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( Lettre 96 )
1er août 1907.
Jeudi soir
Mon petit Reynaldo
Je regrette un peu que vous ayez montré Cydalise à Cydalise. Elle ne pourra se reconnaître dans ce miroir où ne s'est reflété qu'un aspect ( je change de plume parce que l'autre est trop atroce - et celle-ci à peu près autant ) - peut'être irréel et en tout cas si fragmentaire, si passager, si relatif à moi, - d'elle-même, que je suis peut'être le seul à pouvoir en le confrontant à un souvenir y trouver quelque vérité. Non, Madame de Reszké pour moi, c'est Viviane, la féérique apparition, au seuil de la Forêt de Brocéliande et du Lac d'Amour dont le visage adorable et les yeux de songe enchantent les légendes de Burne Jones. Figures qui paraissent trop conventionnelles dans l'art pour être "crues " par qui les regarde dans Burne Jones ou dans Gustave Moreau, mais que la nature réalise une fois pour montrer qu'une beauté si " artistique " peut être vraie. Ainsi Madame Reszké, sans doute autrefois Sarah Bernhardt. Dans une certaine mesure Mme Greffulhe. Mais seule Madame de Reszké est la créature de songe, qui dépasse infiniment la beauté que nous nous sommes faite avec la Bretagne, mais qui doit être la vraie beauté de Cornouailles, celle que ses poètes seuls ont vue, celle de Viviane encore une fois, celle d'Iseult, d'Iseult qui errait mélancolique et dédaigneuse d'une destinée princière, jusqu'au jour où elle entendit la voix de Tristan. Je suis sûr que c'est cela la vraie beauté de Bretagne et j'irais jusqu'à Pontaven, jusqu'au Helgoat voir si les lacs n'y ont pas la couleur des yeux de Mme de Reszké. Naturellement toutes les personnes qui la connaissent et les faux gens d'esprit diront que ce n'est pas elle du tout, qu'elle est gaie, parisienne, mondaine, qu'elle s'ennuierait dans la lande et la brocéliande et n'a rien d'une fleur d'ajonc. C'est possible. Mais cela n'enlève rien à la vérité de mon point de vue, que d'ailleurs Madame de Reszké trouverait peut-être très faux. Que ses yeux, son visage, aient un mystère qu'elle ne connaisse pas elle-même, cela n'empêche pas que ce mystère est ce qu'un poète doit s'efforcer de saisir et d'exprimer - et nullement de faire double emploi avec M. de Turenne ou M. Bourdeau pour l'idée qu'ils peuvent se faire d'elle-même. Cette idée -là fût elle vraie m'est indifférente. Les vers de Baudelaire
Je sais qu'il est des yeux des plus mélancoliques pinterest.fr
Qui ne recèlent point de secrets précieux
est faux ( ! ). Peut'être les yeux seuls révèlent ces secrets mais du moins ils le révèlent bien à qui sait y lire. Du reste tout ce que vous me dites de son chant, d'elle-même, de ce qu'hier vous appeliez son " génie " ne conspire-t-il pas avec ma rêverie ? Et puisque nous n'avons pas de fausse modestie à faire entre nous, ne pouvons-nous pas être certains qu'une idée partagée par nous deux a beaucoup de chance de contenir plus de vérité que toutes les idées réunies des personnes citées plus haut, quand on y ajouterait toutes les idées réunies des personnes citées plus haut, quand on y ajouterait tous ceux que vous pouvez imaginer. Cydalise a été écrit en revenant de chez la Pesse Mathilde ou Mme de Reszké ( alors de Mailly Nesle ) écrit ce soir-là en rouge et parlait à Porto Riche.
Tendrement à vous
Marcel.
Je continue à hésiter entre la Bretagne, Cabourg, la Touraine, l'Allemagne et... Paris.
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( Lettre 102 )
Octobre 1907
Paris
Mon cher petit Buncht
Je viens d'aller entendre Mayol, seul ( moi, seul ) à la Scala, non sans que Mlle de Lilo, M. Resse, M. Foscolo, M. Sinoë et Mllse Lanthenay ( que j'ai prise pour Christiane d'où imbroglio, mais avouez qu'il y a de quoi s'y tromper ) m'aient été infligés préalablement. J'avis pris une baignoire pour écarter les fumées et y trônais poétiquement. Mayol me plairait s'il chantait de vraies chansons, ce qui me plaît en lui c'est que c'est du chant dansé, que tout son corps suit le rythme. Mais il se retient, on a dû l'en plaisanter, ses chansons sont trop peu lyriques et trop mauvaises, il a peu de succès, relativement. Si je pensais pouvoir pour une somme modique le faire venir et le faire chanter Viens Poupoule et Un Ange du pavé je le ferais. Il a q.q. chose de Cléo qui dansait en marchant. Genstil nous nous sommes vus si rapidement et j'ai été si hypnotisé par ce projet Furstenberg ( mon excuse vous l'avouerais-je aujourd'hui est que j'étais allé attendre votre retour à Evreux et n'étais revenu à Paris au lieu de Bretagnch que pour cela ! )que je ne vous ai pas parlé de ce qui m'intéresse cette fois plus, à savoir.
1° Quels sont ces ennuis, relatifs à votre ballet, dont vous m'avez parlé, et je vous ai demandé dans la lettre heuxplications et ne m'avez jamais répondu est-ce que vous ne le faîtes plu s ?
2° Avez-vous enfin vu Flament et où en est Paris ?
3° Le projet avec Flers et Caillavet ( qui ont un triomphe au Français ! ) tient-il ?
4° La gentillesse de Chevillard se traduit-elle en acte ? " La foi qui n'agit point... etc " ( nte de l'éd Racine ) Pardon genstil, je sais que n'aimez pas et que, mais jamais je ne et ne et vous demande tout à la fois pour que et que. Dites à la fois pour opéra, ballet, opéra comique et pr. Rameau.
Genstil, une personne ( Mme Fontaine, qui est sans ironie ) m'écrit
" je ne parle pas des grands musiciens, mais de ces immortels génies qui incarnent la plus subtile expression de la musique universelle, les Beethoven, les Théodat de Séverac, Les Wagner, les Bach ".
Genstil j'ai d'abord cru que je savais ce que c'était que Théodore de Séverac. Et puis j'ai vu que ce que je prenais pour Théodore de Séverac c'était ou bien Robert d'Anzac ( ami de la Mse d'Albufera ) ou bien Félicien d'Anzac ( archéologue ) ou bien Robert de Lignerac, maison nobiliaire celle de Caylus je crois. Mais tout bien examiné je ne sais pas qui est Théodore de Sévrac " la plus sublime incarnation de la musique universelle ". Vous serez genstil à l'occasion ( car je n'ai nul besoin de le savoir ) de me documenter, je suppose que c'est un musicien du XVIè siècle français, un ancêtre assomant (! ) de Couperin. Un bonsjour et puis un autre bonsjour, et puis encore un autre bonsjour.
Du Temps des cerises aux Feuilles mortes Viens, Poupoule - Texte de
Viens, Poupoule ! 1902. hanson - Paroles d'Adolf Spahn adaptées par Henri Christiné et Alexandre Trébitsch et musique d'Adolf Spahn. Créée par Mayol à la ...
( Lettre 110 )
Juin 1908
Comment halsez-vous, Minusnichant ? Est-ce que fasché si je vous dit que j'ai connu Mlle de G. chez Mursat. Trop long et long, mais et mais. Vous devriez m'envoyer petites notches sur dîners et soirées Londres, du moins les plus impressionnantes. Car foudroierai ici les foules. Je comprends que les snobs pour qui existe le plaisir mondain, souhaitent d'ensevelir dans le secret les joies qui se suffisent à elle-même ( ! ) . Mais pour vous pour qui elles sont de pures conneries, il est nécessaire de leur donner leur amplitude sociale et cela selon les lois de la multiplication des vibrations ( presse etc). Chez les Murat la veuve déclare :
" - Suzette, montre-moi la jeune fille dont parle Marcel ", elle la regarde et se détourne en disant " Elle est très laide et elle a l'air sale. "
Quant à la jeune veuve elle l'a trouvée bien, mais cela a été cent fois pire car elle la regardait tout le temps, faisant mille réflexions, riant très fort et à tout moment me disait : venez par ici, regardez du côté de la porte etc. etc. Le présentateur fut Fouquières envers qui ma reconnaissance grandit sans cesse. Mais comme il était complètement saoul, il me disait tout en me présentant, tout haut, non seulement tout haut mas hurlant :
" Qu'est-ce que tu dis de ces petites joues-là ? Tu les pincerais volontiers, hein? Er que dirais-tu d'un petit baiser ? Ah ! si tu le voudrais bien canaille, tu dis que tu voudrais croquer ces petites pommes d'apis là ( je ne disais rien du tout ) tu as raison, du reste tu es très bien aujourd'hui, tu as coupé un peu ta barbe, tu me plais etc etc. " L'expression " ne savoir où se fourrer " ne suffit pas à peindre l'état où j'étais, et où était la jeune fille, et où était son fiancé présent. Crise très forte hier, sans cela bouen.
Hasbouen
Wrininuls.
Ne dire aucun de mes anciens mots à la Chevigné, car j'en ai farci une lettre pour elle. Je ne puis trouver sa fine réponse, sans quoi je vous l'eusse hensboyée.
J'ai été présenté à Mme Barrachin que je trouve ravissante. Et je n'ai pas été présenté à la Dsse de Morny que je trouve ravissante aussi.