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1er août 1663
Me levai de bonne heure et m'habillai puis au bureau où mis des affaires en ordre pour mon départ. Arrive Mr Carteret et nous travaillâmes un peu. Ensuite Mr Coventry resté sur le bateau m'envoya chercher, je me préparai et descendis le rejoindre. Par le fleuve jusqu'à Gravesend, avec son valet Lambert, où mangeâmes un morceau, et poursuivîmes la route à cheval. Je montais un de ses chevaux, un bel et fringant animal, et nous causâmes pendant toute la route des affaires du bureau, et d'autres choses fort utilement.
Arrivés à Chatham nous ôtâmes nos bottes et marchâmes jusqu'à l'arsenal où retrouvâmes le commissaire Pett. Allâmes d'un endroit à l'autre, étudiant et examinant diverses choses. Dans la soirée chez le commissaire et nous installâmes en haut sous une tonnelle pour causer........ En sortant Mr Coventry et moi conclûmes qu'il n'est pas capable de rendre dans cet arsenal les services........ que peut-être il rendra dans un autre. Après une ou deux heures de conversation au manoir de la Colline...... au lit.
2 août
Jour du Seigneur
Lever et, après la visite du barbier, nous rendîmes ensemble à pied au bassin et montâmes à bord du Mathias où, avec le commissaire Pett et Mr Coventry et d'autres officiers et gens de l'arsenal, entendîmes un excellent sermon de Mr Hudson sur les paroles de Tout est à vous et vous êtes à Dieu. Admirable sermon, fort et érudit et prononcé avec aisance...........
Nous l'emmenâmes avec nous au manoir de la Colline où dînâmes. Puis nos invités se retirèrent et nous eûmes tous trois une conversation privée.......... Puis à l'église de la paroisse où entendîmes un mauvais sermon...........
Au bassin et en barque pour examiner la crique de St Mary........ Retour à pied du bassin à notre logis. Mr Coventry et moi fort mécontents de voir le commissaire si réticent à reconnaître ses officiers coupables du moindre manquement, et de voir que rien ici ne va mieux du fait de sa présence que dans d'autres arsenaux où il n'y a pas de commissaire. Après avoir un peu causé, au lit.
...............
3 août
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Levés tous deux de fort bonne heure. A l'arsenal où nous assistâmes à l'appel des hommes et décidâmes d'en renvoyer certains. Puis aux corderies que nous visitâmes toutes, et nous fîmes une expérience pour voir lequel, du chanvre anglais ou du chanvre de Riga, était le plus solide. C'est le second, mais l'autre est fort bon et bien meilleur que celui de Riga.
Nous fîmes maintes autres choses ce matin. Je fis cuber du bois de charpente..... et trouvai beaucoup à redire...........
A midi Mr Pett nous régala d'un splendide dîner, trop copieux à vrai dire, si bien que l'on en laissa la plus grande partie.........
Après le repas..... nous installâmes dans son salon et nous appliquâmes à nos affaires tout l'après-midi......... Nous nous quittâmes bons amis, quoique j'eusse parlé avec si peu de retenue qu'eût pu se fâcher....... Nous rentrâmes ensuite au manoir de la Colline que nous examinâmes et pensons nous en défaire dès que nous le pourrons sans inconvénient. Nous nous habillâmes, enfourchâmes nos montures et prîmes la route de Gravesend............ En chemin rejoint par le capitaine Browne, du service des munitions de Chatham.......quoiqu'il fût un coquin et eût servi sans interruption sous l'ancien régime, il ne laissa pas de nous entretenir des nombreux services qu'il avait rendus à bien des gentilshommes du parti du roi........ Il fut contraint d'aveugler son meilleur animal et de le garder comme étalon pour empêcher qu'on ne le volât............
Arrivés à notre auberge, devisai jusqu'à 9 ou 10 heures avec Mr Coventry, puis au lit.
4 août
On nous réveilla vers 4 heures. Une fois prêts nous embarquâmes sur le bateau de Gravesend
et fûmes à Londres vers 9 heures, causâmes de plusieurs affaires de la Marine pendant le voyage. Au bureau nous retrouvons sir William Penn, la première fois depuis sa longue maladie..
J'apprends que mon frère John est arrivé en ville et qu'il est chez moi depuis samedi, car je l'avais invité. A midi à la maison, déjeuner avec lui et, après m'être fait raser, allâmes chez mon luthier et d'autres. Je le quittai et par le fleuve chez Blackbury, parlai avec lui de mâts......., puis l'accompagnai dans son jardin non loin de sa maison où je mangeai des pêches et des abricots, un fort bel endroit. Ensuite traversai le fleuve et au Palais de Westminster. Ne trouvant pas Mrs Lane avec qui j'avais l'intention de prendre du bon temps, me rendis chez Jervas et l'emmenai avec sa femme chez la mère Palmer, le ventriloque qui m'avait tant diverti avec Mr Mallard il y a deux ou trois ans, pensant, car j'avais entendu dire qu'elle est cette sorte de femme, que je pourrais y voir quelques filles de joie ( que Dieu me pardonne ! ) . Mais, Dieu soit loué ! il n'y en avait pas, ni rien qui me plût.........
Après avoir dépensé là 1 shilling de vin, nous prîmes une barque et les laissai à Westminster. Comme il était tard je renonçai à Mrs Lane et pris une barque jusqu'au débarcadère de l'Ancien Cygne, et là je passai un joyeux moment avec un des jeunes gens en me moquant des lointains voyages qu'il fait jusqu'à Vauxhall. Et l'homme me lança une fort jolie repartie sur le ton du grand voyageur, ce qui me réjouit beaucoup. Puis à la maison et mangeai avec mon frère un morceau de pain et de fromage, puis au lit, avec lui.
Aujourd'hui j'ai reçu une lettre de ma femme qui me contrarie extrêmement : elle me dit que Miss Ashwell lui a envoyé au visage qu'elle n'était qu'une menteuse et, ma femme lui ayant donné un soufflet, l'autre le lui rendit, et s'ensuivit un beau désordre. J'en suis bien chagriné. Et que milady a appris par mon père ou ma mère quelque chose de la conduite de ma femme. Tout cela me fâche et je crains d'avoir bien du mal avec ma femme quand elle rentrera, pour la faire filer doux de nouveau. Mais si Miss Ashwell s'en va je suis résolu à ne pas en engager une autre, et à vivre pauvrement et simplement pendant un bon moment, et à économiser de l'argent et contenir les dépenses de ma femme, si je le puis. Sinon je pourrai dire adieu à toute satisfaction en ce monde. Puis au lit, l'esprit quelque peu tourmenté mais je vais avoir soin, par prudence, d'éviter les conséquences néfastes que je redoute, car les choses ne sont point encore allées trop loin, et cette arrogance nouvelle chez ma femme vient de ce que j'ai été assez sot pour lui donner trop de liberté depuis un an.
.francetvinfo.fr 5 août 1663
Toute la matinée au bureau où Deane de Woolwich vint m'entretenir des plans de navires que je cherche à présent à comprendre. Je l'emmenai au café où il blâma en termes fort vifs le rapport de Mr Graunt en faveur du vaisseau de sir William Petty, et nous en vînmes presque à nous échauffer.
Ensuite à la Bourse et à la maison pour dîner avec mon frère. L'après-midi à Westminster trouvai Mrs Lane un peu plus tard, comme nous en étions convenus. Nous nous retrouvâmes à l'embarcadère du Parlement ( en descendant du bateau ne voilà-t-il pas que milady Jemima vint à notre rencontre. Elle me vit qui la tenais par la main, mais ne m'en dit rien, je m'arrêtai pourtant pour lui parler afin de voir si elle en ferait ou non la remarque ) et nous partîmes pour Stangate. A la taverne de la Tête du Roi dans le marais de Lambeth mangeâmes et bûmes toutes sortes de mets et de boissons, en tout x shillings. Je la chiffonnai et la caressai beaucoup, mais ne pus rien obtenir de plus, bien que j'en fusse fort près. Toute dévergondée et enjouée qu'elle soit, elle n'ose point s'aventurer dans cette affaire. Je l'en loue très fort, et je l'aime pour cela.
Restai fort tard, retraversai le fleuve avec elle en barque. Comme j'étais en nage de l'avoir lutinée, je n'osai point rentrer à la maison par le fleuve et pris un fiacre.
A la maison, mon frère et moi nous mîmes à lire Descartes, et je m'aperçois qu'il le possède bien, et je ne peux que reconnaître qu'il l'a étudié avec conscience, et qu'il y trouve un grand plaisir.
Ce soir est arrivée une lettre de Mr Coventry concernant le travail, accompagnée d'une plume d'argent qu'il m'avait promise, et que l'on remplit d'encre, ce qui est fort utile. Puis prières et au lit.
6 août
Lever, et me fâchai contre ma servante Hannah qui ne tient pas mieux la maison, qui est plus sale maintenant qu'elle ne l'a jamais été quand toute ma famille était ici.
Puis à mon bureau, réunion avec Mr Coventry et William Penn. Mr Coventry m'a emprunté mon manuscrit sur la marine.
A midi à la Bourse, rencontrai sir William Warren, dînâmes dans un café où achevâmes un contrat pour le bureau, puis le quittai. Ensuite chez ma cousine Mary Joyce à un baptême où nombreuse compagnie et bonne chère. Il y avait là le fauconnier du roi qui vit à côté de Saint-Paul et sa femme, un laideron, mais qui apporte de l'argent. Il parla de la force des faucons qui peuvent abattre un oiseau avec une telle force que la proie rebondit à une grande hauteur au-dessus du sol, ce que ne peut faire aucune force humaine, ni artificielle.
Mais il était très intéressant d'entendre quelles raisons lui et un autre, un certain Ballard, un homme riche de la même corporation des marchands de cuir à laquelle appartiennent les Joyce, donnèrent pour expliquer cela. Quand à la femme de Ballard, une jolie femme qui a de fort bonnes manières, je trouvai l'occasion de l'embrasser plusieurs fois, et elle de découper la viande, de boire et de me témoigner grand respect. Après le dîner conversation et rires. Je ne bus pas de vin et envoyai quérir de l'eau, car la bière n'était pas bonne. On fit venir un ménétrier, et une certaine Mrs Lurkin, une voisine, une pauvre femme, mais bonne, gaie et fort grande, dansa et nous fit voir des tours qui nous mirent tous en joie. Mais surtout une des filles de Mrs Brumfield, noiraude mais bien tournée et modeste, dansa fort bien ce qui me plut extrêmement, et je commençai La Duchesse avec elle, mais sans réussir, je ne m'en dépêtrai cependant pas trop mal et la louai fort, la baisai et la ramenai chez elle avec son cousin Anthony et Kate Joyce. Kate était fort belle aujourd'hui, c'est-à-dire bien ajustée. et je me montrai fort affectueux et familier avec elle, et la baisai avec passion, ce qu'elle prend en fort bonne part. Les quittai après les avoir, bien qu'il fût 9 heures du soir, emmenés dans un théâtre de marionnettes à Lincoln's Inn Fields............
Je rentrai à pied à la maison et, après avoir envoyé une lettre à ma femme par la poste, et aussi à mon père, à la maison et souper, et après une petite conversation avec mon frère, au lit.
7 août
Lever et un peu à mon bureau, puis chez Mr Brown chercher ma règle à cuber le bois, qui est prête et qui est assurément la meilleure et la plus commode à porter dans sa poche et la plus utile jamais fabriquée. Et j'ai moi-même l'honneur d'être en quelque sorte son inventeur sous cette forme. Je restai à deviser une heure avec lui, puis à la maison. Après la visite du Dr Fairbrother et promenade dans le jardin et dans la Cité, allai voir ma viole que je trouvai achevée et recouverte d'une couche de vernis, elle me plaira beaucoup une fois entièrement vernie.
A la maison étudiai ma nouvelle règle jusqu'à en avoir la migraine. Dîner et visite du docteur et de Mr Creed.
Le discours du docteur qui ( quoique ce soit un homme d'un fort bon naturel ) est bien naïf et nous divertit...........
Nous nous quittâmes après le dîner et j'allai à Deptford, à pied. Trouvai sir William Penn. J'entrepris de cuber des planches que l'on était en train de livrer à l'arsenal. Ce que les gens remarquèrent et l'ouvrier qui cube le bois en était éberlué, car je le faisais beaucoup plus aisément que lui, et je crois que sir William Penn eut été heureux si j'avais été moins capable, ou l'autre davantage.
Il s'en alla bientôt et je restai à parcourir l'arsenal, à causer avec les officiers, puis je rentrai à pied. En chemin fus arrêté par le jeune Bagwell et sa femme, me demandèrent le service de lui obtenir un meilleur vaisseau. Ce que je vais faire mine d'être disposé de faire pour eux, mais mon intention est de connaître un peu mieux sa femme.
Quand ils m'eurent quitté je me rendis chez Cadbury, le fabricant de mâts, pour voir un lot de beaux mâts qu'à ce qu'il me semble il serait bon que nous achetions, et je suis résolu à en parler au Conseil.
Puis à la maison. Mon frère et moi montâmes. J'allai faire de la musique et ensuite allai causer avec lui. Mais il ne m'apparut point si savant philosophe, du moins en ce qui concerne Aristote, que je l'avais cru, car il ne fut point capable de me donner la définition de feu, ni lesquelles des quatre qualités appartiennent à chacun des quatre éléments.
Puis prières et au lit. Entre autres, je suis fort satisfait de ma nouvelle règle.
8 août 1663
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Lever et à mon bureau. Envoyai chercher Brown le fabricant d'instruments de mathématiques. Il m'a fait une règle à mesurer le bois et d'autres choses si réussies, que je donnerais ma main à couper que je ne peux point en avoir de meilleure, et que nul ne peut en trouver d'aussi bonne, car celle-ci a été faite selon mes instructions. Puis réunion toute la matinée. La séance levée à midi je descendis sur la berge avec Mr Coventry. Je vois chez lui tant de probité et d'efforts pour bien servir le roi, que je l'admire de plus en plus. ..............
Ensuite à la Bourse pour plusieurs affaires, et à la maison pour dîner. Dans l'après-midi emmenai mon frère John et Will à Woolwich par le fleuve. Nous restâmes un bon moment et mangeâmes des fruits dans le jardin des Sheldon, puis prîmes à pied le chemin du retour.
Je posai maintes questions de physique à mon frère John, auxquelles il répondit fort mal ou point du tout. Par exemple au sujet des régions de l'air, il me dit qu'il n'en avait jamais entendu parler, car il n'avait jamais lu la philosophie d'Aristote, et Descartes ne reconnaît rien de tel. Je fus irrité de l'entendre dire cela. Mais je vais le mettre à l'épreuve pour voir ce qu'il a appris depuis son entrée à l'université.
Il était tard lorsque nous pûmes quitter Greenwich pour Londres par le fleuve, la marée était contre nous et presque passée et donc, pour gagner du temps et ne pas être gêné par les ancres, je débarquai à Wapping, puis rentrai à pied à la maison, fort las d'avoir marché sur les pavés.
Ce soir, sir William Batten et sir John Mennes sont rentrés de Portsmouth, mais je ne suis pas allé les voir.
9 août
Jour du Seigneur
Lever, quittai mon frère qui voulait aller de son côté et me rendis à l'office où entendis Mr Milles....... prêcher en prenant pour sujet l'autorité des pasteurs........... Entre autres phrases orgueilleuses il dit que tel homme instruit avait coutume de dire que s'il venait à rencontrer ensemble un ministre de la parole de Dieu et un ange, il saluerait d'abord le ministre, ce qui me sembla un peu trop arrogant.
Aujourd'hui j'ai commencé à faire usage de la plume d'argent, que Mr Coventry m'a donnée, pour écrire ce sermon en prenant seulement en notes les points principaux en latin, et je pense que je continuerai de le faire. Puis à la maison et à mon bureau à relire mes résolutions. Ensemble chez sir William Batten pour dîner..............
L'après-midi avec milady Batten que je pris par la main pour la guider par les rues à l'église
St Dunstan, non loin de chez nous..... et entendîmes un excellent sermon..... sur les paroles
" Souviens-toi de la femme de Lot ". Retournâmes ensuite chez Mrs Russell......... Puis à la maison, et comme mon frère était sorti je me rendis à pied chez mon oncle Wight où restai, avec peu de plaisir cependant, à souper........
Retour à la maison où veillai tard à interroger Will sur sa Bible en latin, ainsi que mon frère sur son grec. Puis prières et au lit.
Cet après-midi j'ai été fort étonné par l'air sur lequel le clerc de la paroisse a chanté le psaume. Au début j'ai cru qu'il se trompait, mais c'est un bon chanteur et la paroisse savait fort bien le chanter et l'air était beau. Mais je m'étonne qu'il puisse y avoir un air de psaume que je n'avais jamais entendu.
10 août
Lever, quoique pas aussi tôt cet été que j'en avais l'habitude tout l'été passé, ce que je regrette. Et quoique la saison des levers matinaux soit fort avancée, je suis résolu à recommencer à me lever de bonne heure avant qu'elle ne soit tout à fait passée. A mon bureau pour me préparer à mon entrevue avec le Duc aujourd'hui.
Peu après en barque à Whitehall et à St James, et je fus bientôt appelé dans le cabinet du Duc. Comme il était habillé on nous fit tous entrer pour le rejoindre et nous discutâmes de nos affaires. Cela terminé il se rendit à pied ( j'étais de ceux qui l'accompagnaient ) à Whitehall où il prit le canot-major pour se rendre à Woolwich. Quant à moi à la commission de Tanger où se trouvaient milord Sandwich, milord.......... Il fut question de fournir de l'argent à Mr Treviot. Et je regrette de voir qu'ils sont, quoiqu'ils ne l'aiment point, prêts cependant à lui en donner, au nom seulement de la civilité et en guise de compliment, quasiment sans s'attendre à ce qu'il en donne aucun compte.. Mais cela sera cause, rusé comme il est, que le roi devra sûrement payer cher la politesse de nos courtisans. Ensuite en carrosse avec milords Peterborough et Sandwich chez milord Peterborough. Et là après avoir passé une heure à regarder de beaux livres sur l'architecture italienne avec de belles gravures, ainsi que les arcs et flèches de milord Peterborough, dont il est grand amateur, nous nous mîmes à table. Milady descendit aussi dîner. Il y avait là Mr Williamson, qui est au service de sir Henry Bennet, que je trouve fort intelligent et accompli, quoique un peu imbu de lui-même.
Puis me rendis chez Greatorex que je trouvai dans son jardin, et lui confiai ma règle pour qu'il y gravât un almanach et d'autres choses sur les plaques en laiton, ce qu'il termina un peu avant le soir, mais en bâclant la dernière partie, de sorte que je dois la lui faire refaire, si non ma règle ne me plaira pas.
Voilà la folie qui me tient maintenant, c'est que tandis qu'autrefois rien ne me faisait davantage plaisir que de posséder des livres en abondance et de dépenser de l'argent pour en acheter et acheter toujours d'autres choses, maintenant que je suis devenu plus économe et que j'ai mis un frein à mes dépenses, ce qui me délecte à présent c'est que tout soit parfaitement soigné, et rien qui ne le soit ne peut me plaire, ce qui est une singulière folie.
William Howe vint me rejoindre au sujet d'affaires. Nous parlâmes longuement de milord Sandwich. Il m'apprend que milord s'est coiffé d'une des filles de Mrs Becke chez qui il loge, de sorte qu'il dépense son temps et son argent pour elle. Il me dit que c'est une femme de très mauvaise réputation et fort immodeste, ce qu'il a dit à milord. Mais malgré tout cela, milord passe toutes ces soirées avec elle, bien qu'il soit à la Cour dans la journée. Et le monde entier l'a remarqué. Et Pickering n'est là que pour servir de paravent....... et c'est pour cela que milord n'a pas davantage envie de partir à la campagne.......... J'en ai du regret, mais je n'en suis pas étonné, car c'est un homme d'un tempérament amoureux et il commence à prendre les mêmes libertés qu'il voit tout le monde prendre à la Cour..............
Puis à la maison et examinai un exercice écrit par Will en latin avec mon frère. Ensuite prières et au lit.
Ce soir je reçois une lettre de mon père qui me dit que ma femme rentrera à Londres cette semaine. Je m'étonne qu'elle revienne sans que j'en aie été mieux informé. Il m'apparaît qu'ils mènent ensemble une vie fort difficile depuis son arrivée, et je devrai faire usage de tout ce que j'ai en cervelle pour la remettre dans le droit chemin quand elle rentrera, ce qui, je le crains, sera difficile et cette pensée m'inquiète fort.
11 août
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Lever et à mon bureau, où mon frère Tom vint bientôt. Je le tançai vertement car il néglige de voir les Joyce et de leur être agréable. J'avoue craindre qu'ils ne comprennent pas sa manière d'avancer ses affaires et qu'il ne réussisse pas dans son métier, bien qu'il me dise qu'il donne satisfaction à tout le monde et qu'il gagne de l'argent. Je ne le croirai pas avant d'avoir vu un état de ses comptes, que je lui ai ordonné de m'apporter avant que j'accepte de le revoir.
Au bureau réunion toute la matinée. A midi à la Bourse où rencontrai le Dr Pearse. Il me dit que le roi revient aujourd'hui de Tunbridge pour un ou deux jours avant de retourner pour ramener la reine. Celle-ci, dit-il, est devenue une personne fort enjouée qui à présent l'embrasse et va à sa rencontre au galop sur la route, et fait tout ce que peut faire une dame agréable et aimante. Il pense qu'il s'entretient de temps en temps avec Mrs Stuart, mais qu'elle n'est guère dangereuse, car ce n'est qu'une jeune fille innocente et sans expérience. Quant à milady Castlemaine, qui gouverne le roi pour les affaires d'Etat et fait de lui ce qui lui plaît, il croit qu'elle est à présent en train de tomber en disgrâce. Après son retour la reine se rendra à Bath et ensuite à Oxford où l'on prépare pour elle de grands divertissements.
J'apprends aussi aujourd'hui qu'ont été lancés des mandats contre milord Bristol pour le mener à la Tour, mais il s'est enfui ou se cache si grand est l'avantage que le chancelier a remporté sur lui.
A la Bourse mon frère et Will m'apprennent que Mrs Turner voudrait venir dîner avec moi aujourd'hui, je rentrai donc en hâte à la maison. Je la trouvai en compagnie de Mrs Morrice ( Théophilia et Joyce sont parties à la campagne, ce qui explique que la mère se promène ). Je leur fis préparer un dîner. Après le dîner mon oncle Thomas et ma tante Bell vinrent me voir et je les saoulai mais presque avec du vin ce qui les mit de fort aimable humeur ( mais je ne les fis pas monter voir ces dames ), puis ils s'en allèrent. Alors mes deux dames et moi montâmes dans la voiture de Mrs Turner et nous rendîmes chez Mr Povey. Il était absent mais nous entrâmes et je montrai à Mrs Turner sa perspective et sa volière, ainsi que les belles choses qu'il fait à présent construire et qui sont fort élégantes. De là au Temple et par le fleuve à Westminster. Là avec Mrs Morrice chez sir Robert Long pour chercher une de ses nièces, mais elle était sortie, puis reprîmes une barque et descendîmes jusqu'au Pont où nous essayâmes de trouver une soeur de Mrs Morrice, mais elle n'était pas là non plus et donc nous passâmes le Pont et je les fis monter à bord du bateau de plaisance du roi. Nous passâmes tout le chemin à lire un livre de recettes pour faire de bons plats et des confiseries. Entre autres une " Pour faire moi-même mon eau de senteur ", qui nous fit bien rire.
Je les débarquai à Greenwich. Là les emmenai dans un jardin et les régalai de fruits et de vin, puis retour au bateau. Finalement à la fraîche arrivâmes au quai du Lion. La marée était contraire et nous accostâmes donc et marchâmes jusqu'au Pont où nous prîmes un fiacre qui, par chance, passait par là. Je les raccompagnai donc chez elles et mangeai du gibier froid et bus avec elles puis leur souhaitai bonne nuit, après m'être fort amusé en leur compagnie. Je crois qu'il n'est pas mauvais d'entretenir, quoiqu'il m'en coûte un peu, une amitié telle que celle de Mrs Turner.
A la maison et au lit, l'esprit occupé par tout ce que je dois faire demain pour tout préparer en vue du retour de ma femme, comme par exemple acheter un lit, car mon frère John est ici et je n'ai plus à présent de lit supplémentaire qui ne soit pas utilisé.
12 août 1663
Lever et un moment à mon bureau pour rédiger le journal d'hier, et sortis acheter un lit et autres.
Retour à la maison et installé le lit et d'autres choses pour le retour de ma femme. Puis je sortis, me rendis dans divers endroits et chez Mrs Turner, car elle m'avait invité hier soir, et dînai là avec aussi Mrs Morrice et une autre personne que je ne connaissais pas. Ce fut très gai et on nous servit un bon dîner. Je les quittai et me rendis à Whitehall où réunion pour la commission de Tanger.
Firent de nombreux changements sans pourtant, je pense, rien améliorer........ Les lords s'opposaient à tout ce qui semblait un peu brutal, alors qu'il s'agissait d'argent et de comptes, et leur courtoisie pouvait coûter cher au roi.
Seulement je vois bien en les observant que lorsqu'il s'agit d'écrire sur des questions qui déplaisent à la personne qui recevra la lettre, il vaut mieux le faire de la manière le plus simple et sans ambages ni raisonnements, et dire les choses tout de go en laissant la personne saisir ce que l'on veut dire.
Ensuite par le fleuve chez mon frère où j'apprends que ma femme est rentrée à la maison et que mon père est lui aussi à Londres, ce qui m'étonna. Mais j'entendis que c'était pour donner à mon frère des conseils sur ses travaux de construction, et peut-être aussi pour me rassurer sur les différends qui ont existé entre ma femme, lui et ma mère.
Cependant quand il vint peu après chez Mr Holder, pour acheter un chapeau, il ne me fit aucune remarque. Je fis une courte promenade avec lui et le laissai passer la nuit dans ce quartier de la ville, et je rentrai à la maison. Là je trouve ma femme qui, me semble-t-il, me bat froid. Je crois que c'est parce qu'elle ne savait pas de quelle humeur elle me trouverait, mais je lui dis des paroles affectueuses et nos retrouvailles furent tendres. Elle ne put cependant s'empêcher de me conter de quelle manière elle avait été traitée par eux et sa dame de compagnie Miss Ashwell, à la campagne. Mais je vois qu'il vaudra mieux ne pas examiner la question, car je la crois aussi fautive, et j'essaie donc de n'y point prêter l'oreille.
Ensuite au lit où jouis d'elle avec grand contentement. Puis nous nous endormîmes.
13 août
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Grasse matinée avec ma femme à causer affaires de famille. Puis lever et au bureau, réunion toute la matinée. Dîner à la maison, après nous parlâmes de nouveau d'engager deux bonnes servantes et de nous séparer de Miss Ashwell, ce qui me tourmente à cause de son père, et pourtant je serai content de ne plus avoir à payer une dame de compagnie. Puis un moment au bureau et sortis avec ma femme. Par le fleuve à Whitehall et dans les appartements de milord rencontrai milady Jemima avec qui nous demeurâmes un bon moment. De là chez Mrs Hunt où je laissai ma femme. J'allai me promener un peu dans le parc de St James.......... Je rencontrai Mr Howell que j'ai connu à Magdalene College........ à parler de sir Samuel Morland, dont la femme est partie en France. Il semble qu'il achète des terres et une ferme à la campagne et dépense de l'argent à bâtir et Dieu sait quoi d'autre. De sorte que la plus grande partie de l'argent qu'il a tiré de la vente de sa pension de 500 livres à sir Arthur Slingsby est, pense-t-on, envolée. Il semble que le roi lui ait fait de très grandes promesses.
Dans le parc je rencontrai Mr Coventry. Il envoya quérir une lettre qu'il venait de m'écrire où il en avait joint une du commissaire Pett qui se plaignait......... De voir comme il s'y était pris et comme il se plaignait que nous l'eussions, contrairement à nos promesses, abandonné, nous fit bien rire.......... Mais je vois que Pett a cessé de correspondre avec moi
J'allai ensuite chercher ma femme chez Mrs Hunt, son mari était rentré. Nous mangeâmes et bûmes, puis partîmes. Leur enfant était à la maison, il est très vif, mais point joli du tout. Par le fleuve chez Mrs Turner à qui nous fîmes une courte visite, et à la maison en fiacre.
Après le souper, prières et au lit. Avant d'aller au lit Miss Ashwell commença à se plaindre, et je m'aperçois à l'entendre qu'elle a été traitée de manière fort indigne par ma femme, ce que celle-ci nie sottement, mais il est impossible que cette fille invente avec une telle précision des faits et des paroles auxquels ma femme n'a rien d'autre à opposer que des dénégations formelles, ce que je suis chagrin d'entendre. Des coups ont été échangés, ainsi que des paroles acerbes jusque dans le château d'Hinchingbrooke devant les gens de milady, ce dont j'ai grand-honte.
Je ne dis rien ni à l'une ni à l'autre, mais les laissai parler, jusqu'à ce que Miss Ashwell partit et nous eût laissés au lit. Puis je dis à ma femme ce que je pensais en peu de mots et avec tristesse, et nous nous endormîmes.
14 août
M'éveillai et réprimai ma femme derechef, et il m'apparaît qu'elle a trop haute opinion d'elle pour être mise au pas. Et il n'est pas possible sans inconvénient de garder Miss Ashwell plus longtemps. Ma femme est à ce point décidée et appliquée, comme elle l'était pour Sarah, à la faire paraître pour une menteuse à la moindre occasion que nous n'aurons point de paix tant qu'elle sera là. Me levai et à mon bureau. A midi dîner à la maison, mon estomac comme moi ayant laissé passer l'heure, il était plus de 2 heures. Cependant avant que nous eussions pu nous mettre à table, Mrs Harper et sa cousine Jane arrivèrent et nous fûmes longtemps à négocier et à parler de sa venue auprès de ma femme comme femme de chambre. Je pense qu'elle fera bien l'affaire. Elles s'en allèrent et attendent d'être avisées de la date où elle viendra.
Nous nous mîmes à table à presque 4 heures. Je me rendis ensuite à pied chez mon frère où je trouvai mon père qui est mécontent et n'a aucune envie de venir chez moi et voulus commencer à me conter certains différends entre ma femme et lui. Mais je ne voulus rien entendre et suis bien fâché de ma sottise, causse de tout cela, et de la leur de ne m'avoir point avisé dès le début........ Nous nous quittâmes fort affectueusement, et il dînera avec moi demain ou après-demain.
Rentrai à pied à la maison faisant plusieurs courses en chemin. Une fois rentré emmenai ma femme rendre visite à sir William Penn qui boîte toujours fortement et après avoir passé une heure avec lui rentrâmes chez nous, souper et, avec grand contentement, au lit.
15 août 1663
Me levai tard car je suis un peu incommodé par une douleur causé par le vent et le froid, puis levé l'esprit en paix, avec l'espoir que ma femme va s'occuper de sa maison et de ses serviteurs.
Au bureau et comme il était trop tôt pour la réunion allai voir ma viole, qui est presque achevée et je crois qu'elle pourra être chez moi, à mon idée, la semaine prochaine. Puis au bureau réunion toute la matinée et fort embesogné. Il était 2 heures quand je pus aller dîner.
Après le repas me rendis à pied chez mon fabricant d'instruments de mathématiques, repris ma règle qu'il vient de graver et maintenant si bien parachevée que je crois que je n'aurai jamais ni le besoin ni le désir d'en avoir une meilleure sur quelque point que ce soit, ni ne penserai jamais que quiconque avant moi eût pu en avoir une aussi propre à tous usages que j'en ai fait.
A Deptford par le fleuve, pris dans ma barque Mr Palmer que je connaissais et sa femme, qui étaient aussi des amis de ma femme du début de notre mariage au temps de notre brouillerie lorsqu'elle logeait à Charing Cross. Il me félicita de ma prospérité, quant à lui il semble forcé d'exercer la profession de juriste de façon commune et ordinaire, mais il paraît vivre bien et c'est un homme fort sérieux dans ses propos. A Deptford il vit, en raison du respect que me montrent les officiers un exemple de mon autorité et en fit la remarque. Et pourtant Dieu sait comme j'espère ne jamais laisser les honneurs me tourner la tête, mais au contraire ne désire d'autre renommée que celle de bien servir le roi et de faire mon devoir.
Je parcourus le chantier un moment et parlai avec les officiers et rentrai à la maison par le fleuve en méditant sur ma nouvelle règle avec grand plaisir. A mon bureau travaillai à la lueur de la chandelle. Puis à la maison, souper et, au lit.
à suivre................
16 août............
On nous réveilla vers 4 heures. Une fois prêts nous embarquâmes sur le bateau de Gravesend
et fûmes à Londres vers 9 heures, causâmes de plusieurs affaires de la Marine pendant le voyage. Au bureau nous retrouvons sir William Penn, la première fois depuis sa longue maladie..
J'apprends que mon frère John est arrivé en ville et qu'il est chez moi depuis samedi, car je l'avais invité. A midi à la maison, déjeuner avec lui et, après m'être fait raser, allâmes chez mon luthier et d'autres. Je le quittai et par le fleuve chez Blackbury, parlai avec lui de mâts......., puis l'accompagnai dans son jardin non loin de sa maison où je mangeai des pêches et des abricots, un fort bel endroit. Ensuite traversai le fleuve et au Palais de Westminster. Ne trouvant pas Mrs Lane avec qui j'avais l'intention de prendre du bon temps, me rendis chez Jervas et l'emmenai avec sa femme chez la mère Palmer, le ventriloque qui m'avait tant diverti avec Mr Mallard il y a deux ou trois ans, pensant, car j'avais entendu dire qu'elle est cette sorte de femme, que je pourrais y voir quelques filles de joie ( que Dieu me pardonne ! ) . Mais, Dieu soit loué ! il n'y en avait pas, ni rien qui me plût.........
Après avoir dépensé là 1 shilling de vin, nous prîmes une barque et les laissai à Westminster. Comme il était tard je renonçai à Mrs Lane et pris une barque jusqu'au débarcadère de l'Ancien Cygne, et là je passai un joyeux moment avec un des jeunes gens en me moquant des lointains voyages qu'il fait jusqu'à Vauxhall. Et l'homme me lança une fort jolie repartie sur le ton du grand voyageur, ce qui me réjouit beaucoup. Puis à la maison et mangeai avec mon frère un morceau de pain et de fromage, puis au lit, avec lui.
Aujourd'hui j'ai reçu une lettre de ma femme qui me contrarie extrêmement : elle me dit que Miss Ashwell lui a envoyé au visage qu'elle n'était qu'une menteuse et, ma femme lui ayant donné un soufflet, l'autre le lui rendit, et s'ensuivit un beau désordre. J'en suis bien chagriné. Et que milady a appris par mon père ou ma mère quelque chose de la conduite de ma femme. Tout cela me fâche et je crains d'avoir bien du mal avec ma femme quand elle rentrera, pour la faire filer doux de nouveau. Mais si Miss Ashwell s'en va je suis résolu à ne pas en engager une autre, et à vivre pauvrement et simplement pendant un bon moment, et à économiser de l'argent et contenir les dépenses de ma femme, si je le puis. Sinon je pourrai dire adieu à toute satisfaction en ce monde. Puis au lit, l'esprit quelque peu tourmenté mais je vais avoir soin, par prudence, d'éviter les conséquences néfastes que je redoute, car les choses ne sont point encore allées trop loin, et cette arrogance nouvelle chez ma femme vient de ce que j'ai été assez sot pour lui donner trop de liberté depuis un an.
.francetvinfo.fr 5 août 1663
Toute la matinée au bureau où Deane de Woolwich vint m'entretenir des plans de navires que je cherche à présent à comprendre. Je l'emmenai au café où il blâma en termes fort vifs le rapport de Mr Graunt en faveur du vaisseau de sir William Petty, et nous en vînmes presque à nous échauffer.
Ensuite à la Bourse et à la maison pour dîner avec mon frère. L'après-midi à Westminster trouvai Mrs Lane un peu plus tard, comme nous en étions convenus. Nous nous retrouvâmes à l'embarcadère du Parlement ( en descendant du bateau ne voilà-t-il pas que milady Jemima vint à notre rencontre. Elle me vit qui la tenais par la main, mais ne m'en dit rien, je m'arrêtai pourtant pour lui parler afin de voir si elle en ferait ou non la remarque ) et nous partîmes pour Stangate. A la taverne de la Tête du Roi dans le marais de Lambeth mangeâmes et bûmes toutes sortes de mets et de boissons, en tout x shillings. Je la chiffonnai et la caressai beaucoup, mais ne pus rien obtenir de plus, bien que j'en fusse fort près. Toute dévergondée et enjouée qu'elle soit, elle n'ose point s'aventurer dans cette affaire. Je l'en loue très fort, et je l'aime pour cela.
Restai fort tard, retraversai le fleuve avec elle en barque. Comme j'étais en nage de l'avoir lutinée, je n'osai point rentrer à la maison par le fleuve et pris un fiacre.
A la maison, mon frère et moi nous mîmes à lire Descartes, et je m'aperçois qu'il le possède bien, et je ne peux que reconnaître qu'il l'a étudié avec conscience, et qu'il y trouve un grand plaisir.
Ce soir est arrivée une lettre de Mr Coventry concernant le travail, accompagnée d'une plume d'argent qu'il m'avait promise, et que l'on remplit d'encre, ce qui est fort utile. Puis prières et au lit.
6 août
Lever, et me fâchai contre ma servante Hannah qui ne tient pas mieux la maison, qui est plus sale maintenant qu'elle ne l'a jamais été quand toute ma famille était ici.
Puis à mon bureau, réunion avec Mr Coventry et William Penn. Mr Coventry m'a emprunté mon manuscrit sur la marine.
A midi à la Bourse, rencontrai sir William Warren, dînâmes dans un café où achevâmes un contrat pour le bureau, puis le quittai. Ensuite chez ma cousine Mary Joyce à un baptême où nombreuse compagnie et bonne chère. Il y avait là le fauconnier du roi qui vit à côté de Saint-Paul et sa femme, un laideron, mais qui apporte de l'argent. Il parla de la force des faucons qui peuvent abattre un oiseau avec une telle force que la proie rebondit à une grande hauteur au-dessus du sol, ce que ne peut faire aucune force humaine, ni artificielle.
Mais il était très intéressant d'entendre quelles raisons lui et un autre, un certain Ballard, un homme riche de la même corporation des marchands de cuir à laquelle appartiennent les Joyce, donnèrent pour expliquer cela. Quand à la femme de Ballard, une jolie femme qui a de fort bonnes manières, je trouvai l'occasion de l'embrasser plusieurs fois, et elle de découper la viande, de boire et de me témoigner grand respect. Après le dîner conversation et rires. Je ne bus pas de vin et envoyai quérir de l'eau, car la bière n'était pas bonne. On fit venir un ménétrier, et une certaine Mrs Lurkin, une voisine, une pauvre femme, mais bonne, gaie et fort grande, dansa et nous fit voir des tours qui nous mirent tous en joie. Mais surtout une des filles de Mrs Brumfield, noiraude mais bien tournée et modeste, dansa fort bien ce qui me plut extrêmement, et je commençai La Duchesse avec elle, mais sans réussir, je ne m'en dépêtrai cependant pas trop mal et la louai fort, la baisai et la ramenai chez elle avec son cousin Anthony et Kate Joyce. Kate était fort belle aujourd'hui, c'est-à-dire bien ajustée. et je me montrai fort affectueux et familier avec elle, et la baisai avec passion, ce qu'elle prend en fort bonne part. Les quittai après les avoir, bien qu'il fût 9 heures du soir, emmenés dans un théâtre de marionnettes à Lincoln's Inn Fields............
Je rentrai à pied à la maison et, après avoir envoyé une lettre à ma femme par la poste, et aussi à mon père, à la maison et souper, et après une petite conversation avec mon frère, au lit.
7 août
Lever et un peu à mon bureau, puis chez Mr Brown chercher ma règle à cuber le bois, qui est prête et qui est assurément la meilleure et la plus commode à porter dans sa poche et la plus utile jamais fabriquée. Et j'ai moi-même l'honneur d'être en quelque sorte son inventeur sous cette forme. Je restai à deviser une heure avec lui, puis à la maison. Après la visite du Dr Fairbrother et promenade dans le jardin et dans la Cité, allai voir ma viole que je trouvai achevée et recouverte d'une couche de vernis, elle me plaira beaucoup une fois entièrement vernie.
A la maison étudiai ma nouvelle règle jusqu'à en avoir la migraine. Dîner et visite du docteur et de Mr Creed.
Le discours du docteur qui ( quoique ce soit un homme d'un fort bon naturel ) est bien naïf et nous divertit...........
Nous nous quittâmes après le dîner et j'allai à Deptford, à pied. Trouvai sir William Penn. J'entrepris de cuber des planches que l'on était en train de livrer à l'arsenal. Ce que les gens remarquèrent et l'ouvrier qui cube le bois en était éberlué, car je le faisais beaucoup plus aisément que lui, et je crois que sir William Penn eut été heureux si j'avais été moins capable, ou l'autre davantage.
Il s'en alla bientôt et je restai à parcourir l'arsenal, à causer avec les officiers, puis je rentrai à pied. En chemin fus arrêté par le jeune Bagwell et sa femme, me demandèrent le service de lui obtenir un meilleur vaisseau. Ce que je vais faire mine d'être disposé de faire pour eux, mais mon intention est de connaître un peu mieux sa femme.
Quand ils m'eurent quitté je me rendis chez Cadbury, le fabricant de mâts, pour voir un lot de beaux mâts qu'à ce qu'il me semble il serait bon que nous achetions, et je suis résolu à en parler au Conseil.
Puis à la maison. Mon frère et moi montâmes. J'allai faire de la musique et ensuite allai causer avec lui. Mais il ne m'apparut point si savant philosophe, du moins en ce qui concerne Aristote, que je l'avais cru, car il ne fut point capable de me donner la définition de feu, ni lesquelles des quatre qualités appartiennent à chacun des quatre éléments.
Puis prières et au lit. Entre autres, je suis fort satisfait de ma nouvelle règle.
8 août 1663
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Lever et à mon bureau. Envoyai chercher Brown le fabricant d'instruments de mathématiques. Il m'a fait une règle à mesurer le bois et d'autres choses si réussies, que je donnerais ma main à couper que je ne peux point en avoir de meilleure, et que nul ne peut en trouver d'aussi bonne, car celle-ci a été faite selon mes instructions. Puis réunion toute la matinée. La séance levée à midi je descendis sur la berge avec Mr Coventry. Je vois chez lui tant de probité et d'efforts pour bien servir le roi, que je l'admire de plus en plus. ..............
Ensuite à la Bourse pour plusieurs affaires, et à la maison pour dîner. Dans l'après-midi emmenai mon frère John et Will à Woolwich par le fleuve. Nous restâmes un bon moment et mangeâmes des fruits dans le jardin des Sheldon, puis prîmes à pied le chemin du retour.
Je posai maintes questions de physique à mon frère John, auxquelles il répondit fort mal ou point du tout. Par exemple au sujet des régions de l'air, il me dit qu'il n'en avait jamais entendu parler, car il n'avait jamais lu la philosophie d'Aristote, et Descartes ne reconnaît rien de tel. Je fus irrité de l'entendre dire cela. Mais je vais le mettre à l'épreuve pour voir ce qu'il a appris depuis son entrée à l'université.
Il était tard lorsque nous pûmes quitter Greenwich pour Londres par le fleuve, la marée était contre nous et presque passée et donc, pour gagner du temps et ne pas être gêné par les ancres, je débarquai à Wapping, puis rentrai à pied à la maison, fort las d'avoir marché sur les pavés.
Ce soir, sir William Batten et sir John Mennes sont rentrés de Portsmouth, mais je ne suis pas allé les voir.
9 août
Jour du Seigneur
Lever, quittai mon frère qui voulait aller de son côté et me rendis à l'office où entendis Mr Milles....... prêcher en prenant pour sujet l'autorité des pasteurs........... Entre autres phrases orgueilleuses il dit que tel homme instruit avait coutume de dire que s'il venait à rencontrer ensemble un ministre de la parole de Dieu et un ange, il saluerait d'abord le ministre, ce qui me sembla un peu trop arrogant.
Aujourd'hui j'ai commencé à faire usage de la plume d'argent, que Mr Coventry m'a donnée, pour écrire ce sermon en prenant seulement en notes les points principaux en latin, et je pense que je continuerai de le faire. Puis à la maison et à mon bureau à relire mes résolutions. Ensemble chez sir William Batten pour dîner..............
L'après-midi avec milady Batten que je pris par la main pour la guider par les rues à l'église
St Dunstan, non loin de chez nous..... et entendîmes un excellent sermon..... sur les paroles
" Souviens-toi de la femme de Lot ". Retournâmes ensuite chez Mrs Russell......... Puis à la maison, et comme mon frère était sorti je me rendis à pied chez mon oncle Wight où restai, avec peu de plaisir cependant, à souper........
Retour à la maison où veillai tard à interroger Will sur sa Bible en latin, ainsi que mon frère sur son grec. Puis prières et au lit.
Cet après-midi j'ai été fort étonné par l'air sur lequel le clerc de la paroisse a chanté le psaume. Au début j'ai cru qu'il se trompait, mais c'est un bon chanteur et la paroisse savait fort bien le chanter et l'air était beau. Mais je m'étonne qu'il puisse y avoir un air de psaume que je n'avais jamais entendu.
10 août
Lever, quoique pas aussi tôt cet été que j'en avais l'habitude tout l'été passé, ce que je regrette. Et quoique la saison des levers matinaux soit fort avancée, je suis résolu à recommencer à me lever de bonne heure avant qu'elle ne soit tout à fait passée. A mon bureau pour me préparer à mon entrevue avec le Duc aujourd'hui.
Peu après en barque à Whitehall et à St James, et je fus bientôt appelé dans le cabinet du Duc. Comme il était habillé on nous fit tous entrer pour le rejoindre et nous discutâmes de nos affaires. Cela terminé il se rendit à pied ( j'étais de ceux qui l'accompagnaient ) à Whitehall où il prit le canot-major pour se rendre à Woolwich. Quant à moi à la commission de Tanger où se trouvaient milord Sandwich, milord.......... Il fut question de fournir de l'argent à Mr Treviot. Et je regrette de voir qu'ils sont, quoiqu'ils ne l'aiment point, prêts cependant à lui en donner, au nom seulement de la civilité et en guise de compliment, quasiment sans s'attendre à ce qu'il en donne aucun compte.. Mais cela sera cause, rusé comme il est, que le roi devra sûrement payer cher la politesse de nos courtisans. Ensuite en carrosse avec milords Peterborough et Sandwich chez milord Peterborough. Et là après avoir passé une heure à regarder de beaux livres sur l'architecture italienne avec de belles gravures, ainsi que les arcs et flèches de milord Peterborough, dont il est grand amateur, nous nous mîmes à table. Milady descendit aussi dîner. Il y avait là Mr Williamson, qui est au service de sir Henry Bennet, que je trouve fort intelligent et accompli, quoique un peu imbu de lui-même.
Puis me rendis chez Greatorex que je trouvai dans son jardin, et lui confiai ma règle pour qu'il y gravât un almanach et d'autres choses sur les plaques en laiton, ce qu'il termina un peu avant le soir, mais en bâclant la dernière partie, de sorte que je dois la lui faire refaire, si non ma règle ne me plaira pas.
Voilà la folie qui me tient maintenant, c'est que tandis qu'autrefois rien ne me faisait davantage plaisir que de posséder des livres en abondance et de dépenser de l'argent pour en acheter et acheter toujours d'autres choses, maintenant que je suis devenu plus économe et que j'ai mis un frein à mes dépenses, ce qui me délecte à présent c'est que tout soit parfaitement soigné, et rien qui ne le soit ne peut me plaire, ce qui est une singulière folie.
William Howe vint me rejoindre au sujet d'affaires. Nous parlâmes longuement de milord Sandwich. Il m'apprend que milord s'est coiffé d'une des filles de Mrs Becke chez qui il loge, de sorte qu'il dépense son temps et son argent pour elle. Il me dit que c'est une femme de très mauvaise réputation et fort immodeste, ce qu'il a dit à milord. Mais malgré tout cela, milord passe toutes ces soirées avec elle, bien qu'il soit à la Cour dans la journée. Et le monde entier l'a remarqué. Et Pickering n'est là que pour servir de paravent....... et c'est pour cela que milord n'a pas davantage envie de partir à la campagne.......... J'en ai du regret, mais je n'en suis pas étonné, car c'est un homme d'un tempérament amoureux et il commence à prendre les mêmes libertés qu'il voit tout le monde prendre à la Cour..............
Puis à la maison et examinai un exercice écrit par Will en latin avec mon frère. Ensuite prières et au lit.
Ce soir je reçois une lettre de mon père qui me dit que ma femme rentrera à Londres cette semaine. Je m'étonne qu'elle revienne sans que j'en aie été mieux informé. Il m'apparaît qu'ils mènent ensemble une vie fort difficile depuis son arrivée, et je devrai faire usage de tout ce que j'ai en cervelle pour la remettre dans le droit chemin quand elle rentrera, ce qui, je le crains, sera difficile et cette pensée m'inquiète fort.
11 août
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Lever et à mon bureau, où mon frère Tom vint bientôt. Je le tançai vertement car il néglige de voir les Joyce et de leur être agréable. J'avoue craindre qu'ils ne comprennent pas sa manière d'avancer ses affaires et qu'il ne réussisse pas dans son métier, bien qu'il me dise qu'il donne satisfaction à tout le monde et qu'il gagne de l'argent. Je ne le croirai pas avant d'avoir vu un état de ses comptes, que je lui ai ordonné de m'apporter avant que j'accepte de le revoir.
Au bureau réunion toute la matinée. A midi à la Bourse où rencontrai le Dr Pearse. Il me dit que le roi revient aujourd'hui de Tunbridge pour un ou deux jours avant de retourner pour ramener la reine. Celle-ci, dit-il, est devenue une personne fort enjouée qui à présent l'embrasse et va à sa rencontre au galop sur la route, et fait tout ce que peut faire une dame agréable et aimante. Il pense qu'il s'entretient de temps en temps avec Mrs Stuart, mais qu'elle n'est guère dangereuse, car ce n'est qu'une jeune fille innocente et sans expérience. Quant à milady Castlemaine, qui gouverne le roi pour les affaires d'Etat et fait de lui ce qui lui plaît, il croit qu'elle est à présent en train de tomber en disgrâce. Après son retour la reine se rendra à Bath et ensuite à Oxford où l'on prépare pour elle de grands divertissements.
J'apprends aussi aujourd'hui qu'ont été lancés des mandats contre milord Bristol pour le mener à la Tour, mais il s'est enfui ou se cache si grand est l'avantage que le chancelier a remporté sur lui.
A la Bourse mon frère et Will m'apprennent que Mrs Turner voudrait venir dîner avec moi aujourd'hui, je rentrai donc en hâte à la maison. Je la trouvai en compagnie de Mrs Morrice ( Théophilia et Joyce sont parties à la campagne, ce qui explique que la mère se promène ). Je leur fis préparer un dîner. Après le dîner mon oncle Thomas et ma tante Bell vinrent me voir et je les saoulai mais presque avec du vin ce qui les mit de fort aimable humeur ( mais je ne les fis pas monter voir ces dames ), puis ils s'en allèrent. Alors mes deux dames et moi montâmes dans la voiture de Mrs Turner et nous rendîmes chez Mr Povey. Il était absent mais nous entrâmes et je montrai à Mrs Turner sa perspective et sa volière, ainsi que les belles choses qu'il fait à présent construire et qui sont fort élégantes. De là au Temple et par le fleuve à Westminster. Là avec Mrs Morrice chez sir Robert Long pour chercher une de ses nièces, mais elle était sortie, puis reprîmes une barque et descendîmes jusqu'au Pont où nous essayâmes de trouver une soeur de Mrs Morrice, mais elle n'était pas là non plus et donc nous passâmes le Pont et je les fis monter à bord du bateau de plaisance du roi. Nous passâmes tout le chemin à lire un livre de recettes pour faire de bons plats et des confiseries. Entre autres une " Pour faire moi-même mon eau de senteur ", qui nous fit bien rire.
Je les débarquai à Greenwich. Là les emmenai dans un jardin et les régalai de fruits et de vin, puis retour au bateau. Finalement à la fraîche arrivâmes au quai du Lion. La marée était contraire et nous accostâmes donc et marchâmes jusqu'au Pont où nous prîmes un fiacre qui, par chance, passait par là. Je les raccompagnai donc chez elles et mangeai du gibier froid et bus avec elles puis leur souhaitai bonne nuit, après m'être fort amusé en leur compagnie. Je crois qu'il n'est pas mauvais d'entretenir, quoiqu'il m'en coûte un peu, une amitié telle que celle de Mrs Turner.
A la maison et au lit, l'esprit occupé par tout ce que je dois faire demain pour tout préparer en vue du retour de ma femme, comme par exemple acheter un lit, car mon frère John est ici et je n'ai plus à présent de lit supplémentaire qui ne soit pas utilisé.
12 août 1663
Lever et un moment à mon bureau pour rédiger le journal d'hier, et sortis acheter un lit et autres.
Retour à la maison et installé le lit et d'autres choses pour le retour de ma femme. Puis je sortis, me rendis dans divers endroits et chez Mrs Turner, car elle m'avait invité hier soir, et dînai là avec aussi Mrs Morrice et une autre personne que je ne connaissais pas. Ce fut très gai et on nous servit un bon dîner. Je les quittai et me rendis à Whitehall où réunion pour la commission de Tanger.
Firent de nombreux changements sans pourtant, je pense, rien améliorer........ Les lords s'opposaient à tout ce qui semblait un peu brutal, alors qu'il s'agissait d'argent et de comptes, et leur courtoisie pouvait coûter cher au roi.
Seulement je vois bien en les observant que lorsqu'il s'agit d'écrire sur des questions qui déplaisent à la personne qui recevra la lettre, il vaut mieux le faire de la manière le plus simple et sans ambages ni raisonnements, et dire les choses tout de go en laissant la personne saisir ce que l'on veut dire.
Ensuite par le fleuve chez mon frère où j'apprends que ma femme est rentrée à la maison et que mon père est lui aussi à Londres, ce qui m'étonna. Mais j'entendis que c'était pour donner à mon frère des conseils sur ses travaux de construction, et peut-être aussi pour me rassurer sur les différends qui ont existé entre ma femme, lui et ma mère.
Cependant quand il vint peu après chez Mr Holder, pour acheter un chapeau, il ne me fit aucune remarque. Je fis une courte promenade avec lui et le laissai passer la nuit dans ce quartier de la ville, et je rentrai à la maison. Là je trouve ma femme qui, me semble-t-il, me bat froid. Je crois que c'est parce qu'elle ne savait pas de quelle humeur elle me trouverait, mais je lui dis des paroles affectueuses et nos retrouvailles furent tendres. Elle ne put cependant s'empêcher de me conter de quelle manière elle avait été traitée par eux et sa dame de compagnie Miss Ashwell, à la campagne. Mais je vois qu'il vaudra mieux ne pas examiner la question, car je la crois aussi fautive, et j'essaie donc de n'y point prêter l'oreille.
Ensuite au lit où jouis d'elle avec grand contentement. Puis nous nous endormîmes.
13 août
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Grasse matinée avec ma femme à causer affaires de famille. Puis lever et au bureau, réunion toute la matinée. Dîner à la maison, après nous parlâmes de nouveau d'engager deux bonnes servantes et de nous séparer de Miss Ashwell, ce qui me tourmente à cause de son père, et pourtant je serai content de ne plus avoir à payer une dame de compagnie. Puis un moment au bureau et sortis avec ma femme. Par le fleuve à Whitehall et dans les appartements de milord rencontrai milady Jemima avec qui nous demeurâmes un bon moment. De là chez Mrs Hunt où je laissai ma femme. J'allai me promener un peu dans le parc de St James.......... Je rencontrai Mr Howell que j'ai connu à Magdalene College........ à parler de sir Samuel Morland, dont la femme est partie en France. Il semble qu'il achète des terres et une ferme à la campagne et dépense de l'argent à bâtir et Dieu sait quoi d'autre. De sorte que la plus grande partie de l'argent qu'il a tiré de la vente de sa pension de 500 livres à sir Arthur Slingsby est, pense-t-on, envolée. Il semble que le roi lui ait fait de très grandes promesses.
Dans le parc je rencontrai Mr Coventry. Il envoya quérir une lettre qu'il venait de m'écrire où il en avait joint une du commissaire Pett qui se plaignait......... De voir comme il s'y était pris et comme il se plaignait que nous l'eussions, contrairement à nos promesses, abandonné, nous fit bien rire.......... Mais je vois que Pett a cessé de correspondre avec moi
J'allai ensuite chercher ma femme chez Mrs Hunt, son mari était rentré. Nous mangeâmes et bûmes, puis partîmes. Leur enfant était à la maison, il est très vif, mais point joli du tout. Par le fleuve chez Mrs Turner à qui nous fîmes une courte visite, et à la maison en fiacre.
Après le souper, prières et au lit. Avant d'aller au lit Miss Ashwell commença à se plaindre, et je m'aperçois à l'entendre qu'elle a été traitée de manière fort indigne par ma femme, ce que celle-ci nie sottement, mais il est impossible que cette fille invente avec une telle précision des faits et des paroles auxquels ma femme n'a rien d'autre à opposer que des dénégations formelles, ce que je suis chagrin d'entendre. Des coups ont été échangés, ainsi que des paroles acerbes jusque dans le château d'Hinchingbrooke devant les gens de milady, ce dont j'ai grand-honte.
Je ne dis rien ni à l'une ni à l'autre, mais les laissai parler, jusqu'à ce que Miss Ashwell partit et nous eût laissés au lit. Puis je dis à ma femme ce que je pensais en peu de mots et avec tristesse, et nous nous endormîmes.
14 août
M'éveillai et réprimai ma femme derechef, et il m'apparaît qu'elle a trop haute opinion d'elle pour être mise au pas. Et il n'est pas possible sans inconvénient de garder Miss Ashwell plus longtemps. Ma femme est à ce point décidée et appliquée, comme elle l'était pour Sarah, à la faire paraître pour une menteuse à la moindre occasion que nous n'aurons point de paix tant qu'elle sera là. Me levai et à mon bureau. A midi dîner à la maison, mon estomac comme moi ayant laissé passer l'heure, il était plus de 2 heures. Cependant avant que nous eussions pu nous mettre à table, Mrs Harper et sa cousine Jane arrivèrent et nous fûmes longtemps à négocier et à parler de sa venue auprès de ma femme comme femme de chambre. Je pense qu'elle fera bien l'affaire. Elles s'en allèrent et attendent d'être avisées de la date où elle viendra.
Nous nous mîmes à table à presque 4 heures. Je me rendis ensuite à pied chez mon frère où je trouvai mon père qui est mécontent et n'a aucune envie de venir chez moi et voulus commencer à me conter certains différends entre ma femme et lui. Mais je ne voulus rien entendre et suis bien fâché de ma sottise, causse de tout cela, et de la leur de ne m'avoir point avisé dès le début........ Nous nous quittâmes fort affectueusement, et il dînera avec moi demain ou après-demain.
Rentrai à pied à la maison faisant plusieurs courses en chemin. Une fois rentré emmenai ma femme rendre visite à sir William Penn qui boîte toujours fortement et après avoir passé une heure avec lui rentrâmes chez nous, souper et, avec grand contentement, au lit.
15 août 1663
Me levai tard car je suis un peu incommodé par une douleur causé par le vent et le froid, puis levé l'esprit en paix, avec l'espoir que ma femme va s'occuper de sa maison et de ses serviteurs.
Au bureau et comme il était trop tôt pour la réunion allai voir ma viole, qui est presque achevée et je crois qu'elle pourra être chez moi, à mon idée, la semaine prochaine. Puis au bureau réunion toute la matinée et fort embesogné. Il était 2 heures quand je pus aller dîner.
Après le repas me rendis à pied chez mon fabricant d'instruments de mathématiques, repris ma règle qu'il vient de graver et maintenant si bien parachevée que je crois que je n'aurai jamais ni le besoin ni le désir d'en avoir une meilleure sur quelque point que ce soit, ni ne penserai jamais que quiconque avant moi eût pu en avoir une aussi propre à tous usages que j'en ai fait.
A Deptford par le fleuve, pris dans ma barque Mr Palmer que je connaissais et sa femme, qui étaient aussi des amis de ma femme du début de notre mariage au temps de notre brouillerie lorsqu'elle logeait à Charing Cross. Il me félicita de ma prospérité, quant à lui il semble forcé d'exercer la profession de juriste de façon commune et ordinaire, mais il paraît vivre bien et c'est un homme fort sérieux dans ses propos. A Deptford il vit, en raison du respect que me montrent les officiers un exemple de mon autorité et en fit la remarque. Et pourtant Dieu sait comme j'espère ne jamais laisser les honneurs me tourner la tête, mais au contraire ne désire d'autre renommée que celle de bien servir le roi et de faire mon devoir.
Je parcourus le chantier un moment et parlai avec les officiers et rentrai à la maison par le fleuve en méditant sur ma nouvelle règle avec grand plaisir. A mon bureau travaillai à la lueur de la chandelle. Puis à la maison, souper et, au lit.
à suivre................
16 août............