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1er Novembre 1662
Levé et après un moment passé avec mes ouvriers, réunion à mon bureau. A midi j'ai retrouvé Mr Creed chez moi et nous sommes allés à Trinity House pour un grand dîner où nous étions invités. Beaucoup de monde. Il semble qu'un certain commandant Evens donne aujourd'hui un dîner de Frère aîné. Un certain Mr Oudart, secrétaire de feue la princesse d'Orange, nous raconta, entre autres, comment on empêche les grands chemins de se creuser en Hollande et aussi en Flandres où le sol est aussi bourbeux que chez nous, en attelant les chevaux aux charrettes et aux chariots comme on le fait aux carrosses chez nous. Je voudrais qu'il en fût de même ici pour rendre les routes meilleures. Je crois que ce n'est pas un mauvais procédé là où la largeur est suffisante.
Puis à mon bureau appelé pour voir de nouveau Mr Leigh de la part de sir Henry Bennet. Lui, moi, Wade et son informateur et des ouvriers dans les caves de la Tour pour faire un nouvel essai. Nous restâmes deux ou trois heures à piocher et nous creusâmes beaucoup, toujours sous les voûtes, comme on nous l'indiquait maintenant avec une grande conviction. Et si sérieusement et avec de soi-disant si bonnes raisons, que je croyais, moi-même, que nous allions réussir. Mais nous ne trouvâmes rien, et repartîmes pour la deuxième fois Gros-Jean comme devant. Puis à mon bureau et Mr Leigh repartit en voiture à Whitehall, et moi, comme convenu, à la taverne du Dauphin pour retrouver Wade, et l'autre, le capitaine Evett qui, maintenant, me déclare nettement que celui qui l'a incité à cette entreprise tenait ses renseignements de la bouche même de Barkstead et avait reçu ses conseils juste avant le retour du roi..... et qu'il avait toujours été dans toute la confidence de Barkstead qui allait jusqu'à lui confier sa vie et tous ses biens. De sorte qu'il me persuada largement qu'il y avait un solide fondement à notre aventure. Mais je crains qu'il n'ait trouvé un moyen de le reprendre, sans l'aide de cet homme, avant de mourir..... Nous quittâmes donc et j'allai à mon bureau où, après avoir envoyé mes lettres par la poste, j'apprends que sir John Mennes est décidé à faire une chambre d'une partie de notre entrée et à partager l'arrière-cour entre sir William Penn et lui ce qui, sans que je voie en quoi cela me gênerait beaucoup, me tracasse quand même un peu, car je crains que cela ne soit en fait gênant en m'empêchant d'accéder à mon escalier de service. Mais ma situation n'est pas pire que la sienne ou celle de sir William Penn à qui il revient de s'en occuper.
2 Novembre
grandpalais.fr
Restai longtemps au lit, avec plaisir, à causer avec ma femme. N'ai jamais été plus satisfait d'elle, Dieu soit loué, que maintenant elle a continué à se montrer soigneuse, économe et simple, tant que je la préserve des occasions d'être autrement, et est aussi bonne ménagère.
A l'église où Milles, après avoir lu l'office et s'être changé comme la dernière fois, fit un sermon fort ordinaire. Rentrai dîner avec ma femme, puis dans mes nouvelles pièces presque finies, et je me promenai là avec une grande satisfaction, causant avec ma femme jusqu'à l'heure de l'office, puis à l'église, et comme il y avait un prédicateur languissant je dormis tout le temps du sermon, et retour à la maison. Après avoir rendu visite aux deux sirs William, tous deux se remettent rapidement, à mon bureau préparer les affaires de demain pour le Duc. Rentrai et au lit, avec une certaine douleur pour uriner, pour avoir pris froid ce matin à rester trop longtemps les jambes nues à me gratter les cors.
Passai une bonne partie de la soirée à lire, avec ma femme, l'Imposture de du Bartas et d'autres passages, livre que ma femme a récemment entrepris de lire, et qui est aussi beau que tout ce que j'ai lu.
3 Novembre
pinterest.fr
Levé et à Whitehall avec sir John Mennes dans son carrosse, chez le Duc. Mais il était parti pour la chasse. De là chez milord Sandwich. Il me donne chaque jour de plus grands témoignages de sa sa confiance et de son estime. Rencontrai Pearse, le chirurgien, qui me dit que lady Castlemaine est engrossée mais, bien que ce soit le fait du roi, comme son mari est à Londres et qu'il la voit quelques fois sans manger ni coucher avec elle, c'est à lui qu'on l'attribuera. Il me dit aussi que le duc d'York est tombé amoureux de milady Chesterfield, femme vertueuse fille de milord d'Ormond, à ce point que la duchesse d'York s'en est plainte au roi et à son père et que milady Chesterfiel est partie à la campagne. Toutes choses que je regrette, mais c'est le fait de la paresse et de n'avoir rien d'autre à quoi employer leur ardeur. De là avec Mr Creed et Mr Moore, sur pied et venu voir milord, chez Wilkinson. Je leur donnai ainsi qu'à Mr Howe leur dîner de boeuf rôti, ce qui m'a coûté 5 shillings. Emmenai ensuite Mr Moore en voiture jusqu'à Saint-Paul, afin de lui donner des directives pour mon procès, et rentrai à la maison voir mes ouvriers, de toutes sortes ensemble, terminer un grand nombre de travaux, ainsi à partir de demain je n'aurai presque rien à faire, qu'un peu de plâtrage et toute la peinture, ce qui me fit grand plaisir. Le soir à mon bureau, vinrent Mr Wade et Evett. Ils on revu leur premier informateur qui est, à ce que je vois, une femme. Et, bien que nous ayons échoué deux fois, ils font un tel exposé de la probabilité de la vérité de cette affaire, qu'ils vont s'y attaquer encore une fois, et j'y suis disposé et plein d'espoir. Nous décidâmes de nous y remettre mercredi matin et cette femme y sera sous un déguisement pour confirmer l'emplacement. Prirent congé, et à mon travail, puis chez moi trouver ma femme et le souper et au lit, ma douleur ayant disparu. De sorte que, par la grande faveur de Dieu, j'ai l'esprit dans un bon état de tranquillité.
4 Novembre
Fis la grasse matinée, conversant avec plaisir avec ma femme au lit. Il avait plu et il continue à pleuvoir à verse. Levé et réunion au bureau jusqu'à midi. Des lettres nous apprennent que sir Richard Stayner est mort en mer dans le Mary qui vient d'arriver de Lisbonne à Portsmouth, ce que nous regrettons car c'était un très brave marin.... Dînai à la maison avec ma femme et tout l'après-midi au milieu de mes ouvriers. Le soir travail à mon bureau, puis visite à sir William Penn encore malade mais qui souffre moins. Il en profita pour me parler de l'intentions de sir John Mennes qui lui interdira l'entrée de la cour et l'obligera à traverser le jardin pour aller chez lui. Cela le contrarie. Et je suis heureux de voir que sir John Mennes le traite exactement comme il me traite, et que son comportement envers moi dans l'affaire de nos maisons n'a rien de singulier, car ceci est plus sérieux que tout ce qu'il m'a fait, en donnant l'ordre qu'on lui ferme l'accès de sa maison sans même le consulter ou l'en informer. Et j'avoue qu'il procède de façon bien arrogante et bien vile. Retour à mon bureau et à la maison, souper et au lit.
5 Novembre 1662
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Levé et allai trouver mes peintres, qui peignent ma salle à manger, toute la journée. Le matin milady Batten me fit demander de venir lui parler et me dit fort civilement qu'elle ne voulait pas, et qu'elle espérait que je ne voulais pas non plus, qu'il n'y eût rien entre nous qui ne fût civil, bien qu'il n'y eût plus entre elle et ma femme les bons rapports de voisinage qui auraient dû être. Elle se plaignit que ma servante s'était moquée d'elle quand elle appela la sienne " Nan " dans sa propre maison. Elle me raconta quelques autres histoires semblables et que ma femme avait mal parlé d'elle. A tout cela je répondis avec beaucoup de respect, de façon à la contenter, et je suis en effet fâché qu'il en soit ainsi, bien que je ne désire pas que ma femme et elle soient liées. Je lui promis de m'être fin à tout cela. Rentrai et un peu plus tard sir William Penn me fit appeler à son chevet pour me dire de quelle façon arbitraire sir John Mennes avait décidé de prendre une de mes chambres, et qu'il était très fâché et échauffé, et dit qu'il en parlerait au Duc. A quoi, sachant que tout ceci n'était que pour m'alarmer et pour que je le fisse renoncer à sa décision de refaire l'entrée, je lui répondis nettement que je n'attachais pas plus d'importance à sa colère que lui à la mienne, et que j'étais décidé à faire ce que le Duc ordonnerait, sûr qu'il se montrerait équitable envers moi. Et c'est tout ce que je lui dis, bien que je fusse fort contrarié, et rentrai. Et racontant la chose à ma femme, elle me rendit courage, et je décide de lui proposer d'échanger les logements, et je crois que cela amènera d'une façon ou d'une autre la fin de cette querelle.
Le soir j'appelai mes servantes et réprimandai Jane. Elle me répondit si humblement et si drôlement que, tout en semblant fâché, j'en fus fort content, ma femme aussi. Et le soir, au lit.
6 Novembre
Au bureau la matinée, et l'après-midi, jusque tard le soir, très occupé à répondre à la lettre de milord le trésorier, et l'esprit tracassé tant que nous ne serons pas arrivés à quelque règlement avec sir John Mennes pour nos logements. Puis rentrai. Et, après un agréable entretien et le souper, au lit. Et en rêve, je fus fort troublé de me trouver avec Will Swan, quelqu'un de très fanatique que je connais depuis longtemps, et il me semblait que j'étais pris et emprisonné avec lui pour complot, car en ce moment on ne parle que des récents complots.
7 Novembre
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Levé. Avec Mr Leigh venu me trouver, à la Tour nous livrer à notre troisième tentative sur la cave. Et puis on amène secrètement cette femme qui avait eu toute la confiance de Barkstead, et elle déclare que c'est assurément l'endroit où il avait dit que l'argent était caché, et où lui et elle ont placé les 50 000 livres dans des tonnelets à beurre. Et le jour même où il quitta l'Angleterre, il déclara que ni lui ni les siens ne pourraient profiter de cet argent, et par conséquent il souhaitait que ce fût elle et les siens. Puis nous quitta, et nous, pleins d'espoir, décidâmes de fouiller tout le sol de cette cave. jusqu'à 7 heures du soir. A midi nous dînâmes fort gaiement sur le fond d'un tonneau, puis de nouveau à l'oeuvre. Durant ce temps, Mr Leigh qui a beaucoup vécu en Espagne, nous raconta maintes belles histoires sur les coutumes et autres choses de ce pays, sur ma demande, à ma grande satisfaction. Mais enfin nous vîmes que nous nous étions trompés et, après avoir défoncé toute la cave, et avoir déplacé les tonneaux, nous fûmes contraints de payer nos portiers et de renoncer à nos espérances, bien que je sois convaincu qu'il doit y avoir quelque part de l'argent qu'il a caché, ou alors il a trompé cette femme dans l'espoir de la conduire à continuer à le servir, ce que je crois.
Puis à Whitehall en voiture et au logis de milord je lui ai fait une lettre, puisqu'il n'était pas là, pour lui dire où on en était et je repartis, seulement, apprenant que Mrs Sarah est mariée, je remontai pour la féliciter et lui donner un baiser, qu'elle accepta volontiers. Il semble que c'est à un cuisinier. Je suis heureux qu'elle soit casée, car elle se fait vieille et est très travailleuse, et c'est quelqu'un à qui j'ai lieu de souhaiter du bien pour les services qu'elle m'a autrefois rendus. Puis chez mon frère où est ce soir ma femme, sur mon ordre, pour y rester une nuit ou deux pendant qu'on nettoie ma maison. Puis chez moi où je suis fâché de voir qu'au lieu d'avoir nettoyé une partie de la maison, tout l'étain et d'autres objets sont sortis pour être astiqués, ce qui met une fois de plus la maison en désordre, ce dont je suis fort mécontent. A mon bureau pour écrire mon journal, puis rentré et au lit.
8 Novembre
Toute la matinée réunion au bureau, ensuite dînai seul à la maison, puis de nouveau au bureau jusqu'à 9 heures, répugnant à rentrer, la maison étant très sale et ma femme chez mon frère. Rentré et au lit.
9 Novembre
Jour du Seigneur
Resté au lit seul un moment à réfléchir à ce que je pourrai invoquer demain auprès du Duc, si l'occasion se présente, en faveur de la chambre où je couche, à l'encontre de sir John Mennes. Puis levé et après ma toilette, à pied, chez mon frère, m'arrêtant dans nombre d'églises, et puis jusqu'au Temple, où j'écoutai une petite partie de l'office et remarquai que dans les rues et les églises, le dimanche est observé aussi bien qu'il ne l'a jamais été. Puis dînai chez mon frère. Il n'y avait que lui, ma femme et moi. Allai ensuite voir Mr Moore qui va assez bien. Nous allâmes à St Gregory où je manquai faire une grosse chute dans l'escalier de la tribune. Allai donc sur un banc et j'entendis l'excellent sermon du Dr Ball, quoique moins bon que je l'espérais, ce qui est généralement le cas. Puis rentrai avec Mr Moore à son cabinet et après avoir causé un moment, rentrai à la maison à pied et restai avec sir William Batten jusque tard le soir, et avec sir John Mennes. Nous nous entretînmes longuement et fort bien de voyages faits autrefois par des commandants de navires et des officiers de marine. Rentrai et au lit, l'esprit libre de tout souci, sauf en ce qui concerne ma chambre que je crains de perdre.
10 Novembre 1662
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Levé de bonne heure, mis mes ouvriers au travail puis allai un peu au bureau, puis avec sir John Mennes et sir William Batten en voiture à Whitehall, voir le Duc. Il nous fit entrer quand il eut fait sa toilette. C'est là, dans son cabinet que vint milord le général Monck qui parla avec le Duc en particulier, de faire parcourir aujourd'hui la Cité aux gardes du corps, seulement pour les impressionner et leur faire peur. Je vois que de grandes alarmes se répandent. Tout cela me tracasse. Lui parti nous nous mîmes aux affaires de la Marine, entre autres, comment payer le désarmement de la flotte arrivée du Portugal. Le roi du Portugal la renvoya n'en ayant plus besoin. Sommes étonnés que sa situation est si vite changé. Nos troupes terrestres rentrent aussi, ayant manqué mourir de faim dans ce pays pauvre.
Passai ensuite chez milord Sandwich qui était absent, puis à la Grand-Salle où c'était la pleine session des tribunaux. Je vis là beaucoup de monde pour affaires. Entre autres mon cousin Roger Pepys, d'accord pour transiger avec mon oncle Thomas, ce que je souhaite aussi si les conditions sont équitables.
De là, par le fleuve puis par terre chez milord Crew, dînai là avec son frère, je ne sais pas son nom. Excellente conversation. Entre autres l'intention de la France de créer un patriarche à elle, indépendant du pape, ce qui permettra au roi de France de tenir tête à l'Espagne dans tous les conciles, ce dont il ne fut jamais capable. Milord Crew nous raconta qu'il avait entendu milord de Holland dire que quand il était ambassadeur pour le mariage l'actuelle reine mère, le roi de France exigea qu'il y eût une dispense du pape, et comme milord Holland faisait des réserves et disait qu'il avait ordre de ne rien concéder qui fût au détriment de notre religion, le roi de France dit alors :
- Vous n'avez pas lieu de craindre cela, car si le pape ne veut pas donner de dispense pour ce mariage, c'est mon évêque de Paris qui la donnera.
Au bout d'un moment arrive le grand Mr Swynfen, parlementaire qui, entre autres propos sur la grandeur et la décadence des familles, nous parla de l'évêque Bridgeman, frère de sir Orlando. Il a récemment acheté un château qui appartint autrefois aux Lever et puis aux Assheton. Dans le vitrail de sa grand-salle ( il a restauré et embelli le château ) il a fait réserver quatre places pour les armoiries. Dans l'une il a mis les armes des Lever, avec cette devise, Olim. Dans une autre celles des Assheton avec celle-ci, Heri. Dans la suivante, les siennes, avec ceci, Hodie. Dans la quatrième rien que cette devise Cras nescio cujus.
Puis me dirigeai vers le domicile de mon frère, rencontrai Jack Cole dans Fleet Street, et nous allâmes chez sa cousine Mary Cole, que je n'ai pas revue depuis son mariage. Nous bûmes une pinte de vin et eûmes une bonne conversation. Je le trouve un peu imbu de lui-même, mais il a des qualités et on peut par lui connaître les humeurs de la Cité, car il est très répandu et sait comment vont les choses. Je veux le cultiver pour cela.
Chez mon frère pris ma femme et l'emmenai à Charing Cross où je lui montrai les mouvements italiens, fort semblables à ceux que je lui fis voir il y a quelque temps dans Covent Garden.. Ces marionnettes valent un peu mieux mais leurs mouvements pas du tout. Puis en voiture chez milord et cachant ma femme avec Sarah en bas, je montai et entendis de la musique avec milord et m'entretins ensuite avec lui en tête à tête, et lui dis adieu. En bas, ayant fait appeler Mr Creed, je voulais faire voir à ma femme une pièce de théâtre donnée en présence du roi, mais il était si tard que ce n'était plus possible. Nous prîmes donc une voiture et emmenant Sarah chez mon frère avec leurs affaires de nuit, nous allâmes à la maison. Et allai à mon bureau pour régler des affaires, rentrai et allai au lit.
Ce matin, dans le cabinet du Duc, sir John Mennes me fit part de son souhait concernant ma chambre, sujet dont je remis à plus tard la discussion. L'aménité de ses propos m'ôte un poids et me fait espérer que je pourrai rester en l'état et trouver un moyen quelconque de le satisfaire, sans trop savoir quoi.
La Ville, me dit-on, est fort mécontente et tout le monde est au courant du bâtard que le roi a eu de Mrs Haslerigg. D'après ce que je peux savoir la Ville ne se résignera jamais au régime épiscopal. Ils sont si inflexiblement en faveur du régime presbytérien, et les évêques se conduisent avec tant d'arrogance qu'ils n'ont guère de chance de convaincre jamais personne.
11 Novembre
Toute la matinée réunion au bureau, puis dînai avec ma femme et retour au bureau où Mr Bland a passé un bon moment me racontant des choses bien intéressantes sur le commerce, et n'était que le tracas de ma maison m'en empêche cruellement, j'y consacrerais quelque soin. Dans la soirée comme ces trois ou quatre derniers soirs j'ai étudié un peu d'arithmétique. J'ai grand plaisir à me sentir faire des progrès. Puis rentrai, souper et au lit.
12 Novembre
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A mon bureau la plus grande partie de la matinée après avoir été au milieu de mes peintres et avoir renvoyé Mr Shaw et Hawley venus me rendre visite. Shaw, me semble-t-il est depuis peu remarié avec une riche veuve. A midi dînai à la maison avec ma femme. Puis, comme convenu avec ma femme, arrivent deux jeunes dames que connaît le frère de ma femme et qui désirent entrer au service de dames, et qui offrent leurs services à ma femme. La plus jeune, en vérité, possède une jolie voix et chante très bien, outre d'autres qualités, mais, je le .crains, a été trop librement élevée pour ma famille, et je crains de regrettables dépenses et que ma femme n'en prenne à son aise, ce que je veux éviter jusqu'à ce que ma bourse soit mieux garnie. Mais j'avoue que cette demoiselle assez belle et qui sait chanter, me donne bonne envie d'elle.
Je les emmenai ensuite en voiture chez des amis à elles dans Lincoln's Inn Fields. J'allai ensuite au Temple au cabinet de mon cousin Roger Pepys où mon oncle Thomas et son fils Thomas nous retrouvèrent. J'avais espoir qu'ils auraient été d'accord pour faire terminer l'affaire par mon cousin Roger, mais ils veulent deux étrangers pour les représenter contre deux pour moi, nous nous sommes donc quittés sans rien décider tant qu'ils ne m'auront pas donné le nom des arbitres qu'ils se choisissent.
Je rentrai à pied, m'arrêtant un moment dans l'enclos de Saint-Paul, et je remercie Dieu d'arriver à lire sans acheter un seul livre, quoique j'en aie bonne envie. Puis à la taverne du Dauphin près de chez moi, comme convenu, où je retrouvai Wade et Evett, et nous décidâmes de faire encore une tentative de découverte, et que Dieu puisse nous donner un meilleur résultat que dans l'autre. Mais je me tiens pour assuré que ces gens ne trompent pas et qu'ils agissent en connaissance de cause, bien qu'ils aient pu se tromper sur le premier emplacement.
De là, sans avoir bu une goutte de vin, à mon bureau où j'achevai, bien que tard, mon catalogue de prix des mâts depuis douze ans en vue d'en acheter un à Wood. Et je le reliai en papier marbré pour en faire un registre qui me sera utile. Puis rentrai et souper et au lit. Un peu avant et après notre coucher nous avons longtemps discuté et disputé sur le fait que ma femme prenne quelqu'un. Je me montrai très fâché qu'elle soit allée si loin sans réfléchir et sans me consulter. Et m'endormis.
13 Novembre
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Levâmes, et recommençâmes notre querelle et je fâchai sérieusement ma femme qui, il est vrai, vit très seule. Mais je vois bien que c'est le manque d'ouvrage qui lui fait, comme à tout le monde, imaginer des façons de passer son temps de plus regrettable manière, et je le dois à mes travaux d'aménagement, qui ne lui permettent d'entreprendre aucun ouvrage, parce que la maison fut et est encore très sale.
Au bureau en réunion et je dînai avec ma femme de mauvaise humeur à midi, puis à mon bureau. Cet après-midi a eu lieu notre première réunion de la commission d'inspection de la Caisse ( caisse de retraite ). Se réunirent John Mennes, sir Francis Clerke, Mr Heath avocat du duché, Mr Prynne, sir William Rider, le capitaine Cocke et moi. Nous commençâmes par lire la charte, un arrêt de la chancellerie de 1617, à la suite d'une enquête faite à Rochester sur les revenus de la Caisse, fixés alors depuis 1588 ou 1590, sur l'avis du lord Grand Amiral et des officiers de haut rang d'alors, avec le consentement des marins, à savoir un versement effectué par eux de 6 pence par mois, selon leur salaire qui n'était alors que de 10 shillings et est maintenant de 24 shillings.
Nous ajournâmes à quinzaine et je me rendis chez sir William Penn qui va maintenant assez bien mais reste au lit, il ne peut se tenir debout. Puis à mon bureau tard. Cet après-midi ma femme, tant elle est fâchée, m'a écrit une lettre dont je ne sais que faire, la lire ou non. Mais j'ai dessein de ne pas la lire et de la brûler devant elle, pour mettre fin à d'autres manifestations de cette sorte. Mais il faut que je pense à une façon ou bien de lui trouver quelqu'un qui lui tienne compagnie, ou bien de lui donner de l'ouvrage et par le travail occuper ses pensées et son temps. Ayant fait ce que j'avais à faire, je rentrai souper. Je me montrai très maussade avec ma femme et allai me coucher et dormir, bien qu'à grand-peine étant fort tracassé, sans lui dire un seul mot.
14 Novembre 1662
Elle s'est mise à parler le matin et à se raccommoder avec moi pensant que j'avais lu sa lettre qui, je le vois à ses propos, était pleine de bonnes intentions et indiquait pourquoi elle désirait une suivante et quelle menue dépense elle voulait que ce me fût. Je me mis donc à la raisonner pleinement et clairement et elle à discuter vertement, me disant de la chasser et de prendre une des Bowyer si elle ne me plaisait pas. Je résolus donc que, quand la maison serait prête, elle ferait l'essai de cette femme pour un temps. La vérité c'est que c'est moi qui ai envie qu'elle vienne car elle connaît la musique et la danse. Je me levai et fus parmi mes peintres toute la matinée. Son frère survenant je lui dis clairement mon intention et il m'assura qu'elles étaient, les deux soeurs, très modestes et très pauvres et que celle que nous aurons se comporterait ainsi. Je me trouvai donc fort satisfait et passai une partie de la matinée à mon bureau puis rentrai dîner. Ensuite, Sarah se montra mécontente de l'arrivée de cette femme alors je me mis dans la chambre de ma femme et lui dis que ce n'était pas par manque de bienveillance envers elle. Mais ma femme arriva et je vois qu'elle n'est pas réconciliée avec elle, quelle qu'en soit la raison, et je vois que je ne pourrai pas la garder, bien que ce soit une servante aussi bonne, seulement un peu irritable, que je peux le souhaiter, et une servante estimable. Elle demanda donc l'autorisation de partir chercher une place, ce qu'elle fit. Ce qui me tracasse et je me querellai grandement avec ma femme sur ce point. Puis réunion à mon bureau cet après-midi, et allai écrire la réponse à une grande lettre de milord le trésorier. Puis rentrai souper.
15 Novembre
Toute la matinée réunion au bureau. Dînai agréablement à la maison avec ma femme, puis avec mes peintres. Allai ensuite voir mes avocats en droit civil pour le procès avec mon oncle, puis rentrai et j'ai vu mes peintres terminer ma maison ce soir, ce qui m'est une grande joie. Puis travaillai à mon bureau jusqu'à 10 heures du soir et rentrai souper. Après avoir lu une partie de Bussy d'Amboise, bonne pièce que j'ai achetée aujourd'hui, au lit.
à suivre........
16 Novembre 1662
Jour du Seigneur
Vers 3 heures du matin.........
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