jeudi 7 avril 2016

Nuit de Noël Guy de Maupassant ( nouvelles France )

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                                                Nuit de Noël

            Le Réveillon ! Le Réveillon ! Ah ! mais non, je ne réveillonnerai pas ! "
            Le gros Henri Templier disait cela d'une voix furieuse, comme si on lui eût proposé une infamie.
            Les autres, riant, s'écrièrent :
            - Pourquoi te mets-tu en colère ?
            Il répondit :
            - Parce que le Réveillon m'a joué le plus sale tour du monde, et que j'ai gardé une insurmontable horreur pour cette nuit stupide de gaieté imbécile.
            - Quoi donc ?
            - Quoi ? Vous voulez le savoir ? Eh bien, écoutez.

                                                                                *****
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Afficher l'image d'origine            Vous vous rappelez comme il faisait froid, voici deux ans, à cette époque, un froid à tuer les pauvres dans la rue. La Seine gelait, les trottoirs glaçaient les pieds à travers les semelles des bottines. Le monde semblait sur le point de crever.
            J'avais alors un gros travail en train et je refusai toute invitation pour le réveillon, préférant passer la nuit devant ma table. Je dînai seul, puis je me mis à l'oeuvre. Mais voilà que, vers dix heures, la pensée de la gaieté courant Paris, le bruit des rues qui me parvenait malgré tout, les préparatifs de souper de mes voisins entendus à travers les cloisons, m'agitèrent. Je ne savais plus ce que je faisais, j'écrivais des bêtises et je compris qu'il fallait renoncer à l'espoir de produire quelque chose de bon cette nuit-là.
            Je marchai un peu à travers ma chambre. Je m'assis, je me relevai. Je subissais, certes, la mystérieuse influence de la joie du dehors, et je me résignai.
            Je sonnai ma bonne et je lui dis :
            - Angèle, allez m'acheter de quoi souper à deux : des huîtres, un perdreau froid, des écrevisses, du jambon, des gâteaux. Montez-moi deux bouteilles de champagne, mettez le couvert et couchez-vous.
            Elle obéit, un peu surprise. Quand tout fut prêt j'endossai mon pardessus, et je sortis.
            Une grosse question restait à résoudre : " Avec qui allais-je réveillonner ? "
            Mes amies étaient invitées partout. Pour en avoir une il aurait fallu m'y prendre d'avance. Alors, je songeai à faire en même temps une bonne action. Je me dis :
            " Paris est plein de pauvres et belles filles qui n'ont pas un souper sur la planche et qui errent en quête d'un garçon généreux. Je veux être la Providence de Noêl d'une de ces déshéritées.
            Je vais rôder, entrer dans les lieux de plaisir, questionner, chasser, choisir à mon gré. " 
            Et je me mis à parcourir la ville.
            Certes, je rencontrai beaucoup de pauvres filles cherchant aventure, mais elles étaient laides à donner une indigestion, ou maigres à geler sur pied si elles s'étaient arrêtées.
            J'ai un faible, vous le savez, j'aime les femmes nourries. Plus elles sont en chair, plus je les préfère. Une colosse me fait perdre la raison.
Michel Charvet 29            Soudain, en face du théâtre des Variétés, j'aperçois un profil à mon gré. Une tête puis, par-devant, deux bosses, celle de la poitrine, fort belle, celle du dessous surprenante : un ventre d'oie grasse. J'en frissonnai, murmurant !
            " Sacristi, la belle fille ! "
            Un point me restait à éclaircir : le visage.
            Le visage, c'est le dessert, le reste c'est... c'est... le rôti.
            Je hâtai le pas, je rejoignis cette femme errante et, sous un bec de gaz, je me retournai brusquement.
            Elle était charmante, toute jeune, brune avec de grands yeux noirs.
            Je fis ma proposition qu'elle accepta, sans hésiter.
            Un quart d'heure plus tard, nous étions attablés dans mon                  appartement.                                                                                                 alsace.collections.com 
            Elle dit en entrant :
            - Ah ! on est bien ici.
            Et elle regarda autour d'elle avec la satisfaction visible d'avoir trouvé la table et le gîte en cette nuit glaciale. Elle était superbe, tellement jolie qu'elle m'étonnait, et grosse à ravir mon coeur pour toujours.
            Elle ôta son manteau, son chapeau, s'assit et se mit à manger. Mais elle ne paraissait pas en train et parfois, sa figure un peu pâle tressaillait comme si elle eût souffert d'un chagrin caché.
            Je lui demandai :
            - Tu as des embêtements ?
            Elle répondit :
            - Bah ! oublions tout.
            Et elle se mit à boire. Elle vidait d'un trait son verre de champagne, le remplissait et le revidait encore, sans cesse.
            Bientôt un peu de rougeur lui vint aux joues, et elle commença à rire.
            Moi, je l'adorais déjà, l'embrassant à pleine bouche, découvrant qu'elle n'était ni bête, ni commune, ni grossière comme les filles du trottoir. Je lui demandai des détails sur sa vie. Elle répondit :
            - Mon petit, cela ne te regarde pas.
            Hélas ! une heure plus tard...
            Enfin, le moment vint de se mettre au lit et, pendant que j'enlevais la table dressée, devant le feu, elle se déshabilla vivement et se glissa sous les couvertures.
            Mes voisins faisaient un vacarme affreux, riant et chantant comme des fous, et je me disais :
            " J'ai eu rudement raison d'aller chercher cette belle fille. Je n'aurais jamais pu travailler.             Un profond gémissement me fit me retourner. Je demandai :
            - Qu'as-tu ma chatte ?
Princesse chat et souris verte tableau acrylique pour chambre d'enfant  *           Elle ne répondit pas, mais elle continuait à pousser des soupirs douloureux, comme si elle eût souffert horriblement.
            Je répondis :
            - Est-ce que tu te trouves indisposée ?
            Et soudain, elle jeta un cri, un cri déchirant. Je me précipitai, une bougie à la main.
            Son visage était décomposé par la douleur, et elle se tordait les mains, haletante, envoyant du fond de sa gorge ces sortes de gémissements sourds qui semblent des râles et qui font défaillir le oeur.
            Je demandai, éperdu :
            - Mais qu'as-tu ? dis-moi, qu'as-tu ?
            Elle ne répondit pas et se mit à hurler.
            Tout à coup les voisins se turent, écoutant ce qui se passait chez moi.
            Je répétais :
            - Où souffres-tu, dis-moi, où souffres-ru ?
            Elle balbutia :
            - Oh ! mon ventre ! mon ventre !
            D'un seul coup je relevai la couverture, et j'aperçus...
            Elle accouchait, mes amis.
            Alors, je perdis la tête. Je me précipitai sur le mur que je heurtai à coups de poing, de toute ma force, en vociférant :
            - Au secours ! Au secours !
            Ma porte s'ouvrit ; une foule se précipita chez moi, des hommes en habit, des femmes décolletées, des Pierrots, des Turcs, des Mousquetaires. Cette invasion m'affola tellement que je ne pouvais même plus m'expliquer.              
            Eux, ils avaient cru à quelque accident, à un crime peut-être, et ne comprenaient plus.
            Je dis enfin :
            - C'est... c'est... cette... cette femme qui... qui accouche.
            Alors tout le monde l'examina, dit son avis. Un capucin surtout prétendait s'y connaître, et voulait aider la nature.
            Ils étaient gris comme des ânes. Je crus qu'ils allaient la tuer, et je me précipitai, nu-tête, dans l'escalier pour chercher un .  médecin qui habitait dans une rue voisine.        
Afficher l'image d'origine            Quand je revins avec le docteur, toute ma maison était  debout. On avait rallumé le gaz de l'escalier. Les habitants de tous les étages occupaient mon appartements, quatre débardeurs attablés achevaient mon champagne et mes écrevisses.
            A ma vue, un cri formidable éclata, et une laitière me présenta dans une serviette un affreux petit morceau de chair ridée, plissée, geignante, miaulant comme un chat, et elle me dit :      
            - C'est une fille.                                                                    
            Le médecin examina l'accouchée, déclara douteux son état, l'accident ayant eu lieu immédiatement après un souper, et il partit en m'annonçant qu'il allait m'envoyer immédiatement une garde-malade et une nourrice.
            Les deux femmes arrivèrent une heure après apportant un paquet de médicaments.
            Je passai la nuit dans un fauteuil, trop éperdu pour réfléchir aux suites.
            Dès le matin, le médecin revint. Il trouva la malade assez mal.
            Il me dit :
            - Votre femme, monsieur...
            Je l'interrompis :
            - Ce n'est pas ma femme.
            Il reprit :
            - Votre maîtresse, peu m'importe.
            Et il énuméra les soins qu'il lui fallait, le régime, les remèdes.
            Que faire ? Envoyer cette malheureuse à l'hôpital ? J'aurais passé pour un manant dans toute la maison, dans tout le quartier.
            Je la gardai. Elle resta dans mon lit six semaines.
            L'enfant ? Je l'envoyai chez des paysans de Poissy. Il me coûte encore cinquante francs par mois. Ayant payé dans le début, me voici forcé de payer jusqu'à ma mort.
            Et, plus tard, il me croira son père.
            Mais, pour comble de malheur, quand la fille a été guérie... elle m'aimait... elle m'aimait éperdument, la gueuse !
     
                                                                    *****                                     
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            - Eh bien ?
            - Eh bien, elle était devenue maigre comme un chat de gouttière. Et j'ai flanqué dehors cette carcasse qui me guette dans la rue, se cache pour me voir passe, m'arrête le soir quand je sors, pour me baiser la main, m'embêter enfin à me rendre fou.

            Et voilà pourquoi je ne réveillonnerai plus jamais.


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                                                                Maupassant
                                                                                ( in Contes Melle Fifi )

dimanche 3 avril 2016

La nuit derrière moi Giampaolo Simi ( Roman policier Italie )

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                                       La nuit derrière moi

            Bien difficile d'être un monstre dans sa pensée, prêt à se laisser emporter par des sentiments de folie meurtrière et de tenir son rôle dans la société. Époux d'une très jolie femme, Élisa, et père de plus d'une petite Caterina, enfant gâtée et capricieuse. Furio Guerri est " VRP exclusif pour les industries graphiques Aggradi ". La trentaine endettée par l'achat d'une jolie maison un peu à l'écart de la ville entre Pise et Florence, heureux et fier possesseur d'une Spider Alpha Romeo Duetto 1300, de 1970. Le soir heureux de poser ses chaussures car " .....Pour un représentant les chaussures confortables n'existent pas.... Les chaussures c'est essentiel pour un représentant. C'est trente pour cent du travail.... " Vie familiale, ils regardent des cassettes de monstres qu'aime tant Caterina. Lui, Furio prend des gouttes qu'il dose selon sa volonté et les rêves de la nuit qui transforment ses réveils en cauchemars.  Élisa n'a jamais travaillé et Furio refuse absolument que sa femme participe à la campagne électorale que mène son amie Romina riche bourgeoise qui votera pour la gauche. Pas Furio qui se bat, pas très honnêtement, pour obtenir des contrats et le poste du représentant en titre. D'un chapitre à l'autre les sujets changent. De l'histoire de Furio à celle du monstre. La tension monte. Le couple va-t-il éclater et comment. Le monstre va-t-il se révéler, sous quel aspect. Y aura-t-il meurtre, vengeance. Roman noir très bien mené. Italie de la fin des années Berlusconi. Bien écrit, l'intrigue retient le lecteur qui ne sait trop si les personnages ont droit à quelque sympathie, jusqu'au dénouement. Thriller sans poursuite ni assassinats multiples, un bon roman noir.

Oxford Paul Verlaine ( Poèmes Anecdotes et réflexions d'hier pour aujourd'hui France )

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            ( Dans ses Confessions Paul Verlaine décrit en quelques lignes certains professeurs sa vie à divers degrés de ses études et son sentiment sur l'université :
                               L'ennui naquit un jour de l'uni... versité 
            Puis, ....../
           ....... Pour en finir avec cette partie de mes Confessions qui concerne la bêtise et l'ennui de l'instruction... bizarre qu'on... donnait de mon temps, aux petits des bourgeois, en attendant peut-être pis, passons à mon passage du baccalauréat.                                                          bnf.gallica.com
Afficher l'image d'origine            Voici, dans toute sa gloire cette chose :
            La Vieille Sorbonne, noire comme l'encre du discours latin, vermoulue comme le style de la dissertation française... et si pitoyablement comparable à cet exquis Oxford...
            Oxford sur qui j'ai fait des vers absolument inédits en France, et que voici, parce qu'ils expriment un mien " état d'âme " assez récent.
            ( Les notes qui suivent la présentation du texte, dans l'édition des Oeuvres complètes en prose aux éditions Gallimard, soulignent que le poète a donné une conférence à Oxford le 23 novembre 1893. Le poème avait été publié  dans le Pall Mall Magazine, mai 1894 . )

                                                        
                                                       Oxford

            Oxford est une ville qui me consola,
            Moi, toujours rêvant de ce Moyen Âge -là.                                    southoxford.org
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            En fait de Moyen Âge on n'est pas difficile
            Dans ce pays d'architecture un peu fossile.

            A dessein, c'est la mode et qui s'en moque fault ;
           Mais Oxford, c'est sincère, et tout l'art y prévaut,

            Mais Oxford a la foi, du moins en a la mine
            Beaucoup, et sa science en joyau se termine,

            En joyau précieux, délicieux : les cieux
            Ici couronnent d'un prestige précieux

            L'étude et le silence exigés comme on aime
            Et la sagesse récompense le problème.

            La sagesse qu'il faut, c'est, douce, la raison
            Que la cathédrale termine en oraison

            Sous les arceaux romans qui virent tant de choses
            Et les rinceaux gothiques, fins d'apothéoses

            De saints mieux vénérés peut-être qu'on ne croit,
            Et mon coeur s'humilie et mon désir s'accroît

            De devenir et de redevenir, loin d'elle,                                           tes.com
Afficher l'image d'origine            Cette cité, glorieuse d'être infidèle,

            Paris ! l'enfant ingrat qui s'imaginerait
            Briser les sceaux sacrés et tenir le secret -

           De devenir et de redevenir la chose
           Agréable au Seigneur, quelle qu'en soit la cause,

            Et par cela même être encore doux et fort,
            O toi, cité charmante et mémorable, Oxford !


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Il ajoute : - Je commis dans cet amphithéâtre d'un sale à se brosser toute la vie, un discours latin, une dissertation française, que je voudrais bien ravoir aujourd'hui pour les vendre comme autographes.......

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mardi 29 mars 2016

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur Harper Lee ( roman EtatsUnis )




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                                       Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

            Scout, Jem, Dill, une enfance dans une petite ville en Alabama dans les années trente. Scout et Jem élevés par leur père Atticus, avocat et par Calpurnia, gouvernante, cuisinière noire, depuis la mort de leur mère. Jeux d'enfants dans les jardins, une cabane dans les arbres où les rejoint leur très grand copain Dill. Une rue où vivent des personnages dotés de caractères bien marqués, de la bonne société alors qu'à l'autre bout de la ville dans des masures d'où sortent de bonnes odeurs de cuisine habitent les noirs. Un homme jeune, père de famille, neveu de Calpurnia, est accusé de viol par une jeune femme, fille aînée d'un homme blanc, sans travail, habitué à recevoir les subsides de l'Etat, il a sept enfants. En Alabama, un homme noir accusé du viol d'une femme blanche est condamné à mort. Atticus va plaider en faveur de Tom, apporter des preuves contradictoires. Mais les esprits sont étroits, arrivera-t-il à convaincre le jury ? Les enfants,Jem; Dill et Scout, innocents et éveillés tout à la fois assistent au procès. Un choc pour eux. Jem et Scout reçoivent en cadeau une carabine, mais ".... Tirez sur tous les geais bleus que vous voudrez, si vous arrivez à les toucher, mais souvenez-vous que c'est un pêché de tuer un oiseau moqueur !.... Les moqueurs ne font que de la musique pour notre plaisir..... ils ne font pas...... ils ne font que chanter de tout leur coeur..... " L'histoire est racontée par Scout, dix ans environ. Elle découvre les plaisirs et les joies dans un coin d'Amérique où il n'a pas neigé depuis 1885, nous sommes en 1935, apprend les difficultés des uns, les méchancetés, l'école de la vie auprès du père, critiqué pour être le défenseur des noirs, et de tante Alexandra, corsetée, taille fine, poitrine haute et derrière rebondi, très critique. Morale et religion. Tous ces personnages se retrouvent dans " Va et poste une sentinelle " ( blog du 29/12/2015 ) . Les paysans qui travaillent dans les champs de coton, les habitants de Maycomb, copie de Monroeville où vécut Harper lee, décédée en 2015, seront-ils d'accord en lisant dans la gazette The Maycomb Tribune : " ...... Comparait la mort de X.... au massacre absurde des oiseaux chanteurs par les chasseurs et les enfants.... " Le roman obtint le Pullitzer en 1961, il est drôle, peut être lu par des collégiens comme par des adultes. Les émotions des enfants qui apprennent les règles des procédures, les méchants et les gentils. Les bavards et les sages.

lundi 28 mars 2016

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 54 Samuel Pepys ( journal Angleterre )


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herodote.net

                                                           Septembre

                                                                                                             1er septembre 1661
                                                                                                Jour du Seigneur
septembre angleterre
            Comme il y eut de fortes pluies la nuit dernière, elles pénétrèrent dans ma maison, le chéneau étant obstrué, et abîmèrent presque tous mes plafonds. A l'église ce matin. Dîner chez moi avec ma femme. Ensuite chez sir William Batten où je trouve sir William Penn et le capitaine Holmes. Nous nous divertîmes fort au dépens de sir William Penn à propos de la disparition de sa chope, bien que ce ne soit que supercherie, mais il ne l'a pas encore compris. C'est sir William Batten  qui a dérobé la chope et moi qui ai écrit les lettres, comme si elles venaient des voleurs, ce qui est fort divertissant.
            Je restai là tout l'après-midi, puis à Whitehall en voiture avec le capitaine Holmes. Pendant le trajet je découvre, au cours de notre conversation, qu'il est un grand ami de milord. Il me dit que nombreux étaient ceux qui cherchaient à le faire renvoyer, mais que c'étaient des marins de la vieille génération, comme sir John Mennes qui est de ceux qui le jalousent. Il refusa de donner d'autres noms, mais à mon avis, sir William Batten est du nombre. Il ajouta que le roi l'aime tant ainsi que le duc, qu'il ne craint donc rien. Il semble fort au fait de ce que pense le roi et les diverses factions à la Cour, et parle de tout ceci avec tant de franchise qu'il me paraît être l'ami sincère de milord et apte à lui rendre de grands services, car c'est un homme habile, capable, de son propre aveu, de se composer un masque et de regarder ses ennemis dans les yeux avec autant d'affection que ses amis. Mais grands dieux ! quelle époque est-ce là et quel monde, qu'on n'y peut vivre sans friponnerie ni dissimulation ! A Whitehall, nous nous séparâmes, me rendis chez Mrs Pearse que je rencontrai avec Madame Clifford dans la rue. Demeurai là causant et riant avec elles un bon moment, puis retour chez ma mère, soupai, rentrai chez moi, et au lit.


                                                                                                          2 septembre
louvreravioli.fr
Afficher l'image d'origine            Le matin chez mon cousin Thomas Pepys, l'exécuteur testamentaire, et discutai avec lui du séjour de mon oncle Thomas à la campagne. Mais il ne peut pas me conseiller dans cette affaire, faute de savoir ce que mon adversaire a fait à la campagne. Nous nous quittâmes.
            A Whitehall, milord du Sceau privé, parti de Londres cette semaine toujours absent, nous ne pouvons apposer le sceau. C'est pourquoi, rencontrant Mr Battersby, l'apothicaire dans Fenchurch Street, nous rendîmes dans les appartements de l'apothicaire du roi à Whitehall, bûmes une ou deux bouteilles de vin, puis, tous deux vers Londres par le fleuve. Je débarquai à Blackfriars et allai manger à la Garde-Robe, puis retour avec le capitaine Ferrer à Whitehall. Nous nous promenâmes. Ensuite à la Grand-Salle de Westminster où nous rencontrâmes Mr Pickering. Tous à la taverne du Vin du Rhin, chez Prior, dont le propriétaire a entrepris des dépenses pour faire creuser dans la cour une cave voûtée, qui lui sera une grande commodité. Restâmes un long moment, puis retour avec Pickering dans la Grand-Salle de Westminster. Nous nous promenâmes une heure ou deux en bavardant. Bien que ce soit un sot, il voit beaucoup de monde et il est homme à tout rapporter. On peut ainsi se faire une idée de ce qui se dit en ville. J'apprends que l'on s'efforce d'évincer milord du commandement à la mer. Mr Coventry et le Duc pensent ainsi affermir leur pouvoir. Mais j'espère qu'en dépit de tous leurs efforts ils n'y parviendront pas. Il me parle sans ambages des vices de la Cour, me dit qu'il est aussi commun d'avoir la vérole, c'est ce que j'entendis dire de tous côtés, que de manger ou de blasphémer. Le quittai et par le fleuve jusqu'au Pont, puis à la Mitre où je rencontrai mon oncle et ma tante Wight venus voir Mrs Rawlison, son mari étant absent, je restai avec eux, Mr Lucas et d'autres personnes, très gais. Retour chez moi où ma femme a été occupée toute la journée à faire des pâtés, est sortie pour acheter des choses, et me dit qu'elle rencontra à la Bourse les jeunes demoiselles de la Garde-Robe et les aida à faire leurs achats, ainsi que Mr Somerset, qui lui fit cadeau d'une gourmette, ce qui m'inquiéta un peu, même si, je le sais, il n'y a pas de mal à cela, mais seulement de crainte que cela ne conduise à plus ample commerce.
            Au lit. Envoyai ce soir une lettre à sir William Penn, pour lui offrir la restitution de sa chope, moyennant 30 shillings qu'il laisserait à un certain endroit où on la lui rapporterait. J'attends le résultat de cette lettre.


                                                                                                            3 septembre
                                                                                                                                    anticstore.com
Chope en serpentinite et étain, Zoblitz (Saxe) 2e moitié du XVIIIe siècle            Aujourd'hui quelques commissaires de notre Conseil descendirent à Deptford pour désarmer des navires et payer les soldes, mais je ne pus y aller et restai à la maison classer des papiers. Ce matin Mr Howell, notre tourneur, m'envoya deux appareils pour servir au rangement des papiers très joliment faits. Dînai à la maison, puis avec ma femme à la Garde-Robe où fut baptisée la fille de milady ( parrains et marraines : milord Crew et milady, milady Montagu et la belle-mère de milord ), appelée Katherine, prénom de la future reine, mais, et cela nous tracasse tous, le pasteur de la paroisse qui baptisa l'enfant ne fit pas sur elle le signe de la croix. Nous eûmes ensuite un très beau banquet, le meilleur auquel il m'ait été donné d'assister et, la compagnie étant fort réduite, nous nous quittâmes assez rapidement. Ma femme et moi chez ma mère à qui je pris la liberté de donner quelques conseils sur les dispositions à prendre avant de rejoindre mon père cette semaine à la campagne, et, comme elle est devenue fort sotte ces derniers temps, elle prit fort mal la chose, ce qui produisit entre nous un grand tapage et force dispute. Retour chez moi en voiture.


                                                                                                            4 septembre

            Le matin au Sceau privé pour régler certaines affaires du mois dernier, milord le garde du Sceau privé s'étant absenté quelque temps de Londres. Puis ma femme me rejoignit à Whitehall et nous nous rendîmes au parc de St James. Nous fîmes une longue promenade pour admirer les transformations. Puis chez le rôtisseur Williamson pour dîner. Rendons ensuite visite à Mrs Symons, comme convenu, mais elle est sortie, ce qui m'étonne. Nous retournâmes donc chez ma mère après nous être arrêtés chez Mrs Pearse qui a accouché d'une fille la nuit dernière. Bûmes quelque chose. Ma mère a décidé de partir demain sans faute. De nombreux amis vinrent lui faire leurs adieux. Mais j'eus ce soir un nouveau démêlé avec elle pour la convaincre d'aller voir milady Sandwich avant de partir. Ce qu'elle fera demain, dit-elle. Rentrai chez moi.
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                                                                                                               5 septembre
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Afficher l'image d'origine            Au Sceau privé ce matin pour mon travail. Prends congé en passant de ma mère qui part aujourd'hui pour Brampton. Mais, terminant mon travail au Sceau privé assez tôt, je pris le bateau et me rendis chez mon oncle Fenner. Trouve ma mère, ma femme et Pall, à qui j'avais fait mes adieux ce matin chez moi en lui donnant 20 shillings et de bons conseils sur la façon de se comporter avec mon père et ma mère. Comme il était tard je les emmenai chez Beard où on les attendait. Je les mis dans la voiture et les vis bientôt partir. Pall pleurait à chaudes larmes. Puis entrai boire avec ma femme, ma tante Bell et Charles Pepys, que nous avions rencontrés. Après chez mon oncle Fenner pour le dîner. Rencontrai en chemin un laquais français empanaché a la recherche de ma femme et lui parla en particulier. Mais je ne réussis pas à savoir de quoi il s'agissait, sinon que ma femme promit d'aller quelque part demain matin. Je me torture l'esprit à chercher un moyen de savoir où. Chez mon oncle trouvons ses deux gendres et ses deux filles. Dînâmes dans la bonne humeur.
            Après dîner on nous apprend que ma tante Kite, veuve du boucher, qui habite Londres, est malade, mourante, nous envoie chercher mon oncle et moi pour nous occuper de tout et recevoir la garde de sa fille. Mais je manquais de temps pour accepter une telle charge et fus pris à partie par Anthony Joyce. Finîmes par échanger des propos fort vifs qui me mirent en fureur. Je n'aurais jamais cru qu'il pût être assez bête pour se mêler des affaires d'autrui.........Nous nous quittâmes furieux, et ma femme et moi à la foire où je lui montrai le funambule italien et les femmes qui font de curieux numéros d'acrobatie. Retour à pied à la maison.
            Fâché à propos d'Anthony Joyce.


                                                                                                      6 Septembre 1661
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Afficher l'image d'origine            Ce matin visite de mon oncle Fenner, comme convenu, et prîmes ensemble notre boisson du matin. Allâmes ensuite ensemble voir ma tante Kite, ma femme sortant ce matin comme elle l'avait décidé hier. Bien qu'il ne pût y avoir de mal à cela, la jalousie me mit dans l'esprit mille choses qui me tourmentèrent fort toute la journée. Nous trouvons ma tante au lit avec, me semble-t-il, peu de chances de vivre. Elle nous dit que si elle venait à mourir, elle désirait léguer tout ce qu'elle avait à sa fille, à l'exception de 5 livres pour chacun des enfants de son second mari pour le cas où ils seraient encore vivants au sortir de leur apprentissage. Et si sa fille mourait avant d'avoir pu se marier, 10 livres devaient être partagés entre les enfants de Sarah Kite et le reste laissé à sa fille pour qu'elle en dispose à sa guise. Je pris tout ceci par écrit afin de pouvoir en faire déposition sous serment, si l'occasion s'en présentait.
            De là dans une taverne. Il pleuvait. La pluie nous retint plus de deux heures, je crois. Il fallut enfin se résoudre à rentrer chez nous par les rues inondées. Nous nous arrêtâmes chez sa soeur Urbert où nous prîmes un verre, et rentrai seul à la maison. L'esprit trop inquiet de la sortie de ma femme pour pouvoir travailler j'allai au Théâtre voir Le frère aîné, mal joué. Puis, rencontrant sir George Ayscue, sir Theophilus Jones et un autre chevalier, ainsi que sir William Penn, allâmes à la taverne du Navire où nous nous divertîmes jusque tard le soir. Pris alors une voiture et rentrai à la maison avec sir William. Ma femme était revenue depuis longtemps, mais je pris l'air furieux, je l'étais d'ailleurs, et lui fis mauvaise figure toute la soirée, avant d'aller me coucher, et après dormis et me levai de mauvaise humeur.


                                                                                                              7 septembre
                                                                                                                                  lamesure.fr
            Au bureau toute la matinée. A midi Mr Moore dîna avec moi, William Joyce nous rejoignit ensuite pour répondre à une lettre que je lui avais envoyée ce matin au sujet d'une de ses servantes, que ma femme avait engagée, et qui nous avait appris que son engagement auprès de son maître avait été prolongé. Il vint en personne s'expliquer, et je me montrai fort aimable. Après avoir pris rendez-vous avec les jeunes demoiselles à la Garde-Robe pour aller au Théâtre, je quittai William Joyce ainsi que mon frère Tom venu dîner avec nous. Allai avec ma femme chercher les demoiselles. Au théâtre prîmes place près du roi, du duc d'York et de Madame Palmer. Ce fut pour moi un grand plaisir, vraiment, je ne me lasse pas d'admirer sa beauté. On donnait aujourd'hui La foire de la Saint-Barthélémy, avec la scène des marionnettes, ce qui ne s'était fait depuis quarante ans. Cette scène est une telle satire du puritanisme que l'on n'avait pas osé la donner jusqu'ici, et je m'étonne qu'on ose le faire si tôt, et que le roi l'approuve. Mais la pièce ne me paraît en rien meilleure, bien au contraire.
            Retour ensuite avec les dames, comme il fallut attendre longtemps l'arrivée du roi et que la pièce était longue nous ne sortîmes guère que vers 9 heures. Rentrés dans leur carrosse, et toujours mécontent de ma femme. Au lit, me levai dans les mêmes dispositions que ce matin.


                                                                                                                  8 septembre
                                                                                                      Jour du Seigneur

            A l'église. Force pluie la nuit dernière et aujourd'hui. Dînai à la maison. Derechef à l'église avec ma femme, l'après-midi. De retour à la maison trouvons notre nouvelle servante Doll endormie qui, ne nous entendant pas, ne put nous ouvrir. Il fallut faire passer le petit valet par une fenêtre pour nous ouvrir la porte.
            Montai dans mon cabinet où restai seul. Fort occupé à la pensée des dépenses et plaisirs auxquels je me suis laissé aller dernièrement. Je trouve tout juste la force de me reprendre pour m'occuper de ma grande affaire, le règlement de l'affaire de Graveley, si bien qu'il n'est presque plus temps. Je prie Dieu qu'il m'accorde la grâce de m'appliquer maintenant à mon travail, mais mon faible a toujours été et sera toujours, je le crains, lorsque j'ai pris du retard dans un travail, d'avoir beaucoup de mal à m'y remettre pour rattraper ce retard.
            Le soir, je commençai à examiner mes comptes. Dans l'ensemble autant que je puisse en juger, je me trouve riche de 600 livres, Dieu soit loué ! Cela me réconforte grandement. Souper et au lit.


                                                                                                                  9 septembre 1661

            Au Sceau privé le matin, mais milord ne vint pas. Je me rendis donc avec le capitaine Morris et à sa demande, dans les cuisines du roi, chez Mr Sayer, le maître queux. Nous eûmes une ou deux tranches de boeuf. Puis il nous conduisit dans les caves à vin où, par ma foi, nous nous divertîmes fort, et je bus trop de vin. Pendant tout ce temps je fus traité avec une grande amabilité et des égards tout particuliers par Mr Sayer. Mais je bus tant de vin que je fus hors d'état de travailler, de sorte qu'à midi j'allai me promener dans la Grand-Salle de Westminster. Puis au théâtre de Salisbury Court où l'on donnait pour la première fois Dommage qu'elle soit une putain, pièce inepte et mal jouée, mais j'eus la bonne fortune d'être assis près d'une dame fort jolie et intelligente, ce qui me fit grand plaisir.
Coiffure de 1830            Retour chez moi, j'apprends que les deux sirs et maintes autres personnes sont parties boire au Dauphin les 30 shillings que nous avons tirés l'autre jour de sir William Penn pour sa chope..... également un excellent groupe de violonistes. Fûmes donc extrêmement joyeux jusque tard le soir. Nous entreprîmes alors de dire la vérité à sir William Penn, mais il a tellement bu aujourd'hui qu'il est quasiment saoul, et nous ne pûmes nous faire entendre, ce qui nous divertit encore plus. Mais c'est mieux ainsi car lorsqu'il apprendra la chose, à mon avis, il sera furieux. Il a lui-même tellement parlé de l'affaire et des lettres à droite et à gauche qu'il aura honte de s'être laissé berner. Retour chez moi, et au lit.


                                                                                                                10 septembre

            Au bureau toute la matinée, dînai chez moi, puis, avec ma femme dans Wood Street pour acheter un coffre et d'autres choses chez mon oncle Fenner, bien que la pluie rendit la sortie désagréable. Chez mon frère Tom ensuite parler affaires. Puis à la Garde-Robe voir milady et, après le souper, avec les demoiselles, achetai un flambeau et le portai moi-même jusqu'à ce que je rencontre quelqu'un qui accepta de m'éclairer jusque chez moi avec son propre flambeau, puis lui abandonnai le mien. Ce soir, je trouve Mary la servante de mon cousin William Joyce, venue chez moi comme cuisinière, si bien que ma maison est de nouveau pleine. Au lit.


                                                                                                               11 septembre
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Afficher l'image d'origine            Tôt chez mon cousin Thomas Trice pour parler de nos affaires. Il exigea 200 livres et les intérêts. J'acceptai de payer 200 livres, mais désirai prendre conseil pour le reste. Le quittai pour me rendre chez le Dr Williams. Il me conduisit dans son jardin où poussent quantité de raisins, me montra son chien qui tue tous les chats qui viennent ici tuer les pigeons, il les enterre ensuite si soigneusement qu'il les recouvre complètement et si le bout de la queue dépasse il déterre le chat et creuse plus profond, ce qui est bizarre. Il me dit que son chien a tué plus de 100 chats. Lorsqu'il fut prêt allâmes dans divers endroits pour mes affaires, puis nous nous quittâmes à la Garde-Robe d'où j'emmenai Mr Moore chez Tom Trice qui lui promit de lui donner copie de l'engagement en faveur de ma tante et de la donation qu'elle fit. Je le ramenai dîner chez moi, trouve le frère de ma femme, Balty, aussi beau que pouvaient le rendre les artifices de la toilette, et le domestique, un Français, à son service. Il est venu demander à ma femme de rendre visite à une jeune demoiselle qu'il courtise et espère épouser en l'attrapant par ses finesses. Je permis à ma femme de partir avec lui après dîner. Je ressortis avec Mr Moore qui partit vaquer à ses affaires, de mon côté allai discuter de nouveau avec le Dr Williams. Alors que nous traversions les jardins de Lincoln' Inn nous vîmes qu'on jouait une pièce nouvelle à l'Opéra, La Nuit des Rois ( Shakespeare ) et que le roi assistait à la représentation. Si bien que, contre mon gré et ma résolution, je ne pus m'empêcher d'y aller, ce qui me rendit la pièce insupportable et je n'y pris aucun plaisir. A la fin de la pièce retournai chez moi, tourmenté d'y être allé après avoir juré à ma femme de ne jamais aller au théâtre sans elle. Si bien que tout cela ajouté aux traverses rencontrés dans le règlement de la succession de mon oncle, me tourmente au plus haut point. Au lit. Ma femme accompagna son frère chez sa maîtresse aujourd'hui et dit qu'elle est jeune, riche et belle, mais qu'il y a peu d'apparence qu'il l'obtienne.


                                                                                                           12 septembre 1661

            Bien que ce fût aujourd'hui jour de bureau, il me fallut aller au Sceau Privé. Je restai toute la matinée, puis chez milady dîner à la Garde-Robe. En chemin je vis sur la Tamise le nouveau bateau de plaisance du roi, ainsi que deux belles gondoles récemment apportées, somptueuses et fort belles.
Après dîner je me rendis dans la chambre de milady, maintenant debout, sortie de couches, ce qui réjouit. Causai une heure avec elle et me retirai. De nouveau chez Tom Trice, restai longtemps à boire et parler de nos affaires, découvre que je serai sans doute obligé de payer les intérêts sur les 200 livres. Arrive bientôt mon oncle Thomas. Comme il a toujours été un homme retors et secret, il se comporta ainsi avec moi, sans rien dire de ce qu'il entreprend, bien que je sache, et cela me tracasse beaucoup, qu'il s'efforce de recouvrer la propriété de Graveley. Mais ni lui ni moi n'abordâmes l'affaire. Puis retournai de nouveau voir le Dr Williams, dans une petite taverne borgne de Shoe Lane, au Gril, et j'ai honte que l'on m'y voit entrer. Discutâmes de nos affaires, il me donna quelques avis apaisants. Mais je me trouve devant des avis si partagés que je ne sais, ma foi, à qui faire confiance.
            Comme il se faisait tard, je le quittai et rentrai éclairé par un flambeau, m'arrêtai chez sir William Batten et j'apprends que sir William Penn prend fort mal notre plaisanterie de la chope, ce qui me désole.


                                                                                                               13 septembre

Afficher l'image d'origine            Ce matin mon oncle Fenner m'envoya chercher pour avoir mon avis sur l'enterrement de ma tante la bouchère morte hier. Ensuite à l'Ancre près de Doctor's Commons. Le Dr Williams et moi composâmes une lettre pour Mr Sedgewick de Cambridge à propos de mon affaire de Graveley, puis le laissai en compagnie d'un avoué et me rendis à la Garde-Robe, j'y trouve ma femme et, de là, avec elle sur le fleuve pour y passer agréablement l'après-midi. Nous allâmes au Vieux Georges où nous mangeâmes à satiété une épaule d'agneau bien chaude. Reprîmes le bateau pour rentrer. Au lit, l'esprit tourmenté par mes affaires.


                                                                                                              14 septembre

            Au bureau toute la matinée, à la Bourse à midi, puis retour à la maison, dîner que mon oncle Fenner vint partager, comme convenu. pensant que nous irions ensemble chez ma tante Kite qui est morte. Mais avant la fin du dîner arrivent Robert Slingsby et milady avec beaucoup d'autres personnes, pour nous emmener ma femme et moi en canot, afin de montrer à tout le monde les yachts du roi et du Duc. Je fus donc forcé de quitter mon oncle et mon frère Tom encore à table, et de suivre les autres. Nous vîmes avec un plaisir extrême les quatre yachts, les deux dont j'ai parlé et les deux hollandais. Retour chez moi. Ecrivis des lettres pour la poste, puis au lit.


                                                                                                              15 septembre
                                                                                                   Jour du Seigneur
            Chez ma tante Kite dans la matinée pour aider mon oncle à tout préparer au plus vite pour l'enterrement. Retour chez moi à midi, et à l'église après dîner, ma femme et moi. Après le sermon, à l'enterrement de ma tante Kite, avec ma femme, où, à part nous et la famille de mon oncle, l'assistance ne comportait aucune personne de qualité, mais une misérable racaille. Nous accompagnâmes le corps à l'église et assistâmes à l'office sur la tombe, puis retour avec Peggy Kite qui promet d'être, je le crains, une redoutable engeance pour nous exécuteurs testamentaires. Mais si elle n'accepte pas de se laisser gouverner, j'envoie promener ma charge. Après cela retour chez moi accompagné de William Joyce, restâmes à parler, boire et manger une heure ou deux, puis il partit. Montai dans mon cabinet, prières ensuite, et au lit.


                                                                                                      à suivre

            16......../
                        Ce matin, je fus...../