mardi 3 août 2021

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 145 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

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                                                                                                                                16 juillet 1665
                                                                                                              Jour du Seigneur
            Levé, ayant dormi avec Mr Moore dans la chambre du chapelain. Descendis, frais rasé, retrouver Mr Carteret qui était prêt, et on alla se promener dans la galerie une ou deux heures. Par sa taille c'est une des demeures les plus grandes et les plus élégantes que je connaisse.
            Je lui enseignai ce qu'il devait faire : ne jamais oublier de mener sa dame par la main et ajoutant que je trouverai l'occasion de les laisser en tête à tête, lui dis de faire tel ou tel compliment, ce dont il me remercia, avouant qu'il avait grand besoin que je l'instruisisse. Milord descendit avec toute la famille, y compris la jeune demoiselle. On se rendit en carrosse à l'église, à deux lieues. On entendit un beau sermon, un homme qui avait encouru la censure de l'église pour avoir mené une vie dissolue fit profession de pénitence.
            Retour en voiture, Mr Carteret n'ayant point encore trouvé le courage de prendre sa dame une seule fois par la main, ce que je lui fis remarquer une fois rentrés, mais il me promit de le faire bientôt. Dîner, excellente conversation de milord puis promenade dans la galerie où nous fîmes salon. Je sortis de la pièce avec milady Wright et milord Crew, qui ne l'avait point prémédité, laissant les deux jeunes gens ensemble. En dernier apparut l'une des jolies petites filles de milady Wright qui sortit, l'air innocent et referma la porte, comme si, chère petite, on le lui eût soufflé, ce qui nous fit tous bien rire.
            Ils restèrent ensemble une heure puis il fut temps de retourner à l'église. Il la conduisit par la main jusqu'au carrosse, puis du carrosse à l'église. Y restâmes tout l'après-midi, il y avait quelques jolies femmes, mais quelle chaleur incroyable ! 
            Rentrâmes, promenade dans les jardins où le couple se retrouva en tête à tête. Lady Wright marchant à mes côtés me dit, à ma vive inquiétude, que milady Jem allait devoir se faire examiner par Scott, le chirurgien avant de pouvoir se marier, qu'il faudrait sans doute l'opérer et qu'on devrait donc le faire venir. Elle me dit aussi qu'il fallait absolument lui commander de nouvelles robes, ce à quoi je veillerai, entre autres.
            Puis ce fut le souper, et la conversation fut suivie d'une plaisante controverse entre milord Crew et le chapelain, grand érudit, mais non conformiste.
            Ai travaillé ce soir avec ma vieille connaissance Mrs Carter qui vit depuis douze ou treize ans chez milady. Il ressort de tout ce qu'elle m'a dit et de ce que d'autres m'ont dit, qu'elle compte sur moi pour lui trouver un bon mari. Je le lui promis mais j'ignore quand je tiendrai cette promesse.
            Mrs Carter fut conduite à sa chambre, puis ce furent les prières et, au lit.
            

                                                                                                                                 17 juillet

            La maisonnée debout allâmes jouer au billard..... On laissa bientôt les jeunes gens en tête à tête. Dîner, puis Mr Carteret me demanda combien donner aux domestiques. Je suggérai 10 £ à partager entre eux, ce qu'il fit..... Avant le départ, pris à part milady Jem pour savoir si le jeune homme était à son gré ou si elle avait quelque réserve. Elle rougit et détourna un instant les yeux, mais je parvins à la faire parler. Elle me dit qu'elle était toute disposée à obéir aux décisions de son père et de sa mère, elle ne put en dire plus long, ni moi en espérer davantage.
            Fîmes nos adieux et en route pour Londres. Seigneur ! les gens de qualité par ici ont une telle frayeur de Londres et de tout ce qui en vient, que je dus dire que j'habitais tout à fait à Woolwich.
            En chemin Mr Carteret me remercia vivement de mes attentions et de mes peines, et se dit fort satisfait. Mais à la vérité milady Jem lui a témoigné beaucoup de réserve et de retenue, sans le moindre encouragement et lui a fait des réponses fort austères, du moins d'après ce qu'il dit et ce que j'ai pu en juger.
            A Londres, à mon bureau, trouvai trois lettres. Tout va pour le mieux. De là au Pont, prîmes une barque pour Deptford où nous fûmes accueillis avec joie et on répandit la bonne nouvelle que chacun était satisfait.
            Grande joie quand je me fus acquitté du détail des faits, par contre on ne put arracher au jeune homme le moindre commentaire, que ce soit en ma présence ou en celle de milady sur son aventure, mais d'après ce qu'il fit savoir après coup à sa famille son récit les satisfit pleinement.
            Sir George Carteret m'ayant prié de coucher chez eux, je consentis, et ce fut la meilleure nuit que de ma vie je passai. Sir George Carteret fut plein d'amabilité pour moi, et me conduisit à sa chambre. Leur seul souci, désormais, est de voir l'affaire conclue au plus vite. Ce en quoi ils ont raison car l'épidémie bouleverse tout et il est dangereux qu'ils restent là où ils sont.


                                                                                                                            18 juillet
                                                                                                                          fr.wikipedia.org 
            Levé et à mon bureau toute la matinée. Rentré chez moi, mangé quelque victuaille puis à la Bourse où les affaires sont calmes et les échanges bien maigres. Traversai Londres à pied jusqu'au Temple, de là par le fleuve jusqu'à Westminster présenter mes devoirs au duc d'Albemarle. Me rendis au
l'épidémie, ainsi qu'à son mari. Sir William Warren m'ayant, comme prévu, rejoint nous rentrâmes par le fleuve, devisant en chemin de mon projet d'obtenir de l'argent tout en rendant service au roi, en faisant construire un bassin de mâtage ce qui, je le crains, ne sera jamais fait si je ne m'en occupe pas davantage.
            Ecrivis diverses lettres au bureau, puis descendis par le fleuve à Deptford où je restai un moment puis en canot allai voir ma femme que je n'ai point vue depuis cinq ou six jours, soupai en sa compagnie ce qui fut fort agréable. J'eus le plaisir de regarder ses dessins. Sur ce, au lit, fort gais.
            Ai entendu dire aujourd'hui, à mon vif déplaisir, qu'à Westminster les officiers enterrent leurs morts au milieu des champs de Tothill, alléguant le manque de place ailleurs, que du temps de la dernière peste le cimetière de New Chapel fut ceint d'un mur aux frais du public, faute de place, et qu'à présent seuls ceux qui acceptent de débourser gros peuvent y être enterrés.


                                                                                                                                   19 juillet

            Levé et au bureau, peu après à l'Echiquier où j'obtins mes tailles après bien des embarras. Menai ensuite Mr Falconbridge, Spicer et un troisième à la Jambe où je leur ai payé à dîner. Puis charge de mes tailles et de trente douzains de sacs qui, semble-t-il, me sont dus car il me fallut m'acquitter des taxes, comme si cet argent me revenait, rentrai chez moi. 
            Restai un moment puis à Deptford où je trouvai la maisonnée fort gaie, chacun se préparant à partir pour Dagenham le lendemain. Souper puis on bavarda d'abondance. Rentrai, fort tard, sous la pluie, mais j'avais un '' dessein pour aller chez la femme de Bagwell ". Me rendis donc chez elle, " mais ne savais obtenir algin cosa de ella como jo quistere sino tacarla ". Partis donc vers minuit et, comme il pleuvait des cordes, revins chez sir George Carteret où je sonnai le valet et passai la nuit, tout en sueur.


                                                                                                                           20 juillet 1665

            Levé et pris un canot, avec d'autres, pour la Tour. De là à mon bureau, réunion toute la matinée. Puis à Deptford, dîner, et j'accompagnai milady Sandwich, Mr Carteret et ses deux sœurs, sur l'autre rive de la Tamise, car ils partent pour Dagenham et milady Carteret pour Cranbourne, et la joyeuse compagnie se sépara. Je me réjouis de leur avoir été de quelque secours, ce qui, j'espère, me vaudra quelque avantage.
            A pied à Rotherhite où, dit-on, la maladie sévit, comme d'ailleurs un peu partout. Il y a eu 1 089 morts de la peste cette semaine. Aujourd'hui milady Carteret m'a donné un petit flacon d'élixir contre la peste à emporter chez moi.
            Rentrai écrire des lettres, tard, puis chez moi et, au lit où, voilà trois ou quatre nuits que je n'y ai pas dormi. Reçus hier une lettre de milord Sandwich qui me remercie de mes peines dans cette affaire de mariage et qui souhaite accélérer les choses afin d'éviter toute déception, ce en quoi je l'aiderai de mon mieux. Présentai mes respects au duc d'Albemarle cet après-midi, puis chez Mrs Croft où je vis et embrassai Mrs Burrows, encore bien jolie femme tout en ayant donné le jour à tant d'enfants.
            Seigneur ! Comme la peste se propage. La voilà dans King's Street où elle a frappé la taverne de la Hache ainsi que la maison voisine et divers autres endroits.


                                                                                                                           21 juillet

            Levé puis chez les orfèvres afin de voir combien d'argent je pouvais obtenir contre mes tailles et l'avance accordée par la Régie, je compte sur 10 000 livres. Allai ensuite faire enregistrer mes tailles à la Régie. L'échevin Backwell est en voyage. Sir Robert Vyner n'est arrivé en ville que ce matin, si bien que le seul à qui j'ai encore pu parler de mes besoins d'argent était Colvill. Rencontrai Mr Povey avec qui je dînai à la taverne des Douanes, pour lui parler de notre affaire de Tanger. Etaient aussi présents Stockdale et Hewitt. Puis on se rendit à divers endroits, entre autres chez Anthony Joyce à qui je fis part de mon désir de marier Pall à Harman, dont la femme est mote récemment, la pauvre, à mon grand chagrin. Je l'aimais beaucoup. Il m'a dit qu'il y songerait.
            Rentrai, à mon cabinet tard, mis en ordre mes papiers, car la peste gagne en ampleur et j'en frémis. Fort tard, au lit.


                                                                                                                                22 juillet
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            Sitôt levé me rendis chez mes orfèvres, sir Robert Vyner et Colvill qui acceptèrent de me donner 10 000 £ contre mes tailles. J'allai alors chez Mr Mervin et fis prévenir les autres..... de venir avec les billets de change. Envoyai chercher aussi Mr Jackson, mais il n'était pas à Londres. Passai la matinée au bureau, dînai fort tard, puis chez sir Robert Vyner, ainsi qu'il me l'avait suggéré ce matin, qui m'accorda 5 000 £ supplémentaires. A compter de ce jour les intérêts sont comptabilisés sur 15 000 £;
            Puis, par le fleuve, à Westminster où le duc d'Albemarle, ayant été convié chez milord de Canterbury je m'y rendis et pus admirer le nouveau Palais, demeure ancienne remise au goût du jour autant qu'il est possible, à la demande de l'évêque Juxon qui a laissé de quoi achever les travaux. N'étant point préparé à un entretien avec lui, me rendis à Vauxhall, au jardin de printemps, mais ne vis guère de promeneur tant la ville s'est vidée de ses éventuels badauds. Il n'y avait qu'une pauvre femme venue protester auprès du maître des lieux, afin qu'une parente, je crois récemment morte de la peste, puisse être enterrée au cimetière, ne voulant point la voir mettre dans la fosse commune, selon l'usage.
            Retour à Whitehall où le duc arriva bientôt et après un bref entretien rentrai en voiture chez moi, n'ayant en chemin croisé que deux voitures et deux charrettes, du moins celles que j'ai vues, les rues sont désertes. 
            Ai rencontré cet après-midi le Dr Burnet qui me dit, et je l'ai lu cette semaine sur la gazette affichée près de la Bourse, que quiconque avait répandu le bruit que ce n'était point la peste, mais lui-même qui avait causé la mort de son domestique était calomniateur. Il me montra le certificat du maître du lazaret attestant que son domestique était mort d'un bubon sur l'aine droite et de deux taches sur la cuisse droite, c'est-à-dire de la peste.
          A mon bureau où j'écrivis des lettres fort tard et me préparai à l'entrevue de Hampton Court le lendemain. M'étant fait cuisiner une bonne poularde, soupai seul et, au lit, fort tard.
            D'après la rumeur, qui va bon train, une brouille avec la France serait inévitable, celle-ci menaçant de s'allier avec la Hollande, contre nous. L'échevin Backwell s'y est rendu ( c'est vrai ) avec une somme d'argent et Ostende serait en notre possession. Mais je suis surpris de constater dans quel embarras s'est mis, par son absence, ce pauvre échevin et son bras droit, Mr Shaw est malade. Cette absence le rend suspect aux yeux du monde et ses créanciers réclament haut et fort leur argent, outre ce que je sais par George Carteret depuis deux semaines.
            Notre flotte sous le commandement de milord Sandwich navigue à une latitude d'environ   55°5'. L'information est très secrète, au nord de l'île de Texel.
            Au lit fort tard. Passai en chemin rendre visite à William Turner et Mr Shalcross, mais il était absent, afin qu'on sache que j'avais fait tout ce qui était en mon pouvoir, sitôt que je fus en mesure d'honorer les factures.


                                                                                                                      23 juillet
                                                                                                    Jour du Seigneur
            Réveillé de bon matin, comme convenu, par la visite de Mr Cutler. Nous rendîmes dans son carrosse chez sir William Turner à Kingstone, par le Pont de Londres. Fîmes bonne route et arrivâmes à Hampton Court dès 9 heures. En chemin conversation riche et variée car, bien qu'à mes yeux et à ceux du monde ce soit un gredin, c'est un homme de vaste expérience et sa conversation mérite d'être entendue. Une fois arrivés, sir William Coventry nous reçut dans son cabinet. J'eus ensuite un long entretien seul à seul avec lui. Traversâmes le jardin jusqu'au Palais où on se quitta. J'eus le déplaisir de constater qu'il se croit désormais trop grand  pour être traité avec une extrême familiarité et me témoigne moins d'égards qu'avant. Pourtant, à la réflexion, dans son travail cette observation ne vaut plus, et je ne remarque plus que la même infinie amabilité chez lui.
            Je suivis le roi à la chapelle où j'entendis un bon sermon. Puis avec milord Arlington, sir Thomas Ingram et d'autres, parlâmes de Tanger au Duc, sans grand profit. Je ne fus point convié à dîner, bien que ne résidant pas à la Cour, ce qui fut un second sujet de contrariété. Mais je ne dois cependant pas oublier qu'il s'agit justement d'une cour où personne ou presque ne réside. Quoi qu'il en soit, Cutler me conduisit chez le garde général des appartements royaux, Mr Marriott, où nous fîmes bonne chère et en bonne compagnie. Il y avait entre autres le peintre Lely.
            A la chambre du Conseil, je fis antichambre tout l'après-midi dans une pièce attenante. Mais le Conseil ne siégea que fort tard et consacra presque tout son temps à l'affaire du goudron de Morisco. La séance n'en finissait pas et j'étais contraint de suivre sir Thomas Ingram, le Duc et d'autres, si bien que quand je parvins enfin à me libérer pour trouver Cutler il était parti avec son carrosse sans laisser à quiconque la consigne de m'avertir. Pris un canot pour me ramener à Kingston où une fois restauré dans une belle auberge, ce qui fut fort plaisant, pris un bateau et dormis tout au long du trajet. Ne me réveillai qu'à Queenhive où comme il était deux heures, j'arrivai trop tard ou trop tôt pour rentrer chez moi, si bien que je m'allongeai et dormis jusqu'à quatre heures. Levé, chez moi

            << 24 >> m'habillai et sur rendez-vous, à Deptford chez sir George Carteret entre 6 et 7 heures et trouvai lui, milady et leur petite fille Louisonne presque fin prêts. On alla donc prendre le bac et ensuite monter dans l'élégant carrosse tiré par six chevaux, qui nous mena à Dagenham. On nous fit fête à notre arrivée. Passâmes la journée avec les jeunes dames, et ne me suis jamais autant diverti. Mais parce que je n'avais pas assez dormi et bu une bière trop forte, j'avais attrapé un orgelet à un œil qui me causait bien du souci, et fus fort heureux de ma journée, la plus agréable que j'ai passée, car notre projet avait abouti, la compagnie était des plus charmantes et l'heure à l'insouciance.
            Mr Carteret me parut tout aussi gauche dans ses caresses qu'au premier jour, ou presque. Le soir, vers 7 heures reprîmes la voiture. Seigneur ! quel plaisir d'observer la belle humeur de sir George Carteret, le cœur si léger, si attendri, si gai, si jeune, si grande est sa joie à l'idée de cette union, que c'est merveille de le voir. Il me confia pourtant, avec le plus grand sérieux, que s'il apprenait que son fils est un débauché, comme on en voit fréquemment désormais à la Cour, il ne se cacherait pas et se refuserait à le marier à milady Jem. Lui et elle furent ensuite avertis des bassesses et du laisser-aller de la Cour. On leur raconta plusieurs histoires sur le duc de Monmouth et Richmond. De cet homme de qualité, le second fils de milord d'Ormond qui, marié à une dame de très haut rang, de belle santé et digne d'être l'épouse du roi en personne, au terme de six mois à peine lui donna la petite vérole. Nous fîmes la réflexion que le royaume ne s'en porterait que mieux, si le roi bannissait de la Cour publiquement certaines personnes de qualité. c'est là notre vœu le plus cher. 
            Etions partis si tard qu'il faisait nuit à présent et que nous avions grand peur de nous perdre. Il nous fallut longtemps, nous a-t-il semblé, avant de gagner le bord du fleuve, vers onze heures du soir. Arrivés, fort gais, mis à part le souci de mon œil, il ne se trouvait pas un bac ou un canot pour nous conduire à Deptford. On fit venir un bac de la berge opposée, à Greenwich. Mais quand elle arriva la fantaisie nous prit, gais que nous étions, de rester dormir toute la nuit dans la voiture, à l'île aux Chiens. Milady Scott s'était jointe à nous. Fort réjouis on remonta les vitres et on dormit jusqu'à l'aube. Là on commanda du vin et des victuailles, on mangea un peu, puis on alla prendre le bac, le plus gaiement du monde.

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            < < 25  >> Arrivés chez George Carteret allâmes dormir, toujours de belle humeur. Je dormis jusqu'à 7 heures, me levai et à mon bureau, bien reposé, si ce n'est que mon œil me soucie, mais en le couvrant de mon mouchoir et en le baignant de temps à autre à l'eau froide, il me semble aller mieux.
            A midi à la Bourse fort désœuvrée. Chez moi, mais en chemin je fus invité chez Mr Rawlinson avec qui je dînai, en bonne compagnie, gaie et sans malice. Mais quelle tristesse d'entendre parler de la peste dans la Cité, car l'infection gagne en étendue ! Milord Brouncker me fit don aujourd'hui du livre de Mr Grant sur les bulletins de mortalité, dans sa nouvelle édition au plus grand format. 
            A mon bureau quelque temps fort embesogné. En voiture chez le duc d' Albemarle sans avoir croisé une seule voiture, ni à l'aller ni au retour, ce qui me surprit. Parmi mes principales requêtes je souhaitais parler à sir William Clerke du frère de ma femme qui m'importune, car je crains qu'il n'attende un service de moi. Mais je ne peux guère lui obtenir d'emploi dans l'armée et n'ose l'embaucher sur mes propres deniers, ce qui créerait un précédent. De surcroît il me déplaît de le voir venir chez moi trop souvent, outre qu'il y a péril à cela, car il habite un quartier dangereux de la ville. Mais je ferais mon possible et au plus vite.
            Grandement importuné tout l'après-midi par les visites de gens venus me présenter leurs lettres de change que je fis ensuite endosser par mon orfèvre. Je les fis toutes chercher, si bien que j'espère être débarrassé cette semaine de tout ce charivari.
            Depuis deux ou trois jours, Mr Shaw de chez l'échevin Backwell est alité et souffrant, sur le point de mourir et on craint qu'il ne passe un jour de plus. 
            La nuit tombée, chez moi et, au lit, l'esprit tout à mes affaires. Entre autres, est arrivée aujourd'hui une lettre de Paris, de milord Hinchingbrooke, au sujet de son retour. J'ai envoyé ce soir un ordre de la part du duc d'Albemarle pour qu'on lui envoie à Calais un navire de 36 canons, afin de le rapatrier. 


                                                                                                                        26 juillet

           
Levé, fis quelque travail puis à Deptford avec sir William Batten où je le quittai et me rendis à Greenwich, au parc. Apprends que le roi et le duc sont arrivés ce matin de Hampton Court par la Tamise. Ils me posèrent plusieurs questions. Le roi est fort satisfait des nouvelles constructions. Les suivis sur le chantier du navire de Castle où je retrouvai sir William Batten. De là chez sir George Carteret toute la matinée. Ils n'avaient comme visiteurs que le duc de Monmouth et sir William Killigrew, plus un gentilhomme et un valet. Parlâmes de choses fort diverses. Ils me demandèrent souvent de leur parler du roi et du Duc. Puis au dîner tous allèrent s'attabler avec le roi, sauf moi qui, certes en toute modestie, n'y pouvais guère prétendre mais, Dieu me pardonne ma vanité ! j'eus donné cher pour être ailleurs, certain que j'étais que sir William Batten irait clamer que lui avait été invité, et moi non. Certes il méritait vingt fois plus que moi de l'être, mais ma fierté et ma folie en avaient jugé autrement.
            Descendis me promener avec Mr Castle qui me confia le dessein de Ford et Rider de nuire autant que possible au capitaine Taylor à son nouveau bâtiment, le London, et pour quelle raison. Il ajoute que ce sont deux fieffés gredins, ce que je veux bien croire, et il en est lui-même un troisième.
            Allâmes ensuite dîner ensemble, et fort bien. Le roi, qui avait fini de dîner, descendit sur la berge. Je montai dans la même barque que lui et m'assis près de la porte. Descendîmes jusqu'à Woolwich, où j'eus à peine le temps d'embrasser ma femme et de voir quelques-uns de ses tableaux, fort charmants, avant de rejoindre le roi et, de retour à ses côtés dans la barque, les entendis parler lui et le Duc, et pus observer leurs manières de discours. Dieu me pardonne ! J'ai beau les vénérer avec tout le respect que je leur dois, il n'empêche que à force de considérations, plus on les observe, moins on les trouve différents des autres hommes, bien que, béni soit Dieu, ce soient tous deux de grands princes par leur noblesse et leur courage.
            Quittai la barque pour monter dans un canot venu nous accoster et où se trouvait Mr Holder chargé d'un sac d'or destiné au Duc. Ils repartirent, quant à moi à mon bureau. Le duc de Monmouth
est le plus remuant, le plus bondissant godelureau que je connaisse, toujours à faire des gambades, avec force pirouettes, cabrioles et culbutes.
            Puis, comblé pour les honneurs de la journée, en voiture chez Kate Joyce, mais elle n'y était point. Vis Anthony qui me dit que mon idée de marier Pall à Hartman lui plaît assez. Mais je crains qu'il lui faille au moins 500 £ de dot, que je ne pourrai lui donner, mais ne le lui dis point. Après avoir bavardé de choses et d'autres et appris cette triste nouvelle que la peste a fait de nombreux morts dans la paroisse, 40 la nuit dernière, la cloche n'arrêta guère de sonner, revins à la Bourse où je suis monté bavarder avec ma belle Mrs Batelier un long moment. C'est à vrai dire l'une des plus jolies femmes que je connaisse. Rentrai après quelques menues emplettes et à mon bureau. Vis sir John Mennes de retour de Portsmouth, puis chez moi, mis à jour mon journal pour ces quatre derniers jours qui, pour moi furent quatre jours de grande joie, avec tous les honneurs et les plaisirs que je puisse souhaiter, à moi ou à autrui. Et à mon sens, l'homme qui fait un instant réflexion et songe que toutes ces choses qui me réjouissent le cœur sont ordonnées par Dieu tout puissant, y compris ce mariage à présent sur pied et qui semble fait pour me rendre l'existence plus gaie et me divertir, celui-ci devrait, à mon sens, voir dans le monde, mille raisons de contentement, là où il n'en voyait aucune. 
            Aujourd'hui, le pauvre Robin Shaw de chez Backwell est mort, et Backwell lui-même est parti pour la Flandre. Le roi en personne s'est enquis de Shaw et a dit en apprenant sa mort qu'il en était fort chagrin. La peste infeste à présent notre paroisse depuis cette semaine. A vrai dire, elle n'épargne rien , si bien que je songe à mettre mes affaires en ordre et prie Dieu de m'aider corps et âme.


                                                                                                                        27 juillet

            On me réveilla à 4 heures, me levai, rassemblai mes papiers pour Hampton Court, par le fleuve à Vauxhall où m'attendait la voiture de Mr Gauden. Montai et nous partîmes tous deux. Belle matinée pour voyager et nous conversâmes plaisamment. Il aborda, entre autres, la question des avitailleurs de Tanger et me dit qu'il était intéressé. Je m'en réjouis et lui fis une réponse fort aimable, lui promettant mon entremise. Il me dit que milord Berkeley lui en avait parlé il y a quelque temps déjà et qu'il avait reçu la veille une missive de sir Thomas Ingram.                                          lecostume.canalblog.com
            A notre arrivée à Hampton Court sir Thomas Ingram et Creed disposaient de papiers déjà signés en vue d'un contrat avec Mr Gauden, après que Lanyon eut signé et envoyé sa démission à sir Thomas Ingram, ce dont je fus surpris, mais satisfait. L'affaire fut donc conclue sans trop de vexations pour les gens en place, du moins sans qu'ils en prennent ombrage. Je fis signer un autre ordre au sujet d'une commande de bateaux qui, je crois, me vaudra quelque avantage.
            Expédiai ainsi mes affaires après avoir reçu l'assurance de l'affection constante et dévouée de sir William Coventry. Restâmes jusqu'au départ du roi et de la reine pour Salisbury et à leur suite du Duc et de la Duchesse dont je baisai les mains. C'était la première fois que je lui faisais un baise-main ou voyais quelqu'un lui en faire un, qu'elle a d'ailleurs fort blanche et potelée. Charmant spectacle aussi que celui des jeunes et jolies dames habillées en hommes, avec des vestes de velours, des toques enrubannées et des tours de cou en dentelles, tout comme des hommes, il n'y avait que la Duchesse à qui la chose ne seyait point. 
            Après leur départ repartîmes en voiture fort satisfaits, et arrivâmes en appétit, à Clapham, vers une heure. Creed nous avait devancés. Fîmes bonne chère, la maisonnée ayant déjà dîné. Puis promenade dans le parc, fort agréable. Arriva enfin, comme prévu, sir George Carteret qui fit le tour du propriétaire et se désaltéra. Saisis une brève occasion pour rejoindre quelque temps les dames à l'étage et les embrasser, sa fille sémillante jeune personne, sa sœur Mrs Fissant, dame sérieuse, et sa petite fille
qui commence à chanter joliment.
            M'en fus fort satisfait en voiture avec sir George Carteret qui eut de grandes amabilités envers milord Sandwich et moi-même. Je me félicite chaque jour davantage de cette alliance. Peu avant Deptford mis pied à terre et marchai jusqu'à la taverne de la Demi-Etape. En chemin on me fit voir la maison de mon cousin Pepys qui de loin me parut belle. Au bureau m'attendait le bulletin de mortalité de la semaine, 1 000 morts de plus. Parmi tous ces décès plus de 1 700 sont morts de la peste, ce qui décida les collègues du bureau à tenir séance, à compter d'aujourd'hui, à Deptford, et j'y songe aussi. Rentrai chez moi peser le pour et le contre puis, sans avoir pris de décision, soupai légèrement et, au lit, rassasié du plaisir de ces six ou sept derniers jours.


                                                                                                                          28 juillet 1665

            Levé tôt et me rendis à Deptford. Entrevis sir George Carteret, fort mécontent de la décision de nos collègues d'installer notre bureau à Deptford, prétextant diverses raisons, mais m'est avis qu'il répugne à quitter sa maison, d'autant que sa famille s'en va. Je me réjouis de n'avoir pas été là quand la décision fut prise, ce qui me permettra de tenter de la faire modifier. Partîmes en carrosse tiré par six chevaux, seul avec milady, plaisante conversation. Notre arrivée fut fort gaie, les deux jeunes gens se connaissant bien à présent. Mais Seigneur ! L'extrême terreur où l'on vit par ici est à vous donner le vertige. Les gens ont une telle peur de nous que je me sentis gêné et eus préféré être ailleurs. Il faut reconnaître que leurs craintes sont fondées, car le chapelain avec qui nous avions eu ce débat fort élevé il y a à peine une ou deux semaines est mort d'une fièvre qu'il a attrapée après être parti chez un ami assez loin d'ici, homme pourtant sain et sage.
            Ces considérations nous poussent à hâter le mariage fixé au lundi qui vient, soit trois jours plus tôt que prévu. Tous fort réjouis, le soir satisfaits, reprîmes une voiture et je rentrai chez moi, fort content. De là à Woolwich où ma femme va bien. Avons bu et bavardé et, au lit.


                                                                                                                                  29 juillet

            Levé tôt, regardai quelques-uns des tableaux de ma femme qui a acquis un grand savoir-faire, et je m'en félicite, au-delà même de mes espérances. Pris congé puis, par le fleuve, à mon bureau où je ne vis personne et travaillai toute la matinée. A midi dîner chez moi où j'apprends que mon William est venu se coucher sur mon lit car il souffre d'un mal de tête, ce qui me causa la frayeur la plus vive. J'avisai tous les moyens possibles de l'en déloger, priant mes gens de m'aider, sans que pour autant il perdît courage. De mon côté me rendis à l'ancienne Bourse payer mes achats de linge à ma jolie Batelier et lui faire mes adieux, car il ferme le commerce quelque temps. Puis en voiture chez Kate Joyce où j'usai de toute la véhémence et de la rhétorique dont je dispose pour convaincre son mari de l'envoyer s'installer à Brampton, mais en vain. Il m'opposa divers prétextes ineptes, tels que les affaires, la maison dont il fallait s'occuper et l'éloignement au cas où l'un d'eux tomberait malade. J'eus beau faire, voire plus, il y était, je le vis bien, farouchement opposé, et elle fort inquiète. Il accepta finalement de le placer chez des amis à eux, à Windsor. Je les saluai donc, conscient que les chances de les revoir étaient bien minces, car je n'ose plus m'aventurer dans ce quartier de la ville.
            Rentrai, à mon courrier d'arrache-pied. Le soir tombé chez moi, à mes papiers de Tanger, fort tard. Puis au lit l'esprit plus serein maintenant que Will est retourné chez lui et semble aller mieux, car ce n'était qu'un mal de tête.


                                                                                                                          30 juillet
                                                                                                        Jour du Seigneur
            Levé, déambulai toute la journée en chemise de nuit, bonnet et écharpe, sans m'habiller. Ne perdant pas une minute restai dans mon cabinet à mettre de l'ordre dans mes comptes de Tanger que je terminai avant le lever du jour, fort satisfait, non seulement que ce soit chose faite,  mais aussi de ce que mes affaires vont pour le mieux et même plus que je ne l'espérais. Le Dieu du ciel en soit remercié.
            Will passa la journée avec moi et va mieux. Quelle tristesse d'entendre sonner notre cloche tant de fois dans la journée, pour des morts ou des enterrements, cinq ou six fois, je crois !
            Le soir, las du labeur de la journée, mais content d'en avoir terminé, au lit, devant me lever tôt demain pour me rendre au mariage à Dagenham.
            Au lit donc, craignant d'avoir pris froid à rester en déshabillé toute la journée.


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    Levé et fort tôt, vers 6 heures, à Deptford où j'ai trouvé sir George Carteret et milady prêts à partir. Portai mon nouvel habit de soie de couleur et mon manteau à boutons dorés, aux poignets bordés d'un large galon doré, riche et raffiné. Par le fleuve jusqu'au bac où, à notre arrivée, aucune voiture ne nous attendait et la marée était si basse que le bac à chevaux ne pouvait s'éloigner de la rive et transporter notre voiture. Il ne nous restait plus guère qu'à patienter sur notre infortunée île aux Chiens, dans cet endroit glacé, dans le frisquet du matin et du vent, pendant deux à trois heures, à notre grand mécontentement. Mais comme il s'agissait d'une partie de plaisir, et voyant qu'on n'y pouvait rien, on prit patience et j'eus le bonheur de voir, plaisir ô combien rare, que tout au long de ces deux heures, sir George Carteret plus passionné que quiconque et si empressé d'être en chemin, prit fort bien la chose, sans jamais perdre sa belle humeur, ni s'échauffer et tempêter à force d'inquiétude.
            La voiture arriva enfin. Nous fûmes rejoints entre temps par un bourgeois de la Cité qui voulait traverser avec son cheval. Il nous dit qu'il était parti d'Islington le matin, et que Proctor, le patron de la taverne de la Mitre dans Wood Street, ainsi que son fils, étaient morts ce matin de la peste. Il ajouta qu'il y avait laissé de jolies sommes et que longtemps ce fut la meilleure taverne de Londres pour ce qui était du divertissement.
            Craignant d'arriver à destination après l'heure canonique, nous dépêchâmes par messager, contre notre gré la licence et l'alliance de mariage. Mais à notre arrivée, après avoir pourtant couru la poste dans une voiture à six chevaux trouvâmes la maison vide et, en route pour l'église, les croisâmes alors qu'ils en revenaient, ce qui nous contraria.
            Ce sentiment se dissipa vite. On nous dit que tout s'était bien passé, que les deux mariés avaient gardé leurs habits ordinaires, et que milord Crew avait donné la jeune fille en mariage. Il y avait trois voiturées d'invités. La jeune mariée avait l'air triste, ce qui me contraria, mais ce devait être un effet de sa taciturnité habituelle. Tout le monde l'embrassa, sauf moi qui attendais que milady Sandwich me demandât si oui ou non je l'avais fait. 
            Allâmes dîner fort enjoués, mais la compagnie était plus réservée qu'elle ne l'est ordinairement aux mariages de si grandes familles, et il en est d'ailleurs mieux ainsi. Après dîner on s'éparpilla, les uns allant jouer aux cartes, les autres converser. Milady Sandwich et moi fîmes nos comptes et je lui donnai l'argent dû. Elle est fort aimable avec moi et voudrait avoir ma compagnie quand elle ira chercher Hinchinghbrooke  ce qui est impossible.
            Le soir soupâmes, puis ce fut la conversation, et le plus extraordinaire est qu'on alla tous dire nos prières, comme à l'accoutumée, la jeune mariée aussi, après quoi on alla sagement au li. Sauf moi qui entrai dans la chambre du marié pendant qu'il se déshabillait, et on s'amusa fort, jusqu'à ce qu'il fût appelé dans la chambre de la mariée, et ils allèrent au lit. J'embrassai la mariée dans son lit, puis on tira les rideaux avec la plus grande dignité qui soit et on leur souhaita bonne nuit.
            Il y eut au cours de cette cérémonie tant de modestie, de gravité et de retenue, qu'elle me parut dix fois plus charmante que si on avait redoublé de gaieté et de joie.
            Alors que je craignais ne pas dormir de la nuit nous avons tous eu de bons lits, je dormis dans le lit même qu'avant, avec Mr Brisbane, homme érudit et fort pondéré. Une fois couchés je lui demandai de me parler de Rome, car c'est la conversation la plus plaisante qu'on puisse avoir avec un voyageur. Puis on s'endormit, les yeux me faisaient déjà mal du fait que j'avais changé ma boisson.
            Ainsi s'achève ce mois, dans la plus grande joie que j'aie connue, car ce ne fut la plupart du temps qu'un surcroît de plaisirs et d'honneurs, de voyages agréables et de belles réceptions, le tout sans dépenser un sou. Enfin j'ai eu la joie de connaître l'issue heureuse de l'affaire pour les deux familles.
            Ce soir, avec Mr Brisbane, parlâmes d'enchantements et de sortilèges. Lui fis connaître quelques-uns de mes charmes, et lui fis connaître celui-ci qu'on m'a appris en France, à Bordeaux :
                                                             Voicy un Corps mort
                                                              Royde comme un Baston
                                                              Froid comme Marbre
                                                              Léger comme un Esprit,
                                                              Levons te au nom de Jesus Christ.
            Il avait vu quatre petites filles, très jeunes, toutes agenouillées, chacune sur un genou. L'une récitait le premier vers qui le chuchotais dans l'oreille de la seconde qui le répétait dans l'oreille de la troisième et la troisième à la quatrième et celle-ci à la première, puis la première entamait le second vers et ainsi de suite jusqu'au dernier, chacune d'entre elles gardant un doigt sous un jeune garçon, allongé à terre, sur le dos, comme s'il était mort. La formule récitée elles soulevèrent le garçon de leurs quatre doigts aussi haut qu'elles le purent. Brisbane, qui était là, stupéfait et même effrayé de cette scène, d'autant qu'on lui avait demandé de participer en récitant les paroles à la place d'une des fillettes trop petite pour apprendre par cœur la formule et, craignant quelque supercherie du garçon, ou pensant qu'il était fort léger, fit appeler le cuisinier de la maison, un lourdaud, et elles le soulevèrent tout comme le précédent.
            C'est là l'un des récits les plus incroyables qu'on m'ait jamais faits, mais il me dit qu'il avait vu la chose de ses propres yeux, et je veux bien croire que c'est vrai. Je lui demandai si ces fillettes étaient protestantes ou catholiques, et il me répondit protestantes, ce qui me rend l'affaire plus incroyable encore.
            Ainsi, dis-je, s'achève ce mos qui me vaut tant et plus de satisfactions. A ceci près que l'inquiétude est grande, car nous sommes de plus en plus gagnés par la peste, le bilan de la semaine dernière donnant entre 1 700 et 1 800 morts.
            Milord Sandwich, en mer avec une centaine de voiles, fait route cap au nord, où il espère trouver de Ruyter ou la flotte hollandaise de la Compagnie des Indes orientales.
            Milord Hinchingbrooke revient de France et ira chez sa sœur à Scot's Hall. 
            Quant à moi ai rendu grand service aux deux familles dans cette alliance, et cela de l'aveu même de milady, de sir George Carteret et sa dame, qui tous deux m'appellent dorénavant leur cousin, et je m'en réjouis.
            Dieu préserve longtemps notre amitié et nos santés.


                                                                à suivre...........

                                                                                                                            1er août 1665

            Grasse matinée, puis.........

















                                                                                 






















            


                                                                                                                       
                                                                                                                     













                                                                                                                      

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