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( en pensant à Charlie H. Vincennes et les autres )
Où vas-tu donc Vulpio ?
Où vas-tu donc Vulpio ? Qui penses-tu donc fuir ?
Sous quel ( quelque ) ciel lointain trouveras-tu deux heures
Du sommeil d'autrefois ? S'il est temps que tu meures
Plonge. Comme un linceul prêt à t'ensevelir,
Le flot s'ouvre et t'invite. Une chétive planche
Est là, pour tout obstacle, entre la mer et toi.
Plonge, c'en est assez.
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Tout Renaît
Tout renaît, la chaleur, la vie et la lumière.
Le monde, en souriant, vient de se réveiller.
Toi seul, George, toi seul dans la nature entière
Tu détournes les yeux ; jusqu'à ton coeur glacé
De ce soleil de mai nul rayon n'a passé.
La brise passe en vain sur la corde brisée,
Et ton âme à la fraîche et céleste rosée
Ne se rouvrira pas.
Non, c'est par un beau jour
Que des lieux pleins jadis de bonheur et d'amour
Sont tristes et cruels. Ainsi qu'une maîtresse
Déloyale et sans coeur quand elle nous délaisse
Nous sourit sans pitié, de même dans ces lieux
Tu souris, ô nature ! à l'oeil du malheureux.
Vous fuyez maintenant. A peine à l'horizon,
Je vous parlais encore, vous qui m'avez vu naître.
Mon coeur va se briser quand tu vas disparaître ;
Pitié ! Pitié ! Mon Dieu j'ai perdu la raison
Comme ce prince, issu d'une race sacrée
Qui jeta dans un lac une bague adorée,
Après d'autres humains croyant vaincre l'amour.
Musset ( 1831 )
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L'heure de ma mort
L'heure de ma mort, depuis dix-huit mois
De tous les côtés sonne à mes oreilles,
Depuis dix-huit mois d'ennuis et de veilles,
Partout je la sens, partout je la vois.
Plus je me débats contre ma misère,
Plus s'éveille en moi l'instinct du malheur ;
Et, dès que je veux faire un pas sur terre,
Je sens tout à coup s'arrêter mon coeur.
Ma force à lutter s'use et se prodigue.
Jusqu'à mon repos, tout est un combat ;
Et, comme un coursier brisé de fatigue,
Mon courage éteint chancelle et s'abat.
Alfred de Musset ( 1845 )
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