Journal
21 février 1600
Au café nous chantâmes tout un choix de chansons italiennes et espagnoles et un canon à 8 voix que Mr Lock venait de composer sur les paroles Domine Salvum fac Regem : c'est une oeuvre admirable.
22 Février 1600
Ce matin j'avais l'intention d'aller voir Mr Crew pour emprunter quelque argent ; mais comme il pleuvait j'y renonçai et me rendis au domicile de milord où je vérifiai que tout allait bien. Puis, à la maison où je chantai une chanson en m'accompagnant à la viole ; puis au bureau et chez Will où Mr Pearse vint me voir et me dit qu'il m'accompagnerait à Cambridge, où le régiment du colonel Eyres, dont il est chirurgien, est stationné. En me promenant à Westminster j'ai vu le major Browne qui, pendant longtemps a été banni par le Parlement croupion ; mais maintenant il a une très longue barbe, et sort en ville, et il a été siéger à la Chambre.
Chez mon père pour dîner ; il n'y avait pas grand-chose d'autre qu'un petit plat de salaison de boeuf et un plat de carottes, car toute la maisonnée était affairée à préparer les effets de mon frère John qui part demain.
A la maison pour prendre ma lanterne et ensuite chez mon père, où je donnai des conseils à John sur quels livres emporter à Cambridge.
Après cela nous soupâmes avec mon oncle Fenner, ma tante Théophila Turner et Joyce, d'un bon jarret de veau rôti, et nous nous réjouîmes du départ de John pour Cambridge. J'ai pu constater aujourd'hui que les fenêtres de Barbone ont été terriblement endommagées la nuit dernière. A 9 heures et demie ma femme et moi sommes rentrés à la maison.
23 février 1600
Jeudi - jour de mon anniversaire : j'ai maintenant 27 ans.
Assez belle matinée ; me levai, et après avoir écrit un peu dans mon cabinet, je sortis. Au bureau où je fis part à Mr Hawley de mes projets de quitter la ville demain. Mr Fuller et mon oncle Thomas vinrent me voir ; je les emmenai boire un verre et me débarrassai ainsi de mon oncle. Ensuite, je revins à la maison avec Mr Fuller et je le gardai à dîner. Il nous raconta, à ma femme et à moi, nombre d'histoires sur ses mésaventures depuis les troubles qui l'ont forcé à voyager dans des pays catholiques, etc. Il me montra ses notes de frais, mais je n'avais pas d'argent pour le payer. Nous nous quittâmes et j'allai à Whitehall où je devais voir le cheval que Mr Garthwayt me prête pour demain. Puis à la maison où Mr Pearse vint me voir pour fixer le lieu et l'heure où nous devons nous retrouver demain. Puis, au palais de Westminster où, après l'ajournement de la séance de la Chambre, je retrouvai Mr Crew qui m'apprit que milord avait été élu membre du Conseil d'Etat par 73 voix. Mr Pierpoint avait été élu avec 101 voix, et ensuite lui-même avec 100 voix. Il me ramena à la maison en voiture en compagnie de Mr Annesley. Je repartis à Westminster et je restai un grand moment dans la boutique de Mrs Mitchell à bavarder avec elle et avec ma Chapelaine Mrs Mumford, et je bus une ou deux chopes de bière à la suite d'un pari comme quoi Mr Prynne ne faisait pas partie du Conseil. A la maison, où j'écrivis à milord par la poste les nouvelles concernant la composition du Conseil. Ensuite, au lit.24 février
Je me levai très tôt. Après avoir pris mon cheval à Scotland Yard, à l'écurie de Mr Garthwayt, je me rendis chez Mr Pearse qui se leva en un quart-d'heure, laissant sa femme au lit ( avec laquelle il m'a semblé que Mr Lucy prenait des libertés tandis qu'elle était au lit ), nous avions tous deux enfourché nos chevaux, et nous nous mîmes en route vers 7 heures. Il faisait mauvais temps et la route était mauvaise. Aux environs de Wayre nous rejoignîmes Mr Blayton, le beau-frère de Dick Vines, et nous continuâmes la route avec lui. Nous nous arrêtâmes à Puckridge pour nous restaurer. Nous prîmes une selle de mouton sautée et nous nous régalâmes ; mais la route depuis Ware était fort mauvaise. Puis à nouveau en selle jusqu'à Foulmer, à 3 lieues environ de Cambridge, car ma jument était très fatiguée. Nous fîmes étape à l'Echiquier. Nous jouâmes aux cartes jusqu'au souper qui consista en une poitrine de veau rôtie. Je partageai le lit de Mr Pearse que nous quittâmes le lendemain car il se rendait à Hinchingbrooke pour parler avec milord avant sa venue à Londres.
Samuel Pepys
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