lundi 14 juillet 2014

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui journal 29 Samuel Pepys ( Angleterre )


rembrandt 1660
                                                                                                                            16 août 1660

            Ce matin, tout étant prêt, milord m'emmena en voiture chez Mr Crew. Il me dit en chemin qu'il espérait que ma place s'avérerait très profitable pour moi, et de manière générale me dit qu'on ne s'enrichissait pas grâce au salaire que procurait une charge, mais grâce aux occasions de gagner de l'argent qu'on avait grâce à une charge. Il me quitta chez Mr Crew et monta en voiture direction Hinchingbrooke accompagné de Mrs Jemima et de Mr Thomas Crew.
            De là à Whitehall vers midi. J'y rencontrai Mr Madge qui m'emmena avec lui et le capitaine Cooke, le célèbre chanteur et d'autres maîtres de musique dîner dans un ordinaire du côté de Charing Cross. Chacun paya son écot. De là au Sceau privé où il y a peu de travail depuis deux jours. Le soir, à la maison.


                                                                                                                                17 août

            Au bureau, après quoi à la maison pour dîner. Mr Unthank, le tailleur de ma femme, dîna avec nous. Nous n'avions qu'un plat de pieds de mouton. Après dîner, par voie d'eau, à Whitehall où il y avait beaucoup de travail au Sceau privé. Le soir, en compagnie de Mr Crew et du juge rapporteur allâmes chez Mr Pym le tailleur qui nous emmena à la taverne de la Demi-Lune. Il nous offrit abondance de vin et d'anchois et insista pour payer le tout.
            Ce soir j'ai vu Mr Creed recourir aux manoeuvres les plus incroyables que j'aie jamais vues pour éviter de porter un toast et de payer sa tournée.
            A la maison en voiture et au lit.


                                                                                                                                 18 août

            Ce matin j'emmenai ma femme en direction de Westminster par le fleuve, je la débarquai à Whitefriars avec 5 livres afin qu'elle s'achetât un jupon. Moi au Sceau privé, peu après ma femme vient me dire que mon père l'a convaincue d'acheter un tissu très fin à 25 shillings le yard et une fine dentelle de sorte que le jupon reviendra à 5 livres, ce qui me contraria un peu, mais comme elle le faisait en toute innocence je ne pus me mettre en colère.
            Je lui donnai donc de l'argent en plus et la renvoyai. Moi, Creed et le capitaine Hayward ( on vient peu courtoisement de le renvoyer du " Plymouth " pour que le capitaine Allin se rende à sa place à Constantinople et on l'a remis sur son vaisseau le " Dover " ce qui, je le sais, va contrarier milord ) allâmes dîner à la taverne de la Jambe dans King Street. Le capitaine Ferrer, cornette de milord, nous rejoignit après dîner. Il nous emmena, moi et Creed, voir la pièce du Cockpit " Le sujet loyal ". C'est la première pièce que j'ai trouvé le temps de voir depuis que je suis revenu à terre. La soeur du duc était jouée par un certain Kynaston, un garçon mais qui faisait la dame la plus ravissante que j'aie jamais vue, à part sa voix qui n'était pas très jolie. La pièce finie nous allâmes tous trois boire un verre. Par l'entremise du capitaine Ferrer, Mr Kynaston et un autre qui jouait le rôle du général Archas vinrent nous voir et burent avec nous. De là chez moi en voiture. Après m'être fait raser je laissai ma femme s'occuper de sa petite chienne qui était en train de mettre bas. Moi au lit.


                                                                                                                                    19 août 1660
                                                                                                                        Jour du Seigneur

            Ce matin ma femme m'apprit que la chienne avait eu cinq chiots et se portait très bien. Ma femme avait eu très peur qu'elle ne mourût, car le chien qui l'avait couverte était très gros.   eleveurs.online
            Ce matin sir William Batten, Penn et moi-même allâmes à l'église voir les marguilliers pour demander un banc qu'on ne pût nous donner sur le moment, mais nous avons décidé d'en commander un. Nous sommes donc restés et avons écouté Mr Milles, un très bon pasteur.
            A la maison pour dîner. Ma femme avait mis son nouveau jupon acheté hier. C'est en effet un tissu très fin et une très belle dentelle, mais comme le tissu est de couleur pâle et la dentelle toute d'argent, il ne fait pas grand effet.
            Mr Creed et mon frère Tom dînèrent avec nous. Après dîner ma femme alla chercher les petits chiots pour nous les montrer, ils sont très jolis. Après qu'ils furent partis je montai mettre de l'ordre dans mes papiers, trouvai les vêtements de ma femme qui traînaient, épars et je me mis en colère, ce qui me contraria. Après cela ma femme et moi allâmes nous promener dans le jardin, puis à la maison et au lit.


                                                                                                                                   20 août

            Jour de bureau. Alors que sir William Penn et moi nous promenions dans le jardin, un messager vint de la part du duc d'York pour m'emmener chez le lord chancelier. Donc, comme Mrs Turner était venue chez moi avec sa fille Theophila pour me parler d'un de ses amis qui voulait être dans la Marine, je profitai de sa voiture jusqu'à Worcester House. Mais comme milord le Chancelier était parti à la Chambre des Lords je m'y rendis et comme ils jugeaient ce jour-là une affaire, j'entrai. J'y restai tout le matin à regarder la manière   dont ils s'asseyaient sur des sacs en laine, etc. Je n'y avais jamais assisté auparavant.
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            Après que la séance fut levée je parlai à milord et il m'ordonna de venir le voir dans la soirée. Ce matin Mr Creed me remit les documents relatifs au brevet de vice-amiral de milord. Il les laissa entre mes mains et se rendit en mer pour s'occuper de l'argent de la gratification. L'après-midi au Sceau privé, j'y fis les comptes avec Mr Moore. Il avait en tout 100 livres pour moi, ce qui me réjouit car je devinai que les profits du présent mois se monteraient à 100 livres.
            Le soir j'allai tout seul boire chez Mrs Harper où je trouvai la fille de Mrs Crisp. Je restai boire avec elle et ses amis, puis me rendis à Worcester House avec William Hewer en voiture. Là je descendis et envoyai William à la maison avec les 100 livres que j'ai touchées aujourd'hui. J'attendis et je vis milord le grand chancelier entrer dans la grande salle. C'était incroyable de voir la foule de gens qui l'attendaient pour assister à une séance du Sceau privé.
            Avant de s'occuper de toute autre affaire il prit mes documents sur l'état des dettes de la flotte et les examina devant tout le monde, puis en privé me donna des conseils sur la manière de gérer les affaires afin d'obtenir le maximum d'argent du Parlement.
            Après cela je rentrai à la maison, j'y trouvai toutes mes affaires que j'avais en mer et que j'avais fait envoyer par Mr Dunn. J'en fus content quoique beaucoup fussent abîmées par l'humidité, du fait d'être restées aussi longtemps sur un bateau dans une cabine non étanche. Je passai beaucoup de temps à les trier ce soir, ensuite au lit.


                                                                                                                           21 août 1660

            Ce matin je me rendis à Whitehall avec sir William Penn par voie d'eau, pendant le trajet il m'apprit qu'il avait été formé par sir William Batten quand il était sous ses ordres. Nous allâmes au bureau de Mr Coventry et discutâmes de la rédaction de mes documents relatifs aux dettes de la Marine pour la commission de l'après-midi. Ensuite à l'Amirauté où William Hewer et moi nous en occupâmes, puis il se rendit chez sa tante Blackborne, dont une parente est morte hier dans sa maison et doit être enterrée ce soir, ce qui fait qu'il rentra très tard. Allai à la Grand-Salle où je retrouvai Mr Crew et dînai avec lui. Un certain Mr Hickman nous rejoignit, c'est un oxonien qui s'indigna beaucoup de l'arrogance du nouveau clergé composé d'anciens qui expulsent un grand nombre de théologiens des collèges et les accusent d'ivrognerie. Si cela est vrai je suis navré de l'apprendre.
            Après quoi direction Westminster. J'allai voir Mr Pym, mon manteau de velours, le premier que je me suis jamais fait faire, était prêt ainsi qu'une toque de velours. Je les emportai au bureau du Sceau privé et les y mis sous clé. J'allai ensuite à Queen's Court et là, après une longue attente, je parlai au colonel Birch qui lut mes documents et me demanda un complément d'information. Cela fait je retournai au Sceau privé où il y avait peu de travail, je me rendis donc à Londres avec Mr Moore, nous rencontrâmes Mr Etchar ( le domestique de Mr Montagu ) près du Savoy.Il nous emmena à la taverne du Nez d'Airain où nous bûmes. Puis nous nous séparâmes et je rentrai à la maison en voiture. Là, comme c'était le soir de la poste, j'écrivis à milord pour l'informer que tout allait bien, que le général Monck a été nommé lieutenant gouverneur d'Irlande ce qui n'est pas du goût de milord Robartes, qui est nommé lieutenant gouverneur adjoint, car il ne veut être l'adjoint que du roi lui-même. Ensuite, au lit.


                                                                                                                           22 août

            Bureau. Après quoi sir William Penn m'emmena dans le jardin et là m'apprit que Mr Turner a l'intention d'adresser une pétition au duc pour lui demander une allocation supplémentaire en sa qualité de Secrétaire de la Marine et me demanda de me joindre à lui pour l'appuyer. Je promis de le faire pourvu que cela ne me causât ni tort ni préjudice si on ajoutait un autre nom, comme si je n'étais pas capable de remplir mes fonctions. Il nia complètement que ce fût le moins du monde son intention, loin de là.
            Je ramenai Mr Hater dîner à la maison, nous discutâmes du problème et il me donna le même conseil.
            Après dîner nous allâmes au bureau compléter l'état des dettes de la Marine que j'ai établi hier. Ensuite à Whitehall au Sceau privé. Après avoir expédié le travail avec mon père qui vint me voir, au Palais de Westminster et à la Chambre pour y chercher le colonel Birch, mais ne le trouvai pas. A la Chambre après que la Commission eut fini de siéger, je rencontrai Mr George Montagu et le félicitai de son élection,  c'était son troisième jour à la Chambre, comme député de Douvres. Il me fit asseoir tout seul dans la Chambre, rien que lui et moi une demi-heure, à discuter du tour que prennent les événements. En bref il m'apprit qu'il risquait d'y avoir beaucoup de factions à la Cour avec le marquis d'Ormond, le général Monck et milord Robartes, à propos de l'affaire d'Irlande. Comme il y a déjà des dissensions entre les deux Chambres à propos de la loi d'amnistie et à la Chambre des Communes entre les épiscopaliens et les presbytériens.
            De là chez mon père, à pied en compagnie de Mr Herring pasteur de St Bride. Je les emmenai à la taverne du Soleil où je retrouvai George, mon ancien serveur, qui était revenu. De là, par voie d'eau, je les débarquai à Blackfriars. Ensuite à la maison, et au lit.


                                                                                                                           23 août 1660

            Par voie d'eau au Collège des Docteurs en droit civil pour voir le Dr Walker et lui donner à relire les documents conférant à milord la charge de vice-amiral sous les ordres du duc d'York. De là, ayant rencontré Mr Pinkney allâmes prendre notre boisson du matin et de là par voie d'eau à Whitehall au Parlement où je conversai avec le colonel Birch. Ensuite au Bureau de l'Amirauté où nous avions une réunion avec Mr Coventry à propos de plusieurs affaires. Il fut entre autres décidé que Phineas Petit, parent du commissaire, de Chatam, devrait être suspendu de ses fonctions jusqu'à ce qu'il ait répondu de certains chefs d'accusation formulés contre lui. Il aurait par exemple dit autrefois que le roi était un bâtard et sa mère une catin.
            De là au palais de Westminster où je rencontrai papa Bowyer et Mr Spicer, les emmenai à la taverne de la Jambe dans King Street et leur offris un plat ou deux de viande, les quittai pour me rendre au Sceau privé où, comme le roi n'est pas à Londres, nous n'avons rien à faire depuis deux jours. Au palais de Westminster, où je rencontrai William Symons, Tom Doling et Mr Booth, avec eux à la taverne du Chien où nous mangeâmes un melon cantaloup, le premier que je mange cette année. Nous nous gaussâmes de William Symons, l'appelant Mr le Doyen à cause des terres du doyenné que son oncle lui a laissées et qu'il a des chances de perdre complètement.
            De là à la maison par voie d'eau. Je veillai très tard pour écrire des lettres à milord à Hinchingbrooke, ainsi qu'au vice-amiral dans les Downs, puis au lit.


                                                                                                                         24 août

            Bureau, puis avec sir William Batten et sir William Penn à l'église de la paroisse pour trouver un emplacement pour construire un banc ou une galerie pour nous asseoir. Nous en trouvâmes un. De là nous nous rendîmes dans une taverne de Thames Street où nous partageâmes un cuissot de gibier rôti et d'autres excellentes victuailles en très bonne compagnie.
            Au Sceau privé à Whitehall, mais rien à faire. Le soir par voie d'eau chez mon père où je trouvai ma mère pas très bien. Je lui fis boire une pinte de xéres. Mon père rentra accompagné du Dr Thomas Pepys qui me parla en français un grand moment, me sollicitant pour lui trouver une place. Mais je trouve que c'est un homme sans caractère et qui parle le pire français que j'aie jamais entendu dans la bouche de quelqu'un qui a vécu si longtemps à l'étranger.
            De là à l'enclos de St Paul. Achetai " l'Argenis de Barclay " en latin. Puis à la maison, et au lit.
            Je découvris que le capitaine Bunn m'avait envoyé aujourd'hui quatre douzaines de bouteilles de vin.
            Le roi est revenu à Whitehall ce soir.


                                                                                                                          25 août

            Ce matin Mr Turner et moi en voiture de notre bureau à Whitehall ( en chemin passai voir le Dr Walker au sujet des documents que je lui ai remis l'autre jour et qu'il a examinés. Il a découvert que le Conseil du duc a supprimé certains passages du premier projet que le Dr Walker avait rédigé pour milord ). Chez sir George Carteret où tous les trois fîmes un état des dettes de la Marine à l'intention du Conseil privé.
            A midi emmenai Mr Turner et Mr Moore à la taverne de la Jambe dans King Street et leur offris à dîner, ensuite à la taverne du Soleil où j'offris à Mr Turner un verre de vin. Mr Fowler, l'apothicaire fils du juge, nous rejoignit avec une méthode de luth que son père lui avait laissé pour moi. Il s'en servait jadis lorsqu'il était jeune homme et avait l'usage de sa main.
            Au Sceau privé où je trouvai du travail.
            A la Grand-Salle j'achetai une chemise courte neuve chez Mrs Lane, ensuite à la maison par le fleuve. Écrivis des lettres, les envoyai par la poste, certaines à milord, d'autres en mer. Ce soir William Hewer m'a rapporté de chez Pym mon manteau et ma toque de velours, les premiers que j'ai jamais eus. Ensuite, au lit.
Mr Pym

                                                                                                                             26 août 1660
                                                                                                                   Jour du Seigneur

            Avec sir William Penn à l'église de la paroisse où nous occupons le plus haut banc. Un inconnu prêcha un long serment ennuyeux. Dînai à la maison et retournai à l'église l'après-midi avec ma femme.
            Retour à la maison, me promenai dans le jardin et sur la terrasse jusqu'à la nuis, puis souper, et au lit.


                                                                                                                               27 août

            Ce matin quelqu'un m'a apporté un tonneau de bière de Northdown de la part de Mr Pearse, le commissaire de Marine. Puis un autre vint avec un beau tapis de Turquie et une jarre d'olives de la part du capitaine Cuttance et une paire de jolies tourterelles de la part de John Burr pour ma femme. Ces marchandises sont arrivées aujourd'hui à bord de notre bateau de pêche. Mon domestique Ely les a accompagnés et vint me voir à la fin de mon travail au bureau. Lui donnai une demi-couronne parce que je vis qu'il était prêt à pleurer voyant que je ne pouvais l'inviter ici.
            Au Sceau privé. Il y a du travail car c'est la fin du mois. De là avec Mr Mount, Llewellyn et d'autres à la taverne de la Tête du Taureau jusque tard, puis à la maison. Vers 10 heures le major Hart vint me voir. Je le reçus avec du vin et un plat d'anchois, qui me donnèrent tellement soif que j'en fus malade toute la nuit et dus envoyer la servante me chercher à boire.


                                                                                                                                     28 août

            A la maison, examinai mes papiers, mes livres de comptes et ma maison en vue de la meubler à mon goût jusqu'à deux heures de l'après-midi. Ce matin passai un peu de temps à enseigner à ma femme à jouer de la musique. La trouvai extrêmement douée.
            Au Sceau privé où il y a beaucoup de travail aujourd'hui. Le colonel Scroope a été exclu aujourd'hui de la loi d'amnistie, qui a mis longtemps à être votée, mais est annoncée pour demain. Du Sceau privé emportai à la maison 80 livres sterling, en voiture. Le soir je passai à nouveau un moment à enseigner la musique à ma femme, avec beaucoup de plaisir
            Ai appris aujourd'hui que ma pauvre mère est très malade depuis deux jours. Je crains qu'elle n'ait plus longtemps à vivre.
            Au lit, un peu contrarié car je crains que mon petit valet, Will, ne soit un voleur et ne m'ait volé quelque argent, en particulier une lettre que Mrs Jenkins m'avait confiée la semaine dernière et qui contenait une demi-couronne que je devais envoyer à son fils.


                                                                                                                                  29 août1660

            Jour de bureau. Avant de me rendre au bureau ma femme et moi interrogeâmes mon petit valet, Will, à propos des choses que nous pensions hier qu'il avait volées, mais il nia tout avec une assurance et une rouerie incroyables. Au bureau puis à l'église où nous avons à nouveau regardé l'emplacement où nous avions décidé d'ériger une galerie. Nous avons mis des ouvriers à l'oeuvre. A la maison pour dîner, là j'appris que ma femme avait eu confirmation des vols commis par mon domestique et qu'il avait même fait bien plus que nous ne pensions. J'en fus fâché et j'ai l'intention de le renvoyer.
            L'après-midi à mon bureau du Sceau privé, de là le soir à la taverne à la Tête du Taureau avec Mount, Llewellyn et d'autres, et de là chez mon père. Comme il était chez mon oncle Fenner j'allai l'y rejoindre et là fis mander le père de mon petit valet et parlai avec lui de son fils. J'obtins sa promesse que si je renvoie son fils chez lui il le prendra en dépit de son contrat d'apprentissage.
            Le soir à la maison, là j'apprends que ma femme a découvert d'autres choses, que le petit valet a pris 6 shillings dans le placard de William Hewer et les a cachés dans les lieux d'aisances, ce qui me contraria. Au lit, après avoir fait monter les vêtements du petit valet dans ma chambre. Mais une fois que nous fûmes tous couchés, la servante qui couche dans notre chambre, nous dit soudain d'écouter. Ma femme en conçut une telle frayeur qu'elle se mit à trembler de tous ses membre. Il me fallut un grand moment avant que je parvienne à la calmer. Nous pensions que le bruit venait du domestique qui, dans un accès de désespoir s'était levé et s'en prenait à lui-même ou à William Hewer. Mais la servante descendit et alluma une bougie, trouva le petit valet au lit, ferma toutes les portes à double tour. Nous laissâmes une bougie allumée toute la nuit et dormîmes bien. Mais nous avions eu très peur.


                                                                                                                               30 août

            Au matin nous trouvâmes tout en ordre en bas, mais le petit valet semblait accablé de chagrin . Néanmoins c'est le coquin de son âge le plus rusé que j'aie jamais vu.
            A Whitehall où je découvris la loi d'amnistie, dont on a tant parlé et tant attendue, ainsi que la loi fixant le taux de la capitation et la loi sur les procédures judiciaires.
            Dans la Grand-Salle rencontrai Mr Paget, le juriste et dînai avec lui à l'ordinaire du Ciel. Cet après-midi ma femme s'est rendue au baptême de l'enfant de la femme de Mr Pearse. On insista pour qu'elle fût la marraine, mais je lui avais conseillé par avance de ne pas accepter, elle refusa donc et ne fut donc que marraine par procuration à la place de milady Jemima. C'est la première fois que je vois ma femme porter des mouches depuis que nous sommes mariés. Milord est revenu à Londres aujourd'hui, mais qu'il n'est arrivé que très tard je l'attendis jusqu'à dix heures du soir. Ensuite à la maison à pied. Mr Shipley et Mr Child à la taverne.


                                                                                                                                31 août 1660

            Lever de bonne heure pour accompagner milord à Whitehall, avec lui chez le Duc. Ensuite à mon bureau de Seething Lane. Dîner à la maison. Après dîner de nouveau chez milord. Il m'apprit qu'on lui a donné l'ordre de partir brusquement en mer et me donna quelques billets à ordre à tirer en vue de son départ. Cet après-midi j'acceptai de renoncer complètement à ma maison au profit de Mr Dalton ( des caves du roi avec qui j'ai bu deux ou trois fois dans les caves royales ) pour 41 livres sterling. Ce soir j'ai soldé mes comptes pour le précédent mois au Sceau privé, en vue de demain où je dois céder ma place, mais nous ne savons pas à qui, nous espérons seulement que ce sera au profit de Mr Bickerstaffe avec qui moi et Mr Matthews sommes restés tard à boire après le bureau à la taverne du Soleil et à discuter de ce qu'il sera possible de faire demain contre Baron. Ensuite à la maison, et au lit. Dieu soit béni et fasse que tout continue de bien se passer pour moi et à mon avantage. Je prie pour que Dieu m'apprête à un changement de fortune.


                                                                                                             à suivre.........../
                                                                                         ......./ 1er septembre.........
                                                                                                                                       

         




                       
    

vendredi 11 juillet 2014

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui journal 28 Samuel Pepys ( Angleterre )



                                                                                                                            1er août 1660

            Debout de bon matin et par voie d'eau à Whitehall chez milord, là montai dans ses appartements ( William Howe étant chez Mr Pearse pour sa goutte ) et parlai avec lui des affaires de la Marine et de la manière dont j'allais aujourd'hui remplir mes fonctions au Sceau privé. Le commissaire Pett m'accompagnait. Je lui demandai de présenter mes excuses au bureau pour mon absence aujourd'hui.
            Ensuite au bureau du Sceau privé où je pris avec l'aide de Mr Matthews, possession des registres et de l'agenda, mais je m'attendais à ce que Baron apportât un mandat et réclamât son mois.
            Aucun travail ne se fit ce matin, Baron ayant dit à Mr Woodson et Mr Groome, les secrétaires de Mr Trumble du bureau des cachets, de garder tout le travail par-devers eux jusqu'à l'après-midi car il espérait avoir d'ici là le mandat lui accordant le présent mois.
            A midi j'emmenai Mr Hoover à la taverne de la Jambe de bois dans King Street et lui offris à dîner. Il continua à me conseiller d'agir entièrement par moi-même au Sceau privé, mais je lui dis que je ce m'était impossible car mon temps est pris par d'autres affaires.
            L'après-midi de nouveau au bureau où nous dûmes signer de nombreux documents. Je me rendis à la salle du Conseil et là demandai à milord de signer le premier brevet, je signai tous les autres moi-même, mais je ne perçus aucune somme d'argent aujourd'hui. Après que j'eus tout signé j'allai boire avec Dick Scobell et Llewellyn dans une taverne à bière du Strand. Restai un moment, j'avais renvoyé William Hewer à la maison, je pris un canot et me dirigeai à mon tour vers la maison. J'achetai une langouste dans Fish Street. Je venais de l'acheter lorsque je rencontrai Winter et Mr Delabarr, nous allâmes donc la manger, ainsi qu'un morceau d'esturgeon qu'ils avaient acheté, à la taverne du Soleil dans la même rue. Tard à la maison, et au lit.


                                                                                                                            2 août

            A Westminster par voie d'eau avec sir William Batten et sir William Penn, nos domestiques dans un autre canot, jusqu'à l'Amirauté. De là je me rendis chez milord pour l'y chercher. Nous restâmes chez lui tout le matin à passer des ordres pour payer les entrepreneurs des subsistances et voir comment trouver de l'argent pour poursuivre les activités du bureau de la Marine. De là dîner chez Mr Blackborne et ses amis, sa femme était à la campagne et sur le point de revenir à Londres. Nous passâmes un bon moment et fûmes fort bien traités.
            De là William Hewer et moi au bureau du Sceau privé où je restai tout l'après-midi et perçus environ 40 livres sterling pour hier et aujourd'hui. Mon coeur se réjouit des bénédictions que Dieu m'accorde en me donnant ces profits par hasard, sur ces 40 environ 10 me reviennent pour le travail d'aujourd'hui. Les avantages de ce bureau sont vraiment bien plus grands que du temps du feu roi. Le mois dernier il y eut quelques 300 brevets, alors que du temps du feu roi, c'était beaucoup s'il y en avait 40. Je revins en voiture à la maison, avec mon argent.
            C'était la première fois que je parvenais à rentrer à la maison avant la fermeture des grilles depuis mon installation au bureau de la Marine.
            En arrivant je découvris que ma femme souffrait de son mal habituel à la lèvre, de sa " chose " qu'elle avait déjà quand nous nous sommes mariés.
            J'allai calculer les frais que m'occasionnait mon ancienne maison. Beaucoup de personnes souhaitent la prendre, mais en moi-même ne suis pas très enclin à la laisser de crainte d'un revers de fortune. Il s'avère qu'elle me revenait à quelques 20 livres sterling ce qui avec la cession de bail que je prendrai fera environ 22 livres pour celui qui voudra louer ma maison.
            Au lit.


                                                                                                                             3 août
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            Debout de bonne heure ce matin. Après que le barbier en eut fini avec moi, au bureau où seul sir William Penn et moi siégeâmes et expédiâmes le travail. A midi ma femme et moi en voiture chez le Dr Clarke pour dîner. Je fus tout à fait charmé par son épouse. C'est une femme avenante et distinguée, quoique pas jolie, mais elle parle le meilleur langage qu'il m'ait été donné d'entendre de toute ma vie. Dînèrent également Mrs Pearse et son mari.
            Après dîner je pris congé pour me rendre à Westminster. Restai toute la journée au bureau du Sceau privé à signer des documents et à percevoir de l'argent, de sorte que je ne pus faire ce que j'avais espéré, c'est-à-dire retourner auprès d'eux et aller au théâtre du Taureau Rouge. Mais je pris une voiture et allai voir si la pièce était finie. Il s'avéra qu'elle était terminée, je retournai donc chez le Dr Clarke où je les retrouvai ainsi que ma femme. Peu après pris congé et rentrai à la maison.


                                                                                                                              4 août

            A Whitehall où j'appris que milord était parti dîner avec le roi à la Tour de Londres chez le lieutenant sir John Robinson. Chez milord trouvai milady Jemima. Je restai avec elle et nous dînâmes en tête à tête. Après dîner au bureau du Sceau privé où je réglai des affaires. Puis à une commission du Parlement présidée par sir Henry Finch pour leur apporter la réponse à leur ordonnance, à savoir que nous ne pouvions pas leur fournir un état des comptes de la Marine pour les années 36 à 40 comme ils le demandent. Après quoi j'allai commander du linge à Betty Lane à Westminster, puis à la taverne de la Trompette où je restai bavarder avec elle, etc...
            Le soir comme il pleuvait beaucoup, qu'il tonnait et qu'il y avait force éclairs je pris une voiture à la porte de la Trompette, emmenai Mr l'Impertinent jusqu'au Savoy où, me dit-il, il allait partager le lit de Cary Dillon et qu'il avait toujours l'intention d'aller, avec sa famille, en Irlande. L'ayant déposé je me hâtai vers la maison. Dans la cour, alors qu'il faisait très noir, j'entendis un homme demander où était ma maison. Je m'enquis de ce qu'il voulait. Il me dit que mon domestique William qui avait quitté Londres ce matin pour aller voir sa tante Blackborne, ne s'était pas senti bien en arrivant chez sa mère et ne pouvait rentrer chez moi ce soir. J'en fus tout à fait désolé. Il s'avère que ma femme est toujours souffrante. Au lit, n'ayant pas le temps d'écrire des lettres. En vérité j'en ai tant à écrire, pour tant de destinataires, que je n'ai pas le coeur de m'y mettre.
            Mrs Show est morte hier. Son mari est si malade qu'il est probable qu'il ne lui survivra pas.


                                                                                                                                   5 août 1660
                                                                                                                    Jour du Seigneur

            Comme ma femme souffrait beaucoup je me rendis ce matin à Holborn chez le Docteur Williams qui l'a déjà guérie une fois de ce même mal. Il me donna un onguent que je fis porter à la maison par mon petit valet et un emplâtre que j'emportai à Westminster. Ce matin je passai voir ma mère en allant chez le docteur. Je dînai à Westminster avec Mr Shipley, milord dînait à Kensington.
            Après dîner à l'église Ste Marguerite où, pour la première fois, j'entendis lire le Livre des prières publiques dans cette église. Nous nous assîmes sur le banc de Mr Hill, le Mr Hill qui s'est marié à Axe Yard et qui était avec nous à bord du Hope. Après l'église nous allâmes voir William Howe chez Mr Pearse où je restai chanter des chansons et des psaumes une heure ou deux. Nous passâmes un très bon moment avec lui et Mr Pearse. De là chez milord où je restai à bavarder, boire et manger avec Mr Shipley. Après quoi à Westminster où j'assistai à une échauffourée entre Minj Heer Clinke, un Hollandais qui était au mariage de Hartlib, et un batelier. C'était fort divertissant, puis je pris un bateau à Gravesend qui était venu chercher des roseaux en amont du pont de Londres et les convainquis de me transporter jusqu'au pont, ensuite à la maison où je retrouvai ma femme.
            Après les prières allai me coucher près d'elle. La veille elle avait passé une très mauvaise nuit. Ce matin avant que je me lève Will était de retour. Il est bien remis, il était simplement fatigué par sa randonnée à cheval dont il n'a pas l'habitude.


                                                                                                                              6 août
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            Ce matin au bureau. Cela fait à la maison pour dîner, tout seul, car ma femme souffre et garde le lit. Cela me contraria et m'ennuya beaucoup. Après cela à Whitehall au Sceau privé tout l'après-midi. Le soir avec Mr Man chez Mr Rawlinson dans Fenchurch Street. Nous y restâmes jusqu'à 11 heures. Ensuite à la maison et au lit. Ma femme a beaucoup souffert toute la journée.
            Ce soir Mr Man m'offrit 1 000 livres pour mon poste de secrétaire au Conseil de la Marine, ce qui me mit l'eau à la bouche. Je n'ose cependant accepter son offre avant d'avoir parlé à milord et obtenu son consentement.


                                                                                                                                    7 août

            Ce matin à Whitehall au Sceau privé puis j'emmenai Mr Moore et Mr Shipley dîner avec moi chez milord. Tandis que je dînais Sam Hartlib et son beau-frère que le roi vient de faire chevalier vinrent solliciter de moi la promesse que je leur procurerai un navire pour les transporter en Hollande, comme je le leur avais promis. Après dîner au Sceau privé tout l'après-midi.
            Le soir rencontrai Sam Hartlib qui m'emmena en voiture à Kensington chez milord Holland. Je restai dans la voiture tandis qu'il réglait ses affaires.Tandis qu'il tardait je descendis et le devançai sur le chemin du retour. Ce fut une très agréable promenade en direction de Kensington où je bus et restai très longtemps à l'attendre. Il vint enfin. Après avoir bu ensemble à l'auberge nous nous dirigeâmes vers Westminster.
            Là je tentai de trouver Jane qui vivait jadis chez le Dr William à Cambridge alors que j'avais longtemps cru qu'elle vivait ici à présent, mais il s'avéra que c'était une erreur. Là où j'espérais la trouver je trouvai une autre jeune fille, qui lui ressemblait mais qui n'était pas elle.
            Nous allâmes à la taverne de la Tête du Taureau où nous restâmes à manger et boire jusqu'à 11 heures. Ensuite à pied à la maison. Trouvai ma femme assez bien rétablie. Puis, au lit.


                                                                                                                                    8 août 1660

            Nous nous réunîmes au bureau, après quoi dîner à la maison, de là par voie d'eau, avec ma femme chez Kate Sterpin. Nous restâmes disctuer avec elle et sa maîtresse, Mrs Pye, du mariage de Kate avec Monsieur Petit. Sa maîtresse et moi fîmes tous notre possible pour lui conseiller de surseoir à son mariage jusqu'à ce que Monsieur Petit ait obtenu quelque place qui lui permette de subvenir à ses propres besoins, plutôt que de vivre sur la dot qu'elle va lui apporter. De là chez Mr Butler pour voir ses filles. C'est la 1è fois que nous leur rendions visite. Nous les trouvâmes très jolies. Il y avait là le colonel Dillon. C'est un joyeux compagnon plein d'esprit. Mais il me semble qu'ils font de l'esbroufe et qu'ils sont très pauvres. De là ma femme et moi avions l'intention de rendre visite à Mrs Blackborne qui était venue voir ma femme il y a un ou deux jours, alors qu'elle n'était pas en état de la recevoir. Mais elle n'était pas chez elle, ma femme se rendit donc chez sa mère et moi au Sceau privé. Le soir en sortant j'allai en compagnie de Mr Woodson et de Mr Jennings à la taverne du Soleil jusque tard, et de là chez milord où ma femme était revenue me chercher après être repassée chez Mrs Blackborne. Réglai quelques affaires avec milord, puis tous deux nous rendîmes chez Mrs Hunt qui insista pour nous garder à coucher chez elle cette nuit, car elle était restée très tard avec ma femme à nous attendre chez milord, et elle ne voulut pas nous laisser rentrer à la maison ce soir.
            Ce fut très agréable et très confortable. Au matin je pris mon plaisir avec ma femme pour la première fois depuis qu'elle est soulagée de son mal.


                                                                                                                                  9 août

            Laissai ma femme chez Mrs Hunt, moi chez milord. Et de là avec le juge rapporteur Fowler. Mr Creed et Mr Shipley à la taverne Rhénane en compagnie du capitaine Hayward du Plymouth qui vient de recevoir l'ordre de transporter milordWinchelsea ambassadeur à Constantinople. Nous passâmes un très bon moment. Le juge rapporteur fit prêter serment d'allégeance et de suprématie au capitaine Hayward. De là à mon bureau du Sceau privé. Après avoir signé quelques documents avec Mr Moore et le doyen Fuller, à la taverne de la Jambe dans King Street. J'envoyai chercher ma femme et nous y dînâmes. Excellente humeur. Après dîner nous nous séparâmes d'eux et ma femme et moi rendîmes visite à Mrs Blackborne. Comme elle était chez elle j'y laissai ma femme. Moi au Sceau privé où j'expédiai du travail et de nouveau chez Mrs Blackborne. Elle nous traita, ma femme et moi, avec force civilité et nous offrit une bonne collation de collier de boeuf etc.
            De là étourdi d'avoir bu tant de vin du Rhin le matin et encore l'après-midi chez Mrs Blackborne, rentrai à la maison. Au lit, pas très bien. Très malade toute la nuit.


                                                                                                                               10 août

            Je souffris beaucoup toute la nuit et eus de telles coliques que je ne pus dormir. Le matin me levai avec de vives douleurs puis au bureau et diner à la maison. Après dîner, souffrant beaucoup du dos, je me rendis par voie d'eau à Whitehall, au Sceau privé. Après quoi avec Mr Moore et Mr Creed à Hyde Park en voiture. J'y vis une belle course à pied, trois fois le tour du parc, entre un Irlandais et Mr Crow qui fut jadis valet de milord Claypole ( au fait je me souviens que l'autre jour Mr Claypole s'est renseigné auprès de Mrs Hunt sur ma maison d'Axe Yard et lui a demandé d'intervenir auprès de moi pour que je la lui cède : c'est là un grand changement de fortune ). Crow a battu l'autre de plus de deux miles
            Rentrai de Hyde Park. Allai chez milord et emmenai Will, qui m'y attendait, en voiture. A la maison, emportant avec moi mon luth qui était resté tout ce temps ( depuis que je suis revenu à terre ) chez milord pour qu'il puisse en jouer. Au lit, avec encore quelques douleurs.
            Depuis un ou deux mois c'est inimaginable ce que j'ai eu l'esprit occupé, si bien que j'ai négligé d'écrire à mon oncle Robert en réponse à ses nombreuses lettres, ainsi qu'à d'autres amis. Je ne me suis pas occupé non plus de ma propre famille, en particulier ce mois-ci mon travail au Sceau privé  m'a rendu encore plus incapable de penser à rien, car je dois m'y rendre dès que j'ai terminé mon travail au bureau de la Marine. Que Dieu soit béni cependant de ma bonne fortune au Sceau privé où je me fais chaque jour je crois environ trois livres sterling, per diem. J'ai obtenu cette place par hasard et milord me l'a donnée par hasard. Ni lui ni moi ne pensions qu'elle me rapporterait autant qu'elle s'avère me rapporter.
            Jamais depuis que je suis dans la vie active je n'ai été aussi peu au courant des affaires publiques que je le suis en ce moment. Je n'ai pas lu un journal ni rien d'approchant, je ne me suis pas enquis des nouvelles et de ce que fait le Parlement ou, en aucune manière du tour que prennent les événements. Beaucoup de gens cherchent à louer ma maison d'Axe Yard et viennent me déranger. J'ai bien envie de prendre l'argent pour acheter des meubles pour ma maison du bureau de la Marine, et cependant je répugne à m'en défaire à cause de ce Mr Man qui m'offre 1 000 livres sterling pour mon poste. C'est une si grosse somme que j'hésite à m'installer dans ma nouvelle maison de crainte d'accepter l'offre de Mr Man, au cas où milord y consentirait.


                                                                                                                                  11 août

            Aujourd'hui je me suis levé sans aucune douleur ce qui me donne à penser que mes douleurs d'hier venaient seulement de ce que j'avais trop bu la veille.
            Ce matin chez milord, il me donna l'ordre de préparer d'ici cet après-midi certains documents pour l'Amirauté où il doit siéger. Au Sceau privé et de là me rendant dans ma maison d'Axe Yard je passai voir Mrs Crisp. J'y rencontrai Mr Hartlib pour lequel j'écrivis une lettre que milord doit signer pour fournir un bateau à son beau-frère et sa soeur partis aujourd'hui pour Gravesend, à destination de la Hollande. Discutant avec Mr Crisp j'appris qu'il est très jaloux d'elle car elle est toujours très attachée à son vieux domestique, Meade. De là chez milord pour dîner avec Mr Shipley, ensuite au Sceau privé. Le soir à la maison, ensuite j'envoyai chercher le barbier, me fis raser et couper les cheveux dans la cuisine. C'est la première fois que je le fais. Cette nuit je fus contrarié du fait que William Hewer n'est rentré qu'à 10 heures du soir, mais je fus assez rassuré quand ma femme m'apprit qu'il avait pleuré parce que je m'étais fâché, quoique en vérité il m'ait fourni une bonne occasion de lui faire savoir que je souhaite le voir rester à la maison. Ensuite, au lit.


                                                                                                                                    12 août
                                                                                                                         Jour du Seigneur
CAS 04
            Chez milord, avec lui à la chapelle de Whitehall où Mr Calamy prêcha et fit un bon sermon sur ces paroles " A celui à qui il est beaucoup donné il sera beaucoup demandé ". Il fut très obséquieux et fit trois révérences au roi, comme le font les autres. Après le sermon un bel hymne du capitaine Cooke qu'il chanta lui-même, cela plut fort au roi. Milord dîna chez milord le chambellan et moi chez milord avec Mr Shipley. Après dîner donnai à Mr Dunn, qui doit partir en mer, la clé de ma cabine et des instructions pour emballer mes affaires, après quoi j'allai me promener. Ayant rencontré Mrs Lane de la Grand-Salle je l'emmenai chez milord et lui offris une bouteille de vin dans le jardin. Mr Fairbrother de Cambridge nous rejoignit et but avec nous.
            Après quoi emmenai Mrs Lane dans notre ancienne maison et me montrai très entreprenant dans les avances que je lui fis et qu'elle accepta volontiers.
            Le soir à la maison après être passé chez mon père où je retrouvai Mr Fairbrother, mais je ne restai pas et rentrai à la maison. En chemin m'arrêtai chez Mr Rawlinson où mon oncle Whight devait descendre. Il vint en effet mais il était très en colère ( il était un peu gris et, je pense, fâché que je le voie dans cet état ) comme je ne l'ai jamais vu en colère de ma vie. Cela me contraria un peu. A la maison et au lit.


                                                                                                                                    13 août

            Jour de réunion à notre bureau, après dîner à Whitehall au Sceau privé où mon père vint me voir et resta un long moment à bavarder, me racontant qu'il avait proposé Mr John Pickering pour la fille de sir Thomas Honywood. Je pense que pour ses seules qualités il ne la mérite pas, mais j'ignore quels biens il sera en mesure de lui apporter.
            Mon père, Creed et moi à notre taverne Rhénane habituelle où nous bavardâmes et bûmes jusqu'à la nuit. Ensuite mon père à la maison et moi chez milord qui me dit qu'il avait soudain le désir d'aller à la campagne. Il me confia donc la responsabilité des démarches concernant son brevet de vice-amiral en son absence. Après quoi à la maison en voiture. J'emportai mes 100 livres sterling que j'avais laissées chez Mr Rawlinson. C'est la première fois que je possède 100 livres à la fois. Prières et au lit.


                                                                                                                                      14 août

            Au Sceau privé et de là chez milord où Mr Pym le tailleur et moi convînmes qu'il me ferait un costume de velours. De là de nouveau au Sceau privé où sir Samuel Morland vint faire enregistrer un brevet de baronet que le roi lui a accordé pour qu'il le monnaye. Il resta avec moi un grand moment et me raconta par le menu comment il avait servi le roi au temps du Proteecteur à la suite des mauvais traitements que Thurloe lui avait fait subir, comment il avait démasqué sir Richard Willys, comment il s'était ruiné pour la cause du roi, si bien que maintenant le roi lui a accordé une pension à vie de 500 livres sterling par an sur les revenus des Postes et deux titres de baronet. Tout ceci me donne à penser qu'il n'est pas aussi sot que je le pensais.
            A la maison par voie d'eau jusqu'à la Tour de Londres. Mon père, Mr Fairbrother et Mr Cooke dînèrent avec moi. Après dîner vint le jeune capitaine Cuttance du Speedwell, envoyé à Londres pour s'occuper de la gratification accordée aux membres de la Marine qui ont ramené le roi. Il apporta pour ma femme un barillet de beurre qui est très bien venu. Après dîner mon père prit congé après que je lui eus donné 40 shillings pour le dernier semestre de mon frère John à Cambridge.
            Je m'acquittai aussi de mes dettes envers Mr Fairbrother pour mon diplôme de maître ès lettres, ce qui me coûta quelques 9 livres et 16 shillings. A Whitehall ma femme et moi par le fleuve. Tout l'après-midi au Sceau privé et dans d'autres bureaux. Le soir à la maison avec ma femme par le fleuve. Je pris grand plaisir à me faire peigner les cheveux dans la cuisine par la servante et le valet avant d'aller me coucher.


                                                                                                                               15 août 1660

            Au bureau, après dîner par voie d'eau à Whitehall, où j'appris que le roi était parti ce matin à 5 heures pour aller voir un navire de plaisance hollandais en aval du pont et qu'il y dînait en compagnie de milord. Depuis son retour le roi fatigue tous les gens qui l'entourent tellement il se lève tôt.
            Au bureau. J'y restai tout l'après-midi. Je me rendis à Westminster dans la soirée et passai un moment chez Mrs Mitchell et son mari. J'envoyai chercher à boire et bus avec eux. Par la même occasion elle, Mrs Murford  ainsi qu'une autre vieille femme de la Grand-Salle se rendirent au chevet d'une femme qui venait d'accoucher ce soir. De là chez milord. Je le trouvai chez lui. Il me donna ses instructions pour gérer ses affaires en son absence car il avait l'intention de partir à la campagne demain matin. Je couchai là toute la nuit dans mon ancienne chambre que j'ai laissai maintenant à William Howe avec lequel j'avais l'intention de dormir. Mais lui et moi nous mîmes à batifoler ensemble si bien que je l'envoyai coucher avec Mr Shipley. Je dormis donc seul toute la nuit.


                                                                                     à suivre........../ 16 août

            Ce matin................
                                                         
 
           

lundi 7 juillet 2014

Recettes et Propos d'Alexandre Dumas - Caviar ( France )


ici.radio-canada.ca


                                            CAVIAR 
                                                           " Sorte d'esturgeon "*

            J'ai assisté pendant un mois à la pêche du caviar sur les bords de la mer Caspienne, dans toute la longueur de son rivage qui s'étend de l'Oural à la Volga. Rien de plus curieux que cette pêche où l'on détruit en six semaines ou deux mois des milliers de poissons du poids de 300 livres et de la taille de 12 à 15 pieds. On en trouve dans le Danube qui ont jusqu'à 20 pieds de long, ils viennent de la mer Noire et remontent pour frayer jusqu'à Bade. La chair du caviar a une saveur délicate, qualité fort rare dans les poissons cartilagineux, il est facile de la faire prendre pour de la chair de veau, mais nous devons avouer que les nations modernes n'ont pas pour cette chair le même enthousiasme qu'avaient les peuples anciens qui, non seulement couronnaient ce poisson de fleurs, mais encore ceux qui le servaient et qui l'apportaient sur la table au son des flûtes. Au rapport d'Athénée on regardait en Grèce l'esturgeon comme le meilleur plat du festin. Ovide a dit de lui :
                            " Esturgeon, pèlerin des plus illustres ondes "
            On le trouve dans l'Océan, dans la Méditerranée, dans la mer Rouge, dans tous les grands fleuves. Au XVIè siècle il était si commun en Provence qu'il ne valait qu'un sou la livre. L'esturgeon grandit et s'engraisse dans les fleuves où il trouve la tranquillité, la température et les aliments qui lui conviennent. En Russie où en fait les pêches les plus nombreuses, on les prend au moment où ils essayent de remonter la Volga et l'Oural.                                                                                                         luxuo.fr
            D'après la manière dont on prend ce poisson on peut se faire une haute idée de son intelligence : on ferme les fleuves avec des barricades, ce qui est d'autant plus facile que les fleuves n'ont pas de profondeur. Les esturgeons viennent par troupes de mille ou deux mille pour remonter les fleuves, ne pouvant y réussir ils se promènent de long en large devant l'embouchure où l'on a tendu des espèces de gros hameçons suspendus à des traverses et flottant à deux pieds, trois pieds, quatre pieds sous l'eau. Quelques-uns de ces hameçons sont amorcés, mais cela ne m'a jamais paru nécessaire. Les esturgeons en allant et en venant s'accrochent à un obstacle qu'ils veulent forcer, l'obstacle leur entre dans la chair et ils sont pris. Des hommes qui se promènent en bateau entre les sillons que forment les poutres placées transversalement sur le fleuve recueillent les esturgeons qui sont pris. Quand la barque est pleine on la conduit à l'abattoir, véritable abattoir, où l'on assomme à coups de marteau, à coups de masse, deux ou trois mille esturgeons par jour. L'animal, quoique très fort et pouvant renverser d'un coup de queue l'homme le plus robuste, ne fait aucune résistance. Il pousse seulement un cri lorsqu'on lui arrache la moelle épinière, il fait un bond de quatre ou cinq pieds de haut et retombe mort. Avec cette moelle épinière que l'on appelle " visigha " on fait des pâtés fort estimés.Mais ce qui est plus estimé que le pâté à la moelle épinière, ce sont les milliers d'oeufs que l'on recueille pour faire le Caviar ( car on appelle particulièrement caviar une préparation d'oeufs d'esturgeon ); privés d'air les oeufs se conservent quelque temps dans leur fraîcheur. Outre ceux-là que l'on expédie le jour même où ils ont été enfermés dans des barils pareils à nos barils de poudre de huit, de quinze et vingt livres, il y en a encore qu'on prépare à demi-sel et à sel entier,que l'on envoie à leur heure.
            Les esturgeons arrivent à un développement énorme. En 1769 on pêcha un de ces poissons qui avait 20 mètres de long, qui pesait 1 155 kilogrammes, et l'on en tira 30 kilogrammes d'oeufs. Le calcul fait on suppose qu'il y en avait 30 412 860. Henri Cloquet dit qu'on en pêche souvent de 1 400 kilogrammes et qu'ils peuvent atteindre une longueur de 13 mètres.
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            La pêche d'hiver a lieu en janvier et se fait avec un grand cérémonial. C'est celle-là que j'ai vue. Le jour en est fixé à l'assemblée publique. Des lettres de convocation sont adressées, on se réunit sur la place avant le jour, on nomme un chef qui, avant le départ, passe les pêcheurs en revue, ainsi que leur armement qui consiste en un crochet d'acier fixé à une longue perche. Au lever du soleil deux coups de canon donnent le signal de se mettre en route, c'est à qui arrivera le premier à la meilleure place. Une décharge de mousqueterie annonce le commencement de la pêche. Mais, à notre grand étonnement et à celui des pêcheurs, nous ne trouvâmes, en arrivant au rivage,  ni la Volga ni la mer Caspienne prises, mais au contraire toutes les préparations de la pêche d'été qui avait continué, quand on avait vu que le froid ne prenait pas. C'est donc une pêche d'été que j'ai racontée, parce que c'est une pêche d'été que j'ai vue.


                                                                                               Alexandre Dumas
texte extrait de " Mon dictionnaire de cuisine "

         


samedi 5 juillet 2014

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui journal 27 Samuel Pepys ( Angleterre )


meteo-paris.com

                                                                                                                   16 juillet 1660

            Ce matin le temps se montra très pluvieux de sorte que je ne pus faire transporter nos affaires dans la nouvelle maison. Allai au bureau et y travaillai, ensuite à la maison. Le soleil était revenu mais le temps que j'arrive à la maison la pluie était revenue si bien que je ne pus emporter nos affaires en charrette comme je le voulais. Après quoi chez milord, puis à la maison et au lit.


                                                                                                                      .17 juillet

            Ce matin, comme en fait tous les autres matins maintenant, fort embesogné chez milord.
            Avant que je ne sorte de chez moi, visite de Mr Barlow, vieil homme poitrinaire au teint clair. Nous discutâmes un long moment et je lui accordait ce qu'il demandait, à savoir 50 livres par an si mon salaire n'est pas augmenté, 100 par an s'il est porté à 350 livres. Il était très satisfait de toucher cet argent lorsque je le recevrai et à cette condition.
            En me rendant chez milord je découvris qu'il avait attrapé un gros rhume et gardait le lit. je le conduisis donc à son chevet, et nous tombâmes tous trois d'accord sur ce que je devais lui allouer.
            Cela fait, comme la journée s'avérait belle, je rentrai et fis emballer toutes nos affaires. Cependant ma femme, moi et Mrs Hunt prîmes une voiture, nous dépassâmes les charrettes des rouliers qui s'étaient arrêtés pour boire dans le Strand  après s'être rendus jusqu'à ma maison et y avoir déposé nos affaires. Le soir j'envoyai ma femme et Mrs Hunt acheter de quoi souper. Elles achetèrent un quartier d'agneau que nous mangeâmes mais il n'était pas assez rôti.
            Will, neveu de Mrs Blackborne, est si obéissant que je suis très content de lui. Dans la soirée lui, moi et Mrs Hunt revînmes par le fleuve jusqu'à Westminster.
            Me rendis chez milord. Après avoir réglé quelques affaires avec lui dans sa chambre ( d'enfant dont il a fait sa chambre depuis son retour à terre ), j'allai à pied avec un porteur de torche jusque chez moi. J'y trouvai ma femme au lit, Jane lavant par terre et Will. Le petit laquais était endormi et j'eus le plus grand mal à le réveiller. Au lit. C'est la première nuit que je couche là avec ma femme.


                                                                                                                          18 juillet

            Ce matin le charpentier a terminé la porte de ma chambre qui donne sur la terrasse. Ce matin réunion au bureau. Je dînai dans ma maison de Seething Lane. Après quoi me rendant vers 4 heures à Westminster je rencontrai Mr Carter et Mr Cooke qui venaient me voir en voiture, si bien que je rentrai chez moi.
            Je rencontrai aussi Mr Pearse le chirurgien accompagné d'un porteur avec un tonnelet de citrons que mon commis Burr m'envoie du navire.
            J'emmenai toutes ces personnes jusque chez moi et leur offris à boire. Après eux vint Mr Shipley. Après être restés un moment ensemble nous nous rendîmes tous par le fleuve à Westminster jusqu'à la nouvelle Bourse.    
            De là chez milord pour travailler. Alors que nous étions en conversation quelqu'un vint d' Hinchingbrooke avec un demi-chevreuil. Comme il sentait un peu fort milord m'en fit cadeau. Il fut pourtant aussi    bon que chevreuil pouvait l'être.                                                                                                                               Je l'emportai chez ma mère, où je n'avais pas été depuis longtemps et où en vérité je n'avais pas très envie d'aller parce que mon père me pressait sans cesse de l'introduire à la Garde-Robe et que je ne pouvais pas le faire car ma propre affaire venait à peine d'être réglé par milord, mais mon père n'était pas à la maison. Je laissai donc le gibier à ma mère pour qu'elle en disposât comme elle le désirait. Ensuite à la maison où je trouvai William Hewer. Il passa la nuit avec nous pour la première fois.
            Mon esprit rasséréné. Je suis seulement un peu préoccupé par les dettes importantes que j'ai encore envers le secrétaire, Mr Kipps et Mr Spong, pour mon brevet.


                                                                                                                         19 juillet 1660

            Je restai tard au lit. Moi et ma femme en bateau, la déposai en compagnie du petit laquais à Whitefriars avec un rond de notre nouveau fourneau qui est déjà cassé et que ma femme doit faire changer elle doit également aujourd'hui acheter nombre d'autres choses avec l'aide de mon père.
            Chez milord que je trouvai au lit. Il me remit ma commission pour que je prête le serment d'allègement et de suprématie.
            Après notre conversation je me rendis au palais de Westminster où j'emmenai Mr Mitchell et sa femme, ainsi que Mr Mutford que nous envoyâmes ensuite chercher, à la taverne du Chien où je les régalai d'un plat d'anchois et d'olives. Je payai pour tout le monde, nous parlâmes de nos anciennes conversations, lorsque nous parlions du roi en secret à l'époque du parlement croupion. Après quoi au bureau de l'Amirauté à Whitehall où je restai à écrire mes dernières remarques sur les quatre derniers jours.
            On parle beaucoup de la différence entre le clergé épiscopal et le clergé presbytérien, mais je crois que tout cela n'aboutira à rien. Puis à la maison et au lit.


                                                                                                                          20 juillet

            Réunion au bureau ce matin, sir William Batten et Mr Pett étaient quant à eux envoyés à Chattam pour une inspection. Ce matin j'envoyai ma femme voir mon père et acheter avec lui pour 5 livres d'étain. Après la réunion j'allai chez mon père où mon oncle Fenner avec tout son équipage le capitaine Holland sa femme et la mienne dînaient d'un pâté de venaison fait avec le gibier que j'avais donné à ma mère l'autre soir.
            Je témoignai cette fois tant de froideur à William Joyce que je crois que toute la table s'en aperçut.
            Après quoi à Westminster pour régler les affaires de milord puis à la maison, car milord ne va pas très bien depuis deux ou trois jours.
            J'apprends que Mr Barnwell à Hinchingbrooke est de nouveau malade. A la maison et au lit.


                                                                                                                                                                                 21 juillet

            Ce matin Mr Barlow m'a charger de lui apporter à signer sous la forme que je veux l'accord entre nous. J'allai donc à son domicile à l'Aigle d'or dans la nouvelle rue dans Fetter Lane et Shoe Lane.
            Il accepta l'accord. De là allai le faire écrire en grosse en deux exemplaires par Mr Spong.
            Chez milord. Lui parlai de l'affaire du Sceau privé pour qu'il m'autorise à prêter serment, bien que cela ne m'apportât rien mais pour simplement faire une gentillesse à Mr Moore. Milord me donna une réponse favorable. J'allai au bureau des Six Clercs voir Mr Spong pour mes documents à copier et dînai avec lui dans un club proche où nous pûmes chanter des canons à trois voix. Ensuite chez moi à écrire des lettres, puis à Whitehall pour régler des questions relatives au titre de pair de milord. A la maison et au lit.


                                                                                                                                22 juillet 1660
                                                                                                                   Jour du Seigneur

            Il a plu très fort toute la nuit. Mon frère Tom vint me voir ce matin pour la première fois. Je lui payai tout ce que je dois à mon père à ce jour. Ensuite je sortis et passai dans différentes églises, puis chez mon oncle Fennec où ma femme était déjà arrivée. Nous nous retrouvâmes tous, mon père, ma mère, tous les Joyce et ma tante Bell que je n'ai pas vue depuis de nombreuses années. Après dîner j'allai à Whitehall ( ma femme à l'église avec K Joyce ) où je trouvai milord. Nous nous promenâmes dans le jardin. Il me témoigna tout le respect possible. Je le quittai et allai me promener dans le parc, m'efforçai de mon mieux de pénétrer dans le parc intérieur, mais n'y parvins pas. Un homme se fit bastonner par le gardien pour avoir fait passer des gens de l'autre côté de la pièce d'eau en le portant sur le dos.
            Ensuite chez milord où je restai boire avec Mr Shipley, après avoir d'abord fait chercher une paire d'avirons je revins par le fleuve pour la première fois le Jour du Seigneur. A la maison et le soir je me fis lire un chapitre et je lus des prières dans le livre des prières publiques. C'était la première fois que je lisais des prières dans cette maison. Ensuite au lit.


                                                                                                                                  23 juillet

            Ce matin Mr Barlow vint me voir et nous nous rendîmes chez un écrivain public dans Fenchurch Street. Nous le trouvâmes au lit avec la goutte. Nous signâmes et scellâmes notre accord devant lui.
            Il insista pour que les mots " en considération de quoi " soient ajoutés, j'acceptai quoi que contre mon gré.                                                                                                              mr l'impertinent
            Ce matin réunion au bureau, ensuite Mr Barlow avec qui j'avais   rendez-vous vint dîner avec moi. Nous fûmes tous deux très aimables et passâmes un bon moment. Après dîner chez milord qui m'emmena chez le secrétaire d'Etat Nicholas, et là devant lui et le Secrétaire d'Etat Morice, milord et moi, à genoux fîmes tous deux serment d'allégeance et de suprématie et prêtâmes serment pour Sceau privé. J'en fus très heureux même si cela ne doit rien me rapporter pour le moment, mais je le souhaite de crainte que nous ne perdions nos charges. Cela fait et milord m'ayant quitté j'allai voir Mr Coling, son frère, Sam Hartlib, le petit Jennings et quelques autres, à la Taverne de la Tête du Roi à Charing Cross. Après avoir bu je pris le bateau et à la maison? Nous soupâmes joyeusement entre nous. Notre petit laquais est un farceur, puis, après les prières, au lit.                    
            Aujourd'hui milord avait entendu dire que Mr Barnwell était mort. C'est faux bien qu'il soit très malade.
            Je m'inquiétai toute la journée à cause de Mr Cooke. Je suis disposé à lui rendre service, mais j'ai l'esprit tellement occupé par ma propre affaire que je ne le peux.


                                                                                                                          24 juillet

            A Whitehall je confiai à Mr Watkins que j'avais prêté serment pour le Sceau privé, ce dont il fut fort marri, mais il donna le change et me proposa un de ses parents comme secrétaire. Je lui donnai quelque espoir bien que je n'en aie pas la moindre intention. Dans l'après-midi je me promenai longtemps dans la cour de Whitehall avec Mr Bickerstaff qui fut très heureux que milord eut prêté serment à cause de son affaire avec mon collègue Baron qui est portée devant le Lord Chancelier et qui doit être jugée demain. Baron a obtenu une autorisation outremer pour passer devant les détenteurs de droits de reversion du Sceau privé. Cet après-midi Mr Matthews vint me voir pour me demander un certificat attestant que milord et moi-même avons prêté serment, ce qui me semble un peu prématuré. Ensuite à la maison et au lit.


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            Le matin au bureau et après cela " mon dîner avec Mr Creed et ma visite aux Buttler devraient être inclus dans le récit de la journée et figurent ici par erreur ", à Whitehall où je rencontrai Mr Creed. Nous allâmes accompagnés d'un maître d'école gallois, un bon érudit mais un vrai pédagogue, à la table d'hôte de la Jambe dans King Street. J'obtins le certificat attestant que milord et moi avions prêté serment. Ce matin milord prit congé de la Chambre des Communes. La Chambre le remercia pour les grands services rendus à son pays.
            L'après-midi ( mais ceci est une erreur, c'était hier après-midi ), monsieur l'Impertinent et moi nous rencontrâmes. Je l'emmenai boire un verre à la taverne du Soleil. Dans la soirée, nous en retournant nous rencontrâmes sa mère, ses soeurs et son père qui descendaient les escaliers de la prison de Westminster où ils habitent. Je les saluai tous pour la première fois. Madame Frances est en fait très jolie. Après quoi très tard à la maison. Je m'arrêtai dans Tower Street et là je me fis raser par un barbier pour la première fois. A la maison et au lit.

                               
                                                                                                                            26 juillet

            Tôt à Whitehall pensant avoir une réunion avec milord et les principaux officiers, mais milord était empêché car c'était le jour où il devait se rendre à la Chambre des lords pour son admission. Une fois son brevet prêt il le présenta à genoux au Président qui le lut devant la Chambre et il se rendit à sa place.
            Me rendit au bureau du Sceau privé avec Mr Hooker qui me présenta à Mr Croft du bureau des cachets. Je les invitai à partager un plat de viande à la taverne de la Jambe dans King Street. Nous y dînâmes et je payai pour tout le monde. Ils me donnèrent de précieuses indications quant à mon emploi au  Sceau privé. Ensuite chez Mr Pearse où j'aurais dû dîner mais ne pus le faire. J'y trouvai Mr Shipley et William Howe. Nous nous séparâmes après avoir bu sec. En les quittant je rencontrai le Dr Castle qui est l'un des secrétaires du Sceau privé. Je lui racontai où en était milord et il en fut très heureux. On m'a dit aujourd'hui que Baron, contre toute attente et contre la loi, a obtenu la place de Bickerstaffe, de sorte que je me demande s'il ne va pas demander à exercer ses fonctions le mois prochain, mais milord me dit qu'il va attendre.
            Dans la soirée je rencontrai T. Doling qui m'emmena à la foire St James. Nous rencontrâmes W. Symons, sa femme, Llewellyn, ainsi que la femme et la cousine du Dr Scobell. Nous allâmes chez Wood, dans Pall Mall, l'ancienne taverne où nous nous réunissions. Nous restâmes jusqu'à 10 heures du soir. J'envoyai alors mon secrétaire Will chez milord demandant qu'il vienne me voir, puis avec un porteur de torche, à la maison et au lit. Je découvris que le commissaire Willoughby avait envoyé chercher toutes ses affaires et avait emporté les meubles de ma chambre. Je fus un peu déçu mais c'est mieux que de les payer trop cher.


                                                                                                                             27 juillet 1660

            Hier soir Sir William Batten et Sir William Penn sont arrivés dans leurs maisons du bureau de la Marine. Ce matin réunion et travail jusqu'à midi. Dîner à la maison et de là chez milord où Will mon secrétaire et moi passâmes l'après-midi à faire mes comptes. Nous finîmes à la nuit. Il s'avère que j'ai devant moi quelque 100 livres une fois toutes mes dépenses payées.
            Le soir j'envoyai quelqu'un chez William Bowyer pour qu'il m'apporte un sac de 100 livres qui appartenait à milord, que je lui avais demandé de garder et dans lequel je prélevai l'argent pour payer à Mr Shipley tout ce qui était dû à milord d'après mes comptes et j'emportai le reste à la maison, tard dans la soirée. Nous prîmes une voiture mais les chevaux étaient fatigués et refusèrent de nous emmener au-delà de St Dunstan, nous descendîmes donc et prîmes un porteur de torche, et ainsi à la maison, fatigué, et au lit.                                                                                                                                                                                       alterinfo.net
                                                                                                                                                                                                                                                                                               28 juillet

            Je me levai de bon matin, un domestique m'apporta une lettre du poète Fisher qui me dit être en train de faire un panégyrique du roi et qu'il désire m'emprunter une pièce d'or. Je lui fis porter une demi-pièce.
            A Westminster pour travailler. J'y dînai avec Mr Shipley et William Homes, puis réunion chez Mr Hanson. Il avait jadis reçu la splendide pendule qui fonctionnait avec des boules ( elle vient de lui être retirée par le roi à qui elle appartenait ). Nous allâmes ensemble à la taverne du Soleil et j'envoyai chercher Mr Butler qui pour l'heure se répandait en éloges dithyrambiques sur l'Irlande où lui et toute sa famille doivent se rendre sur les instances du colonel Dillon. Je n'entendis jamais dire autant de louanges mensongères sur l'Irlande. Je rentrai tard chez moi, et au lit.


                                                                                                                                 29 juillet 1660
                                                                                                                       Jour du Seigneur

            Moi et mon petit laquais Will à Whitehall. Puis moi et milord à la chapelle de Whitehall où j'entendis un morne sermon par l'évêque de Salisbury Duppa. Le cérémonial ne me plut pas. Ils en font vraiment trop.
            Milord alla dîner à Kensington, avec milord Camden. Je dînai donc puis emmenai Mr Borfett, aumônier de milord et son ami ainsi que Mr Shipley chez milord.
            L'après-midi je me rendis à pied avec Dick Vines et son frère Blayton jusqu'à Lisson Green et Marylebone, et retour. Comme milord était rentré je lui demandai de regarder mes comptes. Il les approuva et les signa. Nous sommes donc quittes à ce jour. J'en fus heureux, je pense avoir devant moi environ 120 livres en espèces sonnantes et trébuchantes. Tard à la maison après être passé sans m'arrêter chez mon père. Au lit.


                                                                                                                                 30 juillet
           
            Aujourd'hui réunion au bureau. Mon père est venu aujourd'hui pour la première fois dans ma nouvelle maison. Mr Crisp vint par hasard et resta bavarder avec nous. Ils visitèrent notre maison et nous donnèrent des conseils sur son ameublement. Cet après-midi je reçus les 50 livres qui m'étaient dues pour mon premier trimestre de salaire en tant que secrétaire de milord. Elles furent remises à Thomas Hater qui les perçut pour moi et me les apporta à la maison. Ce dont je suis très content.
            A Westminster où, entre autres choses, je rencontrai Mr Moore que j'emmenai en compagnie de son ami, un bouquiniste de l'enclos de St Paul, à la taverne Rhénane. Tandis que nous y buvions le porte-épée de Londres, Mr Man, vint nous demander. Nous restâmes à discuter avec lui de ce que pouvait rapporter mon poste de secrétaire des actes qu'il a envie d'acheter. Je lui demandai quatre ans de rente. Nous devons en parler plus en détail demain. A la maison à pied, je le raccompagnai chez lui à Bucklersbury. Il me prêta une torche que Will porta, et à la maison.


                                                                                                                      bibliophilie.com                                                                                             31 juillet 1660

            A Whitehall où milord et les principaux officiers se réunirent et eurent une grande discussion au sujet d'une levée d'argent pour la Marine qui est dans une situation déplorable et pour laquelle il faut trouver de l'argent. Mr Blackborne, le Dr Clarke et moi allâmes dîner chez le quaker. Je retournai à l'Amirauté où je m'occupai de calculer le montant des dettes de la Marine et de régler d'autres affaires tout l'après-midi. Le soir je me rendis au Sceau privé. J'y trouvai Mr Croft et Mr Matthews en train de ranger toutes leurs affaires pour laisser leur bureau demain à ceux qui vont prendre leur poste le mois prochain. Je les emmenai à la taverne du Soleil et leur offris à boire et je discutai avec eux du bureau et de ce que je dois attendre de Baron qui prétend faire valoir ses droits le mois prochain.
            Tard à la maison en voiture jusqu'à Ludgate avec Mr Matthews et ensuite à pied avec William Hewer, puis au lit.


                                                                            à suivre ............/ 1er août 1660