lundi 9 octobre 2023

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 164 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

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                                                                                                                       1er mai 1666

            Levé  er au bureau toute la matinée. A midi visite de mon cousin Thomas Pepys pour me consulter au sujet de devenir juge de paix auquel il est tout à fait hostile. Il me dit, à titre confidentiel, qu'il ne se sent pas libre pour des motifs religieux d'infliger des pénalités conformément à la loi contre les quakers et autres sectes. De plus il n'entend point le latin et n'a donc plus comme autrefois les capacités pour occuper ces fonctions, maintenant que les mandats sont rédigés en latin. De même ne réside-t-il point dans le Kent, encore qu'il soit originaire de la paroisse de Deptford, car sa maison est située dans le Surrey. Je ne l'en pousse pas moins à accueillir la chose avec faveur. J'ai vraiment le sentiment que d'avoir là-bas un parent juge de paix ne peut que servir ma réputation.
            Après son dépar, ma femme sortie, j'allai ici et là, voir et être vu. Entre autres j'entendais découvrir dans quel endroit de Thames Street Betty Howlett est venue s'installer maintenant qu'elle a épousé le fils de Mrs Mitchell. Je parvins à mes fins, près de la taverne de l'Ancien Cygne, mais point ne jugeai utile d'y aller ni de les voir.
          Par le fleuve à Rotherhite lisant un nouveau livre que milord Brouncker m'a donné aujourd'hui 
" L'histoire amoureuse des Gaules ", pamphlet fort bien tourné contre les amours de la cour de France.:
            Je parcours de long en large l'arsenal de Deptford où je n'étais point allé depuis mon retour de Greenwich. Je rencontrai Mr Castle, bûmes à la taverne de la Demi-Etape puis chez lui où je bus un bol de cidre et retour à la maison où je trouve Mr Norbury. Après son départ ma femme m'annonce une mauvaise nouvelle, notre Susan est malade et a dû se coucher avec de fortes douleurs à la tête et au dos, ce qui nous tracasse tous. Nonobstant nous nous mettons au lit attendant de voir comment les choses tourneront demain. Elle a, pensons-nous, un peu trop travaillé, ne disposant ni d'une bonne ni d'une petite servante qui la puisse aider.


                                                                                                                     2 mai

            Levé. Voyons que notre servante va mieux, ce dont nous nous réjouissons. En carrosse avec sir William Batten à Whitehall. Présentons nos respects au Duc comme à l'accoutumée. Avec le capitaine Cocke rencontré à mon bureau délibérer sur la façon de l'aider à gagner quelque argent car il est déjà las de l'état de servitude où il se trouve vis-à-vis de milord Brouncker ainsi que des sommes que cela lui coûte, alors que milord ne lui témoigne pour autant nulld espèce de courtoisie. 
            Rentré dîner à la maison, je vois que la servante va de mieux en mieux........  Fus par le fleuve à Whitehall assister à une séance de la commission de Tanger consacrée aux affaires de Mr Yeabsley. Puis chez ma régleuse de papier, demeurai un bon moment avec Nan, passant agréablement l'après-midi à musarder.
            Rentré tantôt chez moi puis un peu à mon bureau. Ensuite souper avec ma femme, la servante se portant à nouveau fort bien et, au lit.


                                                                                                                       3 mai

            Levé, toute la matinée au bureau. A midi chez moi et, contrairement à mes espérances apprends que ma petite servante Susan va moins bien. En conçus du tracas, d'autant plus que je vois ma femme se consacrer à la peinture, sans se préoccuper des affaires domestiques. Elle entre pour la 2è fois dans une période de peinture. Tout cela me rendit maussade, aussi témoignai-je de la colère à ma femme et m'opposai-je à ce que Browne s'imaginât qu'il pût toujours partager mon dîner, à ma table, je souhaite en effet être maître chez moi sans qu'un étranger et qui de plus travaille de ses mains, soit instruit de toutes mes affaires personnelles. Eus à ce sujet une petite querelle avec ma femme, mais qui fut bientôt terminée. Puis il fallut faire chercher partout une garde-malade qui pût ramener notre servante chez elle. 
            J'aurais donné n'importe quoi pour en trouver une. Je proposai 20 shillings par semaine à la seule que nous pûmes trouver, et encore nous revient-il de procurer vêtements, literie et médecine. Au reste j'eusse volontiers donné 30 shillings d'abord exigés, mais je désirai disposer d'une heure ou deux de réflexion.                                                                                                         talivera.fr
            Ensuite par le fleuve à Westminster, là je fis quérir la mère de notre servante lui demandant de me venir trouver à la Grand-Salle. Elle vint et se charge de trouver un logement pour sa fille, une garde-malade tout à côté de chez elle, mais elle n'ose pas, par égard pour la paroisse dont son mari ests sacristain, l'héberger dans sa propre demeure.
            M'en retournai, m'arrêtai chez mon libraire et ailleurs de moindre iimportance. Le soir arrive la mère avec une garde-malade qu'elle a trouvée, qui exigea, j'étais d'accord, x shillings par semaine pour prendre Susan chez elle. Puis elle partit et ma maison donne une impression de bien grande désolation maintenant que si peu de monde y vit. Nous aurons, en conséquence besoin d'un ou deux domestiques.
            A la vérité j'eus le coeur un peu triste tout l'après-midi et en proie à l'inquiétude. Mais elle est partie et nous en sommes tous contents. Un peu au bureau, retour à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                     4 mai

            Levé et à Westminster par le fleuve, à Charring Cross avec Mr Gregory, chez sir Philip Warwick absent. J'emmenai alors Gregory à Whitehall où je m'entretins avec sir Williamson pour obtenir la permission de faire publier dans la prochaine Gazette qu'une distribution générale d'argent au titre de la Caisse des Invalides de Chatham aurait lieu tel jour du mois de juin. Je laissa là Gregory et retournai en voiture chez sir Warwick que je rencontrai dans le parc. Nous discutâmes de l'encochage de tailles pour le terme destinées à Tanger ......... Puis chez Mr Hayls pour voir où il en est du portrait de Mrs Pearse. Quoiqu'il puisse prétendre je ne pense pas que ce portrait sera aussi beau que celui de ma femme.
             Retour un peu au bureau, puis allai dîner. Derechef très vif échange avec ma femme à propos de Browne qui lui vient enseigner la peinture et qu'elle voudrait faire asseoir à ma table, point sur lequel je me refuse à céder. Je crois sincèrement qu'elle ne pense point à mal, mais nous nous mîmes fort en colère. Je mis un terme à tout cela en décidant que mes volontés seraient obéies sans discussion, quelle que puisse être la justification, et j'entends qu'il en soit ainsi.
            Après dîner sortis, fus à la nouvelle Bourse pour m'enquérir de pièces de théâtre imprimées et à Whitehall pensant rencontrer sir George Carteret, en vain.  Fus alors à la taverne du Cygne à Westminster, passai un quart d'heure avec Jane et rentrai chez moi, ma femme rentre aussi étant allée chez sa mère la prier de lui trouver une bonne. Allons en voiture par les champs jusqu'à Bow, puis retour tard le soir. Après souper, au lit, très préoccupés de ce que nous n'avons personne pour remplacer Susan. 
            < < Ce soir lassé de mes récentes nonchalances et du peu de services que je rendrai au roi ou à moi-même dans ma charge je m'astreignis à de très strictes règles jusqu'à la Pentecôte prochaine >> 


                                                                                                                              5 mai 

            Passé toute la matinée au bureau. Après dîner ayant reçu une lettre de la flotte de sir William Coventry, m'activai grandement afin de leur envoyer les entrepreneurs des subsistances qui se trouvent sur le fleuve, trop de choses pour ma mémoire. Jusqu'à 10 heures du soir m'occupai de mon courrier et d'autres affaires nécessaires au service. Aux alentours de 11 heures à la maison. Un beau clair de lune et ma femme et Mrs Mercer vinrent dans le jardin, et comme j'en avais terminé avec mon travail, nous chantâmes jusque ver minuit avec grande satisfaction, pour nous comme pour nos voisins à en juger par leurs fenêtres qui s'ouvraient. Puis rentrâmes, souper et, au lit.


                                                                                                                             6 mai 1666
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            A l'église, à la maison. A Whitehall à pied après dîner pensant voir Mr Coventry mais n'y parvins point et refis donc tout le chemin à pied. Travaillai jusqu'au soir à mettre en ordre mes papiers relatifs aux subsistances, papiers qu'il y a des mois, j'en ai peur que je n'ai pas examinés en raison de mes multiples travaux et < plaisirs >. Retournai à pied chez moi puis au bureau des subsistances où je rencontrai Mr Gauden. J'en reçus un versement, bien inférieur à ce que j'attendais et à ce que l'on serait en droit d'attendre de lui. Puis souper et, au lit.


                                                                                                                          7 mai

            Levé de bonne heure afin de mettre de l'ordre dans mes papiers relatifs aux subsistances avant l'arrivée de Mr William Coventry, ce qui ne laisse point de m'attrister fort, conscient que je suis fort en peine de donner une réponse satisfaisante à ses questions concernant ces affaires. Travaillai d'arrache-pied au bureau et parvins à tout remettre de façon tout à fait plausible avant l'arrivée de Mr William, à qui je fus en mesure de rendre compte de toutes choses tout à fait convenablement. Fûmes au bureau où nous tînmes une réunion et examinâmes les affaires dont il s'occupe et la situation des subsistances de la flotte. Je rougis jusqu'au plus profond de moi-même de n'avoir pu en dire plus que je ne le fis ou ne le pus alors, mais plût au Ciel que jamais je ne me retrouve en pareille situation ! Nous nous quittâmes de fort bonne grâce de mon côté, puis rentré dîner chez moi, ma femme de plus en plus tracassée par sa fluxion à la joue. Dînâmes donc avec ma belle-sœur que je trouve de plus en plus spirituelle. Puis vais chez milord le trésorier général et à l'Echiquier pour m'occuper de mes affaires de Tanger. Et c'est avec la plus vive satisfaction que je vis au passage toutes sortes de choses et de gens sans seulement désirer m'arrêter ni de perdre un instant avec eux étant obligé par des vœux contraignants de m'attarder à l'extérieur sous aucun prétexte hormis ce qu'imposent mes charges officielles. Derechef à la maison où je trouve Mrs Pearse et Mrs Ferrer venues voir ma femme. Je passai un bref instant avec elle ayant beaucoup à faire, et au bureau où travaillai jusqu'à fort avant dans la nuit. Las n'étant point oublieux de mes manquements de ce jour, mais fier cependant qu'il se terminât sans critique supplémentaire de Mr William Coventry. Puis, au lit. Sommeil profond.


                                                                                                                          8 mai

            Levé et au bureau toute la matinée. A midi dînai à la maison, ma femme souffre encore de la joue. Retour au bureau, survient Mr Downing fabricant d'ancres qui m'avait le mois dernier donné 50 pièces d'or en échange d'un mot que je glissai en sa faveur à Mr Coventry pour lui faire obtenir un poste à Deptford, mais après l'avoir obtenu grâce à moi il ne se sent plus en mesure de poursuivre en ce sens et abandonne donc l'affaire, si bien qu'il n'a tiré aucun profit de mon initiative. Aussi, mû par mon honneur et par ma conscience je le ramenai chez moi et, quoi qu'il m'en coutât, ne l'en obligeai pas moins, en usant de persuasion et de contrainte à reprendre cette somme, alors que ce pauvre homme n'en  avait aucune envie. J'y parvins néanmoins et il s'en alla. Fus content de lui donner si belle occasion de chanter ma louange, puis retour à mon bureau, tard. Rentrai à la maison, soupai d'un bon homard avec ma femme, et un peu à mon bureau puis, au lit.


                                                                                                                         9 mai

            Levé pour 5 heures, ce qui ne m'était point arrivé depuis longtemps et descendis la Tamise jusqu'à Deptford. Il s'agissait, entre autres, d'examiner la situation de la ferronnerie afin de faire quelque chose pour Downing qui le pût pousser à me redonner les 50 pièces. Revins à pied lisant mon livre de droit civil. Fus en voiture à Whitehall où nous regardâmes nos affaires ordinaires en présence du duc d'York et l'écoutâmes louer le navire de Deane, le Rupert, davantage que le Defiance récemment construit par Castle et ce en présence de sir William Batten, ce qui me donna grande satisfaction. Par le fleuve jusqu'à Westminster où m'occupai de mon ordre de paiement relatif à Tanger, et en voiture chez Mrs Pearse pensant aller chez Hays, mais elle n'était pas prête, aussi rentrai-je dîner.
            Fus en voiture chez Lovett, mais je constate qu'avec sa jolie épouse il est parti chez moi pour me montrer quelque chose, m'en vais donc chez milord le trésorier général et de là chez Pearse où je trouve Mrs Knepp. Les emmenai chez Hays pour voir nos portraits achevés, qui sont très jolis, mais celui de Mrs Pearse est loin de me plaire autant que je l'avais d'abord cru, car il n'est ni aussi ressemblant ni aussi bien peint que je m'y attendais, ni que le mien ou celui de ma femme. Me rends avec elle à Cornhill afin de choisir une garniture de cheminée pour le petit salon de Mrs Pearse, puis chez moi où je trouve ma femme en proie à de vives douleurs et fortement contrariée que je fusse sorti avec ces femmes et, lorsqu'elles furent parties, les traita de " catins " et de je ne sais quels autres noms. Ce dont je fus contrarié, m'étant comporté si innocemment envers elles.                  music-in-painting.com
            Fus avec elles chez Mrs Turner où je demeurai un temps en leur compagnie. Ma femme me fait tantôt quérir. Je viens mais voilà qu'il ne s'agissait que de me gourmander et elle voulait sortir de ce pas prendre l'air, pour cela elle y était bien décidée. Je quittai donc cette compagnie et allai avec elle à Bow, mais étais contrarié et ne lui adressai point une seule parole tout le long du chemin à l'aller comme au retour, et même après notre retour à la maison, mais fus tout de suite au lit. Une demi-heure plus tard, alors qu'elle s'était appuyée sur moi en voiture comme souhaitant se réconcilier, la voici qui monte souffrant d'une violente crise de colique et en proie à de vives douleurs, et de me faire sortir du lit. Je me levai et la soutins. Elle me prie de lui pardonner et nous la mettons au lit en proie à de vives douleurs. Au lit la douleur cessa bientôt. Puis nous fîmes apporter des asperges à notre chevet pour le dîner puis, très bienveillants, nous nous endormîmes et nous étions réconciliés le lendemain.


                                                                                                                     10 mai 1666

            Levé et au bureau toute la matinée. A midi dîner chez moi où je travaillai tout l'après-midi, puis sortis avec ma femme en voiture, elle se sent désormais tout à fait dispose sa fluxion à la joue ayant percé de l'intérieur. Nous emmenâmes avec nous Mrs Turner venue rendre visite à ma femme au moment où nous sortions. Force babil sans grand intérêt. Elle m'apparaît, bien qu'à d'autres égards femme de grand discernement, comme la plus authentique des commères lorsqu'elle parle de ses voisines. Alors que nous voulions aller en voiture vers Harkney pour prendre l'air ce sot de cocher nous conduit à Shoreditch, ce qui fut si charmante naïveté de sa part et de la nôtre que nous nous en divertîmes fort, et retour tardif. Chaleur exceptionnelle toute la journée et toute la nuit avec énormément d'éclairs durant tout notre trajet mais sans qu'il tonnât. Sur le chemin du retour nous fîmes halte dans une petite taverne et nous fîmes servir un pâté d'anguille dont ma femme mangea un morceau et rapportâmes le reste à la maison. Rentrés donc à la maison soupâmes puis, au lit. Arrivée ce jour de notre nouvelle cuisinière Mary recommandée par Mrs Batters.


                                                                                                                        11 mai

      Levé de bonne heure puis vais avec Mr Yeabsley chez milord Ashley où arrivent tantôt sir Hugh Cholmley et Creed, puis fûmes introduits auprès de milord et nous mîmes alors à examiner les comptes de Mr Yeabsley. Il m'apparaît dans cette affaire comme dans beaucoup d'autres comme l'un des hommes les plus doués de discernement. Il souleva maintes objections auxquelles il sera répondu une autre fois, puis s'en fut m'avertissant ainsi qu'il me faudra me prémunir en prévision du jour où ce sont mes comptes qui devront être approuvés.
            A Westminster pour voir ce qu'il en est de l'encochage de mes tailles, mais rien n'est fait ni ne le sera. A la Bourse afin de causer avec le capitaine Cocke, entre autres de la remise des pièces d'argenterie qu'il promet de me donner. Mais au cours de notre entretien il me dit que je devais me méfier de mes collègues et me déclara nommément que milord Brouncker avait dit, alors qu'il le pouvait entendre, en présence de sir William Batten et à mon sujet qu'il était en son pouvoir de
 " défaire cet homme " s'il le voulait, ce qui je pense est grande sottise. Il me faute néanmoins impérativement me protéger de cet homme. 
            A la maison je dîne seul ma femme étant sortie, m'emploie ensuite à mettre certaines choses en ordre dans ma salle à manger, et ma femme de rentrer tantôt avec Mrs Pearse, ce qui me fit perdre la plus grande partie de cet après-midi, et je sortis avec elles dans la soirée, notre grande excursion en voiture à Hackney, puis à Kingsland et à Islington où je les traitai de belle façon à la lueur de la chandelle. Puis retour, déposâmes Mrs Pearse chez elle, à la maison et, au lit.


                                                                                                             12 mai

            Levé, au bureau de très bonne heure afin de rédiger une lettre pour le duc d'York l'avertissant de l'état déplorable de ce service par manque d'argent. Cela étant fait dans des délais raisonnables, nous nous réunîmes au bureau et y passâmes la matinée. A midi chez moi où je trouve ma femme encore contrariée de ce que je l'ai tancée hier soir dans la voiture à propos de ses longues histoires tirées du Grand Cyrus qu'elle voulait raconter, bien que cela manquât totalement de pertinence et de bon goût. Elle se formalisa, et je crois à la vérité que j'étais en tort. Mais il lui semble, non sans raison qu'en la compagnie de Mrs Pearse, de Mrs Knepp ou d'autres femmes que j'affectionne, je ne lui rends point justice ni ne lui témoigne l'attention que je devrais. Ce nonobstant fûmes tantôt réconciliés. Dîner, et après montâmes mettre de l'ordre dans notre salle à manger qui aura bientôt recouvré sa netteté, mais n'est point encore telle qu'elle devrait être, du fait des tableaux qui ne sont point arrivés. 
            Au bureau où travaillai beaucoup. Le soir à Westminster e't à Whitehall pour le travail. Entre autres rencontrai sir George Downing sur le pont de Whirehall, marchandâmes alors une demi-heure, causant de la nouvelle loi récemment adoptée. Et au vrai c'est bien cette loi qui nous a valu l'occasion de nous procurer 800 000 livres depuis Noël pour un total qui ne doit se monter qu'à 1 250 000 £. Aussi je tiens de sa part qu'il y a une réalisation tout à fait considérable, car la chose doit être portée à son crédit d'un bout à l'autre. Rentré chez moi par le fleuve, travaille d'arrache-pied jusqu'à minuit achevant cette importante lettre au duc d'York en prévision de demain matin, puis à la maison et, au lit.
            Ce jour retour de ma servante Susan, son affection s'est révélée une fièvre intermittente et elle fut saisie d'un accès dès son retour.
            La flotte n'a toujours pas quitté l'estuaire, la peste augmente en maint endroit et nous avons cette semaine 53  victimes.


                                                                                                                        13 mai

            Levé, à pied à Whitehall où nous nous réunîmes tous pour présenter au duc d'York une lettre où nous exprimons de solennelles doléances devant le manque d'argent. Cela fait parcourus plusieurs fois Westminster, pensant m'attarder quelque peu avec Sarah à la taverne du Cygne ou avec Mrs Martin, mais mon attente fut déçue. Aussi fis-je à pied la plus grande partie du trajet me séparant de chez moi où vient me trouver Mr Simons, ma vieille connaissance, pour dîner avec moi. Je m'efforçai de lui être d'aussi agréable compagnie que possible mais il fut, me semble-t-il, fort impertinent nonobstant. Ce qui montre la différence entre mes sentiments d'aujourd'hui et ce qu'il en était naguère, à l'époque où je le tenais pour un fort plaisant garçon.
           Après le dîner allâmes tous deux à pied jusqu'à Cheapside puis poursuivis en marchant tout du long jusqu'à Westminster et me trouvai par hasard en l'église St Margaret où j'entendis un jeune homme dire des sottises au sujet de la doctrine du purgatoire. Dans cette église j'aperçus Betty Howlett vraiment fort jolie, ce dont je ne fus pas peu frappé. Comme après le service je me tenais dans l'enclos de l'église elle m'aperçut aussi m'approchai-je d'elle, ses parents, beaux-parents et son mari se trouvaient avec elle. Ils souhaitèrent, ce que j'acceptai, que j'allasse chez lui avec Mr Mitchell. J'eus là l'occasion d'embrasser Betty deux ou trois fois et de me lier davantage avec eux. Ils en sont heureux, mais point autant que moi, et ils n'imaginent pas à quel point je le suis. Je passai une heure ou davantage avec eux, bavardant dans leur petit jardin misérable près de Bowling Alley. Puis les laissai et rentrai par le fleuve fort mal à l'aise à l'idée que sir William Penn qui se rend auprès de la flotte ne me vînt voir ou me fît quérir pour s'informer de la situation et en particulier de l'état des subsistances, ce qui lui eût permis, grâce à mes efforts, de paraître plein de prudence. Après avoir passé une heure agréable avec ma femme en son petit salon, fus au lit, alors même qu'il faisait encore jour.                  


                                                                                                                       14 mai

           Arrivée de bonne heure d'une lettre de sir William Coventry m'apprenant qu'il a reçu l'ordre, ainsi que Sir George Carteret de se rendre incontinent auprès de la flotte. Me levai et vis aussi que sir William Penn les avait suivis. Aussi voyant que cette journée serait pour moi une journée de loisir me mis à nettoyer mon bureau. Je m'en tirai à ma satisfaction et je remis mes cartes en place, étant aussi fort séduit par la bonne de Griffith qui fit le nettoyage, car elle est jolie fille.
            Je la laissai à son travail et m'en fus vers Westminster, en voiture, moi et ma femme et, le voyant, prîmes avec nous Mr Lovett, le vernisseur, un homme à la conversation et à l'humeur agréables qui plaît donc à ma femme, et je crois que je lui procurerai largement de quoi faire.
            Je laissai ma femme à la nouvelle Bourse et fus quant à moi à l'Echiquier voir ce qu'il en est de mes tailles de Tanger. Rencontrai sir George Downing qui me montra l'usage qu'il vient de mettre en pratique de coller sur la porte de l'Echiquier une affiche précisant quels ordres de paiement ont été acquittés aux termes de la nouvelle loi et lesquels sont en train de l'être. Milord d'Oxford survenant également il le prit à part et ne lui cela rien de la façon dont il tient ses livres de comptes, lui expliquant tous les détails, la méthode est de fait fort belle. Et à ce jour 804 000 livres ont été assignées en vertu de cette loi.
            A la nouvelle Bourse repris ma femme et retour à la maison pour le dîner. Puis derechef à mon bureau pour mettre de l'ordre. Le soir sorti avec ma femme et ma tante Wight pour prendre l'air. Se déroula une plaisante course entre notre fiacre et celui d'un monsieur. A Bow nous mangeâmes et bûmes avant de rentrer car la soirée était très fraîche. Ayant déposé ma tante chez elle et rentré chez moi, je me mis à examiner le livre de comptes de la cuisine de ma femme. Découvre une erreur de 20 shillings ce qui me mit dans une belle colère et produisit une grande dispute entre nous. Puis, nous disputant de la sorte, au lit.


                                                                                                                     15 mai 1666

            Levé et au bureau où nous restâmes réunis toute la matinée. A midi dîner chez moi, après en voiture chez sir Philip Warwick qui m'avait fait quérir mais n'était point chez lui. Aussi fus-je chez milord Crew arrivé tout récemment à Londres et avec lui de causer une demi-heure des affaires de la guerre. A cet égard, en raison de notre manque d'argent il craint fort que nous ne perdions, ce dont je suis d'accord avec lui. Après nous être quelque peu entretenus de questions ordinaires m'en retournai chez Philip Warwick qui était rentré puis reparti chez milord le trésorier général où je le suivis. On avait besoin de moi pour me dire que milord le trésorier général tient à notre disposition pour la marine
 10 000 £ destinées à faire face à nos grands besoins. De cela je ne manquai point de le remercie, encore que cette somme ne soit guère considérable. Rentrai travailler tout l'après-midi jusqu'au soir, et à la maison, souper et, au lit.


                                                                 à suivre..........


                                                                                                              16 mai 1666

            Levé de très..........

            
























lundi 2 octobre 2023

Le Don du mensonge Donna Leon ( Roman policier Italie )

 . 









                                                           Le Don du Mensonge                                                   

                                                 
            Venise post COVID. Hiver froid, ensoleillement hivernal. Les touristes ne descendent pas des paquebots monstres, ils ne voyagent pas. A Venise les meurtres sont rares, écrit l'auteur, mais les adolescents, les " jeunes " désœuvrés s'occupent. Casses en tous genres, pharmacies, boutiques à l'abandon, vols de marchandises dont ils n'ont nul besoin. La police les nomme " Baby gangs ". Puis un jour Brunetti ( personnage récurent dans les romans de Donna Leon ), commissario à la questure, reçoit la visite de Elisabetta, vieille connaissance, venue lui demander son aide. Il accepte par reconnaissance pour sa mère qui les gâtait en leur apportant des plats cuisinés en abondance. Ses sentiments troublent-ils son sens du devoir, il s'aperçoit rapidement que l'enquête discrète confiée par Elisabetta relève de    " La Guardia di Finanza ". Il apprend que la fille de ce personnage trouble que se révèle la signora a une fille, la dottoressa Del Blazo, vétérinaire et un mari qui lui cause bien du souci puisque créateur-directeur d'une société de bienfaisance au Belize, " Belize nel cuore ". Détournement de fonds probable. Tout cela, malgré des visites au couple de " Nonna et Nonno ", riches vénitiens habitant un palazzo, Brunetti sent "colpo di sonno " ( coup de fatigue trad. toutes en bas de page ). A Venise parler vénitien est un plaisir raffiné, mais hors touriste, Venise est une petite ville où " chacun est témoin de l'attitude des autres....... Bien avant les datas informatiques les voisins se chargeaient déjà de collecter les données personnelles des gens....... Les datas décryptent les documents, les amis essaient de décrypter le coeur........ " Mais un personnage s'est imposé, le vice-amiral Fullin, retraité et atteint d'Alzheimer. Maladie douloureuse pour l'entourage surtout lorsqu'il retrouve un semblant de lucidité et perçoit les abus dont il a été victime. Abus et malversations, personnages ordinaires dans leurs goûts de luxe. Et toujours le couple Brunetti, Paola et enfants apportent la part de stabilité dans la description d'une Venise hors touristes, avec les petitesses, une morale adaptée au moment. Histoire sans meurtre, presque, un quotidien le Gazzettino lu encore. Temps calme à Venise et découverte de la méchanceté à l'occasion d'une petite arnaque. Psychologues et apprentis bonne lecture, un peu longue et détaillée.










samedi 23 septembre 2023

Poème Chanson La Romance de Paris Charles Trenet ( France )

                                                                   Youtube   Passerelle productions


            Zaz et Thomas Dutronc et quelques amis chantent du Trenet

                                                  C'est la Romance de Paris

jeudi 21 septembre 2023

Mon dîner avec Winston Hervé Le Tellier ( Théâtre France )





                                          Mon Dîner avec Winston

            Une histoire un peu loufoque pourtant très sérieuse, commandée à Hervé Le Tellier ( lauréat du Goncourt 2020 avec l'Anomalie, par ailleurs membre de l'Oulipo, Ouvroir de Littérature Potentielle ) par Gilles Cohen. Le comédien souhaitait un " Seul en Scène ", sujet : Winston Churchill, dans un certain contexte. Ainsi fut écrit, ce très joli texte. 
            Sur scène un homme circule nous contant le dîner qui cuit. Un gratin de pommes de terre pour plusieurs invités ( ils ne seraient que deux ) et un rôti de jambon, recette détaillée dans les pages tournées avec quelque impatience attendant l'illustre invité. Tout en s'activant l'auteur cumule les questions pratiques, la politique et l'action du ministre anglais qui promit du sang et de la sueur au peuple qui souffrit des restriction et des bombardements. Les minutes trépassent l'hôte raconte et commence aussi la consommation du vin prévu pour l'invité. L'hôte admiratif "...... à Churchill absent : Je me suis fait faire un de vos costumes, mon préféré ! Je l'ao fait coudre par une couturière d'après le modèle que vous avez dessiné...... " Mais Charles, c'est le nom du personnage, travaille et aide au dépannage de voyageurs qui louèrent une voiture sans vraiment connaître la mécanique. Il répond à l'appel d'un client " ....... Je suis Charles c'est moi qui...... Et vous ne trouvez pas la roue de secours. Je regarde sur la base de données..... La roue de secours est à l'avant, c'est une galette.... " Mais Charles semble avoir un chagrin d'amour, ce qui ne l'empêche pas d'assez bien connaître l'action et la personnalité du grand homme. Court texte, moins de 100 pages, édité chez Folio. Dommage de se priver de ce joli et intelligent texte en poche. Bonne lecture.













            

            

mercredi 13 septembre 2023

La patience de l'immortelle Michele Peldrinielli ( Roman policier France )

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                                                             La patience de l'immortelle

            Une histoire corse. Un roman policier bourré de références littéraires, de Mérimée et sa Colomba en passant par la mythologie mais encore ? Des ballades à travers le maquis, en petite voiture ou en énorme 4x4 en ce froid mois de janvier. Ecrit à la première personne la détective privée Boccanera quinquagénaire avouée est une enfant du pays, rappelée au village alors qu'elle déroule son talent de découvreuse d'indices et autres ( voir les précédents volumes de l'auteur ) à Nice ( 8 heures de bateau et 2 heures Toulon Nice en train ). Rappelée par son ex compagnon commandant de gendarmerie à Ajaccio, à la suite de la découverte du corps de leur nièce Létizia Paoli dans le coffre de sa voiture calcinée. Et se profilent des personnages forts, des femmes, mère et tante, butées, farouches, l'ancien maire avec qui elle joue un " poker communiste " rencontré chez Ange, barbu, plutôt taiseux, dans l'unique café où la wifi est accessible dans ce tout petit bourg aux maisons disséminées, en grosses pierres. Après les reconnaissances à la mode du pays, Boccanera rapproche le métier de l'assassinat de la jeune femme. La conclusion est étonnante. Létizia était journaliste en poste à Fr 3 Corse, mariée à un journaliste du bureau des sports de la station. Ils ont une petite fille fréquemment décrite avec tendresse, installée chez sa grand'mère Antoinette, mère de Letizia et belle-mère de Jean Noël lui aussi disparu, introuvable. Boccanera cherche, sans oublier les codes, les règles de voisinage durcies par ce meurtre. Letizia outre sa présentation du journal était aussi reporter et après quelques tâtonnements et un rendez-vous avec un berger sec et taciturne qui vit dans une maison partagée avec ses fromages malodorants, et c'est la découverte des problèmes des agriculteurs corses confrontés à la spéculation immobilière. L'enquêtrice effarée, bien guidée par quelques valeureux, comprend la dangerosité des sujets que la journaliste voulait traiter, devant les trous laissés après le déracinement d'oliviers pour certains millénaires mais aussi la terrible bactérie tueuse la Xylella, afin de rendre constructibles des terres agricoles. Sur le sujet la belle-soeur d'Antoinette et veuve troublante, donne des réponses lapidaires aux questions de Boccanera. La Corse en hiver et un court cours d'histoire. Ghjulia Boccanera s'offre un petit intermède avec un jeune corse  Expressions corses, maquis, animaux et dignité corses des premières lignes cette histoire qui pourrait être lugubre est racontée d'une plume alerte, avec drôlerie. 
Bon roman, bonne lecture et bon voyage autour de Propriano et de votre chambre chers bibliorêveurs.😌

















mercredi 6 septembre 2023

Poème Chanson Trenet Chauliac ( Chanson France )

                                              you-tube

            Un poète une musique

            Une chanson

            Aujourd'hui " Douce France "

dimanche 3 septembre 2023

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 163 Samuel Pepys ( Journal Angleterre ).. M'emplo

 






                                  

                                                                                                                          16 Avril 1666

            Levé et mis mes gens Mrs Mercer, Will  Hewer, Tom et la domestique, au travail : il s'agissait de régler et de coudre mes registres pour les officiers de rôle, et moi j'entrepris de sérieusement régler mes comptes relatifs à Tanger. A midi dînai seul, la femme Mercer se purgeant ne peut rien manger et Will sortit pour dîner. Puis je remonte pour m'occuper de mes comptes. Arrivent la belle Mrs Turner accompagnée de Mrs Mercer, sa voisine et que ma femme connaît par celle-ci. Je restai un moment avec elles, impressionné que j'étais par cette jolie femme, encore que ce soit une bourgeoise de la Cité fort sotte et affectée, puis les laissai, à charge pour elles de me venir trouver pour le souper, moi je me rends en voiture chez ma vieille femme de Pannier Alley pour m'occuper de mon papier réglé, et me voici bien davantage impressionné par Nan, sa servante brune. Je poursuis ma route jusqu'à Westminster pensant rencontrer Mrs Martin. Ne la trouvai point et m'en retournai. M'arrêtai chez Kirton pour emprunter 10 shillings pour payer mon papier réglé, car je n'avais point d'argent en poche. Mais ce fut là beau sujet de réflexion, à me demander où je pourrai le plus sûrement emprunter 10 shillings en cas de difficulté. J'affirme solennellement que je ne voyais point où aller et que ce ne fut point sans souci ni crainte que je m'adressai en ce lieu.
            Rentrai chez moi. Arrivent Mrs Turner et Mrs Mercer qui soupent avec moi. Je me plus en leur compagnie, particulièrement en celle de Mrs Turner, car c'est une femme fort joliment faite de sa personne. Causâmes jusqu'à environ 11 heures du soir puis rentrèrent, raccompagnées par Will Hewett qui soupait avec moi, puis allai me coucher.


                                                                                                                    17 avril

   Levé puis au bureau toute la matinée. A midi dînai à la maison avec mon beau-frère Balty qui se prépare à partir en mer, puis à mes comptes et je n'avançai pas peu et au bureau tout l'après-midi jusque tard à faire mon courrier et à traiter des affaires. Mais, grands dieux ! à quel conflit intérieur ne fus-je point en proie, mon cœur me donnant mille fois envie de sortir pour m'en aller vers quelque plaisir, nonobstant le temps détestable ! Je me faisais néanmoins reproche de ma faiblesse qui poussait tant mon jugement à céder aux sens pour ne triompher qu'avec difficulté. Ne bougeai point, restai chez moi et, à ma grande satisfaction, accomplis un gros travail. Puis à la maison, souper et, au lit.
            J'apprends aujourd'hui que Mall Davis, cette jolie fille qui chantait et dansait si bien au Théâtre du Duc, est morte.


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          Et en voiture à Whitehall avec sir William Batten et sir Thomas Allin. Après nous être rendus, comme d'habitude, auprès du duc d'York et avoir pris nombre de décisions en prévision du départ en mer lundi prochain du prince et de l'amiral, nous rendîmes tous trois chez le peintre, Mr Lely. Nous vîmes les portraits achevés pour certains, tous commencés, des officiers généraux ayant pris part à la grande  bataille qui opposa récemment le duc d'York aux Hollandais. Le duc a fait faire ce portrait pour le mettre dans sa chambre, et ils ont été vraiment fort bien faits. Il y a ceux du prince, de sir George Ayscue et d'autres et il y aura aussi ceux de milord Sandwich et quelques autres. 
            Grandement satisfaits d'avoir vu ces oeuvres et quelques autres exposés dans la maison, nous partîmes. Je les laissai et, pour passer un peu de temps, m'en fus chez le marchand de gravures qui se trouve sur le chemin de la Bourse. Vis là une abondance de superbes gravures mais n'en achetai aucune si ce n'est une ancienne colonne de Rome, exécutée pour un triomphe naval. J'achète cette pièce que j'entends conserver en raison de la forme antique des navires qui y figurent.
            Ala Nouvelle Bourse examinai le texte de quelques nouvelles pièces. Ai l'intention de me procurer toutes les pièces récentes. A la taverne du Cygne à Westminster me fis servir un peu de nourriture et dînai seul et partis pour King Street et, apercevant de ma voiture Jane qui vivait auparavant chez mon barbier Jervas, je la dépassai, poursuivis un instant ma route, revins à pied et la rattrapai alors qu'elle s'apprêtait à embarquer au pont de Westminster. Je lui parlai, comme elle me dit où elle se rendait je traversai le fleuve et la retrouvai à Lambeth où je bus en sa compagnie. Elle me dit que celui qui lui avait si longtemps fait la cour s'était révélé être un homme marié, encore que son maître m'ait dit, ce qu'elle nie, qu'elle avait couché avec lui à plusieurs reprises sous son propre toit.
            La laissai là, sin hazer alguna cosa con elle, allai en bateau à la Bourse, pris une voiture et me rendis chez Mr Hayls. Ils a souhaité me persuader de laisser le paysage figurer sur mon portrait, mais cela ne me plaît point et j'entends qu'il en aille autrement ce qui, j'en ai conscience, ne lui plaît guère, il a néanmoins la courtoisie de me dire que le tableau sera modifié.
            Me rendis chez Mrs Pearse, qui n'était point chez elle mais partie chez moi me rendre visite avec Mrs Knepp. En conséquence je pris avec moi la petite Betty et Mary, ma servante qui vit désormais là-bas. Puis chez moi où elles étaient passées et étaient reparties, rebroussâmes donc chemin et les rencontrâmes dans Cornhill qui revenaient vers chez moi. Fîmes halte en riant de ces plaisantes infortunes, puis les emmenai à Fish Street où je leur offris des crevettes et des homards. Comme il commençait à faire nuit, départ. Mais, chose amusante, nos chevaux ne voulurent point remonter la pente, nous fûmes contraints de descendre et d'attendre que le cocher les eût fait redescendre tout en bas, ce qui réchauffa leurs jambes. Ils remontèrent alors, non sans alacrité. Nous remontâmes en voiture et je les ramenai.
            Sur le chemin du retour m'arrêtai chez ma régleuse de papier, vis là la brune Nan qui me plaît fort. L'ayant tant et plus embrassée rentrai chez moi et, au lit, après ayant tocado les mamelles de Mercer que eran ouverts con grand plaisir.
            Au lit donc. < Depuis trois semaines chaque fois que je suis en voiture et dans l'intervalle je ne pense qu'à la façon de mettre en musique " Le destin l'a voulu ", etc. 


                                                                                                                    19 avril

            Grasse matinée puis au bureau. A midi dînai avec sir William Warren à la Tete du Pape, retour au bureau où je rencontrai les commissaires aux munitions. Contrarié alors de voir que sir William Penn est à moitié ivre, d'autant plus que Mr Chicheley s'en rend compte aussi, et cela ne fait pas honneur au bureau. 

                                                                                                           20 Avril 1666  
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   Levé et après avoir parlé une heure ou deux .avec ma pauvre femme qui me donne chaque jour un
peu plus de satisfaction, sors en voiture et me rends  à Westminster, rencontrai Mrs Martin, nous traversons le fleuve pour nous rendre à Stangate et, après avoir marché à travers champs, allons à la taverne de la Tête du Roi où passai une heure ou deux avec plaisir en sa compagnie. Nous mangeâmes un pudding à l'œuf parfumé à la barbotine, puis partîmes. Moi, je fus à la nouvelle Bourse pour me procurer une liste de toutes les pièces de théâtre modernes, que j'ai l'intention de réunir et de me faire relier, puis chez Mr Hayls. Et là, bien que ce fût à l'encontre de ses souhaits, je fis supprimer mon paysage, avec à la place un simple ciel. Bien que je n'en sois pas pleinement satisfait désormais que la chose soit faite, cela ira cependant mieux.
            A l'enclos de Saint Paul où passai commande de quelques nouveaux livres, puis chez ma régleuse de papier où je vis mon travail se faire, et retour à la maison. Fus un peu à mon bureau mais fus empêché de faire le travail que j'avais prévu car Mrs Turner me fit quérir. Elle voulait causer un peu avec moi et m'exposa sa situation, piètre et mauvaise. Sir Thomas Harvey entend derechef disposer d'un logement dans sa maison, ce qu'elle me prie d'empêcher si je le puis. Je lui en fis la promesse. Puis de parler de nos voisins en général. Je constate qu'elle m'informe de leurs défauts à tous ainsi que des remarques désobligeantes qu'ils font à mon sujet et au sujet de ma femme. En vérité elle me révèle bien des choses dont je n'avais point conscience. Mais je lui déclarai, et je m'y tiendrai que je ne veux avoir affaire à aucun d'entre eux, en quoi que ce soit. Et pour conclure elle offrit des coquillages à ma femme, de fort beaux coquillages en vérité. Elle paraît éprouver beaucoup de considération et de respect pour ma femme. Rentrai chez moi et, au lit.


                                                                                                               21 avril

            Levé de bonne heure et au bureau afin d'y faire certaines préparations pour cet après-midi en ce qui concerne mon mémoire relatif aux commissaires de marine ainsi que la façon de régler conformément à mes propositions les problèmes de la flotte touchant les commissaires. Tantôt réunion au bureau, après qu'ils en eurent terminé je demeurai pour mener à bien mes affaires en prévision de la réunion qui doit se tenir en présence du Duc ce après-midi. Rentré à la maison aux alentours de 3 heures, avalai un morceau, mon départ avec sir William Batten pour Whitehall d'où nous nous rendrons chez le Duc, mais celui-ci devant sortir prendre l'air, il nous congédia incontinent, sans quoi que ce fût à faire jusqu'à demain matin. Ainsi milord Brouncker et moi descendîmes faire un tour dans le jardin, car c'était une fort belle et chaude journée. Et là se trouvait le roi qui nous parla un peu ainsi qu'à d'autres. Entre autres gentillesses, il jura plaisamment qu'à son avis le ketch acheté récemment à Colchester par sir William Batten était le fruit de la procréation de ce dernier, tant ce navire est large par rapport à la longueur. Il fit une autre remarque plaisante à propos de Christopher Pett, le louant de ne point vouloir entendre les conseils de ceux, quels qu'ils soient, qui l'engagent à modifier le gabarit de ses navires, " c'est, dit-il, j'en ai peur, ce que le commissaire Taylor, du Conseil de la marine, est ens train de faire à son nouveau London afin qu'il ne ressemble point à l'ancien qu'il construisit, et dans l'espoir qu'il lui soit supérieur ", car, ajouta-t-il, il pense que Dieu lui donne raison et qu'il en sera ainsi tant qu'il sera chargé de cette mission. Et, dit le Roi, je suis sûr que c'est de Dieu qu'il tient ce pouvoir, car il n'aurait jamais pu accomplir cette tâche de son propre chef. "
            Il semble en effet impossible à Taylor de donner une explication plausible de son art. 
            Avec milord Brouncker, en son carrosse, à Hyde Park. Je m'y rendais pour la première fois cette année. Le roi s'y trouvait, mais je fus chagrin de voir milady Castlemaine, car le deuil obligeait toutes ces dames à être en noir, la chevelure sans le moindre ornement, dépourvue de mouche, elle m'apparut sous les traits d'une femme bien plus ordinaire, et de fait elle n'est point aussi jolie que Mrs Stuart aussi en ces lieux. N'ayant plus à faire au Park il me déposa à la Bourse. Rentrai en voiture et m'occupai de mes lettres..... pour préparer le discours de demain. Retour à la maison et, au lit.


                                                                                                                                   22 avril 
                                                                                                             Jour du Seigneur
            Levé, revêtis mon nouveau manteau, noir, long ( il descend jusqu'aux genoux ) et avec sir William Batten à Whitehall, où chacun est en grand deuil de la mère de la reine. Parlai longuement avant que le duc d'York et sir William Coventry n'ouvrissent la discussion prévue ce jour relative à l'affaire des commissaires de marine. J'appuyai leurs vues ce qui fut fort apprécié du Duc, néanmoins interrompu par milord Brouncker et sir William Penn. Ils avaient quelque chose à dire mais sans grand rapport avec le sujet. Comme notre proposition pouvait donner l'impression d'entraîner un coût certain pour le roi, il fut décidé que pour cette année nous essaierions une autre méthode semblable à la nôtre, n'omettant qu'un détail. Les commissaires se verront donc allouer l'argent nécessaire à l'achat des subsistances destinées à tous les marins, même ceux ne faisant pas partie des efsierai volontiers cette méthode, espérant qu'elle se révèlera efficace. Retour à la maison avec sir William Batten dans son carrosse. En chemin il m'annonce la nouvelle certaine et dont j'aurai ensuite la confirmation de plusieurs sources ce jour, que l'évêque de Münster s'est ligué avec les Hollandais et que notre Roi et la Cour en sont fort marris, d'autant que nous ne sommes pas sûrs de la Suède.
            Retour chez moi où fîmes un excellent dîner, ma pauvre femme, Mrs Mercer et moi-même. Repartis à pied jusqu'à Whitehall. Me promenai de-ci de-là, jusqu'à ce que torturé que j'étais par mon bottier, je fusse en proie à une lassitude extrême. N'en fus pas moins à pied jusqu'à la chapelle de la Reine au palais de St James, vis baptiser une petite fille, de nombreux traits et termes sont les mêmes que ceux de notre liturgie, et notre cérémonie ne le cède qu'un peu de choses au leur. A pied jusqu'à Westminster, mangeai là un morceau de pain et bus un peu, fus ensuite à Worcester House où je demeurai quelque temps et vis la fin de la séance du conseil privé. M'en revins, à pied jusqu'au théâtre du Cockpit où pris congé du duc d'Albemarle qui prend demain la mer. Il semble fort satisfait de moi, ce dont je me réjouis. Il m'apparaît qu'il est de la plus haute importance de ne point manquer de montrer au roi et au Duc que je ne laisse point de me soucier des affaires de la Couronne......A pied, non sans lassitude, jusqu'à Fleet Street, trouvai une voiture et rentrai chez moi, souper et, au lit. Après avoir conversé un long moment avec Will Joyce venu me voir, pour la première fois chez moi depuis la peste, et à mes yeux c'est toujours le même petit-maître impertinent et le même diseur de billevesées.


                                                                                                                          23 avril
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      Comme j'étais fort las hier soir fis ce matin la grasse matinée, puis levé et allé au bureau où réunion avec sir William Batten et milord Brouncker. Vers midi prîmes une voiture et à Whitehall où j'eus l'occasion de prendre congé du prince et derechef du duc d'Albemarle. Les vis baiser la main du roi et du duc d'York. En vérité tout le monde semble se réjouir qu'ils aillent en mer et d'en attendre de grandes choses. Ce matin le Parlement s'est réuni mais seulement pour clore la session. La Poste, dit-on, s'étend beaucoup à Londres et considérablement en tous lieux à la campagne.
            Me rendis à pied à la Grand-Salle, demeurai un bon moment mais comme Betty Hewlet était partie je n'avais rien d'autre à y faire. Pris une voiture et rentrai à la maison, demandant en chemin à deux ou trois reprises le prix des perles, car le temps est venu pour moi de tenir la promesse que j'ai, il y a longtemps, faite à ma femme, lui acheter un collier.
            Dîner à la maison et emmenai Balty avec moi chez Hayls afin de lui montrer le portrait de sa sœur. Puis à Westminster où je fus boire à la taverne du Cygne, et retour seul chez Hayls où je rencontrai ma femme et Mrs Mercer. Mrs Pearse posait et il y avait deux ou trois autres personnes de sa connaissance qui se tenaient sans rien faire. Son portrait se présente bien. Je restai donc jusqu'à ce qu'elle en eût terminé et la déposai chez elle. Ma femme, la servante et moi fûmes en voiture jusqu'à Islington où nous mangeâmes et bûmes sans descendre de voiture. Retour à la maison où nous trouvâmes une fille que m'envoie à ma demande Mrs Mitchell de la Grand-Salle, pour me servir de domestique sous les ordres de la cuisinière, Susan. Mais il me déplaît un peu de voir que cette fille, bien que jeune, soit plus grande et plus forte que Su, ce qui me donne à craindre qu'elle n'acceptera pas d'être sous ses ordres, ce qui me sera à charge, d'autant plus qu'elle est recommandée par une amie que je ne voudrais en aucun cas désobliger, mais elle plaît beaucoup à ma femme.
            Puis à mes comptes et à mon journal dans mon cabinet de travail, tandis qu'on entend des feux de joie dans les rues, car c'est aujourd'hui la St George et le jour anniversaire du couronnement du roi ainsi que le jour où le prince et le duc d'Albemarle prennent la mer. Ayant terminé mon travail, au lit.


                                                                                                                             24 avril

            J'apprends tantôt que la fille arrivée hier a fait ses bagages pour retourner chez elle à Enfield. Il me plut que nous fussions dès l'abord débarrassés d'elle. La raison étant qu'elle ne supportait point Londres. Je lui donnai donc un petit quelque chose et elle s'en fut.
            Arrive bientôt Mr Bland qui me vient voir pour la première fois depuis son retour de Tanger. En bref il me dit que là haut tout va à vau-l'eau et qu'il ne saurait en aller autrement. Tanger risque fort de ne parvenir à rien aussi longtemps que tout sera subordonné aux militaires et que ceux-ci n'encourageront pas le commerce. A son départ allai au bureau, restai toute la matinée, dîner, beaucoup de travail au bureau jusqu'à une heure tardive, puis à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                      25 avril

           Levé, à Whitehall chez le Duc, comme à l'accoutumée, et réglâmes nos affaires. Puis à la Grand-Salle avec Balty que j'avais présenté à sir Coventry. Là j'informai Mrs Mitchell du départ de sa parente, ce qui la contraria. Retour chez moi où je découvre une autre petite servante venue de la part de la mère de ma femme et qui, c'est vraisemblable, fera l'affaire. Après le dîner au bureau où Mr Prynne vint pour une réunion relative à l'affaire de la Caisse. Jusqu'à l'arrivée des autres il m'entretint longuement, tandis que nous étions seuls dans le jardin, des lois de l'Angleterre, m'indiquant leurs nombreux défauts. Entre autres leur obscurité qui tient à l'existence d'une multitude de textes démesurés qu'il va s'employer à résumer selon un modèle unique et, si Dieu lui prête vie et que les Parlements subsistent, il les fera transformer en lois et fera abroger les autres textes. Connaître la loi sera alors chose aisée. L'entreprise semble fort noble et heureuse. 
            Sir William Batten et sir William Rider nous rejoignirent et nous prîmes quelques décisions utiles au sujet de la Caisse, et j'espère que nous continuerons à agir ainsi. A leur départ fûmes présenter Balty à sir William Penn qui, sur mes instances, écrivit une lettre fort obligeante à Herman afin que celui-ci le traite avec civilité. Mais l'hypocrisie de ce coquin est telle que cela ne l'oblige en aucune façon. Partis chez ma régleuse de papier, ayant fort envie, Dieu me pardonne ! de voir Nan chez cette femme, ce qui fut le cas. Retour et sortis derechef pour aller voir Mrs Betton qui regardait par la fenêtre lorsque je passai dans Fenchurch Street. Ce qui montre bien que je ne puis, comme je le devrais, conserver mon empire sur moi-même lorsque mes yeux se délectent.
            Puis à la maison. Avec ma femme et Mrs Mercer passâmes la soirée sur notre nouvelle terrasse devant notre chambre, à chanter, cependant que Mrs Mary Batelier nous regardait depuis sa fenêtre. Nous causâmes puis nous souhaitâmes bonne nuit. Ma femme et moi n'en demeurâmes pas moins sur la terrasse, causant avec beaucoup de plaisir de divers sujets jusqu'à onze heures du soir. C'est une commodité dont je ne me passerai pour rien au monde, et elle présente plus d'avantages que toutes les pièces de la maison, ou presque. Ayant souper sur la terrasse, au lit.
            La peste, Dieu soit loué ! est tombée cette semaine à 16.


                                                                                                                               26 avril

            Passai toute la matinée au bureau. Rentré chez moi dîner, l'après-midi retour au bureau où je travaillai, m'occupant en particulier de mettre au point les comptes de Mr Yeabesley afin de les présenter à milords les membres de la commission de Tanger. Le soir à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                                  27 avril
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            Levé puis avec mon Balty qui a passé la nuit à la maison en prévision de son départ en mer aujourd'hui avec les commissaires du Henry à qui j'avais demandé de venir le chercher/
         
  Eté en divers endroits à propos de diverses affaires, chez milord le trésorier général, à Westminster et je ne sais où. A midi fus un peu à la Bourse, commandai quelques cartes, que j'entends mettre dans ma nouvelle pièce ( la chambre de mon petit valet ), ce qui sera du plus bel effet. A midi dîner à la maison, puis m'occupai de suspendre les cartes et d'autres objets pour la décoration de cette pièce. Il est maintenant certain que ce sera l'une des pièces les plus belles et les plus utiles, si bien qu'entre cette pièce et l'aménagement de ma terrasse, ma maison n'a pas peu gagné en agrément. M'employai tout l'après-midi à ces tâches, jusqu'à ce que je me sentisse si las et et qu'il fût si tard, que je n'en puisse plus. Je terminai néanmoins la pièce, si bien que de toute la journée je ne fus point au bureau. Le soir passai un bon moment avec ma femme et Mrs Mercer à leur apprendre un chant. Souper et, au lit.


                                                                                                                  28 Avril 1663

            Levé et au bureau. A midi dînai à la maison, ensuite allai avec ma femme chez Hayls à seule fin de voir nos portraits et celui de Mrs Pearse que je ne trouve point aussi beau que j'eusse pu m'y attendre. Ma femme chez son père pour lui apporter du travail de réglage que je lui ai conseillé de lui faire faire, il en retirera quelque argent, il lui faudra aussi se mettre en quête d'une autre petite servante, la dernière engagée est aussi retournée chez elle le jour même de son arrivée. Elle devait aussi chercher un collier de perles, ce qui l'occupe grandement. Quant à moi je consacre 80 £ à cet effet.
            Retour à la maison pour mon travail, ma femme arrive bientôt et peu après, la marée s'y prêtant, Balty nous fit ses adieux avant de prendre la mer, ce qu'il fait dans d'excellentes conditions, devenant officier de rôle d'une escadre, ce qui lui vaudra cette année 100 £ outre le fait qu'il conservera sa solde dans les gardes du duc d'York.
            Après son départ fort occupé tout l'après-midi jusqu'au soir, entre autres écrire une lettre à mon frère John, la première depuis que je me mis en colère contre lui, et encore cette lettre était-elle si sévère que j'eus presque du regret à l'envoyer. Mais il s'agit de préparer ma réconciliation avec lui et sa venue ici lorsqu'il aura obtenu le grade de maître es'arts. Puis à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                           29 avril
                                                                                                        Jour du Seigneur
            Levé et à l'église où prêcha Mr Milles. Sermon nonchalant et simplet sur le fait que le diable ne saurait prétendre à aucun droit en ce monde. Puis à la maison, dîner. Ensuite avec mon petit valet par le fleuve à Rotherhite et à pied chez Mr Evelyn. Je me promenai dans son jardin en attendant son retour de l'église avec grand plaisir, tandis que je déambulais lisant le discours de Ridley sur le droit civil et le droit ecclésiastique. Evelyn étant rentré nous nous promenâmes dans son jardin avec infiniment de plaisir. Il a beaucoup d'intelligence et plus je le connais plus je l'aime. La principale raison pour laquelle il me souhaitait voir était de proposer de faire nommer mon cousin Thomas Pepys comme juge de paix. Je ne sais que dire en attendant d'en avoir parlé avec lui, mais j'en serais bien aise, j'ai l'intention de l'y pousser.
            M'en retournai à pied, lisant, m'embarquai et retour à la maison. Je trouve mon oncle et ma tante Wight, soupai avec eux sur ma terrasse éprouvant force plaisir et gaieté. Après leur départ au lit dans un état de grande lassitude, non sans m'être fait couper les cheveux, plus courts et même ras afin de sentir davantage la fraîcheur, car le temps est fort chaud.


                                                                                            
                                                                                                                  30 avril 1666

            Levé et une fois habillé m'employai à terminer mon journal pour les quatre derniers jours et au bureau où eus à faire toute la matinée. A midi dînai seul, ma femme étant sortie pour conclure l'affaire de son collier de perles. Quant à moi je m'employai à mettre à jour mes comptes du mois et, Dieu en soit loué ! il apparaît que, nonobstant les grandes dépenses que je fis récemment, à savoir 80 livres pour un collier, près de 40 pour un jeu de chaises et un canapé, près de 40 pour mes trois portraits, je n'en amasse pas moins d'argent et que me voici à la tête de 5 200 £. Ma femme rentre tantôt ayant jeté son dévolu sur un collier à trois rangs, de très bonne qualité et pour 80 £.
            Le soir mes comptes terminés, pleinement satisfait et joyeux de les avoir mis à jour avec tant d'aisance, surtout lorsque je me souviens de la peine qu'ils me causèrent la dernière fois pour les avoir négligés un peu plus longtemps qu'à mon habitude, ce qui me pénalise aujourd'hui de 50 £.J'espère ne jamais commettre semblable erreur, car je ne peux imaginer où ces 50 £ peuvent bien se trouver. Mais il est sûr que je devrais me trouver à la tête de 50 £ de plus que je ne suis en réalité, et Dieu soit loué que l'erreur n'ait point été plus importante !

            Le soir avec ma femme et Mrs Mercer fûmes prendre l'air en voiture et allâmes jusqu'à Bow. En chemin mangeâmes et bûmes dans la voiture, y pris beaucoup de plaisir, et du plaisir en la compagnie qui était la mienne. Le soir retour à la maison et fûmes sur la terrasse mais, contrairement à mon attente, nous fûmes chassés de là-haut par une odeur pestilentielle, sir William Penn ayant vidé un pot plein de merde dans leurs lieux d'aisances tout proches. J'en suis marri, car je crains à l'avenir d'avoir à souffrir de ce genre d'incident. Descendîmes donc chanter un peu puis, au lit.
           Ainsi ce mois se termine-t-il avec des perspectives prometteuses, bonne santé, acquisitions importantes et progrès notable de ma fortune à tous égards, ce dont Dieu veuille me rendre                   pinterest.fr                                                  reconnaissant !                                                                                pi                       


                                                              à suivre..........

                                                                                                                     1er Mai 1666

            Levé et passé...........

                       
           
 












mercredi 30 août 2023

Enfant de salaud Sorj Chalandon ( Roman France )

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                                         Enfant de salaud

            Paru il y a plusieurs mois, primé, il eut le prix fnac, roman réaliste nous emmène au sein des émotions d'un homme de 35 ans. Un jour son grand-père touillant les braises de la cuisinière, dit à son peiti-fils " Tu es un enfant de salaud ". Des années plus tard, à l'occasion du reportage commandé par son journal, journaliste né à Lyon, il couvre le procès Barbie. Son père n'a pas fait le bon choix durant la dernière guerre mais cela ne correspond pas avec ses souvenirs d'enfant. Ainsi ce père si particulier lui a soutenu avoir participé à l'épisode Zuydcoote au sortir d'une séance de cinéma. Weekend à Zuydcoote avec Belmondo, oublié l'acteur il était jeune homme d'une vingtaine d'années brillant aux yeux de l'enfant de dix ans. 
            1987 - Lyon, ouverture du procès Barbie. Ce sont les mots de l'auteur observant son père en fond de salle et les dépositions si douloureuses de quelques rares victimes revenues de l'enfer. L'attitude de l'avocat de la défense, Jacques Vergès, confronté à la déposition si calme si désolante de la longue liste des enfants d'Izieeu, 44 enfants et 5 adultes arrêtés et déporté à Auschwitz  sur ordre de Klaus Barbie. Arrêté en Bolivie il dit s'appeler Klaus Altman, par l'avocat calme et douloureux Serge Klarsfeld. 
            Avec l'aide d'un ami historien, l'auteur récupère le dossier de son père accusé et emprisonné un an et dégradé cinq ans. Les mots de l'auteur pour un fils qui peine à admettre les affabulations d'un père. Déambulation nocturne dans le v vieux Lyon, bord de Saône, Saint-Jean, Saint-Paul puis la " ficelle " pour monter à Saint-Just où logent les parents dans un tout petit appartement. " ..... Je découvrais les guerres de mon père. Fausses, vraies, je n'en savais plus rien....... "
            " ....... Lorsque Jacques Vergès s'est levé pour plaider, il a été retenu par le glas. La cloche sombre et grave des morts résonnait depuis la primatiale Saint-Jean..... Un instant saisi, l'avocat a attendu..... mais le bourdon a continué de pleurer. Alors Vergès a reculé d'un pas, s'est adossé à la rambarde, a croisé les bras, interrogé la foule du regard et sourit....... Le silence revenu, Verges a patienté encore. Il fallait oublier jusqu'à l'écho du glas. " Après une journée calme, l'avocat " s'est laissé emporter pas la colère ".Certains dans le public choqués. Mais ce père si particulier au centre du roman en définitive est-il coupable. Verdict et conséquences, dans le roman, sur les nerfs de ce grand affabulateur, orgueilleux l'était-il mais il se défaisait d'une réalité sans panache mais active. Un peu de vérité dans un épisode historique broyeur de vies. Bon livre, bonne lecture. Malgré un titre un peu vulgaire, le livre est bien écrit et ne contient aucune grossièreté. pour tout public, averti.         









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mardi 8 août 2023

Kaddish pour un amour Karine Tuil ( Poemes France )

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                                                 Kaddish pour un amour

            Rupture pas morosité de fin d'un amour. Resteront les mots choisis avec soin pour composer ce long poème, phrases courtes, quelques mots quelques lignes :
                                        
                                                                 Kadosh

                                              Kadosh ! Kadosh ! Kadosh !
                                              Est notre amour
                                              Trois fois.........

            Chez les juifs on aime et pour marquer le deuil on récite le kaddish. C'est ce que fait Karine Tuil pour marquer le souvenir de cet amour mort. Elle l'écrit et sa réflexion va au-delà, elle invoque le divin 

                                                                   Rêve                          
                                                  Viens.........
                                                   Il y a la mer
                                                  Il y a les montagnes
                                                  ..............
                                                  ..............
                                                  Le désert
                                                 ...............

            Et voici le deuil 
            
                                                                      Shiva

                                                    Je suis en deuil
                                                    .............
                                                    Je suis en deuil
                                                    De ce qui n'existe pas ( de ce qui n'a peut-être jamais existé ) 
                                                    ..............
      
            Court ouvrage, à peine 120 pages, vous parle d'amour rappelle. les mensonges, les dérives. Chacun est libre de l'interprétation des différents poèmes.                                                       
 
                                                                        Prière
                                                                ..............................
                                                           Exauce-nous Dieu de nos Pères
                                                           ............

                                                                      L'arbre de Judée

                                                            Tu es mon arbre de Judée
                                                             Dans la forêt française
                                                             Nul ne sait qui Tu es
                                                             ...................
                                                      
                                                           ...................
                                                           Je suis Ton arbre français
                                                           Dans le désert de Judée
                                                           Tu ne sais pas qui je suis
                                                            ...............

            Ce livre pour qui aime la poésie, les passions amoureuses, les mystères divins. Ecrit avec pour toile de fond la religion juive, ses signes et ses interrogations. A lire sans préjugé, avec son amoureux du moment. Bonne lecture.











       

vendredi 4 août 2023

Tables tournantes de Jersey Victor Hugo ( Document France )a table

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                                       Jersey, 11 septembre 1853

            Présents : Mme de Girardin, Mme Victor Hugo, Victor Hugo, Charles Hugo, Charles Victor Hugo, Mlle Hugo, le général Le Flô, M. de Trévenec, Auguste Vacquerie.

            Madame de Girardin et Monsieur Vacquerie se mettent à la table, la petite table ronde posée sur une grande table carrée. Au bout de quelques minutes la table tressaille.

            - Madame de Girardin - Qui es-tu ?
            La table lève un pied et ne le baisse plus
            - Madame de Girardin - Y a-t-il quelque chose qui te gêne ? Si c'est oui frappe un coup, si c'est non, deux coups.
            ( La table frappe un coup )
            - Madame de Girardin - Quoi ? 
                         -                        - Losange.
            En effet, nous étions en losange, aux deux côtés d'un angle de la grande table
           ...... Dans sa présentation du texte G Simon exprimie un certain scepticisme...... Madame de Girardin et Charles Hugo se placent de façon à couper la table support à angle droit. La table s'agite. 

           - Le Général Le Flô - Dis-moi à quoi je pense.
             Fidélité. 
            ( Le Général pensait à sa femme. Simon pas très convaincu, réponse trop facile pour un mari. Manipulation de Madame de Girardin ? G Simon s'interroge.
            Victor Hugo écrit un mot sur le papier et met le papier fermé sur la table.
            - Auguste Vacquerie - Peux-tu me dire le mot écrit là-dedans ? 
              Non. 
            - Victor Hugo - Pourquoi ?
              Papier.
             ( Ces réponses m'étonnaient un peu. Pour être sûr qu'il ne s'agissait pas d'une manipulation de Madame de Girardin, G Simon demande à tenir la table avec Charles Hugo. La table remue, il pense un nom et : )           
            - Auguste Vacquerie - Quel est le nom que je pense ?
              Hugo.       ( C'était en effet le nom. A ce moment j'ai commencé à croire. Depuis un moment Madame de Girardin se sentait émue et nous disait de ne pas perdre de temps à des questions puériles. Elle pressentait une grande apparition, mais nous qui doutions nous obstinions à défier la table de mots. La table se met à écrire des lettres incohérentes )
            - Madame de Girardin - Te moques-tu de nous ?
             Oui.
            - Madame de Girardin - Pourquoi ? 
              Absurde
            - Madame de Girardin - Eh bien, parle de toi même.
              Gêne
            - Madame de Girardin - Qu'est-ce qui te gêne ?                              pinterest.fr

              Incrédule
            - Madame de Girardin - Un ou plusieurs ?
              Un seul
             - Madame de Girardin - Nomme-le.
               Blond
            ( Monsieur de Tréveneur est en effet très blond et le plus incrédule )
            - Madame de Girardin - Veux-tu qu'il sorte ?
              Non
            ( La table s'agite, va et vient, refuse de répondre. Je quitte la table, remplacé par le général Le Flô )
            - Le Général Le Flô - Dis-moi le nom que je pense
             - Madame de Girardin en même temps - Qui es-tu ?
               Fille
            ( Le général Le Flô ne pensait pas à sa fille, moi à mon neveu Ernest )
            A qui est-ce que je pense ?
            Morte
            - Madame de Girardin très émue - Fille morte ?
            ( Je recommence ) A qui est-ce que je pense ?
            Morte
            ( Tout le monde pense à la fille morte de Victor Hugo )
            - Madame de Girardin - Qui es-tu 
              Ame soror
            ( Mme de Girardin avait perdu une soeur. La table a-t-elle dit soror en latin pour dire qu'elle était sœur d'un homme ? )
            - Le Général Le Flô - Charles Hugo et moi nous avons perdu chacun une sœur. De qui es-tu la sœur ?
            - Doute
            - Le Général Le Flô -  Ton pays ?
              France
            - Le Général Le Flô - Ta ville ?
             ( Pas de réponse. Nous sentons tous la présence de la morte. Tous pleurent )
             - Victor Hugo - Es-tu heureuse ?
               Oui
               - Victor Hugo - Où es-tu ?
                 Lumière
                - Victor Hugo - Que faut-il faire pour aller à toi ?
                  Aimer
                 ( A partir de ce moment on est émus, la table comme se sentant comprise, n'hésite plus; Dès qu'on l'interroge elle répond immédiatement. Quand on tarde à lui faire une question, elle s'agite, va à droite, à gauche )
            - Madame de Girardin - Qui t'envoie ?
              Bon Dieu
            - Madame de Girardin, très émue - Parle de toi-même. As-tu quelque chose à nous dire ? 
              Oui
            - Madame de Girardin - Quoi ?
              Souffrez pour l'autre monde
            - Victor Hugo - Vois-tu la souffrance de ceux qui t'aiment ?
               Oui                   
            - Madame de Girardin - Souffriront ils longtemps ?
              Non
            Madame de Girardin - Rentreront ils bientôt en France ?
                                                  Pas de réponse
            - Victor Hugo - Es-tu contente quand ils mêlent ton nom à leur prière ?
              Oui
            - Victor Hugo - Es-tu toujours auprès d'eux ? Veilles-tu sur eux ?
              Oui
            - Victor Hugo - Dépend-il d'eux de te faire revenir ?
              Non
            - Victor Hugo - Mais reviendras-tu ?
              Oui
            - Victor Hugo - Bientôt ?
              Oui

          ( Clos à une heure et demie du matin )

          Note : Transcrit immédiatement après la séance par Auguste Vacquerie. A partir de ce jour les transcriptions et les procès verbaux ont été recueillis pendant les séances


            Texte extrait d'une édition de la Librairie Louis Conard 1923 Présentation Gustave Simon