samedi 10 août 2019

Le Nom Germain Nouveau ( Poème France )



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                              Le Nom

            Je porte un nom assez... bizarre,
            Tu diras : " Ton cas n'est pas rare "
             Oh!... je ne pose pas pour ça,
             Du tout... mais... permettez, Madame,
             Je découvre en son anagramme :
             Amour ingénue, et puis : va !

             Si... comme un régiment qu'on place
             Sous le feu... je change la face...
             De ce nom... drôlement venu,
             Dans le feu sacré qui le dore,
             Tiens ! regarde... je lis encore :
              Amour ignée, et puis : Va, nu !
                 
              Pas une lettre de perdue !
              Il avait la tête entendue
              Le parrain qui me le trouva !
              Mais ce n'est pas là tout, écoute !
              Je lis encor, pour Toi, sans doute :
              Amour ingénu, puis : Eva !

              Tu sais... nous ne sommes... peut-être
               Les seuls amours... qu'on ait vus naître ;
               Il en naît... et meurt tous les jours ;
               On en voit sous toutes les formes,
                Et petits, grands... et même énormes,
                Tous les hommes sont des amours.

                 Pourtant... ce nom me prédestine...
                 A t'aimer... ô ma Valentine !
                 Ingénument, avec mon corps,
                 Avec mon coeur, avec mon âme,
                 A n'adorer que Vous, Madame,
                 Naturellement, sans efforts.

                  Il m'invite à brûler sans trêve,
                  Comme le cierge qui s'élève
                  D'un feu très doux à ressentir,
                  Comme le cierge dans l'Église ;
                  A ne pas garder ma chemise,
                  Et surtout... à ne pas mentir.

                   Et si c'est la mode qu'on nomme
                   La compagne du nom de l'homme,
                   J'appellerai ma femme : Eva.
                   J'ôte E je mets lent, j'ajoute ine
                   Et cela nous fait : Valentine !
                   C'est un nom chic ! et qui me va !

                   Tu vois comme cela s'arrange.
                    Ce nom, au fond, est moins étrange
                    Que de prime abord il n'a l'air.
                    Ses deux majuscules G. N.
                     Qui font songer à la Géhenne
                     Semblent les Portes de l'Enfer !

                      Eh, bien !... mes mains ne sont pas fortes,
                      Mais Moi, je fermerai ces Portes,
                      Qui ne laisseront plus filtrer                                               123rf.com
                       Le moindre rayon de lumière,
                       Je les fermerai de manière
                       Qu'on ne puisse jamais entrer.

                        En jouant sur le mot Géhenne
                        J'ai, semble-t-il dire, la Haine,
                        Et je ne l'ai pas à moitié,
                        Je l'ai, je la tiens, la Maudite !
                        Je la tiens bien, et toute, et vite,
                        Je veux l'étrangler sans pitié !


                         Puisque c'est par Elle qu'on souffre,
                         Qu'elle est la bête aux yeux de soufre,
                          Qu'elle n'écoute... rien du tout,
                          Qu'elle ment, la sale mâtine !
                           Et pour qu'on s'aime en Valentine
                           D'un bout du monde à l'autre bout.


                                   Germain Nouveau
                                            

mardi 6 août 2019

Ghost in Love Marc Lévy ( Roman France )


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                                          Ghost in Love 

            Thomas, pianiste parisien, entre deux concerts à l'étranger, rend visite à sa mère. Dans ce bel appartement haussmannien, sur les conseils maternels il se rend dans la bibliothèque à la recherche d'un paquet de cigarettes. Erreur volontaire, ou indifférence il fume, quelques bouffées mais elles suffisent, ces cigarettes au goût violent, interdites. Sous le choc peut-être, il voit son père, mort depuis cinq ans, assis dans son fauteuil préféré. Séparé de sa mère depuis dix ans, Raymond a une requête qui lui tient à coeur. Bien que Thomas s'en défende il converse avec son père, l'avoue à sa mère qui, bonne vivante, a de longue date accepté les écarts de son ex-époux. Pensant que l'effet des quelques bouffées seront bientôt effacées il se rend salle Pleyel où il joue ce soir-là. Quelques mesures sautées, un chef d'orchestre furieux et Rachmaninoff égratigné entre autres, ont empoisonné la soirée. Raymond était là, souriant, assis sur les genoux d'une spectatrice. Raymond connu pour ses nombreuses conquêtes, est un fantôme amoureux, têtu, bougon, chirurgien de son vivant, autoritaire. Un fantôme amoureux d'une femme avec qui, hors des rencontres avec leurs enfants autour d'un manège, et 20 ans de rapports uniquement épistolaires. Le mari de Camille suspicieux a préféré transféré sa famille à l'autre bout de la planète. Et c'est à San Francisco que Thomas doit porter les cendres de ce père-fantôme-amoureux où Camille sera incinérée deux jours plus tard, et alors que le pianiste devra se produire à Varsovie. Le dialogue père-fils est drôle. le rapport enfant-parents assez juste. L'enfant reprochant au père sa froideur celui-ci réplique " tu n'aimais que ta mère ". Thomas nerveux, coincé, il craint la présence du fantôme lors de ses concerts, Raymond goguenard, le voyage en avion est savoureux. Et toujours la mise au point entre les deux générations. A San Francisco logement chez l'habitant et circulation dans la ville jusqu'au Columbarium. Raymond ronchon refuse de répondre sur cet " après " s'il existe vraiment, qui interdit les explications sur les restrictions au fantôme amoureux, enfin tout renseignement sur l'au-delà, mot qualifié de foutaise par le mort-fantôme. Déambulation, rencontres, messe très musicale et colorée. Drôle, il y a de l'esprit presque à chaque page. Pour tous, absolument.













vendredi 2 août 2019

Comment savoir si VOTRE CHAT CHERCHE A VOUS TUER Matthew Inman ( BD EtatsUnis )


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                                                   Comment savoir si
                                                                                                 
                                       Votre CHAT cherche à vous tuer
                                                                                                                                                                                                                                                                                           
             Délicieux, drôle et réaliste. Matthew Inman web designer à Seattle propose sur son blog Theoatmeal  des histoires de chats. Millionnaire en... visites, primé par le NewYork Times, voici réunies les aventures de deux tyrans Jacky voluptueux et gourmand chat joliment cravaté et son compère dans les rôles de DRH, ou presque, chats rêveurs, mais surtout hostiles à l'ordinateur accapareur de toute l'attention d'un maître oublieux des câlins obligatoires. Les attitudes et les réactions du chat sont à elles seules un ticket d'entrée pour l'album. Bien sûr il faut les aimer ces chats d'appartement, quoique, l'humour sélectionne aussi ses lecteurs.

                       theoatmeal.com                                                                   

La dernière des Stanfield Marc Lévy ( Roman France )


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                                                         La dernière des Stanfield

            L'avant-dernier roman de Marc Lévy, le18è en 17 ans. Eléanore-Rigby journaliste au National Geographic, a 35 ans, habite Londres. Son frère jumeau, homme délicat, grand lecteur travaille dans une bibliothèque et vit en couple avec Véra la directrice de son bureau. Maggie leur soeur cadette, 34 ans en relation avec Fred. Michel et Maggie vivent en banlieue pas très éloignés de leur père qu'ils aiment tous trois, veuf. Ce jour-là Rigby reçoit une lettre anonyme qui lui conseille de chercher le trésor que leur mère, morte brutalement au restaurant le visage dans sa coupe dessert, a caché. Le secret lui est fortement conseillé, Un trésor ? Le secret de la lettre sera vite partagé, le doute s'installe. Et les trois enfants s'aperçoivent, entre deux discussions un peu vives qu'ils ne connaissent presque rien du passé de leur mère avant leur naissance. Pourquoi ce silence, pudeur, indifférence. De chapitre en chapître l'auteur creuse les sentiments de cette famille et les découvertes que chacun gardait. Et de nouveaux personnages apparaissent que la mère Sally-Ann a pu connaître. 1943. Aux EtatsUnis un jeune homme décide de s'engager, contre la volonté de ses parents. Robert Stanfield. En contact avec la résistance, il se retrouve dans la forêt de Montauban, où il rencontre Sam Goldstein galeriste important américain et sa fille Hannah, cachée épisodiquement, au fond d'un tunnel dans une cave. Des incidents dramatiques, des fuites, un bateau à Tanger et retour aux EtatsUnis. Qui sont les Stanfield ? La société des grands collectionneurs de tableaux, microcosme où tout se sait. Peu à peu les recherches se creusent, sans découvertes, si ce n'est que maman Sally est en fait née à Baltimore, a mené une vie de femme libre, têtue et amoureuse d'hommes et d'une femme, May qui a eu un fils, mais qui est le père, question que Georges-Harrison ( double hommage aux Beattles avec Rigby ) se pose, il a 35 ans est menuisier à Magog, dans un coin de forêt canadienne, et reçoit une lettre anonyme similaire à celle que Eléanore-Rigby reçut à Londres. Qui est le corbeau ? Quels sentiments vont ressurgir, poussés par le désir de connaître le passé de leurs parents, les ramifications vont les éloigner et les rapprocher s'ils trouvent la solution, le trésor caché, et les secrets de famille. Ce gros roman tient bien son lecteur. Bien écrit il ne le laisse pas du tout indifférent. 

Rondeau 271 Ballade 43 Rondeau 273 Charles d'Orléans ( Poèmes France )

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                                      Rondeau 271
  
            Pourquoi faut-il que ce soit plutôt moi
            Qui supporte la pression de Fortune ?
            Partout je crie : " Réconfort ! Réconfort ! "
            Mais c'est en vain : je n'ai pas de réponse.

            Dois-je toujours naviguer sur les fonds
            Du pur chagrin, sans venir à bon port ?
            Pourquoi faut-il que ce soit plutôt moi
            Qui supporte la pression de Fortune ?
                                                                                                             
            J'appelle aussi, cherchant dans tous les coins,                                video-streaming.orange.fr 
Afficher l'image d'origine            Loyal Espoir, mais je pense qu'il dort,
            Ou fait semblant, je crois bien, d'être mort.
            J'ignore où sont Espoir et Réconfort :
            Pourquoi faut-il que ce soit plutôt moi ?


                                            Rondel Orleans

            Pourquoy moy, plus que les autres ne font,
            Doy je porter de Fortune l'effort ?
            Partout je vois criant : " Confort ! Confort ! "
           C'est pour nient : jamais ne me respont.

            Me couvient il tousjours ou plus parfois
            De dueil nager, sans venir à bon port ?
            Pourquoy moy, plus que les autres ne font ?

            J'appelle aussi, et en bas et amont,
            Loyal Espoir, mais je pense qu'il dort,
            Ou je cuide qu'il contrefait le mort.
            Confort n'Espoir, je ne sçay ou ilz sont :
            Pourquoy moy, plus que les autres ne font ?


                                                    Charles d'Orléans


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                                              Ballade 43

            Mon coeur est devenu ermite
            A l'ermitage de Pensée,
            Car Fortune, la très odieuse,
            Qui le hait depuis des années,
            A récemment fait alliance
            Avec Tristesse contre lui :
            Elles l'ont banni d'Allégresse.
            Il est interdit de séjour
            Sauf au bois de Mélancolie.
            Il se plaît à y habiter :
            Je lui dis que c'est insensé !

            Je lui ai dit beaucoup de choses,
            Il ne les a pas écoutées.
            Mon discours ne lui sert à rien,
            Son intention est arrêtée :
            La changer serait malaisé.
            Il se règle sur Anxiété
            Qui, contre son profit, ne cesse
            Nuit et jour de le conseiller.
            Elle l'accompagne si bien
            Qu'il ne peut quitter son tracas :
            Je lui dis que c'est insensé !
                                                                                                                                cetad.cef.fr
Afficher l'image d'origine            Sachez donc - je fais mon devoir -
            Belle, aimée très loyalement,
            Que, s'il n'a de lettre ou de nouvelle
            Ecrite ou adressée par vous,
            Qui puisse alléger sa douleur,
            Il a fait le voeu et promis
            De renoncer à la richesse
            De Plaisir et de Pensée Tendre,
            Puis de porter toute sa vie
            La tenue de Désolation :
            Je lui dis que c'est insensé !

                                           Envoi

            Si ce n'est pas vous, belle unique,
            Mon coeur, quoi que j'aille lui dire,
            Refuse d'être consolé :
            Je lui dis que c'est insensé !


                                          Balade XLIII

            Mon cueur est devenu hermite
            En l'ermitage de Pensee
            Car Fortune, la tresdepite,
            Qui la hay mainte journee, 
            S'est nouvellement alïee
            Contre lui aveques Tristesse,
            Et l'ont banny hors de Lyesse.
            Place n'a ou puist demourer
            Fors ou boys de Merencolie.
            Il est content de s'i logier ;
            Si lui dis je que c'est folie.

            Mainte parolle lui ay ditte,
            Mais il ne l'a point escoutee.
            Mon parler riens ne lui proufite,
            Sa voulonté y est fermee :
            De legier ne seroit changee.
            Il se gouverne par Destresse
           Qui, contre son prouggit, ne cesse
           Nuit et jour de le conseiller.
           De se pres lui tient compaignie
           Qu'il ne peut ennuy delaissier ;
            Si lui dis je que c'est folie.

            Pource sachiez, je m'en acquitte,
            Belle tresloyaument aimee,
            Se lectre ne lui est escripte
            Par vous ou nouvelle mandee,
            Dont sa doleur soit allegee,
            Il a fait son veu et promesse
            De renoncer a la richesse
            De Plaisir et de Doulx Penser
            Et aprés ce, toute sa vie,
            L'abit de Desconfort porter ;
            Si lui dis je que c'est folie.

                                   L'envoy

            Se par vous n'est, belle sans per,
            Pour quelque chose que lui die,
            Mon cueur ne se veult conforter ; 
            Si lui dis je que c'est folie.

                                                Charles d'Orléans


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                                                Rondeau 273

            C'est à se briser la tête
            De réprimander Fortune
            Qui ne se résout à rien.

            Il faudrait être bien bête
            C'est à se briser la tête
            De réprimander Fortune.

            Vient-elle à donner sa fête,
            Elle fait danser les uns ;
            Les autres, elle les maltraite :
            C'est à se briser la tête.


                                       Rondel Orleans

            C'est pour rompre sa teste
            De Fortune tanser,
            Qui a riens ne s'areste.

            Trop seroit fait en beste :
            C'est pour rompre sa teste.

            Quant elle tient sa feste,
            Lez aucuns fait danser
            Et les autres tempeste :
            C'est pour rompre sa teste.


                                         Charles d'Orléans    
            
   

         



samedi 27 juillet 2019

Contrerimes IV Paul-Jean Toulet ( Poèmes France )


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                                         Contrerimes
                                                                    Princes de la Chine ( suite )

            b )  Mgr Pou n'aime ici bas
                           Que le sçavoir antique,
                   Ses aïeux, et la politique
                            Du Journal des Débats.                                     miammiam63.skyrock.com
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                    Elle qui naquit sous le feutre
                             Des chevaliers mandchous,
                    Sa femme a le coeur dans les choux :
                              Dieu punisse le neutre !     

                     Mgr Pou, mauvais époux,
                               Tu cogites sans cesse.
                      Pas tant de g. pour la Princesse :
                                Fais-lui des petits Pous.

            c )    Sous les pampres de pourpre et d'or,
                              Dans l'ombre parfumée,
                     Ivre de songe et de fumée,
                               Le Prince Lou s'endort.

                                                     
                                                                   Paul-Jean Toulet

                   

samedi 20 juillet 2019

Le vent reprend ses tours Sylvie Germain ( Roman France )


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                                               Le vent reprend ses tours

            Nathan observe un drôle d'oiseau, un ibis peut-être, en fait non. Nathan interpelle l'homme-oiseau monté sur des échasses, affublé d'un masque au long bec. Nathan a des problèmes d'élocution, est souvent moqué en classe. Mais le quadragénaire et l'enfant, il a neuf ans, se lient d'amitié. L'enfant, fils unique d'une mère surprise par l'arrivée de ce petit garçon, arrivée inracontable, hors de l'ordinaire " Grossesse escamotée....... Son corps lui est devenu aussi étranger que l'enfant qu'il avait dissimulé...... " Nathan aime la solitude, pas du tout les quelques jours de vacances annuelles chez ses grands-parents maternels, enfance sans père, il se promène dans les rues de Paris, observe. Mais la mère et le fils se parlent peu, plus tard ils se reprocheront leur distance, leur manque de compréhension réciproque, et de ce fait le rapprochement, l'amitié nouée entre Nathan et Gavril. Amitié prudente d'abord de l'homme. Il parle une langue rugueuse avec un accent qui le situe loin. Gavril est prudent, il craint des confidences mal interprétées, et un jour c'est l'accident. L'auteur utilise les allers-retours pour nous raconter surtout la vie de Gavril. Rom ou tzigane par sa mère, il connaît les guerres, les déportations. Sylvie Germain rappelle qu'en Roumanie les Roms furent arrêtés et déportés. Camps allemands, camps russes. Quel est leur espace, où leurs terres ? Gavril enfant a été récupéré par un grand-père roumain aussi mais depuis plusieurs générations propriétaire terrien. A Paris " Gavril était un grand marcheur, et lecteur. Il déambulait dans la ville comme dans un livre, il la feuilletait dans tous les sens. Il considérait en effet les villes à l'égal de livres débrochés, aux pages éparses....... " Gavril cite les poètes et nourrit Nathan de poésies " Il était une sorte d'anthologie poétique vivante........- On prétend que les plus beaux poèmes sont ceux que l'on n'a pas écrits......... "
            Plus tard à la suite de l'accident, et pour en finir avec la haine qu'il voue à sa mère, Nathan refait le parcours de Gavril. Voyage initiatique. De la côte normande à Timisoara, de l'Ukraine aux forêts roumaines, Nathan libéré de toute attache matérielle cherche. Et chacun trouve dans ce livre toute la complexité de vie des migrants et de chacun. Bonne lecture


































mercredi 17 juillet 2019

Mozart Lettres à sa soeur 15 ( Correspondance Allemagne )

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                                  Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg

                                                                                                             Milan 26 décembre 1772
                                                                                                           
            Nous venons juste de finir de déjeuner chez madame d'Asti d'où j'écris maintenant, elle vous fait ses compliments. Dans 2 ou 3 heures commence l'opéra. Dieu nous aide ! La répétition générale avant-hier a si bien marché que nous espérons un grand succès. La musique elle-même dure 4 heures, sans les ballets............... La De Amicis est notre meilleure amie. Elle joue et chante comme un ange et est très heureuse que Wolfgang l'ait si bien servie. Vous seriez bien étonnées de l'entendre, de même que tout Salzbourg ! Nos compliments à vous, à nos bons amis et amies à la maison et au-dehors, nous vous embrassons 10 000 fois, et je suis, en hâte, le vieux
                                                                                                                   Mzt


                                   Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg

                                                                                                             Milan 2 janvier 1773n

            Bonne année !
            J'ai oublié la dernière fois de vous souhaiter le nouvel an. En effet j'étais non seulement pressé, mais également distrait et ailleurs par la pensée, car j'écrivais juste avant de me rendre au théâtre. L'opéra s'est bien passé, malgré divers incidents contrariants qui se sont produits le premier soir. D'abord l'opéra qui commence généralement une heure après l'Angélus n'a débuté que 3 heures plus tard, c'est-à-dire vers 8 heures seulement, à l'heure allemande, pour ne se terminer qu'à 2 heures du matin. L'archiduc qui n'avait fini de déjeuner que peu avant l'Angélus, avait encore à écrire de sa propre main 5 lettres de voeux de nouvel an à S. M. l'Empereur et à l'Impératrice, et N.B. il écrit très lentement.
            Imagine-toi maintenant le théâtre si plein dès 5 heures et demie, que personne ne pouvait trouver de place. Les chanteurs et chanteuses sont toujours dans les affres le premier soir d'avoir à se produire devant un public si distingué, et durant 3 heures leur inquiétude ne fit qu'augmenter.. L'orchestre et le public impatients et échauffés durent attendre, en partie, debout que l'opéra puisse commencer.
            Deuxièmement - Il faut savoir que le ténor que nous avons dû engager est un chanteur d'une église de Lodi qui ne s'est jamais produit sur une scène aussi prestigieuse. Il n'a joué un rôle de primo ténor que deux fois à Lodi et n'a été engagé que 8 jours avant la création de l'opéra. Dans le premier air de la prima donna celle-ci le pousse à faire un mouvement de colère. Il exagéra tellement ce geste qu'il sembla vouloir la gifler ou lui arracher le nez avec son poing, ce qui fit rire le public. Dans le feu de l'action Sigra De Amicis ne remarqua pas tout de suite pourquoi le public riait, elle se crut visée et ne comprit tout d'abord pas de qui on se moquait, si bien qu'elle chanta mal toute la soirée. D'autant plus que la jalousie s'en mêla car l'archiduchesse applaudissait dès que le primo uomo paraissait sur scène. C'était un tour du castrat. Il s'était arrangé pour qu'on rapporte à l'archiduchesse qu'il avait un tel trac qu'il ne serait pas en état de chanter, à moins que la cour ne lui donne du courage en l'applaudissant. Pour consoler la De Amicis Leurs Altesses Royales la convièrent à la cour dès le lendemain et lui accordèrent une audience d'une heure entière. C'est alors seulement que l'opéra commença à bien marcher. Le théâtre est d'habitude assez vide pour le premier opéra de la saison, mais il a été si bondé les 6 premiers soirs ( aujourd'hui la 7è ) qu'on pouvait à peine s'y glisser. La prima donna remporte généralement le plus grand succès et doit bisser ses airs. Madame d'Asti, chez qui j'écris à présent, vous adresse ses compliments et vous souhaite une bonne année. Nous faisons nos compliment à tous nos bons amis à la maison et au-dehors. Nous vous embrassons 1 000 000 de fois et je suis le vieux
                                                                                  Mzr
            Wolfgang vous adresse ses compliments tout particuliers. Nous sommes en bonne santé,
Dieu soit loué.   

................................................
 

                           Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
             
 clairedelavarene.com                                                                   Vienne 14 août 1773
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            J'ai reçu aujourd'hui ta lettre du 10......... Quand reviendrons-nous ?.................
            Après de fortes pluies il fait enfin beau et, depuis quelques jours, la chaleur est extrême. Les Mesmer et tout leur clan vous font leurs compliments, de même que les 2 Mme Fischer. Nos compliments à tous nos bons amis et amies, à la maison et au-dehors, nous vous embrassons
100 000 000 de fois et je suis le vieux
                                                                                         Mzt
.......................

 Post-Scriptum de Mozart à sa soeur
            si le temps le permet
            J'espère, ma reine, que tu jouis du plus haut degré de bonne santé et que, malgré tout, de temps à autre, ou plutôt parfois, ou mieux encore plusieurs fois, ou encore mieux qualche volta comme disent les Italiens, tu daigneras me consacrer quelques-unes de tes sublimes et profondes pensées. Elles jaillissent toujours de ce raisonnement admirable et si sûr que tu possèdes, avec la beauté, au plus haut point, bien que de si tendres années, et chez une personne du beau sexe, on n'en exige guère. Mais toi, ô ma reine, tu en es douée au point de remplir de confusion tous les hommes, et même les vieillards. Adieu
            ( Voilà quelque chose de sensé ! )
                                               
                                                                                Wolfgang Mozart

......................................................


                          Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
             
                                                                                                    Vienne 4 septembre 1773

            C'en est fait des pauvres jésuites ! Je dis pauvres car seuls ceux qui avaient les faveurs de la cour, les rabbins en quelque sorte, et tout le " corpus religionis " peuvent être considérés comme riches. Mais les simples particuliers n'avaient rien.
            Le couvent des jésuites, Auf dem Hof, doit être vidé le 16 courant. Leurs biens, leurs caves avec le vin, bref tout ce qu'ils possèdent est déjà scellé, l'ordre est suspendu. Ils peuvent porter l'habit des prêtres séculiers et on dit qu'ils recevront chacun 300 florins par an, ce qui n'est pas si mal S'ils obtiennent de dire des messes, ceux qui sont jeunes peuvent prendre une jolie chambre et une servante soignée. Ils n'auront guère autre chose à faire, car on ne veut plus qu'ils fassent de sermons, ni entendent de confessions. Tout le monde est très attristé et j'ai entendu dire qu'un " bref " du pape sera imprimé, il sera alors interdit, sous peine d'être mis au ban de l'Eglise, d'écrire des pamphlets contre la suppression des jésuites, on n'aura même pas le droit d'en " discuter ". De nombreux bons chrétiens sont toutefois d'avis que S.S. le Pape ne peut rien leur imposer en dehors des questions de foi et qu'ils sont même libres de dire qu'on aurait laissé les jésuites en paix s'ils avaient été aussi pauvres que les capucins. A Rome on a déjà confisqué leurs biens ad pias causas, et c'était très facile  en effet si le pape les confisque lui-même ils sont automatiquement utilisés ad causas pias. Mais ici la cour n'a pas accepté le bref du pape, car il impliquait, d'après ce que j'ai entendu, " que les biens des jésuites devaient être utilisés ad causas pias. La cour refusant de se laisser dicter des lois, S. Sainteté a alors laissé à S. Majesté la liberté de faire ce que bon lui semblait des biens des jésuites.
La confusion règne.
            On ne sait pas non plus qui héritera des églises et des écoles, etc.................
            Les fous ne sont nulle part très malins ! Tout le monde vous fait des compliments, etc., etc., et je suis le vieux
                                                                                                 Mzt
...................


                            Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg

                                                                                                    Vienne 15 septembre 1773

            Tu imagineras facilement que nous passons énormément de temps avec la veuve du Dr Niderl. Je me réserve de te raconter de vive voix toutes les histoires entre elle et sa soeur, son beau-frère, etc.
................ Il commence à faire assez frais ici, surtout le matin et le soir. Par ailleurs la récolte de vin, fruits et légumes est étonnamment bonne...... En Hongrie il y a un trop plein de blé mais peu de foin.
...............

 Post-Scriptum de Mozart à sa soeur clairedelavarene.com
                                                                                                                        clairedelavarene.com
30            Nous sommes, Dieu soit loué, en bonne santé. Cette fois nous avons pris le temps de t'écrire, malgré nos affaires. Nous espérons que tu te portes bien également. La mort du Dr Niderl nous a fort affligés et nous t'affirmons que nous avons bien pleuré, beuglé, bramé et chialé. Nos compliments à tous les bons esprits qui louent Dieu notre Seigneur et à tous nos bons amis et amies. Nous t'assurons par la présente notre gracieuse bienveillance
                                                                                    Vienne, de notre résidence.
                                                                                                  Wolfgang.

Post-Scriptum de Mozart à Heinrich W. von Heffner
            A M. von Heffner.                                                                       
            J'espère que nous vous trouverons à Salzbourg, ami de mauvais aloi. Je pense que vous êtes en bonne santé et ne me détestez pas, sinon je serai pour vous une mouche ennemie, ou même une punaise ennemie. Je vous conseille donc de faire de meilleurs vers, sinon je ne remettrai plus de ma vie les pieds à la cathédrale de Salzbourg, car je suis bien capable d'aller à Constantinople, que tout le monde connaît. Alors, vous ne me verrez plus, et je ne vous verrai pas non plus. Mais lorsque les chevaux ont faim on leur donne de l'avoine.
            Portez-vous bien                                Je suis maintenant,
            sinon je deviendrai fou                                                 jamais et toujours

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                                 Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
               
                                                                                                           Munich 14 décembre 1774

            ... Nous allons bien, Dieu soit loué ! En ce qui concerne Nannerl je n'ai pas encore trouvé un endroit adéquat où la loger. Sur ce point il faut faire très attention à Munich. Il y a une autre difficulté. Ici comme à Salzbourg, on ne peut donner plus de deux fois de suite un opéra pour lequel le public doit payer, il y viendrait trop peu de monde. On doit jouer d'autres opéras pendant 2 ou 3 semaines et ne le reprendre qu'après. Cela est vrai également pour les comédies et les ballets. C'est pourquoi les musiciens connaissent par coeur au moins 20 opéras qu'ils jouent en alternance et étudient entre-temps une nouvelle oeuvre. L'opéra de Wolfgang sera répété avant Noël et la première aura sans doute lieu le 29 décembre. Il se peut donc que Nannerl ne le voit pas, car lorsque le carnaval aura commencé on ne donnera que de petites opérettes faciles au petit théâtre qui sera ouvert dans la salle de la Redoute. Les gens s'y réunissent en masques, il y a un grand nombre de tables de jeu, du bruit et des conversations sous le masque. On ne peut donc rien y donner d'intelligent, personne n'y prêterait attention ........................
            Nous vous embrassons bien 1 000 fois, faisons partout nos compliments, et je suis ton vieux
                                                 
                                                                                           Mzt


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                                   Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg

                                                                                                        Munich 5 janvier 1775

             Nannerl est bien arrivée à Munich hier avant 2 heures de l'après-midi. Nous n'avons pu aller l'accueillir parce que M. v. Gilowsky nous avait invités chez Stürzer où l'on ne se met à table qu'à
1h 1/2..........
   il         J'avais toutefois envoyé le domestique de M. v. Pernat l'attendre dans le Thal, près du pont, et il la conduisit directement chez Mme v: Durst où l'attendait M. Dufresne. Nous lui avons rendu visite le soir jusqu'à 8 heures et je l'ai envoyée chercher aujourd'hui par un domestique pour qu'elle vienne prendre le café avec nous. Elle le boit en ce moment avec Wolfgang, et j'ai déjà pris mon thé. Je la renverrai ensuite chez elle car Mme v. Durst ira avec elle à l'église. Elle a d'ailleurs l'intention de la conduire chaque jour dans une nouvelle église.
            M. Schulz t'aura sans doute déjà dit que l'opéra de Wolfgang ne sera donné que le 13.........
Ferme bien toutes les pièces pour qu'on ne puisse rien nous voler, lorsqu'on sort il peut facilement arriver quelque chose. Mes compliments à Mlle Mitzerl et à tous. Nous t'embrassons tous les 3 et je suis ton vieux
                                                                                          Mozart
            pinterest.fr                                                      Post-Scriptum de Maria Anna ( Nannerl )
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            Je suis bien arrivée à Munich et ai été si bien soignée tout au long du voyage que je n'aurais absolument pu avoir froid. J'ai dormi dans la chambre de Mme von Robinig avec mademoiselle Louise et nous avons dîné en sa compagnie. Que maman se porte bien entre-temps, je lui baise la main et suis avec mon frère, S. D.
                                                                                          Votre fille obéissante
                                                                                           Marie- Anne Mozart


..................................


                                                               Mozart à sa mère à Salzbourg

            Dieu soit loué ! Mon opéra a été mis en scène hier, le 13, et il a eu un tel succès que je suis dans l'impossibilité de décrire à maman les applaudissements. En premier lieu le théâtre était tellement plein que bien des gens ont dû retourner chez eux. Après chaque air il y eut un vacarme effrayant d'applaudissements et de cris Viva Maestro. LL. Altesses la Princesse Electrice et la Princesse Douairière, qui étaient mes vis à vis, me dirent aussi bravo. A la fin de l'opéra, donc au moment où on fait silence avant que le ballet ne commence, ce ne furent qu'applaudissements et cris de bravo. A peine s'arrêtaient-ils que quelqu'un d'autre reprenait, et ainsi de suite. Je suis allé ensuite avec papa dans un salon par lequel devait passer le prince électeur et toute la cour. J'ai fait le baise-mains à LL. AA


                                                      Fin du Tome 1 des Lettres de Mozart à sa soeur...... mais.....

                                                                    à suivre...........

vendredi 12 juillet 2019

Histoire d'une vie Aharon Appelfeld ( Autobiographie Israël )

              
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                                                   Histoire d'une vie

            Aharon Appelfeld avait 7 ans à la déclaration de la guerre. Fils unique, enfant heureux, ses parents peu attirés par la vie religieuse, surtout son père industriel, sa grand'mère lui apprit ce qu'il savait lorsque les juifs furent arrêtés. Né à Czemowitz en Bucovine, les souvenirs de l'auteur défilent.
" La mémoire est fuyante et sélective, elle produit ce qu'elle choisit...... " Enfant solitaire, enfermé dans le ghetto il entendit le cri de sa mère mais ne la vit pas morte. Plus tard il dut aussi quitter la main de son père qui mourut dans un camp de concentration. Il survécut, alors que d'autres mouraient dans les chambres à gaz ou servaient de nourriture aux chiens-loups, Appelfeld parvint à s'échapper et traversa des forêts. Se nourrissant des fruits qu'il trouvait, demandant du travail aux paysans ukrainiens, il survécut et apprit le travail de la terre. L'adulte comme l'enfant qu'il fut est contemplatif et dépassés quelques passages un peu brumeux, on suit l'enfant Aharon et d'autres rescapés qui, à la libération furent d'abord envoyés en Italie, certains enfants servirent d'objets de foire à des bandits locaux, mais leur plaisir fut grand lorsqu'ils purent se baigner dans la mer napolitaine après leurs années douloureuses dans les Carpates. Orphelins néanmoins un bateau les emmena vers la terre qui deviendrait Israël. Et l'auteur raconte non seulement la reconquête d'une vie quotidienne saine, mais les sentiments de ceux qui comme lui étaient des survivants de la Schoah. L'enfant devenu adulte ou presque vit encore des années de guerre, si en 1948 il n'a que 16 ans, plus tard il sera militaire, ou réserviste, pour la guerre des Six Jours, la guerre du Kippour. " La période de l'armée avait été une pénible épreuve...... Plus pénible que tout cela était la question de l'appartenance. Qui étais-je et qu'étais-je dans cette terre d'été ? " Si certains retrouvaient quelques membres de leurs familles, lui n'avait personne. Plus tard les conflits familiaux, croyants et non croyants, ravivent les tensions. Mais les enfants des rescapés réussirent leur vie matérielle, devenus souvent, médecins, chercheurs, ingénieurs, industriels, des innocents et des méchants. Histoire d'une vie reçut le Prix Medicis étranger en 2004. Aharon Applefeld est mort en janvier 2018.

lundi 8 juillet 2019

Contrerimes III Paul-Jean Toulet ( Poèmes France )

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                                          Quelques contrerimes

                                                          III                                                             

            La demoiselle, de vieillesse, est presque morte.
            Elle frissonne encore un peu : le vent l'emporte.                                     eternels-eclairs.fr 
Jeanne, par Camille Pissarro
                                             **

            Ne cherche pas l'amour en-dehors de soi-même.
            L'infini se mesure à son seul infini,
            Et la métaphysique en sait moins que Nini
            Quand au frisson du myrte elle répond : je t'aime.

                                             **

            Ce qu'il fait, Z. a cru longtemps que c'est des vers.
            Avez-vous déjà lu de la prose à l'envers ?

                                    Paul-Jean Toulet

jeudi 4 juillet 2019

Contrerimes II Paul-Jean Toulet ( Poèmes France )



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                                                                                                                    pinterest.fr
ROSIER MINERVA® visancar CONTENEUR                                 Quelques contrerimes
                                                 II
               
            Avril, dont l'odeur nous augure
                   Le renaissant plaisir,                                                             
            Tu découvres de mon désir
                   La renaissante figure.

            Ah, verse le myrte à Myrtil,
                   L'iris à Desdémone :
            Pour moi d'une rose anémone
                   S'ouvre le noir pistil.

                        Paul-Jean Toulet

                       
                                                                                 Princes de la Chine
                                                                                                           
            Les trois Princes, Pou, Lou et You,
                   Ornement de la Chine,                                                             gfycat.com  
Résultat de recherche d'images pour "youyou gif"            Voyagent. Deux vont à machine,
                    Mais You, c'est en youyou.

            Il va voir l'Alboche au crin jaune
                    Qui lui dit : " I love you. "         
            - Elle est Française ! assure You.
                     Mais non, royal béjaune.

            Si tu savais ce que c'est, You,
                  Qu'une Française, et tendre ;
            Douce à la main, douce à l'entendre :
                   Du feu... comme un caillou.

                                     Paul-Jean Toulet"


            - " Enfin, puisque c'est Sa demeure,
                 Le bon Dieu, où est-y ?
             -   Chut ! me dit-elle : Il est sorti,
                  On ne sait à quelle heure. "

            "  Et de nous tous le plus calé,
                   Je dis : Satan lui-même,
               Ne sait en ce désordre extrême
                   Où diable il est allé. "

                                        Paul-Jean Toulet
                                                                                                                lescarbetsdubord-saul.net 
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mercredi 3 juillet 2019

Contrerimes I Paul-Jean Toulet ( Poèmes France )

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                                               Quelques contrerimes

                                         
            Dans le lit vaste et dévasté
                    J'ouvre les yeux près d'elle ;
            Je l'effleure : un songe infidèle
                     L'embrasse à mon côté.

            Une lueur tranchante et mince
                    Échancre mon plafond.
             Très loin, sur le pavé profond,
                     J'entends un seau qui grince...

                                     Paul-Jean Toulet


            Il pleuvait. Les tristes étoiles                                                                          encheres.catawiki.eu
Image associée                  Semblaient pleurer d'ennui.
            Comme une épée, à la minuit,
                    Tu sautas hors des toiles.

            - Minuit ! Trouverai-je une auto,
                 Par ce temps ? Et le pire,
             C'est mon mari. Que va-t-il dire,
                  Lui qui rentre si tôt ?

            - Et s'il vous voyait sans chemise,
                      Vous, toute sa moitié ?
             - Ne jouez donc pas la pitié.
             - Pourquoi ?... Doublons la mise.


                           Paul-Jean Toulet     
     

                                                                                      Amarissimes.

           Est-ce moi qui pleurais ainsi                                                                       agenda.germainpire.info
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            D'écouter ton pas qui s'éloigne,
            Beauté, mon cher souci ?

            Et ( je t'en fis, à pneumatique,
            Part, - sans aucun bagou )
            Ces pleurs, ma chère, avaient le goût
                   De l'onde adriatique.


            Oui, oui : mais vous parlez de cris
                   Quand je repris ma lettre
             Grands Dieux... ! J'aurais mieux fait, peut-être,
                     D'écrire à son mari.

 
                                Paul-Jean Toulet     

                                      1867 - 1920



dimanche 30 juin 2019

Les Imposteurs John Grisham ( Roman EtatsUnis )


Les Imposteurs
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                                                         Les Imposteurs

            Parce que Gordy avait découvert l'ampleur des malversations de la Swift Bank, parce que de plus bipolaire il gérait mal ses émotions et ne prenait plus ses médicaments, et également fiancé à une jeune fille, jalouse, restée dans sa petite ville alors que la petite amie du jeune homme durant ses études de droit à Washington est américano-sénégalaise et musulmane, Gordy bien informé sur les liens qui lient de façon très discrète la Swift Bank et l'université où il suit de médiocres cours, Foggy Bottom, et à plusieurs sociétés sans que la tête du propriétaire apparaisse, Gordy, comme Zola, Mark et Todd, est désemparé devant le montant de leur dette d'étudiants, chacun environ 200 000 dollars, alors que le marché du travail ne répond pas aux attentes des étudiants en droit très nombreux. Taux de réussite 50%, mais bonne publicité de l'université. Gordy a enquêté, collé, étiqueté le résultat sur un mur de son petit logement, et disparaît malgré les efforts de ses trois amis, devenus solidaires : " Un pour tous, tous pour un ". Six mois avant l'examen de fin d'études ils fuient et pratiquent dans la confusion la pêche et la défense de petits délits. Fuite en avant, problèmes familiaux, de milieux modestes, ils apprennent, et les dollars tombent et disparaissent. Imposteurs certes, mais sans recul, et plus que leur quotidien ils enquêtent à leur tour. Le Sénégal a sa propre définition du droit, peut-il marquer la fin de leur cavale ? En fin de volume dans une note John Grisham nous dit qu'après avoir lu un article sur les arnaques de prêts d'étudiants, il eut l'idée de ce roman. Le roman de dettes sans solution, ou presque.

            

Mozart Lettres à sa soeur 13 ( Correspondance Allemagne )


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                                    Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg

                                                                                                            Bozen, 16 août 1771

            Midi sonne, nous avons déjeuné légèrement et repartons tout de suite pour être à Trente ce soir. Nous sommes, Dieu soit loué, tous deux comme des cerfs, mais N.B. : pas en rut ! Adieu, nous vous embrassons 10 000 fois.
                                                                                           Mozart
Post-Scriptum de Mozart
            Je n'ai pas beaucoup de temps pour écrire. Nos compliments à tous nos bons amis. J'embrasse maman et Nannerl 10 000 fois. Addio       
                                                                                        Wolfgang Mozart


                                     Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg

                                                                                                             Vérone 18 août 1771

            Tu auras reçu ma petite lettre de Bozen. Je veux maintenant t'écrire plus en détail. Le premier jour de notre voyage a été un beau mic-mac. A Kaitl nous avons mangé debout quelques morceaux de pot-au-feu, pendant que le postillon donnait un peu de foin aux chevaux, et bu une chope de bonne  bière de mars......... Le 17 à 9 heures du matin nous sommes arrivés à Roverto, pensant être le soir à Vérone....... Nous y serions bien arrivés........... si ensuite nous n'avions rencontré tant d'obstacles en route. En effet M. Lolli vint à notre rencontre et ensuite les postillons changèrent les chevaux. De plus les charrettes des paysans occasionnèrent quelques contretemps dans les chemins étroits. Nous ne sommes donc arrivés que vers 1 heure de l'après-midi chez les 2 MM. Pizzini à Ala, et je me suis décidé, avant même d'arriver, de rester dans cette ville, car je ne voulais pas risquer d'aller à Vérone puisqu'on ferme les portes à l'heure de l'Ave Maria. De plus la chaleur était très forte et nous étions plus à l'aise dans nos costumes de voyage pour aller à l'église à Ala plutôt qu'à Vérone. A Ala nous avons écouté de la musique, ou plutôt nous l'avons faite, sommes partis à 7 heures pour Vérone et sommes arrivés à midi et demi chez M. Lugiati....... Après le déjeuner tout le monde s'est couché pour la sieste et je profite de ce moment pour griffonner cette lettre avec une mauvaise plume, par une chaleur qui n'est pas négligeable. Nous avons convaincu à grand peine M. Wolfgang de dormir aussi, mais son sommeil n'a duré qu'une demi-heure. J'ai oublié de te dire que dans ma hâte j'ai oublié de prendre quelques sonates et trios pour clavier que j'ai promis à un bon ami de Milan......... Nannerl les aura encore si elle veut les jouer car elles sont dans les sonates de Rutini imprimées à Nuremberg...
J'écrirai de Milan dès que possible, portez-vous bien, nous vous embrassons 100 000 fois et je suis ton vieux
                                                                                  Mzt
            Quelle écriture !
            Mes compliments à tous nos bons amis et amies !
Post-Scriptum de Mozart à sa soeur
            Ma soeur chérie.
            Je n'ai pas dormi plus d'une demi-heure, car je n'aime pas dormir après le déjeuner. Tu peux espérer, croire, penser, être d'avis, persévérer dans le ferme espoir, juger bon, t'imaginer, te figurer, vivre dans l'espérance que nous sommes en bonne santé, et je suis en mesure de te le confirmer. Je dois me dépêcher. Addio. Mon compliment à tous mes bons amis et amies. Souhaite pour moi bonne chance à M. von Heffner pour son voyage, demande-lui s'il n'a pas vu Annamiedl ?
            Addio. Porte-toi bien. Baise pour moi la main de maman.
            Quelle belle écriture !


                              Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg

                                                                                                                Milan 24 août 1771                           
             Le mercredi 21 nous sommes heureusement arrivés ici à 7 heures du soir.............
             Il faut que je te dise que la poésie n'est pas encore arrivée de Vienne. On l'attend avec une affreuse impatience, car si elle n'arrive pas on ne pourra terminer à temps les costumes, les décors, ni les modifications à faire au théâtre, etc. L'archiduc arrivera à Milan le 15 octobre, se rendra à la cathédrale où il entrera immédiatement pour se marier, puis il y aura les baisemains, ensuite un grand souper et après, bonne nuit !............. J'ai vu 20 000 livres de bougies de cire déjà prêtes pour éclairer la cathédrale, la cour, etc., le 15 octobre.
            Portez-vous bien, nous vous embrassons 100 000 000 de fois et je suis, tout en faisant mes compliments à tous nos amis et amies, ton
                                                                                   vieux
                                                                                           Mozart
Post-Scriptum de Mozart à sa soeur
            Ma soeur chérie !
            Nous avons eu en route une chaleur énorme, et la poussière nous a impertinemment ennuyés, de sorte que nous serions sûrement morts d'étouffement et d'épuisement si nous n'avions été trop malins pour cela. Depuis un mois il n'a pas plu ici, à ce que disent les Milanais, aujourd'hui il est tombé quelques gouttes, mais le soleil brille à nouveau maintenant et il fait très chaud. Tiens bien ce que tu m'as promis de faire ( tu sais ce que je veux dire... ô ma chérie ! ), je t'en prie et je t'en serai sûrement très reconnaissant. La princesse a récemment eu la diarrhée ou, la chiasse, Sinon je ne sais rien de nouveau. Écris-moi toi quelque chose de neuf. Mes compliments à tous mes bons amis et amies, et baise pour moi la main de maman. Maintenant je crève de chaleur ! et j'ouvre ma chemise. Addio, porte-toi bien.
                                                                                         Wolfgang
            Au-dessus de nous il y a un violoniste, au-dessous un autre, à côté de chez nous un professeur de chant qui donne des leçons, et dans la dernière pièce, en face de la nôtre, un hautboïste. C'est amusant pour composer ! Cela te donne plein d'idées.


                         Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg

                                                                                                      Milan 31 août 1771

            C'est la quatrième lettre que je t'envoie. Je dois faire les louanges de ma sedia qui a vaillamment supporté le voyage, bien que nous ayons été secoués sur les routes vénitiennes, en particulier depuis Peri, nous avons survolé à grande vitesse les plus gros pavés et n'avons pas eu le moindre ennui............. Nous sommes allés voir S. Altesse la Princesse fiancée. Elle a été extrêmement aimable et a non seulement longuement conversé avec nous, nous accueillant de la manière la plus gracieuse, mais également, et c'est étonnant, elle s'est précipitée vers nous dès qu'elle nous a vus, a retiré son gant, nous a tendu la main et a commencé à nous parler, de loin, avant que nous ayons le temps de lui rendre nos devoirs...
            Nous vous prions de faire nos compliments à tous nos bons amis et amies, car nous n'avons pas le temps d'écrire à toutes les litanies. Adieu, nous vous embrassons 1 000 000 de fois et je suis le vieux, et
                                                                                         Mozart
Post-Scriptum de Mozart à sa soeur
            Ma soeur chérie !
            Nous sommes toujours en bonne santé, Dieu soit loué. J'ai déjà mangé quantité de bonnes poires, pêches et melons à ton intention. Mon seul amusement est de m'entendre par signes avec le sourd-muet, et j'y parviens à la perfection. M. Hasse est arrivé hier, nous lui rendrons visite aujourd'hui. Le livre de la serenata n'est arrivé que jeudi dernier. Je ne sais trop qu'écrire. Je te rappelle une fois encore ma demande pour l'autre chose, même s'il n'y a plus rien à faire, tu me comprends. Compliments de M. Germani, et surtout de son épouse qui aimerait tant faire votre connaissance. Madame d'Asti et son mari vous adressent aussi les leurs, et moi également. Mon compliment à tous nos bons amis et amies. Je baise la main de maman. Addio.

                                                                                                    Wolfgang


                        Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg

                                                                                               Milan 7 septembre 1771

            Le ciel nous a enfin rafraîchi d'une petite averse plusieurs jours de suite... Nous avons maintenant la tête remplie d'autres problèmes, car le livret n'est arrivé que bien tard. Le poète l'a gardé jusqu'à avant-hier pour faire l'une ou l'autre modification. J'espère qu'il plaira, mais Wolfgang a beaucoup à composer maintenant car il doit écrire aussi le ballet qui reliera les deux actes, ou les deux parties... J'espère que vous êtes en bonne santé et ne doute pas que Nannerl continue à prendre sa soupe aux herbes, car elle a fait l'expérience du bien-être qu'elles lui apportent. Si M. le secrétaire Troger est encore à Salzbourg donne-lui quelques boîtes de pilules de Hans Spielmann. S'il était déjà parti, comme je le pense, renseignez-vous dans les auberges et à la poste, car diverses personnes passeront sans aucun doute par Salzbourg pour se rendre à Milan et n'importe qui pourra s'en charger. Il suffit que vous y mettiez l'adresse... J'ai besoin de ces pilules, car je sais qu'elles m'aident lorsque je suis constipé ou que j'ai des vertiges. J'en ai souffert assez souvent depuis mon départ de Salzbourg, mais pas au point de devoir vomir ou m'aliter. Bien que je ne prenne ces pilules que depuis 3 jours, je sens que ma tête va mieux, mais je n'en ai plus que 8. Nous vous embrassons 1 000 000 de fois et je suis le vieux
                                                                                              L. Mozart
             Comme Nannerl n'a pas écrit, Wolfgang n'écrit pas non plus.
             Nos compliments à tous nos bons amis et amies.
             As-tu reçu mon salaire pour le mois d'août ? 


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                                   Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg

                                                                                                           Milan 21 septembre 1771

            Aujourd'hui après l'Angélus nous aurons la première répétition instrumentale de l'opéra de M. Hasse, ce dernier va bien, Dieu merci. A la fin de la semaine prochaine, on répétera la Serenata et lundi aura lieu la première répétition des récitatifs, suivie de celle des choeurs, les autres jours.
            Lundi ou mardi Wolfgang aura terminé toute l'oeuvre............ Ils sont tous incroyablement aimables et éprouvent le plus grand respect pour Wolfgang. Et oui, nous n'avons pas le moindre ennui, car ce sont toujours de bons chanteurs célèbres qui sont pourvus de bon sens. Cette Serenata est en fait un petit opéra et la musique de l'opéra à proprement parler n'est guère plus longue, car il sera rallongé par deux ballets de 3/4 d'heure chacun, intercalés entre le 2è et 3è acte.
            Je n'ai pas le temps de décrire toutes les festivités. Tout Milan est en mouvement.......... les bals, la peinture et les réparations du théâtre, etc., etc. Bref, cent choses qui ne me viennent pas à l'esprit. Tout, tout est en mouvement !......................
            Je viens de recevoir ta lettre du 13...
            Dans ton avant-dernière lettre tu écris que de nombreuses personnes sont devenues folles, et maintenant tu me dis que l'on meurt de dysenterie rouge. C'est très grave, et si le mal attaque les gens à la tête et au cul, c'est très dangereux. J'ai sans doute emporté une bonne infection de Salzbourg, car j'ai toujours des crises de vertiges. Rien d'étonnant, si l'atmosphère est contaminée, il est aisé d'attraper quelque chose.
            C'est pour cela que je t'ai demandé des pilules. Je veux que le cul guérisse la tête.
            Nos compliments à tous nos bons amis et amies, nous vous embrassons toutes deux
10 000 000 de fois et je suis le vieux
                                                                                                      Lp Mozart
Post-Scriptum de Mozart à sa soeur
            Je me porte bien, grâce à Dieu, mais je ne peux écrire longuement. Premièrement je ne sais que dire et, deuxièmement, les doigts me font mal à force de composer. Adieu, je baise la main de maman. Je siffle souvent mon signal, mais personne ne répond. Il ne manque maintenant plus que 2 airs de la Serenata et elle sera finie. Compliments à tous les bons amis et amies. Je n'ai plus envie de retourner à Salzbourg, j'ai peur de devenir fou à mon tour.

                                                                                                      Wolfgang


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                                     Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
  
                                                                                                                 Milan 12 octobre 1771

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             Tout fourmille actuellement et on assistera à toutes les festivités qu'en acceptant bien des désagréments.
            On a émis des règlements admirables : ainsi le peuple n'aura pas le droit de porter la dague, ni aucune autre arme, les gens seront contrôlés aux portes de la ville et les propriétaires devront remettre une liste des personnes qui habitent chez eux à une commission spécialement instaurée à cet effet. Personne ne pourra sortir la nuit sans lumière, des soldats et sbirri patrouillent dans toute la ville, des hussards aux alentours, etc., etc.
             Il faut avoir des billets pour entrer à l'opéra, à la Serenata, au bal, au banquet de la cour et à tous les autres spectacles. Je dois clore car nous avons encore à corriger les 2 partitions de la Serenata
................. Nous vous embrassons toutes deux 100 000 fois et je suis ton vieux
                                                                                                 Mozart
             Nos compliments à tous...........


                                        Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg

            M. Marcabruni vous fait ses compliments, il est chez moi et nous partons immédiatement au théâtre. Le 16 a eu lieu la création de l'opéra, et le 17 celle de Serenata qui a remporté un tel succès qu'on doit la reprendre aujourd'hui. L'archiduc en a commandé deux nouvelles copies. Des gentilshommes et autres personnes de toutes conditions nous adressent sans cesse la parole dans la rue et félicitent Wolfgang. Bref ! Je suis navré, mais la Serenata de Wolfgang a mis en pièce l'opéra de Hasse, à un point que je ne saurais décrire. Je répondrai bientôt à ta lettre et au post-scriptum de Nannerl. Vous découvrirez un jour l'Italie avec plus de plaisir que vous ne le feriez maintenant, avec tout ce tumulte infernal. Addio. Nous vous embrassons bien 10 000 fois et je suis ton vieux

                                                                                                                 Mzt
            Priez et remerciez Dieu !
            Nos compliments à tous nos amis et amies.
            M. v. Troger vous fait ses compliments, à toi et à Nannerl en particulier, qui soupirez tant après Milan.