lundi 16 mai 2016

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 57 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

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                                                                                                                     15 Octobre 1661

            Au bureau toute la matinée. Dînai à la maison, l'après-midi à l'enclos de Saint-Paul, en un lieu dérobé où Mrs Goldsborough devait me rencontrer ( elle n'ose risquer d'être reconnue là où elle habite ) pour traiter du différend qui l'oppose encore à mon oncle. Mais, Seigneur ! il y a de quoi devenir fou de l'entendre causer et se répandre en injures contre mon oncle. Je feins cependant de ne pas en être affecté, aimerais, en vérité, parvenir à un accord avec elle. Je prends donc un autre rendez-vous avec Mr Moore et elle pour vendredi prochain, afin d'examiner nos papiers et voir comment on peut régler l'affaire. Retour chez moi fort dolent. Trop marcher aujourd'hui si bien que mon testicule est à nouveau enflé, ce qui me préoccupe fort.


                                                                                                                       16 Octobre

            Au lit jusqu'à midi. Ce matin plusieurs servantes vinrent proposer leurs services à ma femme. Elle finit par retenir une certaine Mme Nell que sa mère, une vieille femme avait accompagnée. Mais elle n'acceptait pas d'être engagée pour moins de six mois. La drôlerie de ces femmes me plaît. Dînai aujourd'hui, comme prévu, avec le Dr Thomas Pepys, mon cousin Snow et mon frère Tom, d'un aileron de lingue et de vessies natatoires. Je ne connaissais ni l'une ni les autres, mais la chair en est exquise, et je n'ai jamais mangé meilleur poisson de ma vie. Après dîner arrive William Joyce et nous mangeâmes et bûmes joyeusement. Montai dans mon cabinet et rangeai mes papiers. Le soir, notre servante Mary ( à l'essai chez nous pour un mois ) vint prendre congé de nous. Nous supposons que la fille va se marier car elle nous aimait bien et nous de même, mais tout ce qu'elle dit c'est qu'elle a envie de vivre chez un marchand où il n'y aurait qu'une seule servante. Souper et au lit.


                                                                                                                   17 Octobre
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            Au bureau toute la matinée. A midi, ma femme étant partie chez mon cousin Snow en compagnie du Dr Thomas Pepys et de mon frère Tom pour manger un pâté de venaison, qui se révéla être du porc salé, je me rendis comme convenu avec le capitaine David Lambert à la Bourse, puis nous devions nous retrouver chez un rôtisseur, mais je n'eus pas le temps de m'y rendre. Avant cela, le capitaine Cocke, négociant que je connais depuis peu, m'emmena à la taverne du Soleil où il m'offrit un verre de xérès. C'est un homme d'une grande perspicacité et d'une bonne réputation. Il me dit que lors la prochaine réunion du Parlement causerait bien des ennuis. Il demanderait comment le roi a distribue charges et argent avant de lui en accorder d'autres. J'ai bien peur que cela ne conduise à nouveau à une catastrophe. De là chez un rôtisseur où je dînai avec le capitaine Lambert et son beau-père. Parlâmes beaucoup du Portugal, d'où il est revenu depuis peu. Il me dit que c'est un endroit fort médiocre et fort sale, je parle de la ville et de la Cour de Lisbonne, que le roi est un rustre très stupide, que pour avoir injurié quelqu'un, très récemment, en le traitant de cocu, il avait reçu un coup d'épée dans les couilles et se serait fait tuer s'il ne leur avait dit qu'il était leur roi, qu'il n'y a pas de vitres aux fenêtres, que les gens ne veulent pas en avoir et que nos négociants au Portugal  s'amusent fort d'un agent commercial anglais récemment installé là-bas et qui aurait écrit en Angleterre que le verre était une marchandise intéressante à expédier là-bas, etc. Que le roi se fait apporter sa nourriture par une douzaine de gardes fainéants, dans les poêlons, parfois, jusqu'à sa propre table, parfois rien que des fruits et de temps à autre une demi-poule, que maintenant que l'infante est devenue notre reine elle a droit à une poule ou à une oie entière sur sa table, ce qui est exceptionnel. Rentré chez moi, examinai mes papiers, ceux qui concernent Mrs Goldsborough et nous. Cela me coûta bien du travail, mais en retirai grande satisfaction lorsque ce fut fait. Chez moi toute la journée. Souper et au lit.


                                                                                                              18 Octobre

            A Whitehall chez Mr Montagu où je rencontrai Mr Pearse, le commissaire de la marine, pour le consulter sur la nourriture qu'il faut envoyer à milord pour le service de la reine. Il m'en avisa et m'apprit aussi que l'on fait maintenant diligence pour hâter le départ de la flotte.                                               A midi dîner chez milady, laissai ma femme et avec Mr Moore chez Mrs Goldsborough qui envoya chercher un ami pour se joindre à nous, et nous parlâmes de notre différend jusqu'à dix heures du soir. Je trouve cette situation fort gênante et suis parvenu à susciter quelque espoir d'accord. J'offre de lui remettre les 16 livres qu'elle nous doit encore selon les comptes de mon oncle. Nous laissâmes son ami réfléchir. J'espère avoir sa réponse car je ne veux pas aller en justice avec une femme à la langue aussi redoutable.
            Chez milady, laissai ma femme qui partagea cette nuit le lit de Mademoiselle, pris un flambeau pour rentrer, puis au lit. Passai la nuit au lit seul, dans le froid, affligé depuis quelques jours d'une tumeur à un testicule. Elle est maintenant réduite par un cataplasme fait d'une bonne poignée de son délayée dans une demi-pinte de vinaigre et une pinte d'eau, le tout bouilli jusqu'à former une pâte à laquelle on ajoute une cuillerée de miel, une partie de cette mixture est étalée sur un linge qui a été placé sur le testicule. J'ai mis pour la première fois une chemise que je vais porter la nuit cette année, et que je n'ai pas l'intention d'enlever avant le printemps. Mes gens se sont plaints que ma femme ne leur avait rien laissé à manger pour la journée.


                                                                                                              19 Octobre
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            Au bureau toute la matinée et à midi Mr Coventry qui participe à notre réunion, sir George Carteret, sir William Penn et moi-même en voiture chez le capitaine Marsh à Limehouse où il a une maison qui appartient à sa famille depuis 250 ans, tout près de la maison à la chaux qui donne son nom à la localité. Ils projettent de convaincre le roi de louer un bassin où feraient relâche les harenguiers, c'est la grande affaire en cours. On nous servit un fort bon dîner, plantureux et d'excellent vin. Comme ma mise manquait d'élégance, ce qui me semble chez moi un grand défaut, je ne puis être aussi gai que je le suis ou puis l'être autrement en toute occasion lorsque je suis bien habillé. Cela me rappelle la règle d'or de l'honnête homme énoncé par mon cher Osborne : économiser sur tout, sauf sur l'habillement. Retour chez moi en voiture, écrivis des lettres pour la poste, au lit.


                                                                                                                 20 Octobre 1661
                                                                                                   Jour du Seigneur
            Au lit à la maison toute la matinée pour soulager ma récente tumeur, mais levé pour dîner et fort offensé par l'insolence de Will mon valet qui garde son chapeau à la maison. Je ne lui en parlerai pas aujourd'hui, mais je crains d'avoir à souffrir de son insolence et de sa paresse, même s'il est par ailleurs assez convenable. A l'église l'après-midi où prêcha un ministre presbytérien somnolent. Puis allai voir sir William Batten qui doit, lui aussi, se rendre à Portsmouth demain pour présenter ses respects au duc d'York qui va prendre le commandement de la garnison et y mettre de l'ordre. Soupai chez moi, et au lit.


                                                                                                              21 Octobre

            De bonne heure avec Mr Moore jusqu'à Chelsea, en voiture, chez milord le gardes du Sceau privé, mais n'arrivâmes pas assez tôt, avions pris au passage Mr Pargiter, l'orfèvre, à mon avis le plus fieffé coquin escroc qui soit. Nous prîmes ensemble notre boisson du matin, bière et gâteaux et nous nous gaussâmes plaisamment des grandes pertes que lui occasionna le retour du roi, car il avait acheté de nombreuses terres de la Couronne et, Dieu me pardonne ! je m'en réjouis fort. A Whitehall au Sceau privé consultai sir William Penn pour régler certaines choses concernant ses affaires d'Irlande. Puis à la Garde-Robe et dînai. Contre ma conscience et mon jugement ( Dieu me le pardonne  car je sais que je L'offense en enfreignant les résolutions que j'ai prises à ce propos ) allai à l'Opéra dont les représentations ont repris après des modifications de décor, qui ne font que le rendre encore plus mauvais. Mais la pièce, " l'Amour et l'Honneur ", donnée pour la première fois a une bonne intrigue et est bien jouée. Retour chez moi à pied. Après avoir un peu travaillé dans mon cabinet, souper et au lit.


                                                                                                              22 Octobre
                                                                                                                  anticstore.com
Afficher l'image d'origine            Au bureau toute la matinée où nous reçûmes " délégation " du Duc en son absence, il est allé à Portsmouth, pour avoir pleine et entière autorité sur la flotte. L'après-midi vaquai à mes affaires à droite et à gauche, le soir visite à sir Robert Slingsby qui a attrapé cette nouvelle maladie, une fièvre. Retour à la maison après être passé chez ma tante Wright et Mrs Norbury, dame d'un commerce toujours fort agréable. Souper et au lit.





                                                                                                                                                                                                                               23 Octobre

            A Whitehall où sir William Penn et moi prîmes notre boisson du matin dans le logement d'un de ses amis, le colonel Treswell. A midi dînâmes à la Jambe dans King Street puis en voiture à Chelsea chez milord le garde du Sceau privé pour affaire concernant sir William. Pûmes nous entretenir librement avec milord qui nous donna réponse. Retour à l'Opéra où je revis " l'Amour et l'Honneur " qui est une fort bonne pièce. Retour chez moi m'arrêtant en chemin pour voir sir Slingsby toujours malade. A la maison.
            Aujourd'hui tous les membres de notre Conseil sont invités mardi prochain, jour du lord-maire, à dîner à l'Hôtel de Ville. Ce soir Mr Hollier vint à notre réunion et nous fit à tous deux des recommandations qu'il nous faudra suivre.


                                                                                                             24 Octobre

            Au bureau toute la matinée. A midi Llewellyn dîna avec moi, puis partis pour Fleet Street, laissant ma femme chez Tom, tandis que je réglais quelques affaires. Retour chez moi et allai voir sir Robert toujours malade/ Aujourd'hui il n'a pas dit un mot, ce qui nous fait tout craindre. Rentré chez moi.


                                                                                                                25 Octobre 1661
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Un pigeon de faîtage            A Whitehall. Dîner à la Garde-Robe où ma femme me rejoignit. Y trouvâmes un pâté de venaison et milady de fort joyeuse humeur et fort belle, à mon avis. Après dîner ma femme et moi à l'Opéra où revis " l'Amour et l'Honneur ", pièce si bonne que j'ai vu les trois seules représentations qui en aient été données toute cette semaine. Ce qui est excessif, plus que je ne referai de longtemps. Au sortir du théâtre nous tombâmes sur Mrs Pearse et sa compagne, Mrs Clifford et, comme je donnais l'impression de vouloir rester avec elles pour parler, ma femme se mit en colère. Jalousie de sa part ou non, je ne sais, mais elle n'apprécie pas que je parle à Mrs Pearse. Rentré à pied à la maison, fort mécontent. En chemin je m'arrêtai chez Hunt le facteur d'instrument et vis mon luth presque terminé. Il doit avoir un nouveau manche et être modifié pour recevoir des cordes doubles. Chez moi, et au lit. J'ai donné à Will, mon valet, une leçon bien sentie pour lui apprendre à oublier le respect qu'il doit à son maître et à sa maîtresse.


                                                                                                                   26 Octobre

            Ce matin, sir William Penn et moi devions quitter Londres avec milady Batten pour rencontrer à Kingstone sir William revenu de Portsmouth, mais ne le pûmes car milord de Peterborough; qui doit partir comme gouverneur à Tanger, vint ce matin avec sir George Carteret nous consulter sur les ultimes préparatifs avant sa prise de fonction. Au bureau toute la matinée, et l'après-midi sir William Penn, ma femme et moi au Théâtre où vîmes " Le capitaine campagnard " joué pour la première fois depuis 25 ans, de milord Newcastle, mais jamais ne vis pièce aussi inepte, la première qui m'ait paru fastidieuse. Retour à la maison, et le soir on nous apprit la mort de sir Robert Slingsby, notre contrôleur de la Marine, malade depuis une semaine. Cette nouvelle m'affligea tant que je ne puis fermer l'oeil de la nuit, car c'était un homme qui avait de l'affection pour moi et que j'aimais pour ses nombreuses qualités plus que tous les autres officiers et commissaires de la Marine. Sur le chemin du retour nous nous arrêtâmes chez Daniel Rawlinson où nous bûmes du bon xérès. Rentrés chez nous.



                                                                                                                     27 Octobre
                                                                                                      Jour du Seigneur
            A l'église le matin. Les deux sirs William et moi parlâmes longuement sur notre banc de la mort de sir Robert qui m'afflige beaucoup, et eux aussi apparemment. Mais je n'y crois pas beaucoup car je sais qu'il faisait obstacle à leur mainmise sur l'ensemble des activités du Conseil de la Marine. A la maison, dîner et l'après-midi derechef à l'église accompagné de ma femme dont le deuil dure depuis si longtemps que j'ai honte d'aller à l'église avec elle. Après l'église allâmes voir mon oncle et ma tante Wight, restâmes parler et souper et aussi joyeux qu'on peut l'être en leur compagnie. Entre autres montâmes dans leur chambre voir leurs deux portraits, que je suis contraint de louer malgré ce que j'en pense, elle nous montre aussi son cabinet où elle garde de fort jolies médailles et de fort beaux bijoux. Retour à la maison, prières et au lit.


                                                                                                                      28 Octobre
                                                                                                                   anticstore.com
Important groupe mythologique "Héro et Léandre'" en porcelaine de Meissen      Au bureau toute la journée et dînai à la maison puis à l'enclos de Saint-Paul chez Hunt où trouve mon théorbe terminé. J'en suis fort satisfait. La transformation me coûte 26 shillings mais, à ce qu'il me dit, tel qu'il est maintenant, il n'y a pas de meilleur luth en Angleterre, et il vaut bien 10 livres. Je fis venir le capitaine, Ferrer qui vint accompagné d'un de ses amis. Allons tous trois au Théâtre voir " Argalus et Parthénia ". Une femme jouait Parthénia puis recevait plus tard habillée en homme. Je n'avais jamais vu d'aussi jolies jambes, j'en fus charmé. Ensuite à la taverne de la Bière, à l'érynge. Fis venir un fabricant de ceintures à qui j'achetai une belle ceinture pour mon demi-deuil : elle me coûta 24 shillings, très élégante. Retour chez moi, et au lit.


                                                                                                                 29 Octobre

            Aujourd'hui je mis mes chaussettes de grosse laine noire et mon manteau neuf à la mode qui me plaît bien, et avec ma toque de fourrure j'étais prêt à me rendre, après le bureau, au banquet du lord-maire, car nous sommes tous invités. Mais les deux sirs William ne tenaient pas à y aller à cause de la foule, si bien qu'aucun de nous ne s'y rendit. Je restai dîner avec eux, puis rentrai chez moi; et le soir nous nous retrouvâmes au Dauphin, où nous nous étions donné rendez-vous. D'autres personnes se joignirent à nous et aurions pu passer une soirée joyeuse, mais le vin était si mauvais, et tout le reste, que ce ne fut pas le cas. Restâmes cependant jusque tard dans la soirée puis retour à la maison, et au lit. Déçu de ma journée, car je me promettais bien du plaisir aujourd'hui à l'Hôtel de Ville.
            Le lord-maire actuel nous ramène semble-t-il à la coutume des lords-maires d'autrefois qui se rendaient à Saint-Paul le jour de leur entrée en fonction, faisaient le tour de la croix et faisaient une offrande à l'autel.

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                                                                                                           30 Octobre

vernon-jeune-femme-aux-roses.jpg            Toute la matinée au bureau. A midi jouai de mon théorbe dont je suis fort content, tel qu'il est maintenant avec son nouveau manche. L'après-midi le capitaine Lambert vint me chercher, comme convenu, et allâmes ensemble, à pied, à Deptford. Une fois à bord de son navire, le Norwich, je lui demandai de me le faire visiter dans tous ses recoins, ce qui m'apprit beaucoup et répondit parfaitement au but de ma visite. Retour chez moi, et chez sir William Batten apprit comment il s'était déjà rendu chez sir Robert Slingsby. Nous étions en effet tous invités et j'avais l'intention de m'y rendre ce soir.. Mais prétendant que le cadavre sent ils vont l'enterrer cette nuit dans l'intimité ; décommanderont tous leurs hôtes et ne feront point de funérailles, ce que je déplore, regrettant que rien ne soit fait en l'honneur de sir Robert. Mais, j'en ai peur, il a laissé sa famille dans le plus profond désarroi. Je restai là tard à jouer aux cartes avec milady et Mrs Martha, puis retour chez moi. Je leur fis porter une ou deux bouteilles de vin. Arrivé chez moi, j'ai le déplaisir de trouver ma femme mécontente de sa servante Doll, qui a le tort de ne savoir se taire, mais ne cesse de parler sur un ton courroucé, sans raison pourtant, ni utilité. J'en suis navré et mesure les inconvénients qu'entraîne pour un homme l'avancement de sa fortune, en le contraignant à avoir davantage de domestiques, ce qui est source de désagréments.
            Sir Henry Vane, Lambert et d'autres se sont vu dernièrement transférés soudain de la Tour où ils étaient prisonniers, aux Sorlingues. Mais je ne pense pas qu'il y ait de conspiration, comme on dit, mais seulement un prétexte comme on en inventa souvent autrefois contre les Cavaliers.


                                                                                                         31 Octobre 1661

            Ce matin, Prior de Brampton vint me voir à propos des maisons que je dois lui vendre, mais il me fallut rester au bureau toute la mati née, et ne pus donc lui parler. Après le travail au bureau et le dîner à la maison, je me rendis chez mon frère Tom où je rencontrai Prior. Il exigea de moi un rabais, car il était convenu d'un prix avec mon père pour la maison de Barton. Je lui dis que je ne voulais pas me mêler de ça, mais que j'étais prêt à tout faire pour qu'il en devienne le propriétaire. Sur quoi nous nous quittâmes, allai voir ensuite sir Robert Bernard et, en tant que client, lui demandai ce qu'il pensait de l'affaire entre mon oncle Thomas et nous, à propos de Graveley.  En bref il me dit que nous avions peu d'espoir de recouvrer ce bien et d'échapper au paiement de sa rente, ce qui me désole. Mais qu'il en soit fait selon la volonté de Dieu.
            Ensuite, l'esprit fort préoccupé, chez mon oncle Fenner. Le trouvai à la taverne, il buvait plein de jovialité et de verdeur, en homme qui, je pense, aura tôt fait de reprendre femme. Rentrai chez moi.


                                                                                        à suivre....../
                                                                                                           1er novembre 1661
            J'allai ce matin....../

         

vendredi 6 mai 2016

Ali-Rodolppluhe, ou le Turc par nécessité ( Nouvelle Henry Murger )

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                                           Ali-Rodolphe, ou 
                                                             le  Turc par nécessité

                                                                  ( extrait Scènes de la vie de Bohème )

            Frappé d'ostracisme par un propriétaire inhospitalier, Rodolphe vivait depuis quelque temps plus errant que les nuages, et perfectionnait de son mieux l'art de se coucher sans souper, ou de souper sans se coucher : son cuisinier l'appelait le Hasard, et il logeait fréquemment à l'auberge de la Belle-Étoile.
            Il y avait cependant deux choses qui n'abandonnaient point Rodolphe au milieu de ces pénibles traverses, c'était sa bonne humeur, et le manuscrit du Vengeur, drame qui avait fait des stations dans tous les lieux dramatiques de Paris.
            Un jour, Rodolphe, conduit au violon pour cause de chorégraphie trop macabre, se trouva nez-à-nez avec un oncle à lui, le sieur Monetti, poêlier-fumiste, sergent de la garde-nationale, et que Rodolphe n'avait pas vu depuis une éternité.
            Touché des malheurs de son neveu, l'oncle Monetti promit d'améliorer sa position, et nous allons voir comme, si le lecteur ne s'effraye pas d'une ascension de six étages.
            Donc prenons la rampe et montons. Ouf ! cent vingt cinq marches. Nous voici arrivés. Un pas de plus nous somme dans la chambre, un autre nous n'y serions plus, c'est petit, mais c'est haut ; au reste, bon air et belle vue.
            Le mobilier se compose de plusieurs cheminées à la prussienne, de deux poêles, de fourneaux économiques, quand on n'y fait pas de feu surtout, d'une douzaine de tuyaux en terre rouge ou en tôle, et d'une foule d'appareils de chauffage : citons encore, pour clore l'inventaire, un hamac suspendu à deux clous fichés dans la muraille, une chaise de jardin amputée d'une jambe, un chandelier orné de sa bobèche, et divers autres objets d'art et de fantaisie.
            Quant à la seconde pièce, le balcon, deux cyprès nains mis en pots, la transforment en parc pour la belle saison.                                                                                                    alinek.eklablog.com
Afficher l'image d'origine            Au moment où nous entrons, l'hôte du lieu, jeune homme habillé en Turc d'opéra-comique, achève un repas dans lequel il viole effrontément la loi du prophète, ainsi que l'indique la présence d'un ex-jambonneau et d'une bouteille ci-devant pleine de vin. Son repas terminé, le jeune Turc s'étendit à l'orientale sur le carreau, et se mit à fumer nonchalamment un narguilé marqué J.G. Tout en s'abandonnant à la béatitude asiatique il passait de temps en temps la main sur le dos d'un magnifique chien de Terre-Neuve qui aurait sans doute répondu à ses caresses s'il n'eût été aussi en terre cuite.
            Tout à coup un bruit de pas se fit entendre dans le corridor, et la porte de la chambre s'ouvrit, donnant entrée à un personnage qui, sans mot dire, alla droit à l'un des poêles servant de secrétaire, ouvrit la porte du four et en tira un rouleau de papiers qu'il considéra avec attention.
            - Comment, s'écria le nouveau venu avec un fort accent piémontais, tu n'as pas achevé encore le chapitre des Ventouses ?
            - Permettez mon oncle, répondit le Turc, le chapitre des Ventouses est un des plus intéressants, de votre ouvrage et demande à être étudié avec soin. Je l'étudie.
            - Mais, malheureux, tu me dis toujours la même chose. Et mon chapitre des Calorifères, où en est-il ?                                                          
            - Le calorifère va bien. Mais, à propos, mon oncle, si vous pouviez me donner un peu de bois, cela ne me ferait pas de peine. C'est une petite Sibérie ici. J'ai tellement froid que je ferais tomber thermomètre au-dessous de zéro, rien qu'en le regardant.
            - Comment, tu as déjà consommé un fagot ?
            - Permettez, mon oncle, il y a fagots et fagots, et le votre était bien petit.
            - Je t'enverrai une bûche économique. Ça garde la chaleur.
            - C'est précisément pourquoi ça n'en donne pas.
            - Eh bien ! dit le Piémontais en se retirant, je te ferai monter un petit cotret/ Mais je veux mon chapitre des Calorifères pour demain.
            - Quand j'aurai du feu, ça m'inspirera, dit le Turc, qu'on venait de renfermer à double tour.
            Si nous faisions une tragédie, ce serait ici le moment de faire apparaître le confident. Il s'appellerait Noureddin ou Osman, et d'un air à la fois discret et protecteur il s'avancerait auprès de notre héros, et lui tirerait adroitement les vers du nez à l'aide de ceux-ci :
                                         Quel funeste chagrin vous occupe, seigneur,
                                         A votre auguste front, pourquoi cette pâleur ?
                                         Allah se montre-t-il à vos desseins contraires ?
                                         Ou le farouche Ali, par un ordre sévère,
                                         A-t-il sur d'autres bords, en apprenant vos feux,
                                         Éloigné la beauté qui sut charmer vos yeux ?
xxw.jpg            Mais nous ne faisons pas de tragédie, et, malgré le besoin que nous avons d'un confident, il faut nous en passer.
            Notre héros n'est point ce qu'il paraît être, le turban ne fait pas le Turc. Ce jeune homme est notre ami Rodolphe recueilli par son oncle, pour lequel il rédige actuellement un manuel du Parfait  Fumiste. En effet, M. Monetti, passionné par son art, avait consacré ses jours à la fumisterie. Ce digne Piémontais avait arrangé pour son usage une maxime faisant à peu près pendant à celle de Cicéron, et dans ses beaux moments d'enthousiasme, il s'écriait : " Nascuntur poê...liers. " Un jour, pour l'utilité des races futures, il avait songé à formuler un code théorique des principes d'un art dans la pratique duquel il excellait, et il avait, comme nous l'avons vu, choisi son neveu pour encadrer le fond de ses idées dans la forme qui pût les faire comprendre. Rodolphe était meurtri, logé, couché, etc. et devait à l'achèvement du Manuel, recevoir une gratification de cent écus.
            Dans les premiers jours, pour encourager son neveu au travail, Monetti lui avait généreusement fait une avance de cinquante francs. Mais Rodolphe, qui n'avait point " vu " une pareille somme depuis près d'un an, était sorti à moitié fou, accompagné de ses écus, et il resta trois jours dehors : le quatrième il rentrait seul !
            Monetti, qui avait hâte de voir achever son Manuel, car il comptait obtenir un brevet, craignait de nouvelles escapades de son neveu ; et pour le forcer à travailler, en l'empêchant de sortir, il lui enleva ses vêtements et lui laissa en place le déguisement sous lequel nous l'avons vu tout à l'heure.
            Cependant, le fameux Manuel n'en allait pas moins piano, piano, Rodolphe manquant absolument des cordes nécessaires à ce genre de littérature. L'oncle se vengeait de cette indifférence paresseuse en matière de cheminées, en faisant subir à son neveu une foule de misères. Tantôt il lui abrogeait ses repas, et souvent il le privait de tabac à fumer.
            Un dimanche, après avoir péniblement sué sang et encre sur le fameux chapitre des Ventouses, Rodolphe brisa sa plume qui lui brûlait les doigts, et s'en alla se promener dans son parc.
            Comme pour le narguer et exciter encore son envie, il ne pouvait hasarder un seul regard autour de lui sans apercevoir à toutes les fenêtres une figure de fumeur.
            Au balcon doré d'une maison neuve, un lion en robe de chambre mâchait entre ses dents le panatellas aristocratique. Un étage au-dessus, un artiste chassait devant lui le brouillard odorant d'un tabac levantin qui brûlait dans une pipe à bouquin d'ambre. A la fenêtre d'un estaminet, un gros Allemand faisait mousser la bière et repoussait avec une précision  mécanique les nuages opaques s'échappant d'une pipe de Cudmer. D'un autre côté, des groupes d'ouvriers se rendant aux barrières passaient en chantant, le brûle-gueule aux dents. Enfin tous les autres piétons qui emplissaient la rue fumaient.
            - Hélas ! disait Rodolphe avec envie, excepté moi et les cheminées de mon oncle, tout le monde fume à cette heure dans la création.                                                                     casacenina.fr
Afficher l'image d'origine            Et Rodolphe, le front appuyé sur la barre du balcon, songea combien la vie était amère.
            Tout à coup un éclat de rire sonore et prolongé se fit entendre au-dessous de lui. Rodolphe se pencha un peu en avant pour voir d'où sortait cette fusée de folle joie, et il s'aperçut qu'il avait été aperçu par la locataire occupant l'étage inférieur : mademoiselle Sidonie, jeune première au théâtre du Luxembourg.
            Mademoiselle Sidonie s'avança sur sa terrasse en roulant entre ses doigts, avec une habileté castillane, un petit papier gonflé d'un tabac blond qu'elle tirant d'un sac en velours brodé.
            - Oh ! la belle tabatière, murmura Rodolphe avec une admiration contemplative.
            - Quel est cet Ali-Baba ? pensait de son côté mademoiselle Sidonie.
            Et elle rumina tout bas un prétexte pour engager la conversation avec Rodolphe, qui, de son côté, cherchait à en faire autant.
            - Ah ! mon Dieu ! s'écria mademoiselle Sidonie, comme si elle se parlait à elle-même : Dieu ! que c'est ennuyeux ! je n'ai pas d'allumettes.
            - Mademoiselle, voulez-vous me permettre de vous en offrir ? dit Rodolphe en laissant tomber sur le balcon deux ou trois allumettes chimiques roulées dans du papier.
            - Mille remerciements, répondit Sidonie en allumant sa cigarette.
            - Mon Dieu, Mademoiselle... continua Rodolphe, en échange du léger service que mon bon ange m'a permis de vous rendre, oserais-je vous demander ?...
            - Comment ! il demande déjà ! pensa Sidonie en regardant Rodolphe avec plus d'attention. Ah ! dit-elle, ces Turcs on les dit volages, mais bien agréables. Parlez, Monsieur, fit-elle ensuite en relevant la tête vers Rodolphe : que désirez-vous ?
            - Mon Dieu, Mademoiselle, je vous demanderai la charité d'un peu de tabac ; il y a deux jours que je 'ai fumé. Une pipe seulement...
            - Avec plaisir, Monsieur... Mais comment faire ? Veuillez prendre la peine de descendre un étage.
           - Hélas ! cela ne m'est point possible... Je suis enfermé ; mais il me reste la liberté d'employer un moyen très simple, dit Rodolphe.
            Et il attacha sa pipe à une ficelle, et la laissa glisser jusqu'à la terrasse, où mademoiselle Sidonie la bourra elle-même avec abondance. Rodolphe procéda ensuite avec lenteur et circonspection, à l'ascension de sa pipe qui lui arriva sans encombre.
            - Ah ! Mademoiselle, dit-il à Sidonie, combien cette pipe m'eût semblé meilleure si j'avais pu l'allumer au feu de vos yeux !
            Cette agréable plaisanterie en était au moins à la centième édition, mais mademoiselle Sidonie ne la trouva pas moins superbe.
            - Vous me flattez, crut-elle devoir répondre.
            - Ah ! Mademoiselle, je vous assure que vous me paraissez belle comme les trois Grâces.
Afficher l'image d'origine            - Décidément, Ali-Baba est bien galant, pensa Sidonie... Est-ce que vous êtes vraiment Turc ? demanda-t-elle à Rodolphe.
            - Point par vocation, répondit-il, mais par nécessité ; je suis auteur dramatique, Madame.
            - Et moi artiste, reprit Sidonie.
            Puis elle ajouta  :
            - Monsieur mon voisin, voulez-vous me faire l'honneur de venir dîner et passer la soirée chez moi ?
            - Ah ! Mademoiselle, dit Rodolphe, bien que cette proposition m'ouvre le ciel, il m'est impossible de l'accepter. Comme j'ai eu l'honneur de vous le dire, je suis enfermé par mon oncle, le sieur Monetti, poêlier-fumiste, dont je suis actuellement le secrétaire.
            - Vous n'en dînerez pas moins avec moi, répliqua Sidonie ; écoutez bien ceci : je vais rentrer dans ma chambre et frapper à mon plafond. A l'endroit où je frapperai, vous regarderez et vous trouverez les traces d'un judas qui existait et a été condamné depuis : trouvez le moyen d'enlever la pièce de bois qui bouche le trou, et, quoique chacun chez nous, nous serons presque ensemble...
            Rodolphe se mit à l'oeuvre sur-le-champ. Après cinq minutes de travail, une communication était établie entre les deux chambres.
            - Ah ! fit Rodolphe, le trou est petit, mais il y aura toujours assez de place pour que je puisse vous passer mon coeur.
            - Maintenant, dit Sidonie, nous allons dîner... Mettez le couvert chez vous, je vais vous passer les plats.
            Rodolphe laissa glisser dans la chambre son turban attaché à une ficelle et le remonta chargé de comestibles, puis le poète et l'artiste se mirent à dîner ensemble, chacun de son côté. Des dents, Rodolphe dévorait le pâté, et des yeux, mademoiselle Sidonie.
            - Hélas ! Mademoiselle, dit Rodolphe, quand ils eurent achevé leur repas, grâce à vous, mon estomac est satisfait. Ne satisferiez-vous pas de même la fringale de mon coeur, qui est à jeun depuis si longtemps ?
            - Pauvre garçon ! dit Sidonie.
           Et, montant sur un meuble, elle apporta jusqu'aux lèvres de Rodolphe sa main, que celui-ci ganta de baisers.
            - Ah ! s'écria le jeune homme, quel malheur que vous ne puissiez faire comme saint Denis, qui avait le droit de porter sa tête dans ses mains.                                    plantes-et-jardins.com 
Afficher l'image d'origine            Après le dîner commença une conversation   amoroso-littéraire. Rodolphe parla du Vengeur, et mademoiselle Sidonie en demanda la lecture. Penché au bord du trou, Rodolphe commença à déclamer son drame à l'actrice, qui, pour être plus à portée, s'était assise dans un fauteuil échafaudé sur sa commode. Mademoiselle Sidonie déclara Le Vengeur un chef-d'oeuvre ; et, comme elle était un peu " maîtresse " au théâtre, elle promit à Rodolphe de lui faire recevoir sa pièce.
            Au moment le plus tendre de l'entretien, l'oncle Monetti fit entendre dans le corridor son pas léger comme celui du " commandeur ". Rodolphe n'eut que le temps de fermer le judas.
            - Tiens, dit Monetti à son neveu, voici une lettre qui court après toi depuis un mois.
            - Voyons, dit Rodolphe. Ah ! mon oncle, s'écria-t-il, mon oncle, je suis riche ! Cette lettre m'annonce que j'ai remporté un prix de trois cents francs à une académie de Jeux Floraux. Vite ma redingote et mes affaires, que j'aille cueillir mes lauriers ! on m'attend au Capitole.
            - Et mon chapitre des Ventouses ? dit Monetti froidement.
            - Eh ! mon oncle, il s'agit bien de cela ! Rendez-moi mes affaires. Je ne peux pas sortir dans cet équipage...
            - Tu ne sortiras que lorsque mon Manuel sera terminé, dit l'oncle en enfermant Rodolphe à double tour.
            Rodolphe ne balança point longtemps sur le parti qu'il avait à prendre... Il attacha solidement à son balcon une couverture transformée en corde à noeuds ; et, malgré le péril de la tentative, il descendit à l'aide de cette échelle improvisée, sur la terrasse de mademoiselle Sidonie.
            - Qui est là ? s'écria celle-ci en entendant Rodolphe frapper à ses carreaux.
            - Silence, répondit-il, ouvrez...
            - Que voulez-vous ? qui êtes-vous ?
            - Pouvez-vous le demander ? Je suis l'auteur du Vengeur, et je viens chercher mon coeur que j'ai laissé tomber dans votre chambre par le judas.
            - Malheureux jeune homme, dit l'actrice, vous auriez pu vous tuer !
            - Ecoutez, Sidonie... continua Rodolphe en montrant la lettre qu'il venait de recevoir. Vous le voyez, la fortune et la gloire me sourient. Que l'amour fasse comme elles !...

           Le lendemain matin, à l'aide d'un déguisement masculin que lui avait fourni Sidonie, Rodolphe pouvait s'échapper de la maison de son oncle... Il courut chez le correspondant de l'académie des Jeux Floraux recevoir une églantine d'or de la force de cent écus, qui vécurent à peu près ce que vivent les roses.
            Un mois après, M. Monetti convié de la part de son neveu, d'assister à la première représentation du Vengeur. Grâce au talent de mademoiselle Sidonie, la pièce eut dix-sept représentations et rapporta quarante francs à son auteur.
            Quelque temps après, c'était dans la belle saison, Rodolphe demeurait avenue de Saint-Cloud, dans le troisième arbre à gauche en sortant du bois de Boulogne, sur la cinquième branche.


                                                                             Henry Murger
                                                                                       ( in Scènes de la Vie de Bohème )

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mardi 3 mai 2016

Gloire tardive Arthur Schnitzler ( Roman Autriche )


Gloire tardive

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                                          Gloire tardive

           Sauvée des feux des autodafés nazis six semaines avant, l'oeuvre d'Arthur Schnitzler est conservée dans la bibliothèque de Cambridge. Son ex-épouse et son fils ont découvert et publié de temps à autre certains textes tapuscrits. Cette longue nouvelle ou court roman, délicat portrait d'un homme d'un âge avancé. Edouard Saxberger travaille dans un bureau, vit dans une chambre confortable où il aime retrouver ses aises. Vienne 1884, les cafés viennois accueillent les poètes jeunes qui rêvent de gloire, l'un d'eux, Meier découvre chez un bouquiniste un court volume               " Promenades " l'auteur n'est autre que Saxberger. les poèmes plaisent au jeune écrivain il rend donc visite à Saxberger, le couvre d'éloges et lui demande de se joindre à leur jeune troupe de versificateurs, il serait le bienvenu et son nom ne serait-il pas un appui pour lancer certains d'entre eux ?  Nostalgique, incertain, l'homme accepte et ose un retour vers un monde quitté il y a bien des années. Saurai-il encore sauver quelques rimes de sa mémoire d'homme doux et rangé ? Une comédienne, cabotine joue les coquettes, mais est vêtue d'une malheureuse veste jaune, il pense qu'une présence féminine le réchaufferait mais cette veste jaune ! et les gants jaunes !! Si tous les jeunes poètes l'adulent dans un premier temps, l'ont-ils lu ? Le poète chenu, retourne à la taverne et converse avec plaisir avec des compagnons, de son âge, de billard. Mais ces quelques semaines vont troubler tout le monde, Saxberger lucide et désabusé, pose un oeil pas complaisant sur ses anciennes et ses nouvelles relations si différentes. En fait à chacun sa lecture de ce roman joliment
écrit, démodé, à la saveur douçâtre, élégance des messieurs qui portent chapeaux et pelisses. Inédit.

dimanche 1 mai 2016

Le Fils Jo Nesbo ( Roman Finlande )


Le filsLe fils 
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                                                  Le Fils
            Markus, jeune garçon plutôt malmené par ses camarades d'école et de jeux, sauvé un jour d'été, par un jeune homme que l'on prend pour son père. En fait il n'est que son voisin, Markus habite la maison rouge, Sonny la maison jaune, cette maison inhabitée, où ne passe que rarement un homme étranger au quartier. Markus goûte sa solitude, console sa mère, et surtout ne quitte pas ses jumelles.
Curiosité de l'un bénéfique pour le second.
            Norvège, Oslo, jours d'été à la prison de Staten, la plus surveillée du pays, un prisonnier, le plus passif, le plus poli et aussi le plus muet, tente une évasion quasi impossible, tant la sécurité paraît inattaquable, le jour les prisonniers circulent librement dans leur espace. Prisonnier et junkie Sonny purge une peine depuis douze ans pour entre autres le meurtre d'une jeune asiatique, et d'autres méfaits. On apprend très vite que l'on a fait croire à Sonny que son père était une taupe au sein de la police, retrouvé mort un soir à côté de son arme et d'une lettre pour, écrit-il, sauver sa femme et son fils. Ces derniers sombrent dans l'alcool, ou dans la drogue. Sans moyen Sonny accepte d'endosser les crimes de personnalités riches et connues et reçoit en contrepartie depuis douze ans sa dose d'héroïne en prison. Mais, dans ce roman noir, où le monde des junkies et des dealers, profondément habités par leurs rituels, les taupes peuvent être partout, au sein de la prison, de la police, de la finance, des gouvernants, avec comptes aux îles Caîmans. Il y a dans ce livre bien écrit des méchants vraiment méchants prêts à laisser dévorer par des bêtes affamées et enfermées d'autres hommes. Le Jumeau, brute épaisse, omniscient disent ceux qui le servent, propriétaire de tout le réseau de revente d'héroïne sur Oslo est le premier et le plus cruel des prédateurs et, ayant tout, le pouvoir sur les hommes et l'argent, il s'ennuie et ne peut pourtant que continuer. Les méchants repentis offrent des aveux à qui les entend avant de mourir. Et celui qui a écouté, gentil et muet entreprend une croisade. Vengeance à tous les niveaux. Simon déchu de son poste à la police des finances, il était accroc aux jeux, a ses propres préoccupations, à un niveau inférieur mais avec ses acquis décide de traquer tout le monde en suivant la piste de celui que le public appelle, malgré tous ses meurtres le Bouddha vengeur. De nombreux personnages traversent le roman. il y a même un aquarium avec un poisson rare, et puis des fjords, la mer, le soleil et de fréquentes et fortes averses. Une vie sociale perturbée pour faute de décrochage de vie convenue. Très noir, mais une écriture lisse, l'auteur signale les crimes horribles sans appuyer, ce qui permet une lecture zen. Un livre et des personnages attachants.

samedi 30 avril 2016

Rondeau 38 Rondeau 55 Rondeau 178 Charles d'Orléans ( Poèmes France )

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                                 Rondeau " 38 "

              
  En entendant le tambourin                                                                                    1zoom.me
Résultat de recherche d'images pour "muguet"            Annoncer le départ au mai
            Au lit je suis resté tranquille,
            La tête sur mon oreiller,

            Et me suis dit : " Il est trop tôt,
            Je vais me rendormir un peu ",
            En entendant le tambourin
            Annoncer le départ au mai.

            Aux jeunes leurs parts de butin !
            J'aurai affaire à Nonchaloir
           Pour le partage du profit :
           Je l'ai trouvé tout près de moi
           En entendant le tambourin.
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                                    Rondeau " 55 "

            Allez-vous-en, allez, allez
           Souci, Tracas, Mélancolie :
           Prétendez-vous toute ma vie
           Comme autrefois me régenter ?

            Je vous promets : vous cesserez
            Raison saura vous dominer :
            Allez-vous-en, allez, allez,
           Souci, Tracas, Mélancolie.

           Si jamais vous récidivez,
           Vous, avec votre compagnie,
           Je supplie Dieu de vous maudire
           Et ce par quoi vous reviendrez :
           Allez-vous-en, allez, allez,
           Souci, Tracas, Mélancolie !                                                          niftyfifty-and-the-city.com 
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                                   Rondeau " 178 "

            Ce mois de mai, ni triste ni joyeux
            Je ne peux être ; enfin, vaille que vaille,
            Le mieux pour moi, c'est que rien ne m'importe :
           Plaisir, malheur, il faut m'en satisfaire.

            Je laisse tout filer avec le vent,
            Sans regarder quel bout d'abord s'envole,
            Ce mois de mai ni triste ni joyeux.

            Suivre Inquiétude à la fin se regrette :                                         
            L'occupation ne vaut pas un centime,
            Hasardeuse comme le quitte-ou-double.
            Que pensez-vous de mon comportement,
            Ce mois de mai ni triste ni joyeux ?


                                                              Charles d'Orléans
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                                                                                                                                                                                                                                        Rondel " 38 "
                                                                                                                          Quant j'ay ouy le tabourin
            Sonner pour s'en aler au may,
            En mon lit fait n'en ay effray
            Ne levé mon chef du coissin,

            En disant : " Il est trop matin
            Ung peu je me rendormiray ",
            Quant j'ay ouy le tabourin
            Sonner pour s'en aler au may.

            Jeunes gens partent leur butin  !
            De Nonchaloir m'accointeray,
            A lui je m'abutineray :
            Trouvé l'ay plus prochain voisin,
            Quant j'ay ouy le tabourin.


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                           Rondel " 55 "

            Alez vous ant, allez, alés,
            Soussy, Soing et Merencolie :
            Me cuidez vous toute ma vie
            Gouverner comme fait avés ?

            Je vous prometz que non ferés :
            Raison aura sur vous maistrie.
            Alez vous ant, allez, alés,
            Soussy, Soing et Merancolie :

            Se jamais plus vous retournés
            Avecques vostre compaignie,
            Je pri à Dieu qu'il vous maudie
            Et ce par qui vous revendrés :
            Alez vous ant, allez, alés,
            Soussy, Soing et Merancolie.


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                                      Rondel " 178 "

            Se mois de may, ne joyeux ne dolent
            Estre ne puis ; auffort, vaille que vaille,
            C'est le meilleur que de riens ne me chaille :
            Soit bien ou mal, tenir m'en fault content.

            Je lesse tout courir au val le vent,
            Sans regarder lequel bout devant aille,
            Se mois de may, ne joyeux ne dolent.

            Qui Soussy suyt, au derrain s'en repent :
            C'est ung mestier qui ne vault une maille,
            Aventureux comme le jeu de faille.
            Que vous semble de mon gouvernement,
            Se mois de may, ne joyeux ne dolent.


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jeudi 28 avril 2016

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 56 Samuel Pepys ( journal Angleterre )


lacuisinedu19siecle.wordpress.com


                                                                                                               1er octobre 1661

            Ce matin ma femme et moi fîmes la grasse matinée. Nous en vînmes à parler musique et elle me demanda la permission d'apprendre le chant. Après réflexion je le lui promis. Je n'étais pas encore levé que l'on m'annonça mon maître à chanter, Mr Goodegroome, elle se leva et ce matin commença elle aussi les cours de chant.
            Occupé au bureau toute la journée..... Le soir dans mon cabinet à la maison pour ranger dossiers et papiers. C'est un travail que je peine à entreprendre, mais suis fort satisfait quand il est terminé.Mangeai un morceau de pain et de fromage, et au lit.
   

                                                                                                                   2 Octobre

            Toute la matinée chez Peggy Kite avec mon oncle Fenner et deux de ses amis, pour évaluer les biens que sa mère lui a laissés. Mais la pécore promet d'être un tel poison que je n'ai pas le goût de m'occuper de ses affaires. Lorsque nous eûmes terminé nous allâmes tous dîner chez un rôtisseur de Bishopsgate Street, puis je les emmenai dans une taverne où je leur offris une quarte de xérès, et nous nous quittâmes. Retour à la maison d'où je repartis avec ma femme dans la voiture d'une dame qui était venue voir milady Batten et repartait en passant chez nous. Nous allâmes au Théâtre. En retard et mal placés, jamais de ma vie je ne pris aussi peu de plaisir à une pièce, c'était pourtant la première fois que je la voyais, Victoria Corombona...... Inquiet de ramener ma femme à la maison, car il faisait fort sombre, Nous fûmes donc contraints de prendre une voiture. Souper, puis au lit.


                                                                                                                  3 Octobre
lacuisinedu19siecle.wordpress.com
            Au bureau toute la matinée, dînai à la maison. L'après-midi visite de Mr Moore et nous nous rendîmes à la colline de la Tour pour rencontrer quelqu'un. Revînmes tous trois chez moi où je signai une reconnaissance de dette à Mr Battersby, ami de Mr Moore. Il me prête 50 livres. Premier emprunt que j'aie jamais contracté sur billet pour mon propre compte. Je les emmenai à la Mitre en emportant un melon du Portugal. Nous restâmes jusqu'au soir et discutâmes de sujets religieux avec plaisir. Nous nous quittâmes, rentrai à la maison m'arrêtant chez sir William Batten où se trouvaient son fils et sa bru, ils étaient hier comme nous au Théâtre, et ce fut fort divertissant de l'entendre en parler avec admiration comme une sotte. Chez moi, la tête dérangée par le vin que j'ai bu aujourd'hui.


                                                                                                                 4 Octobre

            En voiture à Whitehall avec sir William Penn. Allai voir Mr Montagu. Son valet Monsieur d'Esquier se plaignit fort des Anglais, disant qu'ils avaient aidé l'autre jour les Espagnols contre les Français, que leur ambassadeur demandait instamment justice au roi, et qu'il a décidé de partir pour la France la semaine prochaine, ce dont je suis fort aise, comme tous ceux que je rencontre. Puis à Paternoster Row où Will; mon valet, reçut les 50 livres que j'avais empruntées hier. Dinai à la Garde-Robe et y demeurai presque tout l'après-midi, fort gaiement en compagnie des dames. Puis avec le capitaine Ferrer au Théâtre, en retard. Restâmes voir une partie de Victoria, qui me parut encore pis , que l'autre jour. Sortîmes boire une bouteille ou deux de bière au smilax de Chine et rentrai à la maison. Y trouvai ma femme furieuse contre ses gens qui refusent de manger du fromage de Suffolk  ( très dur ), ce qui m'irrite aussi. Au lit.
   

                                                                                                             5 Octobre 1661

            Au bureau toute la matinée, puis dînai chez moi où je restai tout l'après-midi. Installai la maquette du Royal James que j'empruntai il y a longtemps à milord pour l'accrocher au mur de ma chambre. Le soir, seul avec sir William Penn au Dauphin où nous mangeâmes des harengs bouffis et bûmes du bon xérès.... Vinrent d'autres personnes avec qui nous restâmes si tard que nous bûmes trop de vin. Retour chez moi, et au lit, content de mon après-midi passé à accrocher le bateau. Au lit.


                                                                                                            6 Octobre
mickeywerlen.canalblog.com                                                              Jour du Seigneur
Afficher l'image d'origine            A l'église le matin. Mr Mills prêcha. A mon avis il a fort mal pris que ma femme n'ait pas assisté au baptême de son enfant. L'hiver s'annonce, nombre de dames de la paroisse sont revenues en ville et réapparaissent à l'église, entre autres les trois soeurs de Thornborough, fort belles et les personnes les plus dévotes que j'ai jamais rencontrées. De quoi s'émerveiller si toutefois il s'agit d'une dévotion véritable. Il y avait aussi ma jolie brune Mrs Dekins. Mrs Margaret Penn vint aujourd'hui à l'église vêtue de l'ensemble de satin à fleurs que ma femme l'avait aidée à acheter l'autre jour.
            Rentrai chez moi dîner. A l'église cet après-midi, à St Gregory près de St Paul, vis Mr Moore dans la tribune, montai près de lui et entendis un bon sermon du Dr Buck, que je n'avais encore jamais entendu, mais un homme fort capable. Retour chez moi, le soir allai voir ma valentine, son père et sa mère étaient absents de Londres, pour l'amener souper à la maison. Puis vint sir William Penn qui voulait l'avoir chez lui. Aussi avec force badinage les emmenai tous deux chez moi où nous nous divertîmes. Nous nous séparâmes, et au lit.


                                                                                                            7 Octobre

            Levé le matin puis chez mon oncle Fenner pensant rencontrer Peggy Kite pour son affaire, mais elle ne vint pas. J'allai chez le Dr Williams que je trouvai alité, ce qui me désola. Toute la journée au travail tracassé par l'attente de nouvelles de Brampton sur la façon dont les choses se passent au tribunal de Stirtloe. J'en fus informé le soir par une lettre qui m'apprit que mon cousin Tom était là pour se faire reconnaître comme héritier légitime pour le compte de son père, mais que la requête avait été rejetée et moi-même reconnu par procuration. Ce qui m'ôta un grand poids.
       

                                                                                                              8 Octobre

            Au bureau toute la matinée, portai ensuite des huîtres de Clochester chez William Batten où nous dînâmes avec quelques autres personnes. Restai là et parlâmes tout l'après-midi et, tard après le dîner, emmenai Mrs Martha en voiture au Théâtre, sur une foucade qui me coûta fort cher. Lui fit voir une partie de L'arbre aux mendiants, sans grand plaisir, mais par pur caprice, puis retour à la maison.


                                                                                                              9 Octobre
                                                                                                                 maisonarts.forumgratuit.org
            Sortis ce matin régler plusieurs affaires, entre autres, donner mon théorbe à réparer, puis retour chez moi à midi, pensant aller avec les deux sirs William chez sir William Rider qui nous avait invités, mais trouve chez moi la belle Mrs Pearse et Madame Clifford auprès de qui il me fallut rester. Je leur fis le meilleur accueil que je pus. Dieu sait si je fus charmé de leur belle compagnie ! et après dîner les emmenai au Théâtre voir Les Vicissitudes. Les raccompagnai toutes deux chez elles et retournai à la taverne de la Toison à Covent Garden où devaient me retrouver Llewellyn, Blurton et mon vieil ami Frank Bagg. Nous y fûmes fort gais jusque tard le soir. Frank me parle de Mrs Pepys qui vivait avec lady Harvey, soeur de Mrs Montagu, une femme de bien, me dit qu'elle a été fort malade et m'a souvent demandé, qu'elle a du bien et que personne n'est parvenu à lui faire faire son testament, mais qu'elle continuait à demander à me voir, et que maintenant qu'elle est en bonne santé elle désire avoir une chambre dans ma maison. Mais je ne sais si c'est un tour que me joue Bagg ou si elle veut faire quelque chose pour moi, par sympathie. Je n'entends pas lui faire confiance, mais lui dis que je serais heureux de la voir et que je ferai assurément mon possible pour lui procurer un logement. Rentrai chez moi, tard, en voiture.


                                                                                                       10 Octobre 1661
     
             Au bureau toute la matinée. Dînai chez moi, puis avec ma femme et sir William Penn au Théâtre, elle alla d'abord à Covent Garden demander des nouvelles d'une femme, j'allai de mon côté dans le carrosse de sir William Penn chez William Joyce où je m'arrêtai un moment. Le roi vint aujourd'hui au Théâtre, on y donnait Le Traitre, admirablement joué, c'est une excellente pièce. Rentré chez moi avec l'intention de passer une soirée joyeuse, car c'est mon sixième anniversaire de mariage, mais j'ai si mal à un testicule que je me suis meurtri dernièrement, que je prends mon souper et au lit, dolent. Ma femme et moi assez joyeux tout de même.



                                                                                                            11 Octobre

            Toute la journée au lit avec un cataplasme sur mon couillon. Me lève un peu, puis me recouche, un peu soulagé par rapport à la nuit dernière. Ce midi vinrent dîner mon frère le Dr Thomas et Snow qui se divertirent entre eux.


                                                                                                             12 Octobre
oemglass.net
Afficher l'image d'origine            Au lit encore pendant la plus grande partie de la journée, et un peu moins enflé. Je reçois aujourd'hui une lettre de mon père m'apprenant que Robert Bernard craint un peu que mon oncle ne se soit pas conformé scrupuleusement à la coutume de Brampton, notamment pour ce qui dans son testament concerne les terres qu'il pos d'ait là-bas, ce qui me tourmente beaucoup. Je leur ai écrit ce soir à ce sujet qui me préoccupe fort.



                                                                                                              13 Octobre
                                                                                              Jour du Seigneur
            Ne bougeai pas de la journée mais me levai et descendis dîner. Abandonnai aujourd'hui mon plastron pour une chemise et mon gilet en faux tabis galonné d'or. Le soir sir William Batten vint me voir et resta fort aimablement souper avec moi. Prières et au lit.


                                                                                                       14 Octobre            
                                                                               
            Me risquai à sortir ce matin en prenant un bateau jusqu'à Westminster, mais perdis ma peine et mon temps, car Mr Montagu n'était pas à Londres. A la Garde-Robe où je dînai avec milady, première fois que je la vois dîner hors de sa chambre depuis qu'elle a accouché de milady Katherine. L'après-midi allai me promener avec le capitaine Ferrer en plusieurs endroits, entre autres chez Mr Pim, tailleur de milord, qui nous accompagna à la taverne de la Fontaine et nous offrit quantité de vin. Comme c'était l'anniversaire du duc d'York nous n'en bûmes que d'avantage à sa santé.Mais Seigneur ! quelle triste histoire il nous raconte sur la façon dont il a été berné par un docteur en médecine qui occupe une partie de la maison où il loge. On en rirait, n'était que je l'en vois fort tourmenté. Retour à la maison avec un flambeau. Trouve une réponse réconfortante de mon père me disant que sir Robert Bernard a tout réglé concernant nos droits sur Brampton. Ce qui me libère et me tranquillise grandement l'esprit.


                                                                                          à suivre......!
                                                                                                        
                                                                                                                 15 Octobre 1661

            .........../ Au bureau toute la matinée.....
                 

 


           

samedi 23 avril 2016

Jeu de miroirs Andrea Camillieri ( roman Italie )


Jeu de miroirs
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                                                   Jeu de miroirs

            Montalbano accumule les années, cauchemar de l'inspecteur il craint tous les ennuis qui en découlent. Mais une belle voisine, Liliana, installée depuis peu dans une maison toute proche semblable à la sienne, mais avec une pièce de plus, le charme, et joue le jeu. Pourquoi s'échappe-t-elle parfois. son mari, dit-elle représente une marque d'ordinateur, très absent, elle semble inquiète. Dans Vigata une puis deux bombes artisanales sont déposées devant la grille de deux magasins vides et sans locataire. A qui s'adressent ces messages ? Et un jeu de miroirs, une image, une " pinsée " renvoie à une autre comme le jeu de miroirs dans le film de Orson Welles. Petits arrangements entre parrains et dealers connus, l'atmosphère lourde dans la petite ville n'est compensée que par les cuisines de Enzo restaurateur et d'Adelina, voir ses plats d'aubergines laissées au four du célibataire Montalbano, Fazio, Augello, Cantarella toujours à ses côtés, et le langage savoureux des personnages font une lecture agréable du roman policier. Intrigue simple, cuisine sicilienne, jours d'été à Vigata, Sicile.
"..... Catarella n'arépondit pas.
        - T'es devenu muet ?
        - Oh que non, parlant je suis, mais, dottori, j'ademande compréhensivité et pardonnement mais..... "
            "..... Un élan de bonheur et un élan de tristesse en même temps saisirent le commissaire. Goûter les arancini * d'Adelina était une expérience absolue, essentielle, 'ne fois qu'on les avait essayées on en conservait la mémoire éternelle...... "

viande et des petits pois..... " 

    * Extrait d'une note des éditeurs " Grosses boulettes de riz contenant un coeur de mozarella ou de viande et des petits pois..... "        

jeudi 21 avril 2016

Golem Pierre Assouline ( Roman France )


Golem

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                                            Golem

             Pierre Assouline met en exergue "Où irais-je si je pouvais
aller, que serais-je si je pouvais être... " Beckett.                                    larepubliquedeslivres.com 
Afficher l'image d'origine            Froide journée d'hiver. Gustave Meyer s'interroge " Quand fond la neige où va le blanc ?" Il quitte l'hôpital et son ami et médecin qui le soigne pour de violents maux de tête, il est de plus sujet à des crise d'épilepsie. Gustave joueur d'échecs professionnel vit dans un monde d'échiquier refaisant mentalement les parties. Arrêté et emmené par deux hommes, policiers, sans explication, il s'échappe à la suite d'un accident inattendu. Et le thriller se met en place. L'arrestation imprévue et son malaise au sortir de l'hôpital, Gustave est inquiet il n'est pourtant guère concerné par la vie quotidienne, poussé par son ami médecin il prépare un tournoi à Prague où seront présents les meilleurs joueurs du monde, Il décide donc de fuir sans laisser de traces, abandonne carte bleue et téléphone portable. Il apprend par sa fille la mort dans un accident de voiture de son épouse, accident qu'il aurait provoqué grâce à ses connaissances en informatique. Il marche dans Paris décidé à trouver qui a voulu tuer sa femme, loge un temps dans un petit hôtel de la Goutte d'Or, tente de trouver son dossier dans les archives de l'hôpital et apprend que son ami et médecin a, lors de l'opération subie peu de temps avant, opéré une stimulation cérébrale profonde pour booster sa mémoire, sans l'en informer. Il pense au Golem et poursuit ses recherches dans les bibliothèques, notamment dans l'une d'elles bien cachée dans le 13è arrondissement. Et sa quête le conduit à Londres et à Oxford. Sa grande admiration pour Rothko à la Tate Modern manque briser sa quête et son anonymat. A Oxford il rencontre des transhumanistes et des posthumanistes, en désaccord avec ces derniers il les quitte et, à bout de finances il trouve un club de joueurs, joue, gagne et poursuit une double enquête sur Marie son épouse lanceur d'alertes sur les produits pharmaceutiques, et sur lui-même, qu'est-il devenu ? A Paris Gustave Meyer est activement recherché, sans résultat, par Zina, capitaine Rocher aidée mollement par Emma qui connaît trop son père et le croit innocent, néanmoins elle donne une indication à Zina qui pense avoir retrouvé sa trace à Londres grâce à Interpol et aux multiples caméras, c'est vendredi soir si l'inconnu entré dans une chemiserie a acheté une chemise blanche, c'est Gustave, chemise blanche pour la prière du vendredi soir. Mais plus rapide qu'elles il échappe aux regards et quitte l'Angleterre. Ses pas, ses souvenirs, le conduisent en Europe de l'est. Ici et là sont enterrés ses ancêtres victimes de pogroms, et toujours sur son front apparaît parfois le mot " émet ", vérité en hébreu. Il arrive à Prague, la légende du Golem, issue de l'imagination d'un rabbin il y a un peu plus de 200 ans, est connue de tous depuis le livre de Meyrinc, le film de Julien Duvivier et les jeux vidéo. Et alors ? Dans Prague Vieille-Nouvelle, après quelques détours dans les rues et la synagogue, arrive l'épilogue d'une histoire pleine d'intelligence, de mots compliqués et d'intérêt.