3 février 1660
Pris mon verre du matin chez Harper et y appris que les soldats étaient tous très calmes, du fait qu'ils avaient reçu la promesse qu'ils seraient payés. De là, au parc St James : je marchai jusqu'à l'endroit où je joue habituellement du flageolet et je jouai un moment, car c'était une fort belle matinée ensoleillée. retour à Whitehall, où, dans la salle des gardes, je vis quelque 30 ou 40 apprentis de la Cité qui avaient été arrêtés hier soir vers minuit et qui avaient été amenés là comme prisonniers. Puis, au bureau, où je remis encore un peu d'argent à certains des soldats du lieutenant-colonel Miller ( qui défendit la Tour de Londres contre le Parlement après qu'elle fut enlevée à Fitch par le Comité de sécurité, et qui pourtant a conservé son poste ) ; vers midi, Mrs Turner vint bavarder avec moi et Joyce, et je les emmenai voir comment se passaient les débats à la Chambre : l'huissier a très aimablement ouvert la porte pour nous. De là, j'allai voir mon cousin Roger Pepys ; comme c'était la période des cours, nous l'emmenâmes dehors, chez Prior, à la taverne rhénane, où nous bûmes un ou deux pots de vin avec un plat d'anchois ; nous passâmes commande de trois ou quatre douzaine de bouteilles de vin pour lui en vue de son mariage. Après quoi, il partit en me laissant pour consigne de commander et de payer tout ce qui ferait plaisir à Mrs Turner. Nous ne prîmes rien d'autre en cet endroit, mais nous allâmes commander une épaule de mouton chez Wilkinson, en demandant qu'elle soit apprêté de la meilleure manière, et nous fîmes porter chez moi une bouteille de vin.Entre-temps, elle et moi et Joyce traversâmes Whitehall à pied ; le général Monck venait d'arriver et nous vîmes toutes ses troupes défiler : des soldats en très bonne condition et des officiers costauds. De là, à la maison, où nous dînâmes ; mais nous dûmes faire montre de beaucoup de patience , car le mouton arriva cru et il nous fallut attendre qu'il fût cuit à l'étouffée. En attendant, nous discutâmes d'une bague représentant un petit bouquet pour Mrs Turner qu'elle doit recevoir pour le mariage de Roger Pepys. Après dîner, je les laissai et sortis pour aller aux nouvelles ; mais j'appris seulement que la plus grande partie des députés étaient avec Monck à Whitehall, que sur son passage à travers la capitale beaucoup avaient crié pour réclamer un Parlement libre, mais qu'il n'avait guère reçu d'autre bienvenue. Je pus constater dans la cour du palais de Westminster que certains des vieux soldats continuaient à refuser de quitter la capitale sans leur argent et juraient que s'ils ne le recevaient pas sous trois jours, comme on le leur avait promis, ils causeraient plus de dégâts dans le pays que s'ils étaient restés à Londres ; ce qui est très vraisemblable, dans la mesure où le pays tout entier est mécontent. La ville et la garde sont déjà envahies par les soldats de Monck. Je m'en suis retourné et, comme il commençait à faire noir, j'allai avec eux faire un tour dans le parc, où Théophila ( qui nous était envoyée pour dîner distança ma femme et une autre pauvre femme qui paria un pot de bière avec moi qu'elle la gagnerait de vitesse. Après quoi je les accompagnai jusqu'à Charing Cross où je les laissai, ainsi que ma femme. J'allai Mrs Ann qui commença par se plaindre très fort du matelas en bourre de laine que je lui avais fait porter, mais je la remis à sa place. Je restai jouer aux cartes jusqu'à neuf heures du soir. Puis à la maison, et au lit
4 février 1660
Ce matin, une heure à mon luth, puis au bureau ; j'y attendis Mr Squibb qui devait passer me voir, mais en vain. A midi, en me promenant à Westminster, je rencontrai Mr Swan ; je lui fis rencontrer le capitaine Stone, et nous discutâmes de l'affaire de M Downing. Puis chez Will, où je restai jusqu'à trois heures; puis chez Mr Swan ( je trouvai sa femme en grand deuil de son père, comme je l'exigent les convenances que j'emmenai par le fleuve jusque chez l'homme de loi du Temple, Mr Stephens, et de là à Grey's Inn, dans l'espoir de parler avec Ellis le conseiller juridique, mais nous ne le trouvâmes pas. Nous rencontrâmes dans les couloirs un de ses amis avec lequel nous allâmes boire un verre ; je mangeai du pain et du beurre car je n'avais pas mangé de la journée, tandis qu'eux discouraient par hasard sur Marriott, le gros mangeur, de sorte que je me retins de manger autant que j'aurais voulu. Swan nous a montré une ballade sur l'air de Mardyke, admirablement écrite en caractères d'imprimerie. Je la lui ai empruntée, mais les paroles se sont avérées stupides si bien que je ne l'ai pas recopiée. Nous quittâmes ensuite cet endroit, après avoir laissé Swan chez son maître, milord Widdrington, je rencontrai Spicer, Washington et D. Vines près de Lincoln's Inn, où ils étaient en train d'acheter un tournebroche pour rôtir les oiseaux à un marchand qui se trouvait là. Je fus bien heureux de leur fausser compagnie et me rendis chez Mrs Crew. Je lui demandai si elle pouvait me procurer une servante pour aider Mrs Jemima pendant que sa domestique est malade, mais elle ne pouvait se passer d'aucune de ses servantes. De là chez sir Harry Wright ; comme milady n'était pas là, je parlai du problème à Mrs Carter qui va me procurer une servante pour lundi. Je me rendis donc avec un porte-flambeau chez les Scott ; Mrs Ann était au milieu d'une crise. Je ne lui parlai pas, mais je dis à Mrs Jemima ce que j'avais fait, puis j'allai à la maison écrire des lettres que j'envoyai à la campagne par la poste. Je jouai ensuite un moment sur mon luth avant de redescendre souper. Ensuite, au lit.
Les seules nouvelles aujourd'hui sont que le Parlement a voté que la Chambre devrait désormais comprendre 400 députés.
Aujourd'hui ma femme a tué la dinde que Mr Shipley lui avait donnée et que milord avait rapportée de l'expédition en Zélande ; elle n'a jamais réussi, par aucune méthode, à convaincre sa bonne, de tuer quoi que ce soit.
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