lundi 17 avril 2017

Correspondance Proust Gallimard 15 ( Lettres France )

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                                                           A Gaston Gallimard

                                                                                                               Jeudi 20 juillet 1922

            ( à lire jusqu'à la fin )

            Mon cher Gaston
            Votre lettre me touche sans me convaincre. La publicité de Sodome et Gomorrhe II a été faite uniquement grâce à l'amitié que certains écrivains me portent. Quant à M. Havard de la Montagne je ne peux pas parler d'amitié mais j'étais justement hier matin mercredi en correspondance avec lui. Et précisément comme sa lettre, suivant de la rue Laurent Pichat ou du Bd Haussmann, je n'ai pas l'enveloppe là ( mais je ne l'ai pas jetée et pourrai vous montrer par là la rigoureuse exactitude de mon dire ) me remercie d'une amabilité que j'ai à son égard, je souhaite beaucoup qu'il fasse payer comme publicité la note qu'il insérera, s'il en insère une ( il est fort possible qu'il n'en insère aucune, ce ne sera que plus intéressant pour moi à cause du dessous des cartes que je suppose et où vous n'êtes pour rien. Dans ce cas il faudra se garder d'insister, ne pas renouveler la demande et se rabattre sur la publicité de l'Oeuvre qui est excellente ), de façon à ne pas avoir l'humiliation de paraître lui demander dans les 24 heures le remerciement de ma petite amabilité. Robert de Flers m'a dit qu'il se refusait à recevoir un centime de moi, au reste à quoi bon commencer une énumération. La note simili Morand pour Eve : " A ne pas laisser lire aux jeunes filles " n'a jamais paru non plus que " Pour emporter en voyage " qui inondent les journaux mais pas pour moi. Enfin vous allez me trouver bien insupportable mais les Extraits dont vous me parlez pour le n° d'Août de la N.R.F. ne me font pas plaisir.
Du moment qu'on les faisait, j'aurais aimé choisir moi-même 
2° Mais pourquoi les faisait-on ? Les lecteurs de la N.R.F. sont précisémBent mes lecteurs. Vous me parlez même gentiment, de faire envoyer ces extraits à la Librairie Gallimard. Mais ne voyez-vous pas que c'est simplement mirer notre propre reflet ? Ecrire aux lecteurs de la Librairie Gallimard : " La Revue de Paris par la plume de M. H. Bidou a fait un grand éloge de M. M. Proust " n'est-ce pas un peu ce petit jeu qu'on faisait enfant et où on se mettait à la poste pour soi-même des lettres d'amour qu'on avait écrites. Sur un point particulier j'ai à m'excuser, car j'ai eu l'air de ce qu'il vous a semblé trouver que Tronche faisait mieux ses démarches ( Tronche qu'entre parenthèses je n'ai pas vu depuis des mois, j'espère qu'il va bien. Et sa femme ? ) Or je ne voulais nullement dire cela, ne supposant pas que vous auriez la gentillesse de vous déranger vous-même, je voulais dire : " Envoyer non pas tel secrétaire malhabile, mais quelqu'un ayant le tact ferme de Tronche ". Vous n'étiez nullement en cause, comment pourriez-vous le penser !! Je ne voudrais pas davantage que vous crussiez Tronche en cause dans ce que je vais vous dire et que j'ai appris par une toute autre voie. Que des écrivains de la valeur de Gide et semblables soient payés autant ou plus que moi, cela me semble plus que naturel. Mais j'ai été très peiné je l'avoue ( avec contrecoup matériel fort cuisant ) d'apprendre que tel de vos auteurs, homme intelligent, compétent en questions ouvrières, mais que vous-même jugez un écrivain de 3è plan ( en quoi je prenais au contraire sa défense contre vous qui à mon avis attachiez trop d'importance à son français, à son style ) était beaucoup plus payé que moi. Je n'ai nullement insisté l'autre jour sur la question des tirages non réglés. C'est certainement vous qui avez raison. J'avais compris que mes mensualités étaient pour régler le passé mais que les ouvrages nouveaux seraient payés au tirage selon le traité ( sans quoi nous n'arriverons jamais à nous rejoindre ! ). Certainement j'avais mal compris, j'ai même honte de revenir sur mon erreur. Mais que M. P. H. et d'autres aussi me passent devant me semble cruel. Cher Gaston cette éternelle question de gros sous me remonte comme une boue dont je voudrais me laver en une fraternelle poignée de mains avec vous ( le comique d'une métaphore aussi incohérente me console un peu de dire des choses si vulgaires ). Et je suis sûr que si vous me donniez de bons conseils pratiques vous me rendriez plus service qu'en me payant davantage. On s'enrichit autant en diminuant ses dépenses qu'en augmentant ses revenus. Ce n'est peut-être pas d'un très bon homme d'affaires de vous le dire mais c'est l'épanchement d'un ami qui est très à vous                                           artnet.com   
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                                                                         Marcel Proust

Vous me faites beaucoup de peine en me disant que votre vie est niaise. Elle est superbe. Vous avez attaché votre nom au plus marquant des mouvements littéraires de notre temps. A l'étranger ( et j'ai de bonnes raisons - que je ne vous dis pas parce que sur un autre point cela ramènerait des divergences entre nous - pour le savoir ) la N.R.F. est qq chose comme le Parnasse ou le Symbolisme. Je comprends qu'attacher son nom à une oeuvre puisse ne causer aucun plaisir quand c'est gâché comme c'est le cas pour moi, par des souffrances physiques constantes qui empêchent pour moi la production même du plus léger plaisir. Dans ce cas, séparé par le malaise constant du bonheur, on ne peut rien éprouver. Mais ce n'est pas Dieu merci votre cas ; non seulement vous avez une bonne santé, mais vous êtes un sage qui prenez du Vittel. De plus votre nom n'est pas attaché à une seule oeuvre individuelle, mais à un Cycle, la N.R.F. Voyez la vie sous cet angle, et vous serez fier et heureux. Le bonheur est en effet à condition qu'on ne le prenne pas pour but, mais une grande cause. Je connais des gens malheureux parce qu'ils calculent qu'ils ont un an de plus, ou des choses de ce genre. Le bonheur pris comme but se détruit à pleins bords. Il coule à pleins bords chez ceux qui ne cherchent pas la satisfaction et vivent en dehors d'eux pour une idée. Je vous répète qu'on ne peut tabler sur mon cas qui est une pure exception. Quelqu'un qui mène ma vie et souffre sans cesse est presque un monstre ( je ne veux pas dire de méchanceté car je suis le contraire ). Mais il me faut raisonner sur ces exceptions qui sont heureusement si rares. Sans cela à tout on pourrait objecter un exemple absurde. La pauvreté, la médiocrité peuvent favoriser la vie intellectuelle. Cela ne veut pas dire que la misère noire, les jours sans pain, les nuits sans toit, sont féconds. Cher Gaston je m'arrête car dans mon désir de vous persuader ( parce que j'en suis convaincu )que votre vie est très belle, je me suis un peu trop fatigué. Un dernier mot, j'aurais besoin de savoir dans le plus bref délai si la Revue Rhénane a publié en fis une partie de l'article de Curtius. Nombre de mes envois me sont revenus par erreur  d'adresse. C'est navrant. Votre liste était atroce. Avez-vous les Confessions d'un mangeur d'opium de Quincey ? Pour Les Possédés, je crois que Morand va me les prêter. Je n'en peux plus tout à vous


                                                                                      Marcel Proust


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                                             A Gaston Gallimard

                                                                                           Samedi 22 juillet 1922

            Mon cher Gaston                                                                           youtube.com
Résultat de recherche d'images pour "utrillo peintre"            Je suis bien maladroit, je vous ai écrit deux longues lettres moi qui écris si difficilement. La 1ère avait pour but de vous donner, par le récit de cet entretien avec Brach, le sentiment des amitiés que vous excitiez, à défaut de celle que ma santé m'a jusqu'ici empêché de pratiquer avec vous - non de ressentir pour vous. ( Le soir où je suis sorti avec Brach, nous vous aurions fait signe si cela ne s'était trouvé être un Samedi jour où on ne peut vous atteindre, très exactement je crois il y a eu Samedi 15 jours, ou plutôt il y aura aujourd'hui 15 jours. La seconde lettre avait pour but de mettre de la joie dans votre vie en vous montrant qu'au contraire de ce que vous disiez elle était belle et importante. Et si je dis que c'en était le but vous êtes trop fin pour ne pas l'avoir vu sans que je vous le dise. Car vous pensez bien que la question du règlement des tirages n'était pas le but puisque je vous disais moi-même que cela provenait seulement d'une erreur de ma part et que j'approuvais pleinement votre méthode. Et pas davantage des annonces dans la N.R.F. puisque le n° étant fait à cette date vous n'y pouvez plus rien changer. ( A ce propos vous me dites : " Mais c'est vous qui vous plaignez quand la N.R.F. ne parle pas de vous. " Si je n'étais si fourbu ce soir je vous montrerais que la contradiction n'est qu'apparente ). Pour la chose d'Eve et du Gaulois excusez-moi je n'ai pas besoin de vous dire que je vous crois comme parole d'évangile, mais je n'avais jamais reçu ces annonces. J'étais donc excusable de supposer le contraire. Il me serait bien difficile d'être précis pour M. Pierre Hamp ( puisque vous avez deviné son nom ). L'impression qui m'était restée était que M. Hamp avait des droits inférieurs aux miens, mais que se croyant une sorte de Zola actuel, il avait en qq sorte bluffé et tenu le coup en refusant de continuer à écrire sans des droits supérieurs aux miens qui lui avaient été octroyés. J'ajoute que je le dis sans aucun sentiment malveillant pour lui, car tout auteur peut très sincèrement s'imaginer qu'il est supérieur aux autres. Il en est même au fond très peu qui ne vivent dans cette persuasion. Persuasion illusoire sans doute pour nous tous mais qui chez M. Hamp a la justification au moins d'un talent réel, et aussi d'une spécialisation qui le rend en qq sorte incommensurable. Les prix que vous me dites ne m'apprennent pas grand chose car il s'agit de livres de longueur et de densité fort différentes. En tous cas mon erreur puisque vous me dites que j'ai fait une erreur me vaut de votre part la gentille affirmation qu'aucun auteur de la Revue n'est de votre part l'objet d'une sympathie aussi amicale et zélée que moi. Je suis persuadé que vous ne me le diriez pas si ce n'était pas la vérité nue. J'y suis très sensible et je vous en remercie sincèrement. - . Je crois mon Canossa complet. J'ajoute 3 détails d'ordre pratique ou plutôt 4. J'aurais gd intérêt à savoir si la revue Rhénane  qui a annoncé la publication de la pl gde partie de l'article de Curtius sur moi, a effectué cette publication et où je peux trouver le n° - 2° Jacques m'avait dit ( à moins que je n'aie mal compris ) que Paulhan me préciserait comment je devais faire ma réponse à Thibaudet sur Flaubert. Les semaines ayant passé sans recevoir une seule communication à cet égard, je n'ai pas fait la réponse à Thibaudet sur Flaubert. 3° J'ai l'intention de vous envoyer d'ici peu le manuscrit de Sodome et Gomorrhe IV ( La Prisonnière ) afin d'en avoir les 1ères épreuves que je remanierai fort. Le grand intérêt pour moi est de me rendre compte si cette " Prisonnière " sera assez courte pour que je puisse faire paraître en même temps sa suite la Fugitive, car si, matériellement, il est certain que les livres courts se vendent mieux, dans mon cas, comme j'ai réussi jusqu'ici à ne pas dégringoler, il ne faudrait pas, pour avoir un ouvrage moins long, faire dire ! " Il est très en baisse ". Enfin j'espère que je n'ai pas fait à Sodome et Gomorrhe II un tort bien grand en ne donnant pas rendez-vous à M. Level de l'Eclair qui il y a qq temps m'avait demandé de faire suivre d'un " Chez Marcel Proust " son Chez Maurice Barres ". Si cependant vous jugiez que j'ai eu tort je pourrais réparer quand je serai reposé c'est-à-dire entre 8 et 15 jours. Mille affections


                                                                                                 Marcel Proust


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                                          Extrait d'une lettre de Roger Allard à Marcel Proust

                                                                                                          17 août 1922

            Cher monsieur
            J'ai lu avec grand plaisir et profit la lettre de M. Vettard, et je serais au regret d'avoir paru manquer de courtoisie confraternelle aux yeux d'un écrivain qui vous admire avec tant de clairvoyance...........
                    ...........
P.S.
            Quand un heureux hasard me mettra en votre présence j'aurais l'indiscrétion de vous demander où est situé Balbec. J'y ai trouvé des éléments
            - d'Etretat
            - des environs de Dieppe
            - la couleur de paysage du pays de Caux.
            - Et Elstir m'a parfois fait songer à Thaulow
            Je suis Dieppois, c'est-à-dire Cauchois de vieille souche.

                                                                                                        R. A.


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                                                                   A Gaston Gallimard

                                                                                                                       

                                                                                                                      19 août 1922
 
            Cher Gaston                                                                                     emittra.com
Résultat de recherche d'images pour "utrillo peintre"            Je vous écris pour deux raisons. L'une qui sans doute ne soulèvera aucune difficulté car vous désirez vous décharger de cela, est de vous demander de ne pas vous occuper de la vente du manuscrit et des épreuves corrigées, et par conséquent de me renvoyer les épreuves corrigées. Je crois en effet m'être complètement trompé dans les prix que je demandais. Je vous citerai ce seul exemple que je vous demande de garder confidentiel ( c'est-à-dire vous et moi, personne de plus ) mais dont je pourrai en tous cas si vous avez un doute vous faire prouver l'authenticité absolue, un homme que je n'ai vu qu'une seule fois et qui montre un grand jugement dans la direction d'une importante affaire de pétroles, M. Serge André, m'a fait offrir 10 000 fr. ( dix mille fr. ) du manuscrit de  Sodome. J'ai refusé parce que M. Serge André sans me connaître m'a fait mille gentillesses et qu'il me déplaît d'abuser de la gentillesse de quelqu'un. Acheter un manuscrit de moi est une gentillesse pour moi. J'aime mieux la devoir à quelqu'un à qui je suis plutôt en peine d'exprimer ma gratitude ( Pour la même raison je crois vous avoir raconté que je n'avais pas voulu faire faire cette acquisition à des amis à moi qui la désiraient beaucoup ). Je n'ai donc pas donné suite à M. Serge André ( et d'ailleurs ne l'aurais pas pu, tant que vous poursuiviez une négociation différente ) mais elle peut me servir de base et montrer que les manuscrits se vendent plus cher que je ne pensais. - . Comme vous vous étiez occupé de cela par pure obligeance et bonté pour moi, et trouvant assez fastidieux d'être plus ou moins directement en rapport avec des collectionneurs qui ne vous intéressent pas, je pense qu'en vous demandant de me laisser m'en occuper moi-même, je ne ferai que vous délivrer d'un fardeau. D'ailleurs il m'est absolument indifférent que la chose soit faite par vous ou par moi, je sais que votre gentillesse vous guiderait très bien et que la chose serait mieux faite par vous. Le scrupule seul de vous embêter de trop de choses m'inspire. En tous cas si la chose était faite par vous-même je ne voudrais pas davantage que M. S. André fût l'acquéreur. Car cela reviendrait au même, puisque c'est pour moi que vous agiriez.
            J'ai bien peur que la seconde question au lieu de vous débarrasser d'un soin fastidieux, vous contrarie. Et ce serait un chagrin pour moi. Les Oeuvres libres sont toujours restées une pierre d'achoppement entre nous. Et vous savez la docilité avec laquelle je me suis incliné devant un désir qui même au pt de vue de la N.R.F. et de la diffusion de la réputation de ses auteurs, me semblait contestable. Mais j'ai voulu avant tout vous faire plaisir ( vous me direz avec raison que j'exagère et que ne pas vous ennuyer serait plus juste. Mais je suis si mal aujourd'hui que non seulement les termes exacts m'échappent, mais encore comme vous l'avez pu voir, je mets les mots les uns pour les autres et suis forcé de raturer ). - . Mais j'apprends que Morand figure au prochain n° des Oeuvres Libres. Je l'avais moi-même il y a environ un an, quand il n'était pas le gd favori de l'écurie N.R.F., recommandé à Duvernois. Mais c'était resté sans effet et Duvernois ne m'a jamais répondu ( au sujet de Morand ). Maintenant que Morand est votre " as " ( selon l'affreux langage de notre époque ) j'espère que sa collaboration aux Oeuvres libres signifie que vous avez changé d'avis à cet égard. Et je vous avouerai que j'en serais bien heureux. Je serais d'autant plus pressé d'avoir votre sentiment à  cet égard que mon prochain volume : la Prisonnière, est tout à fait romanesque. Devant le désir de Jacques, j'ai renoncé à le donner à Prévost. Mais les Oeuvres libres offrent pour moi un tout autre intérêt. Or Jacques qui voulait pour cette année des extraits de mon prochain livre, les réclame maintenant non seulement pour Novembre comme il faisait encore il y a huit jours, mais pour Octobre et il attend ma réponse à Pontigny. Or si nous plaçant au sens large de la chose, je n'entends pas par là de mon droit auquel cela me ferait du chagrin de sacrifier votre désir, mais de l'intérêt qu'ont les auteurs de la N.R.F. à être lus d'un vaste public, plutôt que relus 2 fois de suite dans la N.R.F. Revue, et dans la N.R.F. Edition, vous conformez votre désir au mien et me dites : " Donnez cela aux Oeuvres libres ", il faudrait que je prévienne Jacques auquel j'offrirais d'ailleurs d'autres compensations. Mais hélas votre point de vue n'a-t-il pas changé depuis le temps, et la collaboration de Morand ne doit-elle être pas considérée comme un signe. ( Remarquez qu'en tout état de cause je serais navré si nous n'étions pas d'accord que Morand en pâtit. Je sais qu'il apprécie beaucoup les Oeuvres libres, et je ne voudrais pour rien au monde si son traité est plus étroit que le mien, que ma demande vous fût une raison de le priver d'un plaisir et d'un gros profit ). Vous serez bien gentil mon cher Gaston de me répondre sur ces deux points. Le second n'est urgent qu'à cause de Jacques. Cher Gaston trop fatigué je signe cette lettre sans la terminer. Mais autant que je me souvienne elle était presque complète. De toute amitié à vous


                                                                                               Marcel Proust



                                   

vendredi 14 avril 2017

Humeur noire à Venise Olivier Barde-Cabuçon ( Roman policier France )




                                               Humeur noire à Venise

            Le parisien chevalier de Volnay commissaire aux morts étranges est appelé à Venise par une ex-amoureuse, Chiara, dans son joli palais. Elle craint pour la vie de l'un de ses proches dont la mort prévue au jour et à l'heure dits donne lieu à de très fortes enchères. Il accourt, laissant derrière lui un nouvel amour, le petit écureuil âgé de seize ans, et accompagné de son père qui a revêtu la bure, ne se nourrit plus qu'à la cuillère. Le roman se situe au début du 19è siècle et outre l'intrigue policière l'intérêt du livre se situe dans l'histoire de Venise depuis ses origines à la période où ont lieu les événements et à la guerre que se font les tenants des commerces au long cours, choisissant la mer et le risque de pertes de bateaux transportant les produits qui seront revendus sur le continent, et ceux qui privilégient les eaux douces qui arroseront les terres et produiront les fruits et légumes envoyés vers la Lombardie et ailleurs. La Sérénissime conserve sa lagune, ses mystérieux vénitiens masqués. Tout se sait à Venise où logent des hommes en noir, vies opaques, d'anciens patriciens et de nouveaux ayant acheté leurs titres pour renflouer la ville, Gestion compliquée sur une cité composée de palais posés sur des millions de pieux. L'auteur donne l'origine des mots et des noms, instruits nous traversons les rias, des ruelles obscures, des jardins cachés,et l'enquête s'embrouille. Le roman célèbre joliment la ville inquiète pour ses bâtiments, ses commerces et cache ses vérités derrière ses fêtes fréquentes, ses masques. 

jeudi 13 avril 2017

Beyoncé Anna Pointer ( Biographie EtatsUnis )

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amazon.fr                                                                                                                                                                                                                                                          slim-jones.blogspot.com                                                                                                                                                                                   

                                               Beyoncé
                                                       Un destin de star    

            Amazing ! La star aux 83 millions d'abonnés mérite amplement ses succès à lire la biographie que lui consacre la journaliste Anna Pointer. Beyoncé Gisèle Knowles née au Texas le 4 septembre 1981 connaît sa musique, son public, et l'art de subjuguer une salle depuis sa petite enfance. " J'ai su danser avant de savoir marcher.... " Ses parents la présentent à divers concours et elle gagne facilement celui qui l'entraînera vers une profession qui l'attire mais avouera-t-elle à regret l'a dépossédée de son enfance. Elle chante dans des petites formations puis, très décidée sur ce qu'elle souhaite, crée un groupe avec Kelly et Michelle. Très adroite sa mère Tina crée les premiers costumes et la coiffe, elle est coiffeuse de métier. A neuf ans un échec lors d'une émission de radio freina son élan, mais son père Matthew reprit la direction de ce début de carrière. Bien que sur les routes Be reste très proche de sa famille, sa soeur Solange écrira quelques chansons pour elle. Croyante elle prie beaucoup et retourne à l'église de sa paroisse quand elle peut, rend visite au pasteur. Dieu est omniprésent, ce qui ne l'empêche pas, au fil des années, de devenir la chanteuse, sexy, glamour et très dénudée. Sa mère qui la connaît bien créa les premiers costumes suivait les tournées, faisait face aux multiples accrocs courant chercher des tissus quelques heures avant une représentation. Depuis les couturiers se nomment Thierry Mugler, Givenchy, Pucci et tous les grands noms de la couture. Beyoncé a très peu de vie privée, née avec les réseaux sociaux, les moindres événements sont immédiatement tweetés. Elle-même met en ligne les photos sur Instagram, remercie beaucoup ses fans de la suivre lors de ses multiples tournées, d'Australie en Suède en passant entre autres par l'Indonésie étape imprévue, car son spectacle fut annulé au Pakistan, la musique jugée inappropriée.
Beyoncé contrôle tout. Séparée de son père depuis sa rencontre avec le rappeur Jay Z Carter, bûcheuse émérite, Be a gagné des dizaines de trophées, en tête de multiples fois dans les ventes de cd, elle conçoit les vidéos qui complètent les chansons. Souvent auteur compositeur elle raconte sa vie d'épouse, de mère, de femme. Son amitié avec Gweneth Paltrow adepte de végétalisme, son activisme et celui de son   Jay Z Carter lors de la réélection d'Obama, elle avoue par ailleurs avoir chanté en play-back le chant national, pour des raisons assez confuses, et avoue aussi ".... Je suis puissante je le sais.....Puissante à un point qui dépasse mon entendement.... " Continuellement sur les routes, Jay et Be possèdent quelques biens immobiliers de chacun quelques millions de dollars, mais cet anti-pénélope qui a raconté par le menu ses affres de l'accouchement et mis en ligne son joli ventre rond de future maman, seulement vêtu d'un petit bikini, essaie parfois de conserver quelques secrets. Ainsi l'anti-pénélope fut piégée dans un ascenseur où sa soeur très en colère contre Jay Z le frappe, une dispute violente filmée par la caméra. Evidemment l'interrogation était grande sur les réseaux sociaux elle fit remarquer " qui ne s'intéresserait pas à une dispute dans un ascenseur qui contient 1 milliard ".L"épisode fut appelé " l'Elevatorgate ". Des bruits de divorce en automne 2014 mais revoila Quen Be en photo toujours aussi belle et très ronde, en bikini. La famille Carter attend ces prochains jours, la naissance de jumeaux. Indiscrets, donneurs de conseils Beyoncé : " Je n'ai rien à prouver à personne. Je dois juste écouter ce que me dicte mon coeur et me concentrer sur le message que je veux transmettre au monde. Mon monde à moi je m'en occupe. " 

dimanche 9 avril 2017

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 74 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

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                                                                                                                          16 juillet 1662

            Au matin je trouvai tous mes plafonds gâtés par la pluie d'hier soir et je crains qu'il ne faille les reblanchir quand le travail sera fini.
            Je fis ma toilette et à mon bureau. Mr Moore passa me voir, nous retournâmes donc à la maison pour mettre au clair tous les comptes de milord. Cela fait il partit, et je commençai à les mettre bien au propre, ce que je fis avec beaucoup d'élégance et de concision. A midi je les portai chez milord, mais il dînait avec des gens importants, Mr Edward Montagu, son frère et Mr Coventry. Je sortis ensuite avec eux, de sorte que ce fut pour moi peine perdue. Je dînai donc avec Mr Moore et les domestiques qui à la fin commencèrent à parler de bagues du Portugal, et le capitaine Ferrer me proposa d'en acheter cinq ou six et comme je paraissais en aimer une faite d'une noix de coco avec une pierre encastrée, il voulut me la donner. Au bout d'un moment nous nous rendîmes chez Mr Creed. On nous servit là quelques friandises et, voyant un très joli étui de voyage en cuir où ranger le papier, la plume et l'encre, je me le fis également offrir par lui. Cela fait je rentrai par le fleuve et commençai à régler une partie des affaires de milord. Et au lit de bonne heure.   wikiwand.com 
Résultat de recherche d'images pour "catin londres 177 SIeCLE"            On m'a raconté aujourd'hui que miladie Castlemaine, tout à fait brouillée avec son mari, l'a quitté en emportant toute sa vaisselle, ses bijoux et ce qu'elle a de plus précieux, et qu'elle est allée à Richmond chez un de ses frères. Je suis enclin à penser que c'est une ruse pour quitter Londres afin que le roi puisse la voir plus facilement. C'est une chose étrange comme sa beauté m'incite à considérer tout cela sous le meilleur jour possible et à la prendre en pitié lorsqu'elle en souffre, bien que je sache parfaitement que c'est une catin.


                                                                                                            17 juillet

            A mon bureau, et au bout d'un moment à notre réunion où nous avons beaucoup travaillé. Mr Coventry a pris congé car il doit aller avec le Duc chercher la reine mère. J'ai dîné à la maison puis chez  milord. Je lui ai remis un état fidèle de tous ses comptes jusqu'à lundi dernier, 14 juillet, ce dont il a été content. A ma grande joie je continue à bénéficier de sa grande estime et de sa bonne opinion. J'ai aujourd'hui reçu quitus généra de milord jusqu'à ce même jour, de sorte que je n'ai plus d'affaires d'argent à régler qu'avec très peu de gens.
            A la maison où je trouve beaucoup de travail, et restai tard au bureau à écrire des lettres à la lumière d'une bougie, ce qui est rare en cette saison. Mais je l'ai fait avec grande satisfaction et grande joie, et j'ai plaisir de constater que les gens s'adressent à présent à moi pour toutes les affaires.
            Très tard je dus chercher Mr Turner, Smith, Young, à propos d'objets à envoyer demain de bonne heure à bord du bateau de plaisance du roi. Et au lit la cervelle pleine d'affaires mais l'esprit plus en paix qu'à aucun moment de ma vie.


                                                                                                            18 juillet  

            Levé de bonne heure et montai en haut de ma maison pour avoir une vue d'ensemble de mes travaux , et cela me plaît bien. L'idée me vient de faire lambrisser ma salle à manger, ce qui sera fort élégant. Au bout d'un moment j'allai par le fleuve à Deptford pour donner différents ordres, puisque je suis à présent le seul qui soit à Londres, et revenu au bureau où je travaillai tout le matin et l'après-midi aussi jusqu'au soir. Est alors venu Cooper pour mes mathématiques. Mais, sérieusement, j'ai la cervelle si pleine des affaires que je ne les comprends pas comme je les comprendrais en d'autres circonstances.
             Le soir au lit, fort ennuyé que la pluie pénètre dans la maison, le haut étant ouvert.


                                                                                                                 19 juillet

Résultat de recherche d'images pour "grandes pluies londres 18è siècle"            Levé de bonne heure, ai un peu travaillé. Ma femme étant venue me trouver je restai longtemps avec elle lui parlant de son départ à la campagne. Et comme elle n'en a pas grande envie, je suis fort embarrassé pour savoir si je la fais ou non partir, à cause de la dépense. Pourtant sous certains rapports je serais heureux qu'elle soit là-bas, à cause de la saleté de ma maison et du tracas d'y avoir un ménage. J'allai au bureau où je passai toute la matinée. Puis dînai avec mon frère Tom venu rien que pour me voir. Dans l'après-midi j'allai sur la Tamise pour voir du goudron et du charbon que j'expédie, et je rentrai. Comme il pleuvait fort sur le fleuve, je débarquai et me mis à l'abri pendant que le roi arrivait dans son bateau, allant vers les Downs à la rencontre de la reine, le Duc étant parti hier. Mais je pensai que cela diminuait l'idée que je me faisais d'un roi, qu'il ne puisse commander à la pluie.
            A la maison, après que j'eus expédié plusieurs lettres, aux mathématiques. Et le soir au lit dans une chambre de sir William Penn. Ma maison étant si sale que je ne puis plus y coucher. Et puis cette chambre est placée de façon que j'y vais en passant par ma terrasse sans sortir. Mais je n'en suis pas entièrement satisfait, car les allées et venues des domestiques sur la terrasse seront cause de grand tracas.


                                                                                                                 20 juillet
                                                                                               jour du Seigneur                
            Ma femme et moi sommes restés longtemps à causer au lit et elle est enfin disposée à passer deux mois à la campagne, car c'est parce qu'elle n'était pas disposée à rester jusqu'à ce que la maison soit tout à fait finie que je ne savais pas si je voulais la voir partir ou rester.
            Mais ce qui me tracasse le plus c'est qu'il a plu toute la matinée si furieusement que ma maison est toute trempée, et c'est avec cette pensée que je me levai et rentrai dans ma maison, et je la trouvai aussi trempée que la rue à ciel ouvert. Il n'y a pas un plancher sec en haut ni en bas de ma maison. Je m'habillai donc pour marcher dans la boue et j'emportai tous mes livres au bureau, et je passai toute la journée à ranger et enlever des objets car il a plu toute la journée aussi fort dedans que dehors. Enfin dîner. Nous avons eu une tête de veau et du lard dans ma chambre, chez sir William Penn, et ma femme et moi nous nous sommes décidés à son départ avec ses servantes et le petit laquais. Il ne restera ainsi à la maison que Will et moi. La maison sera vide car on ne peut faire entrer personne dans ma maison tant qu'elle est dans cet état. La décision étant prise nous avons rangé des objets dans l'arrière-cave pour la semaine prochaine, pour leur départ. Ma femme et moi allâmes dans mon bureau mesurer un drapeau de soie que j'y ai trouvé et que j'espère garder car on ne l'a pas réclamé depuis que je suis au bureau. Mais ma femme n'est pas pressée de le prendre, elle préférerait attendre un peu et voir si par la suite on s'apercevra de sa disparition.
            Le soir à mon bureau où je consignai les événements d'aujourd'hui dans mon journal et lus mes serments, comme j'y suis obligé tous les dimanches. Puis revins chez sir William Penn dans ma chambre, tout crotté et sale, avec la crainte d'avoir pris froid à barboter dans l'eau.
            Ce qui m'a le plus contrarié aujourd'hui c'est que comme on avait apporté la clef chez sir William Penn hier soir, on n'a pas pu la retrouver. Ils l'ont enfin retrouvée dans le feu  que nous avons fait hier, et au lit.


                                                                                                                 21 juillet 1662
                                                                                                                  pinterest.fr
Résultat de recherche d'images pour "figues et abricots tableaux impressionnistes"            Levé de bonne heure, et bien que je me trouve indisposé, qu'il fasse froid et que la pluie menace. Pourtant comme je l'ai promis et que je désire faire ce que j'ai décidé, j'ai pris un canot et me suis rendu chez le commandant Cox. Il a un manoir fort agréable, et élégant. J'ai bu du vin et mangé des fruits à l'arbre. Il m'a montré une grande curiosité : deux ou trois pièces parmi les nombreux plats et assiettes d'argent qu'il a achetés à un ambassadeur qui avait besoin d'argent, sur le pourtour desquels étaient incrustées des médailles d'or et d'argent très anciennes et, je crois, portant des inscriptions et, si c'est le cas, ce sont les plus grandes curiosités que j'ai vues de ma vie, et je veux les montrer à Mr Cromleholme.
            De là à Woolwich à la corderie où j'examinai les différentes sortes de chanvre. Je commençai un grand travail, l'examen et la façon dont on éprouve la résistance de chaque sorte de câble et ce que coûte l'enduction. Je crois être vraiment arrivé à une certitude assez grande pour que cela rende un grand service au roi. Et j'ai la ferme intention de mettre cela au point pour le retour du Duc à Londres, afin de le lui présenter.
            J'ai pris un bon déjeuner chez Mr Falconer, fort satisfait de mes recherches.
            De là au bassin où nous nous sommes promenés dans le jardin de Mr Sheldon, mangeant encore des fruits et buvant et mangeant des figues qui étaient excellentes, et causant, tandis que le Royal Charles s'approchait du bassin. Nous sortîmes alors pour voir de quelle manière et avec quelle difficulté on fait entrer un pareil navire. On n'a pas pu y arriver, on a pu qu'en introduire l'avant dans le bassin et le béquiller jusqu'à la prochaine marée. Mais, grand Dieu ! quelle foule il y avait, venue des deux arsenaux pour aider à cette manoeuvre, alors que la moitié de ce monde aurait aussi bien pu le faire. Mais je vois bien que le roi ne peut pas faire les choses à aussi bas prix que les autres hommes.
            Je repartis par le fleuve et débarquai au bout d'un moment sur une rive, quelque part au milieu des roseaux, gagnant à pied Greenwich, nous retrouvant chez Cox et nous promenant dans le jardin. Puis nous allâmes voir sa femme que je trouve encore jolie, mais qui était alors contrariée et parla d'un ton très mécontent et irrité au commandant pour avoir contremandé quelqu'un qu'il avait invité à dîner, ce qu'il prit en homme sage et avec peu de mots. Mais elle était très irritée, ce qui me décontenança tellement que je regrettai d'être entré. Aussi après avoir encore mangé quelques fruits, je lui fis mes adieux dans le jardin, cueillant des abricots pour les garder, je partis. Je rentrai à la maison par le fleuve. Mr Moore étant venu nous dire que milady partait demain pour la campagne, j'emmenai ma femme en voiture faire ses adieux à son père, restant moi-même dans la Grand-Salle de Westminster, car elle aussi part cette semaine.
Puis chez milady où nous restâmes souper. Mais je vois que milady était vraiment irritée, mécontente de nous et de ce que nous avons négligé d'aller la voir comme nous le faisions avant. Mais au bout elle nous refit bonne figure, comme avant, ce dont nous fûmes heureux. Ensuite retour, et au lit.


                                                                                                                       22 avril

            De bonne heure au milieu de mes ouvriers. Puis au bureau où je reçois une lettre des Downs, de Mr Coventry. Il me parle du mauvais temps qu'ils ont eu dimanche dernier, ce qui les a forcés de revenir de près de Boulogne où ils allaient chercher la reine, jusqu'aux Downs, perdant leurs câbles, leurs voiles, leurs mâts. Mais tout le monde est sain et sauf. Seulement on ne sait pas ce qu'est devenu milord Sandwich qui était en tête avec les yachts. Ce qui me tracasse beaucoup. Mais j'espère qu'il était descendu avant le commencement de la tempête, ce que Dieu veuille.
            Toute la journée au bureau, rentrai seulement pour le dîner. Je fus là très fâché contre ma femme, car elle a égaré ses clés. Mais elle les a finalement retrouvées et nous nous sommes réconciliés. Tout l'après-midi à écrire et répondre à des lettres, et le soir une longue lettre à Mr Coventry en réponse aux siennes et aux affaires du Duc.
            Tard le soir dans mon bureau où il y a un grand travail, maintenant que je suis seul à Londres, mais j'en viendrai à bout avec plaisir
            Rentrai, et au lit.


                                                                                                                      23 juillet

                        Après avoir été un peu irrité le matin, et ma maison dans une telle confusion me met in peu de mauvaise humeur, j'allai au bureau où je réglai des affaires, seul. Et de nouveau l'après-midi un peu contrarié de ce que mon frère Tom par négligence ne fournisse pas de voiture à ma femme et à sa servante cette semaine, ce qui l'empêchera d'aller à la fête de Brampton pour y voir milady chez mon père. Le soir, à la maison et tard à faire les paquets pour les envoyer à Brampton demain, et au lit, de fort méchante humeur parce que le temps est très mauvais et que ma maison est pleine d'eau et qu'il faut se donner à peine le temps d'aller d'une maison à l'autre, celle de sir William Penn, à chaque instant. Je suis en outre fort troublé par ce qu'on dit partout, que milord Sandwich est perdu. Mais j'espère le contraire, grâce à Dieu.


                                                                                                                          24 juillet

            Levé de bonne heure ce matin pour envoyer les paquets au routier avec mon petit laquais qui part aujourd'hui, bien que sa maîtresse ne parte que lundi prochain.
            Toute la matinée au bureau, sir William Batten étant arrivé à Londres hier soir. J'apprends avec grande satisfaction que milord Sandwich est sain et sauf, débarqué en France. Dîner dans notre cabinet avec Will Bowyer. Après une longue et simple conversation je le quittai et revins au bureau où je fus occupé jusqu'à 9 heures du soir. Entre autres pour pousser plus avant les essais que j'ai récemment faits à Woolwich sur le chanvre. A la maison, et au lit.


                                                                                                                        25 juillet 1662
enfantilingue.eu
Résultat de recherche d'images pour "verger anglais"            A mon bureau toute la matinée à lire les discours sur la marine de Mr Hollond que m'a prêtés Mr Turner, et j'en suis fort satisfait, car ils découvrent les maux exacts dont nous souffrons à l'heure actuelle. Je ferai en sorte de les faire copier et de les lire fréquemment.
           Ce matin sir William Batten est venu au bureau pour me parler. Il a commencé par me dire qu'il a remarqué une froideur entre nous depuis quelque temps, et qu'il aimerait en connaître la raison. Me dit qu'il avait entendu que que j'étais blessé de ce que des négociants allaient chez lui conclure des marchés. Je lui répondis que c'est en ami que j'en avais parlé à sir William Penn, lui demandant de trouver une occasion de le lui dire, et non en détracteur, ce qui l'apaisa. Mais je vois que sir William Penn a agi en fourbe avec moi, et qu'il ne lui a pas dit cela en ami mais en mauvaise part. Il m'a aussi déclaré qu'on était choqué qu'il ait emmené sa femme à Plymouth, disant que ce n'était pas au roi de payer son voyage. Mais j'ai nié en avoir parlé, ce qui est vrai. Enfin il souhaitait que le désaccord entre nos épouses ne causât pas de désaccord entre nous. Ce que je fus extrêmement heureux de lui entendre dire. Je vois bien tous les jours les fruits de mon application au travail. Je prie Dieu de me faire persévérer, car je commence à être très heureux. Dînai à la maison, puis retournai au bureau tout l'après-midi, et le soir à la maison, et au lit.


                                                                                                                   26 juillet

            Sir William Batten, Mr Pett et moi au bureau en réunion toute la matinée. Dînai à la maison et retournai au bureau, faisant déposer la maquette qui est accrochée dans mon cabinet pour la faire accrocher dans mon bureau, de crainte qu'elle ne soit abîmée par les ouvriers, et pouvoir l'étudier plus commodément. Cet après-midi j'ai reçu une lettre de Mr Creed qui a échappé de justesse à la mort sur le yacht du roi et est arrivé sain et sauf dans les Downs après la récente tempête. Il m'informe que le roi lui a dit qu'il est certain que milord a débarqué sain et sauf à Calais. Content, j'ai envoyé la nouvelle à Mr Crew et par le courrier à milady à la campagne.
Résultat de recherche d'images pour "luth"            Cet après-midi j'allai à Westminster et j'appris que le roi et la reine viendraient à Whitehall et quitteraient Hampton Court la semaine prochaine, pour tout l'hiver. Puis allai voir Mrs Sarah et visitai le logis de milord qui est fort élégant, le jardin de Whitehall et le jeu de boules où des seigneurs et des dames jouent, qui sont en bel état.. Mrs Sarah me dit que la querelle entre Mrs Castlemaine et son mari était à propos du récent baptême de l'enfant qu'il voulait et fit baptiser par un prêtre, et quelques jours après elle le refit baptiser par un pasteur. Le roi, le lord d'Oxford et la duchesse de Suffolk étaient témoins et la condition était que l'enfant n'eût pas déjà été baptisé. Depuis elle a quitté son mari, emportant tout ce qu'il y avait dans la maison, jusqu'aux plats et aux étoffes et les domestiques, sauf le portier. Il est allé, dans son mécontentement, en France, dit-on, dans un couvent. Et maintenant elle retourne dans sa maison de King Street. Mais on me dit que la reine l'a rayée de la liste que le roi lui a présentée, désirant qu'on lui fît cette faveur, sinon il la renverrait d'où elle venait. Et que le roi en a été fâché et la reine mécontente tout un jour et une nuit, et que le roi a promis de ne plus la voir dorénavant. Mais je ne puis croire que le roi puisse la renvoyer comme cela, car il l'aime trop, et c'est l'opinion que j'ai exprimée ce soir à milady en lui écrivant, en l'appelant " milady " et " la dame que j'admire ". Je m'aperçois que milord a perdu le jardin de son logis et qu'on en fait un court de tennis.


                                                                                                                        27 juillet
                                                                                                       jour du Seigneur
            A l'église seul à mon banc, le matin. Dans l'après-midi j'emmenai ma femme, par le fleuve, à Westminster où elle allait faire ses adieux à son père et moi me promener dans le parc que rendent chaque jour plus agréable les aménagements qu'on y fait. Rencontrant Laud Crisp, je l'emmenai au bout du jardin. Nous nous assîmes sous un arbre dans un coin, pour chanter quelques chansons. Il chante bien mais sans art, de sorte qu'il chantait faux parfois. Puis je pris congé et retrouvai ma femme au logis de milord. Je la ramenai à la maison par le fleuve et nous soupâmes sur le balcon de sir William Penn en compagnie de Mr Keene, puis arriva le frère de ma femme. Nous nous sommes alors séparés, et au lit.


                                                                                                                     28 juillet

            Levé de bonne heure et à 6 heures, quand ma femme fut prête je l'accompagnai au George près de la fontaine de Holborn où était la voiture qui devait la conduire avec sa servante à Bugden. Mais comme la voiture n'était pas prête mon frère Tom resta avec elles pour attendre leur départ. Je lui dis un adieu chagriné, bien que consentant parce que l'état de ma maison ne permet pas à un ménage d'y vivre. Je lui fis donc mes adieux et j'allai à pied jusqu'au fleuve où je pris un canot pour la Tour, apprenant que la reine mère est déjà arrivée à la hauteur de Woolwich et que milord Sandwich est avec elle. Ce qui m'a réjoui le coeur. J'envoyai le batelier bien que pas encore tout à fait certain de la chose, auprès de ma femme pour qu'elle en apportât la nouvelle à milady. Puis à mon bureau toute la matinée, à résumer les instructions du Duc dans leur marge.
            A la maison tout seul pour le dîner, puis de nouveau au bureau. Le soir arrive Cooper. Lui parti allai dans ma chambre, un peu chagrin et mélancolique. Je jouai de mon luth tard et allai au lit, Will couché là, à mes pieds, et la servante dans ma maison, dans le lit de Will.


                                                                                                                        29 juillet
                                                                                                                   au
            Levé de bonne heure et retirai tout mon argent, presque 300 livres pour l'apporter dans cette chambre. Et puis au bureau. En réunion toute la matinée, sir George et Mr Coventry de retour de la mer.
            Ce matin j'abordai, entre autres, l'affaire des abus qui concerne les pavillons, dont nous sommes victimes. Je sais que cela déplaît à sir William Batten , mais cela m'est égal.
            A midi j'allai, sur invitation, dîner avec sir George et Mr Coventry, chez sir William Batten. Fûmes fort gais, Je fus fort aimable avec sir William et lui avec moi, il se montra fort complaisant avec moi. Mais je sais qu'il me jalouse et je n'ai pas d'estime pour lui.
            Retour au bureau et dans la soirée, à pied à Deptford, en compagnie de Cooper pour parler de mathématiques, pour faire incarcérer un homme coupable d'avoir coupé des orins de bouées, et pour voir la différence entre les pavillons qu'on nous envoie maintenant. Je constate que les anciens bien meilleur marché sont tout à fait aussi bons. J'en ai donc rapporté un de chaque espèce à la maison, et en compagnie de Mr Waith pendant une bonne partie du chemin et parlant des défaillances de la marine je revins à pied à Rotherhithe et je rentrai par le fleuve. Ayant fini tard au bureau, j'allai dans ma chambre, et au lit.


                                                                                                                      30 juillet 1662
museedelhistoire.ca
Résultat de recherche d'images pour "canots"            Levé de bonne heure et au bureau. Cooper arriva et commença sa leçon sur la coque des navires, ce pour quoi une maquette dans le bureau m'est fort utile.
            Puis, par le fleuve, à Whitehall. J'ai rendu mes devoirs à milord Sandwich et je l'ai félicité chez lui de son heureux retour après tout le danger qu'il a couru, et qu'il avoue avoir été très grand. Et ses gens me disent avec quel courage milord s'est comporté, alors que milord Crofts poussait des cris et je m'aperçois qu'il n'est question partout que de sa piètre conduite. Mais la plus belle fut cette d'un certain Rawlins, courtisan, qui était avec milord. Au moment du plus grand danger il s'écria :
            - Sacredieu ! milord, je ne donnerais pas trois pence pour avoir votre place maintenant.
            Mais tout cela finit à l'honneur des bateaux de plaisance qui, s'ils n'avaient pas été d'excellents bateaux n'auraient jamais pu tenir la mer comme ils l'ont fait.
            Puis avec le commandant Fletcher de l'Eagle, dans le canot de son navire qui est à huit avirons, mais tous les canots ordinaires allaient plus vite que nous, j'allai à Woolwich m'attendant à trouver sir William Batten occupé à son inspection, mais il n'est pas apparu. Nous avons pris un plat de viande grillée au Cerf Blanc tandis que ses commis et d'autres festoyaient dans la plus belle salle et jouèrent ensuite au jeu de galet. Quand enfin ils surent que j'étais là ils allèrent à leur inspection. Mais Dieu aide le roi ! quelles inspections seront faites que celles de cette façon !
            Pour moi, après le dîner, j'allai à la corderie pour mon affaire et j'y restai jusqu'au soir, répéter différents essais de résistance, de poids, de détérioration, et autres propriétés du chanvre. Je peux ainsi achever ce que je voulais faire, à savoir déterminer la qualité de toutes sortes de chanvre.
            Je rentrai le  soir en canot avec sir William Warren descendu en chemin, et à la maison, et au lit.


                                                                                                                          31 juillet

            Levé de bonne heure, été au milieu de mes ouvriers, donné des ordres pour mes pièces du haut, qui me satisferont tout à fait. Puis à mon bureau et en réunion toute la matinée où je commence à acquérir de plus en plus d'importance. A midi avec Mr Coventry, dans sa voiture, à la Bourse, et dans Lombard Street nous rencontrâmes le commandant Browne du Rosebush. Ce dont il fut violemment en colère et menaça d'aller aujourd'hui trouver le Duc à Hampton Court pour le faire chasser pour n'avoir pas pris la mer. Mais à la Bourse nous décidâmes de manger un morceau ensemble, au Navire et prîmes un canot à Billingsgate, descendîmes pour monter à bord du Rosebush à Woolwich que nous avons trouvé en désordre. Mais après avoir fait peur aux officiers présents, nous les quittâmes pour mieux hâter les choses. A terre nous allâmes à l'arsenal parce que le navire n'était pas parti. Nous trouvons sir William Batten occupé à son inspection. Mais c'était si misérable et cela ressemble si peu à une inspection navale que j'en ai honte, et Mr Coventry aussi. Nous avons trouvé bien des défaillances, et entre autres le cubage de certains bois de charpente qu'on apporte en ce moment, dont nous parla Mr Deane l'adjoint. Et retour à la maison par le fleuve, causant tout le long des affaires du bureau et autres agréables conversations. Et je suis très fier d'être à ce point dans ses petits papiers, je crois vraiment y être.
            Rentrai tard et, comme c'était le dernier jour du moi, j'ai fait mes comptes avant d'aller au lit. Je trouve que je possède environ 650 livres, ce dont le Seigneur Dieu soit loué. Et au lit.
            Je n'ai bu que deux verres de vin aujourd'hui, et cela m'a cependant donné mal à la tête toute la  nuit et m'a indisposé toute la journée du lendemain, ce dont je me réjouis. Je suis maintenant en ville avec seulement mon domestique Will et Jane. Et parce que ma maison est en constructions, je couche dans la maison de sir William Penn parti pour l'Irlande. Ma femme, sa servante et le petit laquais sont partis pour Brampton. Je suis bien au courant des affaires et j'ai gagné la considération du bureau, et j'y travaille ferme, et j'y trouve profit.


                                                                     
                                                                                   à suivre.........

                                                                                                                  1er août 1662

            Levé avec.......

                                                                                                              




                

samedi 8 avril 2017

Dictionnaire littéraire et érotique des fruits et légumes Jean-Luc Hening extraits ( Gourmandises France )

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                                  Dictionnaire
                                                       Littéraire et Erotique
                                  des Fruits et Légumes
                                                                          - Extraits -

            Quelques Gourmandises signalées dans ce volume assez épais. 
            Quelques fruits..... 

             Kiwi. -
                         Né en Chine élevé en Nouvelle-Zélande, ce petit oeuf grisâtre, velu, si bien goûté des Européens qu'il est aujourd'hui cultivé en Corse, dans la plaine de la Castria, " ..... Une vieille terre.... le Verger de la Corse..... ". Devenu objet de racket, comme la tomate napolitaine et l'orange sicilienne. Mais sa chair verte, piquante, un peu, déplaît à certains tel J.P. Coffe qui la trouve " rébarbative.... " Elle s'accommode pourtant aussi bien à la lotte qu'au ris de veau.
            Comment pousse-t-il ? Sur un arbre ? Non, comme le raisin il est attaché à une liane. "....... Il faut compter un pied mâle  pour six femelles qui porteront les fruits : c'est la loi du harem des kiwis...... " Ces petits fruits arrivés en Nouvelle-Zélande en 1906 ont transformé le goût de l'extase, chez les chats ! ".......Le chat aime la sève de l'arbre à kiwi..... ils y grimpent en bandes après la récolte, frottant leur museau sur le bout des branches taillées, puis tombent par terre, pupilles dilatées, apparemment plongés dans une extase définitive...... "                      alalandaise.fr                                                                       
Résultat de recherche d'images pour "kiwi"            L'auteur décrit joliment le voyage de ce petit fruit gris et vert vif. Un petit oiseau sans ailes, court, court en émettant un cri, kivi, kivi ! quelque part dans le Wisconsin.
           Bon appétit !!!!


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            L'oignon. - 
                                                                                                                              aliexpress.com
Résultat de recherche d'images pour "oignons peinture van gogh"                             Aventures d'oignons, lointaines et récentes. L'auteur cite Norge "...... Dans l'ancien temps, les oignons faisaient rire et chacun les respirait afin de trouver la gaîté. Un sage blâma ce rire dénué de fondement et les oignons en furent humiliés. Ils comprirent que les larmes seules sont tolérables sans motif. " Nous pleurons donc en cuisinant ce petit légume qui en fait, serait un ail ainsi de l'échalote, de la ciboule et de la ciboulette. Ce petit légume prévoit les hivers froids. L'auteur cite Sido " ...... Trois robes sur l'oignon !..... C'est signe de grand hiver..... " Bien vêtu il vécut les affres du nom écorché, de gnon à ognon proche de l'affreux pognon, il manqua perdre son " i " sous prétexte de simplification de l'orthographe, on lui rajouta des voyelles et ce fut " ouagnon " Ognard, oigne dotés de rosette, bague ou rondelle ont un oignennet ".... oignon garçonnet ou mignonnet.... " L'histoire de cet oignon aux multiples applications, voir " La course à l'échalote ", et formes, les rouges moins agréables au goût, que les dorés, ils sont rouges, oignons ronds, allongés, petits, "...... des Delicatessen roses de Coïmbre, des blancs très hâtifs de la Reine, Merveille ou de Monplaisir, oignons d'Egypte gros comme des noisettes..... des créoles à la tunique encore fraîche, rouge violacé...... Blanc nacré ou jaune cuivré, pourpre intense ou incarnat tendre, l'oignon est toujours un ravissement...... " Détaillée l'épopée érotique de l'oignon, plutôt masculine, il fut rejeté, dès l'enfance par Jules Renard, Alfred Jarry, alors que "..... Toulouse-Lautrec goulûment, fourrait l'oignon confit à la crème d'ail..... " Neruda écrivit une Ode à l'Oignon " .... ventre de rosée..... - Je rappellerai aussi combien ton influence féconde le sein de la salade..... " Que de grands noms liés à celui de l'Oignon. Sauce Soubise, Soupe à l'oignon appelée Soupe Homme-Femme à minuit ".... c'est un trope amoureux...... " par des futuristes italiens. Objet de divination aussi. Enfin une secte des Adorateurs de l'oignon fut fondée. Une délicieuse soupe à l'oignon, avec ou sans champagne, et bon appétit.
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                                     extraits de 
                       Dictionnaire littéraire et érotique des fruits et légumes - J.L. Henning


jeudi 6 avril 2017

Correspondance Proust Gallimard 14 ( lettres France )

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                                                    A Gaston Gallimard

                                                                                                                    25 juin 1922
            Et Doucet ?

            Mon cher Gaston
            1° Je ne me souviens pas de ce que vous m'avez dit pour les libraires à change bas, je n'ai aucune idée de ce que vous voulez dire. Il est fort probable que vous n'avez nullement oublié de m'écrire ce que vous désiriez mais ou je n'ai pas lu ou n'ayant pas compris je ne me suis pas rappelé. En tous cas pour vous éviter de me récrire à ce sujet, j'accepte d'avance ce que vous déciderez à cet égard. Ce sont choses où vous êtes très compétent et moi fort ignare. Vous me direz seulement à l'occasion et fût-c dans un an, ce que vous aurez décidé pour que je n'aie pas l'air d'une oie si on m'en parle. A l'occasion aussi dites-moi si on a traduit ou va traduire mon livre en anglais diverses questions et demandes m'étant adressées à cet égard ( je ne sais ce que vaut la guinée ). 2° Nous avons chanté vos louanges avec Gide relativement à votre bonté vis-à-vis de Gabory - et aussi de vos gentillesses pour des gens de la N.R.F. dont le nom m'échappe. Malgré la mauvaise humeur que j'ai contre Gabory chaque fois que j'ouvre mon livre criblé de fautes - mais ce n'est pas un crime d'un si jeune homme d'être peu consciencieux, c'est seulement très embêtant pour l'auteur, je compte l'aider aussi je vous l'ai peut-être dit. Me Blumenthal l'a fait également, et Gide. Il ne peut pas être secrétaire parce qu'il n'est pas capable d'exactitude ( ce que je trouve malheureux pour lui ).
Résultat de recherche d'images pour "lettres proust"   *         3° Je ne sais quelle revue cite pour se moquer de nous : l'ouvrage contient 2 700 mille lettres. Je vous avais bien dit que c'était absurde.
            4° Je ne puis rien vous dire quant à mon livre. Mon accident ( le médicament avalé pur ) a eu lieu vers le 2 mai et vous savez ce que j'ai souffert depuis. J'ai eu 2 jours très bons d'intervalle. Et j'ai été pris de ma fièvre rhumatismale ( qui semble ? aller beaucoup mieux ). Je possède bien le manuscrit ou pour mieux dire la dactylographie complète ( et le manuscrit aussi ) de ce volume et du suivant puisque vous vous rappelez que j'avais pris pour cela une dactylographe. Mais le travail de réfection de cette dactylographie où j'ajoute partout et change tout est à peine commencé. Il est vrai qu'elle a été faite en double. Mais à quoi bon vous faire faire les frais inutiles de placards alors que je peux aussi bien corriger sur la dactylographie. Je vous dirai à ce propos que Tronche il y a qq temps m'avait dit que j'avais tort de ne pas varier mes titres que les gens étaient si bêtes que lisant une oeuvre intitulée comme la précédente Sodome et Gomorrhe se disaient mais j'ai déjà lu cela ( je croyais qu'il exagérait mais un exemple que je vous raconterai semble lui donner raison). Aussi depuis que j'ai été tenté par les propositions de Prévost, j'ai repensé à ce que m'a dit Tronche et j'ai pensé que je pourrais peut-être intituler Sodome III la Prisonnière et Sodome IV la Fugitive quitte à ajouter sur le volume  ( suite de Sodome et Gomorrhe ). - Si vous aviez une seconde un pneu me disant s'il y aura ou non un article de Régnier aurait une certaine utilité indirecte pour moi. Je vous le demande puisque vous avez vu Flers qui a dû vous en parler. Il est vrai qu'il faut que je lui écrive car il m'a fait demander de lui donner un article sur Shelley ( que je suis incapable de faire. Mais cela me ferait gagner du temps ( pour une autre chose ) de le savoir, si vous-même le savez ( sans cela ne le lui demandez pas ). Je vous quitte car je n'en peux plus. Je voulais pour éviter cette lettre tâcher de vous voir hier soir. Jacques Rivière à qui j'avais fait téléphoner pour savoir où vous étiez, l'ignorait, du moins officiellement.
            Tout à vous mon cher Gaston


                                                                                                    Marcel Proust

Gide m'a dit que Saül reprend bien. Je ne lui ai naturellement pas dit que nous en avions parlé. Un critique toujours fort gentil pour moi bien que je ne le connaisse pas, a fait un excellent article sur Saül dans l'Opinion.


                                                                                                Dimanche 25 juin 1922
                                                                                                                                                               
            Mon cher Gaston                                                                  
           J'ajoute un p.s. à ma lettre et voici : j'ai eu ce soir la visite de Morand. Il m'a expliqué la question des droits d'auteur dans ces pays où la clientèle acheteuse est différente de celle d'autrefois mais non moins bonne. Il m'a expliqué la situation notamment pour la Roumanie, et m'a dit que du reste il vous avait fait valoir ces raisons, que vous aviez en conséquence décidé avec lui de maintenir ses droits d'auteur dans ces pays. Il m'a conseillé de faire comme lui c'est-à-dire de refuser un inutile cadeau à ces libraires.
            Je ne vous en parlerais pas s'il ( Morand ) ne m'avait pleinement autorisé à vous dire qu'il me conseillait de maintenir mes droits.                                                                                        
           Je me hâte de vous envoyer ce petit mot pour qu'entre ma lettre de ce soir et celle que vous n'aurez que tout à l'heure au matin vous n'avez pas eu le temps d'écrire aux libraires. Mille amitiés


                                                                                                   Marcel Proust
                                                                                                                   editionstheleme.com 
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                                               A Gaston Gallimard

                                                                22 juin 1922                                            penser que j'ai oublié de vous dire que j'ai envoyé le livre à Chaumeix qui réclame aussi de la copie pour la Revue de Paris. Mais je préfère la Revue de France d'autant plus que qd Prévost m'a demandé cela il ignorait le très gentil article de Vandérem, bien que celui-ci parût le lendemain ( et aussi parce qu'il prendra le roman   complet ce qui est plus commode. Peut-être Chaumeix ne prendra-t-il qu'un fragment je ne sais ). Enfin j'ai à vous parler d'une autre Revue dont je vous parle périodiquement. Donc j'allais mieux que depuis bien longtemps, quand il y a six jours sans cause appréciable n'ayant été ni au froid ni à l'air j'ai été pris de fièvre rhumatismale qui me désole non seulement à cause des douleurs mais parce que mon thermomètre ne descendant jamais au-dessous de 39 je vis dans le plus pénible malaise.
            Gide m'écrit qu'il est très affecté ( il me le dit peut-être pas formellement ) de l'échec de Saül. Est-ce que son imagination souvent sombre ne se noircit pas un peu les choses. Et le public a-t-il vraiment manifesté si peu de compréhension d'une oeuvre à laquelle je sais que Gide attache une gde importance. Vous avez vu que j'ai fait passer l'écho sur la conférence espagnole. Robert de Flers est vraiment très gentil pour moi. D'ailleurs le Gaulois avait fait de même sans que je le demande.
            Je trouve que seul, l'Echo de Paris exagère un peu la bienveillance en disant qu'on parle de moi pour le prix Nobel. Ne quid nimis.
            J'ai voulu vous montrer que la fièvre élevée ne m'empêche pas d'être lucide. Mais je maudis mon corps qui ne m'apporte qu'une incessante souffrance, et j'envie le vôtre qui sait cueillir le plaisir. Tout à vous


                                                                                                  Marcel


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                                                  A Gaston Gallimard

                                                                                                      2 ou 3 juillet 1922

            Mon cher Gaston
            1° Avant de répondre à votre question, un point tout à fait insignifiant et que vous lirez comme je l'écris c'est-à-dire uniquement  pour vous éviter une possibilité improbable d'ennui. Je n'ai reçu aucun chèque à la fin de juin. Ai-je besoin de vous dire qu'il n'y a pas l'ombre de retard, que je serais bien honteux d'en parler si n'ayant des concierges fort distraits je ne voulais vous mettre en garde contre le risque ( encore une fois plus qu'improbable ) que le chèque ne fût allé à une autre personne, auquel cas vous auriez tout intérêt à faire opposition le plus vite possible à la banque. Remarquez que de tout autre cette idée ne me viendrait pas. Mais c'est toujours venu si ponctuellement le 30 que de là mon doute qui n'en est pas même un. Le probable est que vous ajoutez les droits d'auteur du livre et que cela retardera un peu.    genesis.revues.org
Résultat de recherche d'images pour "lettres proust"            2° Si vous désirez, dans le doute, annoncer mes 2 volumes suivants pour 1923, bien volontiers cher ami. Mais si, de les avoir annoncés, vous oblige à les publier à date fixe, je ne peux prendre aucun engagement. Car aucune des deux parties n'est " prête ", ce qui s'appelle " prête ". Or vous savez, même quand une partie l'est combien de retard nous avons. Je ne veux pas vous livrer du travail bâclé, mais le meilleur possible dans la mesure de mes faibles facultés. Hé bien sur les deux parties il y a encore à faire. En ce moment je vais un peu mieux cela me permet de me remettre au travail. Mais qui sait ce que demain me réserve. Si donc m'annoncer, c'est me promettre, non, ne m'annoncez pas. Vous y aurez du reste tout avantage. On est un peu repu de mes 3 volumes. Le nombre de lettres effraye un peu. Il vaut mieux que je laisse souffler mon monde et que l'appétit revienne. Cependant il vaudrait mieux que l'intervalle ne soit pas trop long car tout le monde ne gardera pas présent à l'esprit que à la fin de Sodome II je pars vivre avec Albertine, et cette vie constituant Sodome III ( qui n'aura pas ce titre ) il est préférable ( dans la mesure de mes forces ) qu'on n'ait pas eu le temps d'oublier. D'ailleurs une autre raison contre l'annonce, je pensais appeler la première partie La Prisonnière la 2è La Fugitive. Or Madame de Brimont vient de traduire un livre de Tagore sous le titre " la Fugitive ". Donc pas de Fugitive ce qui ferait des malentendus. Et du moment que pas de Fugitive, pas de Prisonnière qui s'opposait nettement. J'écrirais bien à Me de Brimont que je connais un peu mais ce serait mufle et arriverait d'ailleurs trop tard. Il vaut mieux du reste ne pas donner d'avance trop de précisions. Dans un article très gentil du reste du Gaulois Chaumeix fait état de ce que j'avais annoncé d'avance et qui n'est pas ce que j'ai publié. Cher ami
je suis très fatigué, j'aurais trop de choses à vous dire. Je ne figure sur aucun de vos catalogues, annonces etc. dans cette revue-ci. Sans désirer que comme pour Morand vous mettiez 3 000 exemplaires vendus en 10 minutes ( plaisanterie ) c'est peu surtout quand mon ennemi et calomniateur depuis tant d'années le Crapouillot a des pages qui font croire que c'est chez lui que sont édités vos meilleurs auteurs. Je vous quitte. Croyez-vous que je ferais plaisir à Jacques en faisant pour la Revue d'Aout ou Septembre une Réponse à Thibaudet : " Mon cher Thibaudet " sur Flaubert.
            Tout à vous


                                                                                  Marcel Proust


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                                               A Gaston Gallimard

                                                                                                      6 ou 7 juillet 1922

            Mon cher Gaston
            D'abord 3 mots pratiques                                    pinterest.fr
Résultat de recherche d'images pour "lettres proust"            1° J'ai reçu aujourd'hui un chèque de 3 m f. de vous. 2° Je serais très content que mon portrait paraisse dans Vanity Fair. Mais il faudrait pour cela que Jacques vous rendît celui qu'un journal suisse ( la Semaine littéraire je crois lui avait promis de lui restituer. Sans cela, si je ne peux pas en trouver chez moi comme c'est probable, il faudra que j'en commande immédiatement une reproduction chez Braun, ce qui n'est aucun dérangement mais ce qui peut retarder de qq jours. Aussi dans ce cas dîtes-moi si je dois le faire faire pour ne pas perdre de temps. Mais la revue suisse avait été si formelle envers Jacques qu'il me semble impossible qu'elle ne lui ait pas renvoyé.
           3° Votre correspondant ( ? ) anglais M. Eliot me demande qq chose pour une revue qu'il fonde à Londres le Critérion et qu'on me dit devoir être très bien. Je lui répondrai. Mais si par hasard vous le voyez, dîtes-lui que le plus pratique serait un morceau extrait par moi d'un volume déjà paru, et non encore traduit. Du reste sur toute cette question Eliot, il s'y mêle en effet une question Schiff des plus délicates. Cher Gaston je crois avoir répondu à toutes vos questions ce qui ne veut pas dire que je n'ai pas à vous parler de choses bien plus importantes. Mais au moment où j'allais mieux ( tellement mieux que je me trouvais reporter bien des années en arrière ) on a négligé chez moi de me
prévenir que je n'avais plus des tissus que je mets tous les soirs à même ma peau et cela m'a enrhumé. D'où de nouveau fièvre, paresse à écrire etc. Ce n'est peut-être pas un mal car la gêne d'argent me rendait difficile de " prendre des vacances ", les 1res depuis 8 ans, et les 1res dont j'eusse pu profiter. Si je tombe malade cela tranche la question. Et vous cher Gaston quitterez-vous Paris. Si je vous le demande c'est afin de ne pas vous écrire ou chercher à vous voir " à porte à faux ". D'ailleurs ayant généralement passé vos week-end hors Paris vous ne devez pas avoir la même soif d'air que moi. Il est vrai que pour un homme bien portant comme vous êtes, la soif d'air est plus grande que pour un malade chez qui la restriction de toute activité fait d'une sortie même en voiture fermée, un voyage. Dieu merci vous êtes au contraire l'homme du travail et de la détente, du travail surtout. D'ailleurs
quelle différence d'âge, chronologique et autre, entre nous. Jacques Rivière m'écrit un mot fort pressant au sujet de cette réponse à Thibaudet sur Flaubert, non sur Thibaudet, et donc qu'elle ne prive en rien Thibaudet de l'article sur son livre auquel il a droit dans la N.R.F. Mille amitiés ( mal exprimées car Céleste me parle )


                                                                                                    Marcel Proust
                                                                             
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