Vin d'Havdala
Chacun boit le vin d'Havdala,
J'en bois moi-même quelques gouttes,
Grand-mère me dit, tendre et grave :
- Ma chère enfant sois avertie
Qu'à boire le vin d'Havdala
La barbe vient aux jeunes filles,
C'est écrit noir sur blanc là-bas
Dans l'armoire aux anciens livres.
Tremblante de frayeur je palpe
Mon petit menton : Dieu merci
Il est tendre et lisse. Rien d'autreQue la peur ne le hérisse !
Myriam Unilover
Dans la Cour
Matin d'été - cinq heures sonnent
Déjà la cour s'est éveillée,
Et l'on court joyeux et vivace
Porter la graine au poulailler.
Un garçon poursuit une fille,
Le coq en est paralysé.
Il lui prodigue des caresses
Il lui donne un tendre baiser.
Ne sachant quoi faire, la fille
Ne s'avise plus de bouger.
Le sang lui vient-il au visage,
Le coq jaune reste figé.
Et s'il picore dans ses yeux
La jeune rougeur de la fille
Porteront dès lors tous les oeufs
Tache de sang sur leur coquille.
Myriam Unilover
Charme jeanne - modigliani
Quand parfois aux yeux d'une fille
Une ombre nocturne surgit,
Grand-mère, de son bréviaire,
Tire vite un grain de magie.
" Nourris d'orgelets une poule
Quand en ville règne la faim.
Chère enfant, et jamais tes yeux
D'orgelets ne seront atteints. "
Dans ton bréviaire, ô mon aïeule,
Tu as peut-être d'autres charmes
Qui pourraient protéger mes yeux
D'une lourde et brûlante larme ?
Myriam Unilover