samedi 7 janvier 2017

Tarantula Bob Dylan ( Nouvelles EtatsUnis )


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                                                                 Tarantula

            Tarantula parait en 1966 aux EtatsUnis. Bob Dylan a 23 ans lorsqu'il commence l'écriture de ce livre indéfinissable, hybride, génial pour certains. " Un livre de mots ", avec parfois un sens, celui de l'auteur ou celui dont nous rêvons. Des cut-ups selon Burroughs que Dylan, lecteur compulsif, a rencontré une fois. Extraits " Titre : Fripouille ras la fouille... Dans une tombe fruitière à mourir de rire...... la tête dans la tête d'oreiller...... -- Ballade en soi bémol... les pieds étaient coincés entre le jupon & tom dick & harry passa par là & et tous hurlèrent... ses lèvres étaient si menues & et elle avait la bouche en tirelire....... peux pas me faire assez de toiles  ton amoureux ankylosé, benjamin tortu -- Rompre la barrière du son... le zdong du dobro de néon..... de madame de haute pègre..... 
comme je disais, tu es voué à un titanique tantagramme à triple octave ton petit écureuil, Fétu, le Fromentin -- Chute de thermomètre -- Une salve de pacifistes... Piwi-l'Esgourde, dont la bouche a tout d'une carte de crédit - Jack-la-Barbaque & lui- plus Sandy Bob du Pecos - ils mènent l'éléphant blanc à l'eau quelque part entre wichita falls & el camino real - c'est tard dans la journée & toujours pas de nouvelles de Saigon - rapplique la fille de jerry me boing-boing - Liza-la-Ganache - à cheval sur un billet de deux dollars...... ne va pas dilapider ton argent chez le merlan - te verrai au drugstore ton altesse, Gombo le Clodo " . Dans une interview donnée au Los Angeles Free Press en 1965 Bob Dylan dit "..... j'ai écrit ce livre parce qu'il contient beaucoup de choses qu'il m'est impossible de chanter... tous les collages...... Je ne peux pas chanter ça...... Ou alors uniquement avec quelques personnes qui savent ce qu'il en est...... " Qui donc a dit qu'il fallait jeter le livre en l'air et lire la page sur laquelle il était retombé ? Dadaiste, surréaliste, extraits
                             " Prélude au mediator
            maman, bien que je n'essaie pas de disqualifier l'humeur morose qui t'habite, maman au pâtre défait sur l'épaule. le diamant de vingt cents qui est à ton doigt, je ne joue plus avec mon âme comme un petit ferblantier / j'ai maintenant les yeux d'un chameau & je dors sur un clou... glorifier tes tribulations serait des plus faciles mais tu n'es pas la reine - le son est reine / tu es la princesse... & j'ai été ta ruche, tu as été mon invitée & et je ne lèverai pas la main sur toi
            " y a-t-il des questions ? demande 
               l'enseignant. un blondinet
               au premier rang
               lève les mains et demande
               " c'est loin le mexique ? "
pauvre muse optique qu'on appelle mon oncle..... la chambre de commerce tente de persuader pauvre muse que minnesota fats était du Kansas...... ils érigent un supermarché au milieu de la prairie.....
            " est-ce qu'il y en a qui voudraient 
              sortir de l'ordinaire ? demande
              l'enseignant. le crack
              de la classe, qui a pour habitude d'aller ivre
              à l'école, lève la main & dit :
              " oui, monsieur, j'aimerais être un
              dollar, monsieur "
........ tu peux apprendre aux gens à être beaux, mais ne sais-tu pas qu'il existe une force plus grande qui leur apprend à être crédules - ouais ça s'appelle le facteur problème........ faut que j'y aille. quelqu'un va venir apprivoiser ma mégère. espère qu'ils t'ont ôté le poumon proprement. dis salut à ta soeur
            amour,
            Lavette, Ton
            Gentil Pirate
            Bob Dylan Prix Nobel de littérature 2016 
             

lundi 2 janvier 2017

Correspondance Proust Gallimard 8 ( Lettres France )



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                                                      A Gaston Gallimard 

                                                                                      Début septembre 1920
            - Lire jusqu'au bout, très important -
            Cher ami
                     ( Et naturellement cela n' a aucun rapport avec ce que je voulais vous dire hier, et vous dirai, je ne sais quand ) vous voyez un homme au désespoir. Hier, en rentrant, je me suis mis à lire Le Côté de Guermantes ; sauf dans certaines parties, les fautes sont tellement nombreuses et rendant les phrases si inintelligibles, que devant mon déshonneur j'ai compris Vatel se perçant de son épée. Je vous avais dit naïvement que pour les fautes grossières le lecteur rétablirait et qu'il valait mieux se borner pour l'erratum aux singularités oubliées qui serviront dans la suite. Mais devant tant de fautes, il vaut mieux les signaler dans un très long erratum ( naturellement il serait mille fois mieux de les corriger dans le texte car personne, à chaque phrase qu'il ne comprendra pas, ne se rapportera toutes les 3 minutes à l'erratum. Mais puisque vous jugez les corrections impossibles, l'erratum, s'il ne servira guère à faciliter la lecture, palliera au moins le déshonneur ). Je crois que mon tort a été de demander moins demander moins d'épreuves que celles auxquelles j'avais droit et de vous dire :         " Lançons-nous comme cela. " - Je vais pourtant recommencer cette tactique en beaucoup plus grand puisque puisque pour Sodome et Gomorrhe 1 je crois que je ne vous demanderai pas d'épreuves du tout, ou seulement des 1res épreuves. Mais c'est que là, ça marche sur des roulettes.
            Pour Guermantes 1 c'est si désastreux que j'ai pensé à vous demander d'attendre février afin que paraissant avec Guermantes 2 er Sodome 1, on fasse moins attention. Mais j'ai songé qu'au fond, on ne fait pas attention. Monsieur ( le charmant dada qui a revu les épreuves et dont le nom m'échappe par une amnésie d'un instant ) Breton a cru lire, Jacques Rivière a cru lire. Ils ne se sont pas aperçus que chaque fois que je parle des romans de Bergotte, on a imprimé les romans de Bergson. Erreur sans gravité quoique inexplicable car les deux tt de Bergotte devraient prémunir contre toute confusion avec Bergson ( mais les protes veulent interpréter, montrer qu'ils sont au courant, que le pragmatisme ne leur est pas inconnu ). Mais si ces Bergson et Bergotte ne sont pas graves, beaucoup d'autres fautes ôtent tout sens à une phrase. Hé bien ces lecteurs avertis ne s'en sont pas aperçus. Comptons sur l'aveuglement des autres. Mais je suis navré. Jamais je n'ai attendu un livre avec tant d'impatience et ne l'ai lu avec tant de désolation.
            Cher ami vous feriez bien de ne pas attendre pour m'envoyer les 2 volumes brochés ( dont une 1ère édition ). Je regrette que l'un n'ait déjà pu partir.                          
Afficher l'image d'origine            Quant à l'erratum ( qui naturellement ne sera pas joint à ces deux exemplaires sacrifiés ), quand faut-il que vous ayez mes feuilles corrigées ? En regardant les corrections, vous ferez dresser vous-même l'erratum, dont je sais mal comment il se rédige ( lire pour... ) Malheureusement jusqu'ici tout ce que j'ai corrigé l'a été dans la désolation, et sans songer que cela servirait à l'erratum. C'est vous dire que c'est fort illisible. Mais je serai à votre disposition s'il y a des choses qui ne vous paraissent pas claires. D'ailleurs elles vous le paraîtront ( claires ), à cause de l'évidence de la faute. Je tâcherai de tout corriger. Avec mes yeux ce n'est pas facile. Mais on me dit que le grand oculiste que je dois consulter depuis 4 ans rentre ces jours-ci. Peut-être me découvrira-t-il de meilleurs verres. Si je vous demande la date où vous avez besoin des corrections, c'est pour ne pas retarder la parution au 1er octobre. Comme on est rentré à Paris plus tôt cette année, à cause du temps, on repartira plus tôt pour les villégiatures d'hiver. - Vous savez que Sodome 1 est presque au net, Guermantes 2 réclament beaucoup d'ajoutages. Que l'imprimeur ne me fasse donc pas attendre trop les épreuves       puisque les deux paraîtront ensemble ( 15 février ). J'aurais préféré que ma préface à Morand ne parût qu'après ce Sodome 1 qui est littérairement rehabilitateur, après nos pataugeages de Guermantes. Mais sans doute le livre de Morand paraît avant. Et je ne veux pas le retarder pour cela. J'ai été bien heureux de votre visite hier. C'est vous qui avez pris bonne mine, bonne allure, et rajeunit ! Cela fait très grand plaisir à votre très affectueusement dévoué


                                                                                             Marcel Proust

On me dit que les manuscrits de Claudel sont encore plus difficiles à lire que les miens. Pourtant il n'y a jamais de fautes.


                                            A Gaston Gallimard

                                                                                              Peu après le 3 septembre 1920          

                                                    Je suis bien pressé des épreuves de Guermantes 2
 artnet.com                                                                 Cher ami
Afficher l'image d'origine            Ne soyez pas ennuyé. Je ne l'ai été moi-même que qq heures et je me suis résigné. Quel malheur qu'il n'existe pas dans les maisons d'édition l'équivalent de ce qu'on nomme dans un journal  " un correcteur ". Quand je collaborais au Figaro, si je faisais une faute, le lendemain dans l'article imprimé, elle avait miraculeusement disparu. Tout cela ne fait rien. Les livres que je vous donnerai
( ? ) si Dieu me prête vie, seront de moins en moins mauvais, et quant aux fautes tant pis. Je suis buté aujourd'hui sur un certain " climat " qui doit être " élément " ou je ne sais pas quoi. Mais j'ai trop mal à la tête. Je remets à demain ou après-demain de chercher sur les épreuves corrigées quel mot on a bien pu traduire par climat . - . Toute la famille Daudet me réclame les bonnes feuilles de Guermantes. Cela aurait grand avantage à être envoyé sans tarder d'autant plus qu'ils sont assez loin de Paris. - . Si vous me trouvez dans ma lettre assez optimiste et consolé, c'est qu'au fond j'avais plus de souci des ennuis que l'article de Rivière pouvait lui attirer, que de mon livre. Or Lucien Daudet m'a écrit la joie qu'il avait eue à voir Rivière traiter ce " vieux veau " de Lasserre ( ceci entre nous, j'entends pas nous, vous, Rivière, Tronche et moi ) et Bainville m'a écrit d'autre part une lettre très gentille. Ma seule crainte, c'est que la liberté qu'il trouve dit-il très juste que Rivière prenne, il ne la reconnaisse aussi à Lasserre de lui répondre. Je tâcherai de le voir pour empêcher cela. Car j'aime tellement Rivière que l'idée d'injures qu'il aurait à cause de moi ( bien que je fusse contre l'article ) m'est insupportable. Si vous m'envoyez des bonnes feuilles aujourd'hui lundi, ne me les apportez pas vous-même car je suis tellement souffrant que je ne pourrais sans doute pas vous voir et cela me désolerait. Voyez comme nous avons traîné avec cette traduction anglaise. Je vous avais, entre autres, proposé Bardac. Vous avez toujours reculé. Bardac a demandé il y a qq jours à Hemant ( Abel ) le droit d'être son traducteur unique pour l'Angleterre et cela lui a été accordé dans les 24 heures. Ne me donnez pas, malgré toute votre gentillesse, le droit de m'appliquer le " Sic vos, non vobis, mellificatis apes " ( note de l'éd. : Ainsi de vos efforts le prix n'est pas payé. ). - . Comme je pense que vous voyez Tronche tous les jours voulez-vous lui dire que mes protégés qu'il a bien voulu recommander pour le concours Devambez ont remis leurs envois il y a qq jours, mais après la date de clôture. Comme on a pris leurs envois, j'espère que cela signifie que ce retard n'empêchera ni qu'ils soient admis au concours, ni qu'ils soient convenablement placés. Après tout, c'est peut-être aussi bien de ne rien dire, car je l'ai déjà assez embêté avec cela qui ne me concerne en rien. Votre affectueusement dévoué


                                                                                          Marcel Proust


                                                      A Gaston Gallimard

                                                                                              Le 8 ou le 9 septembre 1920

            Important à lire jusqu'au bout

           Cher ami
           Je suis de nouveau sorti ce soir et de nouveau rentré plus malade. D'autre part mon découragement a repris plus fort, devant ce monceau de fautes d'impression. Enfin, ne parlons pas de ce à quoi on ne peut plus rien changer.
            Cher ami vous ne m'avez envoyé que des 2è édition de Guermantes. Vous m'en aviez promis une 1re, pour les Daudet. Enfin maintenant c'est envoyé. Je leur ai dit que ce n'était que des bonnes feuilles ( en effet la couverture ne porte même pas mon nom, je pense qu'il n'en sera pas ainsi pour les volumes) et je leur ai promis pour plus tard des 1re édition.,       
Résultat de recherche d'images pour "gromaire"            D'autre part vous aviez eu la gentillesse de noter que la dédicace devait être après Le Côté de Guermantes 1, de façon qu'on vît bien que tout Le Côté de Guermantes était dédié à Léon Daudet sans que je fusse obligé de répéter la dédicace en tête du second volume, ce qui aurait divers inconvénients. Or contrairement à cela on a mis le Côté de Guermantes 1, avant la dédicace.  que c'est une erreur de brochage aisément réparable. Remarquez que quand je dis vous aviez bien voulu prendre en note, il n'est pas certain que ce soit vous, Gaston. C'est peut-être Tronche à qui j'ai donné cette petite corvée. En tous cas je me souviens du crayonnage sur un calepin tiré par l'un de vous, et je crois bien que c'était vous.
            Cher ami ( et croyez bien que devant l'irréparable je ne m'amuserais pas ou plutôt ne me fatiguerais pas à ces récriminations si je ne pensais que le bon renom de vos éditions autant que celui de mes livres n'était en jeu, laissez-moi vous dire au sujet des fautes une chose particulièrement minime ( il s'agit d'une seule lettre ! ) mais significative. Le lecteur peut admettre qu'on lise mal mon écriture, qu'on laisse passer sans en être choqué des phrases informes qu'on suppose alors provenir de l'inintelligence de l'auteur, mais quand il lit " ainsi qu'on a pu le voir dans un article de Times " au lieu d'un article " du Times, il se dit que je peux mal former mes u, qu'ils peuvent ressembler à des e,
mais que le Times est tellement connu que si le livre avait été relu par un correcteur il y aurait du Times et non de Times. Si je vous cite cela, c'est que c'est une faute qui m'est absolument indifférente. Je ne peux pas accuser de prendre mon intérêt en la signalant, elle ne peut pas faire dire que je ne sais pas le français, elle n'obscurcit en rien ma pensée. Si donc je me fatigue ( et je suis bien souffrant ) à m'y arrêter, c'est pour vous montrer que je sais faire attention à ce qui ne me fait pas de tort à moi-même. - . J'ai peur qu'avec ces insistances, je ne vous semble une Mlle Charasson mâle, que vous me preniez en grippe, et me plaquiez. " Quand vous commanderez vous serez obéi
                                                          Vos ordres sans détour pouvaient se faire entendre.
                                                           D'un oeil aussi content, d'un coeur aussi soumis
                                                           Que j'acceptais etc
                                                            Je saurai, s'il le faut, victime obéissante " etc.
                                                                             ( nte de l'éd. Iphigénie Racine)
            Les " etc " sont à cause de la fatigue laquelle ne m'empêchera pourtant pas de vous dire en finissant tout mon plus affectueux dévouement.


                                                                                                 
                                                                                                                  Marcel Proust

              briscadieu-bordeaux.com   
                                                        P.S.
Afficher l'image d'origine             Pendant que nous parlions 1re édition, il est peut-être important de vous prévenir d'avance qu'il m'en faudra un gd nombre pour Guermantes 1. Il me faudra en effet remercier les académiciens Goncourt qui m'ont donné le prix, les académiciens tout court qui ont demandé pour moi la décoration, les gds journalistes étrangers à qui j'aurais dû répondre, des amis comme Mme de Noailles
etc qui n'eurent pas les jeunes filles en fleurs.
            Je voudrais bien savoir quand vous aurez besoin de la préface pour Morand. J'ai besoin pour la commencer, à la fois de ses " nouvelles ", et de savoir le temps que vous me donnez. Je crois qu'elle ne sera pas mal. S'il était à Paris je voudrais bien le voir une fois, avant de commencer.
          

                                                                    A Gaston Gallimard

                                                                                                     21 septembre 1920

            Cher ami
            Je vous avais promis mes corrections pour le 20 et vous ne les recevez qu'aujourd'hui 21. Malgré cela je me considère comme en avance sur le délai fixé par vous car ce que je devais vous donner c'était les corrections à l'aide desquelles vous feriez dresser l'erratum.
            Or j'ai fait ce travail moi-même pour vous éviter tout ennui. C'est l'erratum que je vous envoie ci-joint ( d'où on peut tout au plus ôter les mots " très important " que j'ai mis quelquefois pour signaler qu'un simple tiret avait un grand sens ). J'ai selon votre conseil laissé subsister nombre d'interpolations qui alourdissent ma phrase. Je n'ai signalé que les choses importantes ? Encore ne les ai-je signalées que pour les trois premiers quarts du livre. Pour toute la fin, mes yeux étaient tellement usés par ce travail de couturière qui consiste à remonter ligne par ligne pour voir si c'est la ligne 12 ou la ligne 17, que j'ai jeté le manche après la cognée. Je me suis contenté de certaines choses, sans lesquelles c'est inintelligible. Ainsi ma mère dit " massif de lauriers " sur quoi le médecin fait une loBngue tirade sur le laurier dans l'histoire grecque etc. Or, comme on avait mis massif, au lieu de massif " de lauriers ", tout le discours du médecin perdait sa raison d'être. Mais encore une fois, pour toute cette fin, je n'ai pas été un correcteur. Ma vue avait subi du fait de ce travail une nouvelle de baisse, d'autre part le délai fixé expirait ( je vous écris, tout le travail terminé, dans la nuit du 20 au 21). Je regrette donc tout ce que je n'ai pu relever pour la fin. Je me souviens notamment d'un certain " climat " qui n'a aucun sens, mais je n'ai pas le courage de chercher le mot vrai. Malgré les lacune de mon travail vers la fin, vous verrez que j'ai travaillé. Je vous envoie 23 feuillets d'errata ( qui naturellement, imprimés, feront beaucoup moins ). Seulement prenez au moins garde que pas un seul exemplaire ne soit donné ou vendu sans cet errata. Sans cela ce n'est pas la peine que j'aie passé tant de temps, pris tant de soin. Et j'avais une otite en même temps. Je vous assure que j'aurais préféré faire autre chose. Je sais l'objection qu'on me fera, peu de lecteurs se reporteront à l'erratum. C'est *
Afficher l'image d'originepossible. Du moins ma " négligence " dénoncée par tant de critiques et confirmée ( article sur Lasserre ) par Jacques Rivière, ne pourra plus être mise en avant. Je vous prie instamment quand il y aura un nouveau tirage du Côté de Guermantes ( s'il y en a ) de faire corriger à l'aide de mon Erratum, de façon que les nouveaux tirages n'auront plus besoin d'avoir d'erratum comme le premier. Contrairement à ce que vous m'aviez dit j'ai qq fois signalé une faute peu importante/ Mais vous eussiez été de mon avis, c'était pour masquer la faute grave qui suivait. - . Cher ami, j'aurais tant de choses à vous dire mais pour nous en tenir à l'urgent, j'aurais besoin d'être averti dès que Gide et d'autre part Rivière seront ici. Car Me Blumenthal m'a écrit, le Directeur des Beaux-Arts m'a écrit, et j'attends pour leur répondre de pouvoir continuer le " dossier " de mon candidat au prix ( Jacques  Rivière ) . Par ex. ses évasions etc. Peut-être pour gagner du temps pourriez-vous dire un mot à Paul Valéry en faveur de J. Rivière.
            Mille amitiés de tout coeur

*quizz.biz
                                                                                                 Marcel Proust

   Je me suis trouvé consacrer à l'erratum inattendu le temps que je comptais consacrer à la préface de Morand. Peut-être pourriez-vous le lui dire et que maintenant, je craindrais de le retarder -. J'attends avec impatience les épreuves du Côté de Guermantes 2, dont je n'ai pas reçu une seule. J'espère qu'il n'y a pas eu malentendu et qu'elles ne sont pas restées rue Madame ! Je crois que Léon Daudet publiera son article ( sur Guermantes 1 ) Du moins je lui ai demandé d'attendre jusque-là.       






vendredi 30 décembre 2016

La liberté de la presse et autres - extraits Mark Twain ( Nouvelles USA )

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phildecressac.canalblog.com

                                                   La liberté de la presse
                                                            ( extraits )             .......... La presse s'est moquée de la religion jusqu'à ce que ses railleries deviennent populaires. Elle a défendu des hauts fonctionnaires criminels pour des histoires de partis jusqu'à ce que ça aboutisse à la création du Sénat américain dont les membres sont incapables de comprendre quelle est la différence entre un crime aux yeux de la loi et la dignité de leur propre personnage...... J'attribue totalement cette situation exécrable aux journaux..... une presse qui est plus que libre...... L'opinion publique n'est retenue par rien....... Il existe des lois pour protéger la liberté de parole de la presse mais aucune qui permette de protéger les gens de la presse.........
            Il me semble que notre morale décline à mesure qu'augmente le nombre de nos journaux...... Pour un journal qui fait du bien il y en a cinquante qui font du mal.........
            Il y a d'excellentes vertus dans les journaux, des pouvoirs qui exercent une immense influence pour le bien, dont j'aurais pu parler et faire un éloge exhaustif, mais, messieurs, vous n'auriez plus rien à en dire.

                                                                                             MT
                                                                                            USA 1873


                                                    Le privilège de la tombe
                                                               ( extraits )         
            Son occupant possède un privilège que n'exerce aucune personne vivante : la liberté de parole...... La liberté de parole est autorisée en théorie mais interdite en pratique........ Chaque homme porte en lui une opinion impopulaire concernant la politique ou la religion, et dans la plupart des cas il n'en a pas une mais plusieurs. Plus l'homme est intelligent plus il a une cargaison d'idées de cet acabit qu'il garde par devers lui. Il n'est pas un individu...... qui ne soit le dépositaire de convictions impopulaires chères à son coeur et choyées que la sagesse commune lui interdit d'exprimer....... Aucun d'entre nous n'aime être haï ou mis à l'écart....... Cette habitude produit tout naturellement le résultat suivant : l'opinion publique étant née et ayant grandi de la même façon, on ne peut absolument pas parler d"opinion " mais de "politique " pure et simple, car elle n'est sous-tendue par une aucune réflexion ni principe et ne mérite aucun respect.                                                                                                                                                                                                
Afficher l'image d'origine            Quand on présente aux gens un projet politique entièrement nouveau et inédit, ils sont surpris, inquiets et timorés, et pendant quelque temps ils restent muets, réservés et ne s'en mêlent pas. La majorité d'entre eux n'étudient pas la nouvelle doctrine et ne savent pas quoi en penser, ils attendent de voir de quel côté penche l'opinion publique.......
            C'est l'envie de suivre le mouvement qui fait le succès des partis politiques........
            La liberté de parole est le privilège et le monopole des morts.......
                                                                                                               
                                                                                                                                                                                                                                               stripsjournal.canalblog.com                                                                                                             
                                                                                            MT
                                                                                            USA 1905


                                                           Journalisme au Tennessee
                                                                     ( extraits )         

            Un médecin m'a expliqué qu'un climat du sud améliorerait ma santé, et je suis donc descendu dans le Tennessee où j'ai trouvé un poste de rédacteur adjoint au..Volubilis et cri de guerre du comté de Johnson - titre fictif...... Le rédacteur en chef était assis, penché en arrière sur une chaise à trois pieds, le pied sur une table en sapin. Il y avait une autre table en sapin dans la pièce et une autre chaise abîmée et toutes étaient à moitié noyée sous des piles de journaux, des bouts de papier et des feuillets de manuscrits. Il y avait un sablier en bois constellé de mégots de cigares et de " ola soldiers ", et un poêle dont la porte ne tenait plus que par le gond du haut. Le rédacteur en chef était revêtu d'une longue redingote de drap noir et d'un pantalon de lin. Ses bottes étaient courtes et parfaitement cirées. Il portait une chemise froissée, une grosse chevalière, un col droit d'un modèle obsolète et un foulard à carreaux dont les pans pendaient. Costume " 1848. Il fumait un cigare en réfléchissant à un mot et, à force de triturer les cheveux il avait pas mal ébouriffé ses mèches. Il avait l'air terriblement renfrogné et j'en ai conclu qu'il concoctait un éditorial particulièrement ardu. Il me dit de prendre les échanges, d'y jeter un oeil et d'écrire sur " l'esprit de la presse du Tennessee ".
            J'ai écrit........ J'ai tendu mon manuscrit au rédacteur en chef pour qu'il l'accepte, le modifie ou le détruise. Il y a jeté un coup d'oeil et son visage s'est assombri. Il l'a parcouru de bout en bout et son expression ne laissait rien présager de bon. Il était facile de voir que quelque chose n'allait pas. Il s'est levé d'un bond et s'est écrié :
            - Mille tonnerres ! vous vous figurez que je vais parler comme ça de ces individus ? Vous vous imaginez que mes souscripteurs vont accepter un tel éreintage ? Passez-moi le crayon !
            Je n'avais jamais vu un crayon érafler et égratigner si rageusement, ou bien labourer les verbes et les adjectifs d'un autre homme aussi implacablement. Alors qu'il était au milieu de son entreprise quelqu'un lui tira dessus par la fenêtre et défigura la symétrie de mon oreille.
            - Ah ! dit-il, c'est ce scélérat de Smith du Moral Volcano il était attendu hier.
            Et il s'empara d'un revolver de la marine qu'il portait à la ceinture et tira. Smith s'effondra touché à la cuisse. Le coup empêcha Smith d'atteindre son but, qui était en train de saisir une seconde chance, et il estropia une tierce personne. C'était moi. Juste un doigt emporté par une balle.
            Sur ce le rédac chef reprit ses raturages et ses ajouts. Au moment où il venait de s'arrêter une grenade à main descendit le tuyau du poêle et l'explosion le souffla. Néanmoins, elle ne posa pas d'autres dégâts, à l'exception d'un morceau perdu qui vint me casser deux dents.
            - Ce poêle est complètement fichu, s'exclama le rédacteur en chef.
            Je lui répondis que j'en avais bien peur.
Afficher l'image d'origine            - Eh bien ! peu importe, pas besoin par ce temps. Je sais qui a fait ça, je l'aurai. En attendant voilà comment il aurait fallu écrire ce papier......... Colérique et droit au but. Le journalisme façon bouillie au lait me met les nerfs en pelote.
            A ce moment-là une brique est passée par la fenêtre qui a volé en éclats et m'a porté un énorme coup dans le dos. Je me suis déplacé. Je commençais à penser être sur la trajectoire. Le rédacteur en chef a déclaré :
            - C'était probablement le colonel. Je l'attendais depuis deux jours. Il ne va pas tarder à se pointer ici.
            Il avait vu juste......
            - Monsieur, ai-je l'honneur de m'adresser au poltron qui publie     lepalingeois.magix.net                                              cette feuille miteuse ?
            - En effet. Installez-vous, monsieur, Attention à la chaise, il lui manque un pied. Je crois que j'ai l'honneur de m'adresser à ce menteur putride de colonel Blatherskite ( débiteurs de sornettes ) ?
            - Très bien monsieur. J'ai un petit compte à régler avec vous. Si vous avez le temps nous pouvons commencer........
            Les détonations des deux pistolets résonnèrent effroyablement au même instant. Le rédacteur en chef perdit une mèche de cheveux et la balle du colonel termina son parcours dans la partie charnue de ma cuisse. L'épaule gauche du colonel fut légèrement éraflée. Ils tirèrent de nouveau. Chacun manqua l'autre....... Au troisième tir les deux messieurs furent légèrement blessés et j'ai eu une phalange brisée........
            Ils parlèrent des élections et des moissons pendant qu'ils rechargeaient et je pensai mes blessures. Mais ils firent feu à nouveau avec animation, et chaque tir faisait mouche. La sixième balle blessa mortellement le colonel qui fit remarquer, avec une pointe d'humour, qu'il devait prendre congé à présent, car il avait affaire en ville. Il demanda ensuite son chemin pour aller chez l'entrepreneur de pompes funèbres et s'en alla. Le rédacteur en chef .......
            - J'attends quelqu'un pour dîner et je dois me préparer........ Jones sera ici à trois heures, rouez-le de coups. Gillepsie viendra plus tôt sans doute, jetez-le par la fenêtre. Ferguson se présentera vers quatre heures, tuez-le........ Si vous avez un peu de temps vous pouvez écrire un article saignant sur la police..... Les fouets sont sous la table, les armes dans le tiroir, les munitions là, dans le coin. Les charpies et les bandages là-haut dans les cases du bureau. En cas d'accident allez voir Lancet, le chirurgien, au rez-de-chaussée. Il fait de la réclame, nous avons un accord. Et il partit...... - Ils vinrent - me laissèrent sur le carreau les habits totalement déchirés....... Le rédacteur en chef est arrivé et avec lui une cohue d'amis charmés et enthousiastes. S'ensuivit une scène d'émeute et de carnage..... Le rédacteur en chef et moi étions assis, seuls, contemplions le champ de ruines maculé de sang jonchant le sol autour de nous. Il me dit :
            - Vous aimerez cet endroit quand vous vous y serez habitué.
            .......... L'écriture vigoureuse est faite pour élever le public, aucun doute là-dessus, mais je n'aime pas attirer toute cette attention qu'elle appelle....... Les expériences sont originales, je vous l'accorde, et amusantes aussi, grosso modo, mais elles ne sont pas réparties judicieusement........ En l'espace de cinq minutes toutes les gouapes du coin arrivent ...... entendant faire mourir de peur ce qui reste de ma personne avec leurs tomahawks. ..... Dans le Sud on a le coeur trop impulsif, l'hospitalité du Sud est trop prodigue avec l'étranger...... Je dois vous dire adieu. Je décline ma participation à ces festivités. J'étais venu dans le Sud pour ma santé, je repars pour les mêmes raisons sur-le-champ. Le journalisme au Tennessee est trop mouvementé pour moi.                     caricaturistes3.rssing.com  
Afficher l'image d'origine            Après que nous avons pris congé l'un de l'autre, en regrettant mutuellement cette séparation, j'ai pris mes appartements à l'hôpital.


                                                                                           MT
                                                                                           USA 1871


                                           Comment j'ai édité un journal agricole  
                                                               ( extraits )                                       
             J'ai accepté de prendre provisoirement la direction d'un journal agricole, non sans crainte. Pas plus qu'un capitaine ne prend le commandement d'un navire sans appréhension. Mais j'étais dans une situation qui faisait du salaire un bon motif. Le rédacteur en chef attitré était parti en vacances. J'ai accepté les termes du contrat qu'il m'a proposé et j'ai pris sa place.
            Le sentiment de retravailler était luxueux, et j'ai travaillé toute la semaine avec un plaisir inépuisable. Nous sommes allés à l'imprimerie et j'ai attendu le jour avec une certaine sollicitude pour voir si mes efforts allaient être couronnés de succès. Quand j'ai quitté le bureau, à la tombée du jour, un groupe d'hommes et de jeunes garçons au bas de l'escalier s'est écarté comme un seul homme et m'a laissé passer. J'ai alors entendu un ou deux d'entre eux s'exclamer :
            - C'est lui !
            Cet incident m'a tout naturellement réjoui. Le lendemain matin j'ai trouvé un autre groupe similaire au pied de l'escalier, et quelques individus seuls ou en groupes épars ici et là dans la rue et sur le passage.
            - Regardez ses yeux !
            J'ai feint de ne pas remarquer que j'exerçais sur eux un charmes, mais, en secret, j'en ai éprouvé de la satisfaction et je me suis proposé de raconter cette histoire à ma tante. J'ai grimpé la petite volée de marches et entendu des voix joyeuses et un éclat de rire en m'approchant de la porte que j'ai ouverte. Et j'ai aperçu deux jeunes hommes qui semblaient venir de la campagne. Leurs visages ont blêmi, se sont allongés quand ils m'ont vu, et tous deux ont sauté par la fenêtre dans un grand bruit de verre brisé. Cela m'a surpris.
            Une demi-heure plus tard un vieux monsieur, avec une longue barbe et un beau visage austère est entré et s'est assis comme je l'y avais invité. Il semblait avoir quelque chose en tête. Il a retiré son chapeau et l'a posé par terre, puis il a sorti un foulard de soie rouge et un exemplaire de notre journal.
            Il a posé le journal sur ses genoux et, tout en essuyant ses bésicles avec son foulard, il m'a demandé :
            - Êtes-vous le nouveau rédacteur en chef ?
Afficher l'image d'origine            Je lui ai répondu que tel était bien le cas.
            - Avez-vous déjà dirigé un journal agricole auparavant ?
            - Non, ai-je répondu, c'est ma première tentative.
            - De toute évidence ! Avez-vous une quelconque expérience en agriculture ?
            - Non, je ne crois pas.
            - Mon instinct me le disait, répondit le vieux monsieur en chaussant ses lunettes et en me toisant par-dessus avec rudesse, tout en repliant le journal pour lui donner une forme pratique. Je voudrais vous lire ce qui a nourri cet instinct. C'est cet éditorial.   Écoutez et réfléchissez pour savoir si c'est vous qui l'avez écrit :                lagouriniere.fr
            " On ne devrait jamais arracher les navets, ça leur fait mal. Il vaudrait mieux envoyer un garçon grimper à l'arbre et le secouer. "
Alors qu'en pensez-vous ? car je suppose vraiment que c'est vous qui l'avez écrit ?
            - Ce que j'en pense ? Eh bien ! je trouve que c'est bien. Je trouve que c'est sensé. Je suis sûr et certain que chaque année des millions et des millions de boisseaux de navets sont abîmés dans cette ville uniquement parce qu'ils ont été arrachés alors qu'ils n'étaient pas encore mûrs, alors que si on avait envoyé un garçon secouer l'arbre...
            - Secouez donc votre grand-mère ! Les navets ne poussent pas dans les arbres !
            - Ah ! Vraiment ? Mais qui a dit que c'était le cas ? La formule se voulait métaphorique, totalement métaphorique. Quiconque s'y connaît saura que je voulais dire que le garçon devait secouer les vignes.
            A ces mots le vieux monsieur s'est levé, a déchiré son exemplaire en mille morceaux qu'il a piétinés, a cassé plusieurs choses avec sa canne, m'a dit que j'étais plus ignorant qu'une vache et est sorti en claquant la porte derrière lui.
            En un mot il s'est comporté comme si quelque chose l'avait contrarié. Mais, ne sachant pas pourquoi il s'était mis dans cet état, je ne pouvais lui être d'aucune aide.
            Peu après une longue créature cadavérique, avec de longues boucles pendouillant sur les épaules et le visage hérissé d'une éteule d'une semaine passée dans les collines et les vallées a fait irruption et s'est arrêté, immobile, un doigt sur les lèvres, la tête et le corps penchés dans l'attitude de celui qui écoute. On n'entendait pas un bruit.
            Il écoutait encore. Pas un bruit. Puis il a tourné la clef dans la porte et s'est avancé sur la pointe des pieds jusqu'à ce qu'il soit à quelques centimètres de moi. Il s'est arrêté et, après m'avoir dévisagé avec beaucoup d'intérêt, il a sorti de sous sa poitrine un exemplaire plié de notre journal et dit :     short-edition.com
Afficher l'image d'origine            - Là vous avez écrit ça. Lisez-le moi, vite ! Soulagez-moi, je souffre.
            J'ai lu ce qui suit et au fur et à mesure que les phrases sortaient de mes lèvres je voyais le soulagement le gagner, ses muscles bandés se relâcher, l'inquiétude quitter son visage et le repos et la paix passer sur ses traits comme le clair de lune clément sur un paysage désolé :
            " Le guano est un bel oiseau, mais l'élever nécessite beaucoup de soins. Il ne faut pas l'importer avant juin et après septembre. Le garder au chaud en hiver où il pourra couver ses petits.
            Il est évident que nous avons une saison de retard pour les grains, le ferait donc bien de commencer à disposer les tiges de maïs et à planter ses galettes de blé noir en juillet plutôt qu'en août.
            Concernant la citrouille. Cette baie est l'une des préférées des autochtones de l'intérieur de la Nouvelle-Angleterre, ils la préfèrent à la groseille à maquereau pour faire du gâteau aux fruits et, de même, lui accordent la préférence par rapport à la framboise pour nourrir les vaches, parce qu'elle est plus nutritive et extrêmement savoureuse. La citrouille est le seul comestible de la famille de l'orange qui pousse dans le Nord à l'exception de la gourde et d'une ou deux variétés de courge. Mais l'habitude de la planter dans la cour avec le massif d'arbustes passe rapidement de mode, car tout le monde s'accorde à dire que le citrouillier ne donne pas assez d'ombre.
            Maintenant que les chaleurs approchent et que les jars commencent à frayer....
            Cet homme qui m'avait écouté dans un état d'excitation s'est précipité vers moi pour me serrer les mains et me dire :
            - Voilà, voilà... ça suffit. Je sais que j'ai raison maintenant, parce que vous venez de le lire comme je l'ai fait, mot à mot. Mais, étranger, quand je l'ai lu pour la première fois ce matin, je me suis dit que je ne pouvais pas y croire jusque-là, bien que mes amis me gardent sous surveillance, mais à présent je crois bien que je suis fou. Alors, j'ai poussé un hurlement qu'on a pu entendre à deux miles à la ronde, et je me suis mis en route pour tuer quelqu'un... parce que, vous voyez, je savais que cela arriverait tôt ou tard, et donc je pouvais aussi bien commencer maintenant. J'ai encore relu un des paragraphes, pour en être sûr, et ensuite j'ai brûlé ma maison, et je me suis mis en route. J'ai estropié plusieurs personnes et j'ai poussé un gars à grimper dans un arbre, où je peux le retrouver si je veux. Mais je me suis dit que je pourrais passer ici puisque j'étais dans le coin et m'assurer de la chose. Et maintenant que c'est bien certain, je vous dis que c'est une chance pour le type qui est dans l'arbre. J'aurais dû le tuer en revenant. Au revoir, monsieur, au revoir, vous m'avez retiré une sacrée épine du pied.......
            Je me sentais mal à l'aise à cause des blessures et des incendies dont cette personne s'était réjouie...... Mais ses pensées disparurent bien vite car le rédacteur en chef officiel fit son entrée !
( Je pensais par-devers moi " Si vous étiez parti en Egypte comme je vous l'avais conseillé, j'aurais pu avoir une chance de me faire la main...... ) "
            Le rédacteur en chef avait l'air triste, perplexe et abattu.........
            - Regardez-moi ça ! Quel spectacle navrant. La bouteille de colle de poisson est cassée, ainsi que six carreaux, le crachoir et deux bougeoirs. Mais ce n'est pas le pire. La réputation du journal est atteinte, et durablement, je le crains. C'est vrai qu'il n'y avait jamais eu beaucoup de demande pour le journal, qu'il ne s'est jamais autant vendu et n'a jamais atteint une telle célébrité. Mais qui veut être connu pour son aliénation mentale et prospérer grâce aux infirmités de son esprit. Mon ami, parce que je suis un honnête homme, la rue devant est pleine de gens, certains sont perchés sur les barrières et attendent de pouvoir vous apercevoir, parce qu'ils pensent que vous êtes fou....... Mais qui a pu vous mettre dans la tête que vous pouviez diriger un journal de cette nature ? Vous semblez ne pas connaître les premiers rudiments de l'agriculture........ vous parlez de la mue des vaches et vous recommandez la domestication du putois parce que c'est un animal joueur et un excellent chasseur de rats ! Votre remarque au sujet des palourdes, quand vous dîtes qu'elles se tairont si on leur joue de la musique ! Rien ne dérange les palourdes ! Les palourdes sont toujours silencieuses. Les palourdes se fichent éperdument de la musique. Ah ! dieux du ciel, mon ami ! si vous aviez fait de l'acquisition de l'ignorance le sujet d'étude de votre vie, vous n'auriez pu recevoir un plus haut diplôme que celui qui pourrait vous être décerné aujourd'hui. Je n'ai jamais rien vu de pareil, la remarque que vous faîtes au sujet du marronnier commun pour dire que c'est un article de commerce de plus en plus prisé, est tout simplement de nature à détruire ce journal.                                               youtube.com 
Afficher l'image d'origine            Je veux que vous abandonniez votre poste et partiez sur-le-champ. Je ne veux plus de vacances, je ne pourrais pas en profiter......... je perds toute patience chaque fois que je pense à votre papier sur les parcs à huîtres paru sous le titre " Jardins paysagistes "! Je veux que vous vous en alliez......... Oh ! pourquoi ne m'avez-vous pas dit que vous n'y connaissiez rien en agriculture .
            - Vous dire quoi, espèce d'épi de maïs, de chou, de fils d'artichaut vous-même ? C'est la première fois que j'entends une remarque aussi cruelle. Je peux vous dire que je travaille dans l'univers du journalisme depuis quatorze ans et c'est la première fois que j'entends dire qu'un homme doit savoir quelque chose pour publier un journal. Espèce de navet vous-même ! Qui écrit les critiques de théâtre pour les journaux de second rang ? Qui ? Une bande de cordonniers promus et d'apprentis apothicaires qui en savent autant sur le jeu d'acteur que moi sur l'agriculture, et rien d'autre. Qui rend compte des livres ? Des gens qui n'en ont jamais écrit un seul. Qui joue les gros chefs de la finance ? Les groupes qui sont susceptibles de ne rien savoir sur ce sujet. Qui critique les campagnes contre les Indiens ? Des bourgeois qui ne savent pas reconnaître un cri de guerre d'un wigwam et qui n'ont jamais dû courir avec un tomahawk........ Qui éditent les journaux agricoles, patate ? Des hommes, constat général, qui ont échoué dans la poésie, le roman à couverture jaune, à sensation, le drame......... Je me disais que je pouvais arriver à vous faire tirer à vingt mille exemplaires si j'avais disposé de deux semaines de plus, j'y serais parvenu. Et je vous ai amené la meilleure catégorie de lecteurs qu'un journal agricole ait jamais eue, par un seul fermier parmi eux, pas un seul individu qui sache faire la différence entre un pastéquier et un cep de pêche, dût-il le payer de sa vie. C'est vous qui y perdez, dans cette rupture de contrat, pas moi,
pauvre plante à tarte. Adios.
            Et je suis parti.


                                                                                Mark Twain
                                                                                                       1907
                                                                         
         

           

mercredi 28 décembre 2016

Anecdotes et réflexions d'hier pour aujourd'hui 67 Samuel Pepys ( journal Angleterre )

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lemondedesarts.com


                                                                                                                         1er avril 1662

            A l'intérieur toute la matinée et au bureau. A midi, après avoir payé la totalité de ses gages à notre servante Nell restée six mois chez nous et maintenant s'en va définitivement, ma femme et moi à la Garde-Robe où milady et la compagnie avaient presque fini de dîner. Nous prîmes place et dînâmes. Se trouvaient là Mr Harbord fils de sir Charles Harbord, arrivé il y a peu, porteur de lettres de milord Sandwich pour le roi. Après quelque conversation nous nous fîmes souvenir l'un à l'autre que nous nous étions rencontrés à la taverne lorsque Mr Fanshaw me fit ses adieux en partant pour le Portugal avec sir Richard.
            Après dîner, lui et moi, les deux jeunes demoiselles et ma femme allâmes au théâtre, à l'Opéra, vîmes La fille au moulin, assez bonne pièce. Au milieu de la pièce, milady Paulina, qui avait pris une purge le matin, fut obligée de sortir. Aussi je l'accompagnai et l'amenai à la Grange, où je lui envoyai la servante de la maison dans une chambre, et elle fit ce qu'elle désirait. Et retour à la comédie. A la fin je les accompagnai dans leur voiture à Islington, et là, après nous être promenés dans les champs, je les conduisis à la grande maison des gâteaux aux fromages ( cheesecake ) et je les régalai, puis à la maison. Après être resté une heure avec milady, leur voiture nous ramena chez nous, et puis, fatigué, au lit.


                                                                                                                        2 avril

            Mr Moore est venu et nous allâmes à pied à l'Hôpital, une heure ou deux avant l'arrivée du lord-maire et des enfants en manteau bleu. C'est vraiment un beau spectacle que cette charité.. Nous trouvâmes des places et restâmes écouter le sermon. Mais comme c'était un sermon presbytérien, il était si long qu'après plus d'une heure nous partîmes, et je rentrai dîner. Puis ma femme et moi allâmes par le fleuve à l'Opéra où nous vîmes l'Esclave, pièce jouée d'une façon tout à fait excellente, et nous avons beau l'avoir vue très souvent, jamais elle ne m'a tant plu qu'aujourd'hui.......  Nous sommes décidés à ne plus aller au théâtre jusqu'à la Pentecôte, ayant vu trois pièces d'affilée. J'ai rencontré Mr Sankey, Smythes, Gale et Edith à la comédie mais, peu désireux de faire des dépenses, je les y ai laissés. Rentrai et souper, puis je me suis occupé de quelques affaires, et au lit.


                                                                                                                         3 avril

            A la maison et au bureau toute la journée. Le soir au lit.


                                                                                                                           4 avril
jpvest.fr
Buffet            Par le canot major, sir George, les deux sirs William et moi allâmes à Deptford où nous payâmes la solde de l'équipage du " Drake et du Hampshire " au désarmement. Puis dîner. Sir George est allé chez sa femme et sir William Penn à Woolwich, sir William Batten et moi à la taverne où beaucoup de monde est venu nous voir, et notre dîner fut un peu court, parce qu'ils en emportèrent une partie. Puis retournés finir de payer l'équipage du " Hampshire  et du Paradox ", ce qui dura jusqu'à neuf heures du soir. Retour à la maison la nuit, par le canot major sans incident. Et je me suis fait accompagner de Tom Hayter porteur d'une certaine somme que les employés devaient rapporter avec nous dans le canot, les autres demeurant pour régler les billets de solde. Mais ils sont rentrés après nous ce même soir. Rentré, au lit.
            J'ai été fort troublé aujourd'hui en voyant un mort flotter sur l'eau, et cela fait quatre jours, dit-on, sans que personne le retire pour l'enterrer, ce qui est fort barbare.


                                                                                                                           5 avril

            Au bureau jusqu'à près de midi, puis nous nous sommes quittés. Arriva alors sir George Carteret. Nous allâmes nous promener seuls dans le jardin, fîmes des observations sur certaines défaillances du bureau, particulièrement celles de sir William Batten. Et il semblait fort content de moi, ce qui, je l'espère, me promet quelque protection pour l'avenir, ce dont je serai aise. Puis sortis avec ma femme, elle pour aller à la Garde-Robe et y dîner, mais ils avaient dîné. Après ma femme et les deux dames allèrent voir ma tante Wight, puis me retrouvèrent à la maison. De là ( après que sir William Batten et moi eûmes inspectés nos maison avec un ouvrier pour faire surélever nos toits afin d'agrandir nos maisons ) j'allai avec elles en voiture, d'abord à Moorfields où nous nous promenâmes, puis à Islington où nous fîmes une belle promenade dans les champs, et après avoir mangé et bu, je revins avec elles, et retour par le fleuve avec ma femme. Et après souper, au lit.


                                                                                                                        6 avril
                                                                                                  Jour du Seigneur
            Par le fleuve à Whitehall voir sir George Carteret pour lui exposer les raisons du retard des navires que nous avons affrétés pour le Portugal.
            Cela le tracasse beaucoup. Puis à la Chapelle et là, bien qu'elle fut comble, j'entendis un fort honnête sermon prononcé devant le roi par un chanoine de Christ Church, sur ces mots  : " Ayant une apparence de piété mais renonçant... ", etc. Il insista particulièrement sur le péché d'adultère, ce qui, me sembla-t-il, pouvait bien concerner le roi, d'autant plus que cela était introduit de façon forcée dans son sermon, sans rapport avec le texte, me sembla-t-il.
            Puis montai et vis le dîner du roi. Avec sir George Carteret pour dîner avec lui et sa femme, que j'embrassai, et fus fort bien reçu par elle comme nouveau venu, elle semble femme de bien. Et toute leur conversation, fort nourrie, porta sur leurs souffrances et leur service pour le roi. Mais non sans être un peu chagrinés de voir que certains, qui leur ont de grandes obligations, maintenant les négligent, et que d'autres sont fort attentifs alors qu'ils n'ont pas reçu grand-chose d'eux.
            Et je crois que c'est quelqu'un qui a bien servi le roi.
            De là promenade dans le parc où le roi et le Duc faisaient un tour de promenade. Quand je me trouvai fatigué j'allai prendre le canot pour Milford Stairs. Puis dans les allées de Gray's Inn, la première fois que je m'y suis rendu cette année, et c'est fort agréable et plein d'excellente compagnie. Quand je fus fatigué l'allai à la Garde-Robe et demeurai là un moment avec milady, puis à l'appontement de Saint-Paul où mon canot m'attendait pour rentrer par le fleuve. Et souper avec ma femme et sir William Penn. Et à la maison et au lit.


                                                                                                              7 avril 1662
                                                                                                                   aparences.net 
Afficher l'image d'origine            Par le fleuve à Whitehall et de là à Westminster où j'attendis longtemps à la porte du Parlement pour parler avec Mr Coventry, ce qui me contraria. De là aux Lords où je restai dans la Chambre tandis que les évêques et les lords attendaient l'arrivée du chancelier. On nous fit alors sortir et eux allèrent à la prière.
            Puis arrive un évêque et tout en s'habillant il dit à son laquais d'écouter à la porte pour savoir où en était l'office. Mais cet homme lui dit quelque chose sans pouvoir lui dire où ils en étaient. L'évêque se contenta de rire, et ils entrèrent. Mais, Dieu me pardonne ! j'ai bientôt raconté cela à d'autres, leur disant que cet homme avait dit qu'il s'agissait de sauver leurs âmes, mais qu'il ne savait pas où dans l'office cela se trouvait.
            J'envoyai un billet à milord du Sceau privé, et il sortit me trouver et je le priai de me donner un autre suppléant à cause de la grande besogne que me donne la Marine ce mois-ci. Mais il me dit qu'il ne pouvait rien faire sans le consentement du roi, ce qui me contraria. Puis chez le Dr Castle où j'eus promesse de son commis que son maître prendrait ma place le lendemain.
            De là par le fleuve chez Tom et là, avec ma femme prîmes une voiture et allâmes à l'ancienne Bourse où, après avoir acheté six grandes cravates de toile, je l'envoyai à la maison. Moi-même allai rejoindre mon oncle Wight et Mr Rawlinson, et en leur compagnie allai dîner chez ce dernier. Eûmes un bon dîner de mets froids et de bon vin. Mais j'eus la cervelle troublée après le peu de vin que j'avais bu. Retour au bureau je me promis de ne plus prendre qu'un seul verre de vin par repas jusqu'à Pentecôte, quoi qu'il arrive.
            Mrs Bowyer et ses filles étant chez moi, je m'abstins d'aller les trouver ayant du travail et la cervelle troublée, et je restai dans mon bureau jusqu'au soir. Je me promenai alors sur la terrasse avec ma femme, puis allai dans mon cabinet, et au lit.
            La grande rumeur c'est que les Espagnols et les Hollandais projettent d'attaquer le Portugal par la mer à Lisbonne dès que notre flotte sera partie. Ce qui veut dire que notre flotte ne reviendra sans doute pas avant deux ou trois mois, ce qui, je l'espère, est faux.


                                                                                                            8 avril

            Levé très tôt et au bureau jusqu'à midi. Puis dîner, et arrivent l'oncle Fenner et les deux Joyce. Je fis chercher une bourriche d'huîtres et une poitrine de veau farcie, et nous fûmes fort gais. Mais je ne puis avaler leur sotte et impertinente compagnie. Après dîner de nouveau au bureau, puis le soir en voiture à Whitehall et, Mr Coventry étant absent, je lui mis par écrit mon affaire du bureau, car il faisait presque nuit, et je repartis. Pris ma femme en passant pour la ramener. Et à Ludgate Hill, comme on s'arrêtait, j'achetai deux gâteaux qui firent notre souper à la maison, et au lit.


                                                                                                          9 avril

            Sir George Carteret, les deux sirs William et moi-même au bureau toute la matinée à apurer les comptes de l'entrepreneur des subsistances. Et à midi, pour dîner, au Dauphin où il y avait une bonne échine de boeuf et autre bonne chère.
            Pendant le dîner sir George me montra un récit en français de la grande famine qui est extrême dans certaines parties de la France en ce moment, ce qui est fort étrange.
            Puis j'allai à la Bourse voir Mrs Turner, que je trouvai malade, au lit. Et en plusieurs autres endroits pour affaires. Et retour, souper et au lit.


                                                                                                          10 avril
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Afficher l'image d'origine            A Westminster par le fleuve avec les deux sirs William, et nous traitâmes plusieurs affaires. Puis à la Garde-Robe dîner avec Mr Moore. Hier est arrivé le colonel Talbot avec des lettres du Portugal, disant que la reine est décidée à s'embarquer pour l'Angleterre cette semaine.
            Puis au bureau tout l'après-midi. Milord Windsor vint s'entretenir de ses affaires et prendre congé de nous, puisqu'il doit partir comme gouverneur de la Jamaïque avec la flotte qui est sur le départ.
            Resté tard au bureau. A la maison, tout préoccupé des affaires, et au lit.


                                                                                                              11 avril

            Levé de bonne heure pour jouer du luth et chanter. Puis, vers six heure, allai avec sir William Penn par le fleuve à Deptford dans le groupe de navires sur le point de partir pour le Portugal avec des hommes et des chevaux, pour veiller à la mise en route. Puis à Greenwich et belle marche agréable jusqu'à Woolwich en compagnie du commandant Myngs, dont je goûtai fort la conversation, en langage choisi mais assez agréable pourtant. Entre autres, lui et les autres capitaines me disent que les nègres noyés sont blancs et perdent leur couleur noire, ce qu'on ne m'avait jamais dit.
            A Woolwich allées et retours pour la même affaire. Puis à Greenwich par le fleuve, et là, tandis qu'on nous préparait quelque dîner, sir William et moi sommes allés marcher dans le parc où le roi a planté des arbres et taillé dans la colline un escalier qui monte au château-fort, ce qui est fort splendide. Puis parcourûmes le palais où l'on répare les appartements de la reine.
            Puis dîner au Globe et le commandant Lambert, du bateau de plaisance du Duc, vint nous trouver pour le dîner. Et nous avons été fort gais, et sommes revenus à la maison. Je me rendis à la Bourse dans la soirée et je parlai à l'oncle Wight. Puis à la maison et me promenai avec ma femme sur la terrasse jusque tard. Et au lit très fatigué, ce que je suis rarement.


                                                                                                          12 avril

            Au bureau toute la matinée. Ou entre autres, exaspéré par quelque impertinence de sir William Batten, je l'ai appelé " déraisonnable ", ce qui le mit en colère, comme moi, mais je ne crois pas que nous serons vraiment fâchés.
            Après dîner allai en différents lieux pour affaires et à la maison où j'ai écrit des lettres dans mon bureau et une à Mr Coventry, et terminai en m'excusant de ne pas aller lui rendre mes devoirs aussi souvent que d'autres, faute de temps. A la maison, et au lit.


                                                                                                              13 avril
                                                                                         Jour du Seigneur            
            Le matin à Saint-Paul où j'ai entendu un assez bon sermon, puis dînai avec milady à la Garde-Robe, et après une longue conversation avec elle j'allai à l'église au Temple où j'en entendis un autre
et alors, un jeune garçon en s'endormant tomba à terre du haut d'un siège élevé, manquant de se rompre le cou, mais sans se faire de mal.
            De là au jardin de Gray's Inn où je rencontrai Mr Pickering et me promenai avec lui deux heures, jusqu'à 8 heures, jusqu'à être tout à fait fatigué. Son entretien portait surtout sur l'orgueil de la duchesse d'York et comment toutes les dames sont jalouses de Mrs Castlemaine. Il doit se rendre à Portsmouth à la rencontre de la reine cette semaine, ce qui est à l'heure actuelle le grand sujet de conversation et d'attente de la ville.                                                           jpvest.fr
Afficher l'image d'origine            Retour à la maison et, à peine arrivé, sir William Batte, vient me trouver, m'apporte un papier qui vient de Field, qui nous a déjà causé beaucoup de tracas au bureau, C'est une violente pétition adressée au roi contre notre bureau pour n'avoir pas fait justice à sa dénonciation d'un détournement au préjudice des magasins du roi commis par un certain Turpin. J'amenai sir William chez sir William Penn arrivé depuis peu de Walthamstow, et nous discutâmes ce papier. Mais nous n'avons guère de crainte, le roi le renvoyant au duc d'York. Nous avons pris quelques verres de vin et retour à la maison et au lit, ma femme étant déjà couchée.              


                                                                                                            14 avril

            Comme j'étais fatigué hier soir je suis resté très longtemps au lit ce matin, à parler avec ma femme et à la convaincre d'aller à Brampton et d'emmener Sarah la semaine prochaine pour guérir sa fièvre par le changement d'air. Nous sommes tombés d'accord en tous points là-dessus.
            Nous nous levâmes et dînâmes à midi, et puis nous sommes allés chez le peintre où je posai pour la dernière fois pour mon portrait qui, je l'espère, me satisfera. Puis à Paternoster Row pour faire des emplettes en vue du départ de ma femme.
            A la maison et promené sur la terrasse avec ma femme. Et je ne sais si c'est qu'elle soupçonne quelque chose, mais elle ne veut plus du tout aller à Brampton. Ce qui me tracasse quelque peu, et pourtant toute mon intention était d'être plus libre d'aller à Portsmouth quand les autres iront verser la paie des arsenaux, ce qui sera bientôt. Mais je partirai si je le puis.
            Souper et au lit.


                                                                                                           15 avril 1662

            Au bureau toute la matinée. Dînai à la maison. De nouveau au bureau l'après-midi pour envoyer des lettres et à la maison et en voiture avec ma femme à la nouvelle Bourse pour faire des emplettes pour elle. Nous avons vu des jupes de taffetas dernier cri, avec une large dentelle noire appliquée sur le bord et sur le devant, fort élégantes, et ma femme désire en acheter une. Mais nous n'en avons pas acheté à ce moment. Mais de là chez Mrs Bowyer avec l'idée de lui parler d'emmener notre Sarah à Huntsmoore un certain temps pour lui ôter sa fièvre. Mais nous n'en eûmes pas l'occasion, et nous sommes rentrés, et au lit.



                                                                               à suivre
                                                                                            16 avril...........
            Levé de.........


                                                                                                                                                                   


         

mardi 27 décembre 2016

Le vieux saltimbanque Jim Harrison ( autobiographie EtatsUnis )


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                                                                   Le vieux saltimbanque

            Romancer son autobiographie, se promener au fil de ses souvenirs, de ses balades, de ses rencontres, la dernière est d'ailleurs le début d'une fin prévue passée soixante dix ans, l'absence de désir devant les cuisses et le reste d'une jolie fille court vêtue. Pourtant tout jeune garçon il savait déjà que laisser grimper à l'échelle de la grange sa jeune cousine mennonite n'était pas très élégant certes mais le voyeur espérait ce qu'il ne vit pas. Jim Harrison dans ce dernier livre paru un mois avant sa mort raconte à sa façon, réaliste et poétique, les hommes, les femmes, la flore et la faune. Un plaisir de lecture. Auteur tôt reconnu en France, avant même son pays où il gagna quelque argent grâce aux scénarios, il en vint à penser accomplir deux derniers voeux : voyager en France pour boire et manger notamment à Toulouse plusieurs cassoulets, ce qui il reconnaît cela fait beaucoup de haricots, à Arles, parce que Van Gogh, Gaugin et le problème de l'oreille coupée. Le second était la possession d'un cochon, Harrison a une enfance pauvre, il gagnait quelques centimes en aidant à tous les travaux possibles dans un bourg du Michigan. Le hasard et l'une de ses si nombreuses haltes dans un bar, et pour 300 billets une belle truie est livrée trois jours plus tard dans l'enclos agrandi de sa maison proche de la frontière mexicaine. Une belle truie et trois jours plus tard neuf petits porcelets, certain promené comme un bébé. Mais l'auteur s'empare de ses souvenirs d'enfant, gros lecteur, malgré son oeil trop blessé pour être guérissable, il lit tout et " ..... ces livres l'encouragèrent à pense le monde de manière plus organisée...... Par exemple parce qu'il était entré en religion en été il se dit que Dieu était sorti de la terre et venu à lui à travers ses pieds. Pourquoi pas ? ..... il lui semblait parfois recevoir des messages par les pieds..... " Jim Harrison est un poète, il est d'ailleurs mort, dit-on, dans son studio à sa table écrivant un poème, et nous conte la bataille des mots, des verbes, de la phrase. Jim Harrison a beaucoup pêché, à la mouche pas avec les gros crochets, chassé et dégusté avec un plaisir évident les animaux à poils er les oiseaux, cependant il demeurait un grand admirateur du perroquet bleu rieur du Mexique que l'on croyait disparu mais semble réapparaître. Quitté avec regret le livre du vieux saltimbanque, 

jeudi 22 décembre 2016

Joséphine Baker Catel et Bocquet ( B.D. France )


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                                                Joséphine Baker

            Naître en 1906 aux USA à Saint Louis, Missouri, noire, très pauvre et pourtant devenir et demeurer une gloire internationale 50 ans durant, fut le destin de Freda Joséphine Mc Donald. Sa mère abandonnée dès l'annonce du bébé, la petite fille, pleine de gaieté et semblait-il de frivolité, grandit entre sa tante, son beau-père et ses frères et soeurs, écolière épisodique, placée à 10 ans, épisode malheureux mais qui ne dura pas. Elle dansait et grimaçait, se maria, pas tout à fait, à 13 ans et se produisit dans de petites troupes. Elle dansait, rien ne pouvait l'en empêcher; ne put être engagée comme danseuse chanteuse vedette avant l'âge légal, mais obtint ce qu'elle voulait peu de temps après, elle se maria, elle avait 16 ans. Enfant toujours son conte préféré fut Cendrillon, elle en réclama la lecture longtemps. Elle supporta les déceptions, mais elle dansait et chantait avec un allant qui la fit aller de l'avant, rencontrant les femmes et les hommes les plus connus des années 30. En 1925 engagée à Paris elle rencontre Sydney Bechet, Le Corbusieur, compagnons d'un moment. L'un d'eux lui dit " ...... On vient au monde seul et on le quitte seul, mais pour t'accompagner sur ce long chemin, il y a un truc, la musique. Grâce à elle, le long de cette route il y a des moments merveilleux mais aussi de grandes souffrances.... " Joséphine prit les moments merveilleux, chaleureuse elle fut l'amie de Paul Colin,il lui fit adopter un tigre outre les nombreux animaux domestiques,  de Colette et traversa la route d'Hémingway, de Simenon à ses débuts, marié.  Avant son départ, divorcée, remariée à Willie Howard Baker elle vécut libre néanmoins à Paris qui l'adopta rapidement. Plus tard elle divorça mais demanda à son ex-époux de conserver son nom. Ses nombreux compagnons de route, même Jo Bouillon musicien et chef d'un orchestre conséquent, furent appelés Monsieur Baker. Elle gagna beaucoup d'argent et en dépensa encore plus. Généreuse, large d'esprit elle n'admit jamais la ségrégation qu'elle retrouva lors de tournées aux USA. Engagée
pendant la guerre, elle espionne et chante partout " J'ai deux amours, mon pays et Paris, Paris... " fidèle à la France. Elle rêve d'une famille multicolore, achète des châteaux, revend le Beau-Chêne et garde les Milandes, où elle et Jo Bouillon élèvent 12 enfants, de toutes les couleurs de peau, de religion, orphelins de différents pays : La Tribu Arc-en-Ciel. N'écoute personne, et se retrouve ruinée. Mais la princesse Grace de Monaco saura sauver le petit monde et leur trouve un logement à Roquebrune. Joséphine Baker retrouve la scène et Paris engagée par Jean-Claude Brialy. Elle meurt à 69 ans sans avoir pratiquement quitté la scène. Ce gros volume, biopic bien venu sur une femme, elle fut décorée par le général de Gaulle qui assista à son spectacle accompagnée de son épouse, une vedette, des personnalités aujourd'hui quelque peu oubliées. Toute une époque.