vendredi 10 septembre 2021

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 147 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

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écriture du jal de Samuel Pepys - sténo

                                                                                                                         16 août 1665

            Levé. Après avoir, comme il fallait, mis de l'ordre dans mes comptes chez moi, me rendis au bureau écrire des lettres avec Mr Hayter. Lui remis mon dernier testament, dont un exemplaire destiné à ma femme après ma mort.
            A la Bourse où je n'étais pas allé depuis fort longtemps. Seigneur ! Triste spectacle que celui des rues sans âme qui vive, de la Bourse déserte. On regarde avec méfiance la moindre porte fermée craignant que ce soit à cause de la peste. Par ici au moins deux boutiques sur trois, si ce n'est plus, ont fermé, en moyenne.
            De la Bourse chez sir George Smith accompagné de Mr Fenn, pour qui j'ai dorénavant les plus grandes politesses, car il doit me payer mes lettres de change, ainsi que d'autres sommes qui me sont dues, et ce fut fait sur le champ.
            Fort gais, avec le capitaine Cocke et Fenn, chez sir George Smith, ce fut un bon dîner. M'est avis que ce Cocke est le plus parfait épicurien, il mange, il boit, avec le plus grand plaisir et sans la moindre retenue.
            A la Bourse rumeurs fort contraires, aujourd'hui. Selon certains notre flotte a capturé plusieurs navires hollandais de la Compagnie des Indes orientales. Selon d'autres, nous les avons attaqués à Bergen, mais l'attaque fut repoussée. D'autres encore prétendent que notre flotte, après cette attaque, risque fort de se retrouver nez à nez avec l'énorme armée qui vient de quitter la Hollande, à savoir presque 100 navires de guerre. Chacun est désemparé, nul ne sait rien.
            Puis chez les orfèvres chercher de l'argent. Rentrai, fis quelques comptes. A ma grande satisfaction j'ai fait rentré 500 £ de plus sur les sommes qui me sont dues, et obtenu une avance qui me permettra d'aider Andrews.
            Ai appris aujourd'hui, de Dagenham, la mauvaise nouvelle : l'indisposition du pauvre milord Hinchingbrooke s'est avérée être la petite vérole. Pauvre gentilhomme ! Dire qu'il est tombé malade si peu après son retour de France et de cette maladie en particulier, alors qu'il devait aller visiter une personne de qualité, sa dame ! J'en suis fort peiné pour lui.
            Mis en ordre divers papiers, tard et, au lit.


                                                                                                                    17 août

            Levé, au bureau, la matinée. A midi dînâmes ensemble de quelques victuailles que j'avais fait préparer chez sir William Batten, aux frais de Sa Majesté. Après quoi, quand j'eus expédié quelques affaires et réglé diverses choses chez moi, nous descendîmes vers le fleuve et allâmes en bateau à Greenwich voir le Bezan. Montâmes à bord du yacht, sir William Batten et d'autres, plus quelques serviteurs, en particulier Mr Carcasse, le secrétaire de milord, gentilhomme fort affable, et descendîmes le fleuve, ce qui fut fort plaisant, et j'eus un entretien agréable avec milord Brouncker, un excellent homme. Non loin de Gravesend le vent retomba si bien qu'on dut jeter l'ancre, et on soupa fort gaiement. Après quoi, au clair de lune, allâmes plaisanter et bavarder sur le Pont, Puis, ayant envie de dormir, descendîmes dans la cabine, et on s'endormit sur les coussins en velours du roi dont le yacht est équipé. On dormit fort bien jusqu'à près de 3 ou 4 heures du matin, après nous être levés la nuit pour voir la comète nouvellement apparue, dit-on. Mais nous ne vîmes rien.


                                                                                                                                   18 août
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            Levés vers 5 heures, puis habillés. Avons à nouveau fait voile pour rejoindre le Solveigh dans l'embouchure de la Tamise, magnifique bateau à présent gréé, mâté et équipé en hommes. Restâmes juste le temps de nous enquérir de l'avancement des travaux, puis allâmes à Sheerness nous promener et calculer la superficie nécessaire à l'établissement d'un chantier où seraient nettoyés et réparés les bateaux. L'endroit conviendrait parfaitement. Sur ce, satisfaits, remontâmes la Medway où notre yacht fit la course avec celui du commissaire Pett qui arrivait de Chatham, et qui eut l'avantage. 
            Je voulus accoster mais le tirant d'eau était trop faible pour pouvoir faire étape à Queensborough
Prîmes grand plaisir à visiter tous ces lieux au fil de la journée, chose que je n'avais encore point faite. Puis à Chatham, à la taverne de la Colline où l'on dîna. Puis avons parlé affaires un moment. On discuta, entre autres, avec le commissaire Pett qui envisage de dépenser une somme énorme pour Sheerness, ce qui ne pourrait que nuire aux arsenaux de Chatham, l'endroit étant bien mieux situé. Mais de toutes façons le roi n'a point cet argent dans ses coffres, bien qu'on eût aimé qu'il l'eût.
            Les quittâmes à la taverne puis en voiture avec le commissaire Pett. Arrivai tard, de nuit, à Gravesend où la peste fait rage et où je suis inquiet d'avoir à attendre si longtemps la marée. A dix heures du soir, après avoir dîné, pris un bateau, seul, où je dormis bien tout au long du trajet, jusqu'à l'embarcadère de la Tour, vers 3 heures du matin. Réveillai mes gens en tambourinant et, au lit.


                                                                                                                          19 août

            Dormis jusqu'à 8 heures, puis levé. M'attendaient des lettres du roi et de milord Arlington au sujet de notre installation à Greenwich.
            J'écrivis aussi quelques lettres et me préparai à me rendre chez sir George Carteret à Windsor. Ayant emprunté le cheval de Mr Blackbury, demandai à ce dernier de m'attendre devant la maison du duc d'Albemarle. Mais arriva soudain une lettre du Duc disant que la flotte vient de regagner Solebay et est sur le point de repartir. Je me rendis aussitôt chez le Duc, par le fleuve afin de connaître les nouvelles, lus la lettre de milord Sandwich ainsi que celles de sir William Coventry et du capitaine Teddeman, qui relatent que milord avait donné l'ordre à Teddeman d'aller avec 22 bâtiments, dont 15 seulement parvinrent et 8 ou 9 seulement purent y parvenir, à Bergen où après que plusieurs messages furent échangés avec le gouverneur du fort, dont la substance était que le capitaine Teddeman ne viennent pas avec plus de 5 navires, et qu'il désirait un délai de réflexion, cependant qu'il permettait aux navires hollandais de débarquer leurs canons à terre et de les placer aux postes stratégiques, Teddeman, lors du second tir de canons, fit feu sur les navires hollandais, dont dix étaient de la Compagnie des Indes, et en l'espace de trois heures, tandis que la ville et le fort, sans que nous les ayons provoqués, tiraient sur nos navires, l'ennemi rompit nos amarres et le vent qui soufflait vers le large nous contraignit à quitter le port et rendit nos brûlots inutiles, ainsi les seuls dommages que nous causâmes furent, naturellement, ceux que nos canons ont dû infliger. Comptons au nombre de nos pertes cinq capitaines de frégate, outre Mr Edward Montagu et Mr Windham.
             Notre flotte est de retour et, à notre grand dam, il ne leur reste guère plus de cinq jours de rations de biscuits et six jours de boissons. Ils doivent pourtant repartir et, sur ordre du Duc, le Sovereign et d'autres navires doivent se tenir prêts à appareiller pour aller leur prêter main forte. Chacun s'est ému à cette nouvelle, mais on n'y peut rien.
            Après avoir lu ces lettres, reçus avec plaisir les ordres du Duc en des termes dont, à ma grande joie, il avait déjà usé à mon égard disant qu'il plaçait toute sa confiance en moi, sur quoi milord Craven vint aussi me parler et dit que le Duc me tenait en très haute estime, ce dont je remercie Dieu.
            Rentrai. Après avoir rendu compte de ces nouvelles à mes collègues à Chatham et écrit d'autres lettres, me rendis par le fleuve à Charing Cross, au relais de Poste. Mais j'apprends qu'il est fermé, si bien que je me rendis au nouveau relais de poste où je commandai un guide et des chevaux pour Houselow. Fus ravi à la vue d'une petite fille, la fille du maître de poste, Betty Gysby qui, si elle vit sera d'une grande beauté.
            Il y avait là un brave homme qui s'enquit des nouvelles pendant que j'attendais mes chevaux. Mais j'eus beau lui répéter six ou sept fois le nom de Bergen en Norvège, il ne put le retenir si grande était son ignorance.
            A Staines, où j'arrivai en pleine nuit. Pris un guide qui se perdit en chemin dans la forêt jusqu'à ce que, grâce à la lune, me voilà enfin récompensé de tous mes efforts pour en étudier les phases, je remis mon guide dans le droit chemin. Puis on réveilla un homme de faction à une barrière qui nous conduisit à Cranbourne.
            Aperçus une vieille demeure en réfection, entourée de gravats, et dus gravir une échelle pour monter à la chambre de sir George Carteret. Je m'assis sur son lit et lui fis part de mes mauvaises nouvelles qui l'inquiétèrent fort mais, d'humeur réjouie l'un et l'autre nous en prîmes notre parti. Lui souhaitai le bonsoir, car j'étais las, allai bavarder avec Mr Fenn déjà couché, puis allai dormir dans la chambre qui sert habituellement à milady et où est née l'actuelle duchesse d'York.
            M'endormis, très fatigué, mais en pleine santé, grâce au flacon d'eau-de-vie que j'avais emporté et dont les petites gorgées que j'ai prises de temps à autre m'on bien revigoré.


                               
                                                                                        20 août 1665
                                                                                                      Jour du Seigneur 
            Sir George Carteret vint déambuler dans la ruelle de mon lit pendant une demi-heure, et me fit la conversation, disant que dans cette affaire milord n'est guère à blâmer car il n'a, dans sa mauvaise fortune, qu'obéi aux ordres. Qu'il convient d'imputer la chose au roi du Danemark et à sa fourberie car, me dit-il en secret, celui-ci avait promis de nous livrer les bateaux hollandais, et nous y comptions. Il jura que si nous prenons le parti de nous brouiller avec lui ce sera sans aucun doute sa ruine et celle de son royaume, c'est ce que l'honneur nous commande de faire. Mais que la seule chose possible est d'envoyer à nouveau la flotte en mer, afin qu'elle intercepte de Witt qui, sans aucun doute, sera sur le chemin du retour avec les bateaux de la Compagnie des Indes orientales, car il est allé là-bas.
            Après son départ, me levai et allai trouver Fenn prêt à sortir visiter l'endroit. C'est un fort beau manoir au milieu d'une forêt magnifique, avec la plus belle vue qui soit sur Windsor ainsi que, à perte de vue, sur de nombreux comtés alentour. Cela dit, l'endroit est fort triste, et seuls les arbres mettent une note de diversité.                                                                                                              pinterest.fr    
            J'avais l'intention de rentrer par voie d'eau et d'aller admirer la chapelle et le château de Windsor mais, de retour au manoir, sir George Carteret m'en dissuada et me pressa de rentrer au plus vite m'occuper de nos affaires, si bien que j'avalai un morceau vers 10 heures puis à cheval à Staines et, de là, à Brainford chez Mr Povey, par un temps fort agréable pour chevaucher. Mr Povey absent, ce fut peine perdue. Je pris seulement le temps de boire et de manger avec sa dame à qui je fis le récit de mes mauvaises nouvelles et dont j'appris que la peste était à l'entour. Partis pour Brainford où je mis pied à terre à l'auberge du bord de l'eau et payai mes chevaux de poste. Puis, la marée n'étant pas assez haute, mis mes affaires de côté, enfilai mes chaussures et me rendis à l'église. Le sermon était ennuyeux et les Londoniens nombreux. Après la messe allai boire et me restaurer à l'auberge  Puis, vers 7 heures, pris un canot et arrivai entre 9 et 10 heures, par nuit noire, à Queenhithe, mon batelier refusa d'aller plus loin à cause de la peste. Marchai donc, falot au poing, craignant par-dessus tout de croiser des convois de cadavres qu'on allait enterrer. Mais, Dieu soit béni ! je n'en vis point, si ce n'est que j'aperçus ici et là, à distance, une torche les signalant. Arrivai chez moi, sauf, vers 10 heures, mes gens n'étant point couchés puis, après souper, las et, au lit.


                                                                                                                                21 août

            Réveillé par un message de milord Brouncker et le reste de mes collègues disant qu'ils m'attendent chez le duc d'Albemarle ce matin. Levé, encore fatigué, mais j'y fus cependant avant eux, pus parler à milord et nous allâmes, lui et d'autres, nous promener dans le parc où, à ce que je vois, il passe le plus clair de son temps, n'ayant nulle part où aller. Il m'entretint des pasteurs presbytériens qu'il avait fait appréhender la veille, alors qu'ils tenaient réunion privée à Covent Garden, et qu'il consentait à relaxer à condition que chacun d'eux payât 5 livres pour les indigents. Mais ils lui répondirent qu'ils ne paieraient point, si bien qu'il les envoya à une autre prison que celle du palais.
            Mes collègues arrivèrent bientôt. Le duc fit son entrée et nous tînmes conseil, puis on se sépara et j'allai avec sir William Batten à notre bureau où je fis quelque besogne, et allai dîner. Le capitaine Cocke nous rejoignit lequel, en bon épicurien, s'est fait apporter tout exprès un plat de perdrix, et je persiste à voir en lui le plus parfait épicurien qui soit.
            Après dîner me rendis par le fleuve chez sir William Warren avec qui je m'entretins pendant deux heures avec profit, pour lui comme pour moi. Il fut de bon conseil, en particulier sur la manière de tirer avantage des bontés que sir George Carteret a pour moi et du crédit qu'il m'accorde, en m'avisant de veiller à ne pas en abuser, ni à trop l'obliger en cherchant à découvrir ses secrets, chose qu'il me serait aisé de faire.
          Puis à Greenwich chez milord Brouncker, comme prévu, avec sir John Mennes, afin de voir quelles salles nous avaient été attribuées pour y installer nos bureaux. Pareille décision ne me plaît guère, car nous serons entourés de manœuvres et d'artisans, et l'endroit me paraît aussi peu sûr que Londres. Mr Hugh May, homme de beaucoup de talent, nous fit visiter nos salles de travail. Je lierais bien volontiers connaissance avec lui. Ensuite à pied, de nuit, chez sir John Mennes où l'on passa une heure à bavarder avec lui sur le pas de sa porte, en attendant que des messagers qu'on avait dépêchés me trouvassent une barque pour me conduire à Woolwich, mais en vain. Je dus rentrer à pied, dans le noir, à 10 heures du soir, accompagné de George, le valet de sir John Mennes, craignant fort de tomber sur les chiens de la grand-ferme de la combe, ou pire encore, des voleurs de chemin, ou bien pis encore, d'attraper la peste qui a infesté la ferme, ce qui est singulier car elle est isolée et loin de la ville, mais on raconte qu'ils ont coutume de laisser les mendiants, pour avoir la paix, dormir dans les granges, et ce sont eux qui l'ont amenée. Mais Dieu merci ! j'arrivai sain et sauf vers 11 heures, chez ma femme que j'allai retrouver après avoir donné 4 shillings en récompense à George. Vis le dernier dessin qu'elle avait fait depuis ma visite, il y a environ sept ou huit jours, et qui me ravit au plus haut point, puis au lit fort satisfait, mais las.


                                                                                                                  22 août

            Levé, pris plaisir à bavarder avec ma femme qui, encouragée par ses deux servantes, braves filles toutes deux, me pressa de lui acheter un collier de perles. Je lui promis de lui en offrir un de 60 £ d'ici au plus tard deux ans, voire moins, à la condition que j'apprécie sa peinture. Puis je partis pour Greenwich et vis en chemin un cercueil contenant un cadavre, une victime de la peste, au beau milieu d'un enclos qui appartenait à la ferme de la combe. Il y a été déposé hier soir, mais la paroisse n'a désigné personne pour l'enterrer et s'est contentée de poster un veilleur, jour et nuit, afin que personne ne puisse aller et venir de la ferme, ce qui est d'une grande cruauté. Cette maladie nous pousse à traiter nos semblables plus cruellement que des chiens.
            De là au palais du roi où je rencontrai milord Brouncker et sir John Mennes, à nos nouvelles salles de travail qui me plaisent davantage qu'hier et prennent tournure. De là à Deptford où j'avais rendez-vous avec Mr Andrews, à la taverne du Globe. Dînâmes ensemble, puis fîmes force besogne concernant nos gentilshommes de Plymouth. Après avoir fait bonne chère et fort bien parlé, car m'est avis en vérité que c'est un homme de grande compétence, on se quitta. J'allai aux arsenaux du roi puis, après diverses allées et venues, sortis par derrière et aperçus les deux Bagwell, mère et fille, que j'allai retrouver. Entrai chez la fille, mais sans la mère et faciebam la cosa que égo tenebam l'envie de con ella, Puis après avoir bu et bavardé repartis à pied à Rotherthite, inquiet d'avoir à passer par cette ruelle où il y a la peste, ce que je fis pourtant, puis par le fleuve, chez moi. Tous vont bien. Mais Mr Andrews n'étant pas venu apurer un compte, comme je l'espérais, et il s'agit d'une affaire où je suis bénéficiaire, j'en fus si contrarié que je ne pus me remettre au travail et me mis à jouer de la viole. Mais dans la soirée il arriva à ma grande satisfaction. Après souper et quand il fut parti me mis à mon journal ,et au lit.


                                                                                                                          23 août
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            Levé, puis alors que j'avais demandé à Mr Hayter et Will de me rejoindre tôt à mon bureau pour affaires eus, sitôt habillé, la visite de Mr Andrews, ce qui me fit grand plaisir. Travaillâmes ensemble à notre comptabilité de Tanger. Parvins à régler à ma satisfaction tous les comptes que j'avais avec lui et, qui plus est, évaluai à 222 £ et 13 shillings le profit me revenant pour services rendus aux entrepreneurs depuis leur précédent versement. Je toucherai cette somme dans l'après-midi.
            Après son départ vinrent, chose que j'avais manigancée hier, le vieux Delkes, le marinier, sa fille Robins qu'il laissa plusieurs fois à l'attendre chez moi à chacune de ses allées et venues. L'objet de sa visite étant de me demander d'exempter du service son gendre Robins enrôlé hier. Et jo haze ella mettre su mano sur mon pragma hasta hazerme hazer la cosa in su mano. Pero ella no voulut permettre que je ponebam meam manum a ella mais je ne doute pas de obtenir le. 
            A mon bureau tout l'après-midi fort occupé à mon courrier. Reçus une lettre fort aimable et plaisante de milord Sandwich qui me dit qu'il est arrivé avec la flotte à Solebay et qu'il a aimé ma lettre où je lui racontais le mariage de milady Jemima.
            L'autre bonne nouvelle qu'il m'apprit est que nos navires marchands, qui couraient de si grands périls que nul n'a voulu les assurer, sont tous revenus sans dommage de la mer Baltique, et nous avons eu là, je crois, beaucoup de chance car ils couraient de bien plus grands périls que ceux de Hambourg qui, eux, furent perdus. Ils nous sont à présent bien plus précieux.
            Le soir rentrai fort satisfait du travail de la journée. J'étais seul chez moi à regarder divers papiers quand arriva un de nos proches voisins pour parler affaires, un Mr Fuller, riche marchand, mais point de mes connaissances. Mais il arriva ivre et aurait voulu que je vinsse m'enivrer chez lui, ou qu'on fit apporter de son vin chez moi. Je refusai l'un et l'autre et ne lui en offris point. Après une conversation affligeante il repartit et je montai me coucher dans ma chambre.


                                                                                                                       24 août

           Levé tôt et à mon bureau avec mes commis. Eus fort à faire avec mon courrier toute la matinée. A midi descendis voir sir John Mennes et lord Brouncker à Greenwich afin de signer plusieurs livres de comptes du trésorier général, et on dîna fort bien. Allâmes ensuite visiter nos salles de travail, au Palais, qui ne sont point encore prêtes. 
            Chez moi, écrivis des lettres tard, puis, las de travailler, rentrai souper et, au lit.


                                                                                                                       25 août

            Levé tôt et au bureau. Là, après-midi compris, après une pause pour dîner, seul, jusqu'à très tard le soir écrivis des lettres et travaillai à mes affaires, afin de regagner quelque avance, car elles sont depuis longtemps en souffrance, puis rentrai, souper et, au lit.
            J'ai appris aujourd'hui que mon médecin, le docteur Burnet, est mort ce matin de la peste, ce qui est étrange car son valet est mort depuis longtemps, et sa maison venait d'être réouverte ce mois-ci. Le voilà mort, lui aussi, le pauvre !


                                                                                                                       26 août

            Levé. Etablis, à ma grande satisfaction, l'état de mes débours pour le bureau, destiné au Conseil, que j'avais laissés se monter à presque 120 £.
            Descendis à Greenwich par le fleuve, tînmes notre première séance, milord Brouncker, sir John Mennes et moi et je crois que nous y travaillerons bien. Les choses commencèrent sous d'heureux auspices, puisque l'état mentionné plus haut fut accepté et la somme sera prochainement en paiement.
            La séance levée Mr Andrews et Mr Yeabsley de retour de Plymouth, m'attendaient sur le pas de la porte. Allâmes à pied ensemble chez milord Brouncker et parlâmes de leur contrat, Yeabskey étant venu tout exprès m'en entretenir. Tout fut dit en un quart d'heure, puis il repartit. Je les sens enclins à maintenir leur contrat de subsistances quelque temps encore, avant que de démissionner en faveur de Mr Gauden, et je m'en réjouis car, à n'en pas douter, c'est tout à mon avantage, bien qu'il m'en coûte des efforts et des tracas.
            On se sépara devant la porte de chez milord Brouncker, chez qui j'entrai pour la première fois. Il nous fit une belle réception, à sir John Mennes, le capitaine Cocke, moi-même et personne d'autre, hormis une dame au visage peint qui était là à dîner et que je ne connais point ( nte de l'éd.. Pepys n'aimait pas les femmes trop maquillées. Ici une ancienne actrice maîtresse de Bouncker ). Ce fut très gai, après dîner allâmes dans le jardin, puis visitâmes leur cabinet qui contient de belles estampes, et je vis aussi la très jolie dame de compagnie de milady.
            Rentrai par le fleuve et vis en chemin le cadavre d'un homme qu'on tirait de la cale d'un petit ketch amarré à Deptford. Je craignis fort que ce ne soit la peste ce qui, ajouté à la mort du docteur Burnet, me remua fort, à tel point que je renonçai à la besogne que j'avais prévue et aurais dû faire à mon bureau. Chez moi plus tôt qu'à l'accoutumée. Après dîner lus, mélancolique, tout seul puis, au lit.


                                                                                                                           27 août 1665
                                                                                                       Jour du Seigneur
            Le matin, frais et dispos, levé et à mon cabinet toute la matinée pour achever de ranger mes affaires. Puis dîner, et tout l'après-midi à mon bureau, très tard, occupé à classer mes papiers et mes lettres. Puis rentrai souper. Après avoir lu un bon moment les Oeuvres du roi, qui sont un livre admirable et, au lit.


                                                                                                                            28 août
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            Levé et sitôt habillé sortis rendre visite à Mr Colvill, l'orfèvre, n'étant pas allé par les rues depuis plusieurs jours. Mais comme les voilà vides à présent ! Comme ceux que j'ai vus marchent avec l'air de n'être plus de ce monde ! Une fois là-bas acquittâmes tous deux nos dettes mutuelles, sans difficulté. Aurais voulu faire de même avec sir Rober Vyner, mais il n'était point en ville, l'épidémie s'étant répandue partout alentour. A la Bourse, où il n'y avait pas cinquante personnes et où, à ce que m'ont dit sir George Smith et les autres, il y en aura sans doute de moins en moins. Aussi ai-je résolu de faire aujourd'hui même mes adieux aux rues de Londres, sauf pour retourner chez Vyner.
            Rentrai dîner. Mr Hewer m'a apporté les 119 £  qu'il a reçues pour mes débours au bureau, ce qui
me fait, je crois, 1 800 £. ou plus à la maison. Dieu soit loué ! je ne fais que les dépenses indispensables et dépense fort peu. Jamais je n'ai été aussi à l'aise de ma vie, à la fois pour ce qui est de mon avoir et de la certitude de posséder la somme à laquelle ma fortune s'élève, car j'en ai la plus grande partie en main. Mais me voilà à présent embarrassé et ne sachant qu'en faire, car je vais passer la journée à Woolwich. Pour lors j'ai résolu de prendre le risque de le laisser dans un coffre en fer, du moins pour l'instant.
            L'après-midi envoyai mon valet au-devant à Woolwich, avec une partie de mes affaires, dans l'intention de m'y installer pour de bon, puis l'y suivis.
            On vient d'apprendre que la flotte est à nouveau partie, ou en partance, ce jour. Dieu en soit remercié ! C'est à milord Sandwich que revient tout le mérite de lui avoir fait reprendre aussi promptement la mer. Prions Dieu qu'il rencontre l'ennemi !
            Vers le soir, alors que je me préparai, arrive Will Hewer, qui me fait voir une lettre de Mercer à sa mère, où il est question d'une méchante brouille entre elle et ma femme, hier, et qui lui a demandé de partir sur-le-champ, si bien que je ne savais si je devais y aller ou non. Mais étant fin prêt ainsi que mes affaires, m'y rendis et arrivai de nui. Vis ma femme se promener au bord de l'eau en compagnie de ses servantes et de son maître à dessiner, Mr Browne. Il y avait aussi le commissaire Pett et milord Brouncker, ainsi que la dame qui vivait chez lui, venue aujourd'hui rendre visite à ma femme. Le commissaire Pett resta quelque peu, puis j'allai souper avec ma femme et Mr Sheldon et, au lit. Fort satisfait.


                                                                                                                              29 août

            En m'éveillant ce matin, entre autres discours, ma femme entreprit de me raconter la querelle qu'elle avait eue avec Mercer, parce qu'elle l'aurait empêchée d'aller courir le guilledou avec des Français de la ville, ce que je ne puis tout à fait croire, mais que je crois en partie seulement. Je résolus cependant de ne pas m'en mêler, soucieux de ma tranquillité.
            Levé, m'apprêtai puis partis à pied, mais quand j'eus fait un bon bout de chemin me ressouvins que j'avais promis au commissaire Pett de l'accompagner dans sa voiture. Rebroussai chemin donc, jusque chez lui. Il me conduisit à Greenwich dans sa voiture après que nous eûmes rendu visite, chemin faisant, à sir Theophilus Biddulph, homme de sagesse et de bon conseil, pour débattre des moyens d'empêcher que la peste n'infestât aussi Greenwich, Woolwich et Deptford, car partout elle s'étend. Il fut décidé d'un autre rendez-vous, puis nous partîmes tous à pied pour Greenwich où on se sépara. 
            Pett et moi allâmes au bureau pour la matinée. Le travail achevé allai dîner chez sir John Mennes puis de là à Deptford pensant voir Bagwell, mais ne la voyant point, me rendis directement à Rotherhite, et rentrai tard achever mes lettres. Ensuite chez moi et, au lit, puis contrairement à mon intention de m'installer pour de bon à Woolwich, trouvai un lit de fortune pour Tom, le sien étant parti à Woolwich puis, au lit.


                                                                                                                  30 août

            Levé tôt et me mis à ranger ma maison et mes papiers, puis sortis et rencontrai Hadley, notre clerc de paroisse qui, lorsque je l'interrogeai sur les progrès de la peste, me dit qu'elle était en forte croissance, et ce dans notre paroisse. " - Car, dit-il, il est mort neuf personnes cette semaine, bien que je n'en aie inscrit que six ". Voilà de bien mauvaises pratiques. J'incline à penser qu'elles ont également cours dans d'autres paroisses, si bien que la peste est bien plus étendue qu'on ne le croit.
            Puis, comme prévu, chez sir Robert Vyner, mais Mr Lewes ne m'y attendait point et rien n'était prêt. Repartis donc à pied jusqu'à Moonfields voir, Dieu me pardonne ma témérité ! si je n'y rencontrerai pas quelque cadavre de pestiféré qu'on porterait en terre. Mais Dieu fit en sorte que je n'en visse point. Seigneur ! dans la rue, sur les visages et dans les conversations, il n'est rien d'autre que la mort et fort peu de gens s'aventurent au-dehors, si bien que la ville est pareille à un lieu désert et abandonné. Fis un tour, puis revins chez Vyner où mon affaire était prête et nous avons réglé et mis à jour tous nos comptes, à ma grande satisfaction. Chez moi, toute la journée et fort tard, mis en ordre mes comptes de Tanger et les miens. Lorsque ce fut fait, s'agissant des seconds, j'eus la grande joie de constater que jamais de ma vie je ne me suis trouvé dans une situation aussi brillante, ma fortune se monte à 2 180 livres et quelques, sans compter l'argenterie et autres biens que j'évalue à 250 £, ce qui est pour moi une grande bénédiction. Le Seigneur m'en rende reconnaissant !  << De cette somme j'ai actuellement plus de 1 800 £ en espèces chez moi, ce qui signifie que je ne dépense guère en ces circonstances funestes. Mais quel souci d'avoir chez soi une telle somme en ce moment ! >>
            Au lit, tard, fort satisfait de mes comptes, mais las d'y avoir tant travaillé.


                                                                                                                            31 août 

            Levé et, après divers préparatifs en vue de mon déménagement à Woolwich, la peste s'étant accrue cette semaine, au-delà de toute attente, de presque 2 000 morts supplémentaires, ce qui porte les chiffres du bulletin à 7 000 et quelques centaines, dont plus de 6 000 morts de la peste, je descendis sur rendez-vous à Greenwich, à notre bureau où je fis quelque besogne et dînai avec mes collègues ainsi qu'avec Mr Boreman et sir Theophilus Biddulph, chez sir George Boreman, où on mangea un bon pâté de venaison. Après un dîner fort bon et fort gai, je retournai travailler et me mis à mon courrier, jusqu'à très tard. En barque à Woolwich où la soirée fut plaisante avec ma femme et ses gens puis, après souper, au lit.
            Ainsi s'achève ce mois dans la plus grande tristesse éprouvée par tous devant l'importance de l'épidémie qui s'étend presque en tous lieux d'un bout à l'autre du royaume. Chaque jour nous apporte des nouvelles de plus en plus tristes de l'ampleur qu'elle prend. Dans la Cité 7 496 personnes sont mortes cette semaine, dont 6 102 de la peste. Mais il est à craindre que le nombre exact des morts soient plus proches des 10 000, en partie parce que les pauvres ne peuvent tous être comptés tant ils sont nombreux, et en partie du fait que les Quakers et d'autres refusent qu'on sonne le glas pour eux.
            Notre flotte est allée à la rencontre des Hollandais. Elle comporte une centaine de voiles environ, parmi lesquelles le Sovereigh, si bien qu'elle est plus puissante que la précédente, celle du Duc. Notre seule crainte est que les Hollandais ne lui échappent, ce dont tout le monde serait fort chagrin, et moi en particulier à cause de milord Sandwich. On dépense beaucoup d'argent, le royaume n'a guère de fonds disponibles, et le Parlement aurait beaucoup de mal à se réunir pour en octroyer davantage. Et ce pour s'entendre dire : " Mais qu'a donc fait notre flotte récemment ? "
            Quant à moi je me porte bien si ce n'est que je redoute d'attraper la peste ou quelque autre fièvre, à force d'aller à Woolwich, de nuit ou dès l'aube, depuis que ma famille y est installée à demeure.
            Ces derniers temps mes gains ont été considérables, ce qui me réjouit fort, d'autant que je compte d'ici peu me voir confier d'autres tâches plus rentables encore. J'en suis entièrement redevable à Tanger et à sir William Warren.


                                                                        à suivre.............

                                                                                                                      1er septembre 1665

            Levé. Rendis..............


                                                    
            















































mercredi 8 septembre 2021

Jackie et Lee Stéphanie des Horts ( Roman - Biographie France )

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                                                     Jackie et Lee

            Jackie et Lee Bouvier. L'une devint First Lady en épousant Jack Kennedy, la seconde épousa Stas Radziwill, Prince exilé de Pologne. Il divorça pour l'épouser et elle le fit beaucoup souffrir. C'est le roman triste d'une vie joyeuse et insouciante, en apparence, cultivée. Leur mère, Janet leur conseilla      " Marry Money ". Elle-même mariée à Jack Bouvier, trader, évolua dans le monde heureux du New Jersey, où les sœurs vécurent des années  totalement insouciantes, puis la crise de 1929 détruisit des familles et des fortunes. Celles des sœurs Bouvier ne furent pas épargnées, et le beau Jack, il ressemblait à Clark Gable, coureur de jupons et buveur impénitent, quitté, et leur mère devint Janet Auchincloss, fortune mieux gérée qui permit à la mère et aux filles d'évoluer dans une meilleure société. Il y a en fait, outre les plaisirs, tout tout de suite, les dépenses compulsives, un problème avec le père qu'un bon " psy ", décrypterait sans doute. Jack Bouvier manqua le mariage de ses filles, Jo Kennedy voulait un Kennedy à la présidence des Etats-Unis, il s'y employa, et subit la mort de deux de ses fils au service de l'Etat. Mais Jackie et Lee. Jackie, jeune femme robuste et mince, est la puissance même, organisatrice hors pair, orgueilleuse mais très cultivée, l'argent lui brûle les doigts, aussi après l'affreux assassinat de celui qui se présenta à Paris, devant le général de Gaulle et la France lors d'un voyage officiel comme " L'homme qui accompagne Jackie ". la jeune si parfaite first Lady laissa aux Français le goût pour son chapeau rond. Les multiples maîtresses de son mari, compensées par des voyages sur le yacht de Agnelli puis de Onassis, elle accomplit ses devoirs familiaux, mère de deux enfants, elle en perdit deux, le premier à la naissance, le dernier après deux jours que le père, JFK, passa au chevet du bébé. Mort d'insuffisance respiratoire, et John F Kennedy, le Président des Etats-Unis, atteint de la maladie d'Addison, pleura, beaucoup, écrit l'auteur Stéphanie des Horts. Lee est plus fluide, plus jolie, féminine disent certains. Deux sœurs inséparables, mais Lee ne trouve pas sa place. Néanmoins parfaitement intégrée à la haute société américaine, même et surtout internationale, elle décore avec goût les multiples maisons qu'elle occupe au cours de son existence. Ses plaintes, son oreille attitrée Truman Capote, l'écoute et la conseille, souvent mal, comme lors de son expérience théâtrale, fiasco total. Elle dit à sa mère qu'elle voulait montrer qu'elle était aussi capable d'accomplir quelque chose de personnel. Mais on ne voyait que Jackie, veuve et remariée à Onassis avec un contrat bien négocié. Et Lee, toujours entourée de Cecil Beaton, Andy Warhol et d'autres, mère de deux enfants, installée à Londres, aux Etats-Unis, loge un peu partout, en France, dépense plus que le Prince ne possède, trompé et abandonné malgré les bijoux de Cartier et autres parures, signées pour les deux sœurs Givenchy, Valentino, Oleg Cassini. Lee, avec l'aide de Jackie et surtout des finances de Onassis, va sortir d'une maison qui n'est plus qu'un repaire de chats, 60, de mulots, deux cousines. Jackie et Lee Bouvier, une lointaine ascendance française, minces, minces, souvent nourries de " 2 verres d'eau glacée." Les dernières pages donnent la liste des nombreux documents qui ont permis à Des Horts cette biographie romancée. Bon livre, bonne lecture.








 

lundi 6 septembre 2021

Jean-Pierre Marielle Stéphane Koechlin ( Biographie Cinéma France )

Jean-Pierre Marielle
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                                                         Jean-Pierre Marielle

                                                        Le lyrique et le baroque 

            Le livre est conséquent et le personnage aventureux, attachant. Né un mois d'avril 1932 à Paris. Sa mère épouse en seconde noces un pianiste rencontré dans un cinéma où il accompagne les films de l'époque, revenu de Verdun. De son premier mariage avec un monsieur Marcel Planchon, elle eut une fille. C'est Nicole, son aînée, qui apporte le jazz à la maison. Cette musique qui le suivra toute sa vie, des caves de Saint-Germain-des-Prés aux lieux plus classiques. C'est à Précy, près de Dijon, où la famille de sa mère, qu'il juge une femme solide face à son père fantaisiste et grand amateur d'automobiles, que Jean-Pierre Marielle passe les années de guerre, et le parigot apprend à se battre avec les gamins du pays. "..... Il gardera toute sa vie cette maison chargée d'histoire........ " Adolescent pensionnaire à Dijon, à Arcachon, il suivait sa soeur dans sa vie de jeune femme. Un jour un professeur qui avait monté une classe de théâtre dit à Marielle grand lecteur, qu'il devrait être acteur, l'élève pensait littérature, khâgne." ........ Ses parents ne s'opposeraient jamais à ses lubies, même si Georges, le père, considérait la comédie et le théâtre comme du temps perdu...... " A Paris les Marielle habitent un bel appartement dans le 13è arrondissement, mais la mère n'a jamais cessé de travailler tant les affaires que montent Georges sont peu réalistes. Et elle s'adresse à une des clientes de son atelier de lingerie féminine situé dans le Marais rue Elzévir, Germaine Kerjean de la Comédie française. Elle invita le jeune homme, très grand, et "..... la somme de travail lui donnait le vertige...... attaché à son ambition littéraire il traîna un peu du côté de khâgne..... " Et intégra l'école de la rue Blanche ( ENSATT : Ecole nationale supérieure des arts et techniques du théâtre ). Il étudia et apprécia la vie parisienne, néanmoins inquiet pour sa soeur mariée mais malheureuse. Elle partit à Saïgon, travailla un peu auprès de Jacques Chancel, revint en France. Elle était mannequin. Elle est morte à 93 ans, inhumée à Précy auprès de ses parents. Jean-Pierre Marielle découvre Jouvet " ....... L' homme s'ennuie, c'est pour ça qu'il va au théâtre. Pour se fuir lui-même......... " Et ceux qui seront ses compagnons de route, Guy Bedos, Jean-Paul Belmondo. Ils jouaient dans des bistrots. Il n'aima pas l'école de la rue Blanche "..... dirigée par des sociétaires de la Comédie française....... pour qui les extraterrestres venaient de créer le TNP, Jean Vilar et les autres étaient des diables rouges directement issus de l'école de Moscou...... " Puis Bernard Blier "...... regrettait que Jouvet eût été aussi amoureux de Molière.......... Présentez-vous au Conservatoire ! Jouvet n'y siège plus, mais l'école a gardé son mystère....... j'y suis arrivé en auditeur...." Marielle, ignorant les rites, se présente une première fois en 1951. Et commence la lente ascension du comédien avec des compères, Jean Rochefort, Bruno Crémer, Annie Girardot. Ils apprennent la critique, les méchancetés de ce métier très difficile. Des liaisons, des mariages, des bébés. Marielle se maria 4 fois. Homme, comédien ombrageux entre deux contrats, il n'aimait pas téléphoner aux producteurs, tirer les sonnettes, à peine participer à la promotion des films. Comme son père, taiseux par nature, il baissait la lumière lorsque le travail manquait. Fidèle à sa famille, à quelques amis, Jean Rochefort avec qui il fit un séjour dans la compagnie Grenier Hussenot, un de leurs premiers contrats. Mais il peina à obtenir des rôles conséquents, pourtant sa voix et sa taille étaient une assurance pour les metteurs en scène, de plus son talent était reconnu, puis arriva la moustache, et il changea un peu de physionomie. Le livre est un véritable roman, réaliste. Plaire, être choisi, choisir ses rôles lorsque c'est possible. Michel Beaune partit le premier, le dernier fut Charles Gérard qui réalisa six films, ce que l'on sait peu, peut-être pas sans raison, éternel compagnon de Jean-Paul Belmondo. Pour Jean-Pierre Marielle "..... La jeunesse qui arrivait, comme Hippolyte Girardot et Sandra Majani, ne le tourmentait pas, Marielle l'aimait, à condition qu'elle respectât son besoin de solitude...... " De cette solitude il faut lire son séjour en Afrique lors du tournage d'un film de Tavernier. Seria et " Les galettes de Pont-Aven " au cinéma,      " Tous les matins du monde " d'Alain Corneau, il tourna plus de 75 films, Harold Pinter, Jean            Anouilh et tant d'autres au théâtre, Bouvard et Pécuchet de son auteur préféré Flaubert, entre autres pour la télévision, et une voix dans " Ratatouille ". Sa silhouette, sa voix, souvent des seconds rôles  aujourd'hui perçus comme proches des rôles titres. Catherine lui a donné un fils, François, à qui il a vivement déconseillé de devenir comédien comme lui. Mais l'enfant faisait ses devoirs dans les loges du père, alors, celui-ci disparu, peut-être prendra-t-il le même chemin que le comédien qui aimait les bonnes bouteilles et jouer, c'est à dire travailler. On trouve à la fin du livre de Stéphane Koechlin l' "Inventaire " de ses films, pièces de théâtre et de télévision. Se lit sans difficulté et avec intérêt par les plus de trente ans ( ! ) et les apprentis comédiens. Jean-Pierre Marielle est mort un jour d'avril 2019, a retrouvé ses proches, à Précy. Bonne lecturec .















On aura tout vu George Lautner ( cinéma biographie France )

On aura tout vuOn aura tout vu Georges Lautner ( Biographie - souvenirs France )

                                                                                                                                                          
                            Souvenirs souvenirs. De A à Z le réalisateur des Tontons Flingueurs les essaime heureux de ses rencontres de la chance qui mit sur sa route Audiard, Mireille Darc, des producteurs confiants, Blier, Ventura et d'autres. Né à Nice comme sa mère Renée Saint-Cyr, comédienne, il réalise ses premiers films à l'armée, puis de deuxième réalisateur à premier il entre dans le métier. D'anecdotes en anecdotes nous croisons Belmondo réussite et demi-échec, le Guignolo, " Jean Paul suspendu sous un hélicoptère et vêtu d'un caleçon à pois rouges ! Cette séquence-là, les critiques l'on détestée ! " Scénariste il écrit " L'écriture du scénario est la période la plus exaltante du film... " Les titres défilent Ne nous fâchons pas    Marche ou crève première rencontre avec Blier    La route de Salina     Il était une fois un flic      La valise     Rita Hayworth et Robert Mitchum tournèrent sous sa direction. Néanmoins Lautner continue à tourner avec ses amis, sa famille, Robert Dalban, Meurisse et ses Monocle, son dialoguiste Audiard ( Michel )  souvent. Toujours à la recherche des bons mots. " Michel taillait des dialogues sur mesure pour ses acteurs... " Le jour où on mettra les cons sur orbite, t'as pas fini de tourner. " Le Pacha, Gabin. Des disputes. Grand angle, Numérique. Un peu de tristesse, beaucoup de morts, mais Les tontons flingueurs le film résiste avec vigueur. Son style, Ce style, sa mise en scène, ses comédiens inoubliés, inoubliables. Georges Lautner ce 22 novembre 2014 nous a quittés comme Blier Dalban Meurisse, les Tontons flingueurs, et Ventura. Il aimait rire et traitait avec dérision des sujets noirs.

Mille vies valent mieux qu'une J.P. Belmondo ( Biographie Cinéma France )

     
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                                         Mille vies valent mieux qu'une            

            Bebel l'Imprévisible... Des mots reviennent en boucle : " père, mère, copains ". Ces derniers les mêmes depuis le Conservatoire. Ils s'appellent Claude Brasseur, le père Pierre déjà ami du père de Jean Paul Belmondo, Vernier à l'affiche à ses côtés depuis les débuts de même que Charles Gérard dit Charlot, Michel Beaune, Rochefort. Enfant pendant la guerre il connait les routes et les maisons cachées mais joue toujours avec son frère Alain. A l'heure sérieuse des études l'écolier puis l'étudiant répugne à suivre les cours. Il n'aime pas qu'on lui impose d'apprendre, mais prêt à toutes les cascades, il se pend, entre autres par les pieds, comme un cochon à l'abattoir, à la balustrade de l'immeuble de la rue Denfert Rochereau où il habite. Le père sculpteur et la maman comprennent son besoin d'activité, mais s'inquiètent pour son avenir. Manuel, commercial. Chacun cherche puis un jour, la future star choisit, il sera comédien. 10 ans de galère avant A bout de souffle, d'échecs à l'entrée et à la sortie du Conservatoire. Un professeur Pierre Dux lui prédit " ..... ne pourra jamais prétendre tenir une femme dans ses bras  avec ce visage  ". Il est vrai, il a le nez cassé, Germanopratin, il quitte son quartier pour le faubourg St Denis, les salles de boxe, et fréquente les bistrots et les habitants du quartier tout en poursuivant sa quête du plus petit rôle au théâtre. Les péripéties ne manquent pas et la camaraderie joue son rôle. Blagueur, rieur, acrobate, athlète, il ne sera jamais doublé lors des scènes folles où son rôle lui fait sauter sur le toit d'un métro, d'un hélicoptère sur un bateau ( l'Homme de Rio ) et tant d'autres acrobaties où il avoue se " régaler ". Mais dit-il et il le rappelle lors des derniers César lors d'un hommage avec ses amis "...... Quand je serai découragé d'avoir raté ma première tentative d'être comédien, elle me le rappelle : - De la volonté, mon fils. Avec de la volonté tu y arriveras  il ajoute " .... J'aimais tant ma mère qu'il m'était odieux de la contrarier et de voir disparaître de son visage ce magnifique sourire, limpide et franc, qui la rendait si belle ". Belmondo fut très critiqué, tant pour son jeu que pour son physique, pourtant rien ne pouvait le faire dévier de sa route. A partir de son premier film, Godard, il se sentit à l'aise devant les caméras, plus acteur que comédien. Son goût pour les blagues extravagantes s'amplifia. Chaussures des clients déposées à leurs portes ôtées et clouée sur les dites portes, la boisson aidant, il en est une qui reste obscure pour moi, pourquoi jeter les meubles par les fenêtres des hôtels des villes où ils tournaient. L'un sinon le plus populaire de nos comédiens a été dirigé par les meilleurs metteurs en scène, outre Godard, Melville, Verneuil, dit les dialogues d'Audiard dans 15 films. Les plus jolies femmes ont tourné avec lui, ou vécu, ainsi Ursula Andress. Sa rencontre avec Gabin un peu rugueuse au début : "..... Il me fascine. Quand je ne fais pas le con avec lui je l'observe. Il n'y a aucune différence entre lui et les personnages, qu'il ne joue pas, mais auxquels il fait jouer Gabin.... " L'encore jeune Jean Paul Belmondo fait part de ses incertitudes quant à l'avenir dans leur métier et Gabin répond " Regarde ta fiole ! Quand t'auras les pailles blanches, tu plairas encore aux gonzesses. Te magne pas la devanture et laisse couler l'Orénoque. " Calmé, las de traverser la planète pour tourner des films qui pourtant lui tiennent à coeur, Belmondo d'acteur redevient comédien, et joue Kean, de Dumas adapté par Jean Paul Sartre, puis rachète le théâtre des Variétés, et joue Feydeau. Un drame personnel très douloureux ne l'épargne pas, alors qu'il est en scène, puis un grave accident de santé, mais la volonté et ce besoin de continuer à vivre le poussent à se réparer. Le comédien doublé de l'homme ne déçoit pas et le livre montre l'homme sympathique qui ne comprend pas pourquoi il faut devenir adulte.








dimanche 5 septembre 2021

La belle Fromagère Maurice Rollinat ( Poème France )

 








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                          La Belle Fromagère


            Par la rue enfièvrante où mes pas inquiets
            Se traînent au soleil comme au gaz, je voyais
                          Derrière une affreuse vitrine
            Où s'étalaient du beurre et des fromages gras,
            Une superbe enfant dont j'admirais les bras
                           Et la plantureuse poitrine.

            Le fait est que jamais fille ne m'empoigna
            Comme elle, et que jamais mon œil fou ne lorgna
                          De beauté plus affriolante !
            Un nimbe de jeunesse ardente et de santé
            Auréolait ce corps frais où la puberté
                          Était encore somnolente.

            Elle allait portant haut dans l'étroit magasin
            Son casque de cheveux plus noirs que le fusain ;

                          Et, douce trotteuse en galoches,
            Furetait d'un air gai dans les coins et recoins,
            Tandis que les bondons jaunes comme des coings
                          Se liquéfiaient sous les cloches.

            Armés d'un petit fil de laiton, ses doigts vifs
            Détaillaient prestement des beurres maladifs
                           A des acheteuses blafardes ;
            Des beurres, qu'on savait d'un rance capiteux,
            Et qui suaient l'horreur dans leurs linges piteux,
                           Comme un affamé dans ses hardes.

            Quand sa lame entamait Gruyère ou Roquefort,
            Je la voyais peser sur elle avec effort,
                           Son petit nez frôlant les croûtes,
            Et rien n'était mignon comme ses jolis doigts
            Découpant le Marolle infect où, par endroits,
                           La vermine creusait des routes.

            Près de l'humble comptoir où dormaient les gros sous,
            Les Géromés vautrés comme des hommes saouls
                           Coulaient sur leur clayon de paille,
            Mais si nauséabonds, si pourris, si hideux,
            Que les mouches battaient des ailes autour d'eux
                           Sans jamais y faire ripaille.

             Or, elle respirait à son aise, au milieu
             De cette âcre atmosphère où le Roquefort bleu
                           Suintait près du Chester exsangue,
              Dans cet ignoble amas de caillés purulents,
              Ravie, elle enfonçait ses beaux petits doigts blancs,
                             Qu'elle essuyait d'un coup de langue.

             - Oh ! sa langue ! bijou vivant et purpurin
             Se pavanant avec un frisson vipérin
                           Tout plein de charme et de hantise !
             Miraculeux corail humide et velouté
             Dont le bout si pointu trouait de volupté
                            Ma chair, folle de convoitise !

             Donc, cette fromagère exquise, je l'aimais !                                        deavita.fr
             Je l'aimais au point d'en rêver le viol ! mais,
                           Je me disais que ces miasmes,
             A la longue, devaient imprégner ce beau corps ;
             Et le dégoût, comme un mystérieux recors,
                            Traquait tous mes enthousiasmes.

             Et pourtant, chaque jour, rivés à ses carreaux,
             Mes deux yeux la buvaient ! en vain les Livarots
                             Soufflaient une odeur pestilente,
             J'étais là, me grisant de sa vue, et si fou,
             Qu'en la voyant les mains dans le fromage mou
                             Je la trouvais ensorcelante !

              A la fin, son aveu fleurit dans ses rougeurs ;
              Pour me dire : " Je t'aime ", avec ses yeux songeurs
                             Elle eut tout un petit manège ;
              Puis elle me sourit ; ses jupons moins tombants
              Découvrirent un jour des souliers à rubans
                             Et des bas blancs comme la neige.

               Elle aussi me voulait de tout son être ! A moi,
               Elle osait envoyer des baisers pleins d'émoi,
                              L'emparadisante ingénue,
               Si bien, qu'après avoir longuement babillé,
               Par un soir de printemps, je la déshabillai                                                              
                             Et vis sa beauté toute nue !                                                                  
                Sa chevelure flotta comme un drapeau,
                Et c'est avec des yeux qui me léchaient la peau
                               Que la belle me fit l'hommage
                De sa chair de seize ans, mûre pour le plaisir !
                Ô saveur ! elle était flambante de désir
                                Et ne sentait pas le fromage !


                                 Maurice Rollinat

                                   ( 1846 - 1903 )















   








jeudi 2 septembre 2021

Pamela Stéphanie des Horts ( Biographie France )



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                                               Pamela        

                La vie riche et mouvementée, ô combien, d'une anglaise, fille d'aristocrates désargentés, les Digby. Elle refusa de faire comme ses deux soeurs un mariage sage et ennuyeux qui l'enfermerait à la campagne, et réussit sous prétexte de Sorbonne à vivre des premières amours qui la conduisent au Ritz, à Paris. Des amours courtes, des amies riches, l'une s'appelait Kennedy, elle croise John très souffrant d'un mal au dos qu'il supportera grâce à de fortes doses de médicaments. Dangereuse pour les épouses des hommes qu'elle convoite. Elle fut beaucoup abandonnée, mais rebondissait. Elle aimait les hommes, tous riches et célèbres, à deux exceptions près. Pamela à l'aise dans cette société, la Café Société qui précède la Jet société, grâce à son éducation et à son goût, son élégance épouse l'homme qui l'introduit auprès d'un père, Winston Churchill qu'elle appelle " dear papa ". Clementine Churchill n'apprécie guère sa bru, mais comme le grand-père aimera le petit Winston, et Randolph continue à boire en attendant un départ vers une quelconque destination. Nous sommes en 1941 et les bombes pleuvent sur Londres. Néanmoins la vie continue, les anglais sont stoïques, et les journalistes
notamment un certain Harriman qu'elle introduit auprès du ministre. Elle commence à jouer le jeu des intermédiaires. "..... Elle est brillante, vive et si gaie, c'est une hôtesse remarquable...... " Elle mène une vie de femme gourmande d'hommes et de richesses. Une rousse californienne chasse la jolie rousse anglaise du Château de l'Horizon où elle séjourne chez Ali Khan, et c'est Agnelli. L'auteur rappelle la proximité de Fiat avec le Duce, et décrit des scènes torrides. Séparation inévitable, Agnelli a besoin d'une épouse issue d'une famille honorable, italienne. Comme tous ses amants il l'a couverte de bijoux, Cartier principalement. Sa réputation sulfureuse attire ces hommes qu'elle convoite. Elle les aime, ils la guident dans les placements lorsqu'elle se trouve veuve de son deuxième mari
Leland, producteur à Broadway après dix ans de mariage. Car alors elle doit cacher les tableaux de la collection constituée lorsqu'elle fut la courtisane d'Elie de Rothschild qu'elle ne réussit pas à séparer de sa femme. Des bijoux, une collection de tableaux et tout le Gotha. "...... Quand ils ne pilotent pas des hors-bord sur la Méditerranée, ne dévalent pas tout schuss les pistes de Gstaad, ne dansent pas joue contre joue avec une beauté mystérieuse, les hommes du monde sont aux courses à Epsom, Ascott et Deauville...... " Mais c'est dans un salon que débuta sa liaison avec Maurice Druon, et Orson Wells tomba amoureux de la luxueuse automobile turquoise. Tant de noms Louise de Vilmorin, Hemingway, Dior et Madame Grès, Sinatra. C'est Babel, mais les dernières années de sa vie est consacrée à la politique et à, Averell Harriman retrouvé à Washington. Tous deux veufs ils se marient et le diplomate l'introduit. Elle organise des dîners et récolte des sous pour l'élection de Bill Clinton. Elle est de retour à Paris où elle représente les EtatsUnis. Pamela Harriman finit ses jours dans la piscine du Ritz en 1997. L'auteur essaime nombre de scènes chaudes au long des pages bourrées de noms de célébrités.




mardi 31 août 2021

L'épidémie Asa Ericsdotter ( Roman policier Suède )


 






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                                                       L'épidémie

            Thriller politique ? Certes et efficace dans son déroulement et qui démontre l'emprise d'un homme sur les foules lorsque dans un premier temps les mots et le but sont bien choisis, au bon moment. Pourtant une mort atroce attend les rebelles... obèses ! Suède, Johan Svärd devient premier ministre après un long séjour aux Etats-Unis et une déception amoureuse. Appelé le Premier Ministre le plus séduisant parmi les Premiers des autres pays il déclare que l'obésité est une tare et qu'au-dessus d'un certain poids elle devient une charge pour l'état compensée par des impôts sur le sucre entre autres, plus de saucisses et de côtelettes de porc et d'ailleurs les porcheries ont un emploi prévu dans la folie gouvernementale. Car des hommes et des femmes soutiennent les décisions d'un dictateur qui ne dit pas son nom. Et l'épidémie se répand. Au-dessus d'un certain poids, il est fortement conseillé de consulter, si le régime ne suffit pas, et de pratiquer un rétrécissement de l'estomac. Mais des murmures se font entendre, très bas, car ces opérations sont dans un second temps pratiquées sur des enfants, même des bébés. Régimes pour maigrir, aide médicamenteuse à outrance et la complaisance des laboratoires qui de fait gagnent beaucoup d'argent, pour enfin couper l'envie de toute nourriture. Le mal est fait. Les églises sont transformées en salles de sport. Surveillance accrue sur qui dépasse le poids réglementaire et dans les réunions de copropriétaires on voit de malheureux habitants exclus pour faute grave, d'obésité. La Finlande, le Danemark , les pays du nord de l'Europe sont atteints pas l'épidémie et en Suède la mort, les disparitions commencent à troubler fortement. Tout concourt pour achever une mise hors circuit d'une population si gênante pour Svärd. Juillet est le mois de la St Jean puis ensuite au début de l'automne des élections le conduiront, espère-t-il ainsi que son gouvernement, à quatre années de règne supplémentaires. Le plan machiavélique imaginé pour l'éradication des obèses est tel que les " maigres " obéissent. Mais un caillou dans la machinerie ou une erreur, un sentiment pour un vieil ami Christian journaliste, curieux, c'est son métier, un ex-fiancé d'une jeune femme que personne n'a pu sauver d'une anorexie et de la mort, Landon. Si le début de l'histoire paraît étonnamment paisible pour un roman policier, les événements tournent au tragique avec l'apparition d'une petite Molly. La jeune auteure, Asa Ericsdotter propose là son premier roman policier, et des exagérations ou quelques maladresses dans l'écriture sont pourtant vite oubliées tant elle porte son sujet et ses arguments, ses personnages sont d'époque. Auteure à lire et à suivre.


lundi 30 août 2021

Histoire des voyages de Scarmentado Voltaire ( Nouvelle France )

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                                                    Histoire

                                            des Voyages de Scarmentado

                                                     écrite par lui-même

            Je naquis dans la ville de Candie en 1600. Mon père en était gouverneur ; et je me souviens qu'un poète médiocre qui n'était pas médiocrement dur, nommé Iro, fis de mauvais vers à ma louange, dans lesquels il me faisait descendre de Minos en droite ligne ; mais mon père ayant été disgracié, il fit d'autres vers où je ne descendais plus que de Pasiphaé et de son amant. C'était un bien méchant homme que cet Iro, et le plus ennuyeux coquin qui fût dans l'île. 
            Mon père m'envoya, à l'âge de quinze ans, étudier à Rome. J'arrivai dans l'espérance d'apprendre toutes les vérités, car jusque-là on m'avait enseigné tout le contraire selon l'usage dans ce bas-monde, depuis la Chine jusqu'aux Alpes. Monsignor Profondo, à qui j'étais recommandé, était un homme singulier et un des plus terribles savants qu'il y eût au monde. Il voulut m'apprendre les catégories d'Aristote et fut sur le point de me mettre dans la catégorie des mignons : je l'échappai belle. Je vis des processions, des exorcismes et quelques rapines. On disait, mais très faussement, que la signora Olimpia, personne d'une grande prudence, vendait beaucoup de choses qu'on ne doit point vendre. J'étais dans un âge où tout cela me paraissait fort plaisant. Une jeune dame de mœurs très douces, nommée la signora Fatelo, s'avisa de m'aimer. Elle était courtisée par le révérend père Poignardini et par le révérend père Agoniti, jeunes profès d'un ordre qui n'existe plus : elle les mit d'accord en me donnant ses bonnes grâces ; mais en même temps je courus risque d'être excommunié et empoisonné. Je partis très content de l'architecture de St Pierre.
            Je voyageai en France ; c'était le temps de Louis le Juste. La première chose qu'on me demanda, ce fut si je voulais à mon déjeuner un petit morceau du maréchal d'Ancre, dont le peuple avait fair rôtir la chair, et qu'on distribuait à fort bon compte à ceux qui en voulaient.
            Cet Etat était continuellement en proie aux guerres civiles, quelquefois pour une place au conseil, quelquefois pour deux pages de controverse. Il y avait plus de soixante ans que ce feu, tantôt couvert et tantôt soufflé avec violence, désolait ces beaux climats. C'étaient là les libertés de l'Eglise Gallicane.                                                                                                       femmeactuelle.fr  
            " - Hélas ! dis-je, ce peuple est pourtant né doux : qui peut l'avoir tiré ainsi de son caractère ? Il plaisante, et il fait des Saint-Barthélemy. Heureux le temps où il ne fera que plaisanter ! "
            Je passai en Angleterre : les mêmes querelles y excitaient les mêmes fureurs. De saints catholiques avaient résolu, pour le bien de l'Eglise, de faire sauter en l'air, avec de la poudre, le roi, la famille royale et tout le parlement, et de délivrer l'Angleterre de ces hérétiques. On me montra la place où la bienheureuse reine Marie, fille de Henri VIII, avait fait brûler plus de cinq cents de ses sujets. Un prêtre hibernois m'assura que c'était une très bonne action : premièrement, parce que ceux qu'on avait brûlés étaient Anglais ; en second lieu, parce qu'ils ne prenaient jamais d'eau bénite, et qu'ils ne croyaient pas au trou de St Patrice. Il s'étonnait surtout que la reine Marie ne fût pas encore canonisée ; mais il espérait qu'elle le serait bientôt, quand le cardinal-neveu aurait un peu de loisir.
            J'allai en Hollande, où j'espérais trouver plus de tranquillité chez des peuples plus flegmatiques.  On coupait la tête à un vieillard vénérable lorsque j'arrivai à La Haye. C'était la tête chauve du premier ministre Barneveldt, l'homme qui avait mérité le mieux de la république. Touché de pitié, je demandai quel était son crime, et s'il avait trahi l'Etat .
            " - Il a fait bien pis, me répondit un prédicant à manteau noir ; c'est un homme qui croit que l'on peut se sauver par les bonnes oeuvres aussi bien que par la foi. Vous sentez bien que, si de telles opinions s'établissaient, une république ne pourrait subsister, et qu'il faut des lois sévères pour réprimer de si scandaleuses horreurs. "
            Un profond politique me dit en soupirant :
            " - Hélas ! monsieur, le bon temps ne durera pas toujours ; ce n'est que par hasard que ce bon peuple est si zélé ; le fond de son caractère est porté au dogme abominable de la tolérance, un jour il y viendra : cela fait frémir. "
            Pour moi, en attendant que ce temps funeste de la modération et de l'indulgence fût arrivé, je quittai bien vite un pays où la sévérité n'était adoucie par aucun agrément, et je m'embarquai pour l'Espagne.
            La cour était à Séville, les galions étaient arrivés, tout respirait l'abondance et la joie dans la plus belle saison de l'année. Je vis au bout d'une allée d'orangers et de citronniers une espèce de lice immense entourée de gradins couverts d'étoffes précieuses. Le roi, la reine, les infants, les infantes, étaient sous un dais superbe. Vis-à-vis de cette auguste famille était un autre trône, mais plus élevé. Je dis à un de mes compagnons de voyage :
            " - A moins que ce trône ne soit réservé pour Dieu, je ne vois pas à quoi il peut servir. "
            Ces indiscrètes paroles furent entendues d'un grave Espagnol, et me coûtèrent cher. Cependant je m'imaginais que nous allions voir quelque carrousel où quelque fête de taureaux, lorsque le grand inquisiteur parut sur ce trône d'où il bénit le roi et le peuple.
            Ensuite vint une armée de moines défilant deux à deux, blancs, noirs, gris, chaussés, déchaussés, avec barbe, sans barbe, avec capuchon pointu, et sans capuchon ; puis marchait le bourreau ; puis on voyait au milieu des alguazils et des grands environ quarante personnes couvertes de sacs sur lesquels on avait peint des diables et des flammes. C'étaient des juifs qui n'avaient pas voulu renoncer absolument à Moïse, c'étaient des chrétiens qui avaient épousé leurs commères, ou qui n'avaient pas adoré Notre-Dame d'Atocha, ou qui n'avaient pas voulu se défaire de leur argent comptant en faveur des frères hiéronymites. On chanta dévotement de très belles prières, après quoi on brûla à petit feu tous les coupables ; de quoi toute la famille royale parut extrêmement édifiée.
            Le soir, dans le temps que j'allais me mettre au lit, arrivèrent chez moi deux familiers de l'Inquisition avec la sainte Hermandad : ils m'embrassèrent tendrement, et me menèrent, sans le dire un seul mot, dans un cachot très frais, meublé d'un lit de natte et d'un beau crucifix. Je restai là six semaines, au bout desquelles le révérend père inquisiteur m'envoya prier de venir lui parler : il me serra quelque temps entre ses bras, avec une affection toute paternelle ; il me dit qu'il était sincèrement affligé d'avoir appris que je fusse si mal logé, mais que tous les appartements de la maison étaient remplis, et qu'une autre fois il espérait que je serais plus à mon aise. Ensuite il me demanda cordialement si je savais pourquoi j'étais là. Je dis au révérend père que c'était apparemment pour mes péchés.
            " - Eh bien, mon cher enfant, pour quel péché ? parlez-moi avec confiance ? "
            J'eus beau imaginer, je ne devinai point ; il me mit charitablement sur les voies.
            Enfin je me souvins de mes indiscrètes paroles. J'en fus quitte pour la discipline et une amende de trente mille réales. On me mena faire la révérence au grand inquisiteur : c'était un homme poli, qui me demanda comment j'avais trouvé sa petite fête. Je lui dis que cela était délicieux, et j'allai presser mes compagnons de voyage de quitter ce pays, tout beau qu'il est. Ils avaient eu le temps de s'instruire de toutes les grandes choses que les Espagnols avaient faites pour la religion. Ils avaient lu les mémoires du fameux évêque de Chiapa, par lesquels il paraît qu'on avait égorgé, ou brûlé, ou noyé dix millions d'infidèles en Amérique pour les convertir. Je crus que cet évêque exagérait ; mais quand on réduirait ces sacrifices à cinq millions de victimes, cela serait encore admirable.
            Le désir de voyager me pressait toujours. J'avais compté finir mon tour de l'Europe par la Turquie ; nous en prîmes la route. Je me proposai bien de ne plus dire mon avis sur les fêtes que je verrais.
            " - Ces Turcs, dis-je à mes compagnons, sont des mécréants qui n'ont point été baptisés, et qui par conséquent seront bien plus cruels que les révérends pères inquisiteurs. Gardons le silence quand nous serons chez les mahométans. "
            J'allai donc chez eux. Je fus étrangement surpris de voir en Turquie beaucoup plus d'églises chrétiennes qu'il n'y en avait dans Candie. J'y vis jusqu'à des troupes nombreuses de moines qu'on laissait prier la vierge Marie librement, et maudire Mahomet, ceux-ci en grec, ceux-là en latin, quelques autres en arménien.
            " - Les bonnes gens que les Turcs ! " m'écriai-je. 
             Les chrétiens grecs et les chrétiens latins étaient ennemis mortels dans Constantinople ; ces esclaves se persécutaient les uns les autres, comme des chiens qui se mordent dans la rue, et à qui leurs maîtres donnent des coups de bâtons pour les séparer. Le grand vizir protégeait alors les Grecs. Le patriarche grec m'accusa d'avoir soupé chez le patriarche latin, et je fus condamné en plein divan à cent coups de latte sur la plante des pieds, rachetables de cinq cents sequins. Le lendemain le grand vizir fut étranglé ; le surlendemain son successeur, qui était pour le parti des Latins, et qui ne fut étranglé qu'un mois après, me condamna à la même amende, pour avoir soupé chez le patriarche grec. Je fus dans la triste nécessité de ne plus fréquenter ni l'église grecque ni la latine. Pour m'en consoler, je pris à loyer une fort belle Circassienne, qui était la personne la plus tendre dans le tête-à-tête, et la plus dévote à la mosquée. Une nuit, dans les doux transports de son amour, elle s'écria en m'embrassant : Alla, Illa, Alla  ce sont les paroles sacramentales des Turcs : je crus que c'étaient celles de l'amour ; je m'écriai aussi fort tendrement : Alla, Illa, Alla.                                                                           lemagdesanimaux.ouest-france.fr
            " - Ah ! me dit-elle, le Dieu miséricordieux soit loué ! vous êtes Turc. "
            Je lui dis que je le bénissais de m'en avoir donné la force, et je me crus trop heureux. Le matin l'iman vint pour me circoncire ; et, comme je fis quelque difficulté, le cadi du quartier, homme loyal, me proposa de m'empaler : je sauvai mon prépuce et mon derrière avec mille sequins, et je m'enfuis vite en Perse, résolu de ne plus entendre ni messe grecque ni latine en Turquie, et de ne plus crier Alla, Illa, Alla, dans un rendez-vous.
            En arrivant à Ispahan on me demanda si j'étais pour le mouton noir ou pour le mouton blanc. Je répondis que cela m'était fort indifférent, pourvu qu'il fût tendre. Il faut savoir que les factions du 
" Mouton blanc " et du " Mouton noir " partageaient encore les Persans. On crut que je me moquais des deux partis ; de sorte que je me trouvai déjà une violente affaire sur les bras aux portes de la ville : il m'en coûta encore grand nombre de sequins pour me débarrasser des moutons.
            Je poussai jusqu'à la Chine avec un interprète, qui m'assura que c'était là le pays où l'on vivait librement et gaiement. Les Tartares s'en étaient rendus maîtres, après avoir tout mis à feu et à sang ; et les révérends pères jésuites d'un côté, comme les révérends pères dominicains de l'autre, disaient qu'ils y gagnaient des âmes à Dieu, sans que personne en sût rien. On n'a jamais vu de convertisseurs si zélés : car ils se persécutaient les uns les autres tour à tour ; ils écrivaient à Rome des volumes de calomnies ; ils se traitaient d'infidèles et de prévaricateurs pour une âme. Il y avait surtout une horrible querelle entre eux sur la manière de faire la révérence. Les jésuites voulaient que les Chinois saluassent leurs pères et leurs mères à la mode de la Chine, et les dominicains voulaient qu'on les saluât à la mode de Rome. Il m'arriva d'être pris par les jésuites pour un dominicain. On me fit passer chez Sa Majesté tartare pour un espion du pape. Le conseil suprême chargea un premier mandarin, qui ordonna à un sergent, qui commanda à quatre sbires du pays de m'arrêter et de me lier en cérémonie. Je fus conduit après cent quarante génuflexions devant Sa Majesté. Elle me fit demander si j'étais l'espion du pape, et s'il était vrai que ce prince dût venir en personne le détrôner. Je lui répondis que le pape était un prêtre de soixante et dix ans ; qu'il demeurait à quatre mille lieues de Sa Sacrée Majesté tartaro-chinoise ; qu'il avait environ deux mille soldats qui montaient la garde avec un parasol ; qu'il ne détrônait personne, et que Sa Majesté pouvait dormir en sûreté. Ce fut l'aventure la moins funeste de ma vie. On m'envoya à Macao d'où je m'embarquai pour l'Europe.    
            Mon vaisseau eut besoin d'être radoubé vers les côtes de Golconde. Je pris ce temps pour aller voir la cour du grand Aureng-Zeb, dont on disait des merveilles dans le monde : il était alors dans Delhi. J'eus alors la consolation de l'envisager lors de la pompeuse cérémonie dans laquelle il reçut le présent céleste que lui envoyait le shérif de la Mecque. C'était le balai avec lequel on avait balayé la maison sainte, le Caaba, le Beth Alla. Ce balai est le symbole qui balaye toutes les ordures de l'âme. Aureng-Zeb ne paraissait pas en avoir besoin ; c'était l'homme le plus pieux de tout l'Indoustan. Il est vrai qu'il avait égorgé un de ses frères et empoisonné son père. Vingt rayas et autant d'omras étaient morts dans les supplices ; mais cela n'étaient rien, et on ne parlait que de sa dévotion. On ne lui comparait que la sacrée majesté du sérénissime empereur de Maroc, Muley-Ismaël, qui coupait des têtes tous les vendredis après la prière.
            Je ne disais mot ; les voyages m'avaient formé, et je sentais qu'il ne m'appartenait pas de décider entre ces deux augustes souverains. Un jeune Français, avec qui je logeais, manqua, je l'avoue, de respect à l'Empereur des Indes et à celui de Maroc. Il s'avisa de dire très indiscrètement qu'il y avait en Europe de très pieux souverains qui gouvernaient bien leurs Etats et qui fréquentaient même les églises, sans pourtant tuer leurs pères et leurs frères, et sans couper les têtes de leurs sujets. Notre interprète transmit le discours impie de mon jeune homme. Instruit par le passé, je fis vite seller mes chameaux : nous partîmes, le Français et moi. J'ai su depuis que la nuit même les officiers du grand Aureng-Zeb étant venus pour nous prendre, ils ne trouvèrent que l'interprète. Il fut exécuté en place publique, et tous les courtisans avouèrent sans flatterie que sa mort était très juste.
  *          Il me restait de voir l'Afrique, pour jouir de toutes les douceurs de notre continent. Je la vis en effet. Mon vaisseau fut pris par des corsaires africains. Notre patron fit de grandes plaintes ; il leur demanda pourquoi ils violaient ainsi les lois des nations. Le capitaine noir lui répondit :
            " - Vous avez le nez long, et nous l'avons plat ; vos cheveux sont tous droits, et notre laine est très frisée ; vous avez la peau de couleur de cendre, et nous de couleur d'ébène ; par conséquent nous devons, par les lois sacrées de la nature, être toujours ennemis. Vous nous achetez aux foires de la côte de Guinée, comme des bêtes de somme, pour nous faire travailler à je ne sais quel emploi aussi pénible que ridicule. Vous nous faites fouiller à coups de nerfs de bœuf dans des montagnes pour en tirer une espèce de terre jaune qui par elle-même n'est bonne à rien, et qui ne vaut pas, à beaucoup près, un bon oignon d'Egypte ; aussi quand nous vous rencontrons, et que nous sommes les plus forts, nous vous faisons esclaves, nous vous faisons labourer nos champs, ou nous vous coupons le nez et les oreilles. "
            On n'avait rien à répliquer à un discours si sage. J'allai labourer le champs d'une vieille Africaine, pour conserver mes oreilles et mon nez. On me racheta au bout d'un an. J'avais vu tout ce qu'il y a de beau, de bon et d'admirable sur cette terre : je résolus de ne plus voir que mes pénates. Je me mariai chez moi : je fus cocu, et je vis que c'était l'état le plus doux de la vie.

* theaujasmin.blogspot.com 

                                                    VOLTAIRE

                                                      ( 1694 - 1778 30 mai ) 
                                    
                                                     ( 1è publication 1756 )
















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