Cher connard
Roman épistolaire. Oscar, auteur de romans policiers à succès a la malencontre idée de laisser aller sa plume sur un site internet. Il écrit les désastres de l'âge sur une star hollywoodienne. Oui mais, la star est une amie d'enfance, de sa sœur en fait car toutes deux sont plus âgées, du même quartier, de la même ville. Mais aussi la star, Rebecca, revenue en France, lit la diatribe de l'ancien petit copain et lui envoie un mail. D'où une discussion de 345 pages et qui dure plusieurs années. Leurs discussions portent essentiellement sur leurs différentes addictions, aux drogues de toutes sortes, à la boisson. Une fois contés les méfaits et les plaintes de chacun, surtout Oscar qui se décrit dans ses mails l'exact contraire de la star si jolie, lui petit, maigriot, " mal foutu", dit-il, en contraste avec son succès d'écrivain et poussé par ses désirs il va jusqu'au harcèlement pour séduire Zoé, son attachée de presse dans sa maison d'édition. Et alors, arrive Metoo, les féministes, quelques allusions aux masculinistes, l'un geignant, l'autre agaçant par son panache, pas pour ses rôles, trop âgée ou pas assez elle est en manque de tournages, et deviendra l'amie de tous ou presque. Au reste, sympathique. Connaissant ses précédents écrits et un peu sa biographie, on comprend où nous mène Despentes, et ses prises de position à travers ses personnages, peu nombreux, mais relativement vivants. Rebecca dit; "...... Je me voyais sur les photos. Pendant des années j'étais ce corps longiligne, cette attitude désinvolte....... et progressivement mon visage devenait sec......, mon teint livide.......... j'ai lu sur Internet que ça faisait partie de ton personnage, picoler, taper, gober......à la Hemingway....... Ecrivain c'est difficile à concilier avec une masculinité un tant soit peu dynamique..... " Et Oscar raconte un moment de sa vie "..... Je passe des journées entières à douter de ma propre écriture et j'écoute de la musique d'ego trip et de brute. Le gangsta rap c'est la performance du pouvoir par........ " Et Oscar réaliste et consolateur : "....... C'est absurde de te demander d'incarner une femme quelconque. C'est comme aller chercher un tigre pour interpréter un hamster..... avec ou sans dopant........ quand j'avais vingt ans il y avait ce truc avec les voitures. Les road trips, une fascination pour les grosses américaines..... On aime la voiture plus que la vie humaine. C'est une question d'industrie. D'économie du pétrole..... Peuvent être expliqués par l'avidité d'un pourcentage de gens qui ont intérêt à ce que ça soit comme ça...... " Rebecca nostalgique :
" Je ne regarde que des vieux films. J'ai tout aimé de cette industrie d'un autre siècle....... " Puis, toujours retour vers la drogue dont chacun use et a usé pour accepter et même trouver agrément aux réunions de NA, les narcotiques anonymes. Enfin, le Covid, ce déclencheur, et Barcelone vide de ses touristes en cette période étrange que tous nous avons vécue. Bon livre, en définitive. Bonne lecture. M;
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