mardi 27 décembre 2011

La République et les lois Platon ( extrait )

La Démocratie

- Sous la plume de Platon 4 è sc avant notre ère. Lecture au XXI è sc.

          Dès qu'un État devenu démocratique, brûlant de la soif de liberté, a trouvé dans ses magistrats des échansons imprudents, qui lui ont versé toute pure la liqueur fatale dont il s'est enivré alors, s'ils ne sont pas toujours faibles, s'ils n'offrent pas au peuple la pleine coupe, le peuple les accuse et les châtie comme des traîtres qui aspirent à la gouverner. Ose-t-on leur obéir encore, on est méprisé comme un ami de la servitude dont le sort est de ramper sous un maître. Il faut s'assimiler partout à des inférieurs, rivaliser avec des supérieurs pour être loué, pour être honoré. Est-il possible qu'une telle république ne se précipite pas dans toutes les folies de l'indépendance ? Je vois déjà l'intérieur des familles en proie à cette insolente égalité. Tout jusqu'aux animaux semble respirer l'anarchie. Déjà le père s'accoutume à regarder et à respecter son fils comme un égal ; le fils à ne plus l'honorer ni le craindre pour dire : "Je suis libre ", les anciens et les nouveaux venus à confondre tous les droits ; les étrangers même à s'égaler aux citoyens. Mais descendons jusqu'aux moindres rapports de la société : voilà le précepteur qui craint et flatte son disciple et le disciple qui méprise son gouverneur et son maître ; voilà les jeunes gens qui marchent de pair avec les vieillards, qui agissent, qui parlent comme eux, et les vieillards qui redevenus jeunes affectent les grâces et la frivolité toujours en garde contre un air morose et despotique. Enfin ce qui me semble le dernier excès de la liberté dans tous les rangs, les esclaves des deux sexes ne sont pas moins libres que celui qui les achète, car les femmes aussi veulent être libres ; l'égalité est aussi pour les femmes. Je l'avais presque oublié.

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