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Sonnet de revers
ou l'angoisse d'un ministre déchu
Ma vie à fonds secrets pleure le Ministère,
Le pouvoir éternel en un moment conçu ;
Le mal n'est pas mortel et je saurai le taire,
Car, si je fus monstre, on avait rien su.
Ainsi j'aurai passé, ministre inaperçu,
Aussi rampant qu'un ver et non moins solitaire,
Et je vais retourner à mes pommes de terre,
Osant tout demander, mais ayant peu reçu.
L'électeur, quoique Dieu l'ait fait naïf et tendre, pinterest.fr
Va peut-être à présent m'oublier sans entendre
Les appels du scrutin placardés sur ses pas.
A l'austère devoir correctement fidèle,
Demain Périer va dire, en lisant la nouvelle :
Quel était ce monsieur ? et ne comprendra pas.
Jean Goudezki la coccinelle de Gotlib
in Le Chat noir, 15 décembre 1894
Extrait des Fumisteries
Ce poème est une parodie d'un texte de Félix Arvers indique les auteurs de l'anthologie coccinelle de gotlib
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Gaël'Imar au grand pied
Dans un grand lit sculpté, sur deux larges peaux d'ours,
L'écuyer Gaël'Imar pres de la reine Edwige
Repose ; - Ainsi que la loi danoise l'exige,
Ils ont entre eux, veuf de sa gaine de velours,
L'acier d'un glaive nu qui les tient à distance.
Le vieux roi fait la guerre en Chine ; il a chargé
Gaël'Imar d'épouser sa femme en son absence.
- ' Oh ! qui m'arrachera du coeur l'ennui que j'ai ?
Je meurs si je n'obtiens ce soir un baiser d'elle,
Et le roi me tuera, certes ! si je le prends ! "
Dit Gaël'Imar, seigneur très sage et très fidèle.
- " Qu'il est beau, dit Edwige, et qu'il a les pieds grands !
Comme il sied aux héros qui vont à la bataille,
Il est couvert de fer forgé..., casqué de fer...,
Ganté de fer..., chaussé de fer..., et puis l'entaille
Qui lui trancha la joue est charmante ! " - L'Enfer
Inspire aux amoureux un désir âpre et sombre...
Tout sommeille... L'un vers l'autre les beaux enfants
Se sont tournés. " Je t'aime ! " ont dit deux voix dans l'ombre.
Mais le grand sabre : " Holà ! moi je vous le défends !"
Comme un puissant baron qui chasse dans les plaines, muskiefoundation.org
La Luxure en leurs coeurs sonne ses oliphants,
Ils se cherchent ; déjà se mêlent leurs haleines...
Mais le grand sabre : " Holà ! moi je vous le défends ! "
Ce fut toute la nuit des angoisses mortelles,
Un loup toute la nuit près des portes hurla,
Et la lune en passant ouït des choses telles
Qu'elle en pâlit... Mais quand finit cette nuit-là,
A l'heure où le soleil dans la neige se cabre,
Où le renard bleu rentre au fond des antres sourds,
Dans le grand lit sculpté, sur les larges peaux d'ours,
Ils étaient froids tous trois : Lui, la Femme et le Sabre !
Alphonse Daudet et Paul Arène
in Le Parnassiculet contemporain 1867
Extrait des Fumisteries
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