samedi 8 juillet 2017

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 79 Samuel Pepys ( Angleterre Journal )

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                                                                                                                          1er Octobre 1662

            Levé, l'esprit à peu près en repos quant à mes comptes et autres affaires. Allai dans ma maison où je mis mes ouvriers à l'ouvrage, puis à Deptford pour la même chose, et retour, et tout l'après-midi avec mes ouvriers et ma femme à arranger une chambre pour que nous y dormions. Le soir examinai quelques papiers de Brampton pour l'audience. J'attends des nouvelles incessamment. Cela fait, avec ma femme au lit. La première fois que je couche ici depuis deux mois, ce qui me rend heureux, et la chambre telle qu'elle est maintenant me plaît tellement que ma seule crainte c'est de ne pas la conserver. Mais j'ai bon espoir, car je serais profondément contrarié de la perdre.


                                                                                                                         2 octobre

            Levé et réunion au bureau jusqu'à midi. Puis dîner avec Mr Moore. Examinai ensuite mes papiers pour Brampton, tâche bien nécessaire, mais les choses étaient bien moins satisfaisantes que je l'eusse souhaité, je le crains. Mais les choses sont comme elles sont et non comme je le voudrais. Lui parti j'allai retrouver mes ouvriers. Le soir, en voiture, à Whitehall, pris Mr Moore et le déposai chez milord où je me rendis aussi. Apprenant qu'on donnait la comédie au Cockpit, et que milord Sandwich, arrivé à Londres hier soir, s'y trouvait, je m'y rendis. Et par chance je suivis trois ou quatre messieurs que l'on conduisit à une petite porte privée dans un mur, et me glissai ainsi dans un espace étroit et arrivai dans une des loges voisines de celle du roi et de la reine, sans pouvoir les voir, mais bon nombre de dames élégantes qui, pourtant ne sont pas aussi belles que je le croyais autrefois, si ce n'est qu'elles sont élégamment vêtues. Nous avons vu Le Cardinal, tragédie que je ne connaissais pas et où il n'y a pas grand chose. Ceux qui étaient entrés avec moi étaient tous des Français et ne connaissaient pas l'anglais, mais, bon Dieu ! comme ils s'amusaient à questionner une jolie femme qui les accompagnait et qui parlait les deux langues et leur racontait ce que disaient les acteurs. De là chez milord où je fus reçu. Restai une demi-heure dans son cabinet à parler de certaines de mes affaires et des siennes. Puis au lit avec Mr Moore dans la chambre qui est au-dessus de celle de milord.


                                                                                                              3 octobre
                                                                                              virginia-anthology.org 
Résultat de recherche d'images pour "meuble samuel pepys"            Levé et sans prendre congé de milord sortis de bonne heure et rentrai à pied en m'arrêtant chez mon frère et dans l'enclos de Saint-Paul, mais n'achetai rien à cause de mon serment, quoique j'en eusse grande envie.
            A mon bureau et avec mes ouvriers jusqu'à midi, puis dînai de harengs avec ma femme, les premiers que j'ai mangés cette année, puis de nouveau avec mes ouvriers. Au bout d'un moment arrive un homme du monde qui veut parler à ma femme. Je découvris que c'est quelqu'un qui a été fort poli avec elle lors de son retour de la campagne, je lui manifestai donc beaucoup de respect. Je l'ai trouvé fort intelligent et suis resté à parler avec lui un grand moment.
            Lui parti retournai à mes ouvriers et dans la soirée arrive le capitaine Ferrer qui resta un grand moment et me raconta comment il avait été blessé à la main en se querellant avec un des valets de pied de milord. Il me raconta aussi l'impertinence et le mal qu'avait fait Ned Pickering à la campagne dans les rapports entre milord et presque tous ses domestiques par ses critiques. Ce qui me contrarie, car c'est une grande honte pour milord que cet homme soit toujours aux yeux de tous aussi intime avec lui. Il m'apporte une lettre de mon père qui fixe au 13 la date de l'audience à Brampton. Mais je m'aperçois qu'il a gardé cette lettre dans sa poche depuis trois jours, si bien que si l'audience avait lieu plus tôt j'aurais pu être lésé. C'est donc une grande sottise d'envoyer une lettre d'affaires pressée par l'intermédiaire d'un ami. Lui parti à mon bureau jusqu'à l'heure du coucher, car c'est maintenant mon habitude depuis le retour de ma femme, de passer trop de temps avec elle et mes ouvriers dans la journée et de faire mon travail de bureau le soir, ce qui ne devra pas être quand les travaux seront terminés. Tard ce soir on m'avise que Mr Dickons, le négociant, est mort soudainement cet après-midi, de ce que sa fille, ma Morena, malade depuis longtemps est considérée comme perdue par les médecins. J'en suis fort triste pour tous deux.
            Puis rentrai, et au lit.


                                                                                                                 4 octobre 1662

            A mon bureau le matin ( ma femme me fait rester couché longtemps le matin ) et réunion jusqu'à midi. Dînai à la maison et après un petit moment passé avec mes ouvriers à mon bureau jusqu'à 9 heures du soir. J'examinai, entre autres, les circonstances de la perte du Satisfaction qui a sombré l'autre jour sur la côte de Hollande par la négligence du pilote. Et puis j'écrivis une lettre à mon père, et à mon frère qui est à Banbury avec sa maîtresse, et signalé mon intention d'être à Brampton la semaine prochaine. Puis rentrai et au lit.


                                                                                                                 5 octobre
   abebooks.co.uk                                                                                            Jour du Seigneur
Résultat de recherche d'images pour "meuble samuel pepys"            Fait la grasse matinée à causer avec ma femme. Nous sommes querellés à propos de ma servante Sarah que ma femme voudrait chasser, alors que je la crois aussi bonne domestique qu'aucune autre que nous ayons eue. Mais il semble que ma femme en voudrait une qui sache bien coiffer. Nous avons fini par nous réconcilier.
            Je fus à l'église. Aujourd'hui le pasteur a fait lire quelqu'un en surplis. J'imagine qu'il va lui aussi en porter par la suite, car il est aussi rusé qu'aucun de ses confrères. Dînai avec ma femme, puis recommençai à causer à l'étage principalement sur les leçons de danse qu'elle doit prendre en prévision de son séjour à la campagne l'année prochaine, ce à quoi je consens.
            Puis à l'église pour un sermon ennuyeux, puis chez Tom pour voir comment vont les choses pendant qu'il est à la campagne, puis rentrai et dans la chambre de ma femme jusqu'à l'heure du coucher à causer. Puis à mon bureau à me préparer à me mettre au service chez le Duc demain matin, et rentrai et au lit.


                                                                                                                6 octobre

            Avec sir William Penn de bonne heure par le fleuve à St James où était Mr Coventry. Trouvant le Duc au lit et indisposé nous ne restâmes pas mais allâmes à Whitehall où nous prîmes un canot et nous rendîmes à Woolwich. En chemin Mr Coventry nous raconta qu'il y a peu, quand on s'enquit des intempéries de la maison du Duc Mr biggs, son intendant, fut trouvé fautif et chassé de son emploi. Puis nous commençâmes à lire un livre que je vis l'autre jour chez milord Sandwich, destiné au feu roi, élégamment relié, un traité sur le profit que les Hollandais tirent de nos pêcheries, mais, alors que j'en attendait beaucoup, je m'aperçois que c'est un livre fort sot, bien qu'il contienne quelques bonnes choses, il est si plein de répétitions qu'il nous lassa.
            A Woolwich nous fîmes l'appel de l'arsenal puis allâmes dîner au Cerf. Puis à la corderie où je sais que je contrariai sir William Penn en me montrant si bien au courant, davantage je crois que lui, des questions de chanvre. Puis à Deptford pour certaines affaires et réveiller les officiers, puis à pied à Rotherhite, de là déposant sir William Penn à la Tour, à Whitehall avec Mr Coventry, puis au logis de milord Sandwich. Mais milord était absent, il était ce soir à un bal avec le roi et milady Castlemaine dans l'hôtel voisin. Mais, à mon grand regret, j'apprends que Mr Moore est tombé fort malade à la Garde-Robe cet après-midi, ce qui me tracasse fort, aussi bien pour lui que pour moi, à cause des questions juridiques dont il s'occupe pour mon compte et aussi celui de milord. Aussi je fus par le fleuve, bien qu'il fût tard, à la Garde-Robe. Je le trouve au lit fort abattu, avec une forte fièvre. Il ne me parut pas opportun de rester, je le quittai et rentrai à pied. Et là, fatigué, fus souper, puis le barbier. Quand il eut fini, à mon bureau pour écrire mon journal d'aujourd'hui, et à la maison, et au lit.


                                                                                                             7 octobre 1662

            Au bureau toute la matinée, dînai à la maison avec ma femme. Ensuite, avec elle en voiture voir Mr Moore toujours malade. Je pris ses livres de comptes et nous parlâmes des affaires de milord et des miennes et comme Mr Battersby était là ils prirent note de ce que je lui avais payé les 100 livres que je lui avais empruntées, ce qu'ils reconnurent et promirent de m'envoyer mon billet. Puis par le fleuve avec Will Howe à Westminster où je restai un petit moment dans la Grand-Salle ( les parents de ma femme étaient sortis de sorte qu'elle revint bientôt ), puis en voiture chez milord où je laissai de l'argent pour que le capitaine Ferrer m'achetât deux cravates, puis à la nouvelle Bourse où, tandis que ma femme faisait des emplettes, je me promenai avec le Dr Williams en parlant de mon procès, puis je l'emmenai chez mon frère où je lui offris un verre de vin et nous nous séparâmes. Rentrai en voiture avec ma femme. Sir John Mennes et sir William Batten étant revenus de faire la paie à Chatham, j'allai les voir par politesse. Et rentrai, et au lit.


                                                                                                             8 octobre
                                                                                                     london-footprints.co.uk
            Levé de bonne heure et par le fleuve chez milord Sandwich. Restai un moment dans sa chambre. Il me dit, entre autres à ma très grande joie, quelle obligation j'avais à l'égard du duc d'York qui, hier, lui dit qu'il le remerciait d'avoir fait entrer une personne dans la Marine, voulant dire moi, et bien d'autres éloges. Ce qui est le plus grand réconfort et le plus grand encouragement que j'aie jamais eus, et tout cela grâce à la bonté et à la perspicacité de Mr Coventry. J'en ai été immensément
heureux.
            Puis allai voir Mr Moore qui, je l'espère, va mieux, et à la maison dînai, tout l'après-midi occupé à mon bureau. Le soir retournai en voiture chez milord espérant lui parler, mais il est à Whithall avec le roi devant qui on présente ce soir le spectacle de marionnettes que j'ai vu cet été à Covent Garden. C'est là qu'on a apporté mon col de dentelle acheté et préparé par la femme du capitaine Ferrer, et je l'ai rapporté chez moi. Très distingué, il me coûte environ 3 livres, je lui ai donné 3 autres livres pour m'en acheter un autre. Je me vois obligé d'être bien mis, et c'est ce que je ferai pour ma lingerie, et le reste pourra être d'autant plus simple.
            Je restai là à jouer quelques airs nouveaux à deux parties avec William Howe. Milord ne revenant pas je rentrai à pied mon petit laquais tenant une torche. Mangeai un peu et au lit, l'esprit tout occupé d'arranger mes affaires pour mon voyage de demain afin qu'il ne se fasse rien de fâcheux en mon absence.
            Aujourd'hui sir William Penn m'a parlé de la part de sir John Mennes, pour me demander ma belle chambre et, à ma grande joie, c'est qu'il ne la réclame pas comme de droit, ce que je craignais fort. J'espère donc m'arranger avec lui pour cette chambre, car je n'y renoncerai pour rien au monde, même si je fais en sorte de lui donner une autre pièce en échange.


                                                                                                                  9 octobre

            Levé de bonne heure pour travailler, pour me préparer à mon voyage. Mais d'abord au bureau en réunion jusqu'à midi. Je leur ai dit adieu pour une semaine, ayant la permission du Duc, obtenue pour moi par Mr Coventry, que j'ai remercié pour ce que j'ai appris hier du Duc à milord Sandwich à mon sujet. Et il déclare si ouvertement l'affection et l'estime qu'il a pour moi, que j'ai l'esprit autant en repos, en ce qui concerne ma situation au bureau, que je puis le désirer.
            J'aurais dû aujourd'hui dîner chez sir William Penn d'un pâté de chevreuil avec mes collègues, mais je n'en trouvai pas le temps et envoyai chercher quelque chose à la maison. Entre une et deux heures je montai à cheval par la porte de derrière et, accompagné de mon commis Will, tous deux bien montés sur deux chevaux gris.
            Nous arrivâmes à Ware avant la nuit et résolûmes de continuer jusqu'à Puckeridge, malgré le mauvais état de la route, et le soir tombé avant notre arrivée, grâce à un groupe de voyageurs qui était devant nous, entre autres qui descendit à la même auberge que moi, le Faucon, qui s'appelait Mr Brian avec qui je soupai. C'était un homme agréable et un homme de sciences.
            Il me dit qu'on croit la reine enceinte, car les carrosses ont ordre de rouler très doucement dans les rues.
            Après souper nous payâmes la note de concert, puis il gagna sa chambre et moi mon lit, me sentant très bien. Mais mes pieds très serrés dans les bottes de cuir dur neuves me faisaient grand mal. Will coucha dans un autre lit dans la même chambre que moi.


                                                                                                                  10 octobre
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            Levé, et entre 8 et 9 à cheval. J'avais tant souffert hier de mes pieds tellement gonflés que je ne pus remettre mes bottes, ce qui me contraria très vivement. Je fus obligé de donner 4 shillings pour une paire de vieux souliers de l'hôte et allai à cheval en souliers jusqu'à Cambridge. Mais la route était si bonne qu'à part un peu de pluie j'arrivai sans encombre et descendis à l'Ours. Là, m'ayant aperçu dans la rue comme je passais dans la ville, mon cousin Angier vint me trouver. Il me fallut aller chez lui. Je trouvai le Dr Fairbrother, avec un bon dîner, une bourriche d'excellentes huîtres, une couple de homards et du vin. Mais surtout comme il me dit qu'il y a aujourd'hui assemblée générale pour l'élection de quelques officiers de l'Université, après le dîner il me trouve une robe, un bonnet et un chaperon et m'emmène aux écoles où Mr Pepper, précepteur de mon frère et aujourd'hui élu censeur, désigne un maître es arts pour me conduire dans l'hôtel du régent où je siégeai avec eux et votai en signant des papiers comme ceci : " Ego Samuel Pepys Magistrum Bernardum Skeltum ", et, ce qui est plus étrange, mon ancien condisciple et ami, et qui un peu plus tard me salua et avec qui nous causâmes " qui était l'autre taxatoribus de cette Académie des événements suivants dans le annum sequentem. " Je fis de même pour un certain Biggs comme autre taxateur et pour d'autres officiers comme le vice-censeur, Mr Covel, pour être l'adjoint de Mr Pepper et celui-là même qui m'avait fait entrer dans l'hôtel du régent.
            La séance levée par le vice-chancelier, je revins très content chez mon cousin Angier, fort satisfait d'avoir accompli cette tâche. Ce que je désirais depuis longtemps et pour quoi je n'aurais jamais trouver un moment où cela fût si facile.
            Puis à Trinity Hall où je restai un bon moment avec le Dr John Pepys qui me dit que son frère Roger a quitté la ville pour tenir une audience. Je fus donc forcé d'aller à Impington pour prendre conseil de mon vieil oncle et de son fils Claxton. Je soupai et parlai avec eux, mais pas de mes affaires jusqu'à ce qu'arrivât, après le souper, inopinément mon cousin Roger avec qui je m'entretins longuement. Il me donne de bons conseils mais me dit clairement que ce que j'ai de mieux à faire c'est de chercher un accommodement avec mon oncle Thomas, car nous n'avons pas le droit pour nous et ce serait folie de nous leurrer. Ce dont, bien que cela me tracassât grandement, je fus cependant satisfait, parce que c'était me dire ce sur quoi je pouvais me fonder. Et au lit.


                                                                                                            11 octobre.

            Levé de bonne heure et après un maigre petit déjeuner, et bien misérable, semblable à notre souper et qui ne peut me nourrir, à cause de la goutte au doigt de ma cousine Claxton et après que mon cousin Roger m'eut fait parcourir sa maison et ses vergers, je montai à cheval et allai à Hutington puis à Brampton où je trouvai mon père, mes deux frères et Mr Cooke, ma mère et ma soeur. Nous voilà donc tous réunis. Dieu sait quand cela se reproduira. Je parcours la maison et le jardin, et je trouve que les aménagement que mon père faits fort élégants, mais pas au point qu'il n'y ait lieu d'en faire davantage si jamais je viens vivre ici. Mais enfin c'est fort bien pour une campagne et qui en vaut bien une autre.
            Puis dîner où il n'y avait rien qu'une misérable poitrine d'agneau, et mal rôtie, je fus fort mécontent, car il y avait là Mr Cooke que j'avais invité à venir avec mon frère et qu'il m'importait de voir bien traité. Je le dis à mes parents et fis bien améliorer les choses par la suite, tant que j'y fus, bien que je me réjouisse de les voir vivre de si frugale façon.    cuisine.journaldesfemmes.com
Résultat de recherche d'images pour "chapon cuit"            Mais maintenant à mon affaire. Je vois que mon oncle Thomas est arrivé et qu'il tient des propos violents, et qu'il avertit nos locataires de ne pas nous verser de loyer, et annonce qu'il va faire annuler le testament, celui-ci étant conditionnel et soumis à ce que nous payions les dettes et les legs particuliers, ce que nous n'avons pas fait. Mais j'espère que nous nous en tirerons assez bien.
            Je me mis à étudier les papiers et le déroulement de cette affaire en prévision de l'audience, jusqu'à la soirée. Puis allai à cheval à Hinchingbrooke, accompagné de Will, et je vis milady dans sa chambre. Mais comme il faisait nuit et que j'étais préoccupé par les affaires je ne restai guère. Je bus une chope de bière avec les domestiques et revins souper et me coucher. Je ne serai pas tranquille tant que je n'aurai pas parlé à Pigott, lui dont la terre est hypothéquée au bénéfice de mon oncle, mais sans que celui-ci en ait jamais pris possession, de sorte que je crains que ce soit l'héritier par filiation qui en prenne possession et qu'à nous cela soit impossible. Mais j'ai dessein de l'évincer en prétendant qu'il y a des billets à ordre aussi bien qu'une hypothèque pour la même somme, de sorte que comme exécuteur testamentaire c'est moi qui suis bénéficiaire de ces billets.


                                                                                                               12 octobre 1662
                                                                                               Jour du Seigneur
            Me suis fait beau avec la cravate du capitaine Ferrer, ne désirant pas mettre col neuf en dentelle, il est trop beau. Et quand le barbier en eût fini avec nous, je fus à l'église où j'ai vu la plus grande partie du beau monde de la paroisse, Mrs Handbury entre autres, une vraie dame, Mr Bernard et sa femme et le père de celle-ci, l'ancien milord de St John qui a maintenant l'air d'un homme très simple et grave. Mr Wells a prêché un assez bon sermon et on dit qu'il a à peu près recouvré la raison.
            Puis dînai à la maison, promenade au jardin et de nouveau à l'église, et à la maison où plusieurs personnes sont venues pour affaires, entre autres Mr Pigott qui me donne de solides promesses de sa loyauté, ce dont je suis très content. Il me dit ce que projette mon oncle Thomas, c'est-à-dire être admis à la propriété comme nous, ce qu'il faut que j'évite de mon mieux.
            Puis souper. Mais je suis si préoccupé que je suis d'un méchant commerce, et puis je n'aime pas leur boisson jusqu'à ce que j'envoie demander à la mère Stankes un peu de la sienne qui est très légère et fraîche, avec un léger goût d'absinthe que j'ai par la suite toujours aimé. Après le souper au lit songeant à ces affaires. Je fis monter chaque soir mon frère John pour converser pendant que je me déshabillais.


                                                                                                                 13 octobre

Cock Tavern plaque            Allai à Hinchingbrooke où avec Mr Shipley j'ai visité tout le château. J'avoue que les aménagements me plaisent bien ainsi que l'escalier, mais on n'a rien fait pour rendre l'extérieur plus régulier et plus moderne, de sorte que je n'en suis pas content, mais je pense qu'en effet c'était une dépense excessive. Puis avec Shipley à Huntington à la Couronne où nous déjeunons de boeuf rôti froid. Puis il alla au marche de St Ives et moi voir sir Robert Bernard pour me faire conseiller, avec pour cela une lettre de milord Sandwich. Il me conseille avec beaucoup de bonté apparente et, à ma demande, me promet d'ajourner l'admission de mon oncle à la propriété s'il peut le faire avec justice. Dans l'ensemble il fait paraître mon affaire sous un meilleur jour que le fit mon cousin Roger, mais non pas tellement que nous ne soyons exposés à bien des tracas et qu'il ne vaille pas mieux arriver à une transaction, si faire se peut. Assez tranquillisé je revins à Brampton et passai la matinée à examiner des papiers et à préparer mes copies pour demain. Puis dîner, promenade avec mon père et d'autres affaires et arrivent mon oncle Thomas et son fils Thomas, parfaitement calmes comme nous le fûmes aussi et après un bref " Comment va ? " et une chope de bière, ils repartirent. Au bout d'un moment mon père et moi fûmes chez Mr Phillips pour nous entretenir de ce qui se passera demain au tribunal et préparer différents papiers. Alors arrivèrent mon oncle Thomas et son fils, mais nous voyant je crois qu'ils furent déçus et repartirent vers la maison que Prior nous a achetée il y a peu. Ils firent leur entrée en signe de possession et signifièrent qu'on ne nous versât pas de loyer, comme ce que j'apprends maintenant, ils ont fait partout ailleurs. Je m'aperçois que tous ceux qui nous ont rencontrés aujourd'hui sont dans la crainte de voir leur titre de propriété pour ce qu'ils achètent ne soit plus valable, ce qui m'a aussi un peu tracassé. Je m'efforçai de les rassurer. Ils m'ont, entre autres, fait craindre que Barton n'ait jamais été lui-même admis à la propriété que mon oncle lui a achetée, mais j'espère qu'il n'en est rien.
            Puis rentré et promenade mélancolique avec mon père jusqu'à Portholme, voyant les paysannes traire leurs vaches et avec quelle gaieté elles s'en reviennent toutes ensemble, en grande pompe avec leur lait et parfois précédées d'une fanfare.
            Retour à la maison et souper. Arrive Pigott avec un billet à ordre faux que, d'accord avec nous, bien que rien ne soit plus juste en soi, il a fabriqué. Grâce à cela je vais revendiquer l'intérêt de l'argent de l'hypothèque. Ainsi, attendant avec beaucoup d'impatience et d'incertitude le résultat de l'audience de demain, j'allai au lit. Mais dormis à peine une demi-heure de toute la nuit, tant j'étais plein de craintes pour demain.


                                                                                                                     14 octobre

            Levé, et résumai en un exposé clair tout ce que j'avais à dire pour notre défense, en cas de nécessité, car on me dit qu'il aura un avocat pour plaider sa cause. Vers neuf heures au tribunal de sa seigneurie. On fit l'appel du jury et, comme il y avait des absents, ils auraient voulu que mon père, par respect pour lui, fit partie de l'hommage. Mais il jugea convenable de refuser n'étant pas assez au courant des coutumes du manoir. Ayant prêté serment et reçu les instructions, ils se mirent à notre affaire et déclarèrent que l'héritier légitime était mon oncle Thomas. Mais sir Robert leur dit qu'il avait vu que le domaine était légué à mon père par le testament de mon oncle selon la coutume du manoir, ce qu'ils essaièrent de nier. Dirent d'abord que ce n'était pas la coutume du manoir, soulevèrent une objection à propos du demi-arpent de terre qui est donné à l'héritier légitime selon la coutume, ce qui me fit grand peur qu'il n'eût pas été en la possession de mon oncle au moment de sa mort, mais hypothéqué avec d'autres au profit de Thomas Trice, qui était présent et qui fut, avec mon accord admis à la maison de Taylor qui est hypothéquée à son bénéfice car elle ne vaut pas l'argent pour lequel elle est hypothéquée, et je m'aperçois que maintenant, bien qu'il se soit il y a peu vanté du contraire, maintenant il s'en rend compte et voudrait que nous la dégagions en argent, et il préférerait nous la restituer à nous plutôt qu'à l'héritier légitime. Ou alors qu'il faisait partie de la part de la mère Gorham, qu'elle tient à vie et qui, par conséquent, ne peut être, selon la coutume, donnée à l'héritier légitime. Mais Will Stankes me dit que nous pouvons être rassurés sur ce point.
            Puis ils parlèrent de la terre de Pigott hypothéquée au bénéfice de mon oncle mais à laquelle il ne fut jamais admis, et maintenant comme héritiers ils voudraient être admis. Mais l'intendant, comme il me l'avait promis, trouva très aimablement et très promptement des raisons de renvoyer leur admission, ce qui, je le vois, les fait largement condamner. Et c'est maintenant, ou jamais, qu'ils prêteront l'oreille à une transaction et à un accord avec nous, lorsque nous nous rencontrerons à Londres. Là-dessus ils prirent congé, et après d'autres affaires on leva l'audience pour dîner. Mon père et moi rentrâmes très satisfaits. L'après-midi au tribunal nous commençâmes en réclamant une réintégration et la fin de la substitution, d'y faire entrer mes frères et de nous faire admettre mon père et moi en possession de toutes les terres. Lui sa vie durant, moi et mes héritiers par réversion. Nous cédâmes alors, après transaction, à Prior, Green et Shepheard les trois petites maisons avec leurs dépendances qu'ils nous ont achetées. Cela fait, congé pris, c'est avec la plus grande joie que je quittai le tribunal avec mon père. Et en un quart d'heure fus à cheval avec mon frère Tom, Cooke et Will, sans manger ni boire, dis adieu à mon père et à ma mère, à Pall à qui je donnai 10 shillings, mais ne lui marquai aucune marque de tendresse depuis mon arrivée, car je la trouve si désagréable que je ne puis l'aimer et c'est une si fieffée hypocrite qu'elle est capable de pleurer à volonté. à John, et nous partîmes, nous arrêtant en chemin pour prendre congé en deux mots de milady et des jeunes demoiselles. Par clair de lune en belle cavalcade jusqu'à Cambridge avec grand plaisir. Arrivée vers 9 heures, fort mal logés à l'Ours pleine de monde, ce qui me chagrina. Mais on nous donna à souper et j'avais l'esprit libre et allai me coucher. Will dans un autre lit dans ma chambre.


                                                                                                                      15 octobre 1662
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Image associée            Bien que l'esprit libre de tout tracas, j'étais encore tout entier à mon voyage de retour, dans mon désir de savoir comment les choses allaient là-bas je ne dormis guère. M'éveillai très tôt et quand l'heure vint j'appelai Will et nous nous levâmes. Et la musique, avec une bandoura pour basse, me sonna la diane. Pendant qu'on s'occupait du petit déjeuner je sortis, rencontrai en chemin Mr George Montagu et sa femme que je saluai. Ils allaient prendre leur voiture à cette heure matinale pour continuer leur voyage, car ils avaient la chambre au-dessous de la mienne, et je montrai la chapelle de King's College à Mr Cooke et la bibliothèque du collège de St John. A l'auberge je rencontrai le Dr Fairbrother amené par mon frère Tom, un excellent homme. Il nous raconta que la salle où nous nous trouvions était celle où Cromwell et les officiers, ses complices, commencèrent à projeter et réaliser leurs méfaits dans ces comtés.
            Après un bon repas où seules les huîtres étaient mauvaises, nous montâmes à cheval. Je portais les bottes que j'avais empruntées et transportées avec moi depuis Impington, les miennes devant être renvoyées de Cambridge à Londres. Prîmes congé et commençâmes notre voyage, vers 9 heures. Après environ 10 milles nous nous égarâmes en prenant la route de Royston, ce qui me fâcha énormément, d'autant plus que le cheval de mon frère qui boitait hier va plus mal aujourd'hui et n'a pas pu avancer à notre pas. Nous retrouvâmes la route à grand-peine, ayant aussi perdu un valet qui avait perdu son maître que nous retrouvâmes, apparemment un ecclésiastique. Le cheval de Tom était hors d'état de nous suivre, je lui dis ainsi qu'à Mr Cooke de prendre leur temps. Will et moi arrivâmes à Ware vers 3 heures de l'après-midi, toutes les routes étaient mauvaises. Je liai connaissance avec l'ecclésiastique, en mangeant et buvant, mais je ne sais pas son nom. Après une heure, cet homme voulut repartir avec nous pour profiter de notre compagnie. Nous reprîmes nos chevaux à 4 heures et alla avec moi presque jusqu'à Theobalds, s'arrêtant là pour la nuit. Mais voyant nos chevaux dispos et la nuit assez claire, nous réussîmes peu à peu à gagner Londres, tous les deux fourbus. Une fois nos chevaux remis à leurs maîtres nous rentrâmes à pied. Rien, depuis mon départ, ne s'était produit qui me mécontentât, ce qui me fait un tel plaisir que je dois louer Dieu pour mon voyage, qui a été un plein succès du début à la fin. Je vois bien que c'est la récompense de mon application à la tâche en tout point exemplaire. Je n'ai pas pris le plus petit divertissement depuis mon départ, occupé seulement de mes affaires que Dieu a daigné favoriser.
            Et coucher, brûlant et fiévreux de fatigue, mais avant le matin la fièvre était passée.


                                                                                                              16 octobre

            Me suis levé de bonne humeur, constatai qu'il y avait maintenant une belle cheminée dans ma salle à manger du haut et que les lambris sont bien avancés, ce qui me réjouit. Au bureau je vois que tout est à mon gré. Sommes restés jusqu'à midi, puis rentré dîner avec ma femme, puis au bureau du Trésor avec Mr Creed pour une affaire avec sir John Mennes. Resté tard avec sir John à verser de l'argent aux rescapés du Satisfaction perdu l'autre jour. Le roi donne demi-solde ce qui est plus que ce qu'on ne fait en pareil cas, car actuellement on ne donne jamais rien. Et pourtant les hommes étaient scandaleusement mécontents et nous ont injuriés et maudits au point que j'en fus troublé et fâché d'être mêlé à cette affaire. Mr Creed nous voyant occupés se retira. Restai tard puis rentrai, puis au bureau où je mis le journal de mon voyage à jour. Puis refermai mon registre en louant Dieu de mon succès. rentrai souper et me coucher.
            J'apprends que Mr Moore est en bonne voie de guérison. Sir Henry Bennet est nommé secrétaire d'Etat à la place de sir Edward Nicholas, on ne sait si c'est avec son accord ou non.
          Mon frère Tom et Cooke sont arrivés à Londres, me dit-on, ce matin, et il me fait savoir que la mère de sa maîtresse est aussi venue pour traiter avec nous de la dot de sa fille et de son douaire, que je consens à prendre sur les terres de Stirloe.


                                                    à suivre................

                                                                                             17 octobre 1662

             Ce matin Tom................



mercredi 5 juillet 2017

Sonnet 128 - 103 Shakespeare ( Poèmes Angleterre )

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                                      Sonnet 128

            Musique de ma vie, souvent, lorsque tu joues
            Quelque musique et que le bois tressaille
            Sous tes chers doigts qui font jouir les cordes
            D'une harmonie qui subjugue mes sens,

            Combien j'envie ces touches qui, légères
Résultat de recherche d'images pour "musique musicienne"            Ne cessent de baiser le creux de tes mains
            Quand mes lèvres, frustrées de cette cueillette,
            Rougissent près de toi, de les voir si hardies !

            Pour de telles extases je les sens prêtes
            A se substituer à ces touches dansantes
            Que parcourent tes doigts, douce pression qui rend
            Le bois mort plus heureux que la lèvre vive !

            Pourtant, si c'est ce qu'elles aiment, ces effrontées,
            Laisse-leur tes doigts à baiser, donne-moi tes lèvres.


                                                                 William Shakespeare


***************************


                                                 Sonnet 103
                                                                                                                  photomonia.canalblog.com
Résultat de recherche d'images pour "peinture muse"            Hélas, si décevants les travaux de ma Muse,
            Quand tant lui permettait d'être ambitieuse !
            Leur thème, par lui-même, vaut bien plus
            Que lorsque ma louange s'y ajoute.

            Ne me blâme donc pas si je n'écris plus !
            Regarde en ton miroir : y paraît un visage
            Qui passe de très loin ma pauvre invention,
            Mes vers en sont éteints, ma honte est grande.

            C'est pécher que gâter, en voulant l'embellir,
            Un objet qui est beau en son être propre,
            Or, je n'avais qu'un but, c'est de décrire
            Tes charmes, et les dons qui te favorisent.

            Regarde en ton miroir : tu y verras
            Bien plus, bien plus que mes vers puissent dire.


                                                                        William Shakespeare



                                             
























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mardi 4 juillet 2017

Le dernier des Weynfeldt Martin Suter ( Roman Allemagne )

Le dernier des Weynfeldt
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                                                             Le dernier des Weynfeldt

            Zurich, une fin d'hiver entre chaleur et temps neigeux. Adrian Weynfeldt richissime homme de goût et de fortune aussi sûre que l'immeuble où il loge au dernier étage propriétaire des autres parties de l'immeuble louées par une banque ( il reconnaît 1 million de francs suisses de revenus officiels ). 54 ans et fils unique de parents industriels il ne connut d'autres vêtements que " le sur-mesure " des knickerbockers de son enfance aux pyjamas monogrammés, deux douzaines un pour chaque jour. Il aurait aimé peindre mais le talent le fuit néanmoins il devint expert en matière de peinture très recherché. Homme d'habitudes, il eut une amie, morte depuis de nombreuses années mais son visage encore présent dans sa mémoire permit à Lorena assez ressemblante d'accepter l'invitation de l'homme de goût assez déshabitué des rencontres féminines. Leonora proche des quarante ans, ancien mannequin, ne se voit guère d'avenir, complètement désargentée, mais personnage pour qui l'auteur a de la sympathie et Adrian ne sait pas trop lorsque brusquement réveillé il aperçoit la femme accrochée de l'autre côté de la rambarde du balcon. Elle dit vouloir se suicider, lui les cheveux emmêlés ne sait comment empêcher cet incident fâcheux. Suter nous entraîne dans l'histoire de ce couple improbable, ce n'est pas un polar et ce n'est pas ennuyeux du tout. Car Adrian est un Candide. Ses amis sont les enfants des amis de ses parents, ils se retrouvent à jour fixe, chaque semaine dans le même restaurant. Mort de l'un, ruine de l'autre. Le jeudi par contre, tous les jeudis avec la régularité qui lui est habituelle, ce sont un scénariste verbeux et sa compagne à qui l'expert en peinture, ignorant le cinéma, sert une véritable rente en attendant un film, peut-être, il y a le peintre qui est un artisan et non un artiste qui copie, et d'autres. Egalement une secrétaire périodiquement boulimique mais excelle dans son travail et apprend à Adrian l'utilité du portable. Quelques semaines  et les petites misères, les bassesses, les vols éclatent au grand jour. Heureux Adrian ? Il avoue n'avoir été et demeurer ni heureux ni malheureux. ".... Toujours encore l'hiver, avec l'avant-goût..... du printemps...... il n'était pas sensible au temps..... le sujet le laissait de marbre : avec un intérêt courtois.... " Leonora vit dans le désordre d'un petit studio, vaguement cornaquée et use de son charme encore vivant pour manipuler qui elle peut. Adrian dans les 500 m2 meublés par les meilleurs designers, dirigés par une intendante sans reproche, déjeuune, seul pour son propre plaisir parfois à " La Mangerie..... macrophotographies stylisées de grains de sel et de poivre..... mais le repas était remarquable..... hormis le sel et le poivre jamais plus de trois épices..... " Et Adrian calme avoue ne pas réfléchir mais prendre les idées au vol. Ainsi arrivera-t-il à résoudre le double problème de l'arnaque et de l'arnaqueur : son ami Baier, le plus vieux parmi ses relations se sachant ruiné a fait réaliser des copies de ses meilleures toiles, des Holder, qu'il vend aux enchères et surtout d'un Valotton ( voir la couverture du livre ) pour lequel il conserve une véritable passion, signé d'une maque particulière au-dessus de la fesse droite. Et dans la ville le foehn tourne à la tempête, Adrian et Leonora conversent "...... - J'ai été à Majorque..... en bateau.....
                                      - Un yacht ?..... Trop de gens sur trop peu d'espace à mon avis. Et pas moyen de ficher le camp. Non, non, le yacht c'est très surfait..... "
            Etre Candide et berner les arnaqueurs sans tomber dans un sombre roman policier tel est le plaisir de ce joli roman, plein de goût par ailleurs.

            

            

            

samedi 1 juillet 2017

Un racisme imaginaire Pascal Bruckner ( Document France )


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                                         Un racisme imaginaire

            Reliant des articles parus dans différents journaux depuis 2003. une conférence donnée dans l'Indiana et parue dans la Revue des Deux Mondes, entre autres, Bruckner propose un livre au sous-titre explicite : " Islamophobie et Culpabilité ". Si la société depuis ces  dernières décennies est plongée dans l'angoisse et le malaise l'ouvrage prolonge la réflexion. Retenir la plume des auteurs, des humoristes, des gens de tous bords "..... La sanction est simple. L'acquiescement ou la mort..... " Mais le philosophe reprend en partie l'histoire des trois religions monothéistes, détaille les différentes périodes et les multiples divisions de l'islam. " ....... Rien n'apaise la fureur des doctrinaires, une fois notre civilisation désignée comme satanique. Rien n'égale l'aveuglement des libéraux face à la volonté exterminatrice des premiers. Ils ne croient pas au mal, seulement aux malentendus...... " L'auteur rappelle que Londres a élu un maire musulman, Pakistanais. Mais aussi au moment du vote du Brexit ces mêmes londoniens s'en sont pris violemment aux Polonais, craignant l'arrivée d'une main-d'oeuvre venue de l'est. Une société multiculturelle, accepter l'apport de l'islam, son art, compléter la culture des Lumières. "...... La guerre contre le terrorisme est à la fois une nécessité absolue et un leurre..... " "...... Un certain libéralisme repose sur l'hypothèse que des citoyens égaux peuvent cohabiter pacifiquement dans le même espace....... Mais la juxtaposition de manières de vivre incompatibles ne semble possible que sur le papier. La société ouverte n'est pas la société offerte à tous les vents..... " " ...... Le Vieux Monde ressasse, le Nouveau recommence. Les EtatsUnis : le plus grand pouvoir de répulsion allié au plus grand pouvoir de séduction. Nous autres Européens sommes évidemment pusillanimes et décadents, pathétiques dans nos aspirations..... Nous sommes trop intelligents pour croire en Dieu, mais trop faibles pour croire en nous-mêmes et nous répétons avec perplexité ce mot de Robespierre : L'athéisme est aristocratique. ...." 

mercredi 28 juin 2017

Le nouveau nom tome 2 ( l'Amie prodigieuse ) Elena Ferrante ( Roman Italie )



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                                                                   Le nouveau nom
                                                                                   tome II ( l'Amie prodigieuse )

            
            Lila et Linu. Elles ont 16 ans, la première a épousé Stéphano l'épicier. Dès la fin du tome 1
l'auteur a exprimé la colère et la déception se profiler à la fin du repas de noces. Et Lila riche joue à l'épicière, les dons qu'elle avait à l'école elle les utilise dans son métier de marchande. Stéphano lui apprend à tricher sur le poids, Stéphano acquière une deuxième épicerie, et Stéphano frappe, et Lila reste indocile et insolente, et si elle repousse méchamment les avances de Michele Solara, camorriste, la jeune femme trouve une proie qui va ravager outre elle-même et le jeune étudiant, sa famille et Linu amoureuse de son condisciple au lycée. Les scènes sont fortes. Eléna Ferrante détaille, entoure de mots simples, nous conte et nous raconte des scènes de la vie quotidienne, les jalousies des jeunes femmes de ce quartier pauvre, "..... Lila savait depuis longtemps que les gens se racontent des histoires pour se détendre de la réalité...... " Linu fuit les rumeurs et poursuit brillamment, vaillamment ses études, pour le plaisir de son père et une apparente rancoeur de sa mère, attentive pourtant à la santé de sa fille qui travaille dès que ses cours le lui permettent. Elle aura 18 ans, bientôt 1968 et la liberté des moeurs. Linu a des amours tristes, ternes. Les deux femmes se comparent, s'entraident, se défont. Leur vieille amitié est très compliquée, les deux filles sont intelligentes. Les garçons évoluent plus lentement, engagés dans des mouvements politiques, communisme, Interrogée lors d'un concours sur Leopardi "......- Vous écrivez très bien, me dit-elle avec un accent pour moi    indéchiffrable, mais à coup sûr très éloigné de celui de Naples. - Merci; - Vous pensez vraiment que rien n'est destiné à durer, pas même la poésie ? - C'est ce que pense Léopardi..... Je pense que la beauté est un leurre....... " Lila Ulysse, Joyce, compliqué mais à son goût. Impossible de se défaire de cette société, de ce dialecte que nous ignorons mais qui pose un problème à celle qui s'écarte de son quartier, de sa ville. "....... Voilà en gros ce qui m'arriva à Pise...... C'est si facile de parler de moi sans Lila ! Le temps s'apaise, et les faits marquants glissent.....  je les prends, je les mets sur la page, et c'est fini..... " Ada jalouse, essaie d'arracher sa proie à l'épouse, Gigliola vit  avec Felipe, Antonio, Enzo toujours présent pour Lila, et les autres, savent-ils qu'ils sont les héros immortels d'un livre qu'Eléna Gréco écritl, les manipulations des Solara, l'imprévisible Lila toute meurtrie par les coups d'un Stéphano qui se défend. Fort, sensible, le livre est meilleur que le tome 1, sans doute en raison de l'âge des héros, que seront les deux prochains volumes, nous verrons, ils sont très attendus. Plus de 500 pages de mots, de scènes, de personnages peut-être croisés ici ou là.  

mardi 27 juin 2017

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui Samuel Pepys 78 ( Journal Angleterre )


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                                                                                                         16 Septembre 1662

            Levé et allai voir mes ouvriers, puis au bureau en réunion jusqu'à midi. En chemin vers la Bourse rencontrai le gardien qui m'a donné des explications si satisfaisantes au sujet de ma chambre que je suis très rassuré. A mon bureau tout l'après-midi, seul. Dans la soirée promenade avec sir John Mennes dans le jardin. Il fut fort amène et ne donna pas signe de vouloir me faire encore des ennuis à propos de ma maison. Le soir mangeai un peu de pain et de fromage et à mon logement et au lit, inquiet de la saleté de ma maison, et la probabilité de perdre ma plus belle chambre, de plus ma femme m'écrit qu'elle n'est pas satisfaite de mes parents ni d'aucun des domestiques et que mon petit laquais devient une franche canaille. Il faut que je paie 30 livres aux Cavaliers, puis la crainte d'être obligé d'abandonner toutes les affaires que j'ai ici quand je serai appelé au tribunal de Brampton, et enfin mon procès qui me contrarie profondément ne sachant que faire lors de la prochaine imminente session.


                                                                                                              17 septembre

            A mon bureau toute la matinée, et à midi à la Bourse. Rencontrant Mr Moore et Mr Stuckey, allâmes dîner à une table d'hôtes. Vers 3 heures avec Mr Moore au collège Saint Paul pour présenter nos devoirs à Mr Cromeholme, où un parent de Mr Moore, un garçon plein de promesse y étudie. Nous le trouvâmes, par grande chance et montâmes avec lui dans sa chambre où se trouvait aussi un ancien condisciple, Mr Newell. Il se montra tellement attentionné envers Mr Comeholme comme envers moi que par bonté il but plus que, je crois, il n'était son habitude, et commença à divaguer un peu, et plus encore quand dans la soirée il voulut sortir avec nous et nous offrir une bouteille de vin. Et à la taverne il rencontra une connaissance. Ce qui lui fit tenir des discours hors de propos, de sorte que j'ai beau l'estimer et qu'il se montre fort savant et homme de valeur, j'avoue avoir cependant une moins bonne opinion de lui. Que ce me soit donc un avertissement de ne pas trop boire, puisque cela a un pareil effet sur d'autres qui ont plus de valeur à mes yeux. Je n'ai pas pu m'empêcher de boire cinq verres avec lui cet après-midi. Après l'avoir quitté, chez moi avec Mr Moore, et après avoir mangé quelque chose j'allai à mon logement où le maître de maison, un homme des plus ordinaires, était tout disposé à me bien recevoir et m'emmena dans sa salle à manger où était sa femme, une jolie femme et digne d'être remarquée, certainement trop élégante pour lui, et trop spirituelle aussi. Je fus obligé de rester un bon moment, et j'ai encore bu car ils avaient des amis aussi. Enfin fatigué de sa futile compagnie j'ai dit bonsoir et allai dans ma chambre, et au lit avec Mr Moore, peu satisfaits, l'un et l'autre, de notre après-midi, d'avoir seulement été témoins du penchant de Mr Cromeholme.
            Aujourd'hui retour de Brampton de mon petit laquais, et ma femme, je crois, la semaine prochaine.

                                                                                                           18 septembre
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Résultat de recherche d'images pour "perles de valeur"            Au bureau toute la matinée. A midi, avec sir George Carteret et Mr Coventry invité à dîner chez le sherif Meynell, le grand banquier. Etaient présents l'échevin Backweell et de nombreux nobles et une élégante compagnie. Privilège d'une conversation distinguée, ce qui m'est une grande satisfaction, que rien au monde ne peut surpasser. Après un grand dîner et force conversation, je prends congé et à la maison pour les affaires du bureau où, Dieu soit loué, je prends grand plaisir. Et dans la soirée à mon logement et au lit.
            Entre autres propos, parlant de la grande charité qui prévaut dans les pays catholiques, Mr Ashburnham nous a dit que cette année, comme il y avait eu grande disette de blé à Paris et qu'on faisait une quête pour les pauvres, on apporta deux perles, personne ne savait de la part de qui, jusqu'à ce que la reine les voyant reconnut leur propriétaire, mais ne le révéla pas. Elles furent vendues     200 000 couronnes.

                                                                                                   19 septembre

            Levé de bonne heure et à mon bureau. A 9 heures seul à Deptford. Je repris là où ils s'étaient arrêtés hier soir et continuai de payer les ouvriers de l'arsenal de Woolwich et à midi dînai bien, étant le principal personnage à la table et si je ne me trompe je vois bien que tout le monde commence à m'accorder autant de considération et d'honneur qu'à d'autres. Après dîner repris la paie jusqu'à 9 heures du soir. Ce qui me peina c'est que je fus forcé de commencer une fâcheuse pratique, diminuer les gages des domestiques, ce qui me fit maudire, ce que je n'aime point. Le soir après avoir mangé un poulet froid, j'allai à pied par un superbe clair de lune avec trois ou quatre hommes en armes comme garde, à Rotherhithe, tout réjoui à la pensée de ma condition actuelle. On m'a spontanément fourni cette garde, sans que j'eusse rien dit. Il paraît que cette route est dangereuse la nuit à pied et qu'il s'y commet beaucoup de vols à main armée. Puis retour par le fleuve. Et à mon logement et au lit


                                                                                                                    20 septembre 1662

            Levé de bonne heure et allai à ma maison où je trouve mon frère Tom. Il me dit que la mère de sa maîtresse a écrit une lettre à Mr Lull exprimant sa pleine satisfaction de Tom, ce dont je me réjouis, et je crois vraiment que l'affaire va marcher. Toute la matinée réunion au bureau avec sir John Mennes, puis dînai à la maison et l'après-midi avec mes ouvriers. Et dans la soirée Tom m'a amené Mr Lull, un ami de sa maîtresse, un homme grave. Il me fit un rapport favorable sur elle et sur la satisfaction que leur donne Tom. Tout cela me fit plaisir. Nous nous promenâmes dans le jardin un bon moment et je lui donnai un verre de vin à mon bureau et il me quitta.
            Puis j'écrivis des lettres que j'envoyai par la poste et des nouvelles concernant Tom à mon père, et rentrai souper à la maison, puis à mon logement et au lit.
            Ce soir mon barbier m'envoya son domestique pour me raser. Il habitait depuis peu dans King Street, à Westminster, et il me dit que trois ou quatre personnes que je connaissais dans cette rue, des commerçants, sont récemment devenus fous, que quelques-uns sont morts et les autres toujours fous. Ils habitent tous des maisons tout à fait voisines les unes des autres.


                                                                                                                   21 septembre
                                                                                                     Jour du Seigneur
a1149            Levé de bonne heure et à pied à St James, vis Mr Coventry et restai une heure avec lui à parler des affaires du bureau avec grand plaisir. Je vois qu'il me dit tout ce qu'il pense. Puis au parc où, comme convenu, je trouvai mon frère Tom et Mr Cooke. Nous parlâmes de l'affaire de Tom de façon fort satisfaisante. La reine arrivant dans son carrosse, allant à sa chapelle dans le palais de St James, prête pour elle pour la première fois, je m'empressai de la suivre, et j'allai dans la pièce où se trouve son oratoire. Je pus rester et voir, le bel autel, les ornements et les moines avec leurs habits et les prêtres avec leurs belles chapes, et bien d'autres choses. J'entendis leur musique. Il se peut qu'elle soit bonne mais il ne m'a pas semblé qu'elle le soit, qu'il s'agisse de leur chant ou de leur harmonie des sons, quelles qu'en fussent les paroles/ La reine est très pieuse, mais ce qui m'a fait le plus grand plaisir ce fut de voir ma chère milady Castlemaine. Bien que protestante elle était venue à la chapelle accompagner la reine. La messe terminée un moine encapuchonné se leva et fit un sermon en portugais. Comme je ne la comprenais pas je me levai et me rendis à la chapelle du roi, mais l'office était terminé. J'allai donc à la chambre d'audience de la reine où on les attendait pour le dîner, mais comme elle restait au palais de St James ils furent obligés de tout emporter dans la chambre d'audience du roi où il dîna seul. Et moi avec Mr Fox, très élégamment, mais je vois bien qu'il ne faut pas que j'abuse de ce privilège, c'est pour moi une question d'honneur, non que je ne sois très bien reçu.
            Après dîner chez Tom puis chez moi. Et après une longue promenade dans le jardin j'allai chez mon oncle Wight. Je trouvai ma tante en deuil et racontant de tristes histoires à propos de la mort de sa bien-aimée soeur Nicholls. J'aurais été excédé si la jolie Mrs Margaret Wight n'était arrivée. Sa compagnie me charma et pendant tout le souper taquinai ma tante en faisant l'éloge de la messe où j'avais été aujourd'hui, mais m'excusai ensuite en disant que c'était une plaisanterie. Les quittai après le souper pour rentrer et après avoir mis de l'ordre dans mes notes pour demain, au lit.


                                                                                                                            22 septembre

            Montai de bonne heure parmi mes ouvriers pressant les choses pour le retour de ma femme. Puis en voiture au Palais de St James avec sir John Mennes, sir William Batten et sir William Penn. Je rendis compte au Duc de ce qui s'est produit ces temps derniers. Mais je souffrais terriblement d'une forte colique, pour avoir pris froid hier en ôtant mes bas pour m'essuyer les pieds. Mais elle a fini par diminuer et je me trouvai à peu près remis. Mais j'eus mal toute la journée à des degrés divers. Puis je les quittai et allai à pied chez Greatorex. Nous regardâmes beaucoup d'objets ingénieux, de nouvelles inventions et je lui commandai un thermomètre. Puis chez milord Crew où je dînai avec les domestiques, car il avait déjà dîné. Je montai ensuite le voir et parler des affaires publiques et des affaires privées de milord, avec beaucoup de satisfaction. Puis chez mon frère Tom où Mr Cooke m'attendait pour rendre visite, dans Blackfriars, à Mrs Young et Mrs Lull, parentes de la maîtresse de Tom. Je fus très bien reçu et je vois que cette affaire avance de façon satisfaisante. Allai ensuite voir Mr Townshend, je causai aussi avec Mr Young lui-même. Rentrai et dans mon cabinet, puis à mon logement et au lit.


                                                                                                        23 septembre
                                                                                                                  pinterest.com  
Résultat de recherche d'images pour "chiens sauvages"            Levé de bonne heure et me rendis auprès de mes ouvriers. Le vis avec plaisir que mes travaux tiraient à leur fin, même si je suis tous les jours contrarié de leur lenteur.
            En réunion toute la matinée. Dînai seul à la maison et avec mes ouvriers tout l'après-midi. Dans la soirée, par le fleuve et par la route à Deptford pour donner des instructions au sujet de ma maison, et revins en voiture avec sir George Carteret et sir William Batten qui ont aujourd'hui effectué un paiement, puis à mon bureau où j'ai un peu travaillé, et souper à mon logement et au lit.
            Sur le chemin du retour sir George Carteret me raconta que dans la plupart des cabarets de France est écrit sur les murs, d'une belle écriture : " Dieu te regarde ", utile leçon à mettre dans toutes les têtes. Et qu'il y aussi, comme en Hollande, des troncs pour les pauvres, et que dans ces deux pays sur tous les contrats ou marchés conclus une certaine somme est due pour les pauvres, appelée le denier à Dieu.


                                                                                                          24 septembre  1662

            Levé de bonne heure et au milieu de mes ouvriers jusqu'à midi. Et puis chez milord Crew où je dînai seul avec lui. Entre autres choses il me conseille d'empêcher à tout prix milord Sandwich d'aller trop loin dans l'affaire de Tanger. D'abord parce qu'il est convaincu que le roi ne pourra pas trouver l'argent pour construire la jetée, ensuite parce que cela se fera comme nous le proposons, en réduisant la garnison. Alors milord devra s'opposer soit au duc d'York qui veut y laisser le régiment irlandais qui est sous le commandement de Fitzgerard, ou bien à milord Peterborough qui désire y laisser le régiment anglais. Il semble n'y être retourné que sur les encouragement de milord Sandwich.
            De là chez Mr Wotton le bottier où j'ai acheté une paire de bottes qui m'a coûté 30 shillings. Il m'a raconté que Bird s'était récemment cassé la jambe en croisant le fer sur scène dans Aglaure, et que le nouveau Théâtre sera prêt le trimestre prochain.
            Puis chez mon frère où avec Mr Cooke nous avons parlé du voyage qu'ils doivent refaire pour voir la maîtresse de Tom, et j'ai parlé avec Mrs Croxton de la façon de mesurer les pavillons de soie.
            Retour par le fleuve et jusque tard le soir à mon bureau où j'ai rédigé une lettre de Tom à sa maîtresse, lui envoyant une montre en gage d'affection. Puis rentrai souper et à mon logement et au lit.
            Satisfaction aujourd'hui d'avoir appris, de diverses sources, que j'ai la réputation d'être bon  auprès des pauvres gens qui viennent au bureau.


                                                                                                               25 septembre

            Levé de bonne heure et allai au milieu de mes ouvriers, et au bureau réunion toute la matinée. Rentrai dîner seul et au milieu de mes ouvriers jusqu'au soir. Et puis au bureau jusqu'à l'heure du coucher et après le souper à mon logement et au lit.
            Ce soir je restai un moment travailler chez sir William Batten avec sir John Mennes etc. Il nous a raconté, entre autres, qu'au Portugal ils dédaignent de faire un siège dans les cabinets d'aisance. On chie dans des pots qu'on va vider à la rivière.
            J'ai aussi appris que la femme qui avait été nourrice chez Mrs Leming, la fille de sir William Batten, avait eu son enfant mis en pièces par deux chiens cette semaine à Walthamstow, ce qui est des plus étranges.


                                                                                                              26 septembre

            Levé de bonne heure et allai au milieu de mes ouvriers. Puis retrouvai sir William Batten et sir John Mennes qui allaient à Chatham ce matin. J'étais en grande peine jusqu'à leur départ, de crainte que sir John dise un mot de ma chambre que j'ai peur de perdre. Mais il n'en a rien dit et j'ai l'esprit un plus en repos. Puis jusqu'au soir au milieu de mes ouvriers. Dans l'après-midi j'ai fait abattre la cloison entre le vestibule et la chambre du petit laquais, pour en faire une seule pièce. J'espère que j'en serai content et que cela rendra mon retour à la maison plus agréable.
            Tard à mon bureau le soir. Ecris une lettre à sir George Carteret pour m'excuser de ne pouvoir me mettre à son service demain à Chatham comme je l'avais promis. Je n'ai pas envie d'y aller à cause de mes ouvriers et parce que ma femme revient demain. Puis à mon logement et au lit.


                                                                                                             27 septembre
queteperceval.blogspot.com
Image associée            Levé de bonne heure et allai au milieu de mes ouvriers. Je vois avec un vif plaisir que les montants de mon vestibules sont ôtés, ce qui est plus que je n'espérais. De sorte que la chambre du petit laquais étant incorporée au vestibule, l'arrivée chez moi a beaucoup d'allure, ce qui était presque la seule imperfection de ma maison.
            En réunion toute la matinée. Et l'après-midi je fis faire de nombreux travaux à mon idée et fis bien préparer la chambre de ma femme pour son arrivée qui eut lieu le soir, car Will alla, avec ma permission, à sa rencontre sur la route, et le soir vint me dire qu'elle était sur mon ordre, arrivée chez mon frère. Aussi je fis ma toilette et j'arrangeai la maison, et je partis la rejoindre. Je la trouve, elle, sa servante et le chien, en forme, elle un peu plus grosse. Je suis ravi de la voir, et après souper au lit où sa présence m'a donné beaucoup de plaisir, et maints témoignages d'amour réciproque. Seulement je m'aperçois qu'il y a eu des querelles entre ma mère et elle et quelques brouilles avec mon père. Mais j'espère que tout est rentré dans l'ordre. Je vois qu'elle aime la maison et le domaine de Brampton encore plus que moi. Et elle me raconte que milord a dessiné le plan de certains aménagements, et qu'il a apporté ce plan à Londres. Je l'ai vu et il me plaît. Je vois que milord et milady ont été très aimables à son égard. Et le capitaine Ferrer a été tellement aimable que je m'aperçois que j'en conçois quelque jalousie. Mais je connais le comportement extérieur du capitaine, et par conséquent cela ne me fait rien. Elle me parle d'une session du tribunal qui va sans doute bientôt se tenir. Ce qui me tracasse car je n'ai pas envie de quitter Londres.


                                                                                                          28 septembre 1662
                                                                                           Jour du Seigneur
            Eveillés de bonne heure et nous mîmes à bavarder avec plaisir de ma maison de Brampton et de celle d'ici et d'autres choses. Elle me dit quel gredin est mon petit laquais et les étranges fautes dont elle l'a convaincu, trouvé coupable, dont il serait inconvenant de mentionner, ce qui me contrarie. Mais surtout la vie impossible que ma mère fait mener à mon père et qu'elle mène elle-même faute de raison.
            Je me levai enfin et j'allai avec Tom à l'église française du Savoy, où je n'avais encore jamais été. C'est un bel endroit. Et ils se servent du livre de prières publiques lues en français, et ce que je n'avais encore jamais vu, le pasteur prêche tête découverte, je pense afin de se conformer aux pratiques de notre église.
            Puis dîner chez Tom avec ma femme, arriva Mr Cooke et Joyce dîna aussi avec nous. Ensuite, Mr Cooke et moi avons parlé de son voyage avec Tom dans un ou deux jours, à propos de sa maîtresse. Nous échangeâmes nos opinions.
            Nous rentrâmes à pied. La maison un peu nettoyée me plaît de plus en plus. A l'église dans l'après-midi et après le sermon dans mon cabinet où je me suis un peu préparé pour demain, où je vais voir le Duc. Et de nouveau à pied chez Tom. Souper et au lit, l'esprit rempli de contentement.


                                                                                                   29 septembre
                                                                                        Saint Michel
            Aujourd'hui mes serments pour ce qui est de prendre du vin et d'aller à la comédie sont à terme, aussi je me décide à m'accorder une licence et puis à m'y soumettre de nouveau. Levé et en voiture à Whitehall prenant en route Mr Moore. Nous nous promenons un bon moment dans le parc de St James. Je l'y laissai pour me rendre chez Mr Coventry et avec aussi sir William Penn allâmes trouver le Duc. Le roi vint aussi et resta jusqu'à ce que le Duc eût fait sa toilette. Comme c'était jour de collier nous n'eûmes pas le temps de lui parler d'affaires. Ils sortirent ensemble et nous nous séparâmes. Mr Cooke, comme convenu, me retrouva dans le parc et je lui communiquai mon sentiment concernant le mariage de Tom et leur voyage de demain, et l'amenai par le fleuve chez Tom où, prenant ma femme, la servante, le chien et lui, je les amenai chez moi, et ma femme est fort satisfaite de ma maison, et moi aussi tout à fait. J'envoyai chercher à dîner et nous dînâmes avec Mrs Margaret Penn à qui j'avais proposé de nous accompagner à la comédie cet après-midi, et puis au Théâtre du roi où nous vîmes Le songe d'une nuit d'été que je n'avais encore jamais vu, et que je ne reverrai jamais, car c'est la pièce la plus insipide, la plus absurde que j'aie jamais vue. Je vis, il est vrai, quelques bonnes danses et quelques belles femmes, ce qui fut mon seul plaisir.
            Puis je déposai ma femme chez Mrs Turner et rentrai en voiture, et ayant remis Peg Penn à son père sans encombre, rentrai à la maison. Je vis que Mr Deane de Woolwich m'a envoyé la maquette qu'il m'avait promise. Mais elle est tellement mieux que ce que j'attendais que je regrette presque qu'il ne fasse pas ce présent à un plus grand personnage. Mais j'en suis extrêmement heureux et chercherai une façon de lui faire une politesse en récompense.
            Puis à mon bureau et écrivis une lettre à la mère de la maîtresse de Tom à envoyer demain par Cooke. Puis arrivée de Mr Moore dans l'intention d'examiner le dossier de mon affaire de Brampton en vue de l'audience. Mais j'avais l'esprit si plein d'autres questions, comme c'est ma nature lorsque j'ai été si longtemps éloignée d'une affaire que je l'ai presque oubliée, je répugne à y revenir, que je n'ai pas pu m'y remettre. De sorte que nous passâmes la soirée à bavarder, puis à mon logement et au lit.


                                                                                                       30 septembre

            Nous nous levâmes, lui alla à ses affaires et moi à la maison pour inspecter mes ouvriers. Mais grand Dieu ! comme la licence que j'ai prise hier me rend pénible la reprise du travail  ! Mais enfin il le faut, vu la douceur, le plaisir et la paix de l'esprit que j'ai depuis que j'ai renoncé au vin et à la comédie et à d'autres plaisirs et que je me donne à mon travail.
            Puis réunion à mon bureau jusqu'à midi, et dînai avec sir William Penn. Pendant le dîner ma femme arrive au bureau et je la fis monter. Après le dîner nous prîmes une voiture pour aller au Théâtre du duc d'York, où nous avons vu La Duchesse d'Amalff bien jouée, mais Betterton et Ianthe à la perfection. Retour à la maison en voiture, et la chambre de ma femme est prête pour qu'elle y couche ce soir. Mais mon travail me réclamait à mon bureau, de sorte que je restai tard et ne couchai pas avec elle à la maison, mais en mon logement.
            Il est singulier de voir avec quelle facilité mon esprit revient à sa vieille habitude d'aimer la comédie et le vin, m'étant accordé cette double licence depuis deux jours, mais ce soir je me suis de nouveau lié par serment jusqu'à Noël prochain, en quoi je voudrais que Dieu me bénisse et me garde car, s'il plaît à Dieu, je vois là la meilleure façon de m'inciter à m'appliquer à mon travail.
            J'ai aussi fait ce soir mes comptes mensuels et je trouve qu'en dépit de la perte de 30 livres à payer aux Cavaliers fidèles et pauvres en vertu de la loi, j'ai environ 680 livres, ce pour quoi Dieu soit loué. Voici quelle est ma situation présente.
            Je suis en travaux depuis longtemps, et ma maison, à ma grande satisfaction est presque achevée, mais pas au point qu'il n'y ait plus de saleté, ce qui me tracasse aussi, car ma femme était à Brampton ces deux mois et la voici de retour une ou deux semaines avant que la maison soit prête à la recevoir.
Résultat de recherche d'images pour "campagne londres"            Je suis un peu tracassé par la question de ma belle chambre. Je me demande si je pourrai la conserver. Je suis tracassé aussi par l'obligation où je suis obligé de me rendre de façon imprévue au tribunal de Brampton, mais surtout parce que je ne suis pas prêt à comprendre mon affaire, car il y a très longtemps que je ne m'en suis pas occupé et, au mieux, je n'arriverai à m'en occuper que mal.  Mais Dieu, je l'espère, réglera tout ceci pour le mieux, et je suis décidé à m'y mettre sérieusement dès demain. Je prie Dieu de m'y faire réussir, car mes parents et toute notre prospérité dépendent du soin que j'y mettrai.
            Milord Sandwich a été ces temps derniers très poli avec ma femme et a pris soin de dessiner personnellement le plan de certains aménagements à apporter à la maison que nous avons et que j'exécuterai quand j'aurai l'argent.
            Quant au bureau, je m'y suis si bien appliqué ces temps derniers que j'y ai acquis la meilleure réputation qui soit et que j'ai une influence certaine sur Mr Coventry et sur sir George Carteret, que je suis décidé, et elle m'est nécessaire, à conserver par tous moyens honnêtes.
            Tout est calme, mais le roi est pauvre, et il n'y a presque pas d'espoir qu'il en soit autrement. Ainsi donc tout ira à vau-l'eau, particulièrement dans la Marine.
            La récente expulsion du clergé presbytérien pour leur refus de dénoncer le Covenant comme la loi les y oblige, est la plus grande affaire d'Etat dont on parle actuellement. Mais autant que je vois ils sont partis sans faire d'esclandre et le peuple s'y intéresse moins qu'on ne s'y attendait.
            Mon frère a quitté Londres aujourd'hui pour aller voir une deuxième fois sa maîtresse à Banbury, ce dont j'attends beaucoup, et je prie Dieu pour sa réussite. Mon esprit, je l'espère, est de nouveau disposé au travail, car je m'aperçois que négliger le travail pendant deux jours suscite en moi une satisfaction telle que le plaisir dix fois plus grand que m'apporte le travail quel qu'il soit ne saurait l'effacer.


                                                                                à suivre......
                                                                             
                                                                                                       1er Octobre 1662

            Levé l'esprit à peu près en repos........       





                                                                                         



                                                                                                              

dimanche 25 juin 2017

La tombe sans nom La Poupée in Les Chansons de BilitisPierre Louÿs ( Poèmes France )

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                                    Le Tombeau sans nom

            Mnasidika m'ayant prise par la main me mena hors des portes
de la ville, jusqu'à un petit champ inculte où il y avait une stèle de marbre.
Et elle me dit : " Celle-ci fut l'amie de ma mère. "

            Alors je sentis un grand frisson, et sans cesser de lui tenir la
main, je me penchai sur son épaule, afin de lire les quatre vers entre
la coupe creuse et le serpent :

            " Ce n'est pas la mort qui m'a enlevée, mais les Nymphes des
fontaines. Je repose ici sous une terre légère avec la chevelure coupée
de Xantho. Qu'elle seule me pleure. Je ne dis pas mon nom. "

            Longtemps nous sommes restées debout, et nous n'avons pas
versé la libation. Car comment appeler une âme inconnue d'entre les
foules de l'Hadès ? "


°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°


                                   La Poupée                                                                  3petitesmailles.wordpress.com 
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            Je lui ai donné une poupée, une poupée de cire aux joues roses.
Ses bras sont attachés par de petites chevilles, et ses jambes elles-
mêmes se plient.

            Quand nous sommes ensemble, elle la couche entre nous, et
c'est notre enfant. Le soir elle la berce et lui donne le sein avant de
l'endormir.

            Elle lui a tissé trois petites tuniques, et nous lui donnons des
bijoux le jour des Aphrodites, des bijoux et des fleurs aussi.

            Elle a soin de sa vertu et ne la laisse pas sortir sans elle,
pas au soleil surtout, car la petite poupée fondrait en gouttes de
cire.


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                                          Jeux

            Plus que ses balles ou sa poupée, je suis pour elle un jouet.
De toutes les parties de mon corps elle s'amuse comme une
enfant, pendant de longues heures, sans parler.                                              
Résultat de recherche d'images pour "arles antique rodin"
            Elle défait ma chevelure et la reforme selon son caprice,
tantôt nouée sous le menton comme une étoffe épaisse, ou
tordue en chignon ou tressée jusqu'au bout.

            Elle regarde avec étonnement la couleur de mes cils, le
pli de mon coude. Parfois elle me fait mettre à genoux et poser
les mains sur les draps :

            Alors ( et c'est un de ses jeux ) elle glisse sa petite
tête par-dessous et imite le chevreau tremblant qui s'allaite
au ventre de sa mère.


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                                  La Jeune Mère

            Ne crois pas, Myromêris, que, d'avoir été mère, tu
sois moindre en beauté. Voici que ton corps sous la robe a
noyé ses formes grêles dans une voluptueuse mollesse.
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            Tes seins sont deux vastes fleurs renversées sur ta
poitrine, et dont la queue coupée nourrit une sève
 laiteuse. Ton ventre plus doux défaille sous la main.

            Et maintenant considère la toute petite enfant qui
est née du frisson que tu as eu un soir dans les bras d'un
passant dont tu ne sais plus le nom. Rêve à sa lointaine
destinée.

            Ces yeux qui s'ouvrent à peine s'allongeront un jour
d'une ligne de fard noir, et ils sèmeront aux hommes la
douleur ou la joie, d'un mouvement de leurs cils.  


°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°


                              La Purification

            Te voilà ! défais tes bandelettes, et tes agrafes et ta                                 musee-rodin.fr
Image associéetunique. Ôte jusqu'à tes sandales, jusqu'aux rubans de tes
jambes, jusqu'à la bande de ta poitrine.

            Lave le noir de tes sourcils, et le rouge de tes lèvres.
Efface le blanc de tes épaules et défrise tes cheveux
dans l'eau.

            Car je veux t'avoir toute pure, telle que tu naquis
sur le lit, aux pieds de ta mère féconde et devant ton père
glorieux.

            Si chaste que ta main dans ma main te fera rougir
jusqu'à la bouche, et qu'un mot de moi sous ton
oreille affolera tes yeux tournoyants.


°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°


                            La Berceuse de Mnasidika

            Ma petite enfant, si peu d'années que j'aie de plus
 que toi-même, je t'aime, non pas comme une amante, mais
comme si tu étais sortie de mes entrailles laborieuses.

            Lorsqu'étendue sur mes genoux, tes deux bras frêles
autour de moi, tu cherches mon sein, la bouche tendue, et me
tettes avec lenteur entre tes lèvres palpitantes.

            Alors je rêve qu'autrefois, j'ai allaité réellement cette         culturebox.francetvinfo.fr     
Résultat de recherche d'images pour "rodin "bouche douillette, souple et baignée, ce vaste myrrhin couleur
de pourpre où le bonheur de Bilitis est mystérieusement
enfermé.

            Dors. Je te bercerai d'une main sur mon genou qui
se lève et s'abaisse. Dors ainsi. Je chanterai pour toi les petites                                                        
chansons lamentables qui endorment les nouveau-nés.                


                                                                            Pierre Louÿs
                                               in Les Chansons de Bilitis

                                     

vendredi 23 juin 2017

Sur les chemins noirs Sylvain Tesson ( Roman France )


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                                  Sur les chemins noirs

            Sur de petits chemins, parti de l'extrême sud-est, Sylvain Tesson caresse le pays de ses semelles d'homme qui a réchappé à un grave accident. Il s'était fait le voeu de la traverser à pied cette France, s'il arrivait à remarcher. Et c'est un peu raide, avec des clous dans le dos qui l'empêche de dormir sur ce dos. Mais avant de remonter vers le nord il veut oublier la modernité et cette arrière-pensée "...... assurer une conformité psychique de ce peuple impossible.... " et " ..... quelle était cette langue étrangère..... le plaisir de s'essuyer la bouche d'un revers de la veste après une goulée de vin de Savoie...... " Les épaules portent le sac et les jambes moins douloureuses il avance sur les routes et à travers les sous-bois de Haute-Provence. La pensée de sa mère morte récemment, et puis celle de son idole, François Villon. Il ne parle guère, achète 300 grammes de tome pour 3 euros à une fermière, boit du bouillon et du sirop, pas d'alcool dangereux mélange avec les médicaments. Le 9 septembre il est dans le Comtat Venaissin "..... Les matins étaient difficiles. Il me fallait secouer les mauvais rêves, chauffer les cartilages...... La combe où je descendis dans l'aube était moussue, ombreuse...... " Il poursuit sa route évitant une campagne en miettes. Plus tard vers Tours un ami le rejoint. Ils parcourent 10, 15 kilomètres dans une journée, tous deux habitués des grandes randonnées, lui a aussi un deuil qui l'enveloppe. " Le 17 septembre dans le bois de Païolive.... " Sylvain Tesson poursuit ".... me frayer le plus possible un chemin noir..... j'avais réussi à me tenir sur le réseau des pistes oubliées.... " Il rencontre des Autrichiens, des Anglais installés récemment hors circuit touristique. Plus tard il atteint le Contentin, son but. Sa soeur le rejoint quelques heures. " ..... Je passai la See et allai vers Genêts..... L'âme me montait à la peau, comme disait Théophile Gautier..... " 24 août frontière italienne, deux mois et demi plus tard, jambes raffermies, le 8 novembre ".... Le bord de la carte et la fin du territoire....... "  

jeudi 22 juin 2017

Sélection officielle Thierry Frémaux ( Autobiographie France )



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                                           Sélection officielle

          Vie entre deux films, entre deux villes, de Lyon à Paris voler dans la journée à NewYork, rencontrer Scorcese, le préparer à un hommage à l'institut Lumière, à Lyon où il restera une semaine pour dans le même temps poursuivre le montage de son futur film, puis à Buenos Aires, au festival de Toronto, ainsi Thierry Frémaux parcourt la planète et tient un journal.  Prenant un TGV à 7h 21 à Lyon, arrivé à Paris ( il loge rue de Lyon ) il sillonne la ville allant du 7è arrondissement où se trouvait alors les bureaux du Festival de Cannes, en bicyclette, ailleurs dans la ville. Les fins de semaine sont souvent consacrées à quelque course de vélo. Devenu délégué général du plus couru des festivals, à la suite de Gilles Jacob, il visionne cette année-là, de juin 2015 à mai 2016, 1867 films. L'équipe en repoussera 1800. Ce qui était une passion pour le jeune homme né à Lyon, est devenu un travail parfois harassant. Assez discret, il lui faut convaincre ou repousser. Des noms connus, Sean Penn, Almodovar, Catherine Deneuve, Scorcese, mais aussi beaucoup d'inconnus pour visionner les dizaines de DVD emportés les fins de semaine, mais le courage est compensé par la fréquentation des meilleurs restaurants, des lieux les plus agréables du moment. Le 12 mars à 2 mois de l'ouverture la sélection est à peine ébauchée, certains films en montage, tel celui de Woody Allen prévu pour l'ouverture, hors compétition. L'organisation de 10 jours de festivités cannoises est une ruche. A Cannes le Blue Bar disparu au profit de l'Agora est regretté. Cannes et son important marché du film. Pourtant à Odessa le délégué général du festival cannois est touché par la ferveur du petit festival. A Lyon où il mène une vie familiale assez discrètement évoquée dans le livre, ce grand amateur de cinéma s'occupe de l'Institut Lumière qui ces dernières années a vu passer le gotha des réalisateurs et des comédiens. " ....... Le Festival de Cannes a deux activités principales : la Sélection officielle et le Marché du Film..... " S'il vit cinéma, il fréquente les librairies, dans le Vieux Lyon. Feuilletant le journal de Cocteau " ...... Il y a un moment de fatigue où les films n'entrent plus en nous. Une sorte de sommeil qui ne fait pas dormir ressemble à celui des enfants qui n'écoutent plus le conte mais seulement le murmure de la voix de leur mère. Je suivais et je ne suivais pas..... " Sélection des membres du jury. Différentes sections, Un Certain Regard, Cannes Classic..... Horaires et jours de passage, matin, après-midi, minuit, "..... On n'a pas idée de l'énergie qu'il faut pour réussir un film. Ou le rater. Certains en sont morts de trop de désirs, de désespoir, de solitude..... " Supporter de l'Ol, lors d'une soirée d'après-match il cite Ventura dans un film de Lautner " ..... Je critique pas le côté farce, mais pour le fair-play y aurait quand même à dire..... " Gros bouquin, près de 600 pages,




mardi 20 juin 2017

Les obus jouaient à pigeon vole Raphaël Jerusalmy ( Roman France )





                                         Les obus jouaient à pigeon vole

            24 heures dans la vie d'un poète. 1916 le poète, lui et ses camarades, attendant le passage du zeppelin qui précède les déferlements d'obus des ennemis s'occupent. les fraises Tagada avalées, la faim encore, le poète lit une revue Le Mercure, mécontent car Paul Léautaud lui a refusé un poème pour ce numéro, mais des vers trottent dans sa tête depuis ce matin, s'envolent. Ils les rattrapent juste à ce moment et les note au crayon à papier sur la revue entre les lignes du poème d'un autre choisi pour ce numéro.  Ce jour-là le zeppelin passa à l'heure précise habituelle, 16 h 15. Un éclat d'obus atteignit la tempe du poète. Il ne mourut pas ce 17 mars 1916 au lieu-dit le Bois des Buttes. Gui de Kostrowitzky, Guillaume Apollinaire pour son public, échappa à la mort et la revue tâchée de sang s'envola vers le guetteur allemand. Des milliers moururent dans cette plaine où brillaient les canons. L'auteur qui connaît bien le sujet commence le livre, court, le 16 mars, très exactement 24 heures avant l'impact, 23, 22 heures etc. avant la blessure. Et dans ces chapitres de très peu de pages, il nous conte le quotidien de ce groupe d'hommes. Apollinaire leur a donné des surnoms, Père Ubu, lui Cointreau-whisky, Trouillebleu le meilleur tireur de l'équipe "..... un snaille-peur comme disent les anglais....... - ....... Cette guerre n'apportera rien de nouveau..... - Les hommes n'ont pas attendu Verdun pour avoir des gueules cassées..... Ils ont laissé Picasso leur coller le nez au milieu du front..... narines carrées.... " Cointreau-whisky reçoit des lettres de partout, de Cocteau qui lui propose d'écrire le livret d'une pièce, Parade. Il répond à sa mère, à sa marraine de guerre, lettres sages, et puis à Madeleine, amour d'un temps, Les hommes vivent dans la boue utilisée pour faire un dossier, un accoudoir, cachés tant bien que mal derrière les sacs de sable. Chapitres séparés par quelque vers d'Alcolls et de Calligrammes. Pour qui aime Apollinaire, le livre complète bien les Lettres à Madeleine où le poète décrit aussi ces moments cruels. Un très joli volume dans un format carré. Il se glisse dans la poche. Ecrire des lettres, donner des nouvelles, problèmes pour tous sauf Cointreau-whisky "........ Mentir à ceux qu'ils aiment. Il fait beau...... Cointreau-whisky tartine des pages entières avec de la suie diluée. L'encre manque..... "

lundi 19 juin 2017

Catéchisme laïc Georges Darien ( Nouvelles France )

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                                   Catéchisme laïc

            D - Qu'est-ce que c'est que la France ?
            R - C'est un pays libre.
            D - Pourquoi est-elle libre ?
            R - Parce qu'elle est en république.
            D - Comment savez-vous qu'elle est en république ?
            R - Parce que c'est écrit sur les feuilles des contributions.
            D - Qu'est-ce que c'est que le Parlement ?
            R - Travailler sans relâche au bonheur du peuple.
            D - Le Parlement s'acquitte-t-il toujours de sa mission ?
            R - Toujours.
            D - En quoi consiste le bonheur du peuple ?
            R - Il consiste à payer les impôts.
            D - Pouvez-vous dire pourquoi ?                                                               editionsdelondres.com 
Résultat de recherche d'images pour "georges darien"            R - Certainement. Le produit des impôts entre dans les caisses de l'Etat, et comme l'Etat c'est tout le monde, plus il devient riche, plus tout le monde devient riche.                                                                                      
           D - Quels doivent être les sentiments d'un citoyen à l'égard d'un   * membre du Parlement ?
           R - L'admiration et le respect.
           D - Cette règle souffre-t-elle des exceptions ?
           R - Pas une.
           D - Qu'est-ce que c'est que l'Etat ?
           R - C'est la forme agissante de la Patrie.
           D - Qu'est-ce que c'est qu'un fonctionnaire ?
           R - C'est la forme de cette forme.
           D - Quels sont les devoirs d'un citoyen à l'égard d'un fonctionnaire ?
           R - L'obéissance et le respect.
           D - Cette règle est-elle absolue ?
           R - Oui. Si l'on cessait de respecter les fonctionnaires et de leur obéir, ils disparaîtraient.
           D - Quelle serait la conséquence de cette disparition ?
           R - L'anarchie. La barbarie.
           D - Comment pouvons-nous tenir en échec cette barbarie ?
           R - Par le libre jeu de nos institutions, qui nous mettent au premier rang des peuples civilisés.
           D - Qui nous a dotés de ces institutions ?
           R - La Loi, c'est-à-dire la volonté populaire.
           D - Comment s'exprime cette volonté ?
           R - Par la voix des mandataires du peuple.
           D - Que représentent donc ces mandataires ?
           R - La Patrie.
           D - Qu'est-ce que c'est que la Patrie ?
Image associée           R - La portion du globe où un homme s'est donné la peine de naître, et où il peut continuer à vivre tant que l'argent ne lui manque pas, qu'il paye ses impositions et qu'il ne gêne point le gouvernement.
           D - Jusqu'à quel point un citoyen doit-il aimer sa patrie ?
           R - Jusqu'à la mort.
           D - Comment appelle-t-on un citoyen qui remplit tous ses devoirs ?
           R - Un contribuable.


             

      * editionsdelondres.com                                                           Georges Darien
                                                                                                                 1901