mardi 14 janvier 2014

Taxi Khaled al Khamissi ( roman Egypte )


Taxi
                                                                Taxi

            Le Caire avril 2005 - mars 2006. L'auteur, le livre est écrit à la première personne, se livre à la transcription de 58 conversations entre le client et le chauffeur de taxi. Ceux-ci très nombreux sillonnent la ville, répondent au cri du lieu de destination de malheureux bloqués sur le bitume, dans une pollution extrême des rues surencombrées cairotes. Moubarak est encore au pouvoir et briguera un cinquième mandat. Chacun sait ce qu'il advint de l'ex-président, des frères musulmans et des divers rebondissements graves parfois survenus ces dernières années. Le livre très drôle très argumenté, la vox populi partagée, les atouts des frères, la démocratie vue par d'autres, Dieu à tous moments. Approche imagée " ... le chauffeur était écarlate... l'impression que ses veines tels des serpents se gonflaient et se rétractaient sous le coup de la colère... " Ils se tuent tous à la tâche pour nourrir femme et enfants, la voiture louée à un particulier, les taxes, la corruption invraisemblable. Les pères se ruinent en cours particuliers pour des enfants à l'avenir incertain, d'autres sortiront illettrés du système scolaire, les parents placent les sommes économisées, et leur donneront ce petit capital. "... Je touche 450 livres. C'est déjà un bon salaire... ma femme et deux enfants... les dépenses domestiques... transports, habits, médicaments... mon salaire est épuisé en dix jours... " Les voitures viennent des pays du golfe, les cigarettes de Lybie, les passeurs traversent la frontière à pied. Parfois le taxi se fait arnaquer par un client de belle apparence et alors "... le taxi a pleuré d'avoir été aussi bête... il a perdu le reste de la journée à chercher un proche qui pourrait lui prêter la somme de la location du taxi... " Et le taxi tourne, tourne, les prix fixés à l'avance, " ... Le taxi : Je suis comme un poisson et la voiture est mon aquarium... une petite prison... Mon dos s'est figé en position assise... " Vie sociale, vie quotidienne. 58 conversations, des amoureux du Caire, lucides, amères " ... Celui qui n'est pas allé en prison sous Nasser n'ira jamais en prison, celui qui ne s'est pas enrichi sous Sadate ne s'enrichira jamais, et celui qui n'a pas mendié sous le règne de Moubarak ne mendiera jamais... " Des chapitres très courts, chaque homme aborde l'un des multiples problèmes différents, pourtant semblables aux précédents. De l'humour l'auteur n'en manque pas. Le livre se referme à regret.                                                                                                                         

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