Sonnet 128
Musique de ma vie, souvent, lorsque tu joues
Quelque musique et que le bois tressaille
Sous tes chers doigts qui font jouir les cordes
D'une harmonie qui subjugue mes sens,
Combien j'envie ces touches qui, légères
Ne cessent de baiser le creux de tes mains
Quand mes lèvres, frustrées de cette cueillette,
Rougissent près de toi, de les voir si hardies !
Pour de telles extases je les sens prêtes
A se substituer à ces touches dansantes
Que parcourent tes doigts, douce pression qui rend
Le bois mort plus heureux que la lèvre vive !
Pourtant, si c'est ce qu'elles aiment, ces effrontées,
Laisse-leur tes doigts à baiser, donne-moi tes lèvres.
William Shakespeare
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Sonnet 103
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Hélas, si décevants les travaux de ma Muse,
Quand tant lui permettait d'être ambitieuse !
Leur thème, par lui-même, vaut bien plus
Que lorsque ma louange s'y ajoute.
Ne me blâme donc pas si je n'écris plus !
Regarde en ton miroir : y paraît un visage
Qui passe de très loin ma pauvre invention,
Mes vers en sont éteints, ma honte est grande.
C'est pécher que gâter, en voulant l'embellir,
Un objet qui est beau en son être propre,
Or, je n'avais qu'un but, c'est de décrire
Tes charmes, et les dons qui te favorisent.
Regarde en ton miroir : tu y verras
Bien plus, bien plus que mes vers puissent dire.
William Shakespeare
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