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1er Février 1664
Debout, mes servantes s'étant levées de bonne heure pour la lessive. Après m'être préparé je trouve Mr Trutt, le commissaire de marine, en bas avec 12 bouteilles de xérès. Il me dit que le jeune Jack Davis a invectivé sir William Batten parce qu'il s'était efforcé de la renvoyer, ce que j'avais déjà appris de sir William Batten. Je suis désolé pour le jeune homme parce que cela provoquera vraisemblablement sa ruine, bien que je le croie fieffé coquin.
J'emmène Strutt avec moi en voiture à Whitehall où il descendit. allai chez milord, mais il s'est rendu tantôt à la Garde-Robe du roi. Je suis heureux de voir qu'il s'occupe ainsi de ses affaires, bien que je sois contrarié que la raison en est le conseil que je lui ai donné à mon détriment. On me dit qu'il va à la campagne la semaine prochaine et que les deux jeunes demoiselles montent en ville cette semaine, précédant milady leur mère.
J'apprends que deux hommes hier soir, se disputant le haut du pavé près de la nouvelle Bourse, se tuèrent, chacun transperçant l'autre. L'un d'eux est un serviteur de la chapelle du roi, l'autre un serviteur de milord le général Middleton. Puis à Whitehall où le roi vint dans la chambre du Duc et resta une ou deux heures, se moqua de sir William Petty venu au sujet de son bateau et de Gresham College en général. Le pauvre Petty, je le vis bien, était un peu décontenancé, mais discuta avec mesure et supporta les outrances excessives des objections formulées par le roi et d'autres assistants avec grande retenue. Il proposa de prendre des paris contre les meilleurs bateaux du roi, mais le roi ne voulut pas miser et se contenta de le décrier en paroles. Quant à Gresham College, il se moqua beaucoup de ses membres qui passent leur temps à peser l'air et à ne rien faire d'autre depuis qu'ils siègent.
Puis au palais de Westminster, rencontrai plusieurs personnes, car il y a une session. Entre autres, je parlai à Mrs Lane. Je redoutais d'apprendre les effets de notre dernière rencontre, il y a environ deux ou trois semaines mais, à ma grande satisfaction, elle n'en dit rien. Je rencontra Mr Pearse. Il me conta plusieurs anecdotes de la Cour, entre autres, lorsque le roi arriva l'autre jour à son théâtre pour voir
La Reine des Indiens, dont il me loua la splendeur, milady Castlemaine était déjà installée dans la loge voisine. Se penchant par-dessus les autres dames un instant pour chuchoter au roi elle quitta sa loge, entra dans celle du roi et s'assit à la droite du roi, entre le roi et le duc d'York, ce qui, affirme-t-il, décontenança le roi lui-même, de même que tous les autres spectateurs. Il croit qu'elle agit ainsi pour prouver au monde qu'elle n'est pas en disgrâce, contrairement à ce que l'on croyait.
Revins dans la voiture de l'échevin Maynell à la Bourse où fus occupé avec plusieurs personnes. Retour pour dîner à la maison. Emmenai immédiatement ma femme au Théâtre du Roi, comme c'est le début du mois et que je peux y aller une fois par mois, pour voir jouer
La Reine des Indiens, un spectacle effectivement très agréable et au-delà de toutes mes espérances. La pièce est bonne mais gâchée par la rime qui rompt le sens. Au-delà de mes espérances surtout, la plus âgée des demoiselles Marshall joua de manière excellente, mieux que toute actrice que j'aie jamais entendue, mais sa voix n'est pas si douce que celle de Ianthe. Nous rentrâmes chez nous fort satisfaits. J'y rencontrai Mr Pickering et sa maîtresse, Mrs Doll Wilde. Il me dit que les passions se donnent libre cours entre le chancelier et milord Bristol contre le Parlement, et que milord Lauderdale et Cooper sont ouvertement hostiles au chancelier, ce dont je suis désolé.
Sur le chemin du retour je descendis au café où j'entendis le lieutenant-colonel Baron raconter des histoires très intéressantes sur ses voyages dans les hautes montagnes d'Asie, au-dessus des nuages. Le ciel y est clair. On traverse le nuage dans un épais brouillard qui mouille les vêtements comme une éponge. La terre au-dessus des nuages est aride et desséchée, rien n'y pousse, ce n'est qu'un sol sec, il fait pourtant moins chaud au-dessus qu'en-dessous des nuages. La nuit les étoiles brillent d'un éclat vif et le ciel est d'un beau bleu. Mais on ne peut à aucun moment voir la terre à travers les nuages. Les nuages semblent être un monde à vos pieds.
Rentré souper ayant faim, puis au bureau, affaires, en particulier concernant Creed, pour qui je suis maintenant bien paré, et à la maison.
Aujourd'hui, au palais de Westminster, William Bowyer me dit que son père est mort récemment. Il mourut en se noyant dans le fleuve, revenant la nuit, mais, dit-il, il n'avait pas bu. Il fut emporté la canne à la main et la cape sur l'épaule, aussi rougeaud qu'avant sa mort. Son cheval fut emporté la nuit dans l'eau, entravé par sa bride. Mais on n'eut pas l'intelligence de chercher son maître avant le matin suivant où on le trouva noyé.
2 février
Levé, au bureau où, bien que ce fut la Chandeleur, réunion avec Mr Coventry et sir William Penn les autres étant à une inspection à Deptford. A midi Mr Coventry et moi, en voiture, à la Bourse. De là au café où le capitaine Cocke expliqua clairement les effets bénéfiques d'une certaine forme de guerre avec la Hollande, et de conquête. Je n'y avais pas pensé, bien au contraire. C'est-à-dire que le commerce du monde est trop limité pour nos deux pays, donc l'un des deux doit être ruiné. Deuxièmement, bien que cela ne fasse pas de nos négociants de meilleurs hommes d'affaires, notre laine vaudra un meilleur prix si nous vantons nos tissus, et ainsi nos métayers seront plus à même de payer les loyers et nos terres prendront de la valeur, ainsi que toutes nos fabriques, alors qu'actuellement les Hollandais nous surpassent en ce domaine. - Il pense que les Hollandais ne sont pas en si bonne position qu'auparavant, parce qu'ils n'ont jamais assez d'hommes, surtout maintenant avec les guerres contre les Turcs. -
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De nouveau à la Bourse et à la taverne du Soleil avec sir William Warren. Bavardâmes longtemps et reçus de bons conseils et des suggestions utiles de sa part. Il me remit une paire de gants pour ma femme, enveloppés dans du papier que je me gardai d'ouvrir, ayant senti que le paquet était dur, mais je lui dis que ma femme le remercierait et continuai la conversation.
Rentré chez moi, Seigneur ! dans quelle impatience j'étais de voir ma femme quitter la pièce sans lui demander de s'en aller, de façon à voir comment étaient ces gants. Bientôt elle sortit, et découvris que c'était une paire de gants blancs pour elle et 40 pièces d'or sonnant et trébuchant, ce qui me réjouit tant le cœur que je ne pus presque rien manger à dîner, tant j'avais de joie à penser que Dieu nous bénit chaque jour davantage, et plus encore avec l'accroissement de ma charge et de mes efforts. J'étais perplexe, ne savais s'il fallait ou non le dire à ma femme. A peine pouvais-je me retenir, mais c'est ce que je fis. Je réfléchirai avant de lui en parler de crainte de lui laisser croire que je suis dans une meilleure situation ou plus apte à gagner de l'argent que je ne le suis en fait.
Après dîner au bureau travaillai infiniment jusqu'à plus de 10 heures du soir pour ma tranquillité d'esprit. Rentré tout joyeux pour souper et, au lit.
Ce soir Mr Hempson est venu me dire que son maître, sir William Batten, ne veut plus entendre parler de lui comme commis à l'intendance à Chatham. Il l'a renvoyé sans raison nouvelle ni particulière, et je crois, simplement au motif, comme il l'écrit lui-même plus ou moins et que l'avoue James Norman, qu'il fut deux fois avec moi l'autre jour et ne lui présenta pas ses respects, tant il me craint, moi et tout ce qui me touche........
3 février
Levé et après une longue conversation avec mon cousin Thomas Pepys, mon exécuteur testamentaire, en voiture avec ma femme à Holborn où je descends et elle va chez son père. Au quartier du Temple et à différents endroits et à la Bourse où travaillai beaucoup. Rentré dîner seul puis à la taverne de la Mitre et là, comme par hasard, rencontrai Will Howe venu acheter du vin pour milord qui va se rendre à Hinchingbrooke. Resté seul avec lui un bon moment à m'entretenir de la distance que prend milord avec moi. Il me répond que je n'ai aucune raison de penser ainsi, que milord est seulement plus réservé qu'auparavant. Rencontrai Mr William Rider et Mr Clerke, et après beaucoup d'affairement arrivai à une conclusion, attribuant à Mr Custos 202 livres aux dépens de Mr Bland...... Puis en voiture allai chercher ma femme chez son frère, et découvris qu'elle était rentrée à la maison. Passai voir sir Robert Bernard pour mettre mes terres en viager, et chez Roger Pepys qui garde le lit, car il souffre d'un furoncle qui l'empêche de se tenir debout ou assis.
Rentré à la maison. Ma femme déborde d'histoires tristes au sujet de son brave homme de père et de son coquin de frère qui va aller en Hollande avec sa femme, servir comme soldat. Ensuite au bureau et, au lit. Tard dans la soirée en montant Ludgate Hill en voiture je vis deux galants et leurs valets de pied s'occuper d'une jeune fille que j'ai beaucoup lorgnée récemment, qui tient boutique sur la colline, vendant rubans et gants. Ils semblaient l'entraîner de force, mais elle les suivit et je crois qu'elle en a eu pour son compte. Mais, Dieu me pardonne, comme j'aurais souhaité et désiré être à leur place !
Dans Covent Garden ce soir, en allant chercher ma femme, je m'arrêtai au grand café, où je n'étais jamais allé auparavant, où se trouvaient Dryden, le poète, je l'ai connu à Cambridge, tous les beaux esprits de la ville, Harris l'acteur et Mr Howell de notre collège. Si j'en avais eu le temps et si je le pouvais en d'autres occasions, ce serait bien de venir ici, car j'observe qu'il y a beaucoup d'esprit en ce lieu et que la conversation y est agréable. Mais je ne pouvais m'attarder, l'heure était avancée, ils étaient tous sur le départ.
4 février
Levé et au bureau où après avoir un moment siégé je quittai le conseil sous prétexte d'affaires sérieuses et allai en voiture à Saint Paul où j'entendis de bons discours par les élèves qui seront choisis cette année. Puis un peu plus tard avec plusieurs de mes vieilles connaissances à la taverne de la Tête de Bidet où je leur donnai une bouteille de xérès. En ressortant j'allai au collège assister à l'examen de la classe supérieure et fus retenu par un très grand nombre de merciers, Clutterbuck..... traités par tous avec maints égards et banquetai. On me dit que dans son testament le Dr Colet précise qu'il faut trouver pour le collège un directeur qui ait une bonne maîtrise du latin et, si possible, quelques notions de grec. Le grec était si mal connu à l'époque....... Après avoir pris bien du plaisir, en particulier à entendre Mr Cromleholme répéter que j'étais un bienfaiteur du collège, chez mon libraire où je passai une heure à feuilleter
Theatrum Urbium et
Flandria illustrata, aux excellentes gravures, avec grand contentement.
Retour vers la maison, passai chez ma petite chapelière, je bavardai avec elle son mari étant absent. C'est une personne follement gaie. Rentré chez moi et au bureau. Un peu plus tard ma femme rentre de l'enterrement de la femme du capitaine Grove à Wapping. Elle me conte comment sa servante, Jane, en montant dans le bateau a fait une chute, découvrant son cul. Puis vinrent mon oncle White et Mr Maes avec un compte rendu de leur affaire dont il m'a parlé très discrètement et que je trouve fort complexe. Puis, après avoir bu une ou deux bouteilles de bière, après leur départ retournai encore un peu au bureau. Rentré à la maison, prières et, au lit.
Ce soir je terminai ma lettre à Creed à propos de ses pièces de huit et la lui envoyai. Je prie Dieu d'y donner bonne fin et que cela me rapporte de l'argent de sa part en temps voulu.
5 février 1664
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Levé. Descendis par le fleuve, belle matinée, à Woolwich où passai une ou deux heures à bonnes fins, à pieds jusqu'à Greenwich puis Deptford où je trouve plusieurs personnes venues dîner, je dînai avec eux et après ren trai chez moi par le fleuve lisant au retour, comme à l'aller
Faber fortunae que je ne me lasse jamais de lire. A la maison un peu avec ma femme puis au bureau jusqu'à 8 heures et retour à la maison m'occuper des papiers de Brampton, en particulier des papiers de mon oncle en qualité de receveur général de nos impositions mensuelles pour le comté de Huntingdon pendant l'année 1647. Contrairement à mon attente je les ai trouvés en si bon ordre et si méticuleusement tenus que cela dépassait tout ce que je pouvais espérer ou imaginer. Ensuite ayant vu des acquits pour chaque quart de penny qu'il reçut, j'allai au lit tard, la conscience fort tranquille.
6 février
Levé et au bureau réunion toute la matinée. A midi à la Bourse, rencontrai Mr Coventry pour la première fois ici. Après un bref bavardage avec lui et d'autres négociants, allai par-ci et par-là pour traiter différentes affaires et rentrai à la maison où vint le père Fogarty, prêtre irlandais que ma femme et sa mère ont connu en France, personne pondérée et discrète mais que je n'aimerais pas voir converser avec ma femme
( nte de l'éd elle est d'éducation huguenote ), de peur qu'il ne se mêle de sa religion. Mais j'aime bien cet homme. Puis sortis avec ma femme et la laissai chez Tom tandis que je vaquais à plusieurs affaires. Revins auprès d'elle, contrarié de n'avoir pas trouvé Tom chez lui à mon premier passage, tous ses livres, papiers et factures en désordre sur la table du petit salon, et lui sorti, ce pourquoi je fulminai contre lui quand il rentra. Puis à la maison en voiture passant chez ma cousine Scott qui est mourante à la suite, dit-on, d'une fausse-couche. Ma femme ne fut pas autorisée à la voir, ni personne d'autre.
A la maison, puis au bureau tard pour écrire des lettres, puis rentré, souper et, au lit.
Le père Fogarty me confirme la nouvelle qu'assurément la paix a été faite entre le pape et le roi de France.
7 février
Jour du Seigneur
Levé puis à l'église et retour à la maison. Ma femme étant indisposée garda le lit tout le jour et je montai dîner à son chevet. Et puis tout l'après-midi, jusque tard dans la nuit, écrivis des lettres d'affaires à mon père, lui exposant des questions en général de grande importance, et d'autres lettres pour me libérer l'esprit pendant la semaine, quand je n'ai pas le temps d'y penser. Remontai auprès de ma femme et lus, fort gaiement, les deux discours de sir William Davenant dénigrant Londres et Paris pour les opposer l'un à l'autre, puis prières et, au lit.
8 février
Levé puis passé voir Mr Philips et après une brève conversation allai chez milord Sandwich, mais comme il était sorti restai bavarder un peu avec Will Howe, puis à Westminster pendant la session. Rencontrai Mr Pearse. Il m'a dit que le roi est toujours fou de ses femmes, sans aucune pudeur et que la bonne reine s'arrête d'elle-même parfois avant d'aller dans sa chambre d'atours, pour s'assurer que le roi n'y est pas, de peur qu'il soit comme elle l'a déjà surpris avec Mrs Stuart. Et, dit-il, la plus grande partie du douaire de la reine, contrairement aux engagements pris et à l'opinion du lord trésorier et du Conseil, est donnée ou louée, je ne sais comment,à milord Fitzharding, à Mrs Stuart et à d'autres de cette clique.
D'après lui le roi est complètement entiché du duc de Monmouth et, apparemment, comme s'il avait l'intention d'en faire son successeur. Dieu sait comment cela se terminera !
Après son départ j'allai parler à Mrs Lane pour la persuader d'épouser Hawley, je crois qu'elle y viendra et j'aimerais que cela fût. Puis chez Mr Hawlett et sa femme pour évoquer cette question. Ils sont tout à fait d'accord et je leur ai demandé de l'encourager, car je crois que cela sera pour leur bien à tous, et pour ma satisfaction. Mais je pris plaisir à regarder leur jolie fille devenue une jolie jeune fille et fera une belle et honnête femme.
Puis en voiture à la Bourse, après avoir réglé quelques affaires rentré dîner.
Puis à l'Hôtel de Ville croyant entendre des plaidoiries, mais le tribunal ne siégeait pas. Ensuite chez Cade, le papetier, où je regardai des gravures qu'il m'avait réservées. Je découvris qu'il voulait jouer au plus malin avec moi, mais il finit par m'offrir ce que j'espérais. J'ai mis de côté 10 ou 12 livres et vais y réfléchir. Je répugne à y dépenser autant d'argent.
Rentré chez moi légèrement contrarié qu'aujourd'hui je fus obligé de féliciter Will Howe et de me reconnaître sur un pied d'égalité avec Mr Moore qui m'a défié au cours de notre entretien. Je ne l'accepterai plus, que je réussisse ou que j'échoue, je me montrerai aussi distant avec eux que milord avec moi.
Au bureau jusqu'à 9 heures, rentré à la maison, craignant des douleurs après avoir pris froid/ Souper et, au lit.
9 février
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Levé et au bureau réunion toute la matinée. A midi à la Bourse en voiture avec Mr Coventry. Fus occupé avec plusieurs personnes. On parle beaucoup des Hollandais qui se proclament en Inde maîtres des Mers du Sud et veulent empêcher de commercer avec tous les navires autres que les leurs sous peine de confiscation, ce qui fait enrager nos négociants.
Grande inquiétude à cause des Turcs pour deux de nos navires, très richement chargés, venant de la Méditerranée. Réconciliation entre le Pape et le roi de France, de sorte que la question est maintenant de savoir ce que les Français vont faire de leurs armées.
Rentré chez moi je trouve le capitaine Grove portant le deuil de sa femme, et Hawley. Ils dînèrent avec moi. Après le départ de Grove, Hawley et moi parlâmes de sa maîtresse Mrs Lane. Je le conseillai sérieusement et m'enquis de sa situation. J'espère bien les unir.
Arrive Mr Moore. Intéressante conversation au sujet de milord. Il me dit, entre autres, que milord est bien changé, c'est-à-dire qu'il est devenu très fier et très digne et ne permet plus à quiconque d'entrer dans ses appartements comme auparavant. Je ne dois pas me soucier, dit-il, de sa réserve envers moi, car il en use avec tout, mais que je garde mes distances et lui rende visite de temps à autre, pas plus, car, ajoute-t-il, lui-même ne va plus le voir sauf lorsqu'il le fait quérir, et même alors il ne l'attend pas s'il ne s'y trouve à l'heure convenue
" - Car je peux me tirer d'affaires tout seul et ne veux pas, par excès de soumission, m’abaisser devant quelqu'un ou devenir méprisable à ses yeux. "
C'est la règle de conduite qui me faisait le plus défaut, et je vais la suivre. Nous parlâmes de l'argent que me doit milord et des 1 000 livres pour lesquelles je suis caution vis-à-vis de mon cousin Thomas Pepys. Je me libérerai de ces deux affaires dès que possible, car je n'aime pas qu'il soit tout à la fois en colère et endetté à mon sujet. En outre, me semble-t-il, il ne se soucie pas de payer ses dettes, mais il s'enfonce de plus en plus.
Après son départ ma femme et moi avons marché une heure ou deux à l'étage dans notre chambre à parler affaires sérieusement.
Je lui dis que milord me doit 700 livres et lui montrai le billet à ordres et comment j'avais l'intention de me comporter envers lui. Elle et moi avons cherché les moyens d'avoir le capitaine Grove pour ma sœur, ce que nous souhaitons fort ardemment maintenant. Je pense que ce sera une bonne alliance, et vais m'y appliquer. Puis au bureau un moment, rentré, souper et, au lit.
10 février 1664
Levé et en voiture chez milord Sandwich dans la nouvelle très belle maison, mais d'un prix exorbitant, dans Lincoln's Inn Fields, lui dis quelques mots. Il est toujours fier et distant, mais il m'a demandé des nouvelles de ma femme et en me quittant me pria de donner son souvenir à sa cousine, ce qui me plut, désirant me flatter de l'idée qu'avec le temps il s'arrangera.
Rentré directement à la maison, occupé toute la matinée et à midi avec Mr Bland chez Mr Povey, mais comme il dînait et qu'il avait beaucoup d'invités, nous nous retirâmes et allâmes dans Fleet Street chez l'un de ses amis, et puis longue visite où il me conta la longue histoire confuse de l'affaire Coronel et Bushell relative au commerce du sucre dans laquelle Mr Packer et Green et Mr Bkand et 40 autres se sont tant inquiétés des droits de douane exigés par le roi du Portugal et où chaque parti a tenté de leurrer l'autre........ Un peu plus tard vint le dîner et après conversation instructive, celle que je désirais entendre pour mon édification.
Puis j'allai à Whitehall pour une réunion de la Commission de Tanger. J'en profitai pour demander à Creed s'il avait reçu ma lettre, et il me répondit que oui, qu'il y répondrait. Ce qui m'amène à me demander ce qu'il entend faire de moi. Mais je serai sur un pied d'égalité avec lui avant d'en avoir fini, peu importe qu'il prenne cela à la légère autant qu'il veut.
Au quartier du Temple mon cousin Roger Pepys me montra une lettre que mon père lui avait écrit le trimestre dernier dans l'intention de me la montrer. Il proposait des suggestions pour Sturtlow, offrait une part pour Pall et je ne sais quoi encore. Cela me contrarie de le voir comploter pour me mettre dans l'embarras et les ennuis sans penser à payer nos dettes et à régler nos legs. Mais je vais lui écrire une lettre qui le persuadera d'agir plus sagement.
Rentré chez moi. Trouvant ma femme sortie, après être rentrée d'une visite à ma tante Wight pour faire provision pour le carême
( nte de l'édit Wight était marchand de poissons ), partie avec Will chez mon frère. Je les suivis en voiture mais ne les trouvai pas, car ils venaient de repartir pour rentrer à la maison, ce qui me rendit perplexe.
J'allai dans les appartements de sir Robert Bernard où je mis mes terres de Brampton en viager selon les dispositions de mon testament. Je suis content de l'avoir fait, mon testament est maintenant correct en tous points.
Retour à la maison, passant un peu au café où brève et gaie conversation. Rentré chez moi, ma femme me dit qu'elle est allée chez son père pour le plaisir de voir son frère, que je trouve chez moi avec elle. Il part par la prochaine marée, avec sa femme, en Hollande pour chercher fortune. Il nous avait fait ses adieux ce matin. Je donnai à ma femme x shillings pour lui, ainsi qu'un manteau que j'avais disponible, manteau de laine claire ajusté, avec un liseré doré à chaque couture, qui était la dentelle du meilleur jupon de ma femme au moment de notre mariage. Je ne restai pas mais allai au bureau où Stanes, le vitrier, resta avec moi jusqu'à 10 heures du soir, pour rédiger son contrat. Le pauvre homme je le rendis presque fou en commettant une erreur, mais je réparai tout, car je ne voudrais pas voir trop souffrir l'homme qui travaille pour le roi à un prix tellement inférieur à celui des autres.
Après son départ je travaillai encore un peu. Rentré, souper et, au lit. Me sentant mieux avec le temps doux, ma douleur me quitte sans atteindre le paroxysme. Le rhume que j'avais attrapé n'était pas très grave, je suppose, car seulement dû au fait que je n'avais pas boutonné mon gilet un matin.
11 février
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Levé et après une conversation fort agréable avec ma femme, au bureau, réunion toute la matinée et fîmes beaucoup de travail, en particulier, à ma grande satisfaction, en faisant prévaloir une opinion contraire à celle de sir William Batten dans l'intérêt du roi. A midi rentré dîner avec ma femme, prenant volontiers d'un très bon porc.
Ce midi Mr Falconer vint rendre visite à ma femme et lui apporter un présent, une coupe d'apparat en argent avec un couvercle, d'une valeur de deux ou trois livres, pour la politesse que je lui fis l'autre jour. Il ne resta pas dîner avec moi. Je suis presque navré de ce présent, parce que j'aurais voulu garder cet homme en réserve pour aller en été visiter Woolwich avec ma femme.
Après dîner, montai avec ma femme dans son petit salon pour voir un nouveau paquet de jolis coquillages que lui offre son frère. Puis au bureau jusqu'à 11 heures du soir. Rentré à la maison après avoir écrit une lettre courroucée à mon père..... A la maison puis, au lit l'esprit troublé à propos de la lettre que je suis obligé d'écrire ce soir à mon père, car j'y suis très dur avec lui, mais il le faut.
12 février
Levé et préparé. Trouvai en bas le laquais de Mr Creed qui m'apportait une lettre de son maître. Je la lus donc. Dans son explication de l'affaire entre Samuel Pepys et John Creed, elle est rédigée de façon excellente, montrant tout ensemble sa fermeté et son empressement à faire la paix, alternant reproches et flatteries. Bref, elle est rédigée le mieux du monde, et à vrai dire, me place dans une meilleure situation que je ne l'aurais jamais cru. Toute la matinée réfléchis à la manière de me comporter dans cette affaire.
A midi au café puis, comme convenu, le rencontrai à la Bourse et revins avec lui au café où, avec grand sérieux et froideur de part et d'autre, il présenta ses arguments et moi les miens. Il reconnut quelquefois mon aide et assistance, tout en s'efforçant d'en amoindrir la portée, disant, par exemple, que le succès de cette affaire ne pouvait être attribuée complètement ni en grande part à cette aide. Et moi d'arguer du contraire et de lui dire franchement que je n'avais jamais, dès le début, pensé lui faire des faveurs pour rien, mais que s'il gagnait 5 ou 600 livres, j'en attendais une part, du moins un remerciement, vrai et non pas seulement de pure forme. Bref, je ne lui dis rien pendant tout ce temps-là dont je puisse craindre qu'il l'utilisât contre moi plus qu'il ne l'eût fait avant cet entretien. Le plus que je lui ai dit fut après que nous eûmes fait la paix, quand il me demanda s'il devait répondre ou non à la lettre du Conseil. Je lui dis qu'il pouvait surseoir, et c'est tout. Puis il me demanda comment la lettre pouvait porter leur signature alors qu'ils n'avaient guère enquêté. Je lui dis que c'était comme j'en avais donné l'ordre et rien d'autre qui eût de l'importance, que l'on répète ou non mes propos plus tard. De sorte que j'ai le même rapport de forces, ni meilleur ni pire qu'avant, s'il ne tient pas son rôle. Nous fîmes la paix en ces termes. Il dit :
" - Après tout, et bien ! je sais que vous devez vous attendre, puisqu'il doit y avoir accommodement, qu'il me revient de faire les premiers pas. Donc, dit-il, je propose, de même que l'intervalle entre la mort de l'ancien roi et l'arrivée du nouveau est effacé comme s'il n'avait jamais existé, de même qu'il en soit de notre brouille comme si elle n'avait jamais existé. "
Il dit aussi que je devrais écarter tout malentendu à son sujet ou de sa première lettre, qu'il se sentirait de montrer la même franchise dans l'appréciation de mon amitié et des services rendus que celle qu'il aurait dû témoigner dès le début, avant que je l'aie mis avec ma première lettre, dans l'incapacité de le faire sans donner l'impression de servilité. Donc, l'affaire en reste là et je vais attendre de voir comment il me traitera.
Après cela je commençai à me sentir libre, et nous nous entretînmes d'autres sujets, puis il vint à la maison en ma compagnie et dîna avec moi et ma femme, ce qui fut très agréable car le dîner était bon et l'on ouvrit ma lemproie, en faisant une entaille d'un côté, qui se révéla délicieuse.
Après dîner, avec lui à Deptford à pied. Nous rencontrâmes sir William Petty et je le ramenai et le persuadai de m'amener à son vaisseau et de m'en entretenir, ce qu'il fit très bien.
Nous revînmes ensemble au bord du fleuve à Rotherhithe, tout en conversant plaisamment en chemin. Puis Creed et moi par le fleuve chez moi. De là pris une voiture et avec ma femme chez l'échevin Backwell où j'échangeai la coupe d'apparat offerte par Mr Falconer, contre une belle chope. La coupe valait, y compris le travail 5 livres 16 shillings. Et une autre petite coupe que nous donna Joyce Norton estimée à 17 shillings, en tout 6 livres 13 shillings, somme pour laquelle nous eûmes la chope, qui revenait à 6 livres 10 shillings à raison de 5 shillings 7 pence l'ounce, ainsi que trois shillings en espèces. Tout heureux, de là chez mon frère. Creed me quitta alors et mon frère m'apporta le vieil étendard de soie que j'avais déposé chez lui il y a longtemps.
Retour à la maison. Apprenant que mon oncle Wight était venu, j'allai à sa rencontre à la taverne de la Mître où avec lui et Maes et...... jusque tard, nous mangeâmes une terrine de chevreuil. La faïence ornée d'une couronne me plut fort. Repris le chemin de mon domicile, rencontrai Mr Barrow, revins donc avec lui à la Mître et discutai avec lui de ses doléances au sujet de de l'arsenal, affaire où il se montra parfois insensé et irritable, jusqu'à minuit. Rentrai et montai au lit auprès de ma femme, l'esprit mal à l'aise sur la question de savoir si je devrais penser de la sorte je m'en étais mal tiré, en manquant l'occasion de m'assurer 100 livres comme je me le proposais avec enthousiasme, ou si je m'en étais bien tiré en perdant un avantage incertain mais en évitant aussi les ennuis et le blâme si nous avions procédé à un litige public, outre le fait que je serais alors entré en conflit avec milord qui, je l'avais oublié, avait aidé Creed pour estimer la valeur des pièces de huit à ses taux tous erronés, d'ailleurs, je prendrais soin désormais d'informer milord des taux, chaque fois qu'il s'embarquera de nouveau pour la Méditerranée.
13 février
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Levé. Après avoir raconté à ma femme, au lit, ce matin,les événements d'hier avec Creed, j'avais la tête et le cœur infiniment plus légers qu'avant.
Levé donc et au bureau. Après notre réunion, à 11 heures avec Mr Coventry au bureau de la Compagnie africaine où, avec sir William Rider, comme convenu, nous avons parcouru une partie des comptes de milord Peterborough, tenus par Mr Creed et Vernatty. Bientôt descendîmes dîner, à une table que Mr Coventry tient là grâce aux 300 livres qu'il reçoit chaque année au titre d'administrateur de la Compagnie royale africaine. Très bon dîner en très bonne compagnie et excellente conversation. Puis nous remontâmes à notre travail pendant une heure jusqu'à ce qu'arrivent les membres de la Compagnie qui avaient une réunion. Nous nous quittâmes donc. Creed et moi en voiture chez Reeves, le fabricant de verres optiques, où nous vîmes d'excellents microscopes qui agrandissaient parfaitement un ciron ou un grain de sable.
Rassasiés de cette vue, nous partîmes, avec pourtant, grande envie, si mes obligations me le permettaient, d'en acheter, à pied à la nouvelle Bourse. Après un tour ou deux et quelques bavardages, je pris une voiture pour rentrer chez moi. Au bureau après avoir vu ma femme et le travail qu'elle fit aujourd'hui à découper l'étendard de soie que nous avons ramené hier soir. Cela servira à doubler un lit ou à vingt autres usages, à notre grande satisfaction. Je mis au propre la lettre courroucée destinée à mon père. Cela lui apprendra à se fier à mes conseils à l'avenir, sans récrimination ni jalousie excessives, qui m'ennuient parce qu'elles n'ont pas lieu d'être.
14 février 1664
Jour du Seigneur
Levé puis seul à l'église. Sermon paresseux de Mr Milles sur un verset choisi pour introduire le catéchisme dans sa paroisse, ce qu'il a, semble-t-il, l'intention de commencer.
Rentré chez moi. Moments très agréables avec ma femme à dîner. Travaillé seul au bureau tout l'après-midi. Le soir, après une promenade avec ma femme dans le jardin, souper chez mon oncle Wight où se trouvait Mr Norbury. Mais mon oncle n'était pas dans son assiette. Après souper il sembla fort mécontent parce que ma tante désire retirer une marmite de cuivre qu'il s'était apparemment procurée à grand peine pour y faire bouillir la nourriture et voici qu'elle s'est mis dans la tête que ce n'est pas sain. Ce qui le contraria, mais cela nous rendit fort gais. Un peu plus tard, rentrés à la maison et, après les prières, au lit.
15 février
Levé et emmenai ma femme dans les appartements de milord, l'y laissai puis allai à Whitehall chez le Duc. Pour la première fois, aujourd'hui il mit une perruque, mais à mon avis, ses cheveux coupés courts à cet effet, étaient très beaux en eux-mêmes avant qu'il mit sa perruque. Puis dans son cabinet où nous fîmes notre travail. Ensuite avec Mr Coventry descendîmes dans sa chambre passer quelques instants. Nous nous quittâmes et je ramenai ma femme à la maison, m'arrêtant au café puis quelque temps à la Bourse. Bonne nouvelle de deux navires richement chargés, le
Greyhound et un autre, pour lesquels on s'inquiétait vivement et on avait pris une forte assurance.
Rentré dîner. Après une heure passée avec ma femme sur ses sphères, j'allai au bureau où je fus très occupé jusqu'à 11 heures du soir. A la maison, souper et, au lit.
Cet après-midi, sir Thomas Chamberlain vint dans mon bureau me montrer plusieurs lettres des Indes orientales, révélant à quelles extrémités sont parvenus les Hollandais, manifestant du mépris pour tous les anglais, même dans notre seule fabrique là-bas, à Surat, frappant plusieurs personnes et attachant l'étendard anglais de Saint-Georges sous le drapeau hollandais par mépris, affirmant que, quoi que disent ou que fassent leurs maîtres en métropole, ils agiront à leur guise et seront les maîtres du monde là-bas. Ils se sont donc proclamés souverains de toutes les mers du Sud. Notre roi ne pourra certainement pas le tolérer, si le Parlement lui donne de l'argent. Mais j'en doute et j'espère qu'il n'en saura rien, tant que tous ne seront pas mieux préparés.
16 février
Levé et au bureau, très occupé toute la matinée, surtout avec Mr Wood, car je le harcèle à propos de ses mâts. A midi à la Bourse un moment, puis ramenai Mr Barrow dîner avec moi. J'avais un cuissot de chevreuil rôti qui m'avait été donné hier, et donc eus un beau dîner. Il parle beaucoup de son affaire qui l'inquiète fort, le pauvre. A ce sujet j'ai pitié de lui, mais j'espère lui trouver une solution. Après son départ, au bureau occupé jusqu'à la nuit. Mon oncle Wight et Mr Maes passèrent, et après un entretien sur l'affaire de Maes, souper, très gais l'esprit préoccupé par le travail. Et donc, après leur départ jouai un peu de viole, ce que je n'ai pas fait depuis des mois, je crois, puis un moment au bureau à 11 heures du soir, à la maison et, au lit.
à suivre................
17 février 1664
Levé et avec..............