jeudi 7 juin 2012

Les Maîtres de l'Illustration de Modes David Downton ( Document Angleterre )

Les maîtres de l'illustration de modeLes Maîtres de l'Illustration de Mode


            Début du XXè sc jusqu'à l'avènement du tout photographique les dessinateurs exprimèrent la mode de Poiret à Schiaparelli. Dessins, peinture, leurs noms sont peu connus du grand public  Pourtant qui mieux que Leyendecker rendit plus vivante la matière, voir le cuir de la veste du " Pilote de la 1è guerre mondiale, couverture pour Collier's en 1917, car outre les modèles de couturiers ils exécutaient des portraits pour les revues. Venu de Florence Boldini installé à Paris travailla le vaporeux fut un des portraitistes les plus célébrés. Puis les costumes des Ballets Russes trouvèrent un écho auprès des illustrateurs venus de Prague, passés par NewYork. " La Gazette créée en 1912... contenait des éditoriaux, des illustrations et des publicités ainsi que des planches volantes de dessins de mode. " Modèles élégants. David Downton, illustrateur de mode a choisi 12 confrères parmi eux l'éternel  Drian et ses dessins gracieux, Antonio Lopez né à Porto Rico " novateur et provocateur " dit l'auteur. La double page parue en 1983 dans Vanity présente une flamboyante robe de Capucci. Travail sur le noir et blanc, beau volume à feuilleter par temps gris. A noter l'absence des femmes, certaines émergent cependant actuellement, dit Downton dans une interview en fin de volume, à Tony Glenville. Environ 200 dessins, et une bibliographie remplissent ce bel album.


           

mercredi 6 juin 2012

Une Vendetta Guy de Maupassant ( Nouvelle France )

Une Vendetta

            La veuve de Paolo Saverini habitait seule avec son fils une petite maison pauvre sur les remparts de Bonifacio. La ville, bâtie sur une avancée de la montagne, suspendue par places au-dessus de la mer, regarde, par-dessus le détroit hérissé d'écueils, la cote plus basse de la Sardaigne. A ses pieds, de l'autre coté, la contournant presque entièrement, une coupure de la falaise, qui ressemble à un gigantesque corridor, lui sert de port, amène jusqu'aux premières maisons, après un long circuit entre deux murailles abruptes, les petits bateaux pécheurs italiens ou sardes, et, chaque quinzaine, le vieux vapeur poussif qui fait le service d'Ajaccio.
            Sur la montagne blanche, le tas de maisons pose une tache plus blanche encore. Elles ont l'air de nids d'oiseaux sauvages, accrochées ainsi sur ce roc, dominant ce passage terrible où ne s'aventurent guère les navires. Le vent, sans repos, fatigue la mer, fatigue la cote nue, rongée par lui, à peine vêtue d'herbe ; il s'engouffre dans le détroit, dont il ravage les deux bords. Les traînées d'écume pale, accrochées aux pointes noires des innombrables rocs qui percent partout les vagues, ont l'air de lambeaux de toile flottant et palpitant à la surface de l'eau.
            La maison de la veuve Saverini, soudée au bord même de la falaise, ouvrait ses trois fenêtres sur cet horizon sauvage et désolé.
            Elle vivait là, seule, avec son fils Antoine et leur chienne " Sémillante ", grande bête maigre, aux poils longs et rudes, de la race des gardeurs de troupeaux . Elle servait au jeune homme pour chasser;
            Un soir, après une dispute, Antoine Saverini fut tué traîtreusement, d'un coup de couteau, par Nicolas Ravolati, qui, la nuit même, gagna la Sardaigne.
            Quand la vieille mère reçut le corps de son enfant, que des passants lui rapportèrent, elle ne pleura pas, mais elle demeura longtemps immobile à le regarder ; puis, étendant sa main ridée sur le cadavre, elle lui promit la vendetta. Elle ne voulut point qu'on restât avec elle, et elle s'enferma auprès du corps avec la chienne, qui hurlait. Elle hurlait, cette bête, d'une façon continue, debout au pied du lit, la tète tendue vers son maître, et la queue serrée enChien Corse !tre les pattes. Elle ne bougeait pas plus que la mère, qui, penchée maintenant sur le corps, l'oeil fixe, pleurait de grosses larmes muettes en le contemplant.
            Le jeune homme, sur le dos, vêtue de sa veste de gros drap trouée et déchirée à la poitrine, semblait dormir ; mais il avait du sang partout : sur la chemise arrachée pour les premiers soins ; sur son gilet, sur sa culotte, sur la face, sur les mains. Des caillots de sang s'étaient figés dans la barbe et dans les cheveux.
            La vieille mère se mit à lui parler. Au bruit de cette voix, la chienne se tut.
            " Va, va, tu seras vengé, mon petit, mon garçon, mon pauvre enfant. Dors, dors, tu seras vengé, entends-tu ? C'est la mère qui le promet ! Et elle tient toujours sa parole, la mère, tu le sais bien. "
            Et lentement elle se pencha sur lui, collant ses lèvres froides sur les lèvres mortes.
            Alors, Sémillante se remit à gémir. Elle poussait une longue plainte monotone, déchirante, horrible.
            Elles restèrent là, toutes les deux, la femme et la bête, jusqu'au matin.
            Antoine Saverini fut enterré le lendemain, et bientôt on ne parla plus de lui dans Bonifacio.

            Il n'avait laissé ni frère ni proches cousins. Aucun homme n'était là pour poursuivre la vendetta. Seule la mère y pensait, la vieille.
            De l'autre côté du détroit, elle voyait du matin au soir un point blanc sur la côte. C'est un petit village sarde, Longosardo, où se réfugient les bandits corses traqués de trop près. Ils peuplent presque seuls ce hameau, en face des côtes de leur patrie, et ils attendent là le moment de revenir, de retourner au maquis. C'est dans ce village, elle le savait, que s'était réfugié Nicolas Ravolati.
            Toute seules, tout le long du jour, assise à sa fenêtre, elle regardait là-bas en songeant à la vengeance. Comment ferait-elle sans personne, infirme, si près de la mort ? Mais elle avait promis , elle avait juré sur le cadavre. Elle ne pouvait oublier, elle ne pouvait attendre. Que ferait-elle ? Elle ne dormait plus la nuit, elle n'avait plus ni repos ni apaisement, elle cherchait, obstinée. La chienne, à ses pieds, sommeillait, et, parfois, levant la tête, hurlait au loin.µ Depuis que son maître n'était plus là, elle hurlait souvent ainsi, comme si elle l'eut appelé, comme si son âme de bête, inconsolable, eût aussi gardé le souvenir que rien n'efface.
            Or, une nuit, comme Sémillante se remettait à gémir, la mère, tout à coup, eut une idée, une idée de sauvage vindicatif et féroce. Elle la médita jusqu'au matin ; puis, levée dès les approches du jour, elle se rendit à l'église. Elle pria, prosternée sur le pavé, abattue devant Dieu, le suppliant de l'aider, de la soutenir, de donner à son pauvre corps usé la force qu'il lui fallait pour venger le fils.
            Puis elle rentra. Elle avait dans sa cour un ancien baril défoncé, qui recueillait l'eau des gouttières ; elle le renversa, le vida, l'assujettit contre le sol avec des pieux et des pierres ; puis elle enchaîna Sémillante à cette niche, et elle rentra.
            Elle marchait, maintenant, sans repos, dans sa chambre, l'oeil fixe toujours sur la côte de Sardaigne. Il était là-bas, l'assassin.
            La chienne, tout le jour, et toute la nuit hurla. La vieille, au matin, lui porta de l'eau dans une  jatte mais rien de plus : pas de soupe, pas de pain.                                                                                                         
                                                                                                                        Bonifacio Corse
            La journée encore s'écoula. Sémillante, exténuée, dormait. Le lendemain, elle avait les yeux luisants, le poil hérissé, et elle tirait éperdument sur sa chaîne.
            La vieille ne lui donna encore rien ) manger. La bête, devenue furieuse, aboyait d'une voix rauque. La nuit encore se passa.
            Alors, au jour levé, la mère Saverini alla chez le voisin, prier qu'on lui donnât deux bottes de pailla. Elle prit de vieilles hardes qu'avait portées autrefois son mari, et les bourra de fourrage, pour simuler un corps humain.
            Ayant piqué un bâton dans le sol, devant la niche de Sémillante, elle noua dessus ce mannequin, qui semblait ainsi se tenir debout. Puis elle figura la tête au moyen d'un paquet de vieux linge.
            La chienne surprise,regardait cet homme de paille, et se taisait, bien que dévorée de faim.
            Alors la vieille alla acheter chez le charcutier un long morceau de boudin noir. Rentrée chez elle, elle alluma un feu de bois dans sa cour, auprès de la niche, et fit griller son boudin. Sémillante, affolée, bondissait, écumait, les yeux fixés sur le gril, dont le fumet lui entrait au ventre.
            Puis la mère fit de cette bouillie fumante une cravate à l'homme de paille. Elle la lui ficela longtemps
autour du cou, comme pour la lui entrer dedans. Quand ce fut fini, elle déchaîna la chienne.
            D'un saut formidable, la bête atteignit la gorge du mannequin, et, les pattes sur les épaules, se mit à la déchirer. Elle retombait, un morceau de sa proie à la gueule, puis s'élançait de nouveau, enfonçait ses crocs dans les cordes, arrachait quelques parcelles de nourriture, retombait encore, et rebondissait, acharnée. Elle enlevait le visage par grands coups de dents, mettait en lambeaux le col entier.
            La vieille, immobile et muette, regardait, l'oeil allumé. Puis elle renchaîna sa bête, la fit encore jeûner deux jours, et recommença cet étrange exercice.
            Pendant trois mois, elle l'habitua à une sorte de lutte, à ce repas conquis à coups de crocs. Elle ne l'enchaînait plus maintenant, mais elle la lançait d'un geste sur le mannequin.
            Elle lui avait appris à le déchirer, à le dévorer, sans même qu'aucune nourriture fût cachée en sa gorge. Elle lui donnait ensuite, comme récompense, le boudin grillé pour elle.
            Dès qu'elle apercevait l'homme, Sémillante frémissait, puis tournait les yeux vers sa maîtresse, qui lui criait : " Va ! " d'une voix sifflante, en levant le doigt.
          Quand elle jugea le temps venu la mère                                          Côte sud ouest de la Sardaigne
                                                                                
Saverini alla se confesser et communia un dimanche matin, avec une ferveur extatique ; puis, ayant revêtu du habits de mâle, semblable à un vieux pauvre déguenillé, elle fit marché avec un pêcheur sarde, qui la conduisit, accompagnée de sa chienne, de l'autre côté du détroit.
            Elle avait, dans un sac de toile, un grand morceau de boudin. Sémillante jeûnait depuis deux jours. La vieille femme, à tout moment, lui faisait sentir la nourriture odorante, et l'excitaitµ.
            Elles entrèrent dans Longosardo. La Corse allait en boitillant. Elle se présenta chez un  boulanger et demanda la demeure de Nicolas Ravolati. Il avait repris son ancien métier, celui de menuisier. Il travaillait seul au fond de sa boutique.
            La vieille poussa la porte et l'appela :
            " Hé ! Nicolas ! "
            Il se tourna : alors, lâchant sa chienne, elle cria :
            " Va, va, dévore, dévore !"
            L'animal affolé, s'élança, saisit la gorge. L'homme étendit les bras, l'étreignit, roula par terre. Pendant quelques secondes, il se tordit, battant le sol de ses pieds ; puis il demeura immobile, pendant que Sémillante lui fouillait le cou, qu'elle arrachait par lambeaux.
           Deux voisins, assis sur leur porte, se rappelèrent parfaitement avoir vu sortir un vieux pauvre avec un chien noir efflanqué qui mangeait, tout en marchant, quelque chose de brun que lui donnait son maître.
           La vieille, le soir, était rentrée chez elle. Elle dormit bien, cette nuit-là.


                                                                                          Maupassant

                                          ( nouvelle parue dans le Gaulois le 14 octobre 1883
                                                     Contes du jour et de la nuit )
                                                                        


mardi 5 juin 2012

Lettre à Madeleine 38 Apollinaire



                                               Lettre à Madeleine

                                                                                                          20 octobre 1915

            Madelon très chérie, je t'adore mon amour. Ta lettre du 13 est merveilleuse. D'abord parlons paquets. J'ai reçu la bague que j'adore qui est à l'annulaire gauche et y reste. Je l'aime et je t'aime. J'ai les gants qui sont très bien pr aller à cheval ( ce sont des gants très chers et je voudrais avoir le courage de te gronder de les avoir acheter mais je n'ai pas le coeur de le faire µJe baise ta bouche follement. ) - Mon cheval va très bien maintenant - les cigares ( j'en ai déjà fumé trois exquis ) et ce matin les paquets de cigarettes délicieuses, tu es mon mignon très chéri de me gâter ainsi. Je reviens à la lettre. Tu m'as compris entièrement et d'une façon si profonde que personne au monde n'a compris mon esprit comme tu fais, nous sommes un admirablement. Quand donc caché-je mon amour, ma chérie ? Jamais ! Jamais !! Je t'adore, tu m'aimes exquisément. Tu es ma joie et tu me désires physiquement... moi aussi. Il y a un grand nombre de postures pour l'amour, ma chérie, la plus commune est celle que tu désires présentement et que je désire aussi illa sub ille super dit le latin.
            µLe latin dans ses mots brave l'honnêteté ( le français aussi ) elle en-dessous lui au-dessus. Mais on intervertira aussi les rôles nous deux et varierons à l'infini, quand tu es Phèdre tu me désires sans doute à la façon dont Parsiphaé connut je crois le taureau et c'est ce que tu as, je pense exprimé en m'offrant tes hanches belles et blanches. Tes désirs s'accordent donc avec la nature de l'étreinte. Je suis heureux de pouvoir imaginer les floraisons noires comme l'Erèbe qui veloutent ton corps poli et j'adore qu'elle soient  bouclées. Mais je n'eusse pas voulu que tu eusses le corps lisse aux endroits où il ne faut point !!... Tu m'as parlé merveilleusement de l'Hérésiarque , tu m'as bien compris et combien j'aime le réel.. Je le rêve et je le crée, vrai et pur, simple et sain.J'étais certain que tu avais compris mais, je me demandais pourquoi tu ne voulais pas encore me le dire ; moi aussi je n'aime pas le malsain.
                              
            C'est très curieux que tu n'aimes Colette Willy, moi non plus, mais Willy lui-même est un écrivain de talent qui a gâché sa vie et son talent voilà la vérité, mais beaucoup de talent. Louÿs voluptueux parnassien, écrivain factice, talent étroit mais véritable, dommage que si factice, petite oeuvre de pastiche sans portée sans vérité dont l'expression la plus pure et la plus gracieuse comme la plus voluptueuse est dans les Chansons dBilitis gageure réussie. La volupté il la chante il ne la sent pas, puisqu'il s'agit principalement d'amour entre femmes et qu'il est homme. Oeuvre seulement de curiosité un peu malsaine - pas beaucoup cependant car il a le sens de l'hellénisme - elle a une apparente forme de simplicité mais au fond c'est malsain. La vie l'a montré. Car il n'a pas su garder sa femme qui vient d'épouser Gilbert Voisin. Idem pr Willy. Sa femme Colette après avoir traîné dans toutes ses amours de femme ses amours lesbiennes, a fini par épouser un des co-rédacteurs en chef du Matin dont le nom m'échappe et il la trompe avec son ancienne maîtresse ( à lui mais qui l'a aussi été à elle ) horrible femme d'ailleurs qui le trompe avec de petits acteurs grotesques. En général on s'extasie sur le naturel de Colette en ses écrits. J'y vois beaucoup d'affectation, peu de naturel et un simple talent de pensionnaire, une sensibilité de surface. C'est tout et peu intéressant à mon gré. Elle a en outre un terrible accent berrichon qui me déplaît extrêmement. Mais je ne te parle pas de tous ces personnages sans grand intérêt que parce que tu m'en as parlé. Ils ne nous intéressent pas. Tu as raison de ne pas aimer les choses détraquées, moi non plus et tu l'as bien senti en moi.
            Zola est un colosse du roman, il est difficile de juger en deux mots un tel homme et surtout  de le juger en mal. Mais nous en parlerons à loisir. Toutefois, j'avoue que je n'ai  aucun plaisir à lire Zola que j'estime toutefois.                       

                                                                  
            µJe t'aime ma rose brune comme tu es, tu es ma première impression - ( et j'y songe pr la première fois en cet instant ). Quand j'étais enfant de 5 à 10 ans 3 ou 4 fois j'ai eu la vision le matin d'une fille brune qui ouvrait les rideaux de mon lit ( il y avait des rideaux aux lits à cette époque ) et qui me regardait avec douceur un instant puis refermait doucement les rideaux. C'était toi, non comme je t'ai vue et sans doute imparfaitement vue en chemin de fer, mais comme tu es sur la photo d'il y a 2 ans. En outre enfant je me disais que je n'aimerais qu'une brune et j'ai bien été étonné à 20 ans de me trouver du goût pour une blonde, mais mon goût d'enfant, mon goût le plus pur, se réalise aujourd'hui, puisque pour la première fois j'aime, et j'aime une vraie brune, comme me l'annonçaient mes souhaits d'enfant. Les toisons blondes, au demeurant, n'ont pas l'attrait des fourrures bouclées dont tu parles et qui doivent donner plus de liliale clarté à ta blancheur naturelle, ô ma belle Madeleine au ventre blanc aux hanches belles et blanches.
            J'aime beaucoup " La Serviette des Poètes " comme toi et pour cette pensée je vais te faire en aluminium  boche, 2 ronds de serviette, j'y mettrai 2 monnaies boches en ornement. Un rond pour toi un rond pour moi. Tu es poète aussi et nos serviettes seront serviettes des poètes.
            Il est arrivé une chose exquise. Il y a quelques jours on a descendu un avion boche tombé entre les lignes. Je l'ai vu tomber, hier j'ai eu l'occasion d'aller aux tranchées des fantassins et l'on m'a donné un morceau de tendeur en aluminium de cet avion boche, j'y ai pris deux bagues sans les fondre par conséquent, je n'ai eu qu'à les limer, les mettre à la mesure les graver ( il me reste à finir la gravure ) et je les polirai. Ce sont deux alliances vraiment tombées du ciel.
            Je t'envoie aujourd'hui 2 bagues pr Marthe et Anne et 1 pour toi faite avec un bouton boche, c'est plus amusant je crois, maintenant qu'on dit que tout le monde fabrique des bagues à l'arrière, au moins celle-là aura bien l'air de venir du front d'où elle vient. Je t'enverrai les alliances dès que la gravure sera finie. Je joindrai aux alliances une petite chaîne d'or que j'ai portée au bras depuis le 7 janvier. Elle vient d'une chaîne de cou que j'avais brisée, j'ai maintenant au cou une chaîne d'argent. J'avais fait faire avec les débris de la chaîne d'or  3 bracelets ( j'en portais un comme c'était la mode en Angleterre, mode qui m'avait pli ). J'ai perdu le 1er bracelet il y a 2 ans; je ne sais plus où, le second à Nîmes au manège en sautant à cheval, je l'ai cherché dans la sciure mais en vain ; j'ai mis alors la 3è et elle s'est brisée il y a 2 jours indiquant sans doute que toute chaîne passée qu'elle aurait pu symboliser n'existe plus et je ne peux pas mieux faire que te l'envoyer, puisque ce bracelet ne s'est pas perdu comme les autres il est pour toi puisqu'il n'est pas pour moi et je t'enchaîne. Je te l'envoie, car il t'ira mieux qu'à moi et j'aime beaucoup ces bracelets très fins.
                   
Mais après tout n'y vois aucun symbole, même s'il se brisait à ton bras. Il s'est brisé au mien parce qu'il a accroché pas mal de choses et qu'il est bien frêle pour résister à tous les efforts qu'exige la vie des camps. Ce n'est qu'une petite chaîne que j'envoie à mon esclave pour la parer et lui dire mon amour. Mais la vraie chaîne ne peut se briser. Elle est éternelle. Je suis heureux que tu aimes la simplicité de mon style, elle est tienne aussi et si tu savais combien j'admire tes lettres ton style et ta petite caboche que j'adore qui est si pondérée si sûre, va, si tu savais cela tu ne dirais pas que je suis plus beau que toi, car c'est toi que je préfère à moi, mais moi je suis le maître voilà et j'ai bien droit de décider que tu es plus belle. Tu as raison d'avoir compris qu'il n'y a rien que je fisse pour t'aimer , enlèvement viol. Je t'aime tellement, tu es si belle ma rose mon lys, ne dis pas que le lys est victime de la rose, il ne tient qu'à toi que le lys subsiste de concert avec la rose, ne veux-tu pas ma roselys, moi j'aime la rose comme le lys et le lys comme la rose. Tout est sain aux sains, dis-tu, et la rose saine peut être la santé du lys. Va mon amour ne doute pas, notre amour sera une pureté passionnée, justement parce qu'il sera plein de réalité dans sa mysticité et que peut craindre la pureté des lys ? Il est la seule floraison qui s'allie bien à la rose mystique dont tu parles si joliment et qui est ton être intime, tout palpitant d'amour et de désir. Ne souffre jamais ma lionne, je t'adore. Et ce que tu dis de ce que doivent être nos lettres est exactement ce que j'en pense. Tu as raison ,e nous affaiblissons pas et tu répondras ainsi à mon souhait, ô Madeleine au corps beau et vigoureux.Je prends le don exquis , mon amour, de ta bouche, de ta langue, de tes hanches et de ton ventre adorable de vierge. Oui, dis-moi tous ces bouleversements, parle-moi de tes troubles. Je baise mon amour, ton être intime où se localise ce que tu nommes ton trouble et je t'adore pr le merveilleux effort que tu fais., ô ma chérie, pour te donner à ton mari de si loin. Nous arriverons à réaliser le toucher à distance que j'en ne serais pas étonné. tu peux tracer la silhouette au sein d'après l'ombre qu'il projette sur le mur. Mais quelle idée exquise tu as eue tu es délicieusement inventive, mon amour !
            Je ne serai jamais plus triste puisque tu m'aimes, mon amour. - Fais des objets que je t'envoie l'usage que tu veux, utilise-les comme tu veux, mais c'est je crois peu de chose pr une vitrine ; enfin ils ne se perdent point, c'est l'essentiel ; mais nous ne pouvons pas envoyer grand-chose comme armes. Pr les encriers j'ai risqué - Les chargeurs aussi ne doivent pas partir d'ici. Alors pour avoir un fusil ou des douilles d'obus qui feraient de merveilleux vases c'est impossible. Dis-moi vite si tu vas bien - Je ne veux pas que tu attrapes mal. Couvre-toi ne va pas à la pluie sans parapluie, Madeleine chérie. µmais mon amour que dis-tu de te pardonner. Tu n'as été qu'exquise avec moi, et je t'adore, je t'adore de plus en plus car tu es adorable de nature et ton caractère s'harmonise si bien avec  le mien que pensant à nous deux il me semble ouïr chanter le choeur des anges qui sont la subtilité du ciel bleu comme ton coeur. Je prends ta bouche et te donne ma langue.


                                                                                                             Gui








samedi 2 juin 2012

Impasse de la Providence Shmuel T. Meyer



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                                     Impasse de la Providence

                           Critique, caustique. Anecdotique, descriptions rapides mais pointilleuses, l'auteur nous retient, nous accapare. Nouvelliste n'est pas le titre le plus accrocheur pour un écrivain. Mais Shmuel T. Meyer vit entre Jérusalem et Genève, et les sujets des textes exposent les points critiques des hommes dans un pays ou un autre. Qui ne reconnaîtra Céline meurtrière à Genève. Certains textes s'adressent à
JChessex. Il y a aussi l'Afghan, qui est-il réellement, un passeur ? Le quotidien à Jérusalem " La visite de
 Ronit Elkabetz ",  " ... Je suis devenu une célébrité locale en louant mon miznone, mon troquet, pour un
film qui a fait le tour du monde... Ils viennent de partout. J'ai eu droit à un article dans le supplément du shabbat de Maariv.... " Et Tsila " ... n'aimait pas les tâches de vieillesse qui dessinaient sur sa main une carte du sous-continent indien... " Ne pas manquer " Le prix inique du livre " " Le livre, le poids bombé du poids des mots... " Sautes d'humeur, 28 nouvelles répondent à l'esprit de l'heure, picorées au hasard. Technique, dans " Voler la femme seule  " " ... sa découverte de l'art en général et de la photographie en particulier... Son premier cliché que l'on peut voir aujourd'hui dans une galerie de SoHo... il venait de découvrir la fonction photo de son téléphone cellulaire à deux millions de pixel... " Fablets contemporains ".

jeudi 31 mai 2012

Coco Guy de Maupassant ( Nouvelle in Contes du jour et de la nuit )



                                                                      Coco

            Dans tout le pays environnant on appelait la ferme de Lucas " La Métairie ". On n'aurait su dire pourquoi. Les paysans, sans doute, attachaient à ce mot de " métairie " une idée de richesse et de grandeur, car cette ferme était assurément la plus vaste, la plus opulente et la plus ordonnée de la contrée.
            La cour, immense, entourée de cinq rangs d'arbres magnifiques pour abriter contre le vent violent de la plaine les pommiers trapus et délicats, enfermait de longs bâtiments couverts en tuiles pour conserver les fourrages et les grains, de belles étables bâties en silex, des écuries pour trente chevaux, et une maison d'habitation en brique rouge, qui ressemblait à un petit château.
            Les fumiers étaient bien tenus; les chiens de garde habitaient en des niches, un peuple de volailles circulait dans l'herbe haute.
            Chaque midi, quinze personnes, maîtres, valets et servantes, prenaient place autour de la longue table de cuisine où fumait la soupe dans un grand vase de faïence à fleurs bleues.
             Les bêtes, chevaux, vaches, porcs et moutons étaient grasses, soignées et propres ; et maître Lucas, un grand homme qui prenait du ventre, faisait sa ronde trois fois par jour, veillant sur tout et pensant à tout.
              On conservait, par charité, dans le fond de l'écurie, un très vieux cheval blanc que la maîtresse voulait nourrir jusqu'à sa mort naturelle, parce qu'elle l'avait élevé, gardé toujours, et qu'il lui rappelait des souvenirs.
            Un goujat de quinze ans, nommé Isidore Duval, et appelé plus simplement Zidore, prenait soin de cet invalide, lui donnait, pendant l'hiver, sa mesure d'avoine et son fourrage, et devait aller quatre fois par jour, en été, déplacé dans la côte où on l'attachait, afin qu'il eut en abondance de l'herbe fraîche.
            L'animal, presque perclus, levait avec peine ses jambes lourdes, grosses des genoux et enflées au-dessus des sabots. Ses poils, qu'on n'étrillait plus jamais, avaient l'air de cheveux blancs, et des cils très longs donnaient à ses yeux un air triste.
            Quand Zidore le menait à l'herbe, il lui fallait tirer sur la corde, tant la bête allait lentement ; et le gars, courbé, haletant, jurait contre elle, s'exaspérant d'avoir à soigner cette vieille rosse.
            Les gens de la ferme, voyant cette colère du goujat contre Coco, s'en amusaient, parlaient sans cesse du cheval à Zidore, pour exaspérer le gamin. Ses camarades le plaisantaient. *on l'appelait dans le village Coco-Zidore.
            Le gars rageait, sentant naître en lui le désir de se venger du cheval. C'était un maigre enfant haut sur jambes, très sale, coiffé de cheveux roux, épais, durs et hérissés. Il semblait stupide, parlait en bégayant, avec une peine infinie, comme si les idées n'eussent pu se former dans son âme épaisse de brute.
            Depuis longtemps déjà, il s'étonnait qu'on gardât Coco, s'indignant de voir perdre du bien pour cette bête inutile. Du moment qu'elle ne travaillait plus, il lui semblait injuste de la nourrir, il lui semblait révoltant de gaspiller de l'avoine, de l'avoine qui coûtait si cher, pour ce bidet paralysé. Et souvent même, malgré les ordres de maître Lµucas, il économisait sur la nourriture du cheval, ne lui versant qu'une demi-mesure, ménageant sa litière et son foin. Et une haine grandissait en son esprit confus d'enfant, une haine de paysan rapace, de paysan sournois, féroce, brutal et lâche.

                                                                      

            Lorsque revint l'été, il lui fallut aller remuer la bête dans sa côte. C'était loin. Le goujat, plus furieux chaque matin, partait de son pas lourd à travers les blés. Les hommes qui travaillaient dans les terres lui criaient, par plaisanterie :
            " Hé, Zidore, tu f''ras mes compliments à Coco. "
            Il ne répondait point ; mais il cassait, en passant, une baguette dans une haie et, dès qu'il avait déplacé l'attache du vieux cheval, il le laissait se remettre à brouter ; puis, approchant traîtreusement, il lui cinglait les jarrets. L'animal essayait de fuir, de ruer, d'échapper aux coups, et il tournait au bout de sa corde comme s'il eut été enfermé dans une piste. Et le gars le frappait avec rage, courant derrière acharné, les dents serrés par la colère.
            Puis il s'en allait lentement, sans se retourner, tandis que le cheval le regardait partir de son oeil de vieux, les côtes saillantes, essoufflé, d'avoir trotté. Et il ne rebaissait vers l'herbe sa tête osseuse et blanche qu'après avoir vu disparaître au loin la blouse bleue du jeune paysan.
            Comme les nuits étaient chaudes, on laissait maintenant Coco coucher dehors, là-bas, au bord de la ravine, derrière le bois. Zidore seul allait le voir.
            L'enfant s'amusait encore à lui jeter des pierres. Il s'asseyait à dix pas de lui, sur un talus, et il restait là une demi-heure, lançant de temps en temps un caillou tranchant au bidet, qui demeurait debout, enchaîné devant son ennemi, et le regardant sans cesse, sans oser paître avant qu'il fût reparti.
            Mais toujours cette pensée restait plantée dans l'esprit du goujat : " Pourquoi nourrir ce cheval qui ne faisait plus rien ? " il lui semblait que cette misérable rosse volait le manger des autres, volait l'avoir des hommes, le bien du bon Dieu, le volait même aussi, lui, Zidore, qui travaillait.
            Alors, peu à peu, chaque jour, le gars diminua la bande de pâturage qu'il lui donnait en avançant le piquet de bois où était fixée la corde.
            La bête jeûnait, maigrissait, dépérissait. Trop faible pour casser son attache, elle tendait la tête vers la grande herbe verte et luisante, si proche, et dont l'odeur lui venait sans qu'elle y pût toucher.
            Mais, un matin, Zidore eut une idée : c'était de ne plus remuer Coco. Il en avait assez d'aller si loin pour cette carcasse.
            Il vint cependant , pour savourer sa vengeance. La bête inquiète le regardait. Il ne la battit pas ce jour-là. Il tournait autour, les mains dans les poches. Même il fit mine de la changer de place, mais il renfonça le piquet juste dans le même trou, et il s'en alla, enchanté de son invention.
            Le cheval, le voyant partir, hennit pour le rappeler ; mais le goujat se mit à courir, le laissant seul, tout seul, dans son vallon, bien attaché, et sans un brin d'herbe à portée de la mâchoire.
            Affamé, il essaya d'atteindre la grasse verdure qu'il touchait du bout de ses naseaux. Il se mit sur les genoux, tendant le cou, allongeant ses grandes lèvres baveuses; Ce fut en vain. Tout le jour, elle s'épuisa la vieille bête, en efforts inutiles, en efforts terribles. La faim la dévorait, rendue plus affreuse par la vue de toute la verte nourriture qui s'étendait par l'horizon.
            Le goujat ne revint point ce jour-là. Il vagabonda dans les bois pour chercher des nids.
            Il reparut le lendemain. Coco, exténué, s'était couché. Il se leva en apercevant l'enfant, attendant enfin, d'être changé de place.
            Mais le petit paysan ne toucha même pas au maillet jeté dans l'herbe. Il s'approcha, regarda l'animal, lui lança dans le nez une motte de terre qui s'écrasa sur le poil blanc, et il repartit en sifflant.
            Le cheval resta debout tant qu'il put l'apercevoir encore ; puis, sentant bien que ses tentatives pour atteindre l'herbe voisine seraient inutiles, il s'étendit de nouveau sur le flanc et ferma les yeux.
            Le lendemain, Zidore ne vint pas.
            Quand il approcha, le jour suivant,de Coco toujours étendu, il s'aperçut qu'il était mort.
            Alors il demeura debout, le regardant, content de son oeuvre, étonné en même temps que ce fût déjà fini. Il le toucha du pied, leva une de ses jambes, puis la laissa retomber, s'assit dessus, et resta là, les yeux fixés dans l'herbe et sans penser à rien.
            Il revint à la ferme, mais il ne dit pas l'accident, car il voulait vagabonder encore aux heures où, d'ordinaire, il allait changer de place le cheval.
            Il alla le voir le lendemain. Des corbeaux s'envolèrent à son approche. Des mouches innombrables se promenaient sur le cadavre et bourdonnaient à l'entour.
            En rentrant il annonça la chose. La bête était si vieille que personne ne s'étonna. Le maître dit à deux valets :
            " Prenez vos pelles, vous f'rez un trou là oùsqu'il est. "
            Et les hommes enfouirent le cheval juste à la place où il était mort de faim.
            Et l'herbe poussa drue, verdoyante, vigoureuse, nourrie par le pauvre corps.


                                                                                                       Maupassant

                                                             ( nouvelle parue dans le Gaulois en 1884 )


mercredi 30 mai 2012

Anecdotes et réflexions d'hier



Tableau orphelin au musée de Jérusalem  ( seconde guerre mondiale )
         ( l'xpress )   


                                   Choses vues - 1848
                                                                    Sans date

            M. de Rothstchild se connaît peu en peinture, mais il a un cuisinier qui s'y entend. Ce cuisinier protège les artistes, il riche, l'anse du panier chez Rothstchild est une grosse métairie. Le cuisinier aime les tableaux et paie généreusement les peintres. C'est lui, en particulier qui a soutenu Diaz et l'a empêché de tomber dans la misère et dans le désespoir. Il a eu foi dans un talent peu compris, étrange, original, puissant et beau mais bizarre. Il a été jusqu'à lui avancer sur des toiles à peine ébauchées dix ou vingt mille francs. Les cuisiniers au XIXè siècle font ce que faisaient les princes au XVIè, et les princes font ce que faisaient les cuisiniers.

                                                                     °°°°°°°

            On m'a dit ; " Fermez cette porte ! Vous voyez bien que n'importe qui ou n'importe quoi peut entrer : un coup de vent, une femme... "
            Je me suis recueilli un instant. " N'importe qui ou n'importe quoi ? " ai-je pensé. Alors je me suis tourné vers celui qui me donnait ce conseil et j'ai dit ; " - Ne fermez pas cette porte. " Et j'ai ajouté : " - Entrez ! "

                                                                      °°°°°°°

            " - Quand nous commençons un tableau, me disait l'autre jour M. Granet, nous sommes riches ; l'inspiration rayonne en nous ; nous croyons avoir cent mille francs à dépenser. Hélas ! le tableau fini, il se trouve souvent que nous n'avons dépenser qu'un petit écu. "

                                                                       °°°°°°°

            On disait au siècle dernier :
            Homme de bien. Homme de génie. Homme de coeur. Homme d'esprit. Homme de goût. Homme de Dieu.Homme d'église. Homme de cour.Homme de loi. Homme d'épée. Homme de robe.Homme de lettres. Homme d'Etat. Homme de guerre. Homme de mer. Homme du monde. Homme de qualité. Homme de plaisir. Homme de peine. Homme du peuple. Homme de peu. Homme de rien.
            A toutes  ces locutions reçues, notre siècle a ajouté celle-ci : Homme d'argent.


                                                                                                     Victor Hugo

Anecdotes et réflexions d'hier



   Tableau orphelin du musée de Jérusalem
        ( l'express )

                                                                 Choses vues - 1848

            On m'a dit : " - Fermez cette porte ! vous voyez bien que n'importe qui ou n'importe quoi peut entrer : un coup de vent, une femme... "
            Je me suis recueilli un instant. " N'importe qui ou n'importe quoi ? " ai-je pensé. Alors je me suis tourné vers celui qui me donnait ce conseil et j'ai dit : " - Ne fermez pas cette porte. " Et j'ai ajouté : " -Entrez ! "

                                                                    °°°°°°°

            M. de Rothschild se connaît peu en peinture, mais il a un cuisinier qui s'y entend. Ce cuisinier protège les artistes, il est riche, l'anse du panier chez Rothschild est une grosse métairie. Le cuisinier aime les tableaux et paie généreusement les peintres. C'est lui, en particulier, qui a soutenu Diaz et l'a empêché de tomber dans la misère et dans le désespoir. Il a eu foi dans ce talent peu compris, étrange, original, puissant et beau, mais bizarre. Il a été jusqu'à lui avancer sur des toiles à peine ébauchées dix ou vingt mille francs. Les cuisiniers au XIXè siècle font ce que faisaient les princes au XVIè, et les princes font ce que faisaient les cuisiniers.

                                                                      °°°°°°°°

            " - Quand nous commençons un tableau, me disait l'autre jour M. Granet, nous sommes riches ; l'inspiration rayonne en nous ; nous croyons avoir cent mille francs à dépenser. Hélas ! le tableau fini, il se trouve souvent que nous n'avons dépensé qu'un petit écu. - "

                                                                        °°°°°°°°

            On disait au siècle dernier :
            Homme de bien. Homme de génie. Homme de coeur. Homme d'esprit. Homme de goût. Homme de Dieu. Homme d'église. Homme de cour. Homme de loi. Homme d'épée. Homme de robe. Homme de lettres. homme d'Etat. Homme de guerre. Homme de mer. Homme du monde. Homme de qualité. Homme de plaisir. Homme de peine. Homme du peuple. Homme de peu. Homme de rien.
             A toutes ces locutions reçues, notre siècle a ajouté celle-ci : Homme d'argent.


                                                                                                  Victor Hugo

                                                                 





                                                                                   

mardi 29 mai 2012

Anecdotes et réflexions d'hier




                                       Mon Salon
                                         Écrits sur l'art

            Émile Zola assista aux débuts de l'impressionnisme et suivit l'installation du mouvement. Il écrivit des billets parus dans différents journaux puis publiés dans " Mon Salon ". Critique d'art ami de Cézanne il connaît les peintres et leurs ateliers. L'article qui suit parut en 1866 dans l'Evénement.

                                      Un suicide

            Vous avez bien voulu, mon cher monsieur Villemessant, me charger de parler de nos artistes aux lecteurs de l'Evénement, à propos du Salon de cette année. C'est là une lourde tâche dont je me suis cependant chargé avec joie. Je ferai sans doute beaucoup de mécontents, étant bien décidé à dire de grosses et terribles vérités, mais j'éprouverai une volupté intime à décharger mon coeur de toutes les colères amassées..
            Vous m'avez dit : " Vous êtes chez vous. " Je parlerai donc sans me gêner , en véritable maître. Je compte, avant l'ouverture du Salon, dans quelques jours, vous envoyer ma profession de foi et une étude rapide sur le moment artistique.
             Aujourd'hui je me suis imposé une triste mission. J'ai pensé que j'avais charge de parler ici d'un peintre qui s'est fait sauter la cervelle, il y a quelques jours, et dont aucun de mes confrères ne s'occupera sans doute.
             Le bruit courait qu'un artiste venait de se tuer, à la suite du refus de ses toiles par le jury. J'ai voulu voir l'atelier où le malheureux s'était suicidé ; je suis parvenu à connaître la rue et le numéro, et je sors à peine de la pièce sinistre dont le parquet a encore de larges taches rougeâtres.
            Ne pensez-vous pas qu'il est bon de faire pénétrer le public dans cette pièce ? J'ai comme un plaisir amer à me dire que dès le début de ma besogne, je me heurte contre une tombe. Je songe à ceux qui auront les applaudissements de la foule, à ceux dont les oeuvres seront largement étalées en pleine lumière, et je vois en même temps ce pauvre homme , dans son atelier désert, écrivant des adieux et passant une nuit entière à se préparer à la mort.
            Je ne fais pas de la sensiblerie, je vous assure. J'ai frappé à cette porte avec une émotion profonde, et ma voix tremblait lorsque j'ai interrogé une femme qui m'a ouvert et qui a été, je crois, la bonne du suicidé
            L'atelier est petit, assez richement orné. A droite, en entrant, est un buffet en chêne, largement taillé. Dans les coins se trouvent d'autres meubles, également en chêne, sortes de bahuts à panneaux et à tiroirs. Les scellés, une ficelle fixée par deux cachets rouges, ferment chacun de ces meubles. On voit que la mort a passé brusquement par là. 
            A droite s'allonge le lit, un lit bas et écrasé, une espèce de divan très étroit. C'est là...On l'a trouvé, la tête pendante et broyée, semblant dormir.
            Le pistolet n'était pas tombé de sa main.
            Je ne le connaissais pas même de nom. J'ignorais s'il avait du talent, et je l'ignore encore. Je n'oserais juger cet homme qui s'en est allé las de la lutte. J'ai bien vu quatre ou cinq de ses toiles pendues au mur, mais je ne les ai pas vues avec des yeux de juge. Au Salon, je serais sévère, violent peut-être ; ici, je ne puis être que sympathique et ému.
            L'artiste était de race allemande, et ses tableaux se sentent de son origine. Ce sont des compositions dans le genre de . Charles Comte, des scènes historiques prises en plein Moyen Âge. Sur un chevalet, j'ai aperçu une toile blanche où se trouve une composition entièrement au crayon. C'est là, sans doute, la dernière oeuvre. Le peintre s'est tué devant ce tableau inachevé.
            Certes, je n'affirme pas que le refus du jury ait seul décidé de la mort de ce malheureux. Il est difficile de descendre dans une âme humaine à cette heure suprême du suicide. Les amertumes s'amassent lentement ; puis il en vient une qui achève de tuer.
            On m'a dit cependant que l'artiste était d'un caractère doux et qu'on ne lui connaissait aucun chagrin. Il avait quelque fortune, il pouvait travailler sans inquiétude.
            Vraiment, je ne voudrais pas avoir condamné cet homme. Si j'étais peintre et que j'aie eu l'honneur de mettre mes confrères hors du Salon, j'aurais le cauchemar cette nuit. Je rêverais du suicidé, je me dirais que j'ai sans doute contribué à sa mort, et en tout cas, je serais plein de cette pensée terrible que mon indulgence aurait sans doute empêché ce sinistre dénouement, même si l'artiste avait eu quelques chagrins cachés.
            Vous désirez certainement que je tire une morale de tout ceci. Je ne vous donnerai pas cette morale aujourd'hui, car ce serait faire double emploi avec les articles que je prépare pour l'Evénement
            J'ai simplement écrit cette lettre afin de mettre un fait sous les yeux des lecteurs. Je grossis comme je puis le dossier de mes griefs contre le jury qui a fonctionné cette année.
            Allez, j'ai un rude procès à lui faire.

                                                                                                          " Claude "

            Nous avons arrêté, M. de Villemessant et moi, que je ferai ici le Salon, sous un pseudonyme. Signant déjà un article presque quotidien je souhaitais que ma signature ne se trouvât pas deux fois dans le journal.
            Je suis obligé d'ôter mon masque avant même de me l'être bien attaché, il y a beaucoup d'ânes à la foire qui se nomment Martin et il y a également, paraît-il, beaucoup de Claude par le monde s'occupant de critique d'art. Les véritables Claude ont eu peur d'être compromis, à propos de mon article Un suicide ; et ils écrivent tous pour informer nos lecteurs que ce ne sont pas eux qui ont l'audacieuse pensée d'intenter un procès au jury devant l'opinion publique.
            Qu'ils se rassurent, il a été décidé que j'avouerais hautement que le Claude révolutionnaire n'est autre que moi.
            Voilà toute la tribu des Claude tranquillisée.

                                                                                                         Émile Zola

                                                
                        
           

lundi 28 mai 2012

Anecdotes et Réflexions d'hier

        Eglise Sainte-Marie SCHAERBEEK photo
           Église Ste Marie - Schaerbeek
                                                 Fusées La Belgique déshabillée
                                                 Architecture - Églises
                                                  ( extraits de ces textes provocants - parution posthume )

            Éloge du style du 17è siècle, style méconnu et dont il y a en Belgique des échantillons magnifiques - Renaissance en Belgique - Transition - Style jésuite - Style du 17è scl. - Style Rubens.

            La réaction de V. Hugo en faveur du gothique nuit beaucoup à notre intelligence de l'architecture. Nous nous y sommes trop attardés - Philosophie de l'histoire de l'architecture, selon moi. Analogies avec les coraux, les madrépores, la formation des continents, et finalement avec les modes de création dans la vie universelle - Jamais de lacunes - État permanent de transition - On peut dire que le Rococo est la dernière floraison du gothique.
                                      
                                             Rococo style Stone and brick house Mexico

            Richesse générale des églises.Un peu boutique de curiosités - un peu camelote... - Mon goût pour les placages, les mélanges. C'est de l'histoire.
         Statues coloriées. Confessionnaux très décorés - Au Béguinage, à Malines, à Anvers, à Namur, etc... Les Chaires de Vérité, très variées. La vraie sculpture flamande est en bois et éclate surtout dans les Eglises. Sculpture son sculpturale, non monumentale, sculpture joujou, ( bijou ) sculpture de patience. Du reste cet art est mort comme les autres, même à Malines.                                                    
                          

             Revenons un peu aux Jésuites  et au style Jésuitique. Style de génie. Caractère ambigu et complexe de ce style. Coquet et terrible. Grandes ouvertures, grande lumière. Mélange de figures, de styles, d'ornements et de symboles. J'ai vu des pattes de tigre servant d'enroulement.
 
              - ( Bruxelles )  Un pot et un cavalier sur un toit sont les preuves les plus voyantes du goût le plus extravagant en architecture. Un cheval sur un toit ! un pot de fleurs sur un fronton.
               Cela se rapporte à ce que j'appelle le style joujou.

               Clochers moscovites. Sur un clocher byzantin, une cloche ou plutôt une sonnette de salle à manger - ce qui me donne envie de la détacher pour sonner mes domestiques - des géants.
        
                                                    

           Les belles maisons de la Grand Place rappellent ces curieux meubles appelés Cabinets. Style joujou.
           Du reste les beaux meubles sont toujours de petits monuments.


                                                                                            Charles Baudelaire
           

vendredi 25 mai 2012

Le Désir d'être inutile Souvenirs et Réflexions Hugo Pratt ( Biographie Entretiens avec Dominique Petitfaux )


amazon.fr


                                                Le Désir d'Etre Inutile

                                              Souvenirs et Réflexions

                                                          Entretiens

           C'est une histoire d'homme. L'homme aux sept portes, aux sept vies. Pour s'exprimer enfant il dessinait. Né dans une baraque entre Ravenne et Rimini, une ascendance tant catholique que juive ( du côté de sa mère ), famille nombreuse, beaucoup de femmes, familles amies. Ils habitent Venise son premier souvenir "... la neige à Venise. Elle créait une grande intimité dans la maison." Cependant sa vie ne sera qu'une suite de voyages. Le père envoyé en Ethiopie, la mère et les enfants reviennent à Venise en 1942.  Hugo Pratt :" J'ai mené en Ethiopie une vie assez folle mais cela s'explique par la guerre. " Il est difficile de rendre compte des rapports de l'auteur des Corto avec la vie réelle. Ses amours nombreuses mais il écrit " J'ai été élevé dans un gynécée mes tantes étaient belles... " Et il souligne un ouvrage de Caldéron - La vie est un songe - A seize ans il porte l'uniforme. Fin de la guerre à Venise. Avec ses amis il recherche les disques de jazz américains interdits pendant la guerre par Mussolini. "...Pour les jeunes Italiens de cette époque l'Amérique était la grande tentation ... Ces années d'après-guerre ont été pleines d'aventures curieuses... " Séjour en Argentine. Nouvelles compagnes. " J'ai fréquenté de gens curieux... " De 1962 à 1967 il a travaille pour des revues de bande dessinées italiennes "... je n'ai jamais été vraiment pauvre, ni d'ailleurs vraiment riche... " Riche l'album, d'entretiens et de réflexions, de photographies et de portraits à l'encre, d'aquarelles. Voyages au Brésil "...pays qui a beaucoup compté pour moi... avec une prêtresse de macumba, j'ai même eu en 1965 une fille... " Enfants adoptés, enfants " génétiques ( 6 ) ". Il eut la même année trois enfants de trois femmes différentes. Homme très  curieux il s'intéressa de près tant au vaudou qu'à la franc-maçonnerie, voir Corto Maltèse. "De ma famille, j'ai hérité de cultures religieuses pas de croyances."
Hugo Pratt terminera ses jours à Lausanne. " Qu'est-ce qui a guidé votre vie ? - La curiosité intellectuelle. Je suis curieux de tout, y compris de demain... j'ai trouvé mon île au trésor. Je l'ai trouvé dans mon monde intérieur..." Livre précieux.         
                              

mercredi 23 mai 2012

Lettres à Madeleine 37 Apollinaire

.                                                                                                                 
Seins de Venus
                       Seins de Vénus
                          recette elle-à-table
                                               Lettre à Madeleine

                                                                                                                   19 octobre 1915

            Mon amour, Lettres du 11, 12 et 13. Tu es un amour - Je t'écris avec enveloppe à intérieur violet que je n'aime pas. J'en ai deux ou trois sous la main je les use et je t"adore d'écrire dans enveloppe à intérieur vert que j'aime - On m'a annoncé ton paquet pr demain matin - Ta photo est exquise, elle me plaît infiniment. En effet on voit peu, mais j'ai vu tes seins sous la transparence de la blouse, tes seins exquis; les vrais seins de la Vénus de Praxitèle et tes bras et ton cou adorable. La prochaine fois fais-toi aussi photographier de profil. Félicite les petits sur leur photographie - Je te parlerai demain des chers présents de ma µMadeleine. Oui écris tous les jours et ne te fais pas de souci. Du moment que tu fais bien tu n'as point de souci à te faire ne t'énerve point ma toute chérie, mes lettres ne sont pas tristes puisque je t'aime et que tu m'aimes. Oui je te prends mon amour. Oui tu comprends maintenant les lettres qu'il faut, mais pas tristes mon amour, sois au-dessus de la réalité, de l'absence, sois royale ma chère esclave. Non, je ne crois pas qu'il faille mettre à réalisation ton projet d'aller à Beauvais. Reste avec les tiens en m'attendant. Après on verra nous en reparlerons. Je n'ai jamais douté de ta passion. Comme ton corps était doux et brûlant pour moi cette nuit dont tu parles... Mais, non l'étreinte n'est pas cruelle comme tu crois, elle ne l'est qu'une fois et pas chez toutes les femmes. Je sais que tu m'aimes et tu sais que je t'aime. Je ne suis pas mal disposé et mes tristesses sont rares puisque tu m'aimes. Aussi n'en parle pas. Sois joyeuse mon amour, sois ma Phèdre passionnée avec ses bonds et sois joyeuse sois une bacchante secrète jusqu'à mon retour. Après tu pourras être aussi variée que possible et que tu voudras - je t'adore - c'est charmant que nous pensions bague ensemble.Pour le Pentaméron fais-le si tu le trouves et si ça t'amuse et si ça vaut la peine, car après tout je n'en sais rienµ. La traduction que j'ai vue ne doit pas être difficile car elle était faite pr la jeunesse.
            C'est merveilleux que nous ayons eu l'intuition l'un de l'autre à l'abord et l'intuition de notre amour.
            Tu es mon amour pour la copie des vers, tu es tout plein gentille.
            Je vois que tu as bien compris où je suis.
            Mon amour ma chérie. Il est extraordinaire qu'on fasse des difficultés pr envoyer du tabac d'Algérie à un soldat. Ça me semble injuste et tracassier. J'ai en effet des dents bonnes et blanches, mais mal rangées, dans le haut j'en ai une qui rentre. Le gros tabac d'ici les salit mais je prends soin de ma bouche et l'entretiens en la brossant tous les soirs quand c'est possible. Je me sers d'un très bon dentifrice. J'avais une dent plombée en bas, elle s'est déplombée mais elle ne me fait pas encore mal. Comme elle est jolie la petite scène où tu expliques Montaigne après quoi tu t'étends à mes pieds en petite esclave noire - noire mais belle - dit le Cantique des Cantiques. - Oui tu es ma couleuvre voluptueuse. Je t'aime quand  tu m'aimes en panthère. J'aime aussi cette caresse de nos langues quand tu es tendre. Et je t'aime aussi coquette et précieuse. Je t'aime aussi poétesse. J'attends avec recueillement le Poème de ton corps - en réalité - et aussi celui que tu m'enverras par lettre, ma Vénus. Je t'aime aussi quand tu es fougueuse et que tu sens ma domination sans pitié pour ta chair de Houri. Je t'aime aussi orgueilleuse, impériale, superbe. Ma lionne.
Je t'aime. Tu m'as dit des choses exquises. Et je t'étreins dans ta nudité qui est à moi. Pardonne-moi ma
                                                                                                              
                     
lettre du 5 si elle t'a fait de la peine. Je ne veux jamais te faire de peine. Combien de fois me faudra-t-il te le redire, ô mon amour. Mais non tu ne me rends pas malheureux, mais au contraire très heureux, puisque tu m'apprends et que je t'apprends. Vois comme on commence à se connaître. Souris, ma chérie, à travers tes larmes d'amour. Surtout ne fais pas la bêtise de quitter Oran, que tu m'as promis de ne pas quitter, du moins sans les tiens. Ne m'affole pas par des imaginations inimaginables. Où viendras-tu, là où je suis c'est kif-kif nulle part, il n'y a pas de villages, rien pas même d'eau. Alors... Mais si tu me parles très bien maintenant tu es ma vierge chérie et ma bacchante secrète, je t'adore de baiser tout mon corps, comme tu dis si merveilleusement ô ma très gentille Madeleine. Je t'envoie des lettres du graveur Laboureur et de Jean de Gourmont ( sur la mort de son frère ). Ça t'amusera, pour celle de Laboureur, tu me feras l'honneur et le plaisir, mon amour de ne pas être jalouse des noms de femmes qui y sont mentionnés, car ils ne peuvent donner lieu à aucune jalousie et tu goûteras l'histoire de Glycérine et Vaseline chanteuses lyriques attachées à une division anglaise. Tu goûteras aussi l'art t de Jean de Gourmont d'être au Ministère de la Guerre, près de chez lui à Paris et les mentions imprimées sur les enveloppes officielles de l'armée anglaise. Et toi, ma chérie, comment peux-tu me dire de redevenir ton amour passionné moi qui ne pense plus que par toi qui es devenu mon canon ( rien de l'artillerie ) toi qui es ma règle, toute la beauté et toute la joie. Moi calme et te jugeant froidement, mon amour ! Non, je ne suis pas ainsi. Je t'adore, je t'aime, je suis fou de toi, nous sommes heureux l'un par l'autre. Et tu l'as dit, il ne faut plus que nous ayons de la peine. Tu es mon grand amour, ma toute chérie, ma très belle adorée. Tu ne peux imaginer combien j'aime cette photo d'aujourd'hui qui me révèle toute ta grâce et toute ta souplesse . Les autres photos ne le faisaient point. Je l'ai regardée à la loupe, ton visage se devine seulement, mais tes seins on dirait que je les vois ils sont véritablement adorables. Tu es plus belle que les Vénus du Titien, l'Antique seul a tant de pure beauté et de grâce individuelle. Dieu, que tu es finement gracieuse, ma gazelle adorée. Tes bras sont d'une pureté inimaginable. D'ailleurs pour avoir la vision de tes seins il a fallu toute la perspicacité de mon amour passionné et fervent car en réalité on ne les voit pas mais je les ai pour ainsi dire vus mais comme par éclairs. On devine mieux au demeurant la beauté de tes hanches et ici aussi il faut la perspicacité de l'amour mais tout de même l'étoffe de ta jupe s'incurve gracieusement à la forme de ta hanche. Que voit-on par la fenêtre à laquelle tu es adossée, mon amour ?
            Tu n'imagines pas combien tu me parais belle, sur cette photo, ça dépasse tout ce que j'avais imaginé, je crois que tu embellis tous les jours, ton cou est une merveille et tes épaules sont d'une richesse qui est mon trésor. Et tu es si délicieusement souple. Je te donne la caresse la plus close jusqu'au spasme de nos âmes et le délire de nos bouches, mon amour. J'aime ton regard où languissent des morts et des résurrections et ta jupe sombre si sobre éveille des idées d'obscurité torrides et touffues. Je t'aime je t'aime. Je t'imagine le matin à ton réveil le buste hors de l'écrin du lit, tes cheveux noirs se déroulant comme les vagues de la mer quand souffle la tempête, je vois ta chemise montante, bombée sur la plénitude de tes seins. Puis je te vois televant brusquement, ta chemise se retrousse jusqu'au milieu des cuisses, tes jambes sont sveltes et très grasses au-dessus du genou et je t'aime infiniment, je suis là attentif à ta beauté de Cypris qyu te dénude et je prends ta bouche.


                                                                                                                            Gui






































































Seins de Venus