâles, que nos lèvres
Déteintes en de folles fièvres, pinterest.com
Que nos yeux creux ne valent pas
Ton museau que ton nez termine,
Rose comme un bouton de sein,
Tes oreilles dont le dessin
Couronne fièrement ta mine.
Pourquoi cette sérénité ?
Aurais-tu la clé des problèmes
Qui nous font, frissonnants et blêmes,
Passer le printemps et l'été ?
Devant la mort qui nous menace,
Chats et gens, ton flair, plus subtil
Que notre savoir, te dit-il
Où va la beauté qui s'efface,
Où va la pensée, où s'en vont
Les défuntes splendeurs charnelles ?...
Chatte, détourne tes prunelles ;
J'y trouve trop de noir au fond.
Charles Cros
( in Le coffret de santal )
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