Larmes d'enfant
Naguère, au temps des églantines,
J'avais des peines enfantines.
Mon coeur se gonflait sans raison
Sous les lilas en floraison.
A respirer les chauds calices
Je goûtais d'amères délices.
Sous les étoiles, pâle et coi, Je pleurais sans savoir pourquoi.
Et maintenant je pleure encore,
Le long des soirs comme à l'aurore ;
En hiver sous le blanc grésil ;
Sur les roses pendant l'avril,
Mes larmes tombent à toute heure :
Mais je sais bien pourquoi je pleure ! unpeudebonheur.centerblog.com
Catulle Mendès
Reste n'allume pas la lampe
Reste. N'allume pas la lampe. Que mes yeux
S'emplissent pour longtemps de ténèbres, et laisse
Tes bruns cheveux verser la pesante mollesse
De leurs ondes sur mes baisers silencieux.
Nous sommes las autant l'un que l'autre. Les cieux
Pleins de soleil nous ont trempés. Le jour nous blesse.
Voluptueusement berçons notre faiblesse
Dans l'océan du soir morne et silencieux.
Lente extase, houleux sommeil exempt de songe,
Le flux funèbre roule et déroule et prolonge moma.org
Tes cheveux où mon front se pâme enseveli.
Calme soir, qui hait la vie et lui résiste
Quel long fleuve de paix léthargique et d'oubli
Coule dans les cheveux profonds des brunes tristes ?
Catulle Mendès
1843-1909 membre fondateur du Parnasse
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