lundi 12 août 2019

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 99 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

Résultat de recherche d'images pour "miro peinture dessins"
youtube.com


                                                                                                                               1er août 1663

            Me levai de bonne heure et m'habillai puis au bureau où mis des affaires en ordre pour mon départ. Arrive Mr Carteret et nous travaillâmes un peu. Ensuite Mr Coventry resté sur le bateau m'envoya chercher, je me préparai et descendis le rejoindre. Par le fleuve jusqu'à Gravesend, avec son valet Lambert, où mangeâmes un morceau, et poursuivîmes la route à cheval. Je montais un de ses chevaux, un bel et fringant animal, et nous causâmes pendant toute la route des affaires du bureau, et d'autres choses fort utilement.
            Arrivés à Chatham nous ôtâmes nos bottes et marchâmes jusqu'à l'arsenal où retrouvâmes le commissaire Pett. Allâmes d'un endroit à l'autre, étudiant et examinant diverses choses. Dans la soirée chez le commissaire et nous installâmes en haut sous une tonnelle pour causer........ En sortant Mr Coventry et moi conclûmes qu'il n'est pas capable de rendre dans cet arsenal les services........ que peut-être il rendra dans un autre. Après une ou deux heures de conversation au manoir de la Colline...... au lit.


                                                                                                                    2 août
                                                                                             Jour du Seigneur
            Lever et, après la visite du barbier, nous rendîmes ensemble à pied au bassin et montâmes à bord du Mathias où, avec le commissaire Pett et Mr Coventry et d'autres officiers et gens de l'arsenal, entendîmes un excellent sermon de Mr Hudson sur les paroles de Tout est à vous et vous êtes à Dieu. Admirable sermon, fort et érudit et prononcé avec aisance...........
            Nous l'emmenâmes avec nous au manoir de la Colline où dînâmes. Puis nos invités se retirèrent et nous eûmes tous trois une conversation privée.......... Puis à l'église de la paroisse où entendîmes un mauvais sermon...........
            Au bassin et en barque pour examiner la crique de St Mary........ Retour à pied du bassin à notre logis. Mr Coventry et moi fort mécontents de voir le commissaire si réticent à reconnaître ses officiers coupables du moindre manquement, et de voir que rien ici ne va mieux du fait de sa présence que dans d'autres arsenaux où il n'y a pas de commissaire. Après avoir un peu causé, au lit.
...............


                                                                                                                   3 août
francetvinfo.fr
Joan Miró, \"La Ferme\", 1921-1922, États-Unis, Washington National Gallery of Art, don de Mary Hemingway, 1987             Levés tous deux de fort bonne heure. A l'arsenal où nous assistâmes à l'appel des hommes et décidâmes d'en renvoyer certains. Puis aux corderies que nous visitâmes toutes, et nous fîmes une expérience pour voir lequel, du chanvre anglais ou du chanvre de Riga, était le plus solide. C'est le second, mais l'autre est fort bon et bien meilleur que celui de Riga.
            Nous fîmes maintes autres choses ce matin. Je fis cuber du bois de charpente..... et trouvai beaucoup à redire...........
            A midi Mr Pett nous régala d'un splendide dîner, trop copieux à vrai dire, si bien que l'on en laissa la plus grande partie.........
            Après le repas..... nous installâmes dans son salon et nous appliquâmes à nos affaires tout l'après-midi......... Nous nous quittâmes bons amis, quoique j'eusse parlé avec si peu de retenue qu'eût pu se fâcher....... Nous rentrâmes ensuite au manoir de la Colline que nous examinâmes et pensons nous en défaire dès que nous le pourrons sans inconvénient. Nous nous habillâmes, enfourchâmes nos montures et prîmes la route de Gravesend............ En chemin rejoint par le capitaine Browne, du service des munitions de Chatham.......quoiqu'il fût un coquin et eût servi sans interruption sous l'ancien régime, il ne laissa pas de nous entretenir des nombreux services qu'il avait rendus à bien des gentilshommes du parti du roi........ Il fut contraint d'aveugler son meilleur animal et de le garder comme étalon pour empêcher qu'on ne le volât............
            Arrivés à notre auberge, devisai jusqu'à 9 ou 10 heures avec Mr Coventry, puis au lit.


                                                                                                           4 août

            On nous réveilla vers 4 heures. Une fois prêts nous embarquâmes sur le bateau de Gravesend
et fûmes à Londres vers 9 heures, causâmes de plusieurs affaires de la Marine pendant le voyage. Au bureau nous retrouvons sir William Penn, la première fois depuis sa longue maladie..
            J'apprends que mon frère John est arrivé en ville et qu'il est chez moi depuis samedi, car je l'avais invité. A midi à la maison, déjeuner avec lui et, après m'être fait raser, allâmes chez mon luthier et d'autres. Je le quittai et par le fleuve chez Blackbury, parlai avec lui de mâts......., puis l'accompagnai dans son jardin non loin de sa maison où je mangeai des pêches et des abricots, un fort bel endroit. Ensuite traversai le fleuve et au Palais de Westminster. Ne trouvant pas Mrs Lane avec qui j'avais l'intention de prendre du bon temps, me rendis chez Jervas et l'emmenai avec sa femme chez la mère Palmer, le ventriloque qui m'avait tant diverti avec Mr Mallard il y a deux ou trois ans, pensant, car j'avais entendu dire qu'elle est cette sorte de femme, que je pourrais y voir quelques filles de joie ( que Dieu me pardonne ! ) . Mais, Dieu soit loué ! il n'y en avait pas, ni rien qui me plût.........
            Après avoir dépensé là 1 shilling de vin, nous prîmes une barque et les laissai à Westminster. Comme il était tard je renonçai à Mrs Lane et pris une barque jusqu'au débarcadère de l'Ancien Cygne, et là je passai un joyeux moment avec un des jeunes gens en me moquant des lointains voyages qu'il fait jusqu'à Vauxhall. Et l'homme me lança une fort jolie repartie sur le ton du grand voyageur, ce qui me réjouit beaucoup. Puis à la maison et mangeai avec mon frère un morceau de pain et de fromage, puis au lit, avec lui.
             Aujourd'hui j'ai reçu une lettre de ma femme qui me contrarie extrêmement : elle me dit que Miss Ashwell lui a envoyé au visage qu'elle n'était qu'une menteuse et, ma femme lui ayant donné un soufflet, l'autre le lui rendit, et s'ensuivit un beau désordre. J'en suis bien chagriné. Et que milady a appris par mon père ou ma mère quelque chose de la conduite de ma femme. Tout cela me fâche et je crains d'avoir bien du mal avec ma femme quand elle rentrera, pour la faire filer doux de nouveau. Mais si Miss Ashwell s'en va je suis résolu à ne pas en engager une autre, et à vivre pauvrement et simplement pendant un bon moment, et à économiser de l'argent et contenir les dépenses de ma femme, si je le puis. Sinon je pourrai dire adieu à toute satisfaction en ce monde. Puis au lit, l'esprit quelque peu tourmenté mais je vais avoir soin, par prudence, d'éviter les conséquences néfastes que je redoute, car les choses ne sont point encore allées trop loin, et cette arrogance nouvelle chez ma femme vient de ce que j'ai été assez sot pour lui donner trop de liberté depuis un an.


                      .francetvinfo.fr                                                                                         5 août 1663

Joan Miró, \"Femme\", 1934, pastel sur papier velours, collection particulière             Toute la matinée au bureau où Deane de Woolwich vint m'entretenir des plans de navires que je cherche à présent à comprendre. Je l'emmenai au café où il blâma en termes fort vifs le rapport de Mr Graunt en faveur du vaisseau de sir William Petty, et nous en vînmes presque à nous échauffer.
            Ensuite à la Bourse et à la maison pour dîner avec mon frère. L'après-midi à Westminster trouvai Mrs Lane un peu plus tard, comme nous en étions convenus. Nous nous retrouvâmes à l'embarcadère du Parlement ( en descendant du bateau ne voilà-t-il pas que milady Jemima vint à notre rencontre. Elle me vit qui la tenais par la main, mais ne m'en dit rien, je m'arrêtai pourtant pour lui parler afin de voir si elle en ferait ou non la remarque ) et nous partîmes pour Stangate. A la taverne de la Tête du Roi dans le marais de Lambeth mangeâmes et bûmes toutes sortes de mets et de boissons, en tout x shillings. Je la chiffonnai et la caressai beaucoup, mais ne pus rien obtenir de plus, bien que j'en fusse fort près. Toute dévergondée et enjouée qu'elle soit, elle n'ose point s'aventurer dans cette affaire. Je l'en loue très fort, et je l'aime pour cela.
            Restai fort tard, retraversai le fleuve avec elle en barque. Comme j'étais en nage de l'avoir lutinée, je n'osai point rentrer à la maison par le fleuve et pris un fiacre.
            A la maison, mon frère et moi nous mîmes à lire Descartes, et je m'aperçois qu'il le possède bien, et je ne peux que reconnaître qu'il l'a étudié avec conscience, et qu'il y trouve un grand plaisir.
            Ce soir est arrivée une lettre de Mr Coventry concernant le travail, accompagnée d'une plume d'argent qu'il m'avait promise, et que l'on remplit d'encre, ce qui est fort utile. Puis prières et au lit.


                                                                                                             6 août

            Lever, et me fâchai contre ma servante Hannah qui ne tient pas mieux la maison, qui est plus sale maintenant qu'elle ne l'a jamais été quand toute ma famille était ici.
             Puis à mon bureau, réunion avec Mr Coventry et William Penn. Mr Coventry m'a emprunté mon manuscrit sur la marine.
            A midi à la Bourse, rencontrai sir William Warren, dînâmes dans un café où achevâmes un contrat pour le bureau, puis le quittai. Ensuite chez ma cousine Mary Joyce à un baptême où nombreuse compagnie et bonne chère. Il y avait là le fauconnier du roi qui vit à côté de Saint-Paul et sa femme, un laideron, mais qui apporte de l'argent. Il parla de la force des faucons qui peuvent abattre un oiseau avec une telle force que la proie rebondit à une grande hauteur au-dessus du sol, ce que ne peut faire aucune force humaine, ni artificielle.
            Mais il était très intéressant d'entendre quelles raisons lui et un autre, un certain Ballard, un homme riche de la même corporation des marchands de cuir à laquelle appartiennent les Joyce, donnèrent pour expliquer cela. Quand à la femme de Ballard, une jolie femme qui a de fort bonnes manières, je trouvai l'occasion de l'embrasser plusieurs fois, et elle de découper la viande, de boire et de me témoigner grand respect. Après le dîner conversation et rires. Je ne bus pas de vin et envoyai quérir de l'eau, car la bière n'était pas bonne. On fit venir un ménétrier, et une certaine Mrs Lurkin, une voisine, une pauvre femme, mais bonne, gaie et fort grande, dansa et nous fit voir des tours qui nous mirent tous en joie. Mais surtout une des filles de Mrs Brumfield, noiraude mais bien tournée et modeste, dansa fort bien ce qui me plut extrêmement, et je commençai La Duchesse avec elle, mais sans réussir, je ne m'en dépêtrai cependant pas trop mal et la louai fort, la baisai et la ramenai chez elle avec son cousin Anthony et Kate Joyce. Kate était fort belle aujourd'hui, c'est-à-dire bien ajustée. et je me montrai fort affectueux et familier avec elle, et la baisai avec passion, ce qu'elle prend en fort bonne part. Les quittai après les avoir, bien qu'il fût 9 heures du soir, emmenés dans un théâtre de marionnettes à Lincoln's Inn Fields............
            Je rentrai à pied à la maison et, après avoir envoyé une lettre à ma femme par la poste, et aussi à mon père, à la maison et souper, et après une petite conversation avec mon frère, au lit.


                                                                                                                   7 août

            Lever et un peu à mon bureau, puis chez Mr Brown chercher ma règle à cuber le bois, qui est prête et qui est assurément la meilleure et la plus commode à porter dans sa poche et la plus utile jamais fabriquée. Et j'ai moi-même l'honneur d'être en quelque sorte son inventeur sous cette forme. Je restai à deviser une heure avec lui, puis à la maison. Après la visite du Dr Fairbrother et promenade dans le jardin et dans la Cité, allai voir ma viole que je trouvai achevée et recouverte d'une couche de vernis, elle me plaira beaucoup une fois entièrement vernie.
            A la maison étudiai ma nouvelle règle jusqu'à en avoir la migraine. Dîner et visite du docteur et de Mr Creed.
            Le discours du docteur qui ( quoique ce soit un homme d'un fort bon naturel ) est bien naïf et nous divertit...........
            Nous nous quittâmes après le dîner et j'allai à Deptford, à pied. Trouvai sir William Penn. J'entrepris de cuber des planches que l'on était en train de livrer à l'arsenal. Ce que les gens remarquèrent et l'ouvrier qui cube le bois en était éberlué, car je le faisais beaucoup plus aisément que lui, et je crois que sir William Penn eut été heureux si j'avais été moins capable, ou l'autre davantage.
            Il s'en alla bientôt et je restai à parcourir l'arsenal, à causer avec les officiers, puis je rentrai à pied. En chemin fus arrêté par le jeune Bagwell et sa femme, me demandèrent le service de lui obtenir un meilleur vaisseau. Ce que je vais faire mine d'être disposé de faire pour eux, mais mon intention est de connaître un peu mieux sa femme.
            Quand ils m'eurent quitté je me rendis chez Cadbury, le fabricant de mâts, pour voir un lot de beaux mâts qu'à ce qu'il me semble il serait bon que nous achetions, et je suis résolu à en parler au Conseil.
            Puis à la maison. Mon frère et moi montâmes. J'allai faire de la musique et ensuite allai causer avec lui. Mais il ne m'apparut point si savant philosophe, du moins en ce qui concerne Aristote, que je l'avais cru, car il ne fut point capable de me donner la définition de feu, ni lesquelles des quatre qualités appartiennent à chacun des quatre éléments.
            Puis prières et au lit. Entre autres, je suis fort satisfait de ma nouvelle règle.


                                                                                                           8 août 1663
                                                                                                          portraitpeinture.fr
joan-miro-le-coq            Lever et à mon bureau. Envoyai chercher Brown le fabricant d'instruments de mathématiques. Il m'a fait une règle à mesurer le bois et d'autres choses si réussies, que je donnerais ma main à couper que je ne peux point en avoir de meilleure, et que nul ne peut en trouver d'aussi bonne, car celle-ci a été faite selon mes instructions. Puis réunion toute la matinée. La séance levée à midi je descendis sur la berge avec Mr Coventry. Je vois chez lui tant de probité et d'efforts pour bien servir le roi, que je l'admire de plus en plus. ..............
            Ensuite à la Bourse pour plusieurs affaires, et à la maison pour dîner. Dans l'après-midi emmenai mon frère John et Will à Woolwich par le fleuve. Nous restâmes un bon moment et mangeâmes des fruits dans le jardin des Sheldon, puis prîmes à pied le chemin du retour.
            Je posai maintes questions de physique à mon frère John, auxquelles il répondit fort mal ou point du tout. Par exemple au sujet des régions de l'air, il me dit qu'il n'en avait jamais entendu parler, car il n'avait jamais lu la philosophie d'Aristote, et Descartes ne reconnaît rien de tel. Je fus irrité de l'entendre dire cela. Mais je vais le mettre à l'épreuve pour voir ce qu'il a appris depuis son entrée à l'université.
            Il était tard lorsque nous pûmes quitter Greenwich pour Londres par le fleuve, la marée était contre nous et presque passée et donc, pour gagner du temps et ne pas être gêné par les ancres, je débarquai à Wapping, puis rentrai à pied à la maison, fort las d'avoir marché sur les pavés.
            Ce soir, sir William Batten et sir John Mennes sont rentrés de Portsmouth, mais je ne suis pas allé les voir.


                                                                                                                      9 août
                                                                                                   Jour du Seigneur
            Lever, quittai mon frère qui voulait aller de son côté et me rendis à l'office où entendis Mr Milles....... prêcher en prenant pour sujet l'autorité des pasteurs...........  Entre autres phrases orgueilleuses il dit que tel homme instruit avait coutume de dire que s'il venait à rencontrer ensemble  un ministre de la parole de Dieu et un ange, il saluerait d'abord le ministre, ce qui me sembla un peu trop arrogant.
            Aujourd'hui j'ai commencé à faire usage de la plume d'argent, que Mr Coventry m'a donnée, pour écrire ce sermon en prenant seulement en notes les points principaux en latin, et je pense que je continuerai de le faire. Puis à la maison et à mon bureau à relire mes résolutions. Ensemble chez sir William Batten pour dîner..............
          L'après-midi avec milady Batten que je pris par la main pour la guider par les rues à l'église
St Dunstan, non loin de chez nous..... et entendîmes un excellent sermon..... sur les paroles
 " Souviens-toi de la femme de Lot ". Retournâmes ensuite chez Mrs Russell......... Puis à la maison, et comme mon frère était sorti je me rendis à pied chez mon oncle Wight où restai, avec peu de plaisir cependant, à souper........
            Retour à la maison où veillai tard à interroger Will sur sa Bible en latin, ainsi que mon frère sur son grec. Puis prières et au lit.
            Cet après-midi j'ai été fort étonné par l'air sur lequel le clerc de la paroisse a chanté le psaume. Au début j'ai cru qu'il se trompait, mais c'est un bon chanteur et la paroisse savait fort bien le chanter et l'air était beau. Mais je m'étonne qu'il puisse y avoir un air de psaume que je n'avais jamais entendu.


                                                                                                                10 août

            Lever, quoique pas aussi tôt cet été que j'en avais l'habitude tout l'été passé, ce que je regrette. Et quoique la saison des levers matinaux soit fort avancée, je suis résolu à recommencer à me lever de bonne heure avant qu'elle ne soit tout à fait passée. A mon bureau pour me préparer à mon entrevue avec le Duc aujourd'hui.
            Peu après en barque à Whitehall et à St James, et je fus bientôt appelé dans le cabinet du Duc. Comme il était habillé on nous fit tous entrer pour le rejoindre et nous discutâmes de nos affaires. Cela terminé il se rendit à pied ( j'étais de ceux qui l'accompagnaient ) à Whitehall où il prit le canot-major pour se rendre à Woolwich. Quant à moi à la commission de Tanger où se trouvaient milord Sandwich, milord..........  Il fut question de fournir de l'argent à Mr Treviot. Et je regrette de voir qu'ils sont, quoiqu'ils ne l'aiment point, prêts cependant à lui en donner, au nom seulement de la civilité et en guise de compliment, quasiment sans s'attendre à ce qu'il en donne aucun compte.. Mais cela sera cause, rusé comme il est, que le roi devra sûrement payer cher la politesse de nos courtisans. Ensuite en carrosse avec milords Peterborough et Sandwich chez milord Peterborough. Et là après avoir passé une heure à regarder de beaux livres sur l'architecture italienne avec de belles gravures, ainsi que les arcs et flèches de milord Peterborough, dont il est grand amateur, nous nous mîmes à table. Milady descendit aussi dîner. Il y avait là Mr Williamson, qui est au service de sir Henry Bennet, que je trouve fort intelligent et accompli, quoique un peu imbu de lui-même.
            Puis me rendis chez Greatorex que je trouvai dans son jardin, et lui confiai ma règle pour qu'il y gravât un almanach et d'autres choses sur les plaques en laiton, ce qu'il termina un peu avant le soir, mais en bâclant la dernière partie, de sorte que je dois la lui faire refaire, si non ma règle ne me plaira pas.
            Voilà la folie qui me tient maintenant, c'est que tandis qu'autrefois rien ne me faisait davantage plaisir que de posséder des livres en abondance et de dépenser de l'argent pour en acheter et acheter toujours d'autres choses, maintenant que je suis devenu plus économe et que j'ai mis un frein à mes dépenses, ce qui me délecte à présent c'est que tout soit parfaitement soigné, et rien qui ne le soit ne peut me plaire, ce qui est une singulière folie.
            William Howe vint me rejoindre au sujet d'affaires. Nous parlâmes longuement de milord Sandwich. Il m'apprend que milord s'est coiffé d'une des filles de Mrs Becke chez qui il loge, de sorte qu'il dépense son temps et son argent pour elle. Il me dit que c'est une femme de très mauvaise réputation  et fort immodeste, ce qu'il a dit à milord. Mais malgré tout cela, milord passe toutes ces soirées avec elle, bien qu'il soit à la Cour dans la journée. Et le monde entier l'a remarqué. Et Pickering n'est là que pour servir de paravent....... et c'est pour cela que milord n'a pas davantage envie de partir à la campagne.......... J'en ai du regret, mais je n'en suis pas étonné, car c'est un homme d'un tempérament amoureux et il commence à prendre les mêmes libertés qu'il voit tout le monde prendre à la Cour..............
            Puis à la maison et examinai un exercice écrit par Will en latin avec mon frère. Ensuite prières et au lit.
            Ce soir je reçois une lettre de mon père qui me dit que ma femme rentrera à Londres cette semaine. Je m'étonne qu'elle revienne sans que j'en aie été mieux informé. Il m'apparaît qu'ils mènent ensemble une vie fort difficile depuis son arrivée, et je devrai faire usage de tout ce que j'ai en cervelle pour la remettre dans le droit chemin quand elle rentrera, ce qui, je le crains, sera difficile et cette pensée m'inquiète fort.


                                                                                                         11 août
caracolus.fr
            Lever et à mon bureau, où mon frère Tom vint bientôt. Je le tançai vertement car il néglige de voir les Joyce et de leur être agréable. J'avoue craindre qu'ils ne comprennent pas sa manière d'avancer ses affaires et qu'il ne réussisse pas dans son métier, bien qu'il me dise qu'il donne satisfaction à tout le monde et qu'il gagne de l'argent. Je ne le croirai pas avant d'avoir vu un état de ses comptes, que je lui ai ordonné de m'apporter avant que j'accepte de le revoir.
            Au bureau réunion toute la matinée. A midi à la Bourse où rencontrai le Dr Pearse. Il me dit que le roi revient aujourd'hui de Tunbridge pour un ou deux jours avant de retourner  pour ramener la reine. Celle-ci, dit-il, est devenue une personne fort enjouée qui à présent l'embrasse et va à sa rencontre au galop sur la route, et fait tout ce que peut faire une dame agréable et aimante. Il pense qu'il s'entretient de temps en temps avec Mrs Stuart, mais qu'elle n'est guère dangereuse, car ce n'est qu'une jeune fille innocente et sans expérience. Quant à milady Castlemaine, qui gouverne le roi pour les affaires d'Etat et fait de lui ce qui lui plaît, il croit qu'elle est à présent en train de tomber en disgrâce. Après son retour la reine se rendra à Bath et ensuite à Oxford où l'on prépare pour elle de grands divertissements.
            J'apprends aussi aujourd'hui qu'ont été lancés des mandats contre milord Bristol pour le mener à la Tour, mais il s'est enfui ou se cache si grand est l'avantage que le chancelier a remporté sur lui.
            A la Bourse mon frère et Will m'apprennent que Mrs Turner voudrait venir dîner avec moi aujourd'hui, je rentrai donc en hâte à la maison. Je la trouvai en compagnie de Mrs Morrice                 ( Théophilia et Joyce sont parties à la campagne, ce qui explique que la mère se promène ). Je leur fis préparer un dîner. Après le dîner mon oncle Thomas et ma tante Bell vinrent me voir et  je les saoulai mais presque avec du vin ce qui les mit de fort aimable humeur ( mais je ne les fis pas monter voir ces dames ), puis ils s'en allèrent. Alors mes deux dames et moi montâmes dans la voiture de Mrs Turner et nous rendîmes chez Mr Povey. Il était absent mais nous entrâmes et je montrai à Mrs Turner sa perspective et sa volière, ainsi que les belles choses qu'il fait à présent construire et qui sont fort élégantes. De là au Temple et par le fleuve à Westminster. Là avec Mrs Morrice chez sir Robert Long pour chercher une de ses nièces, mais elle était sortie, puis reprîmes une barque et descendîmes jusqu'au Pont où nous essayâmes de trouver une soeur de Mrs Morrice, mais elle n'était pas là non plus et donc nous passâmes le Pont et je les fis monter à bord du bateau de plaisance du roi. Nous passâmes tout le chemin à lire un livre de recettes pour faire de bons plats et des confiseries. Entre autres une " Pour faire moi-même mon eau de senteur ", qui nous fit bien rire.
               Je les débarquai à Greenwich. Là les emmenai dans un jardin et les régalai de fruits et de vin, puis retour au bateau. Finalement à la fraîche arrivâmes au quai du Lion. La marée était contraire et nous accostâmes donc et marchâmes jusqu'au Pont où nous prîmes un fiacre qui, par chance, passait par là. Je les raccompagnai donc chez elles et mangeai du gibier froid et bus avec elles puis leur souhaitai bonne nuit, après m'être fort amusé en leur compagnie. Je crois qu'il n'est pas mauvais d'entretenir, quoiqu'il m'en coûte un peu, une amitié telle que celle de Mrs Turner.
            A la maison et au lit, l'esprit occupé par tout ce que je dois faire demain pour tout préparer en vue du retour de ma femme, comme par exemple acheter un lit, car mon frère John est ici et je n'ai plus à présent de lit supplémentaire qui ne soit pas utilisé.


                                                                                                        12 août 1663

            Lever et un moment à mon bureau pour rédiger le journal d'hier, et sortis acheter un lit et autres.
            Retour à la maison et installé le lit et d'autres choses pour le retour de ma femme. Puis je sortis, me rendis dans divers endroits et chez Mrs Turner, car elle m'avait invité hier soir, et dînai là avec aussi Mrs Morrice et une autre personne que je ne connaissais pas. Ce fut très gai et on nous servit un bon dîner. Je les quittai et me rendis à Whitehall où réunion pour la commission de Tanger.
Firent de nombreux changements sans pourtant, je pense, rien améliorer........ Les lords s'opposaient à tout ce qui semblait un peu brutal, alors qu'il s'agissait d'argent et de comptes, et leur courtoisie pouvait coûter cher au roi.
            Seulement je vois bien en les observant que lorsqu'il s'agit d'écrire sur des questions qui déplaisent à la personne qui recevra la lettre, il vaut mieux le faire de la manière le plus simple et sans ambages ni raisonnements, et dire les choses tout de go en laissant la personne saisir ce que l'on veut dire.
            Ensuite par le fleuve chez mon frère où j'apprends que ma femme est rentrée à la maison et que mon père est lui aussi à Londres, ce qui m'étonna. Mais j'entendis que c'était pour donner à mon frère des conseils sur ses travaux de construction, et peut-être aussi pour me rassurer sur les différends qui ont existé entre ma femme, lui et ma mère.
            Cependant quand il vint peu après chez Mr Holder, pour acheter un chapeau, il ne me fit aucune remarque. Je fis une courte promenade avec lui et le laissai passer la nuit dans ce quartier de la ville, et je rentrai à la maison. Là je trouve ma femme qui, me semble-t-il, me bat froid. Je crois que c'est parce qu'elle ne savait pas de quelle humeur elle me trouverait, mais je lui dis des paroles affectueuses et nos retrouvailles furent tendres. Elle ne put cependant s'empêcher de me conter de quelle manière elle avait été traitée par eux et sa dame de compagnie Miss Ashwell, à la campagne. Mais je vois qu'il vaudra mieux ne pas examiner la question, car je la crois aussi fautive, et j'essaie donc de n'y point prêter l'oreille.
            Ensuite au lit où jouis d'elle avec grand contentement. Puis nous nous endormîmes.


                                                                                                                13 août
                                                                                                                                 pinterest.fr
Résultat de recherche d'images pour "miro peinture dessins"            Grasse matinée avec ma femme à causer affaires de famille. Puis lever et au bureau, réunion toute la matinée. Dîner à la maison, après nous parlâmes de nouveau d'engager deux bonnes servantes et de nous séparer de Miss Ashwell, ce qui me tourmente à cause de son père, et pourtant je serai content de ne plus avoir à payer une dame de compagnie. Puis un moment au bureau et sortis avec ma femme. Par le fleuve à Whitehall et dans les appartements de milord rencontrai milady Jemima avec qui nous demeurâmes un bon moment. De là chez Mrs Hunt où je laissai ma femme. J'allai me promener un peu dans le parc de St James.......... Je rencontrai Mr Howell que j'ai connu à Magdalene College........ à parler de sir Samuel Morland, dont la femme est partie en France. Il semble qu'il achète des terres et une ferme à la campagne et dépense de l'argent à bâtir et Dieu sait quoi d'autre. De sorte que la plus grande partie de l'argent qu'il a tiré de la vente de sa pension de 500 livres à sir Arthur Slingsby est, pense-t-on, envolée. Il semble que le roi lui ait fait de très grandes promesses.
            Dans le parc je rencontrai Mr Coventry. Il envoya quérir une lettre qu'il venait de m'écrire où il en avait joint une du commissaire Pett qui se plaignait......... De voir comme il s'y était pris et comme il se plaignait que nous l'eussions, contrairement à nos promesses, abandonné, nous fit bien rire.......... Mais je vois que Pett a cessé de correspondre avec moi
             J'allai ensuite chercher ma femme chez Mrs Hunt, son mari était rentré. Nous mangeâmes et bûmes, puis partîmes. Leur enfant était à la maison, il est très vif, mais point joli du tout. Par le fleuve chez Mrs Turner à qui nous fîmes une courte visite, et à la maison en fiacre.
            Après le souper, prières et au lit. Avant d'aller au lit Miss Ashwell commença à se plaindre, et je m'aperçois à l'entendre qu'elle a été traitée de manière fort indigne par ma femme, ce que celle-ci nie sottement, mais il est impossible que cette fille invente avec une telle précision des faits et des paroles auxquels ma femme n'a rien d'autre à opposer que des dénégations formelles, ce que je suis chagrin d'entendre. Des coups ont été échangés, ainsi que des paroles acerbes jusque dans le château d'Hinchingbrooke devant les gens de milady, ce dont j'ai grand-honte.
            Je ne dis rien ni à l'une ni à l'autre, mais les laissai parler, jusqu'à ce que Miss Ashwell partit et nous eût laissés au lit. Puis je dis à ma femme ce que je pensais en peu de mots et avec tristesse, et nous nous endormîmes.


                                                                                                          14 août

            M'éveillai et réprimai ma femme derechef, et il m'apparaît qu'elle a trop haute opinion d'elle pour être mise au pas. Et il n'est pas possible sans inconvénient de garder Miss Ashwell plus longtemps. Ma femme est à ce point décidée et appliquée, comme elle l'était pour Sarah, à la faire paraître pour une menteuse à la moindre occasion que nous n'aurons point de paix tant qu'elle sera là.             Me levai et à mon bureau. A midi dîner à la maison, mon estomac comme moi ayant laissé passer l'heure, il était plus de 2 heures. Cependant avant que nous eussions pu nous mettre à table, Mrs Harper et sa cousine Jane arrivèrent et nous fûmes longtemps à négocier et à parler de sa venue auprès de ma femme comme femme de chambre. Je pense qu'elle fera bien l'affaire. Elles s'en allèrent et attendent d'être avisées de la date où elle viendra.
            Nous nous mîmes à table à presque 4 heures. Je me rendis ensuite à pied chez mon frère où je trouvai mon père qui est mécontent et n'a aucune envie de venir chez moi et voulus commencer à me conter certains différends entre ma femme et lui. Mais je ne voulus rien entendre et suis bien fâché de ma sottise, causse de tout cela, et de la leur de ne m'avoir point avisé dès le début........ Nous nous quittâmes fort affectueusement, et il dînera avec moi demain ou après-demain.
            Rentrai à pied à la maison faisant plusieurs courses en chemin. Une fois rentré emmenai ma femme rendre visite à sir William Penn qui boîte toujours fortement et après avoir passé une heure avec lui rentrâmes chez nous, souper et, avec grand contentement, au lit.


                                                                                                                15 août 1663

            Me levai tard car je suis un peu incommodé par une douleur causé par le vent et le froid, puis levé l'esprit en paix, avec l'espoir que ma femme va s'occuper de sa maison et de ses serviteurs.
            Au bureau et comme il était trop tôt pour la réunion allai voir ma viole, qui est presque achevée et je crois qu'elle pourra être chez moi, à mon idée, la semaine prochaine. Puis au bureau réunion toute la matinée et fort embesogné. Il était 2 heures quand je pus aller dîner.
            Après le repas me rendis à pied chez mon fabricant d'instruments de mathématiques, repris ma règle qu'il vient de graver et maintenant si bien parachevée que je crois que je n'aurai jamais ni le besoin ni le désir d'en avoir une meilleure sur quelque point que ce soit, ni ne penserai jamais que quiconque avant moi eût pu en avoir une aussi propre à tous usages que j'en ai fait.
            A Deptford par le fleuve, pris dans ma barque Mr Palmer que je connaissais et sa femme, qui étaient aussi des amis de ma femme du début de notre mariage au temps de notre brouillerie lorsqu'elle logeait à Charing Cross. Il me félicita de ma prospérité, quant à lui il semble forcé d'exercer la profession de juriste de façon commune et ordinaire, mais il paraît vivre bien et c'est un homme fort sérieux dans ses propos. A Deptford il vit, en raison du respect que me montrent les officiers un exemple de mon autorité et en fit la remarque. Et pourtant Dieu sait comme j'espère ne jamais laisser les honneurs me tourner la tête, mais au contraire ne désire d'autre renommée que celle de bien servir le roi et de faire mon devoir.
            Je parcourus le chantier un moment et parlai avec les officiers et rentrai à la maison par le fleuve en méditant sur ma nouvelle règle avec grand plaisir. A mon bureau travaillai à la lueur de la chandelle. Puis à la maison, souper et, au lit.


                                                                     à suivre................

                                                                                                         16 août............








         
         
         


                                                                                             

  

samedi 10 août 2019

Le Nom Germain Nouveau ( Poème France )



Résultat de recherche d'images pour "amour valentin"
ange-paradis.com


                              Le Nom

            Je porte un nom assez... bizarre,
            Tu diras : " Ton cas n'est pas rare "
             Oh!... je ne pose pas pour ça,
             Du tout... mais... permettez, Madame,
             Je découvre en son anagramme :
             Amour ingénue, et puis : va !

             Si... comme un régiment qu'on place
             Sous le feu... je change la face...
             De ce nom... drôlement venu,
             Dans le feu sacré qui le dore,
             Tiens ! regarde... je lis encore :
              Amour ignée, et puis : Va, nu !
                 
              Pas une lettre de perdue !
              Il avait la tête entendue
              Le parrain qui me le trouva !
              Mais ce n'est pas là tout, écoute !
              Je lis encor, pour Toi, sans doute :
              Amour ingénu, puis : Eva !

              Tu sais... nous ne sommes... peut-être
               Les seuls amours... qu'on ait vus naître ;
               Il en naît... et meurt tous les jours ;
               On en voit sous toutes les formes,
                Et petits, grands... et même énormes,
                Tous les hommes sont des amours.

                 Pourtant... ce nom me prédestine...
                 A t'aimer... ô ma Valentine !
                 Ingénument, avec mon corps,
                 Avec mon coeur, avec mon âme,
                 A n'adorer que Vous, Madame,
                 Naturellement, sans efforts.

                  Il m'invite à brûler sans trêve,
                  Comme le cierge qui s'élève
                  D'un feu très doux à ressentir,
                  Comme le cierge dans l'Église ;
                  A ne pas garder ma chemise,
                  Et surtout... à ne pas mentir.

                   Et si c'est la mode qu'on nomme
                   La compagne du nom de l'homme,
                   J'appellerai ma femme : Eva.
                   J'ôte E je mets lent, j'ajoute ine
                   Et cela nous fait : Valentine !
                   C'est un nom chic ! et qui me va !

                   Tu vois comme cela s'arrange.
                    Ce nom, au fond, est moins étrange
                    Que de prime abord il n'a l'air.
                    Ses deux majuscules G. N.
                     Qui font songer à la Géhenne
                     Semblent les Portes de l'Enfer !

                      Eh, bien !... mes mains ne sont pas fortes,
                      Mais Moi, je fermerai ces Portes,
                      Qui ne laisseront plus filtrer                                               123rf.com
                       Le moindre rayon de lumière,
                       Je les fermerai de manière
                       Qu'on ne puisse jamais entrer.

                        En jouant sur le mot Géhenne
                        J'ai, semble-t-il dire, la Haine,
                        Et je ne l'ai pas à moitié,
                        Je l'ai, je la tiens, la Maudite !
                        Je la tiens bien, et toute, et vite,
                        Je veux l'étrangler sans pitié !


                         Puisque c'est par Elle qu'on souffre,
                         Qu'elle est la bête aux yeux de soufre,
                          Qu'elle n'écoute... rien du tout,
                          Qu'elle ment, la sale mâtine !
                           Et pour qu'on s'aime en Valentine
                           D'un bout du monde à l'autre bout.


                                   Germain Nouveau
                                            

mardi 6 août 2019

Ghost in Love Marc Lévy ( Roman France )


amazon.fr


                                          Ghost in Love 

            Thomas, pianiste parisien, entre deux concerts à l'étranger, rend visite à sa mère. Dans ce bel appartement haussmannien, sur les conseils maternels il se rend dans la bibliothèque à la recherche d'un paquet de cigarettes. Erreur volontaire, ou indifférence il fume, quelques bouffées mais elles suffisent, ces cigarettes au goût violent, interdites. Sous le choc peut-être, il voit son père, mort depuis cinq ans, assis dans son fauteuil préféré. Séparé de sa mère depuis dix ans, Raymond a une requête qui lui tient à coeur. Bien que Thomas s'en défende il converse avec son père, l'avoue à sa mère qui, bonne vivante, a de longue date accepté les écarts de son ex-époux. Pensant que l'effet des quelques bouffées seront bientôt effacées il se rend salle Pleyel où il joue ce soir-là. Quelques mesures sautées, un chef d'orchestre furieux et Rachmaninoff égratigné entre autres, ont empoisonné la soirée. Raymond était là, souriant, assis sur les genoux d'une spectatrice. Raymond connu pour ses nombreuses conquêtes, est un fantôme amoureux, têtu, bougon, chirurgien de son vivant, autoritaire. Un fantôme amoureux d'une femme avec qui, hors des rencontres avec leurs enfants autour d'un manège, et 20 ans de rapports uniquement épistolaires. Le mari de Camille suspicieux a préféré transféré sa famille à l'autre bout de la planète. Et c'est à San Francisco que Thomas doit porter les cendres de ce père-fantôme-amoureux où Camille sera incinérée deux jours plus tard, et alors que le pianiste devra se produire à Varsovie. Le dialogue père-fils est drôle. le rapport enfant-parents assez juste. L'enfant reprochant au père sa froideur celui-ci réplique " tu n'aimais que ta mère ". Thomas nerveux, coincé, il craint la présence du fantôme lors de ses concerts, Raymond goguenard, le voyage en avion est savoureux. Et toujours la mise au point entre les deux générations. A San Francisco logement chez l'habitant et circulation dans la ville jusqu'au Columbarium. Raymond ronchon refuse de répondre sur cet " après " s'il existe vraiment, qui interdit les explications sur les restrictions au fantôme amoureux, enfin tout renseignement sur l'au-delà, mot qualifié de foutaise par le mort-fantôme. Déambulation, rencontres, messe très musicale et colorée. Drôle, il y a de l'esprit presque à chaque page. Pour tous, absolument.













vendredi 2 août 2019

Comment savoir si VOTRE CHAT CHERCHE A VOUS TUER Matthew Inman ( BD EtatsUnis )


   theoatmeal.com     


                                                   Comment savoir si
                                                                                                 
                                       Votre CHAT cherche à vous tuer
                                                                                                                                                                                                                                                                                           
             Délicieux, drôle et réaliste. Matthew Inman web designer à Seattle propose sur son blog Theoatmeal  des histoires de chats. Millionnaire en... visites, primé par le NewYork Times, voici réunies les aventures de deux tyrans Jacky voluptueux et gourmand chat joliment cravaté et son compère dans les rôles de DRH, ou presque, chats rêveurs, mais surtout hostiles à l'ordinateur accapareur de toute l'attention d'un maître oublieux des câlins obligatoires. Les attitudes et les réactions du chat sont à elles seules un ticket d'entrée pour l'album. Bien sûr il faut les aimer ces chats d'appartement, quoique, l'humour sélectionne aussi ses lecteurs.

                       theoatmeal.com                                                                   

La dernière des Stanfield Marc Lévy ( Roman France )


amazon.com


                                                         La dernière des Stanfield

            L'avant-dernier roman de Marc Lévy, le18è en 17 ans. Eléanore-Rigby journaliste au National Geographic, a 35 ans, habite Londres. Son frère jumeau, homme délicat, grand lecteur travaille dans une bibliothèque et vit en couple avec Véra la directrice de son bureau. Maggie leur soeur cadette, 34 ans en relation avec Fred. Michel et Maggie vivent en banlieue pas très éloignés de leur père qu'ils aiment tous trois, veuf. Ce jour-là Rigby reçoit une lettre anonyme qui lui conseille de chercher le trésor que leur mère, morte brutalement au restaurant le visage dans sa coupe dessert, a caché. Le secret lui est fortement conseillé, Un trésor ? Le secret de la lettre sera vite partagé, le doute s'installe. Et les trois enfants s'aperçoivent, entre deux discussions un peu vives qu'ils ne connaissent presque rien du passé de leur mère avant leur naissance. Pourquoi ce silence, pudeur, indifférence. De chapitre en chapître l'auteur creuse les sentiments de cette famille et les découvertes que chacun gardait. Et de nouveaux personnages apparaissent que la mère Sally-Ann a pu connaître. 1943. Aux EtatsUnis un jeune homme décide de s'engager, contre la volonté de ses parents. Robert Stanfield. En contact avec la résistance, il se retrouve dans la forêt de Montauban, où il rencontre Sam Goldstein galeriste important américain et sa fille Hannah, cachée épisodiquement, au fond d'un tunnel dans une cave. Des incidents dramatiques, des fuites, un bateau à Tanger et retour aux EtatsUnis. Qui sont les Stanfield ? La société des grands collectionneurs de tableaux, microcosme où tout se sait. Peu à peu les recherches se creusent, sans découvertes, si ce n'est que maman Sally est en fait née à Baltimore, a mené une vie de femme libre, têtue et amoureuse d'hommes et d'une femme, May qui a eu un fils, mais qui est le père, question que Georges-Harrison ( double hommage aux Beattles avec Rigby ) se pose, il a 35 ans est menuisier à Magog, dans un coin de forêt canadienne, et reçoit une lettre anonyme similaire à celle que Eléanore-Rigby reçut à Londres. Qui est le corbeau ? Quels sentiments vont ressurgir, poussés par le désir de connaître le passé de leurs parents, les ramifications vont les éloigner et les rapprocher s'ils trouvent la solution, le trésor caché, et les secrets de famille. Ce gros roman tient bien son lecteur. Bien écrit il ne le laisse pas du tout indifférent. 

Rondeau 271 Ballade 43 Rondeau 273 Charles d'Orléans ( Poèmes France )

Afficher l'image d'origine
phil-ouest.com
 

                                      Rondeau 271
  
            Pourquoi faut-il que ce soit plutôt moi
            Qui supporte la pression de Fortune ?
            Partout je crie : " Réconfort ! Réconfort ! "
            Mais c'est en vain : je n'ai pas de réponse.

            Dois-je toujours naviguer sur les fonds
            Du pur chagrin, sans venir à bon port ?
            Pourquoi faut-il que ce soit plutôt moi
            Qui supporte la pression de Fortune ?
                                                                                                             
            J'appelle aussi, cherchant dans tous les coins,                                video-streaming.orange.fr 
Afficher l'image d'origine            Loyal Espoir, mais je pense qu'il dort,
            Ou fait semblant, je crois bien, d'être mort.
            J'ignore où sont Espoir et Réconfort :
            Pourquoi faut-il que ce soit plutôt moi ?


                                            Rondel Orleans

            Pourquoy moy, plus que les autres ne font,
            Doy je porter de Fortune l'effort ?
            Partout je vois criant : " Confort ! Confort ! "
           C'est pour nient : jamais ne me respont.

            Me couvient il tousjours ou plus parfois
            De dueil nager, sans venir à bon port ?
            Pourquoy moy, plus que les autres ne font ?

            J'appelle aussi, et en bas et amont,
            Loyal Espoir, mais je pense qu'il dort,
            Ou je cuide qu'il contrefait le mort.
            Confort n'Espoir, je ne sçay ou ilz sont :
            Pourquoy moy, plus que les autres ne font ?


                                                    Charles d'Orléans


********************************

Afficher l'image d'origine
123rf.com

                                              Ballade 43

            Mon coeur est devenu ermite
            A l'ermitage de Pensée,
            Car Fortune, la très odieuse,
            Qui le hait depuis des années,
            A récemment fait alliance
            Avec Tristesse contre lui :
            Elles l'ont banni d'Allégresse.
            Il est interdit de séjour
            Sauf au bois de Mélancolie.
            Il se plaît à y habiter :
            Je lui dis que c'est insensé !

            Je lui ai dit beaucoup de choses,
            Il ne les a pas écoutées.
            Mon discours ne lui sert à rien,
            Son intention est arrêtée :
            La changer serait malaisé.
            Il se règle sur Anxiété
            Qui, contre son profit, ne cesse
            Nuit et jour de le conseiller.
            Elle l'accompagne si bien
            Qu'il ne peut quitter son tracas :
            Je lui dis que c'est insensé !
                                                                                                                                cetad.cef.fr
Afficher l'image d'origine            Sachez donc - je fais mon devoir -
            Belle, aimée très loyalement,
            Que, s'il n'a de lettre ou de nouvelle
            Ecrite ou adressée par vous,
            Qui puisse alléger sa douleur,
            Il a fait le voeu et promis
            De renoncer à la richesse
            De Plaisir et de Pensée Tendre,
            Puis de porter toute sa vie
            La tenue de Désolation :
            Je lui dis que c'est insensé !

                                           Envoi

            Si ce n'est pas vous, belle unique,
            Mon coeur, quoi que j'aille lui dire,
            Refuse d'être consolé :
            Je lui dis que c'est insensé !


                                          Balade XLIII

            Mon cueur est devenu hermite
            En l'ermitage de Pensee
            Car Fortune, la tresdepite,
            Qui la hay mainte journee, 
            S'est nouvellement alïee
            Contre lui aveques Tristesse,
            Et l'ont banny hors de Lyesse.
            Place n'a ou puist demourer
            Fors ou boys de Merencolie.
            Il est content de s'i logier ;
            Si lui dis je que c'est folie.

            Mainte parolle lui ay ditte,
            Mais il ne l'a point escoutee.
            Mon parler riens ne lui proufite,
            Sa voulonté y est fermee :
            De legier ne seroit changee.
            Il se gouverne par Destresse
           Qui, contre son prouggit, ne cesse
           Nuit et jour de le conseiller.
           De se pres lui tient compaignie
           Qu'il ne peut ennuy delaissier ;
            Si lui dis je que c'est folie.

            Pource sachiez, je m'en acquitte,
            Belle tresloyaument aimee,
            Se lectre ne lui est escripte
            Par vous ou nouvelle mandee,
            Dont sa doleur soit allegee,
            Il a fait son veu et promesse
            De renoncer a la richesse
            De Plaisir et de Doulx Penser
            Et aprés ce, toute sa vie,
            L'abit de Desconfort porter ;
            Si lui dis je que c'est folie.

                                   L'envoy

            Se par vous n'est, belle sans per,
            Pour quelque chose que lui die,
            Mon cueur ne se veult conforter ; 
            Si lui dis je que c'est folie.

                                                Charles d'Orléans


*****************************
Afficher l'image d'origine
exposition.bnf.fr
                                                Rondeau 273

            C'est à se briser la tête
            De réprimander Fortune
            Qui ne se résout à rien.

            Il faudrait être bien bête
            C'est à se briser la tête
            De réprimander Fortune.

            Vient-elle à donner sa fête,
            Elle fait danser les uns ;
            Les autres, elle les maltraite :
            C'est à se briser la tête.


                                       Rondel Orleans

            C'est pour rompre sa teste
            De Fortune tanser,
            Qui a riens ne s'areste.

            Trop seroit fait en beste :
            C'est pour rompre sa teste.

            Quant elle tient sa feste,
            Lez aucuns fait danser
            Et les autres tempeste :
            C'est pour rompre sa teste.


                                         Charles d'Orléans    
            
   

         



samedi 27 juillet 2019

Contrerimes IV Paul-Jean Toulet ( Poèmes France )


Image associée
amazon.fr



                                         Contrerimes
                                                                    Princes de la Chine ( suite )

            b )  Mgr Pou n'aime ici bas
                           Que le sçavoir antique,
                   Ses aïeux, et la politique
                            Du Journal des Débats.                                     miammiam63.skyrock.com
Image associée

                    Elle qui naquit sous le feutre
                             Des chevaliers mandchous,
                    Sa femme a le coeur dans les choux :
                              Dieu punisse le neutre !     

                     Mgr Pou, mauvais époux,
                               Tu cogites sans cesse.
                      Pas tant de g. pour la Princesse :
                                Fais-lui des petits Pous.

            c )    Sous les pampres de pourpre et d'or,
                              Dans l'ombre parfumée,
                     Ivre de songe et de fumée,
                               Le Prince Lou s'endort.

                                                     
                                                                   Paul-Jean Toulet

                   

samedi 20 juillet 2019

Le vent reprend ses tours Sylvie Germain ( Roman France )


amazon.fr

                                               Le vent reprend ses tours

            Nathan observe un drôle d'oiseau, un ibis peut-être, en fait non. Nathan interpelle l'homme-oiseau monté sur des échasses, affublé d'un masque au long bec. Nathan a des problèmes d'élocution, est souvent moqué en classe. Mais le quadragénaire et l'enfant, il a neuf ans, se lient d'amitié. L'enfant, fils unique d'une mère surprise par l'arrivée de ce petit garçon, arrivée inracontable, hors de l'ordinaire " Grossesse escamotée....... Son corps lui est devenu aussi étranger que l'enfant qu'il avait dissimulé...... " Nathan aime la solitude, pas du tout les quelques jours de vacances annuelles chez ses grands-parents maternels, enfance sans père, il se promène dans les rues de Paris, observe. Mais la mère et le fils se parlent peu, plus tard ils se reprocheront leur distance, leur manque de compréhension réciproque, et de ce fait le rapprochement, l'amitié nouée entre Nathan et Gavril. Amitié prudente d'abord de l'homme. Il parle une langue rugueuse avec un accent qui le situe loin. Gavril est prudent, il craint des confidences mal interprétées, et un jour c'est l'accident. L'auteur utilise les allers-retours pour nous raconter surtout la vie de Gavril. Rom ou tzigane par sa mère, il connaît les guerres, les déportations. Sylvie Germain rappelle qu'en Roumanie les Roms furent arrêtés et déportés. Camps allemands, camps russes. Quel est leur espace, où leurs terres ? Gavril enfant a été récupéré par un grand-père roumain aussi mais depuis plusieurs générations propriétaire terrien. A Paris " Gavril était un grand marcheur, et lecteur. Il déambulait dans la ville comme dans un livre, il la feuilletait dans tous les sens. Il considérait en effet les villes à l'égal de livres débrochés, aux pages éparses....... " Gavril cite les poètes et nourrit Nathan de poésies " Il était une sorte d'anthologie poétique vivante........- On prétend que les plus beaux poèmes sont ceux que l'on n'a pas écrits......... "
            Plus tard à la suite de l'accident, et pour en finir avec la haine qu'il voue à sa mère, Nathan refait le parcours de Gavril. Voyage initiatique. De la côte normande à Timisoara, de l'Ukraine aux forêts roumaines, Nathan libéré de toute attache matérielle cherche. Et chacun trouve dans ce livre toute la complexité de vie des migrants et de chacun. Bonne lecture


































mercredi 17 juillet 2019

Mozart Lettres à sa soeur 15 ( Correspondance Allemagne )

Résultat de recherche d'images pour "mozart tartine de beurre partition"
artmajeur.com


                                  Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg

                                                                                                             Milan 26 décembre 1772
                                                                                                           
            Nous venons juste de finir de déjeuner chez madame d'Asti d'où j'écris maintenant, elle vous fait ses compliments. Dans 2 ou 3 heures commence l'opéra. Dieu nous aide ! La répétition générale avant-hier a si bien marché que nous espérons un grand succès. La musique elle-même dure 4 heures, sans les ballets............... La De Amicis est notre meilleure amie. Elle joue et chante comme un ange et est très heureuse que Wolfgang l'ait si bien servie. Vous seriez bien étonnées de l'entendre, de même que tout Salzbourg ! Nos compliments à vous, à nos bons amis et amies à la maison et au-dehors, nous vous embrassons 10 000 fois, et je suis, en hâte, le vieux
                                                                                                                   Mzt


                                   Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg

                                                                                                             Milan 2 janvier 1773n

            Bonne année !
            J'ai oublié la dernière fois de vous souhaiter le nouvel an. En effet j'étais non seulement pressé, mais également distrait et ailleurs par la pensée, car j'écrivais juste avant de me rendre au théâtre. L'opéra s'est bien passé, malgré divers incidents contrariants qui se sont produits le premier soir. D'abord l'opéra qui commence généralement une heure après l'Angélus n'a débuté que 3 heures plus tard, c'est-à-dire vers 8 heures seulement, à l'heure allemande, pour ne se terminer qu'à 2 heures du matin. L'archiduc qui n'avait fini de déjeuner que peu avant l'Angélus, avait encore à écrire de sa propre main 5 lettres de voeux de nouvel an à S. M. l'Empereur et à l'Impératrice, et N.B. il écrit très lentement.
            Imagine-toi maintenant le théâtre si plein dès 5 heures et demie, que personne ne pouvait trouver de place. Les chanteurs et chanteuses sont toujours dans les affres le premier soir d'avoir à se produire devant un public si distingué, et durant 3 heures leur inquiétude ne fit qu'augmenter.. L'orchestre et le public impatients et échauffés durent attendre, en partie, debout que l'opéra puisse commencer.
            Deuxièmement - Il faut savoir que le ténor que nous avons dû engager est un chanteur d'une église de Lodi qui ne s'est jamais produit sur une scène aussi prestigieuse. Il n'a joué un rôle de primo ténor que deux fois à Lodi et n'a été engagé que 8 jours avant la création de l'opéra. Dans le premier air de la prima donna celle-ci le pousse à faire un mouvement de colère. Il exagéra tellement ce geste qu'il sembla vouloir la gifler ou lui arracher le nez avec son poing, ce qui fit rire le public. Dans le feu de l'action Sigra De Amicis ne remarqua pas tout de suite pourquoi le public riait, elle se crut visée et ne comprit tout d'abord pas de qui on se moquait, si bien qu'elle chanta mal toute la soirée. D'autant plus que la jalousie s'en mêla car l'archiduchesse applaudissait dès que le primo uomo paraissait sur scène. C'était un tour du castrat. Il s'était arrangé pour qu'on rapporte à l'archiduchesse qu'il avait un tel trac qu'il ne serait pas en état de chanter, à moins que la cour ne lui donne du courage en l'applaudissant. Pour consoler la De Amicis Leurs Altesses Royales la convièrent à la cour dès le lendemain et lui accordèrent une audience d'une heure entière. C'est alors seulement que l'opéra commença à bien marcher. Le théâtre est d'habitude assez vide pour le premier opéra de la saison, mais il a été si bondé les 6 premiers soirs ( aujourd'hui la 7è ) qu'on pouvait à peine s'y glisser. La prima donna remporte généralement le plus grand succès et doit bisser ses airs. Madame d'Asti, chez qui j'écris à présent, vous adresse ses compliments et vous souhaite une bonne année. Nous faisons nos compliment à tous nos bons amis à la maison et au-dehors. Nous vous embrassons 1 000 000 de fois et je suis le vieux
                                                                                  Mzr
            Wolfgang vous adresse ses compliments tout particuliers. Nous sommes en bonne santé,
Dieu soit loué.   

................................................
 

                           Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
             
 clairedelavarene.com                                                                   Vienne 14 août 1773
Image associée
            J'ai reçu aujourd'hui ta lettre du 10......... Quand reviendrons-nous ?.................
            Après de fortes pluies il fait enfin beau et, depuis quelques jours, la chaleur est extrême. Les Mesmer et tout leur clan vous font leurs compliments, de même que les 2 Mme Fischer. Nos compliments à tous nos bons amis et amies, à la maison et au-dehors, nous vous embrassons
100 000 000 de fois et je suis le vieux
                                                                                         Mzt
.......................

 Post-Scriptum de Mozart à sa soeur
            si le temps le permet
            J'espère, ma reine, que tu jouis du plus haut degré de bonne santé et que, malgré tout, de temps à autre, ou plutôt parfois, ou mieux encore plusieurs fois, ou encore mieux qualche volta comme disent les Italiens, tu daigneras me consacrer quelques-unes de tes sublimes et profondes pensées. Elles jaillissent toujours de ce raisonnement admirable et si sûr que tu possèdes, avec la beauté, au plus haut point, bien que de si tendres années, et chez une personne du beau sexe, on n'en exige guère. Mais toi, ô ma reine, tu en es douée au point de remplir de confusion tous les hommes, et même les vieillards. Adieu
            ( Voilà quelque chose de sensé ! )
                                               
                                                                                Wolfgang Mozart

......................................................


                          Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
             
                                                                                                    Vienne 4 septembre 1773

            C'en est fait des pauvres jésuites ! Je dis pauvres car seuls ceux qui avaient les faveurs de la cour, les rabbins en quelque sorte, et tout le " corpus religionis " peuvent être considérés comme riches. Mais les simples particuliers n'avaient rien.
            Le couvent des jésuites, Auf dem Hof, doit être vidé le 16 courant. Leurs biens, leurs caves avec le vin, bref tout ce qu'ils possèdent est déjà scellé, l'ordre est suspendu. Ils peuvent porter l'habit des prêtres séculiers et on dit qu'ils recevront chacun 300 florins par an, ce qui n'est pas si mal S'ils obtiennent de dire des messes, ceux qui sont jeunes peuvent prendre une jolie chambre et une servante soignée. Ils n'auront guère autre chose à faire, car on ne veut plus qu'ils fassent de sermons, ni entendent de confessions. Tout le monde est très attristé et j'ai entendu dire qu'un " bref " du pape sera imprimé, il sera alors interdit, sous peine d'être mis au ban de l'Eglise, d'écrire des pamphlets contre la suppression des jésuites, on n'aura même pas le droit d'en " discuter ". De nombreux bons chrétiens sont toutefois d'avis que S.S. le Pape ne peut rien leur imposer en dehors des questions de foi et qu'ils sont même libres de dire qu'on aurait laissé les jésuites en paix s'ils avaient été aussi pauvres que les capucins. A Rome on a déjà confisqué leurs biens ad pias causas, et c'était très facile  en effet si le pape les confisque lui-même ils sont automatiquement utilisés ad causas pias. Mais ici la cour n'a pas accepté le bref du pape, car il impliquait, d'après ce que j'ai entendu, " que les biens des jésuites devaient être utilisés ad causas pias. La cour refusant de se laisser dicter des lois, S. Sainteté a alors laissé à S. Majesté la liberté de faire ce que bon lui semblait des biens des jésuites.
La confusion règne.
            On ne sait pas non plus qui héritera des églises et des écoles, etc.................
            Les fous ne sont nulle part très malins ! Tout le monde vous fait des compliments, etc., etc., et je suis le vieux
                                                                                                 Mzt
...................


                            Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg

                                                                                                    Vienne 15 septembre 1773

            Tu imagineras facilement que nous passons énormément de temps avec la veuve du Dr Niderl. Je me réserve de te raconter de vive voix toutes les histoires entre elle et sa soeur, son beau-frère, etc.
................ Il commence à faire assez frais ici, surtout le matin et le soir. Par ailleurs la récolte de vin, fruits et légumes est étonnamment bonne...... En Hongrie il y a un trop plein de blé mais peu de foin.
...............

 Post-Scriptum de Mozart à sa soeur clairedelavarene.com
                                                                                                                        clairedelavarene.com
30            Nous sommes, Dieu soit loué, en bonne santé. Cette fois nous avons pris le temps de t'écrire, malgré nos affaires. Nous espérons que tu te portes bien également. La mort du Dr Niderl nous a fort affligés et nous t'affirmons que nous avons bien pleuré, beuglé, bramé et chialé. Nos compliments à tous les bons esprits qui louent Dieu notre Seigneur et à tous nos bons amis et amies. Nous t'assurons par la présente notre gracieuse bienveillance
                                                                                    Vienne, de notre résidence.
                                                                                                  Wolfgang.

Post-Scriptum de Mozart à Heinrich W. von Heffner
            A M. von Heffner.                                                                       
            J'espère que nous vous trouverons à Salzbourg, ami de mauvais aloi. Je pense que vous êtes en bonne santé et ne me détestez pas, sinon je serai pour vous une mouche ennemie, ou même une punaise ennemie. Je vous conseille donc de faire de meilleurs vers, sinon je ne remettrai plus de ma vie les pieds à la cathédrale de Salzbourg, car je suis bien capable d'aller à Constantinople, que tout le monde connaît. Alors, vous ne me verrez plus, et je ne vous verrai pas non plus. Mais lorsque les chevaux ont faim on leur donne de l'avoine.
            Portez-vous bien                                Je suis maintenant,
            sinon je deviendrai fou                                                 jamais et toujours

......................................................

                                 Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
               
                                                                                                           Munich 14 décembre 1774

            ... Nous allons bien, Dieu soit loué ! En ce qui concerne Nannerl je n'ai pas encore trouvé un endroit adéquat où la loger. Sur ce point il faut faire très attention à Munich. Il y a une autre difficulté. Ici comme à Salzbourg, on ne peut donner plus de deux fois de suite un opéra pour lequel le public doit payer, il y viendrait trop peu de monde. On doit jouer d'autres opéras pendant 2 ou 3 semaines et ne le reprendre qu'après. Cela est vrai également pour les comédies et les ballets. C'est pourquoi les musiciens connaissent par coeur au moins 20 opéras qu'ils jouent en alternance et étudient entre-temps une nouvelle oeuvre. L'opéra de Wolfgang sera répété avant Noël et la première aura sans doute lieu le 29 décembre. Il se peut donc que Nannerl ne le voit pas, car lorsque le carnaval aura commencé on ne donnera que de petites opérettes faciles au petit théâtre qui sera ouvert dans la salle de la Redoute. Les gens s'y réunissent en masques, il y a un grand nombre de tables de jeu, du bruit et des conversations sous le masque. On ne peut donc rien y donner d'intelligent, personne n'y prêterait attention ........................
            Nous vous embrassons bien 1 000 fois, faisons partout nos compliments, et je suis ton vieux
                                                 
                                                                                           Mzt


...........................................     

                                                 
                                   Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg

                                                                                                        Munich 5 janvier 1775

             Nannerl est bien arrivée à Munich hier avant 2 heures de l'après-midi. Nous n'avons pu aller l'accueillir parce que M. v. Gilowsky nous avait invités chez Stürzer où l'on ne se met à table qu'à
1h 1/2..........
   il         J'avais toutefois envoyé le domestique de M. v. Pernat l'attendre dans le Thal, près du pont, et il la conduisit directement chez Mme v: Durst où l'attendait M. Dufresne. Nous lui avons rendu visite le soir jusqu'à 8 heures et je l'ai envoyée chercher aujourd'hui par un domestique pour qu'elle vienne prendre le café avec nous. Elle le boit en ce moment avec Wolfgang, et j'ai déjà pris mon thé. Je la renverrai ensuite chez elle car Mme v. Durst ira avec elle à l'église. Elle a d'ailleurs l'intention de la conduire chaque jour dans une nouvelle église.
            M. Schulz t'aura sans doute déjà dit que l'opéra de Wolfgang ne sera donné que le 13.........
Ferme bien toutes les pièces pour qu'on ne puisse rien nous voler, lorsqu'on sort il peut facilement arriver quelque chose. Mes compliments à Mlle Mitzerl et à tous. Nous t'embrassons tous les 3 et je suis ton vieux
                                                                                          Mozart
            pinterest.fr                                                      Post-Scriptum de Maria Anna ( Nannerl )
Résultat de recherche d'images pour "tableaux nouvel an 18è siècle"         
            Je suis bien arrivée à Munich et ai été si bien soignée tout au long du voyage que je n'aurais absolument pu avoir froid. J'ai dormi dans la chambre de Mme von Robinig avec mademoiselle Louise et nous avons dîné en sa compagnie. Que maman se porte bien entre-temps, je lui baise la main et suis avec mon frère, S. D.
                                                                                          Votre fille obéissante
                                                                                           Marie- Anne Mozart


..................................


                                                               Mozart à sa mère à Salzbourg

            Dieu soit loué ! Mon opéra a été mis en scène hier, le 13, et il a eu un tel succès que je suis dans l'impossibilité de décrire à maman les applaudissements. En premier lieu le théâtre était tellement plein que bien des gens ont dû retourner chez eux. Après chaque air il y eut un vacarme effrayant d'applaudissements et de cris Viva Maestro. LL. Altesses la Princesse Electrice et la Princesse Douairière, qui étaient mes vis à vis, me dirent aussi bravo. A la fin de l'opéra, donc au moment où on fait silence avant que le ballet ne commence, ce ne furent qu'applaudissements et cris de bravo. A peine s'arrêtaient-ils que quelqu'un d'autre reprenait, et ainsi de suite. Je suis allé ensuite avec papa dans un salon par lequel devait passer le prince électeur et toute la cour. J'ai fait le baise-mains à LL. AA


                                                      Fin du Tome 1 des Lettres de Mozart à sa soeur...... mais.....

                                                                    à suivre...........

vendredi 12 juillet 2019

Histoire d'une vie Aharon Appelfeld ( Autobiographie Israël )

              
amazon.fr
                         

                                                   Histoire d'une vie

            Aharon Appelfeld avait 7 ans à la déclaration de la guerre. Fils unique, enfant heureux, ses parents peu attirés par la vie religieuse, surtout son père industriel, sa grand'mère lui apprit ce qu'il savait lorsque les juifs furent arrêtés. Né à Czemowitz en Bucovine, les souvenirs de l'auteur défilent.
" La mémoire est fuyante et sélective, elle produit ce qu'elle choisit...... " Enfant solitaire, enfermé dans le ghetto il entendit le cri de sa mère mais ne la vit pas morte. Plus tard il dut aussi quitter la main de son père qui mourut dans un camp de concentration. Il survécut, alors que d'autres mouraient dans les chambres à gaz ou servaient de nourriture aux chiens-loups, Appelfeld parvint à s'échapper et traversa des forêts. Se nourrissant des fruits qu'il trouvait, demandant du travail aux paysans ukrainiens, il survécut et apprit le travail de la terre. L'adulte comme l'enfant qu'il fut est contemplatif et dépassés quelques passages un peu brumeux, on suit l'enfant Aharon et d'autres rescapés qui, à la libération furent d'abord envoyés en Italie, certains enfants servirent d'objets de foire à des bandits locaux, mais leur plaisir fut grand lorsqu'ils purent se baigner dans la mer napolitaine après leurs années douloureuses dans les Carpates. Orphelins néanmoins un bateau les emmena vers la terre qui deviendrait Israël. Et l'auteur raconte non seulement la reconquête d'une vie quotidienne saine, mais les sentiments de ceux qui comme lui étaient des survivants de la Schoah. L'enfant devenu adulte ou presque vit encore des années de guerre, si en 1948 il n'a que 16 ans, plus tard il sera militaire, ou réserviste, pour la guerre des Six Jours, la guerre du Kippour. " La période de l'armée avait été une pénible épreuve...... Plus pénible que tout cela était la question de l'appartenance. Qui étais-je et qu'étais-je dans cette terre d'été ? " Si certains retrouvaient quelques membres de leurs familles, lui n'avait personne. Plus tard les conflits familiaux, croyants et non croyants, ravivent les tensions. Mais les enfants des rescapés réussirent leur vie matérielle, devenus souvent, médecins, chercheurs, ingénieurs, industriels, des innocents et des méchants. Histoire d'une vie reçut le Prix Medicis étranger en 2004. Aharon Applefeld est mort en janvier 2018.

lundi 8 juillet 2019

Contrerimes III Paul-Jean Toulet ( Poèmes France )

Image associée
eternels-eclairs.fr/


                                          Quelques contrerimes

                                                          III                                                             

            La demoiselle, de vieillesse, est presque morte.
            Elle frissonne encore un peu : le vent l'emporte.                                     eternels-eclairs.fr 
Jeanne, par Camille Pissarro
                                             **

            Ne cherche pas l'amour en-dehors de soi-même.
            L'infini se mesure à son seul infini,
            Et la métaphysique en sait moins que Nini
            Quand au frisson du myrte elle répond : je t'aime.

                                             **

            Ce qu'il fait, Z. a cru longtemps que c'est des vers.
            Avez-vous déjà lu de la prose à l'envers ?

                                    Paul-Jean Toulet

jeudi 4 juillet 2019

Contrerimes II Paul-Jean Toulet ( Poèmes France )



Image associée
tenor.com

                                                                                                                    pinterest.fr
ROSIER MINERVA® visancar CONTENEUR                                 Quelques contrerimes
                                                 II
               
            Avril, dont l'odeur nous augure
                   Le renaissant plaisir,                                                             
            Tu découvres de mon désir
                   La renaissante figure.

            Ah, verse le myrte à Myrtil,
                   L'iris à Desdémone :
            Pour moi d'une rose anémone
                   S'ouvre le noir pistil.

                        Paul-Jean Toulet

                       
                                                                                 Princes de la Chine
                                                                                                           
            Les trois Princes, Pou, Lou et You,
                   Ornement de la Chine,                                                             gfycat.com  
Résultat de recherche d'images pour "youyou gif"            Voyagent. Deux vont à machine,
                    Mais You, c'est en youyou.

            Il va voir l'Alboche au crin jaune
                    Qui lui dit : " I love you. "         
            - Elle est Française ! assure You.
                     Mais non, royal béjaune.

            Si tu savais ce que c'est, You,
                  Qu'une Française, et tendre ;
            Douce à la main, douce à l'entendre :
                   Du feu... comme un caillou.

                                     Paul-Jean Toulet"


            - " Enfin, puisque c'est Sa demeure,
                 Le bon Dieu, où est-y ?
             -   Chut ! me dit-elle : Il est sorti,
                  On ne sait à quelle heure. "

            "  Et de nous tous le plus calé,
                   Je dis : Satan lui-même,
               Ne sait en ce désordre extrême
                   Où diable il est allé. "

                                        Paul-Jean Toulet
                                                                                                                lescarbetsdubord-saul.net 
picmix.com
Image associéeRésultat de recherche d'images pour "gif orchidée"                                           

                   

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                            
                                                                                                                         



mercredi 3 juillet 2019

Contrerimes I Paul-Jean Toulet ( Poèmes France )

Image associée
dejavu.hypotheses.org

                           
                                               Quelques contrerimes

                                         
            Dans le lit vaste et dévasté
                    J'ouvre les yeux près d'elle ;
            Je l'effleure : un songe infidèle
                     L'embrasse à mon côté.

            Une lueur tranchante et mince
                    Échancre mon plafond.
             Très loin, sur le pavé profond,
                     J'entends un seau qui grince...

                                     Paul-Jean Toulet


            Il pleuvait. Les tristes étoiles                                                                          encheres.catawiki.eu
Image associée                  Semblaient pleurer d'ennui.
            Comme une épée, à la minuit,
                    Tu sautas hors des toiles.

            - Minuit ! Trouverai-je une auto,
                 Par ce temps ? Et le pire,
             C'est mon mari. Que va-t-il dire,
                  Lui qui rentre si tôt ?

            - Et s'il vous voyait sans chemise,
                      Vous, toute sa moitié ?
             - Ne jouez donc pas la pitié.
             - Pourquoi ?... Doublons la mise.


                           Paul-Jean Toulet     
     

                                                                                      Amarissimes.

           Est-ce moi qui pleurais ainsi                                                                       agenda.germainpire.info
Image associée            - Ou des veaux qu'on empoigne -
            D'écouter ton pas qui s'éloigne,
            Beauté, mon cher souci ?

            Et ( je t'en fis, à pneumatique,
            Part, - sans aucun bagou )
            Ces pleurs, ma chère, avaient le goût
                   De l'onde adriatique.


            Oui, oui : mais vous parlez de cris
                   Quand je repris ma lettre
             Grands Dieux... ! J'aurais mieux fait, peut-être,
                     D'écrire à son mari.

 
                                Paul-Jean Toulet     

                                      1867 - 1920