mercredi 7 avril 2021

Le journal du Séducteur Sören Kierkegaard 10 ( Essai Danemark )











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                               Le 23 juillet.

            Aujourd'hui j'ai recueilli le fruit d'un bruit que j'avais fait courir, disant que j'étais amoureux d'une jeune fille. Grâce à Edouard il est arrivé aussi jusqu'à Cordélia. Elle est curieuse, elle m'observe, mais n'ose pas me questionner, et cependant, ce n'est pas sans importance pour elle d'en acquérir la certitude, d'une part parce que cela passe toute croyance et, d'autre part, parce qu'elle verrait presque un antécédent pour elle-même. Car, si un railleur aussi froid que moi peut tomber amoureux, elle le pourrait aussi bien sans avoir besoin d'en rougir. 
            Aujourd'hui j'y ai fait allusion. Je crois que je sais raconter une histoire de telle façon que la pointe ne s'en perde pas, et n'arrive pas trop tôt. Et ma joie est de tenir in suspenso ceux qui m'écoutent de vérifier par de petits mouvements épisodiques l'issue qu'on désire à mon récit et de les tromper pendant son cours. Mon art est d'employer des amphibologies pour qu'on me comprenne dans un sens et qu'on s'aperçoive subitement que mes paroles peuvent être comprises autrement aussi. Si on veut avoir une bonne occasion pour les observations spéciales il faut toujours faire un discours. Dans une conversation les autres s'échappent plus facilement de vous, et par des questions et des réponses ils peuvent mieux cacher l'impression produite par les paroles.
            Je commençai mon discours à la tante avec une gravité solennelle :
            " - Dois-je l'attribuer à la bienveillance de mes amis ou à la méchanceté de mes ennemis, et qui des deux choses n'en a pas excès ? ".
            Ici la tante fit une remarque que je délayais de mon mieux afin de tenir en haleine Cordélia, qui écoutait et ne pouvait pas rompre cette attention soutenue puisque c'était avec la tante que je parlais, et que je mettais tant de solennité. Je continuai !
            " - ou dois-je l'attribuer à un hasard, au generatio aequivoca d'un bruit... " 
            Apparemment Cordélia ne comprenait pas cette expression, elle la rendait seulement confuse, et ceci d'autant plus que j'y mettais un accent faux et que je la prononçais en prenant une mine matoise, comme si c'était l'essentiel de ce que j'avais à dire
            " - un hasard, dis-je, qui m'a fait tout l'objet de commentaires prétendant que je me suis fiancé "
             Cordélia attendait évidemment encore mes explications, et je continuai :
             " - c'est peut-être mes amis, puisqu'on doit toujours estimer que c'est un grand bonheur de devenir amoureux ( elle restait interdite ), ou mes ennemis, puisqu'on doit toujours estimer très ridicule que ce bonheur m'échet ( mouvement en sens contraire ), ou c'est un pur hasard, puisqu'à la base il n'y a pas la moindre raison, ou bien c'est la generatio aequivoca, puisque le bruit a dû naître grâce aux hantises irréfléchies d'une tête vide ".                                                                123RF
            La tante s'impatientait avec une curiosité féminine pour connaître le nom de la dame avec laquelle il m'aurait plu de me fiancer. Mais je récusai toute question à cet égard. Toute l'histoire fit de l'impression sur Cordélia, et je crois presque que les actions d'Edouard sont en hausse de quelques points.
            L'instant décisif s'approche. Je pourrais m'adresser à la tante et, par écrit, demander la main de Cordélia. C'est bien là le procédé habituel dans les affaires de cœur, comme s'il était plus naturel pour le cœur de s'exprimer par écrit que par vive voix. Mais ce qui me ferait choisir ce procédé est justement ce qu'il y a de prudhommesque en lui. Si je le choisis je serai privé de la surprise proprement dite et je ne veux pas y renoncer
            Si j'avais un ami il me dirait peut-être : " - As-tu bien réfléchi à la démarche très grave que tu fais, démarche qui décidera de toute ta vie future et du bonheur d'un autre ? " C'est bien l'avantage qu'on possède quand on a un ami. Je n'ai pas d'ami. Je ne déciderai pas si c'est un avantage, mais être dispensé de ses conseils est, selon moi, un avantage absolu. J'ai, d'ailleurs, au sens le plus strict mûrement médité toute l'affaire.
            En ce qui me concerne il n'y a plus rien qui s'oppose aux fiançailles.
            Je suis donc un candidat épouseur, mais qui s'en doute à me voir ? Bientôt, ma pauvre personne sera regardée d'un point de vue supérieur. Je cesse d'en être une et je deviens " un parti". Oui, un bon parti, dira la tante. C'est elle qui me fait presque le plus de peine, car elle m'aime d'un amour agronomique si pur et sincère, elle m'adore presque comme son idéal.
            Dans ma vie j'ai déjà fait bien des déclarations d'amour, pourtant toute mon expérience ne m'est d'aucune aide ici, car cette déclaration doit être faite d'une manière toute particulière. Ce que je dois surtout inculquer dans mon esprit est qu'il ne s'agit que d'une feinte. J'ai fait pas mal d'exercices de pas pour trouver la meilleure façon de me présenter. Il serait imprudent de mettre d'érotisme dans ma démarche, car cela risquerait d'anticiper sur ce qui doit suivre plus tard et se développer graduellement.
Mettre trop de gravité serait dangereux. Un tel moment a tant d'importance pour une jeune fille que toute son âme peut s'y fixer, comme celle d'un mourant dans sa dernière volonté.
            Rendre la démarche cordiale ou d'un bas comique jurerait avec le masque adopté jusqu'ici par moi, et aussi avec le nouveau que j'ai l'intention de prendre et de montrer. La rendre spirituelle et ironique serait trop risquer
.            Si l'essentiel pour moi et pour les gens en général dans une telle occasion, était de faire sortir le petit " oui ", cela irait tout de go. Il est vrai que cela est important, mais non pas d'une importance absolue. Car, bien que j'aie jeté les yeux sur cette jeune fille une fois pour toutes, bien que je lui aie voué beaucoup d'attention, oui : tout mon intérêt. Il y a pourtant des conditions qui ne me permettraient pas d'accepter son oui.
            Je ne tiens pas du tout à la posséder, au sens grossier. Ce qui m'importe est de jouir d'elle au sens artistique. C'est pourquoi il faut mettre autant d'art que possible dans le commencement.
            Celui-ci doit avoir une forme aussi vague que possible et ouvrir la porte à toutes sortes de choses. Elle m'entend mal si elle voit tout de suite en moi un trompeur, car je n'en suis pas un au sens vulgaire. Mais si elle me prend pour un amant fidèle, elle s'entend mal aussi à mon égard. 
            Ce qui importe, c'est qu'à cet épisode son âme reste aussi peu déterminée que possible. A un tel moment l'âme d'une jeune fille est prophétique comme celle d'un mourant. C'est ce qu'il faut empêcher. Ma charmante Cordélia ! Je te frustre de quelque chose de beau, mais il n'y a rien à faire et je donnerai toutes les compensations en mon pouvoir. Tout cet épisode doit rester aussi insignifiant que possible pour qu'après m'avoir donné son oui elle ne soit capable en aucune manière de rendre compte de ce qui peut se cacher dans nos rapports. C'est justement cette possibilité infinie qui constitue ce qui est intéressant. Si elle était capable de prédire quelque chose, j'aurais fait fausse route et nos rapports perdraient leur sens.   fr.rbth.com 
            Il n'est pas imaginable qu'elle me dise oui parce qu'elle m'aime, car elle ne m'aime pas du tout. Le mieux serait que je pusse transformer les fiançailles de sorte qu'elles deviennent un événement au lieu d'être un acte, qu'elles deviennent quelque chose qui lui arrive, au lieu d'être quelque chose qu'elle fait et dont elle doit dire : " Dieu sait comment c'est arrivé. "


                                Le 31 juillet.

            Aujourd'hui j'ai écrit une lettre d'amour pour un tiers. J'y prends toujours un grand plaisir. Il est d'abord toujours très intéressant d'approfondir une telle situation, et pourtant à peu de frais. Ma pipe bourrée j'écoute l'histoire, et les lettres de l'intéressée me sont mises sous les yeux. Je m'intéresse toujours vivement à la façon dont une jeune fille s'exprime par écrit. Alors il reste là, amoureux comme un rat, il me lit les lettres et est interrompu par ses remarques laconiques : " c'est écrit bien, elle a du sentiment, de goût, de la prudence, sans doute n'est-ce pas la première fois qu'elle aime, etc. " En second lieu je fais une bonne action. J'aide des jeunes gens à s'unir, ensuite je prends mon parti. Pour chaque couple heureux je jette mon dévolu sur une victime. Je fais deux heureux et, au plus, un seul malheureux. Je suis honnête, on peut se fier à moi, je n'ai jamais trompé personne qui se soit ouvert à moi. Il y a toujours un peu de bouffonnerie pour moi, enfin, cela ne représente que l'émolument légitime. Et pourquoi a-t-on tant de confiance en moi? parce que je sais le latin, que je suis assidu à mes études et parce que je garde toujours mes petites histoires pour moi. Et je mérite bien cette confiance, n'est-ce pas ? Car je n'en abuse jamais.

                             Le 2 août

            Le moment était venu. J'ai entrevu la tante dans la rue et je savais donc qu'elle n'était pas à la maison. Edouard était allé aux douanes. Par conséquent, il y avait toute chance pour que Cordélia soit toute seule chez elle. Et elle l'était aussi, assise à son travail devant la table à ouvrage. Il est très rare que je rende visite à la famille le matin, et elle fut donc un peu émue en me voyant. La situation faillit s'en ressentir. Cela n'aurait pas été de sa faute car elle se ressaisit assez vite, mais de la mienne, car malgré ma cuirasse elle me fit une impression exceptionnellement forte. Quelle grâce elle avait dans sa robe d'intérieur en calicot, à rayures bleues et simple, avec une rose fraîche cueillie, non, la jeune fille en était une elle-même. Elle était aussi fraîche que si elle venait d'arriver. 
            Qui veut bien me dire où une jeune fille passe la nuit, ce doit être dans le pays des mirages, mais chaque matin elle rentre et rapporte cette fraîcheur juvénile. Elle paraissait si jeune et pourtant si parfaite, comme si la nature, semblable à une tendre et riche mère, ne venait qu'à cet instant même de la laisser échapper de ses mains. J'avais l'impression d'être témoin de cette scène d'adieux, je voyais comment cette tendre mère l'embrassait encor une fois avant de se séparer d'elle, et je l'entendais dire :
            " - Va, par monts et par vaux, ma petite, j'ai fait tout pour toi, prends ce baiser comme un sceau sur tes lèvres, c'est un sceau qui gardera le sanctuaire et que personne ne peut briser sans que tu ne le veuilles toi-même, mais quand viendra celui qu'il faut, tu le comprendras. " Et elle pose un baiser sur ses lèvres, un baiser qui ne s'empare pas de quelque chose comme fait un baiser humain, mais un baiser divin qui donne tout, qui donne à la jeune fille la puissance du baiser. 
            Oh ! Nature merveilleuse, profonde et énigmatique, tu donnes la parole aux hommes mais l'éloquence du baiser aux jeunes filles ! C'est ce baiser qu'elle avait sur ses lèvres, cet adieu sur son front et ce salut joyeux dans son regard, et c'est pourquoi elle apparaissait à la fois si familière, car elle est bien enfant de la maison, et si étrangère, car elle ne connaissait pas le monde, mais seulement la tendre mère qui, invisible, veillait sur elle. Elle était vraiment charmante, jeune comme une enfant et, pourtant, imprégnée de la noble dignité virginale qui commande le respect.
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      Mais bientôt j'étais de nouveau froid et solennellement stupide, comme il sied quand on veut faire une chose importante sans qu'elle ait, en réalité, aucun sens.
            Après quelques remarques d'ordre général je l'approchai d'un peu plus près et sortis ma demande. Quelqu'un qui parle comme un livre est extrêmement ennuyeux à écouter. Parfois, cependant, parler ainsi peut être utile, car, chose curieuse, un livre a ceci de particulier qu'il peut être interprété comme on veut. De même les paroles quand on parle comme un livre. Je me tins tout sobrement à quelques formules ordinaires. Incontestablement, elle fut surprise, comme je m'y attendais.
            Il m'est difficile de me rendre compte de son air à ce moment. Son air était complexe, oui, à peu près comme le commentaire pas encore édité, mais annoncé, de mon livre, commentaire qui admettra la possibilité de toutes les interprétations. Un mot, et elle aurait ri de moi, un mot, elle aurait été émue, un mot, et elle m'eût évité. Mais aucun mot ne s'échappait de mes lèvres, je restais solennellement stupide et je suivais strictement le rituel.
            " Elle m'avait connu si peu de temps ", que voulez-vous, on ne rencontre de telles difficultés que sur la route étroite des fiançailles, non pas sur les sentiers fleuris de l'amour. Chose curieuse ! Quand, les jours précédents, je réfléchissais à toute la question, j'avais assez de cran et j'étais sûr qu'à l'instant de la surprise elle dirait oui.
            Ce n'est pas ainsi que l'affaire se dénoua, car elle ne dit ni oui ni non, mais elle m'adressa à la tante. J'aurais dû le prévoir. J'ai vraiment de la chance, car ce résultat était encore meilleur.



            La tante donnera son consentement, ce dont je n'ai d'ailleurs jamais douté. Cordélia suivra ses conseils. Quant à mes fiançailles je ne me vanterai pas de leur poésie, elles sont à tous égards prudhommesques, d'esprit boutiquier. La jeune fille ne sait pas si elle doit dire oui ou non. La tante dira oui, la jeune fille aussi dira oui, je prends la jeune fille, elle me prend, et l'histoire commencera.


                                       Le 3 août

            Me voilà donc fiancé, Cordélia aussi, et c'est sans doute à peu près tout ce qu'elle sait de cette affaire. Si elle avait une amie à qui parler sincèrement, elle dirait probablement :
            " - Quel sens attribuer à tout cela ? réellement je ne le comprends pas. Il y a quelque chose en lui qui m'attire, mais je perds mon latin en cherchant ce que c'est, il a un pouvoir étrange sur moi, l'aimer ? non, et je n'y arriverai peut-être jamais. Mais je supporterai bien de vivre avec lui et, par conséquent, je pourrai aussi devenir assez heureuse avec lui. Car il n'exigera sûrement pas beaucoup pourvu que j'aie la patience de le supporter. "
            Ma chère Cordélia ! Il exigera peut-être plus et, par contre, moins d'endurance.
            Parmi toutes les choses ridicules les fiançailles remportent le prix. Le mariage au moins a un sens. Bien que ce soit un sens peu commode pour moi. Les fiançailles sont d'invention purement humaine et ne font pas honneur à leu inventeur. Elles ne sont ni chair ni poisson et ressemblent aussi peu à l'amour que la bandelette du dos de l'appariteur à une toge de professeur. A présent, je suis membre de cette honorable confrérie. Cela a son importance, car, comme dit Trop, ce n'est que lorsqu'on est artiste soi-même qu'on acquiert le droit de juger les autres artistes. Et un fiancé, n'est-il pas aussi un bateleur comme ceux de Dyrehavsbakken ?

            Edouard est hors de lui, exaspéré. Il laisse pousser sa barbe et, ce qui n'est pas peu dire, il a accroché son habit noir. Il désire voir Cordélia et lui dépeindre ma perfidie. Ce sera une scène poignante : Edouard non rasé, négligemment habillé et parlant haut à Cordélia. Pourvu qu'il ne l'emporte pas sur moi avec sa barbe longue. Je fais de vains efforts pour le raisonner, j'explique que c'est la tante qui est l'artisan des fiançailles, que Cordélia nourrit peut-être encore de bons sentiments pour lui et que je suis prêt à me retirer s'il peut la gagner. Un instant il hésite à se faire tailler sa barbe autrement, à acheter un nouvel habit noir et, l'instant d'après, il me rabroue.  
            Je fais tout pour garder bonne contenance avec lui. Si furieux qu'il soit contre moi, je suis sûr qu'il ne fera pas un pas sans me consulter. Il n'oublie pas le profit qu'il a tiré de moi en ma qualité de mentor. Et pourquoi devrais-je lui ravir son ultime espoir, pourquoi rompre avec lui ? c'est une brave homme et qui sait ce que réserve l'avenir !



            Ce que j'aurai à faire à présent est d'abord de tout arranger pour rompre les fiançailles et m'assurer des rapports plus beaux et plus importants avec Cordélia. Et ensuite mettre à profit le temps aussi bien que possible pour me réjouir de tout le charme, de toute l'amabilité dont la nature l'a si surabondamment dotée, m'en réjouir mais avec la restriction et la circonspection qui empêchent d'anticiper sur les événements. Quand je serai arrivé à lui faire comprendre ce qu'est l'amour, l'amour de moi, alors les fiançailles s'écrouleront naturellement comme représentant un état imparfait, et elle m'appartiendra.
            D'autres se fiancent lorsqu'ils sont arrivés à ce point et ils auront alors de bonnes chances d'un mariage ennuyeux pour toute l'éternité. Tant pis pour eux.
            En sentant dans l'amour toute sa propre importance elle l'appliquera pour m'aimer, et quand elle se doutera que c'est de moi qu'elle l'a appris, elle m'aimera doublement. 
            L'idée de ma joie m'étouffe, tellement que je suis prêt à perdre contenance.
            Son âme n'a pas été évaporée, ni détendue par les émotions indécises de l'amour, ce qui fait que beaucoup de jeunes filles ne réussissent jamais à aimer, c'est-à-dire à aimer d'un amour décidé, énergique, total. Elles portent dans leur conscience une fantasmagorie indécise qui doit être un idéal d'après lequel l'objet réel de l'amour sera mis à l'épreuve. De ces demi-mesures résulte quelque chose avec laquelle on peut se débrouiller chrétiennement à travers l'existence.
            Pendant qu'alors l'amour s'éveille en elle, je le perce à jour et je l'écoute en dehors d'elle à l'aide de toutes les voix de l'amour. Je me rends compte de la forme qu'il a affectée en elle et je me façonne conformément à elle. De même que j'ai été incorporé déjà immédiatement dans l'histoire que l'amour parcourt dans son,coeur, je viens à nouveau à sa rencontre du dehors, d'une manière aussi fallacieuse que possible. Car une jeune fille n'aime qu'une fois.



                                                            à suivre.............

samedi 3 avril 2021

Autobiographie d'une Courgette Gilles Paris ( Roman France )


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                                         Autobiographie d'une Courgette

            Courgette n'aime pas être appelé Icare, cela ne présage rien d'agréable. Habitué aux gifles à cinq doigts que sa mère distribue généreusement, il gère sa vie, mais il n'a que neuf ans, et l'accident redoutable tranche, sa vie auprès du voisin dépenaillé qui ne parle qu'au cochon, jouer aux billes avec ses deux copains, c'est fini. Et Courgette " voudrait tuer le ciel ". Il voudrait aussi interroger son papa, parti avec une poule dit sa mère, ce qui laisse le jeune garçon incrédule : il ne savait pas qu'on pouvait emporter une poule en voyage. Son papa ne répond pas, il n'a pas tué le ciel. Seul Raymond, le gendarme, lui-même père de Victor et veuf, à peine remis de son chagrin, conduit Icare dans une maison d'accueil. Courgette, tous l'appelleront ainsi, s'adapte et fait connaissance avec des enfants qui ont le chagrin enfoui, mais se défendent dans cette maison où Rosy confortable soigne et veille, Geneviève, ainsi doivent l'appeler les petits pensionnaires, la directrice punit, sourit, sévère mais récompense, Simon qui sait tout sur tout le monde. Un jour il dira à Icare-Courgette, qu'il a du soleil dans le coeur , alors que chez lui il n'y a que des nuages, il a vu ses parents mourir d'une overdose. Il y a celui dont le père est en prison, il sort et rend visite. Résultat imprévu. Et quelques autres, et arrive Camille, petite fille traînée par une tante, la sorcière, et dès leur premier regard, c'est l'amour qui jaillit " ils se font des yeux terribles ". Mais Camille a parfois les yeux brumeux, elle dira " avoir un papa, une maman, une maison et une chambre à soi, c'est mieux, " même si sa maman décousait, transformait des vêtements le jour, et réparait les coeurs de messieurs qui passaient la nuit et parfois le père revenait et alors, drame.
Le cuisinier les gâte, la piscine, le mardi, Raymond le dimanche. Les enfants ne sont malheureux que lorsque le passé remonte encombrer les esprits. Raymond, " sa chemise est toujours sortie de son pantalon à cause de son ventre et il transpire sous son blouson.... " Simon joue les durs, je sais tout mais " Simon dit rien, même ses larmes c'est que du silence.... " Raymond toujours et encore qui réserve des surprises aux deux enfants devenus inséparables, Raymond et sa mère en chaise roulante une journée à la plage. Simon je sais-tout à Courgette très interrogatif : " .... l'âge est comme un élastique et que les enfants et les gens très âgés tirent dessus chacun à un bout, et il finit par craquer et c'est toujours les gens âgés qui se prennent l'élastique dans la figure et après ils meurent..... - Quand j'étais petit ma grand-mère à moi était déjà au ciel à tricoter des pulls aux anges...... " Les enfants jouent à prendre des photos " ..... sauf ma grand-mère qui tricote un pull.... elle a pas le temps de le finir sur terre : < elle fait une crise du coeur >...... " Et oui, Raymond réserve une jolie surprise à deux petits privilégiés, qui ne fera pas que des heureux parmi les autres, mais ainsi va la vie.
            Roman écrit sous la plume de Courgette, toujours vif, pensées d'enfant réflexions d'adulte, l'histoire pourrait n'être que tristesse, mais bien menée, elle tient son lecteur, sourire aux lèvres. Livre paru il y a plusieurs années, primé de multiples fois, un film tiré des aventures de Courgette and Co césarisé, présenté aux Oscars. Une histoire sans âge. 5è roman de Gilles Paris qui l'écrivit lors de circonstances difficiles, dit-il, et connut là son premier grand succès de librairie. Vraiment joli roman pour toutes les générations. Bonne lecture.



            

vendredi 2 avril 2021

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 140 SamuelComm Pepys ( Journal Angleterre )









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                                                                                                             1er Mai 1665

            Levé, chez Mr Povey, à son chevet avons longuement parlé. A ce que je vois il insiste longuement, entre autres, sur la difficulté de se procurer de l'argent, et souhaiterait que je contribue à imaginer quelque moyen de me défaire de la charge de trésorier en faveur d'un dénommé Ball. J'affichai mon mépris pour cette suggestion et résolus de faire de mon mieux ou de renoncer.
            Chez le duc d'Albemarle où je fus chagrin d'arriver un peu en retard. Puis chez moi et, à midi, à la Bourse, rencontrai Mr Brouncker, sir Robert Moray et Mr Hooke qui se rendaient en voiture dîner chez le colonel Blount si bien qu'ils s'arrêtèrent et me prirent au passage. Descendîmes à l'embarcadère de la Tour puis, par voie d'eau, à Greenwich, où noud attendaient des voitures qui nous conduisirent à sa résidence, un manoir de toute beauté, tant par son site que par ses cultures admirables, parmi lesquelles un vignoble, chose que je n'avais encore jamais vue. Le repas fut quelconque et on ne se divertit guère, sauf après dîner, lorsque nous allâmes expérimenter divers procédés destinés à rendre les voitures confortables. Parmi celles qu'on essaya une seule se révéla d'un grand confort : toute la caisse de la voiture repose sur un seul long ressort. Et chacun de faire un tour après l'autre. Belle invention et qui devrait avoir du succès. La compagnie étant venue tout exprès pour ces essais, ma foi prometteurs.
            Revînmes en voiture à Greenwich, puis prîmes le canot de plaisance du colonel pour aller à Deptford. Descendîmes pour nous rendre chez Mr Evelyn. Fort belle demeure, mais comme le jour tombait et qu'il se faisait tard, je ne restai pas. Revins à pied jusqu'à Rotherhithe, accompagné du doyen Wilkins et de Mr Hooke, satisfaits des conversations intéressantes de la journée.
            Comme il était tard les invitai à se rafraîchir chez moi, leur donnai quelques friandises et une lanterne pour rentrer chez eux. Il n'y a pas en Angleterre, ni dans le monde, je crois, hommes plus respectables que ces deux-là.
            Ensuite chez milady Batten où ma femme a passé la soirée et après avoir bavardé gaiement, rentrai et, au lit.


                                                                                                                     2 mai

            Levé et à mon bureau toute la journée, fort tard. puis y retournai derechef, et comme il avait été décidé hier, sir William Batten, milady, ma femme et moi, allâmes à la taverne du Vin du Rhin à Steelyard, mangeâmes des langoustes et des salicoques, fort réjouis de nous voir réunis tous les quatre, alors que ma femme et milady brouillées depuis un an, avaient dit ne jamais vouloir se fréquenter à nouveau. Fûmes bientôt rejoints par sir Richard Ford ainsi que Mrs Esther qui vivait auparavant chez milady Batten, mais que voilà mariée, et fort bien, à un pasteur venus voir milady.
            Rentrâmes dans la soirée, puis à mon bureau où restai tard, puis chez moi, souper et, au lit.


                                                                                                                                  3 mai

            Levé tôt et à pied chez sir Philip Warwick. Passai avec lui un long moment dans son cabinet, en privé, parler de l'affaire de sir George Carteret et des préjudices qu'il fait subir au pays en se montrant mauvais payeur, ce qui nous tourmente tous deux, et je ne vois guère d'espoir d'y remédier, à ma connaissance. Puis chez milord Ashley pour une séance de la commission de Tanger portant sur les comptes de milord Rutherford. Allâmes ensuite chez milord le trésorier où je reçus un pouvoir adressé à sir Robert Long afin qu'il m'autorisât par mandat à encocher des tailles.
            Derechef à l'auberge près de Cripplegate croyant y trouver ma mère qui doit venir à Londres, mais elle n'y était point, pas plus que la semaine dernière, la diligence étant bondée.

            A la Bourse, puis rentrai dîner. Ressortis pour me rendre à Gresham College, où je vis un chat mourir sous l'effet du poison du duc de Florence. La preuve fut faite sous mes yeux que l'huile de tabac, extraite par les soins d'un membre de la Société, a le même effet, et à l'examen, n'est autre que ce poison lui-même, identique quant à sa couleur, son odeur et ses effets. Je vis aussi un avorton conservé dans l'esprit de sel. Nous partîmes, puis à Whitehall, à la Chambre du Conseil, au sujet d'un arrêt relatif à la marine, nous donnant pouvoir d'écrouer les marins ou les lieutenants de vaisseau qui, engagés ou enrôlés de force se refusent à faire leur devoir, mais ne pûmes l'obtenir. Rentrai donc, contrarié car j'avais adressé une note au duc d'Albemarle, sous ma propre signature. A mon bureau quelque temps puis, au lit.
            Milord Hyde, président du tribunal du Banc du roi, est mort               amazon                                             subitement cette semaine, il y a un jour ou deux, d'apoplexie.


                                                                                                                           4 mai

            Levé et à mon bureau. Fûmes occupés toute la matinée. A midi rentrai dîner puis, derechef, à mon bureau toute la journée, jusqu'à près de minuit. Rentrai las, souper et, au lit.


                                                                                                                                5 mai

            Levé tôt. Par le fleuve à Westminster, m'entretins pour la première fois avec sir Robert Long et lui donnai mon sceau privé ainsi que l'arrêt de milord le trésorier pour les tailles de Tanger. Il me reçut assez aimablement. Repartis par le fleuve puis descendis aussitôt vers Woolwich et jusqu'à Blackwall où je vis la Brèche qui doit être aménagée en bassin de mâtage. Puis à Deptford, à la taverne du Globe, où milord Brouncker, sir John Mennes, sir William Batten et le commissaire Pett étaient attablés après être allés eux aussi à la Brèche, mais ils estiment le coût de l'aménagement trop élevé.
            Après dîner chez Mr Evelyn qui était sort, si bien que nous nous promenâmes dans son jardin, magnifique et imposant en vérité avec, entre autres curiosités, une ruche. Comme il est plaisant de voir les abeilles dans leur ruche de verre, faire leur miel et leurs rayons. Repartis, puis passai voir Mr Povey qui, souffrant, garde encore la chambre. Sur son conseil me rendis chez un certain Lovett, vernisseur, afin d'y voir son nouveau procédé de vernissage. Ne le trouvai pas chez lui, mais son épouse, fort jolie femme, me fit voir divers échantillons d'un travail admirable. Etais venu au sujet de mes feuillets afin d'y tracer des lignes, pour mes inventaires, entre autres. Je ne saurais dire si c'était les échantillons eux-mêmes qui me plurent, ou le fait que ce fût elle qui me les montrât, mais me voilà résolu à faire venir quelques feuillets. Puis à mon bureau tard, puis souper et, au lit.
            Ma femme m'apprend que ma pauvre tante, Mrs James, s'est fait amputer d'un sein à Londres, elle avait depuis longtemps une tumeur.
            Aujourd'hui, alors que je me laissais pousser les cheveux, afin de les avoir longs, je trouve si commode de mettre une perruque que je me les suis recoupés très courts. Je m'en tiendrai dorénavant aux perruques.


                                                                                                                       6 mai 1665

            Levé et à mon bureau toute la journée, sauf pendant le dîner. Restai jusqu'à plus de minuit. Rentrai me coucher satisfait, comme je le suis toujours lorsque j'ai abattu force besogne, ce qui me réjouit grandement.


                                                                                                                          7 mai
                                                                                                    Jour du Seigneur
            Levé, puis à l'église avec ma femme. Rentrâmes dîner et arriva Mr Andrews. Il passa l'après-midi avec moi pour discuter de notre affaire de subsistance pour Tanger. Après le sermon arrivèrent Mr Hill et un gentilhomme, un certain Mr Scott, qui chante aussi fort bien, puis revint Mr Andrews et tous ensemble nous chantâmes, puis soupâmes. On rechanta ensuite et ce fut un dimanche agréable et tranquille. Allai un moment à mon bureau, puis chez moi, prières et, au lit.
            Hier ma femme a commencé à apprendre le dessin d'un certain Browne, mais Mr Hill l'aide également. D'après son premier dessin qui a pour sujet des yeux, je crois qu'elle fera de belles choses. Je m'en réjouirai.


                                                                                                                           8 mai

            Levé fort matin, travaillai bien avant de sortir voir diverses personnes, dont le capitaine Taylor qui voudrait me laisser en grande partie la conduite de ses affaires maintenant qu'il part pour Harwich. Si la chose me rapporte de l'argent, comme je le crois, j'accepterai de lui rendre quelques services.
            Puis avec sir William Batten chez le duc d'Albemarle où beaucoup de besogne, et à la Bourse. Dîner avec sir William Warren dans une gargote et parlâmes avec grand profit jusqu'à 5 heures de l'après-midi. Rentrai, eus fort à faire très tard, puis chez moi et, au lit.


                                                                                                                           9 mai

            Levé tôt, vaquai à mes affaires au bureau toute la matinée. A midi Mrs Theophilia Turner vint dîner, le maître à dessiner de ma femme resta aussi, et je me réjouis à l'idée que ma femme mène à bien cette entreprise. Llewellyn dîna aussi avec nous. J'allai ensuite à mon bureau, travaillai jusqu'à près de minuit, puis rentrai, souper et, au lit.                                                                          pinterest/com
            La nouvelle est arrivée aujourd'hui que huit vaisseaux furent capturés par quelques-uns des nôtres, alors qu'ils approchaient de l'île de Texel, les deux bâtiments de ligne qui les convoyaient s'étant réfugiés dans le port. Ils venaient des parages d'Irlande et étaient passés par le nord.


                                                                                                                         10 mai 19665

            Levé tôt, allai au Cockpit où le duc nous fit part, à sir William Batten et à moi, de la récente capture des huit vaisseaux et de son intention de ramener immédiatement la flotte à Gunfleet, ce qui nous force hâte et grands préparatifs en vue de l'arrivée de la flotte. Puis chez Mr Povey, conversâmes, puis allai à Southwork mander quelques soldats de la garde, sur ordre du Duc, afin d'aider à maintenir
les hommes enrôlés de force à bord de nos vaisseaux. Puis à la Bourse où nous fûmes fort affairés, puis dîner chez moi où je trouve ma pauvre mère, arrivée aujourd'hui de la campagne, en bonne santé. Et je me réjouis de la voir, mais mes affaires, et je le déplore, m'empêchent de lui rendre les hommages qui lui sont dus à sa première visite. Elle n'a plus guère sa tête et radote parfois lorsqu'elle parle, ce qui est dû à l'âge mais aussi à quelque tare héréditaire. Les laissai, elle et ma femme, sortir faire des achats, et m'en retournai à mon bureau. Le soir, à une taverne toute proche, retrouvai, comme convenu, sir William Warren et Mr Dering afin d'aboutir à un accord dans une grosse affaire de madriers. Rentrai, à mon bureau, puis souper et, au lit, ma mère étant déjà couchée.


                                                                                                                 11 mai

            Levé tôt et à mon bureau toute la matinée. Dînai à la maison, puis au bureau toute la journée jusqu'au soir tard. Rentrai, souper, las de travailler et, au lit.


                                                                                                                  12 mai

            Levé tôt. Eus la déception de recevoir à l'instant la somme de 50 £, espérant davantage de la part de Mr Warren en remerciement de mon autorisation d'exemption de la presse, mais il me promet de faire mieux. Puis, par voie d'eau, à l'Echiquier, dont je parcourus tous les bureaux afin de faire encocher mes tailles pour un montant de 17 500 £. J'y vois le témoignage insigne que la bonté de Dieu a pour moi. En être venu, pauvre petit commis que j'étais, à ordonner moi-même l'encochage de tailles pour une telle somme et au titre où je le fais à présent, voilà qui relève, à mes yeux, d'une grâce prodigieuse. Je les ferai encocher demain. Mais voir comment un modeste quidam prend soin de ses rétributions et encaisse ce qu'il peut à chaque occasion, les taxes du roi qu'il doit lui-même payer sur ces 17 500 £ devant dépasser les 100£, voilà qui est singulière matière à réflexion.
            Puis retrouvai ma femme chez Unthank, allâmes à la nouvelle Bourse et ailleurs afin de m'acheter un col de dentelle, que nous n'achetâmes point. M'est avis que les habits élégants sont chose si indispensable que je ne peux faire autrement que d'y investir quelque argent.
            A la Bourse, puis chez mon horloger qui a fait la réparation. C'est une belle pièce, robuste qui, me dit-il, vaut 14 livres. Le cadeau a plus de valeur que je ne lui en donnai.         Rivagedeboheme
            Rentrai dîner, puis plusieurs personnes arrivèrent, parmi lesquelles mon cousin d'Hatcham, Thomas Pepys, venu toucher son dû de milord Sandwich. Lui payai aussi ce qui lui revenait au titre de la dette de mon oncle et, contre toute attente, je pus obtenir de lui qu'il signât et scellât ma vente de terres en liquidation de dettes, si bien que je m'estimes plus riche dorénavant de 100 livres. Alors que naguère mon oncle Thomas ou ses enfants, pour chaque arpent de terre vendu pouvait me demander des comptes, à moi ou à mes descendants. Voilà, me semble-t-il, une fort excellente chose que d'en avoir terminé avec tout cela.
            Lui parti, entrèrent Mr Povey, le Dr Twysden et Mr Lawson, venus quérir mon cautionnement pour le règlement de 4 000 £ accordés à sir John Lawson.
            Sortis un moment, puis revins. A mon bureau puis à mon cabinet, fort tard, à reclasser mes papiers aujourd'hui, mis sans dessus dessous. Puis souper et, au lit.


                                                                                                                              13 mai

            Levé. Souffris toute la journée de gargouillements douloureux, comme souvent, provenant de vents dus, je crois, à un jeûne prolongé et à un manque d'exercice et, peut-être, à ce que j'ai eu trop chaud dans mes habits. Le temps est à la chaleur, et je porte les mêmes habits qu'en hiver.
            A la Bourse après le bureau. L'horloger m'a remis ma montre. Une jolie pièce, c'est Briggs, le notaire, qui me l'a offerte.
            Rentrai dîner. Allai ensuite chez le procureur général lui demander conseil au sujet de la loi sur le transport par voie de terre, qu'il préféra ne pas me donner avant que le Conseil ne m'eût mandaté. 
            En revenant chez moi, fis réserver un exemplaire des " Œuvres " du Roi qui me coûtera, je crois 50 shillings. Chez moi, à mon bureau très tard.
            Grand Dieu ! suis-je donc encore à ce point sujet à mes enfantillages et caprices d'antan, que je ne puisse m'empêcher, comme je l'ai fait, de garder ma montre à la main tout l'après-midi, dans la voiture, et regarder cent fois l'heure. Je me demande volontiers comment j'ai pu en rester si longtemps privé. Encore que je me souviens en avoir eu jadis une, mais qui m'avait semblé une gêne, si bien que j'avais résolu de ne plus m'en embarrasser, aussi longtemps que je vivrais.
            Rentrai souper et, au lit. Chagriné par la lettre que m'envoie Mr Cholmley de Tanger, lequel m'avise que tout est fait pour contrer notre affaire de subsistances, ce qui me fera perdre 300 £ l'an. Je lui suis fort obligé d'avoir eu la bonté de me mettre au secret, et résolu à lui revaloir son geste, dans ses propres affaires et d'y veiller.


                                                                                                                        14 mai
                                                                                                   Jour du Seigneur
            Levé et à l'église avec ma femme en ce jour de Pentecôte. Ma femme est fort jolie dans sa nouvelle capeline en œil-de-perdrix jaune, à présent fort en vogue. Nous eûmes un piètre sermon.
            A la maison, dîner. Ma mère s'est fait livrer son nouvel habit qui lui sied fort. Après dîner, ma femme avec Mercer au baptême du premier enfant de la femme de Thomas Pepys. Me rendis à Wanstead en voiture, à la maison où vivait sir Henry Mildmay, et où demeure à présent sir Robert Brookel qui a racheté la maison au duc d'York à qui elle était revenue après confiscation. C'est une belle propriété, mais la maison est surannée, et semble à l'abandon, étant peu habitée. Puis à Walthamstow rejoints par sir William Batten, qui n'avait eu la chance de nous trouver à l'autre endroit. Visitai en compagnie de milady la maison et le parc, ma foi plaisants. Puis souper fort gai. Revins en voiture à la nuit tombée. Lus cet après-midi dans la voiture le livre  parjure sur la cour du roi Jacques, paru il y a fort longtemps, et qui vaut d'être lu, malgré la perfidie de son propos.
            Aussitôt parvenu chez moi, ayant reçu une lettre du duc d'Albmarle, pris un canot vers minuit, et descendis le fleuve en yole, avec mon petit valet, jusqu'à l'estuaire.
            Levé à nouveau, après m'être endormi et éveillé avec un égal plaisir. Ma tâche étant de monter à bord de chacun de nos navires d'avitaillement afin de les mettre en partance.

                                                                                                        
                                      15

            Rentrai, puis, après dîner, au Théâtre du Roi, seul. Vis La Maîtresse de l'amour. Quelques bons moments et fort variés, mais peu ou pas de fantaisie. Puis chez le duc d'Albemarle pour lui rendre compte de mes démarches de la journée. Il me montra des lettres de sir George Downing, écrites quatre jours plus tôt, disant que les Hollandais ont fait une sortie, qu'ils se sont regroupés, ne manquent pas d'hommes d'équipage, sont résolus à aborder nos meilleurs vaisseaux et prêts à se battre, sans l'ombre d'un doute.


             Puis au Cygne chez Herbert, où j'eus la compagnie de Sarah un moment. M'en fus, puis passai à la Harpe et la Balle, dont la servante, Mary, est tout ce qu'il y a de formosa. Dieu du ciel ! je m'avise qu'aujourd'hui mon vœu n'est pas plus tôt arrivé à expiration que me voilà fin prêt à courir les plaisirs et à négliger mes affaires.
            Rentrai, eus sommeil et, au lit.


                                                                             à suivre..........
                                                                                                                                                                                                                                                                                     16 Mai 1665

               Levé tôt. Chez.....

                                                                                                                                                
           
                       



                                                                                                           





                                                                                                              




mercredi 31 mars 2021

Un homme regarde une femme César Vallejo ( Poème Pérou )

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                      Un homme regarde une femme

            Un homme regarde une femme
            Il la regarde immédiatement,
            avec son mal de terre superbe
            et il la regarde à deux mains
            et la chavire à deux poitrines
            et la remue à deux épaules.

            Je me demande alors, en pressant
            mon énorme, blanche, vigoureuse côte :
            Et cet homme
            n'a-t-il pas eu un enfant pour père croissant ?
            Et cette femme, un enfant
            pour constructeur de son sexe évident ?

            Puisque je vois maintenant un enfant,
            enfant mille-pattes, passionné, énergique ;
            Je vois qu'ils ne le voient pas
            se moucher entre eux deux, frétiller, s'habiller ;
            puisque je les accepte,
            elle dans sa nature amplifiante,
            lui dans sa flexion de foin blond.

            Alors je m'exclame, sans que cesse l'un
            de vivre, sans que l'un ne se remette
            à trembler dans la joute que je vénère :
            Bonheur suivi
            tardivement du Père;                                                                                                      pinterest.fr
            du Fils et de la Mère !                                                                                                                       
            Instant rond

            familial, que personne désormais ne ressent et n'aime !
            De quel éblouissement aphone, rouge,
            vient s'exécuter le cantique des cantiques !
            De quel tronc, l'illustre charpentier !
            De quelle parfaite aisselle, la rame fragile !
            De quel sabot, les deux sabots de devant !
                                                                                                                                                                                                                                                                                                           
                                          
                                       César Vallejo

                                                       2 Novembre 1937

                             

            

mardi 30 mars 2021

Le journal du Séducteur 9 Sören Kierkegaard ( Essai Danemark )


      











             Il existe plusieurs sortes de rougeur féminine. Il y a le rouge grossier de la brique. C'est celle dont les auteurs de romans se servent toujours assez lorsqu'ils font leurs héroïnes rougir " über und über ". Il y a la rougeur fine, c'est l'aube matinale de l'esprit qui est sans prix chez une jeune fille. La rougeur furtive qui suit une idée heureuse, est belle chez l'homme, plus belle encore chez l'adolescent, ravissante chez la femme. C'est la lueur de la foudre, l'éclair de chaleur de l'esprit. Elle est la plus belle chez l'adolescent, ravissante chez la jeune fille parce qu'elle se montre dans sa virginité et c'est pourquoi elle est  aussi la pudeur de la surprise. Plus on vieillit, plus cette rougeur disparaît.
              Je lis parfois à haute voix pour Cordélia, il s'agit en général de choses très indifférentes. Edouard, comme d'habitude, doit tenir la chandelle car je lui ai signalé un moyen très utile pour se mettre en rapport avec une jeune fille, c'est de lui prêter des livres. Aussi il y a gagné plusieurs choses, car elle lui en est assez obligée. C'est moi qui y gagne le plus car je décide du choix des livres, mais je me tiens à l'écart. Là j'ai un champ libre très étendu pour mes observations. Je peux donner à Edouard tous les livres qu'il me plaît, puisqu'il ne s'entend pas en littérature. Je peux oser ce que je veux, aller jusqu'à n'importe quel extrême. Alors, quand je me rencontre avec elle le soir, je prends, comme par hasard, un livre, je le feuillette un peu, lis à mi-voix et fais l'éloge de l'attention d'Edouard. 
            Hier soir j'ai voulu, par une expérience, me rendre compte de l'élasticité spirituelle de Cordélia. Je ne savais si je devais demander à Edouard de lui prêter les poèmes de Schiller pour tomber accidentellement sur le chant de Thécla à lire à haute voix, ou les poèmes de Bürger. J'optai pour ces derniers, surtout parce que sa " Lénore ", malgré toute sa beauté, est un peu exaltée.
            J'ouvris le livre et lus ce poème avec tout le pathétique possible. Cordélia était émue, elle cousait rapidement comme si c'était elle que Vilhelm venait enlever. Je m'arrêtai, la tante avait écouté sans y prêter beaucoup d'attention, elle ne craint pas les Vilhelm, vivants ou morts, d'ailleurs, elle ne comprend pas très bien l'allemand. Mais elle fut tout à fait à son aise lorsque je lui montrai la belle reliure du livre et que je commençai à lui parler de l'art du relieur.
            Mon intention était de détruire chez Cordélia l'effet du pathétique à l'instant même où il se produisait. Elle était un peu anxieuse mais, manifestement, cette anxiété ne la tentait pas, mais créait chez elle un effet peu rassurant.
            Aujourd'hui, pour la première fois, mes yeux se sont reposés sur elle. On dit que le sommeil peut alourdir une paupière jusqu'à la fermer. Ce regard pourrait peut-être avoir un pouvoir semblable. Les yeux se ferment, et pourtant des puissances obscures s'agitent en elle. Elle ne voit pas que je la regarde, elle le sent, tout son corps le sent. Les yeux se ferment et c'est la nuit, mais en elle il fait grand jour.

            Il faut qu'Edouard disparaisse. Il est arrivé aux dernières extrémités. A chaque instant j'ai à craindre qu'il n'aille faire une déclaration d'amour. Personne mieux que moi ne peut le savoir, moi, son confident qui à dessein le maintiens dans cette exaltation pour qu'il puisse d'autant plus influencer Cordélia. Mais ce serait trop risquer que de lui permettre de faire l'aveu de son amour. Je sais bien qu'il recevrait un refus, mais cela ne terminerait pas l'affaire. Il en serait sûrement très affecté, et cela pourrait peut-être émouvoir et attendrir Cordélia. Bien que dans ce cas je n'aie pas à craindre le pire, c'est-à-dire qu'elle revienne sur son refus, il est possible que sa fierté d'âme souffre de cette simple comparaison. Et si c'était le cas, j'aurais tout à fait manqué mon but en me servant d'Edouard.

            Mes rapports avec Cordélia commencent à prendre une tournure dramatique. Arrivera ce qui pourra, mais je ne peux pas plus longtemps rester seulement spectateur, à moins de laisser l'instant s'échapper. Il est indispensable qu'elle soit surprise, mais si on veut la surprendre, il faut être à son poste. Ce qui d'ordinaire en surprendrait d'autres n'aurait peut-être pas le même effet sur elle. Au fond, elle devrait être surprise de telle façon qu'à l'instant même la raison en soit presque quelque chose de tout à fait ordinaire. C'est peu à peu que quelque chose de surprenant doit apparaître implicitement. C'est aussi toujours la loi de ce qui est intéressant, et de son côté la loi de tous mes mouvements concernant Cordélia. Pourvu qu'on sache surprendre, on a toujours partie gagnée, on suspend pour un instant l'énergie de celle dont il s'agit, on la met dans l'impossibilité d'agir, quel que soit d'ailleurs le moyen qu'on emploie, le moyen extraordinaire ou le moyen commun. 
            Je me rappelle encore, avec une certaine vanité, une tentative téméraire pratiquée contre une dame de la haute société. Depuis quelque temps j'avais vraiment, et en cachette, rôdé autour d'elle afin de trouver un contact intéressant, lorsqu'un après-midi je la rencontre dans la rue. J'étais sûr qu'elle ne me connaissait pas, ou ne savait pas que j'habitais à Copenhague. Elle était seule. Je coulais devant elle pour la rencontrer de face. Je me rangeais, lui cédant les dalles du trottoir. A ce moment-là je lui jetai un regard mélancolique, et je crois presque avoir une larme à l'oeil. Je soulevai mon chapeau. Elle s'arrêta. Avec une voix émue et un regard rêveur, je dis :
            " - Ne vous fâchez pas, Mademoiselle, entre vos traits et ceux de quelqu'un que j'aime de toute mon âme, mais qui vit loin de moi, il y a une ressemblance tellement frappante que vous me pardonnerez ma conduite assez bizarre. "
            Elle pensait avoir affaire à un rêveur, et une jeune fille aime bien un peu de rêverie, surtout lorsqu'en même temps elle a le sentiment de sa supériorité et ose sourire de vous. Je ne me suis pas trompé, elle souriait, ce qui lui allait à ravir. Elle me salua avec une condescendance digne et sourit. Elle reprit sa marche et je fis tout au plus deux pas à côté d'elle.
            Quelques jours plus tard je la rencontrai, et je me permis de la saluer. Elle me rit au nez. Mais la patience est une vertu précieuse, et rira bien qui rira le dernier.
wikipedia
            Il y aurait plusieurs moyens pour surprendre Cordélia. Je pourrais essayer de déchaîner une tempête érotique, capable de déraciner les arbres. Grâce à elle je réussirais peut-être à lui faire perdre pied, à l'arracher du rapport de filiation et, dans cette agitation, je pourrais essayer, à l'aide de rendez-vous secrets, de provoquer sa passion. Cela n'est pas inimaginable. On peut sans doute amener une jeune fille aussi passionnée qu'elle à n'importe quoi. Cependant, esthétiquement pensé, ce ne serait pas correct. Je n'aime pas le vertige et cet état n'est recommandable que lorsqu'on a affaire avec des jeunes filles qui ne sauraient pas autrement gagner un reflet poétique. En outre, on manquerait aisément la véritable jouissance, car trop d'émoi est nuisible aussi. Sur elle cette mesure porterait entièrement à faux. En quelques traits j'aborderais peut-être ce dont je pourrais jouir pendant longtemps, oui, pis encore, ce dont j'aurais pu avec du sang-froid tirer une jouissance plus entière et plus riche.
   
      Il ne faut pas jouir de Cordélia dans l'exaltation. Au premier instant elle serait peut-être surprise si je me conduisais ainsi, mais elle serait bientôt rassasiée parce que, justement, cette surprise toucherait de trop près à son âme hardie.
            Des fiançailles pures et simples seraient de tous les moyens les meilleurs, les plus à propos. Pour elle ce sera peut-être d'autant plus impossible de croire ses propres oreilles lorsqu'elle m'entendra faire un aveu d'amour banal et la demander en mariage, encore moins que si elle écoutait ma chaude éloquence, buvait ma boisson enivrante et empoisonnée, ou entendait les battements de son cœur à la pensée d'un enlèvement.
            Quant aux fiançailles c'est le diable qu'il y ait toujours en elles de l'éthique, ce qui est aussi ennuyeux quand il s'agit de science que de la vie. Quelle différence ! Sous le ciel de l'esthétique tout est léger, beau fugitif, mais lorsque l'éthique s'en mêle tout devient dur, anguleux, infiniment assommant.
            Des fiançailles, cependant, n'ont pas au sens strict la réalité éthique d'un mariage, elles ne doivent leur validité qu'"ex consensu gentium ". Cette équivoque-là peut m'être très utile. Il y a juste assez d'éthique là-dedans pour que Cordélia, le moment venu, ait l'impression de dépasser les limites de l'ordinaire et, en outre, cette éthique n'est pas assez grave pour que j'aie à craindre un choc plus inquiétant. J'ai toujours eu quelque respect pour l'éthique. Je n'ai jamais fait de promesse de mariage à une jeune fille, pas même par incurie. Si j'ai l'air d'en faire une cette fois-ci, il faut se rappeler qu'il ne s'agit que d'une conduite feinte. Je ferai bien en sorte que ce soit elle-même qui brise l'engagement. Ma fierté chevaleresque méprise les promesses. Je méprise un juge lorsqu'il arrache l'aveu d'un délinquant par la promesse de la liberté. Un tel juge renonce à sa force et à son talent. Dans ma pratique s'ajoute encore le fait que je ne désire rien qui, au sens le plus strict, ne soit pas librement donné. Que les piètres séducteurs se servent de tels moyens ! Par surcroît, qu'y gagnent-ils ?
            Celui qui ne sait pas circonvenir une jeune fille jusqu'à ce qu'elle perde tout de vue, celui qui ne sait pas, au fur et à mesure de sa volonté, faire croire à une jeune fille que c'est elle qui prend toutes les initiatives, il est et il restera un maladroit. Je ne lui envierai pas sa jouissance. Un tel homme est et restera un maladroit, un séducteur, terme qu'on ne peut pas du tout m'appliquer.
            Je suis un esthéticien, un érotique qui a saisi la nature de l'amour, son essence, qui croit à l'amour et le connait à fond, et qui me réserve seulement l'opinion personnelle qu'une aventure galante ne dure que six mois au plus et que tout es fini lorsqu'on a joui des dernières faveurs. 
            Je sais tout cela, mais je sais en outre que la suprême jouissance imaginable est d'être aimé, d'être aimé au-dessus de tout. S'introduire comme un rêve dans l'esprit d'une jeune fille est un art, sortir est un chef-d'œuvre. Mais ceci dépend essentiellement de cela.                                      pinterest.fr
            Un autre moyen serait possible. Je pourrais tout mettre en œuvre pour la fiancer à Edouard. Alors je serais ami de la maison. Edouard aurait une entière confiance en moi, car ce serait moi à qui il serait presque redevable de son bonheur. Il y aurait alors pour moi quelque chose à gagner à rester plus caché. 
            Non, cela ne vaut rien. Elle ne peut pas être fiancée à Edouard sans que, d'une manière ou d'une autre, elle se déprécie. Bien plus, mes rapports avec elle deviendraient ainsi plus piquants qu'intéressants. Le prosaïsme infini inhérent à des fiançailles est justement la table de résonance de ce qui est intéressant.

             Tout chez Wahl devient de plus en plus significatif. On sent clairement qu'une vie cachée s'agite sous les formes de tous les jours, et que cette vie doit bientôt se manifester en une révélation connexe. La maison des Wahl se prépare à des fiançailles. Un observateur simplement étranger penserait peut-être à une union entre la tante et moi. Et qu'est-ce qu'un tel mariage ne pourrait faire dans la génération future pour la propagation des connaissances d'économie rurale !
            Je serais alors l'oncle de Cordélia. Je suis un ami de la liberté de penser, et aucune pensée n'est assez absurde pour que je n'aie pas le courage de la retenir. 
            Cordélia redoute une déclaration d'amour d'Edouard, mais celui-ci espère qu'une telle déclaration décidera tout. Aussi peut-il en être sûr. Mais afin de lui épargner les conséquences désagréables d'une telle démarche, je verrai à le devancer. J'espère bientôt le congédier, car il e barre vraiment le passage. Je l'ai bien senti aujourd'hui. Avec cet air de rêveur, ivre d'amour, on peut redouter que subitement il se dresse comme un somnambule et devant toute la communauté fasse l'aveu de son amour, dans une contemplation si objective qu'il ne s'approche mùeme pas de Cordélia. Je lui allongeai aujourd'hui un coup d'oeil sévère. Comme un éléphant qui prend un objet sur sa trompe je l'ai mis de tout son long sur mes regards et je l'ai renversé. Bien qu'il n'ait pas bougé de sa chaisen je crois que tout son corps a ressenti le choc de ce renversement.

            Cordélia n'est plus si sûre de moi qu'autrefois. Elle s'approchait toujours de moi avec une assurance féminine, à présent elle hésite un peu. Cela n'a cependant pas grande importance et il ne me serait pas difficile de remettre tout en état. Toutefois, cela je ne le veux pas.
            Un seul sondage encore et ensuite les fiançailles. Celles-ci ne peuvent présenter aucune difficulté. Cordélia, dans sa surprise, dira, " oui " , et la tante, " un amen " cordial . Elle sera folle de joie d'avoir un gendre aussi agronomique.
            Gendre ! Comme tout est uni comme les doigts de la main quand on se risque sur ce terrain. Au fond, je ne serai pas son gendre, mais seulement son neveu, ou plutôt, volonte dio, ni l'un, ni l'autre.



                                                             à suivre............