dimanche 12 juillet 2020

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 124 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )


Les 64 meilleures images de MOLIERE - Jean Baptiste POQUELIN | Jean  baptiste, Comédien, Baptisé

                                                                                                          1er Septembre 1664

            Triste nuit pluvieuse. Levé et au bureau, occupé toute la matinée. A midi à la Bourse d'où je ramenai Mr Pearse, le chirurgien, et Creed et nous dînâmes gaiement et fort bien. Mais, ma femme étant indisposée, ne fut pas des nôtres. Et on découpa le grand gâteau envoyé dernièrement par Moorcock, et qui est très bon. Eux partis, je suis retourné à mon bureau où très occupé jusque tard dans la soirée, puis rentré souper et, au lit.


                                                                                                                  2 septembre

            Levé de très bonne heure et allé à pied ( accompagné de mon petit valet ), chez Mr Cole. Après une longue attente en bas, car il était aux mains du barbier, je parlai avec lui et il me donna de grands espoirs de recouvrer ce que mon frère me devait, et aussi que tout irait bien pour mon père. Mais allé chez les avoués à qui il m'envoie. Ils me disent tous les deux que, bien que je puisse amener mon père à reconnaître un jugement, puisqu'il sait cependant que des contrats sous seing privé peuvent lui être opposés, il est obligé d'en plaider la connaissance avant de me payer, sinon il irait à l'encontre de ses propres intérêts.
            Je me donnai grand-peine ce matin pour bien comprendre tout cela et j'espère avoir saisi ce que vaut notre cause aussi mauvaise soit-elle. Ce qui est mieux que de continuer à dépenser de l'argent pour rien du tout. Toutefois, je me renseignerai encore un peu.
            Rentré chez moi à pied en faisant maintes courses, à ma grande satisfaction. A la Bourse rencontré plusieurs personnes avec qui je parlai de la fourniture de pièces de huit à Tanger. Rentré dîner en haut, ma femme indisposée étant alitée, je dînai auprès de son lit. Mais je la fis lever et elle sortit avec moi en voiture pour aller à la foire de la Saint-Barthélémy, escortés par notre valet, et là je leur montrai et vis moi-même les danseurs de corde et plusieurs autres des meilleurs spectacles. Mais c'est charmant de voir comme notre garçon se tient, avec tant de gaucherie naïve que c'est à en rire. Restés là jusqu'à la nuit, puis arpenté la foire afin d’acheter, pour ma femme des peignes à donner à ses servantes. Et puis rentrés en voiture et au bureau consignai mon travail de la journée, et rentré chez moi puis, au lit.


                                                                                                                             3 septembre

            J'ai passé une mauvaise nuit, sans bien dormir, comme l'a observé ma femme, et une ou deux fois elle me réveilla, et je crus que j'avais été dévoré par les puces et au matin elle morigéna ses servantes pour n'avoir pas pris garde aux puces ces jours-ci. Mais en me levant je m'aperçois que ce n'est que le changement de temps qui passe du chaud au froid, ce qui, comme il y a deux hivers, me bouche les pores, de telle sorte que le sang me picote et me démange de partout toute la journée. Et cela continua ainsi, toute la journée, comme l'autre fois. Et, s'il continue de faire si froid, je crains d'en venir au même point. Mais une suée me guérit alors, et j'espère, comme on me le dit, qu'il en sera de même cette fois.
            Au bureau en réunion toute la matinée. Dîné à la maison, et après à Whitehall pour la commission des pêcheries, mais nous n'y fûmes pas plus de quatre et ne pûmes rien faire. Et c'est chose bien triste qu'une tâche si importante soit si négligée, car de ce pas elle ne peut aboutir à rien d'autre qu'à notre honte à tous. Nous levâmes la séance sans avoir rien fait.
            J'allai donc à pied à Westminster où, chez mon barbier, j'eus la bonne fortune de trouver Jane seule. Je causai avec elle et obtins de la pauvrette la promesse de me voir à l'abbaye demain en huit, car elle me dit que son maître et sa maîtresse se sont mis en tête de lui trouver un mari et ne la laissent donc pas sortir sans eux, si ce n'est qu'à l'heure du sermon le dimanche elle sort. J'aimerais bien lui trouver un bon mari, car j'ai toujours trouvé que c'était une fille aussi aimable que jolie.
            Rentré chez moi en faisant quelques courses en chemin et à mon bureau. Mr Hollier vint afin de discuter des privilèges de la compagnie des chirurgiens pour ce qui est de notre signature des listes, sujet sur lequel je lui donnai satisfaction, mais rien qu'un peu, car nous ne voulons pas perdre notre pouvoir de les recommander une fois qu'ils ont l'agrément de la compagnie. 
        Fichier:Louis XIV et Molière déjeunant à Versailles.jpg — Wikipédia                          Proverbe belge - Tel maître, tel Valet (man/serviteur Photo Stock - Alamy                                        Lui parti je reste tard pour envoyer par la poste, etc. Puis souper et, au lit. Mes démangeaisons et mes chatouillements persistant, puisqu'il continue de faire froid. Et Mr Hollier me dit que de suer me guérira à tout moment.


                                                                                                                 4 septembre
                                                                                                Jour du Seigneur
            Fis une grasse matinée puis me levai et pris ma purge, celle de Mr Hollier. Mais comme il fait froid et que je me néglige, je crains d'avoir pris froid d'en avoir arrêté l'effet. Mais je me sens assez bien.
            Passé toute la matinée à passer ma vieille garde-robe en revue et à mettre de côté des habits pour mon frère John et pour mon père, ce qui m'a laissé très démuni de vêtements, mais il m'en restera autant que j'ai besoin et le reste ne ferait que se gâter à être gardé.
            Très bien dîné ma femme et moi et tout l'après-midi, à l'étage, le petit valet et moi chantons des psaumes et arriva Mr Hill qui chanta avec nous un moment. Lui parti, le valet et moi, chantons derechef les motets de Mr Porter, et ce m'est une grande joie d'être parvenu au point d'entretenir chez moi quelqu'un qui sache me donner le plaisir que me donne ce garçon par sa parfaite intelligence de la musique, car il chante n'importe quoi à vue.
            Mr Hill était venu me dire qu'il avait trouvé une dame de compagnie pour ma femme, une Mrs Ferrabosco qui chante fort admirablement. Je fis mine d'en être bien aise, mais on me dit qu'elle donne trop dans l'élégance pour moi, et je ne suis pas fâché de m'en passer.
             Puis au bureau, mis bon ordre dans quelques papiers, et à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                                 5 septembre 1664

            Levé et à St James où nous traitâmes nos affaires avec le Duc. Tout notre discours n'étant que de guerre dans la plus large mesure. Le prince Rupert était des nôtres. Il se prépare à prendre la mer à bord de l'Henrietta. Plus tard à Whiehall je le rencontrai avec Mr Grey et me parla. Il dit, entre autres :
            " - Sacredieu ! Je ne puis répondre que d'un navire, et pour cela je ferai mon devoir. Car ce n'est pas là comme dans une armée, où un seul homme peut tout commander. "
            Tantôt à la commission des Pêcheries, en présence du duc d'York où, après que George Duke fut fait secrétaire, nous désignâmes un comité, dont je devins membre bien volontiers, parce que je veux me mêler de cette affaire, pour être au courant et pour qu'on sache que j'y fais quelque chose. Ainsi, après avoir réparti les tâches de ce comité, nous levâmes la séance et je rejoignis ma femme chez Unthank et allai avec elle de boutique en boutique, dépensant près de 10 livres ce matin en habits pour elle. Puis à la Bourse où restai un moment, rentré chez moi pour dîner, et William Bowyer vint dîner avec nous. Mais c'est merveille qu'il ne puisse souffrir les oignons dans la sauce de l'agneau, mais fut incommodé rien qu'à les voir et fut donc forcé de faire son dîner d'un ou deux œufs. Il nous dit que le mariage de Mrs Lane est sa perte et qu'elle désire me parler. Or je sais que c'est uniquement afin d'obtenir de moi que je fasse quelque chose pour elle et que je procure à son mari une place à laquelle il n'est propre en aucune façon.
            Après dîner descendu à Woolwich en yole, puis à Deptford, puis rentré chez moi, lisant pendant tout le trajet l'Aglaura de sir John Stuckling qui, ce me semble, n'est qu'une pièce médiocre, sans construction.
            En rentrant chez moi, c'est merveille comme je fus chagriné de trouver ma femme, ce qui n'était que politesse nécessaire, attendant la visite de Mr Penn, qui était déjà venu et avait été renvoyé par nos gens et, comme il l'avait été par trois fois, elle trouvait malséant qu'il le fût derechef. Même cela éveilla aussitôt ma jalousie et me contraria beaucoup. Cependant, il ne vint pas, ce qui me rendit bien aise.
            Souper et au bureau jusqu'à 9 heures ou à peu près, puis à la maison et, au lit.
            Ma tante James est venue deux fois aujourd'hui avec Kate Joyce pour nous voir. La deuxième fois ma femme était à la maison et, à ce qu'il semble, elles vont à Brampton, ce dont je suis fâché à cause des dépenses que cela va causer à mon père. Mais il faut s'en accommoder, et ma mère a envie de les voir. Mais je m'en veux beaucoup de mon orgueil et de mon mépris pour ma tante et pour ceux de mes parents qui ne se sont point élevés autant que moi, tout ce temps que je ne l'ai vue ni ne l'ai invitée.


                                                                                                                    6 septembre

            Levé et au bureau en réunion toute la matinée. A midi rentré dîner, puis à mon bureau où j'attendis en croyant avoir la visite de la femme de Bagwell pour affaires, de sorte que j'aurais pu causer avec elle, mais elle ne vint pas. Allai donc à Whitehall en voiture avec Mr Andrews, et fis signer et sceller par nous son contrat pour les subsistances de Tanger. Ainsi toute cette affaire est terminée et j'espère l'avoir bien menée, et grâce à elle recevoir 100 livres la semaine prochaine, Dieu soi loué !
            Puis allé chez William Joyce et chez Anthony les inviter à dîner et à voir ma tante James chez moi, d'autant plus qu'ils s'en vont tous chez mon père la semaine prochaine et que je voudrais être un peu aimable à leur égard avant qu'ils ne partent.
            Rentré à la maison après avoir rendu visite à Doll, notre jolie femme de la Bourse, pour lui offrir une paire de gants garnis de rubans jaunes, pour aller avec le jupon qu'elle acheta hier, qui me coûtent 20 shillings. Mais elle est si jolie que, Dieu me pardonne ! cela ne m'a point paru trop cher, car c'est à un degré singulier que je suis esclave de la beauté, que je prise par-dessus tout.
            En rentrant à la maison, et ma voiture s'arrêtant à Newgate devant un volailler, j'en profitai pour acheter un lapin. Mais il se révéla vieux et coriace quand je le mangeai, comme je fis après une heure au bureau. Et après souper, j'y retournai jusqu'à 11 heures du soir passées. Puis à la maison et, au lit.
            Aujourd'hui Mr Coventry nous conta comment le Duc reçut l'ambassadeur de Hollande l'autre jour, lui disant que s'ils pensent que nous badinons, il croit que le prince Rupert qui part pour la Guinée avec cette flotte, leur apprendra bientôt que nous sommes sérieux, et qu'il fera de même, pour sa part, avec l'escadre restée dans nos eaux. Quant aux Meschants ( nte de l'éd. Les Puritains ou les Malignants ). dont l'ambassadeur dit au Duc, qu'il y en avait en Angleterre qui espéraient profiter de la guerre du roi, il dit que " les Anglais ont toujours su unir leurs différends entre eux pour affronter leurs conflits avec l'étranger ", et que Cromwell, nonobstant les Meschants de son époque, qui étaient les Cavaliers, ne les trouva jamais sur son chemin dans ses entreprises à l'extérieur. Et qu'il ne doutait point de vivre assez pour voir les Hollandais craindre autant de provoquer les Anglais sous le gouvernement d'un roi qu'il se souvenait d'avoir vu sous celui d'un coquin .
     Générosité des floraisons dans un jardin anglais (Jardins anglais)                              pinterest.fr    Art works | Hermitage museum, Voltaire, Sell art prints                                J'ai conté toute cette histoire à milord Sandwich ce soir dans une lettre envoyée aux Downs, car elle est belle et véridique, mot pour mot de la bouche de Mr Coventry aujourd'hui.


                                                                                                                    7 septembre

            Grasse matinée aujourd'hui à causer agréablement avec ma femme du dîner que nous donnerons pour les Joyce dans un ou deux jours. Puis lever et, en compagnie de Mr Margetts à Limehouse pour voir le terrain de sa corderie. Il est fort beau et je crois que nous en ferons usage pour la Marine, car les terrains royaux ne suffirons pas à nos approvisionnements si vient la guerre.
            De retour à la Bourse où il n'est bruit que de l'effronterie des Hollandais qui nous met tous dans l'embarras, moi en particulier à cause de milord Sandwich quand je pense qu'il se trouve où il est pour être sacrifié s'ils s'attaquent à nous. 
            Rentré, Creed avec moi, et dîner. Après dîner je rejoins mon bureau et fais entrer la femme de Bagwell qui, comme je le savais, m'attendait. Mais on vint si tôt me voir que je ne pus causer avec elle comme j'en avais eu le dessein, pour le plaisir. Sorti donc tantôt avec Creed. Allé à pied à la foire de la Saint-Barthélémy, dont c'est le dernier jour, pour voir le meilleur danseur de corde que j'ai vu de ma vie, et c'est ce que tout le monde dit.
            Rentré en voiture à la maison. Je trouve ma femme déjà coiffée par sa suivante, Mrs Mercer qui doit venir demain. Mais ma femme devant aller demain à un baptême, elle est venue la coiffer dès ce soir/
            Un moment à mon bureau, puis souper et, au lit.


                                                                                                                   8 septembre

            Levé et au bureau affairé toute la matinée. A midi dîner à la maison puis descendu par le fleuve en yole jusqu'à Woolwich et revenu dans la soirée. Diligence faite pour équiper cette flotte de Guinée, mais elle est peu capable d'assurer le service du roi si l'on en vient à la guerre. Cet après-midi ma femme, fort bien habillée par sa nouvelle suivante, Mary Mercer, fille d'un négociant ruiné qui nous est procurée par notre Will, fut au baptême de l'enfant de Mrs Mill, la femme du pasteur, chez qui elle n'était auparavant jamais allée. Après mon retour, Mr Povey vint me voir et m'emmena souper chez Mr Bland qui, maintenant, fait toute diligence pour partir pour Tanger. Repas assez joyeux et plaisante conversation. Me plus à admirer le savoir et l'expérience de Mrs Bland que je crois aussi bonne négociante que son mari. Je rentrai à la maison où je trouvai Mrs Mercer, dont la personne me plaît bien et qui, je crois, donnera satisfaction, ou du moins je l'espère. Un peu à mon bureau et puis, au lit.


                                                                                                                            9 novembre

            Levé, et afin que tout soit prêt pour le dîner, je sortis et achetai diverses choses, entre autres une douzaine de salières d'argent,. Rentré et au bureau où quelques-uns d'entre nous se réunirent brièvement, puis à la maison et, à mon arrivée mes hôtes, Anthony et William Joyce et leurs femmes, ma tante James fraîchement arrivée du Pays de Galles et ma cousine Sarah Giles, son mari ne vint pas et elle me laissa entendre par la suite que c'était parce qu'il ne pouvait pas encore me rembourser les 40 shillings qu'elle m'emprunta il y a un an. Je fus aussi gai que je le pouvais et leur donnai un bon dîner. Mais William Joyce parla tant que tous les autres en restèrent muets et se gaussèrent de lui. J'oubliais qu'il y avait Mr Harman et sa femme. Ma tante est une brave femme sans malice. Ils ne parlent que de son départ pour Brampton chez mon père, la semaine prochaine, avec mes deux cousines Joyce et Will, le petit garçon de William, qui était là aussi aujourd'hui. Ce qui sera souci et dépense pour mes parents. Cependant mon père et ma mère désirent les voir, alors qu'ils y aillent ! Ils contemplèrent avec admiration mon grand buffet d'argenterie. J'avais mis aujourd'hui mes deux brocs à vin sur la table et, en vérité, ils sont beaux à voir, plus beaux que je n'espérai jamais en voir m'appartenir. Mrs Mercer dîna à table avec nous, ce dîner étant son premier chez moi.
            Après dîner les quittai pour aller à Whitehall où courte réunion de la commission de Tanger. Rentré de nouveau à la maison où ma femme, Mrs Mercer, Tom et moi, veillons jusqu'à 11 heures à chanter et à musiquer. Et ce m'est une grande joie que de me voir disposer de tant de plaisir chez moi que c'est et que ce sera encore, j'espère, un plaisir constant pour moi d'être à la maison. La jeune fille joue assez bien du clavecin, mais seulement des airs faciles, mais elle a du doigté. Elle chante un peu, mais elle a une jolie voix et de l'oreille. Mon valet, brave garçon, chante à ravir et est à présent, tant qu'il garde ses manières ignorantes, le plus charmant garçon que j'aie jamais vu. Souper et, avec grand plaisir, au lit.


                                                                                                                           10 septembre 1664

            Levé et à mon bureau, réunion toute la matinée. Et je suis fort chagrin de penser comment finira notre pesante inertie, car nous ne faisons rien dans ce bureau comme des gens capables de mener une guerre. Il faut nous chasser ou en mettre d'autres.
            Dîné à la maison, puis ma femme, moi et Mrs Mercer, au Théâtre du Duc où nous vîmes Les Rivaux, qui n'est pas une excellente pièce, mais bien jouée. En particulier Mrs Gosnell vient chanter et danser à ravir, cependant elle ne resta pas dans le ton, de telle sorte que les instruments ne pouvaient plus la suivre et que Harris lui-même détonna pour s'accorder à elle.
             Rentré à la maison où resté tard à écrire des lettres. Et ce soir je reçus, par l'intermédiaire de Will 105 livres, les premiers fruits de mes efforts dans l'affaire des récents contrats de subsistances pour Tanger, ce pour quoi, Dieu soit loué ! Car je puis dire avec la conscience nette que j'ai là épargné au roi 5 000 £ par an et me suis cependant donné l'espérance de 300 £ par an sans le moindre tort fait au roi.
            Souper et, au lit.


                                                                                                                      11 septembre
                                                                                                           Jour du Seigneur      
            Levé et à l'église du meilleur air que je n'y suis allé de longtemps, c'est-à-dire avec ma femme et sa dame de compagnie, Mrs Mercer avec nous et mon valet Tom pour nous escorter.
            Sermon ennuyeux. Rentrés, dîné. Laissé ma femme aller seule à l'église et parti à pied en hâte, étant en retard, pour l'abbaye de Westminster selon ma promesse de rencontrer Jane Welsh, et m'y promenai en trouvant le temps long à l'attendre de 3 heures à 6 heures du soir. Mais de Jane, point, ce qui me fâcha. Si ce n'est que j'en passai une partie avec Mr Belgrave qui se promenait dans l'abbaye et qu'il me décrivit comment est gouvernée et ordonnée la chapelle de Whitehall et comment on a garde de n'y admettre personne de débauché, ce qui me plut à entendre, quoiqu'il me dise qu'il y a là d'assez vilaines gens. En rentrant à la maison passé chez Jervas, et voilà que Jane était à la porte, et j'entrai et bus avec elle, son maître et sa maîtresse étant sortis. Elle me conta qu'elle n'avait pu venir cet après-midi mais promit pour une autre fois. 
            Je rentrai chez moi à pied, content de lui avoir parlé, et m'en fus chez mon oncle Wight où ils étaient tous en train de souper avec, entre autres, la belle Margaret Wight qui, en vérité, est fort jolie. Après souper rentré à la maison, prières et, au lit.
            Il paraît que cet après-midi sir John Mennes eut un malaise à l'église et qu'en descendant de la  1718fr                             Les voûtes de la salle capitulaire de la cathédrale de Wells médiévale,  style gothique anglais, Wells, Somerset, Angleterre Photo Stock - Alamy                                            tribune il tomba mort. Mais il revint à lui, et se porte assez bien.


.                                                                                                                     12 septembre

            Levé et chez mon cousin Anthony Joyce où pris congé de ma tante James et des femmes de mes deux cousins, qui prennent le coche aujourd'hui pour aller chez mon père. J'ai donné à ma tante 20 shillings en souvenir pour ma mère et 10 shillings pour Pall.
            Puis en voiture à St James où nous traitâmes nos affaires, comme à l'accoutumée, avec le Duc. Je le vis avec grand plaisir jouer avec sa petite fille, comme un père ordinaire avec son enfant.
            Allé à pied chez Jervas où je pris Jane à part dans la boutique et elle m'apprit que son maître et sa maîtresse allaient sortir. Je partis donc et revins une demi-heure plus tard.
            J'allai, entre-temps, à l'abbaye, voir les tombes, avec grand plaisir. Retourné vers Jane et monté à l'étage, je bus avec elle et demeurai deux heures en sa compagnie à l'embrasser, mais rien de plus.
            Pris ensuite un bateau et allai par le fleuve aux Étables de Chelsea, en face de Vauxhall, dans l'intention de voir plonger Greatorex, que Jervas et sa femme sont allés voir, et je les y retrouvai, plutôt en guise de prétexte pour être resté si longtemps chez eux. Mais, n'étant point équipé de ce qu'il fallait pour voir, je ne restai pas, mais revins à Jane. Mais elle ne pouvait sortir avec moi. Je m'en fus donc au logis de Mr Creed et, en sa compagnie, fis les cent pas à la nouvelle Bourse en causant fort sérieusement de la commodité et de la nécessité qu'il y a de porter de bons vêtements. Puis, après avoir mangé un plat de crème, je pris congé de lui. Il m'accompagna jusqu'à la fontaine de la Fleet. Il me proposa, sur ma demande, de placer quelque argent chez Backwell à 6 % d'intérêt, ce qu'il accorde rarement. Je vais y réfléchir, hésitant beaucoup à me fier à ces grands négociants, parce qu'ils sont mortels. Mais aussi, il est fort commode d'avoir son argent dans un délai d'une heure.
            Puis chez l'oncle Wight où je soupai avec ma femme, leur ayant offert une belle bourriche d'huîtres, présent de Mr Povey.
            Rentré chez moi puis, au lit.


                                                                                                             13 septembre 1664

            Levé et au bureau, affaires en réunion toute la matinée. Dîné chez moi et après à la maison des poissonniers où se réunit pour la première fois la commission des Pêcheries et où l'on dit maintenant bonnes choses sur la rappe de quarts de penny qui fut proposée comme un moyen de lever des fonds pour cette affaire, et puis sur des loteries, mais dans une grande confusion. Mais j'espère que nous prendrons l'habitude d'un plus grand ordre.
           Rentré de nouveau chez moi et au bureau d'où, après les affaires, retour à la maison et un peu de musique, après souper et, au lit.


                                                                                                             14 septembre

            Levé et, ne trouvant pas certaines choses qui auraient dû être prêtes pour m'habiller, je me mis en colère. Et une chose en amenant une autre, ma femme finit par donner son congé à Bess, ce que cette fainéante, par crainte, par malice ou par niaiserie, je ne sais, prit au mot, et demanda la permission de sortir se chercher une autre place, et le fit. Ce qui me contraria jusqu'au fond du cœur, car nous n'aurons jamais servante de meilleur caractère, si ce n'est qu'elle est étourdie.
            Au bureau toute la matinée et à midi à la Bourse d'où je partis en compagnie de sir William Warren et j'en profitai pour le prier de me prêter 100 £, et il dit qu'il me remettrait de tout cœur à l'instant, puisqu'il m'avait promis, il y a peu, de me faire un présent de 100 livres pour la peine que je m'étais donnée dans l'affaire de ses deux contrats pour des mâts, et que ce serait son présent. C'est bien pour cela que j'avais abordé le sujet et, de cette façon, j'espère être bientôt en possession de ces 100 £, dans deux ou trois jours.
            Rentré dîner, puis au bureau et descendu par le fleuve à Blackwell pour inspecter un endroit que nous avons trouvé pour entreposer des mâts, et je crois qu'il conviendra très bien. 
            Rentré à la maison où je trouve Mr Penn venu visiter ma femme et je restai avec eux jusqu'à ce que l'on vint me quérir pour aller chez Mr Bland, où il était convenu que j'irais souper. Et, bien malgré moi, je les laissai ensemble, mais Dieu sait que c'était sans aucune raison, en conscience, de craindre rien de mal entre eux, mais telle est ma folie naturelle. Arrivé là-bas, ils voulurent absolument avoir ma femme et donc, Mr Bland et sa femme ( c'était la première fois qu'elle se rendait chez moi ou ma femme chez elle ), très civilement allèrent la chercher et la ramenèrent avec Mr Penn. Puis vint Mr Povey et nous fîmes un souper admirable et fort gai, afin de prendre congé de Mr Bland qui est sur le point de partir pour Tanger. 
            Rentrés tard à la maison, prières et, au lit.


                                                                                                                  15 septembre

            Au bureau toute la matinée, puis à la Bourse et ensuite dîner, Llewellyn dînant avec nous.
Après dîner vinrent de nombreuses personnes qui me retinrent tout l'après-midi. Entre autres, le grand-maître et les gouverneurs de la maison des chirurgiens. Ils restèrent à plaider leur cause devant moi. Je leur répondis du mieux que je pus et les quittai après qu'ils furent demeurés deux heures.
            Allé à mon bureau expédier les affaires, que j'ai en nombre sur les bras, puis tard à la maison, souper et, au lit.


                                                                  à suivre...................

                                                                                                                  16 septembre

            Levé de bonne................

            


             














samedi 11 juillet 2020

Mémoires d'un vieux con Roland Topor ( Roman France )

couverture Memoires d'un vieux con



                                     Mémoires d'un vieux con

            Paru dans la collection " Les Insensés ", les Mémoires d'un vieux con " sont rassemblés dans un bon volume à l'aube des 90 ans de l'auteur de cette fiction, à demi-réaliste puisqu'elle rassemble environ 370 personnalités, principalement du monde des arts, croisées par celui qui se conte peintre, jeune prodige, copieur, puis créateur lorsqu'il quitte le Luxembourg où il est né, s'installe à Paris guidé et accompagné de Frantz, maître d'hôtel qui retrouve facilement un poste à Paris et crée un premier réseau de clients pour les toiles de son protégé, essentiellement des nus féminins dont son ami est friand. Toute l'histoire qui pourrait être abracadabrantesque sous une plume maladroite, est ici lue avec le plaisir dû au rappel des noms croisés : Apollinaire, Braque, Picasso, seul peintre à qui il reconnaît un sens personnel à sa création, les autres, Impressionnistes, Cubistes ne sont que ses suiveurs. Il crée, dit-il entre autres, le glissisme. En Russie incursion dans la chorégraphie avec Isadora Duncan. A Paris, avant la fortune, il fallait se chauffer alors, avec l'ami Frantz, pas d'argent pour acheter " au bougnat de la rue de l'Estrapade....... Pour nous réchauffer nous ne savions plus quel jeu inventer ! Je me souviens de parties de saute-mouton qui duraient toute la nuit........" Et encore gelé et très pauvre il croise dans un calé Georges Mélies, apprécie un certain savoir-faire, accepte de jouer la lune  dans Le voyage dans la lune. De Mélies il dit " c'était un personnage merveilleux ". 
            " Mon sujet de prédilection, après les monuments de Paris, était resté le corps de la femme...... ces volumes élastiques...... ces cuisses, ces seins, ces croupes...... " Ainsi il finit par " récolter honneurs et récompenses " alors que de 1899 à 1904 disparaissent Sisley, Toulouse-Lautrec, Zola et Pissaro, Fantin-Latour et Tchekhov. En 1907, revenant de l'enterrement de Jarry il rencontre Mark Twain. 
" ...... Il avait si bonne mine ! Mais la Camarde ne s'encombre pas des apparences....... " Ayant déjà croisé Nadar, qui le photographie, et Sarah Bernhardt, à son habitude il se rend à La Closerie des Lilas où il rencontre un réfugié russe, Lénine.
            Ce fut sa période rose " Qu'il était gai le Paris d'avant-guerre ( 14/18 )........ je prenais le petit déjeuner avec Proust et Valéry Larbaud :
            - Quelle fraîcheur ces madeleines, dis-je en les trempant dans mon chocolat......
            - Tiens, dit Proust, et pourquoi donc ?........     "
            " Ce qui intéresse dans un portrait, ce n'est pas le visage du modèle, mais le standing...... Je sais bien, moi, que la vie intérieure n'intéresse personne, puisque tout le monde en a une, et qu'elle est insondable. Tandis que la vie extérieure est un acquis...... "
            Bien installé dans sa nouvelle gloire il note : " Mon boucher n'était pas un boucher ordinaire. C'était celui d'Henry James. Mon plombier...... " 
            Découvrir aussi les lignes consacrées à Staline et le haricot d'astrakan. Suivra une rencontre avec Freud, le subconscient, épouvante et exaltation.
            Piazza del Popolo, Rome l'auteur et Giorgio de Chirico. Ce dernier fulmine :
            " ....... Je n'ai jamais été surréaliste, ou quoi que ce soit. Seule m'intéresse la pure peinture. Lesd anciens peignaient, les modernes ne savent plus que parler....... Je vous révèle un secret. Je me sers d'un médium.......... Le génie ne meurt pas. Il lui arrive de s'assoupir, voilà tout. Dès que je pénètre dans mon atelier, le médium réveille Titien et hop ! au travail....... reconnaîtrez la facture du vieux maître........ "
            Et de s'interroger : " L'expérience peut-elle se transmettre ?........ " 
            Après d'amères réflexions conséquence pour partie des années de guerre l'auteur du livre crée un nouveau mouvement après le gissisme, le ponctualisme.
            " Il montait d'Europe une odeur sucrée de cadavres en putréfaction...... " Très âgé le vieux peintre, ne pourra assister à la rétrospective de son oeuvre, pour un problème de col du fémur, mais de Gaulle lui écrit, et Malraux prononce un discours devant ses oeuvres.
            Histoire très fantaisiste, pleine de philosophie, drôle, émouvante, chacun trouvant quelques bribes de ce qu'il aimerait entendre souvent. Très cultivé, souvenirs, souvenirs. 
            Roland Topor est mort en 1997. Il avait 59 ans. De son univers on ne peut oublier Le Télé Chat, peintre et romancier, personnage au multiple talents. La première édition des Mémoires d'un vieux con date de 1975. Excellente lecture si l'on aime se pencher sur un passé très vivant. 

lundi 6 juillet 2020

Tu seras un homme mon fils Rudyard Kipling ( Poème Angleterre )


 

                        Tu seras un homme mon fils

            Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
            Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
            Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
            Sans un geste et sans un soupir ;

            Si tu peux être amant sans être fou d’amour, 
            Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
            Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
            Pourtant lutter et te défendre ;

            Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
            Travesties par des gueux exciter des sots
             Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
             Sans mentir toi-même d'un seul mot ;

            Si tu peux rester digne en étant populaire,
            Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
            Et si tu peux aimer tous tes amis comme tes frères,
            Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi,
                                          Jean-Baptiste Faure — Wikipédia
            Si tu sais méditer, observer et connaître,
            Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,                                  
            Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,                                    
            Penser, mais sans n'être qu'un penseur.

            Si tu peux être dur sans être jamais en rage           
            Si tu peux être brave, jamais imprudent,                                               
            Si tu peux être bon et être sage;
            Sans être ni moral ni pédant :  

            Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
            Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
            Si tu peux conserver ton courage et ta tête                                                        
            Quand tous les autres les perdront,

            Alors, les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire,
            Seront à tout jamais tes esclaves soumis.
            Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
            Tu seras un Homme, mon Fils.


                             Rudyard Kipling - 1910 -                                                                                                                                                                                                        Tre Ou Ne Pas être, Telle Est La Question - Texte Sur Un Tableau En Ardoise  Contre Le Bois De Grange Rouge Banque D'Images Et Photos Libres De Droits.  Image 35846309.
                                                                                                                          
                              
                  


vendredi 3 juillet 2020

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 123 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

   nmorte-luth1        

                                                                                                        16 Août 1664

            Réveillé ce matin, vers 2 heures, par le fracas du tonnerre, qui dura une heure avec des éclairs si continuels, non pas des éclairs, mais des flammes, que le ciel et l'air en étaient tout embrasés. Ceci durant un fort long moment, sans qu'il y eût une minute d'écart entre de nouvelles flammes pendant tout ce temps. Une chose comme je n'en vis jamais, ni n'eusse pu croire qu'il en existât dans la nature. Et comme cela me mettait en grand émoi, je ne pus dormir que ce ne fût terminé, c'était de plus accompagné d'un déluge de pluie comme de ma vie je n'en entendis jamais. Je m'attendais à trouver, le matin ma maison inondée, la pluie faisant irruption et à ce que de grands dégâts eussent été causés inévitablement dans la Cité par la foudre. Mais je ne trouvai pas une goutte de pluie dans ma maison ni n'entendis parler de dégâts. Mais il paraît que le même orage a parcouru tous les comtés des alentours, dans tous les sens. Sir William Batten ne tarissait pas sur sa violence à Epsom.
            Levé et toute la matinée au bureau. A midi à la Bourse occupé par une affaire ou une autre, puis rentré dîner et à mon bureau tout l'après-midi, très affairé, puis bientôt souper et encore un moment à mon bureau à rassembler des observations dans le livre du Dr Power sur les microscopes. Rentré chez moi et, au lit. Grande tempête de vent ce soir.
            Nous avons appris aujourd'hui que milady Penn a débarqué et vient ici, de sorte que j'espère que cette famille sera mieux réglée et mieux tenue que par le passé.


                                                                                                                  17 août

            Levé. Etant allé voir sir William Batten pour lui parler affaires, il me donna trois bouteilles de son eau d'Epsom ( nte de l'éd. : contient surtout du sulfate de magnésie ), que je bus, et cela me fit grand bien et me fit aller maintes fois à la selle. Je m'en trouvai fort rafraîchi et revigoré.
            Allé à la vieille maison de mon père, qui est celle de Mr Honywood, mais il était sorti. Je demeurai à causer avec son valet, Herbert. Il me dit que Langford et sa femme sont gens fort mal embouchés et parlent très mal de mon père qu'ils traitent de vieux coquin parce qu'il marchanda durement avec Langford, alors que ce coquin n'était pas obligé de lui acheter quoi que ce fût. De sorte que je suis bien résolu, il n'aura plus jamais de mon argent. Mais je suis contrarié que l'on dise de mon père qu'il s'enfonce lui-même dans les dettes. Mais j'y mettrai bon ordre, quoi qu'il en advienne.
            Puis chez milord Crew où je reste avec lui un long moment. Avant le dîner causé de la guerre contre les Hollandais, et constaté qu'il craint fort que nous n'y entrions sans l'argent et le consentement attendus du Parlement ni les raisons qu'il sied d'avoir pour toute guerre.
            Dîné avec lui et causé ensuite avec sir Thomas Crew. Il me dit que Mr Edward Montagu est à jamais en disgrâce et maintenant tout à fait brouillé de nouveau avec son père, à qui il a voulu faire croire qu'il quittait Londres, non pas qu'il fût chassé de la Cour, mais parce qu'il avait permission de s'absenter pendant un mois, mais maintenant il a découvert la vérité.
            Puis chez milady Sandwich où, comme convenu, ma femme a dîné. Après avoir causé avec elle, j'emmène ma femme chez Mrs Pearse, l'y laissai et m'en fus chez le capitaine Cooke, mais il n'était pas chez lui, mais je parlai là à mon petit laquais Tom Edwards et ordonnai d'aller voir Mr Townhend, rencontré le matin, afin qu'on lui prît ses mesures pour les vêtements qu'on va lui faire là à la Garde-Robe. Il en sera ainsi fait et puis je crois qu'il viendra chez moi.
            Allé à Whitehall, après une longue attente il n'y eut pas de commission des pêcheries, comme il était prévu. Je m'y promenai longuement avec Mr Pearse qui me dit que le roi soupe encore tous les soirs avec milady Castlemaine qui, croit-il, a récemment fait passer un gros ventre car, après avoir été très grosse elle est redevenue mince.
            Allé chez Mrs Pearse et, avec elle et ma femme, partis voir Mrs Clarke. Nous discutons fort gaiement de la dernière pièce sur Henry V, qu'ils jugent être la meilleure jamais écrite. Mais ils conviennent avec moi que la manière dont Tudor est éconduit est un grand défaut de la pièce. Le docteur me plaît fort, car c'est le seul homme que je connaisse de qui j'aimerais apprendre à bien prononcer, ce qu'il fait mieux que personne.
            Rentré chez moi et tard au bureau, puis souper et, au lit.
            Milady Penn est arrivée ce soir aux appartements de sir William.


                                                                                                                      18 août

            Trop longue grasse matinée, jusqu'à 8 heures. Puis Mr Reeve vint, il m'apporta une ancre et une très belle pierre d'aimant. Il aurait voulu que je la lui achetasse et c'est une très bonne pierre, mais quand il vit que je n'en voulais point, il dit qu'il me la laisserait en dépôt pour la vendre. Tantôt il en vient à me dire qu'il avait présentement besoin de 6 £ pour parfaire une somme et qu'il me paierait dans un jour ou deux. Mais, pour une fois, j'eus l'esprit de refuser et nous nous quittâmes donc, et je m'en fus au bureau où réunion toute la matinée.
            Dîné seul chez moi, ma femme allant aujourd'hui dîner avec Mrs Pearse, et avec aussi Mrs Clark64173ef32b7310330461da7c04bbae3b voir une nouvelle pièce, Le Secret de Coeur.   http://data.abuledu.org/URI/502398c3civipain.hypotheses.org
            Occupé tout l'après-midi, vers le soir à Westminster et un moment dans la Grand-Salle, puis chez mon barbier, désireux d'une occasion de parler à Jane, mais ne l'eus pas. Donc chez Mrs Pearse qui était rentrée et avec Mrs Clarke occupée à jouer aux cartes, ma femme étant repartie à la maison, je rentrai aussi, passant par la Garde-Robe, chemin faisant, et je rencontrai Mr Townshend, Mr Moore et d'autres à la taverne voisine. J'allai à eux et je parlai à Mr Townshend des vêtements de mon petit valet qui, me dit-il, seront bientôt prêts. Et alors, j'espère que je serai bien établi, avec quelqu'un à la maison qui sache la musique.
            Rentré souper, puis un moment au bureau, puis chez moi et, au lit. Ma femme dit que la pièce qu'elle a vue est la plus mauvaise qu'elle ait vue de sa vie.


                                                                                                                             19 août

            Levé et au bureau où avec Mr Coventry et sir William Penn fus en réunion toute la matinée pour louer des navires pour aller en Guinée, où nous croyons que commencera la guerre contre la Hollande.
            A midi dîné à la maison. Ensuite, ma femme et moi, chez sir William Penn afin de rendre visite à milady pour la première fois. C'est une vieille Hollandaise, avenante, petite et grosse, mais assez belle autrefois, et aujourd'hui fort avisée et, je crois, a d'avantage d'esprit que son mari. Nous restâmes causer un long moment, et dès la première visite la vieille dame me plut beaucoup.
            Repartis à la maison, et je vais au bureau, ma femme allant voir ma tante Wight, fraîchement arrivée en ville.
            Creed vint et lui et moi sortîmes pour, entre autres, m'enquérir de quelqu'un qui me ferait un coffret pour garder la pierre que l'on m'a enlevée, et lui pour acheter l'Histoire de Daniel, ce qu'il fit, mais moi je ne trouvai pas ce que je voulais.
            Nous nous séparâmes à Ludgate Hill, et je rentrai chez moi et au bureau occupé jusque au souper d'un bon plat de beignets que j'avais demandés et qui étaient tout à fait à mon goût, puis encore un moment au bureau, rentré chez moi et, au lit.
            Certains doutent de la victoire de l'Empereur sur le Turc, mais la plupart conviennent qu'elle fut moindre, quoique grande, qu'il n'avait été dit, à savoir 80 000 hommes tués ou faits prisonniers dans le camp turc. ( nte de l'éd. Erreur semble-t-il : Pertes turques 6 000 ou 8 000 hommes dirent les journaux mais sans doute       16 000 )


                                                                                                                                                 20 août

            Levé et au bureau un moment. Mais aujourd'hui le Parlement ne siégeant que pour être ajourné jusqu'en novembre, nous n'eûmes pas de réunion. Je sortis donc commander que l'on me fît un coffret où garder ma pierre, ce qui me coûta 25 shillings. Et je m'en fus à pied vers Cheapside pour voir les effets d'un incendie qui s'est déclaré là ce matin à 4 heures. Je découvre que c'est la maison de ce Mr Bois qui épousa la nièce du Dr Fuller. Ils sont tous les deux hors de la ville, n'ayant laissé qu'une servante et un domestique. Cela a commencé dans leur maison et beaucoup a brûlé, maintes maisons derrière mais aucune devant, ceci dans ce grand amas uniforme de bâtiments au beau milieu de Cheapside. J'en suis fort chagriné pour le docteur. Allé à la Bourse puis rentré dîner. Ensuite chez sir William Batten. Arrive le shérif, sir Richard Ford qui est resté tout le temps auprès de cet incendie. Sur ma demande il me dit que lui et le maire étaient sur place, comme il est de leur devoir, non seulement pour veiller à l'ordre public, mais parce qu'ils ont le pouvoir de faire abattre une maison ou plusieurs pour préserver la Cité entière.
            Tantôt entre le crieur public de la Cité pour lui parler, et quand il fut parti, il dit, 
            " - Vous pouvez voir par l'exemple de cet homme comment est constituée la magistrature de notre cité. Ce qu'est la charge de ce garçon, s'il m'est fidèle, j'ose lui donner 1 000 £ de profit chaque année et j'en attends 500 £ de plus pour moi. Alors que, dit-il, je suis, moi, obligé de dépenser plusieurs fois autant. "
            Tantôt arrive Mr Coventry. Ainsi nous nous réunîmes au bureau pour louer des navires pour la Guinée et, cela fait, nous levâmes la séance. Je me rends chez sir William Batten discuter avec Mrs Falconer, qui a vu sir William Penn ce soir, après que Mr Coventry lui a promis la moitié de ce que William Bodham lui avait donné pour cette place. Mais sir William Penn, quoiqu'il sache cela et que Mr Bodham a dit que cette place lui a coûté  100 £ et lui en coûterait 100 de plus, est cependant si irrité contre la pauvre femme qu'il ne veut pas entendre parler de lui donner un liard, mais ce dont il veut qu'on lui parle, semble-t-il, c'est d'un legs où il s'attend que Mr Falconer ait mis une rente viagère pour sa fille. Et il craint que cela ne soit pas fait. Il a dit à Mrs Falconer qu'il s'en apercevrait et qu'il saurait ce qui s'y trouve fait quoi qu'elle en ait. Alors que la malheureuse ne saurait l'empêcher de le savoir. Mr Coventry est au courant de cette affaire de legs et, je crois, en pense autant de bien que moi. Mais la pauvre femme est rentrée chez elle sans autre espoir que dans la générosité de Mr Coventry.
            Retourné au bureau écrire maintes lettres, puis souper et, au lit.


                                                                                                                      21 août 1664
                                                                                                     Jour du Seigneur
            Réveillé vers 4 heures par ma femme qui a un relâchement du ventre, et des gens qui viennent plusieurs fois dans la cour tirer de l'eau à la pompe, de sorte que la crainte de l'incendie d'aujourd'hui m'effraya. Appelai Bess et l'envoyai voir et c'était la servante de Griffith qui prenait de l'eau pour laver sa maison. Me rendormis puis restai à causer jusqu'à 9 heures. Levé, bus trois bouteilles d'eau d'Epsom qui me firent grand bien. 
            Toute la matinée et une grande partie de l'après-midi mis des papiers en ordre dans mon cabinet et encore le soir jusqu'à la nuit dans mon bureau où je renouvelle et recopie mes vœux. Rentré souper, prières et, au lit.
            Mr Coventry nous dit hier que le Duc était allé se coucher avec un accès de fièvre. Nous avons donc, ce soir, envoyé prendre de ses nouvelles.

  Incendie de la Chambre des Lords, 1835                                pinterest.fr             Whitehall and the Privy Garden from Richmond House by Canaletto 1747 Oil on Canvas (Goodwood Collection)                                                                                                                                    22 août

            Levé et sorti, à ma grande satisfaction, faire maintes courses qui étaient comme un fardeau sur mon esprit et sur ma mémoire. Rentré dîner puis à Whitehall, déposant ma femme chez son père, et j'allai à la commission de Tanger où je réglai plusieurs affaires à mon gré et avec l'espoir de gagner quelque chose. Puis à la Grand-Salle où, comme convenu je rencontrai le docteur ( nte de l'éd. Docteur Thomas Pepys cousin avait prêté 30£ au frère de Samuel. Reste à rembourser 8 £ ) Tom Pepys, mais évitai toute dispute avec lui, quoi que j'en aie. Lui, vieux fat radoteur dit qu'il ne pouvait qu'exiger son argent, qu'il se ferait rendre justice, qu'il fallait oublier toute colère et autres calembredaines, rien qui me plût. La seule satisfaction que j'en obtins fut qu'il me dit qu'un an ou deux avant la dernière foire de Sturbridge il alla à Brampton et que mon père lui dit que ce qu'il avait fait pour mon frère en lui cédant son fonds et en l'établissant comme il l'avait fait était à condition qu'il donnât à mon frère John 20 £ par an. Ce dont il blâme mon père, me dit-il en réponse, comme d'une grande dureté qu'il attende cela de quelqu'un qui avait un frère comme moi, capable de le faire à sa place. 
            Voilà tout ce qu'il prétend pouvoir dire de la reconnaissance par mon père de ce qu'il avait cédé son fonds à Tom. Il dit que son frère Roger est prêt à affirmer sous serment que mon père l'avait remercié de ses conseils pour céder son fonds à Tom et pour l'établir comme il l'a fait. Mais le début de tout ceci, il n'en parla point d'un ton tout à fait aussi désagréable ni en étant aussi sûr de ce qu'il pouvait en dire.
            Nous nous rendîmes à pied tous les deux chez ma cousine Joyce où ma femme m'attendait, puis elle et moi rentrés en voiture. A mon bureau, puis souper et, au lit.


                                                                                                                    23 août

            Grasse matinée à causer avec ma femme et irrité un moment parce qu'elle demande tout à coup à avoir une servante française. Ce que je crus venir de ce qu'elle était restée la journée d'hier avec sa mère. Mais cela passa et bientôt réconciliés. Pourvu qu'elle ait les qualités qu'il faut, peu m'importe qu'elle soit française ou non, si elle est protestante. A midi au bureau et à la Bourse, très affairé à trouver des navires pour la Guinée et pour Tanger.
            Rentré dîner, puis sorti tout l'après-midi faire plusieurs couses pour tenir ma promesse d'en finir avec maintes affaires avant la Saint-Barthélémy dans deux jours. J'allai, en particulier, au Nouveau Bridewell en me rendant chez Mr Cole et je vis le nouvel atelier modèle, très beau, plusieurs prisonniers au travail. Entre autres une jolie putain amenée là hier soir et qui est fort paresseuse au travail. Je leur donnai 6 pence pour boire et partis pour Gray's Inn, mais je manquai Mr Cole, et repris donc le chemin de mon domicile, m'arrêtant chez Harman pour commander quelques chaises pour une pièce. Rentré chez moi, et tard au travail, puis souper et, au lit. 
            La flotte hollandaise des Indes orientales est maintenant rentrée au port, ce dont nous sommes fort marris. Nos deux flottes appareillent en hâte pour la Guinée.


                                                                                                                           24 août

            Levé à 6 heures et à mon bureau avec Tom Hayter expédier en hâte le travail. A 9 heures à Whitehall, un Conseil, pour l'affaire de Mr Maes, encore en mauvaise passe. Allé à Gray's Inn mais manqué Mr Cole, l'homme de loi, et rentré à pied en m'arrêtant chez Wood Street pour acheter une table. M'enquis en plusieurs endroits, mais n'achetai point avant de rentrer chez moi et de voir où elle devra être posée pour juger de sa taille. 
            Après la Bourse et un bon dîner, puis à Whitehall pour la commission des Pêcheries, où milord Craven et Mr Gray fort opposés à ce que Mr Creed soit nommé secrétaire conjointement avec Mr Duke.
Cependant, je fis en sorte que l'affaire soit remise à plus tard, quand le duc d'York serait présent, on leva donc la séance sans avoir rien fait. 
            Rentré chez moi à pied passant d'abord à la Garde-Robe où je vis un costume fait pour mon petit valet et du linge. Je crois qu'il sera à moi à la fin de cette semaine. Rentré chez moi, Mr Creed m'accompagnant sur la plus grande partie du trajet et me demandant conseil sur ce qu'il devait faire dans son cas, afin d'être notre secrétaire conjointement avec Mr Duke, conseil que je lui donnai du mieux que je pus. A la maison et à mon bureau fort affairé, puis à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                        25 août

            Levé et au bureau. Après avoir parlé à Langford, mon tailleur venu me voir pour quelque travail, le priant de me dire s'il était au courant de dettes personnelles contractées par mon père dans la Cité.
Il me répond que non, aucune. Je le fis à dessein, pour l'éprouver, à cause de la manière que lui et sa femme ont parlé de lui, comme Herbert me le rapporta l'autre jour. Je le priai, de plus, s'il avait vent d'aucune dette semblable, d'inviter les créanciers à venir me voir et que je les paierais, car je ne voudrais pas, parce qu'il ne paie pas les dettes de mon frère, que l'on crût pour autant qu'il refuse de payer les siennes.
            Toute la matinée occupé au bureau. A midi à la Bourse, m'efforçant, entre autres, de gagner quelque peu à la location d'un navire pour Tanger. Rentré dîner, et après Mr Cooke vient me voir. Il est vrai qu'il me rendit service quand j'étais en mer en portant des messages que, du navire, j'envoyais à ma femme, mais je l'ai servi, moi aussi, et par conséquent, me soucie peu de lui faire des compliments ou de m'inquiéter qu'il croie que je manque d'égards pour lui, ce qui est vrai, à cause de sa sottise dans l'affaire de la maîtresse de mon frère Tom.
            Après dîner et une conversation avec lui, je vais à mon bureau. Occupé jusqu'à ce que Jack Noble vienne me dire qu'il avait fait mettre Cave en prison et qu'il nous donnerait, à moi et à mon père, de bonnes garanties que ni nous ni personne d'autre de la famille n’aunait de soucis à cause de l'enfant, car il pouvait prouver que Cave avait reçu toute satisfaction, et qu'au pire l'enfant serait à la charge de la paroisse. Que Cave avait apporté l'enfant chez lui, mais qu'on l'avait fait remporter, sur quoi il avait fait mettre Cave en prison. 
            Quand il vit que je ne voulais pas payer ni ne me souciais d'obtenir une garantie au sujet de l'enfant, alors il me dit qu'il devrait en appeler aux tribunaux, non pas lui-même, mais qu'il témoignerait pour Cave contre nous. J'aurais pu lui répondre qu'il pouvait témoigner que Cave avait eu satisfaction, sinon aucun argent ne lui était dû. Mais je m'abstins de discours de cette sorte et me contentai de le faire causer le plus possible. Je me rends compte que c'est un coquin qui s'est informé de tout et a pris conseil du docteur Pepys. Et qu'il croit; comme le lui a dit le docteur, que mon père, s'il le pouvait, ne paierait pas un liard des dettes. Néanmoins, je le fis avouer que de toute sa vie il n'avait jamais vu que l'on demandât de l'argent deux fois, que dis-je ? une fois à mon père, pendant tout le temps qu'il vécut chez lui. Et que, pour ce qui est de ses propres dettes, il croyait qu'il agirait encore de la sorte, mais qu'il voulait dire seulement celles de Tom.
            Il dit alors que Randall, sa femme et la sage-femme pouvaient prouver de la bouche de mon frère que l'enfant était de lui et que Tom leur avait dit en quel temps, le 5 novembre au soir, il l'avait engendrée.
            Je lui offris de le payer s'il offrait une garantie que mon père ne serait pas forcé de payer à nouveau, ce que d'abord il voulut bien faire, donner sa garantie et, quand je lui demandai de m'en donner d'autres que la sienne, il répondit que oui certes, d'hommes riches, qui paient les subsides. Mais lorsque tantôt nous vînmes à en reparler, il ne voulut plus le faire, mais dit qu'il agirait à sa guise, se joindrait à Cave et le ferait relâcher. Et ainsi nous prîmes congé.
            Cependant, j'en fus fâché, de sorte que je n'y pus tenir, pris une voiture pour aller en parler avec Mr Cole, mais ne le trouvai point chez lui, m'en retournai, achetant une table sur mon chemin, et restai tard à mon bureau, puis à la maison, souper et, au lit, l'esprit troublé par cette coquinerie. Pour tout le reste en paix, Dieu merci.


                                                                                                                               26 août

            Levé à 5 heures, ce qui ne m'est pas arrivé de longtemps, et descendu par le fleuve à Deptford où pris Mr Pumpfield, le cordier, et jusqu'à Woolwich pour voir les cordages de Clothier, que je jugeai mauvais et j'en arrêtai la réception. Allé à la corderie et, entre autres choses, devisai avec Mrs Falconer. Elle me dit qu'elle a trouvé le papier et que la fille de sir William Penn n'y est mentionné pour aucun legs viager comme il l'attendait. J'en suis fort aise.
            Allé au chantier où vis le nouveau navire très avancé puis, par le fleuve, à Deptford un moment, et à la maison. Après m'être changé, à la Bourse pour affaires, puis redescendu par le fleuve à Whitehall
m'arrêtant en chemin aux Trois Grues, une taverne pour manger un morceau de pain et de fromage. Je ne pus entrer dans le parc et dus donc me contenter de demeurer dans la galerie au-dessus de la porte pour surveiller l'entrée du parc, où le roi a, depuis peu, défendu qu'on aille, et voir arriver celui qui m'a donné rendez-vous ici. Il arriva tantôt avec la dame, et nous nous en fûmes dans Gardener's Lane. Et là, au lieu de rencontrer une femme bien faite et qui joue bien, comme on me l'avait dit, c'est le plus parfait laideron et je n'ai jamais entendu jouer de façon si exécrable, de sorte que je ne pourrais la souffrir chez moi. .
            Néanmoins, elle nous emmena tantôt pour nous montrer en vérité quelques tableaux chez un certain Huysmans, peintre, hollandais, dont on dit qu'il surpasse Lely. Et il y a là, de la reine et de ses filles d'honneur, en particulier de Mrs Stewart en pourpoint de cuir comme un soldat, des portraits comme je crois n'en avoir jamais vus de meilleurs. La reine est représentée en bergère sur l'un d'eux, en sainte Catherine sur l'autre, très ressemblante, tout à fait admirables.
             En vérité, je vis tout cela avec grand plaisir. Retournés à leurs appartements où je les quittai. Mais avant mon départ, cet homme dans la voiture de qui j'étais, dont je ne sais plus le nom, quoiqu'on l'appelle sir John, un paltoquet que je connais de vue depuis longtemps, mais je ne sais pourquoi, voilà qu'il eut le front de me demander de déposer de l'argent pour lui afin de renouveler le bail de sa maison. Je lui prêtai l'oreille parce que je recevais de lui un acte de courtoisie, mais je ne me dessaisirais point de mon argent.
            Aujourd'hui ma femme me dit que Mr Penn, le fils de sir William, est rentré de France et vint la visiter, un garçon très élégant, devenu, dit-elle, un gentleman très accompli.
lord Crew                                                                  Charles II                                                       
Portrait de Lord Crewe Portée de Peter Lely XVIIeme siècle - Peinture  ancienne - L'Art - dimanoinmano.it                             Portrait du roi Charles II (1630-1685) d'aprè...        
                               
                                                                                                              27 août

            Levé et au bureau toute la matinée. A midi à la Bourse où je conclus presque le marché pour un navire pour Tanger. Ce qui me rapportera quelque profit du capitaine Taylor. Parti de la Bourse en compagnie de Mr Cutler et de sir William Rider pour aller chez Cutler. Très bon dîner avec deux ou trois jolies jeunes femmes de leurs parentes. Puis chez mon layetier quérir le coffret pour ma pierre. L'ai eu à ma convenance et m'a coûté 24 shillings, ce qui est une grosse somme, mais il est bien fait et à mon goût. 
            Après quelques autres petites courses rentré chez moi où je trouve Tom Edwards, envoyé par le capitaine Cooke, élevé à la Chapelle Royale depuis 4 ans. J'ai le dessein d'en faire un commis et, s'il est méritant, de le traiter généreusement. Passé une partie de l'après-midi à mettre sa chambre en ordre, puis au bureau en le laissant à la maison.
            Tard le soir, après avoir terminé tout mon travail, je fis venir Will et lui dis pourquoi je prenais un petit valet, que c'est une nécessité, que ce n'est pas par manque d'égards envers lui et que cela ne lui nuirait pas. Puis nous causâmes de la fille de son propriétaire pour qu'elle vienne auprès de ma femme, et je crois que cela se fera. Rentré à la maison et je trouve mon valet qui, tel un véritable écolier, parle à tort et à travers, mais pour le moment cela nous divertit et dans quelque temps cela lui passera. L'envoyai au lit puisqu'il me dit qu'il avait accoutumée d'y aller à 8 heures. Puis tout le monde au lit et je suis assez satisfait du choix de mon petit valet. 
            La nouvelle de ce jour est que les Hollandais croisent devant Ostende avec une flotte de guerre de 22 voiles, ce qui nous donne quelque crainte. Milord Sandwich est revenu aux Downs avec seulement 8 voiles, ce qui est ou pourrait être une proie facile pour les Hollandais, s'ils connaissaient notre faiblesse et notre incapacité à mettre davantage en lice rapidement.


                                                                                                                 
                                                                                                                               28 août    
                                                                                                            Jour du Seigneur
            Levé et à l'église seul avec mon petit laquais, la première fois que j'ai quelqu'un pour m'accompagner à l'église. Rentré dîner et rencontré Creed qui dîna avec moi et tous les deux fort gais, car il a tant de savoir et de jugement que cela ne saurait que me plaire. Après dîner l'emmenai à l'église, à notre banc, mais dormis pendant la plus grande partie du sermon qui était fort sot. Puis, lui et moi, promenade vers la Bourse, un moment, à deviser plaisamment de choses et d'autres, et à la maison où arrivent mon oncle Wight et ma tante qui soupèrent avec nous, fort gaiement. Et Creed coucha chez nous. Au lit donc, très égayés de penser que Mr Hollier, qui est venu me voir ce soir, n'a d'autre soin que de prouver que Rome est l'Antéchrist. 


                                                                                                                                29 août 1664

            Levé de bonne heure dans le dessein de travailler à mon bureau à 5 heures. Mais en sortant rencontré à ma porte Mr Hughes venu me parler d'affaires du bureau. Il me dit qu'en venant ce matin de Deptford il a laissé le chantier royal en flammes. Je pris aussitôt un bateau pour y descendre et, grâce à Dieu je trouvai l'incendie éteint, mais s'il y avait eu du vent, tous nos magasins eussent brûlé, ce qui est une pensée très éprouvante.
            Mais laissant tout en bon ordre, je reviens chez moi et je ressors pour faire maintes courses. Mr Creed sort également et ma femme chez sa mère. Creed et moi nous retrouvâmes chez milady Sandwich pour dîner, mais milady est redevenue, je crois, aussi belle qu'elle fut jamais. Et je ne connais pas au monde de femme si bonne et si avisée.
            Après dîner un moment à Westminster chez Jervas. Puis, faisant maintes courses en chemin, courses nécessaires, je rentre à la maison. Arrive, avec sa mère, la jeune fille que notre Will recommande à ma femme. Elle me plaît bien et, je crois, nous donnera satisfaction. Ma femme se mit d'accord avec elle, et elle viendra la semaine prochaine, ce qui me convient tout à fait, car j'espère qu'alors nous serons tout à fait établis. 
            Mais il faut me souvenir que jamais, depuis que je suis maître de maison, je n'ai vécu si bien en paix, sans presque de bruit, ni de paroles de colère, que depuis que mes servantes d'à présent, Bess, Jane et Susan sont ensemble. Maintenant que je viens de prendre un petit laquais et que je prends une dame de compagnie, je prie Dieu que nous ne nous en trouvions pas plus mal, mais j'y veillerai.
            Après un moment à mon bureau, à la maison, souper et, au lit.
                                                                                                                          
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                                                                                                                  30 août

            Levé, au bureau longue réunion. A midi dîner à la maison. Ensuite arriva Mr Penn et resta une heure à causer. Je vois bien qu'il a acquis quelque savoir, mais beaucoup, si non trop, de la façon prétentieuse dont s'habillent les Français et de leur manière affectée de parler et de marcher. Je crains que le profit réel qu'il aura tiré de ses voyages ne soit fort mince. Lui parti je vais à mon bureau. Très occupé jusque tard dans la soirée, puis à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                        31 août

            Levé à 5 heures et à mon bureau où Thomas Hayer et Will me rejoignent et nous expédions beaucoup de mon travail de mise en ordre de mes papiers et de mes livres, pour lequel j'avais du retard. 
            Toute la matinée fort occupé à mon bureau. A midi rentré dîner et ma femme m'a procuré d'assez bonnes huîtres, ce qui est très tôt, le plus tôt dans la saison que j'en ai jamais mangé, je crois. Après dîner je monte écouter mon petit valet jouer d'un luth que j'ai emprunté aujourd'hui à Mr Hunt, et en vérité, ce garçon aurait besoin de peu de pratique pour très bien jouer, ce dont je suis bien aise. En voiture à la commission de Tanger où j'ai une autre petite affaire qui peut me rapporter un petit quelque chose. Ne suis pas resté longtemps, rentré à la maison et à mon bureau très tard à faire mes comptes du mois. Béni soit Dieu ! Je me vois possesseur de 1 020 £. Ce qui est le plus que j'aie jamais eu.
            Le prince Rupert, à ce que j'entends dire aujourd'hui, doit prendre le commandement de cette flotte qui part pour la Guinée contre les Hollandais. Je crains bien que peu de gens ne s'en réjouissent, car il a la réputation d'être malchanceux. Mon esprit en repos, si ce n'est que les ennuis de mon père avec le docteur Pepys, et en général avec les créanciers de mon frère Tom me chagrinent.   
            J'ai un nouveau valet qui s'entend en musique, puisqu'il me vient de la Chapelle Royale, et j'espère qu'il se montrera bon serviteur. Et ma femme et moi sommes sur le point d'avoir une dame de compagnie, dont, pour lui plaire, je veux bien à nouveau hasarder la dépense. C'est quelqu'un que nous a trouvé notre Will, qui s'entend un peu en musique et, je le crois, nous donnera satisfaction, si ce n'est que sa famille habite trop près.
            Assez bonne santé depuis que j'ai renoncé à porter un manteau à la maison toute la journée pour ensuite sortir avec les jambes au froid, ce qui m'occasionnait des douleurs journalières.

            
                                                                 à suivre..........

                                                                                                                1er Septembre 1664

            Triste nuit pluvieuse..............