jeudi 2 août 2012

Lettres à Madeleine 43 Appolinaire



picasso apollinaire et leurs amies   marie laurencin
                                                                  Lettre à Madeleine

                                         Le 13 novembre Apollinaire " très inquiet de tous ces transports coulés en Maditerranée. Ces sacrés boches font donc ce qu'ils veulent dans  notre mer. " Il poursuit sa lettre par
des considérations amoureuses " ... Je te dévore et te redévore. Tu es mon adorable amour bleu. J'adore
tes dents et aussi tes yeux pers de petite Minerve ferme et sage et forte, tes yeux glauques, tes yeux qui sont
un pré ensoleillé. Et j'adore tes gencives très rouges. J'adore ton rire et ton sourire qui découvrent tes gencives. J'entends tes morsures à mon oreille... Pour en revenir aux Sadia Lévy, je le connais bien, nous avons longtemps été confrères dans des petites revues, mais nous n'avons jamais été intimes. D'autre part, je t'avertis pour éviter les commérages, qu'ils connaissent Marie L...qu'ils ont vue souvent avec moi et plus souvent que moi aussi, car ils allaient à son jour où je n'allais jamais. Elle a fait le portrait des trois. Père mère et fillette, sur une même toile, je crois même que ce tableau a été acheté par un Boche. Au demeurant je ne crois pas qu'ils fassent beaucoup de commérages. Mme Sadia Lévy m'a toujours paru une très bonne femme, un peu sourde. C'était un bon ménage. Mais lui est trop exclusivement sacerdotal. Il est fait pour vivre en lévite et ne comprend à mon sens pas grand-chose à l'univers qui l'entoure. Il est littérateur loin de la vie et très limité. Ses goûts artistiques sont périmés. Mais c'est je crois un brave homme. Cette guerre m'a l'air de se dérouler mal, mon amour. Cependant le ministère actuel est mieux et le ministère de la guerre est enfin quelqu'un. Je souhaite qu'il soit temps encore pour qu'il montre son génie, car il en a à mon avis et d'après ce que j'en sais. La description de ton lit me plaît m'amour. Il est très bien. J'adore comme toi les très grands lits... " Le texte s'achève sur " Le 10è Poème Secret
                                                               
                                                                     
             Ecrit le 14 novembre pour partir le 15 --

            C'est ton jour de naissance aujourd'hui mon amour et c'est aussi le premier jour de neige ici. Tout ce qui n'était pas blanc et Dieu sait s'il  y a du blanc dans ce pays de craie terriblement remué par plus d'un an de guerre, a blanchi tout à coup et tout est blanc comme ton corps exquis maintenant. Je baise ton front chéri, tes cheveux noirs et tout toi qui es adorable. J'ai fait le calcul du temps qu'il faudra pour que j'aille en permission : 4 mois encore environ, un peu moins, peut-être même la chose se fera-t-elle plus vite, mais ce n'est pas sûr étant donné la parcimonie des permissions dans notre régieon. Il y a des régions où les soldats partent déjà en permission pour la 2è fois. L'hiver est là , assez dur avec des gendarmes qui empêchent de couper du bois. C'est bizarre cette guerre administrative, réglée comme du papier à musique. Cependant il semble que vaguement un tout petit espoir de paix commence à se dessiner dans les limbes des destins d'Etats. Cette paix je commence à la souhaiter de toute l'aspiration de ma poitrine. Cependant ton amour me tient lieu de tout et me console de tout. Je t'aime en bleu presque blanc mon amour, je t'aime en hiver je voudrais être avec toi dans un lit bien chaud et sentir contre moi tout ton corps souple de grande fille adorable. Je réchauffe mes mains dans tes fourrures merveilleuses et ton haleine m'entourerait d'une chaleur que j'adore. J'ai regardé aujourd'hui tes photos. La dernière qui me plaisait tant, s'est entièrement effacée. Les petits ne doivent pas savoir virer leurs photos. C'était arrivé déjà pour la toute première photo. Mon amour je t'aime en bleu infiniment je caresse Ta Blancheur, je cueille tes roses avec ardeur et j'aspire l'odeur de tes jambes ces lys de mon désir.
            Je te dévore avec tendresse ce soir et tant de douceur finit par éveiller ma gourmandise et j'aurais bien envie de dévorer pour de bon toi qui est à moi.
            Ma grande, mon petit Madelon chéri je t'aime mignonement. Parle-moi de tes ongles amour, de ton cou et de tes narines et aussi de tes oreilles et parle-moi aussi du petit ermite dont tu ignorais l'existence et aussi de ta langue dont tu ne m'as pas parlé, ta langue adorable dont j'espère mille caresses et que je sens divinement.
            Je t'adore mon Madelon chéri et prends ta bouche avec une fougue incroyable et en pressant tout ton corps exquis et consentant contre le mien. Je sens la flexibilité adorable de ta taille et nos bouches jouent divinement l'une de l'autre comme deux trompettes qui sonneraient à l'amour.


                                                                                             Gui



mardi 31 juillet 2012

Les Partenaires John Grisham ( Policier EtatsUnis )

    couverture
                                                               Les Partenaires

                    7h30 Chicago Wells Street Trust Tower. David Zinc chaussé de ses " derbys classiques à lacets en cuir noir, les mêmes que ceux que portaient tous les avocats de la firme... " David sent un vertige l'envahir arrivé au 86è étage. Il a 31 ans travaille depuis cinq ans 80 heures par semaine n'a pas le temps d'offrir un bébé à sa jeune femme alors malgré les 300 000 dollars annuels ce jour-là David " pète les plombs... " reprend l'ascenseur et "... regarde en souriant les chiffres... défiler en sens inverse... " assis dans un coin de l'appareil. Que faire à 7h51 du matin lorsqu'on tourne le dos à un travail rémunérateur, usant, morne, lorsqu'on sort du rang ? Prendre un petit déjeuner. Ce sera Chez Abner. Il commance par un Bloody Mary. A l'autre bout de la ville, deux associés d'un petit, très petit cabinet d'avocats, la boutique, Oscar et Wally, débutent leurs discussions quotidiennes. Toujours à la poursuite de clients, Wally a la malheureuse idée d'attaquer un laboratoire pharmaceutique fabricant du Krayoxx censé faire chuter le cholestérol, mais aux conséquences  peut-être meurtrières. Elles seront dramatiques pour eux.
Tout au long du jour Hélène cherche son mari, le bureau cherche leur brillant avocat sorti d' Harvard. Le soir venu Abner met David dans un taxi et le dieu des ivrognes  le conduit dans la toute petite officine d'un quartier excentré où déposé il vomit deux fois s'endort et finalement trouve plaisante cette rupture et Wally et Oscar et le chien et Rochelle la pseudo-secrétaire. John Grisham a choisi l'humour pour nous raconter l'histoire très sérieuse des luttes entre très gros laboratoires pharmaceutiques assistés de très nombreux avocats et les clients impuissants. Les avocats sont des hommes avec des problèmes de couple, de santé et surtout d'argent. Les millions et les dollars défilent sous nos yeux page après page. L'auteur dénonce les travers de la société américaine, de la middle class. Outre les médicaments, voilà les jouets fabriqués en Chine couverts d'une peinture contenant un taux de plomb très élevé. Des avocats formés pour la défense des droits, mais de ceux qui s'occupent des services de litiges " ...Ces types formaient une race à part : des sauvages qui jouaient avec des sommes d'argent colossales, prenaient des risques énormes et vivaient sur le fil du rasoir. " Le livre est réussi, le mode humoristique est plaisant. Un bon Grisham.

dimanche 29 juillet 2012

Laeti et Errabundi Paul Verlaine ( Poème France )



Fantin-Latour extrait d'Un coin de table



                                            Laeti et Errabundi

                                      Les courses furent intrépides
                                      ( Comme aujourd'hui le repos pèse ! )
                                      Par les steamers et les rapides
                                      ( Que me veut cet at home obèse ? )

                                      Nous allions, - vous en souvient-il,
                                      Voyageur où ça disparu ?
                                      Filant légers dans l'air subtil,
                                      Deux spectres joyeux, on eût cru ?

                                      Car les passions satisfaites
                                      Insolemment outre mesure
                                      Mettaient dans nos têtes des fêtes
                                      Et dans nos sens, que tout rassure.

                                      Tout, la jeunesse, l'amitié,
                                      Et nos coeurs, ah ! que dégagés
                                      Des femmes prises en pitié
                                      Et du dernier des préjugés
                               
                                        Laissant la crainte de l'orgie               
                                        Et le scrupule au bon ermite
                                        Puisque quand la borne est franchie
                                        Ponsard ne veut plus de limite.

                                        Entre autres blâmables excès
                                        Je crois que nous bûmes de tout,
                                        Depuis les plus grands vins français
                                        Jusqu'à ce faro, jusqu'au stout,

                                        En passant par les eaux-de-vie
                                        Qu'on cite comme redoutables,
                                        L'âme au septième ciel ravie,
                                        Le corps, plus humble, sous les tables.

                                        Des paysages, des cités
                                        Posaient pour nos yeux jamais las ;
                                        Nos belles curiosités
                                        Eussent mangé tous les atlas.

                                       Fleuves et monts, bronzes et marbres
                                       Les couchants d'or, l'aube magique,
                                       L'Angleterre, mère des arbres,
                                       Fille des beffrois, la Belgique,

                                       La mer, terrible et douce au point, -
                                       Brochaient sur le roman très cher
                                       Que ne discontinuaient point
                                       Notre âme, - et quid de notre chair ?...

                               Rimbaud

                                                       Le roman de vivre à deux hommes
                                         Mieux que non pas d'époux modèles,
                                         Chacun au tas versant des sommes
                                         De sentiments forts et fidèles.

                                         L'envie aux yeux de basilic
                                         Censurait ce mode d'écot ;
                                         Nous dînions du blâme public
                                         Et soupions du même fricot.

                                         La misère aussi faisait rage
                                         Par des fois dans le phalanstère ;
                                         On ripostait par le courage,
                                         La joie et les pommes de terre.

                                         Scandaleux sans savoir pourquoi,
                                         ( Peut-être que c'était trop beau )
                                         Mais notre couple restait coi
                                         Comme deux bons porte-drapeau.

                                         Coi dans l'orgueil d'être plus libres
                                         Que les plus libres de ce monde,
                                         Sourd aux gros mots de tous calibres,
                                         Inaccessible au rire immonde.

                                         Nous avions laissé sans émoi
                                         Tous impédiments dans Paris
                                         Lui quelques sots bernés, et moi
                                         Certaine princesse Souris,

                                         Une sotte qui tourna pire...
                                         Puis soudain tomba notre gloire,
                                         Tels, nous, des maréchaux d'empire
                                         Déchus en brigands de la Loire.

                                         Mais déchus volontairement !
                                         C'était une permission,
                                         Pour parler militairement,
                                         Que notre séparation,

                                        

                                          Permission sous nos semelles
                                          Et depuis combien de campagnes !
                                          Pardonnâtes-vous aux femelles ?
                                          Moi j'ai peu revues ces compagnes,

                                          Assez toutefois pour souffrir.
                                          Ah, quel coeur faible que mon coeur !
                                          Mais mieux vaut souffrir que mourir
                                          Et surtout mourir de langueur.

                                          On vous dit mort, vous. Que le Diable
                                          Emporte avec qui la colporte
                                          La nouvelle irrémédiable
                                          Qui vient ainsi battre ma porte !

                                          Je n'y veux rien croire. Mort, vous,
                                          Toi, dieu parmi les demi-dieux !
                                          Ceux qui le disent sont des fous.
                                          Mort, mon grand péché radieux.
          
                                          Tout ce passé brûlant encore
                                          Dans mes veines et ma cervelle
                                          Et qui rayonne et qui fulgure
                                          Sur ma ferveur toujours nouvelle !
                                                                                                    
                                                                                      1è communion

                                           Mort tout ce triomphe inouï
                                           Retentissant sans frein ni fin
                                           Sur l'air jamais évanoui
                                           Que bat mon coeur qui fut divin !

                                           Quoi, le miraculeux poème
                                           Et la toute philosophie,
                                           Et ma patrie et ma bohème
                                           Morts ? Allons donc ? Tu vis ma vie !



                                                                                                    Paul Verlaine


                                                                            Jeudi 8 Septembre 1887, la rumeur court, Mort de
                                            Rimbaud. La nouvelle fausse arrive aux oreilles de Verlaine qui écrit... )

jeudi 26 juillet 2012

Olympe de Gouges Catel et Bocquet ( BD France )



Olympe de Gouges
                                                       Olympe de Gouges


                    1791 Olympe de Gouges écrit la Déclaration des Droits de la Femme " La Femme naît Libre
et demeure l'égale de l'homme en Droit... " contre la peine de mort et pour leur droit de vote. Pour cela, pour ses écrits, elle est l'auteur de plusieurs pièces de théâtre qu'elle poussa vaillamment avec l'aide de Louis Sébastien Mercier au Comité de lecture de la Comédie Française, et fut jouée avec quelque succès, et de très nombreux pamphlets qui la ruinaient. Elle a 43 ans et seul son caractère l'a poussée à vivre à Paris, à fréquenter les intellectuels de l'époque. Née rebelle en 1748 à Montauban des amours de sa mère Anne Olympe, épouse de Pierre Gouze boucher, avec le parrain de cette dernière de cinq ans son aîné Jean-Jacques Lefranc de Pompignac, auteur de Didon et connu pour avoir semble-t-il plagié Voltaire. Curieuse elle lit mais adroite sait aussi saigner le cochon. Elle a une soeur Jeanne mariée à 15 ans installée à Paris qu'Olympe rejoint, et un frère. Mais auparavant Marie Olympe épouse ( sacrifiée dit-elle ) à 17 ans Louis-Yves Aubry dont elle sera rapidement veuve, après avoir donné naissance à son enfant Pierre.1767. Olympe rencontre à Montauban le lyonnais Jacques Bietrix de Rozières. Amant et protecteur, femme libre elle refuse de l'épouser. Mais elle a découvert Rousseau et Voltaire. 1773 Installation à Paris. Olympe de Gouges déménage de nombreuses fois s'installant à proximité des événements qui l'enthousiasment, d'amitiés. Vie passionnée. Elle croise tous les intellectuels du 18è, les aristocrates, "... 1776 apparaît dans l'Almanach  de Paris, bulletin mondain... " La duchesse de Lamballe, Louis XVI. Olympe chasse les injustices mais se fait surtout des ennemis. Robespierre, Marat, Fouquier Tinville. Comment sa liberté de parole et d'action lui permettrait- elle d'échapper à la curée. Roman graphique, la rapidité d'esprit d'Olympe de Gouges colle à l'ouvrage. Passion, passion...
                    Par les auteurs de Kiki de Montparnasse.

mercredi 25 juillet 2012

Lettres à Madeleine 42 Appolinaire


                                                                     Lettre à Madeleine

                                                                                                                        12 nov 1915

            Mon amour. Je t'adore, nous sommes toujours si mal installés que je ne peux encore travailler comme je voudrais. Il y a ici des millions de souris. Elles ont toujours dû prospérer sur les champs de bataille, lors des longues guerres dans les légendes médiévales, en France, en Allemagne, en Pologne surtout, elles représentent les invasions normandes ; on voit un vieux roi assiégé dans son château, souvent dans une île, assiégé dis-je par les souris ces souris sont les Normands et ce symbole vient évidemment de la réalité, c'est que les pays ravagés par la guerre sont infestés de souris. Elles bouffent tout et le chocolat avec frénésie, beaucoup de livrets militaires sont dévorés des rats ou des souris.
            La nuit les souris commencent leur danse et j'imagine que leur rumeur nocturne, leurs cris ont dû donner origine au Sabbat des sorcières. Elles mangent le pain, laissent leurs crottes partout ( les souris pas les sorcières ). Ces animaux sont la plaie du front, chez nous les servants les appellent " les belles petite " sans doute pour se les concilier, de même que les Grecs donnaient l'épithète d'Euménides aux Furies comme si en les appelant bonnes on pouvait les apaiser. Je n'ai pas eu de lettre de toi aujourd'hui, mon amour, alors le jour n'a pas été gai. J'espère que demain j'aurai plusieurs lettres. J'ai rêvé une bonne partie de la nuit à ta chair ferme, aux roses rouges de tes seins et de ta bouche à ta toison, à ton être intime à tes cuisses adorables, à tes yeux à ton joli petit nez mutin que j'adore à tes oreilles dont tu ne m'as pas encore parlé.
Mon amour, je te fais ce soir des caresses d'une douceur infinie. Ma langue parcourt en l'effleurant ton épine dorsale et je mordille les chers frisons de tes aisselles, je m'enivre de ton odeur et comme le fils du roi, j'écarte les rameaux de la forêt vierge triangulaire où, dans un palais à porte de corail dort ma belle au bois dormant et quand j'y pénètre armé                                                                      de la flèche de l'amour
                                                   
tout s'éveille, tes nerfs, ta chair, tes seins palpitent, ta croupe se contracte et s'agite, tes yeux se noient  ta
bouche cherche la mienne et tes cheveux mêmes deviennent sensibles. Je t'envahis avec une lenteur qui te fait te pâmer. Les dattes étaient délicieuses mon amour. Je me sers en ce moment de ta pâte à dents elle est bonne semble-t-il. En général je me sers de bioxyde en boîte de voyage, on dit que c'est le meilleur produit mais il est encore peu connu dans le public, mais ce que tu m'as envoyé est bon. J'avais emporté 2 boîtes de bioxyde en partant aux Armées et j'avais fini la 1er boîte juste quand j'ai reçu celle que tu m'as envoyée. Aussi gardé-je pr le moment la bioxyde intacte.

                                                            Le 9è Poème Secret

                                              J'adore ta toison qui est le parfait triangle
                                                                  De la divinité
                                             Je suis le bûcheron de l'unique forêt vierge
                                                                 Ô mon Eldorado
                                             Je suis le seul poisson de ton océan voluptueux
                                                                Toi ma belle sirène
                                             Je suis l'alpiniste de tes montagnes neigeuses
                                                                Ô mon alpe très blanche
                                             Je suis l'archer divin de ta bouche si belle
                                                                Ô mon très cher carquois
                                             Et je suis le haleur de tes cheveux nocturnes
                                                                Ô beau navire sur le canal de mes baisers
                                             Et les lys de tes bras m'appellent par des signes
                                                                Ô mon jardin d'été
                                             Les fruits de ta poitrine mûrissent pour moi leur douceur
                                                                Ô mon verger parfumé
                                             Et je te dresse ô Madeleine ô ma beauté sur le monde
                                                                Comme la torche de toute lumière

                                                                                                                      Gui

            Ma chérie j'ai oublié de parler des chers rubans bleus qui sont ma gloire et tes couleurs, le vert et le bleu, vert de tes enveloppes, bleu de tes rubans. Je pâme sur ta bouche.

                                                                                                                       Gui

           
      
                                                                 





 

mardi 24 juillet 2012

Lettres à Madeleine 41 Appolinaire



Villiers de l'Isle-Adam par Valloton
                                                        Lettre à Madeleine
                                                     Dans sa lettre du 7 novembre Appolinaire interroge Madeleine : doit-il donner
                                                  Lamur ou Oran comme lieu de destination lors de son espérée permission et lui confirme ses
                                      sentiments amoureux.
                                                                                                             8 nov 1915

            Tu as raison d'être décidée, mon amour et j'approuve ce que tu as fait pour Marthe. En effet, l'histoire de la petite Liliane n'est pas banale. Je connais son père Sadia Lévy depuis fort longtemps douze ans environ. Nous écrivions tous deux à La grande France. Le premier livre dont j'ai eu à parler ou plutôt à écrire était : XI journées en force par Sadia Lévy et Robert Randau. Après quoi Sadia Lévy étant venu à Paris nous avons sympathisé. Mais non avec Randau que j'ai rencontré plus tard chez Sadia Lévy. Sadia Lévy est venu quelquefois chez moi et j'ai été quelquefois chez lui à Montrouge. C'est un disciple attardé de Villiers de l'Isle-Adam et il aurait eu bien du talent si cette passion n'avait pas entravé son génie. Mais Sadia Lévy écrit avec peine. Il a écrit un bon roman  Rabbin et un autre assez curieux mais non publié en volume et qui est le roman de son impuissance. Ce livre a eu le bonheur d'être imité par Guiseppe Papini un des meilleurs écrivains de l'Italie actuelle : Un uomo finito  et sous cette forme il a eu beaucoup de succès. Sadia Lévy est un orgueilleux plein de modestie. Il avait commencé une magnifique traduction des psaumes qu'il a à tort interrompue. C'est un juif roux et sacerdotal. Plein d'honnêteté il était incapable de faire des affaires et vivait sur son pécule que lui a dévoré, escroqué de la façon la plus vilaine son meilleur ami qui pour le faire à l'aise a plusieurs années durant flatté sa manie ou plutôt son exclusive passion pour l'auteur des Contes cruels.
            J'aimais bien Sadia Lévy mais comme nous n'avons jamais été camarades, j'en avais d'autres qui
n'étaient point mariés et il l'était. La femme de       
                                                                              
Sadia Lévy Rachel était bonne comme lui elle avait une beauté juive plantureuse et assez remarquable, elle était sourde malheureusement. La petite fille au temps où je la vie était le type parfait de la jolie petite fille juive. A la suite de l'escroquerie dont ils furent les innocentes victimes, les Lévy durent s'en retourner en Algérie, mais je ne savais pas que c'était à Oran. Ils y doivent vivre aux dépens du frère de Sadia à moins que celui-ci ne se soit mis à faire des affaires ou à travailler. Le fait est que depuis plusieurs années il n'a plus collaboré à aucune revue et je n'avais plus eu de ses nouvelles.
            Sadia Lévy est à ma connaissance un brave garçon. Et si l'occasion se présente tu peux transmettre
à cette famille l'expression sincère de mon meilleur souvenir. Moi aussi mon amour, je ne suis jamais mieux qu'au soleil, mais tu es mon soleil.
            Que j'adore ta sensation laiteuse sous ma caresse et j'adore ton corps nu étendu à mes pieds où il se love comme un serpent et je te caresse lentement tout entière t'enveloppant peu à peu d'un satin de volupté qui te pénétrera enfin jusqu'au coeur. Oui j'aurai toujours faim de toi, mon amour, ma faim de toi est immense, mon beau, mon adorable Madelon. J'adore ton frisson sous la peau... J'adore ta bouche le puits de nos baisers. Que j'aime nos sourires après la passion ! Ma Madeleine. Je te donne mon sourire et le tien est bien à moi. Nous nous sourions toujours et notre gravité même sera un sourire illuminé. Ô ma belle cavalière, je t'adore. Je sens la fermeté de tes seins contre ma poitrine et je me mets sur toi aussi ma très belle cavale et tes jambes si tu veux se croisent sur mes reins pour que notre enlacement soit plus profond plus serré, plus sauvage plus passionné. Je suis content que tu n'aies plus à rentrer tard le soir.
            L'histoire du vieil Arabe m'a bien amusé, ma blanche Madeleine aux yeux pers. J'attends avec une tranquille impatience l(alliance qui aura touché tout ton corps et que tu auras porté plusieurs jours.

Parle-moi aussi de ton coucher d'une façon bien détaillée mon amour.
            Peut-être n'est-ce pas facile en effet de prendre toi-même le dessin de ton sein d'après l'ombre...
            Ma chère perfection je mordille tout ton corps depuis les orteils le mollet le ventre je fouille de ma langue la conque rose du nombril, l'entre-deux des seins, la fraise des seins, ton cou exquis l'oreille ta bouche et le parvis je le mordille et m'étendant sur toi j'écarte les lèvres exquises de la blessure adorée de façon à ce que la volupté s'éveillant en toi par mon va-et-vient  tu y participes par le jeu lascif de tes hanches, pour ici que nos bouches unies s'aspirent à en mourir et que nos yeux échangent les âmes. J'adore les soubresauts de tout ton corps et l'ardeur qui nous anime de plus en plus vive nous amène finalement à répandre l'un et l'autre en ton sein des torrents de nectar voluptueux et quelle langueur souriante succède à nos ébats tandis que ma bouche alerte se rejoint infiniment à la tienne Madelon.

                                                                                                              
                                                                                                      Gui
                                                                                                          







                                                                               

lundi 23 juillet 2012

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui


                                                               Choses vues

                                                                                                                      31 juillet 1847

                                                               Villeneuve-Saint-Georges.

                                                                                                                        1er août 1847

                                                              L'autre jour, au milieu d'une discussion à propos des femmes
                                             qui écrivent, Lannes de Montebello s'est écrié :
                                              - J'ai horreur du bas-bleu.
                                              - Pourquoi bleu , ai-je dit ?

                                                                                                                          3 août 1847

                                                               J'ai dit à la Chambre quelques mots sur le théâtre en réplique à
                                               des ministres de M. Fulchiron.
                                                               Il y avait un vieil étudiant de quinzième année, appelé Lequeux.
                                               Ce pauvre diable avait du coeur et de l'esprit. Il eût pu avoir de l'avenir ;
                                               il le noya dans le vin. Il meurt à trente-cinq ans.
                                               Quelque temps avant sa mort, il donnait,dans le café où il passait ses
                                               journées, des conseils aux jeunes gens, de bons conseils de travail et de
                                               persévérance. Il ajoutait tristement :
                                               - Je suis un cadran d'horloge sur la façade d'une maison ; il montre l'heure
                                               à tout le monde, excepté à celui qui est dans la maison.

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                                                                                                                   4 juillet 1848

               M. de Chateaubriand est mort le 4 juillet 1848 à huit heures du matin. Il était depuis cinq ou six mois atteint d'une paralysie qui avait presque éteint le cerveau et, depuis cinq jours, d'une fluxion de poitrine qui éteignit brusquement la vie.
               La nouvelle parvint, par M. Ampère, à l'Académie qui décida qu'elle ne tiendrait pas de séance.                                                                                              
Chateaubriand
Je quittai l'Assemblée nationale où l'on nommait un questeur en remplacement du
général Négrier tué dans les journées de Juin, et j'allai chez M. de Chateaubriand, rue
du Bac, 110.
On m'introduisit près du gendre de son neveu, M. de Preuille. J'entrai dans la chambre
de M. de Chateaubriand.
M. de Chateaubriand était couché sur son lit, petit lit en fer à rideaux blancs avec une couronne en fer d'assez mauvais goût. La face était découverte ; le front, le nez, les yeux fermés apparaissaient avec cette expression de noblesse qu'il avait pendant la vie et à laquelle se mêlait la grave majesté de la mort. La bouche et le menton étaient cachés par un mouchoir de batiste. Il était coiffé d'un bonnet de coton blanc qui laissait voir les cheveux gris sur les tempes ; une cravate blanche lui montait jusqu'aux oreilles. Son visage basané semblait plus sévère au milieu de toute cette blancheur. Sous le drap on distinguait sa poitrine affaissée et étroite et ses jambes amaigries.
               Les volets des fenêtres donnant sur un jardin étaient fermés. Un peu de jour venait par la porte du
salon entrouverte. La chambre et le visage du mort étaient éclairés par quatre cierges qui brûlaient aux coins d'une table placée près du lit. Sur cette table un crucifix en argent et un vase plein d'eau bénite avec un goupillon. Un prêtre priait à côté. Derrière le prêtre, un haut paravent de couleur brune cachait la cheminée dont on voyait la glace et laissait voir à demi quelques gravures d'églises et de cathédrales.
               Aux pieds de M. de Chateaubriand, dans l'angle que faisait le lit avec le mur de la chambre, il y avait deux caisses de bois blanc posées l'une sur l'autre. La plus grande contenait le manuscrit complet de ses Mémoires, divisé en quarante-hui cahiers. Sur les derniers temps, il y avait un tel désordre autour de lui qu'un de ses cahiers avait été retrouvé le matin même par M. de Preuille dans un petit coin sale et noir où l'on nettoyait les lampes.
               Quelques tables, une armoire et quelques fauteuils bleus et verts en désordre encombraient plus qu'ils ne meublaient cette chambre.
               Le salon voisin, dont les meubles étaient cachés par des housses de toile écrue, n'avait rien de remarquable qu'un buste en marbre de Henri V posé sur la cheminée. En avant de ce buste, une statuette de M. de Chateaubriand en pied. Des deux côtés d'une fenêtre, Mme de Berri et son fils enfant, en plâtre.
               M. de Chateaubriand ne disait rien de la République, sinon : " Cela vous fera-t-il plus heureux ? "


                                                                                           Victor Hugo



                    


                                                          

dimanche 22 juillet 2012

Les Anges de NewYork R.J. Ellory ( Roman Policier Grande Bretagne ))


Les anges de New York

                                             Les Anges de NewYork


            Frank Parrish inspecteur de police au NYPD, à NewYork, très attaché à son travail et au résultat de ses enquêtes, mais aussi fils de flic, époux divorcé, père de deux enfants d'une vingtaine d'années. Egalement gros buveur. Fils de flic est un problème lorsqu'il s'agit de l'un des Anges de NewYork, policiers de haut niveau censés avoir guerroyé contre la pègre. Censés. Parrish croit savoir que son père était payé par les gangs. Blessé, farouche, il agit à la limite de la légalité jusque la denière enquête qui est une bonne part du livre. Quelques affaires sanglantes entourent la plus importante et la plus horrible : la disparition de six adolescentes, retrouvées dans des endroits improbables, étranglées, enfants adoptées. Peu à peu l'étau se resserre autour d'un homme. Sans preuve, seul Parrish poursuit son enquête, une intuition, dit-il. Mais à 44 ans Frank Parrish, affecté par des rapports difficiles avec ses enfants, craint tout particulièrement que sa fille étudiante infirmière dans le périmètre où il enquête soit piégée à son tour. Son indiscipline, son obstination le conduisent chez une psy sur ordre de sa direction. Et il apprend à dépasser son passé, à se comprendre à sa façon, non comme continue à le voir son entourage. On circule dans NY. Et on plonge dans le monde triste des filles enlevées pour tourner dans des films où l'horreur est poussée à l'extrême.
Fruit de son état d'ébriété ou de la cruauté de l'enquête, il croit entendre les voix des jeunes mortes. Ce bon roman policier, bien écrit aurait pu ne pas être publié. Ellory élevé dans un orphelinat découvre la littérature, écrit 22 romans refusés puis enfin édité et reconnu ( Seul le silence, Vendetta... ), joue et compose avec un petit groupe de musiciens les Whiskey Poets. Un anglais écrit un polar newyorkais.