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Journal secret
( extraits )
J'ai réussi à convaincre N. que d'Anthès a la syphilis et qu'il infecterait toute femme. J'ai appris à N. qu'un homme atteint de la syphilis traverse des périodes où ses symptômes disparaissent temporairement et pendant lesquels il peut devenir moins contagieux, tout en le restant. Pendant de telles périodes l'homme malade se montre particulièrement passionné. C'est ainsi que j'ai tenté de préserver N. de d'Anthès. Elle y a cru jusqu'à ce que Katka prouvât par son propre exemple que c'était un mensonge.
Souvent, à la suite de longues danses avec lui, sur le chemin du retour, après le bal, elle me confiait qu'une fois de plus il avait eu " une rémission de sa maladie ". Un éclair traversait ses yeux et elle répondait à mes baisers avec une passion ardente. Pendant ces moments, je pensais que je devrais être reconnaissant envers d'Anthès pour avoir provoqué ce désir dont je profitais de bon coeur. Il est arrivé un moment où, lorsque N. se montrait indifférente à mes tendresses, je me surprenais à penser que je ferais mieux de l'emmener au bal pour que d'Anthès la serre contre lui pendant une danse et éveille son excitation pour la nuit, pour moi. J'étais révulsé par ces pensées, mais je n'y pouvais rien, et je n'ai finalement plus ressenti qu'une joie malicieuse.
Regardant n'importe quel homme la courtiser, je chuchotais méchamment :
- " Vous travaillez tous pour moi ! " Mais la jalousie me faisait enrager. Une fois durant un bal j'ai remarqué que N. dansait avec le comte H. et lui avait permis de lui embrasser la main trois fois. Quand nous sommes rentrés à la maison j'ai arraché le poignard du mur, j'ai brutalement enserré N. contre moi, sur mes genoux, et j'ai posé le poignard contre sa gorge.
- Confesse-toi, ai-je hurlé, est-ce que tu couches avec lui ?
N. était terrorisée et son corps se tordait comme convulsé par des vagues d'orgasme.
- Je jure sur nos enfants que je te suis fidèle, dit N. la voix brisée, le regard dans le mien.
J'étais prêt à la poignarder si elle avait hésité à répondre ou détourner les yeux, et elle le sentit. Comment pouvais-je ne pas la croire après un tel serment ? Je l'ai fait glisser de mes genoux et elle s'est écroulée à terre. Chaque attaque de jalousie se terminait par un désir sauvage. Gémissante, à terre, la robe troussée ses cuisses étaient couvertes de sang....... Ma femme venait de faire une fausse couche.
Après la naissance de notre premier enfant j'ai décidé de ne plus jamais me trouver à proximité pour ne pas entendre ses cris terribles. Elle avait hurlé de façon si déchirante que j'avais fondu en larmes....... J'ai été délibérément en retard pour la deuxième naissance, mais Dieu s'est rattrapé en faisant de moi le témoin d'une fausse couche.
Dans le sang il y avait un caillot où l'on pouvait distinguer un bmagic.org.uk embryon au visage de poisson.
Heureusement, le saignement s'est vite arrêté, la douleur a cessé.........
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Je ne me sens en paix que lors de ses grossesses, parce que N. est obnubilée par les préparatifs de la naissance, ce qui a au moins l'avantage d'apaiser sa coquetterie, même si elle n'est jamais complètement bannie. C'est pourquoi je m'efforce de la garder enceinte, bien que cela me ruine. En procréant, je m'endette.
L'autre intérêt de la grossesse de N. c'est qu'elle pardonne ma boulimie des autres femmes. Au cours des derniers mois de sa grossesse elle ne m'a pas laissé l'approcher parce que les docteurs lui ont dit que c'était très dangereux pour l'enfant. Elle n'a cédé à aucun argument, je me suis énervé et j'ai dit que j'irai chez une p... A ma surprise N., calmement a simplement souhaité que ce fût réellement une p... et pas une maîtresse quelconque.
Ce fut ainsi que je confessai mon adultère pour la première fois et que j'obtins la permission de coucher avec des prostituées.................
N. tolérait les catins mais sa jalousie envers les autres femmes s'aggravait d'une manière incroyable...................
soundcloud.com Maintenant elle comprend tout par elle-même.....................
Non, N. ne m'aime pas, je m'en aperçois, et je fais tout pour aggraver son indifférence. Quand le désir s'éveille en elle, elle me laisse le combler, le reste du temps elle ne fait que me tolérer.
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N. est devenue jalouse de moi et de Katrin et a décidé de la faire épouser par Khalustine, mais j'ai effrayé ce dernier avec la menace d'un duel, et le couard a disparu.
N. m'a avoué plus tard, mais je l'avais déjà compris, qu'elle avait installé ses soeurs chez nous dans un dessein précis. Les sauver des gifles de leur mère et des griffes du dément qu'elles avaient pour père n'en était pas la seule raison. N. préférait que je me laisse séduire par elles plutôt que par des inconnues. Pauvre fille elle ne comprenait pas qu'un feu de forêt ne peut pas simplement brûler un arbre et s'éteindre. Au contraire plus il consume d'arbres plus il devient fort. Mais je ne voulais pas lui expliquer cela, et je me suis juste frotté les mains...........
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.............. J'ai une drôle de progéniture, ainsi que l'aurait dit le regretté Delvig. Les enfants sont les défenseurs de ma vie de famille et préservent leur mère de la tentation. Plus il y a d'enfants mieux c'est. En ce qui me concerne, chacune de ses grossesse m'apparaît comme une providence qui excuse mes adultères.
J'adore le ventre rond de N. à l'endroit où son nombril disparaît et où une tâche sombre le remplace...................
Plus nombreuses sont nos années de mariage moins cela m'intéresse d'y consacrer beaucoup d'efforts. Je me force en esprit à faire preuve de zèle, il me dit de ne pas laisser ma femme insatisfaite sous peine de la voir se jeter dans les bras d'un amant............
............. Je n'ai pas de temps pour les enfants. L'écriture et les femmes me laissent rarement du temps pour jouer avec Mashka et Saska ( fils de P. 1833-1914 ), Grishka ( fils de P. 1835-1905 ) et Natashka ( fille de P. 1836-1913 ) en sont encore au stade de l'inconscience infantile et je n'ai rien à faire avec eux. Le plus grand plaisir qu'ils m'apportent est de pouvoir les exhiber devant mes invités. Je me sens si fier d'eux, comme après avoir composé un bon poème........ leurs visages font penser à ceux de chatons....... Mais en général les enfants m'ennuient et j'essaie de me tenir à l'écart. Leurs pleurs et leurs maladies, leurs chamailleries ne me permettent pas de me concentrer et consument mon temps. J'ai juste assez de patience pour une demi-heure, il me faut ensuite m'enfuir.........
J'ai engendré mes enfants sans prendre en considération leurs souffrances futures, ne cherchant qu'à me préserver de la douleur, de la douleur que provoque ma jalousie envers N......... revelessencedesoi.com
Souvent je regarde leurs petites mains, leurs jambes, leurs visages, et le simple fait de savoir qu'ils sont la chair de ma chair m'empreint d'une admiration poétique, malheureusement vite remplacée par le sentiment d'avoir été trahi, appâté jusque dans une cage puis enfermé à l'intérieur. La responsabilité permanente à l'égard des enfants est une cage dont je ne pourrai jamais m'échapper.
La responsabilité m'oppresse, même si c'est un choix volontaire. Je me suis laissé entraîné dans la spirale des coutumes humaines et je l'ai suivie jusqu'au bout malgré les avertissements de mon esprit.
Je suis maintenant convaincu qu'il ne sortira rien de bon de ma vie de famille. De telles confessions ne font rien pour accroître mes sentiments paternels.
Avant je ne protégeais que mon propre honneur, puis celui de ma femme aussi. Aujourd'hui il me faut m'occuper de l'honneur de mes enfants et de mes belles-soeurs. L'honneur que j'ai pour mission de protéger est devenu si étendu depuis mon mariage qu'il s'en trouve incroyablement palpable. Il me faut être vigilant à chaque instant. L'existence même de d'Anthès empiète sur ma dignité. Par conséquent il me faudra me battre avec lui sans délai.
Le Tsar m'a dit qu'il prendrait soin de N. et des enfants dans l'éventualité de ma mort, comme si elle était arrêtée. Cela a offensé mon honneur, car c'est le genre de soins que l'on prodigue à sa concubine..............
A quelque chose malheur est bon : grâce la paternité j'ai rencontré des nourrices. C'est un plaisir spécial........................
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Les femmes pleines de fausseté : les dames de la société prétendent qu'elles ne veulent pas et les putains prétendent qu'elles veulent.
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Il existe deux bonheurs : le premier se fait jour quand vous allez plein d'impatience voir une femme, et l'autre quand vous vous en retournez soulagé d'elle et du désir.
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Le comte M. est revenu de Paris et je l'ai assailli de questions sur les femmes de là-bas. Il a dit qu'elles étaient d'une beauté incroyable, et que même les p... des rues avaient l'air de reines.
Je suis devenu curieux :
- Combien en as-tu essayé ? fineartamerica.com
- Aucune, a-t-il dit.
Je me suis imaginé à sa place et j'ai ragé :
- Comment as-tu plu laisser passer une telle chance ?
Tandis que j'exprimais ma surprise à propos de son manque d'initiative et que je le plaignais d'avoir ainsi perdu son temps à Paris, M. n'a rien dit et s'est contenté de me regarder tristement.
- Pourquoi, mais pourquoi n'en as-tu pas baisé au moins une ? je ne pouvais pas m'arrêter.
- Eh bien, parce que j'aime ma femme, voilà pourquoi, a répondu le comte.
Et j'ai eu honte face à une explication aussi simple.
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Comme c'est écoeurant de prendre conscience que toutes les femmes ne me veulent pas.
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Pour les hommes qui ne tâtent pas de la variété pendant le célibat, le désir s'en va lentement dans le mariage. Par conséquent ils ne s'en aperçoivent pas, et quand ils s'en aperçoivent c'est trop tard, car ils sont déjà vieux. Ma passion pour ma femme s'est éteinte un mois après le mariage..........
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Après avoir goûté au fruit défendu, Adam et Eve apprirent la honte et eurent honte de leur nudité. La honte fut créé par le Diable, si bien que Dieu détermina qu'ils avaient commis un péché en reconnaissant leur honte. Pour leur désobéissance, Dieu les expulsa du Paradis mais leur laissa le plaisir en consolation. En copulant Adam et Eve ne ressentirent pas la culpabilité et cette innocence leur rappela leur séjour au Paradis. Il en est de même pour les amants. Le Paradis leur vient de leur conscience réciproque. Mais le Diable ne se reposa pas et créa la société humaine qu'il affligea d'une honte incommensurable.
Dieu permit à l'homme d'avoir une femme sachant que le péché de frissons de la chair n'est que passager, mais il ne lui permit pas le moins du monde de forniquer avec une nouvelle femme. Le péché revit et dure grâce à la diversité de femmes qu'offre la société. L'être humain est l'oeuvre de Dieu et la société humaine est l'oeuvre du Diable.
Pour la transgression Dieu n'expulsa pas seulement Adam et Eve du Paradis mais décupla aussi les interdictions. Enfreignez-en une seule et vous n'irez pas au Paradis. J'en ai transgressé une en forniquant et j'en violerai une seconde quand je me débarrasserai de d'Anthès.
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Les mensonges des humains sont nés de la honte. La honte est la dissimulation de ce que vous possédez. En nous débarrassant de la honte nous nous débarrassons du mensonge et il ne restera rien de la diabolique société humaine. Il n'y aura plus sur Terre que des amants heureux.
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haveabreakreadabook.blogspot.fr
Je regarde les centaines de livres qui ornent mon bureau et me rends compte que, pour la plupart, je ne les ai pas touchés depuis la première fois où je les ai lus ou feuilletés. Mais il ne me vient même pas à l'esprit de m'en débarrasser, qu'adviendra-t-il si un jour j'ai envie d'ouvrir celui-ci ou celui-là ? J'ai dépensé mes derniers roubles tant pour l'acquisition de nouveaux livres que pour me payer des putains. Acheter des livres est un plaisir très différent de celui de la lecture : examiner minutieusement, sentir, feuilleter un nouveau livre est un bonheur en soi.
La disponibilité des livres me donne confiance, je peux toujours profiter d'eux si je choisis de le faire. Il en est de même avec les femmes, et il m'en faut beaucoup, elles doivent s'ouvrir devant moi à la manière des livres. En vérité, pour moi, les livres et les femmes se ressemblent beaucoup. Ouvrir un livre c'est comme écarter les jambes d'une femme, la connaissance se dévoile sous vosyeux. Chaque livre a sa propre odeur. Lorsque vous l'ouvrez, le respirez vous sentez l'encre, et pour chaque livre c'est différent. Couper les pages d'un livre vierge est un plaisir indescriptible. Même un ouvrage stupide me donne du plaisir quand je le manie pour la première fois. Plus le livre est intelligent plus il m'attire, et la beauté de la couverture ne m'importe pas. Ce qui n'est pas toujours le cas avec les femmes.
De même qu'une femme peut avoir du plaisir avec n'importe quel homme habile, un livre s'offre à celui qui s'en saisit. Il distillera le plaisir délicat de son savoir à quiconque est capable de le comprendre. Je suis donc jaloux de mes livres et n'aime pas les prêter à qui que ce soit. Ma bibliothèque est mon harem.
( à suivre ........... )