lundi 11 mars 2013

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 14 journal ( Samuel Pepys Angleterre )







hogarth
                                                     Journal

                                                                                                                 6 mars
                                                                                                      Mardi gras

            Je passai prendre Mr Shipley et nous allâmes tous deux voir Mr Crew au logis de milord. Il nous dit de retourner au bureau et de préparer un feu pour dans une heure, ce que nous fîmes. Il vint donc à Whitehall, après avoir parlé avec lui de son embarquement il m'invita à descendre, seul avec lui, au jardin, où il me demanda comment allait mes affaires et me parla de ce qu'il avait tenté auprès de mon oncle pour l'amener à faire quelque chose pour moi, mais que mon oncle n'avait rien voulu dire. Il me conseilla également d'ouvrir l'oeil maintenant, à ce moment décisif, pour trouver une bonne place. Il m'affirma qu'il userait de toute son influence et de toute celle des amis qu'il a en Angleterre pour m'aider, et il me demanda si cela ne me posait pas trop de problèmes de l'accompagner en mer comme secrétaire, et me demanda d'y réfléchir. Il commença aussi à parler des affaires de l'État et me confia qu'il aurait désormais besoin en mer d'un secrétaire en qui il pourrait avoir confiance. Et qu'en conséquence il aimerait que je l'accompagne.
Il me dit aussi qu'il croyait que la loi reviendrait et discuta avec moi de cette question et de l'affection que lui portait le peuple et la Cité, ce qui me fit très plaisir. Je le raccompagnai à travers le jardin jusqu'au palais où je le quittai. Après son départ je remontai au bureau où Mr Hawley m'amena un homme, un marin, qui lui avait promis 10 livres s' il lui obtenait une place de commissaire de navire. Je vais essayer de m'en occuper. Mon oncle Thomas est venu me voir, je l'ai emmené boire un verre chez Will. Le pauvre homme était venu se renseigner sur les chevaliers de Windsor dont il désire faire partie. Tandis que nous étions en train de boire, Mr Day, charpentier à Westminster vint me dire que c'était mardi-gras et que je devais l'accompagner à leur réunion annuelle qui se tient ce jour là.  J'avoue que j'avais complètement oublié. J'allai donc à la taverne de la Cloche où se trouvaient Mr Eglin, Mr Veezy, Mr Vincent boucher de son état,  un autre boucher et Mr Tanner avec lequel je jouai de la viole et  lui du violon après dîner. Nous passâmes un joyeux moment et dînâmes particulièrement bien.Un jarret de veau au bacon, deux capons avec des saucisses et des beignets, avec abondance de vin. Après quoi je revins à la maison où je trouvai Kate Sterpin qui n'était pas venue depuis longtemps. Quand elle fut partie j'allai voir Mrs Jemima. Je trouvai deux jeunes filles devant sa chambre, mais comme elle n'était pas là nous la cherchâmes et nous découvrîmes qu'elle s'était cachée derrière une porte avec une autre jeune fille. Finalement tout le monde descendit dans la salle à manger où ce n'était que tohu-bohu, danses, chanson et beuverie, ce dont j'avais honte ; de sorte qu'après être resté pour une danse ou deux je partis. Sur le chemin de la maison je passai chez milord voir Mr Shipley mais je le trouvai à la taverne du Lion avec un potier d'étain auquel il avait ce jour acheté des étains. Je bus avec eux, puis à la maison où j'écrivis par la poste sur ordre de milord pour demander à John Goods de venir tout de suite car milord a l'intention de partir immédiatement sur le Swiftsure en attendant que le Naseby soit prêt.
*            Aujourd'hui j'ai entendu dire que les lords ont l'intention de siéger et qu'un grand nombre d'entre eux sont maintenant en ville. À ce que j'ai pu voir ils étaient à Westminster aujourd'hui.
            Overton, à Hull, semble prêt à agir, et on dit que Lawson est allé là-bas avec quelques navires, mais tout cela ne rime à rien.
            Milord m'a dit que certains tentaient activement de rétablir le Protecteur mais il m'a dit également qu'il croyait que s'il revenait cela ne durerait pas longtemps, qu'il en serait de même si le roi revenait, bien qu'il semble croire  que cela va se produire, à moins qu'il ne se conduise bien et avec beaucoup de réserve. Tout le monde boit désormais à la santé du roi sans crainte, tandis qu'auparavant il était très rare qu'on ose le faire en public. n donne aujourd'hui une fête à la maison des merciers en l'honneur de Monck, et il est invité successivement par chacune des douze corporations de la ville de Londres.
            Maintes personnes pensent qu'il est de bonne foi et certains pensent qu'il serait sot de sa part de vouloir prendre le pouvoir et qu'il irait à sa perte s'il essayait.
            Je dois avouer que j'ai été grandement soulagé et réconforté des marques d'affection que milord m'a témoignées aujourd'hui. Ma femme et moi sommes restés à en discuter une heure ou deux avant de nous endormir.

                                                                                                                         7 mars
                                                                                                          mercredi des cendres
         

**            Ce matin allai voir milord chez Mr Crew.  En chemin Washington me rattrapa et comme je lui demandais s' il connaissait quelque poste actuellement vacant auquel je pourrais accéder avec l'aide d'amis influents, il me dit qu'aujourd'hui Mr George Montagu allait être nommé Custos Rotulorum de Westminster et que, par l'entremise d'amis, je pourrais peut-être être nommé par lui secrétaire chargé de l'ordre public. J'en fus très joyeux, comme de toute chose nouvelle, de sorte qu'en arrivant chez Mr Crew, j'en parlai à milord. Il m'a dit qu'il croyait que Mr Montagu avait déjà promis ce poste et qu'on le lui avait donné seulement à condition qu'il confie la place que je convoitais à une personne bien précise. Parmi les nombreuses personnes présentes je rencontrai Mr Lynes, le chirurgien, qui me promit quelques graines de sensitive. Je parlai également avec le chirurgien Mr Pearse, qui m'encouragea grandement à accompagner milord en mer. Alors que je regagnais la maison, milord me rattrapa en voiture et me fit monter. J'allai donc avec lui jusqu'au palais St James, et comme George Montagu était parti à Whitehall, nous nous promenâmes dans le parc. Pendant toute cette promenade, il discuta de l'époque et des changements intervenus depuis l'année passée et s'étonna d'avoir pu supporter d'aussi grandes déceptions. Il me donna les meilleurs conseils qu'il pouvait me donner quant à ce qui valait mieux pour moi : rester ou l'accompagner et m'offrit de m'aider de multiples façons, et se comporta avec moi avec beaucoup de franchise et d'amitié. Je le laissai à Whitehall et me rendis à Westminster à mon bureau, où il n'y avait rien à faire. Mais je discutai avec Mr Falconberg de la place de Le Squire et il me dit qu'il était d'accord pour que je l'aie si je le pouvais. Ensuite, dans la Grand-Salle je rencontrai William Simons qui m'indiqua les démarches à faire à cette fin. De là comme convenu, à l'Ange dans King Street où Chetwind, Mr Thomas et Doling étaient en train de manger des huîtres et commençaient ce jour le carême avec un dîner de poisson. Après dîner, Mr Thomas et moi allâmes par le fleuve à Londres, où je me rendis chez Herring et reçu les 50 livres de milord contre le billet à ordre de Frank en provenance de Worcester. Je remis la traite et signai sur son livre. De là je me rendis dans la venelle de la Tête du Pape pour rendre visite à Adam Chard. J'achetai un sifflet pour deux sous, puis je l'invitai à aller boire une chope de bière. Après cela je me rendis à la taverne du Soleil, derrière la Bourse. J'y rencontrai mon oncle Wirght et je l'emmenai au Coq, d'où Mr Thomas venait de partir, boire un verre ou deux. Puis nous nous quittâmes et chacun rentra chez lui. Nous nous séparâmes dans Fleet Street où je trouvai mon père qui venait de rentrer de Brampton en très bonne forme. Il avait laissé mon oncle avec une jambe gravement atteinte et il pense qu'il ne peut pas rester bien longtemps dans ce état. Il me dit que mon oncle l'a mis au courant de ce qu'il comptait faire de ses biens, qu'il pensait me faire son héritier et donner quelque chose à mon frère Tom, et que mon père et ma mère devraient aussi recevoir quelque chose pour donner à John et Pall une part d'héritage. Je prie Dieu qu'il tienne parole. Je restai à souper chez mon père, puis à la maison où il y avait Joyce Norton et Charles Glascock. En chemin je m'arrêtai chez Wotton et j'achetai une paire de souliers. A la maison Mr Shipley resta causer un peu avec moi : ensuite tout le monde alla se coucher.
            Ces nouvelles et la bienveillance de milord rendent intérieurement tout joyeux. Je prie Dieu qu'il me rende reconnaissant.
            Aujourd'hui, sur ordre du Parlement sir Arthur est venu à la Chambre. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Mais presque tous les membres du Parlement croupion étaient présents aujourd'hui.
            Milord semblait se demander vraiment pourquoi Lambert insistait tant pour être enfermé à la Tour de Londres et il pense qu'il a là quelque plan. Mais je crois que même s'il était en liberté il est si pauvre qu'il ne pourrait pas profiter de sa liberté tant il a de dettes, c'est donc aussi bien et même mieux pour lui d'être là-bas qu'ailleurs.


                                                                                                                8 mars 1660

            A Whitehall pour passer commande de bois de chauffage pour mon père chez Shott et également pour parler à Mr Blackburne afin d'obtenir un pacte de canonnier pour Betters sur le Wexford. Puis au palais de Westminster où les visages et les esprits étaient tristes du fait que certains officiers de l'armée devaient présenter une remontrance contre Charles Stuart ou toute autre forme de gouvernement par une seule personne. Mais à midi on apprit que le général s'y était opposé, et tout le monde fut soulagé. Je retrouvai Jasper qui devait venir me chercher pour me conduire auprès de milord dans les couloirs de la Chambre. Tandis que j'envoyais un mot à milord il vint me trouver et me transmit ses instructions qui étaient d'aller chercher de l'argent pour milord à l'Amirauté, car la situation est si précaire que milord refuse d'avancer un sou pour l'Etat tant que celui-ci ne lui aura pas remis quelque argent.
            A la maison vers 2 heures. J'emmenai ma femme par voie de terre jusqu'à Paternoster Row pour acheter quelque patron pour un jupon, puis retour à la maison. En chemin je rencontrai Mr Moore qui m'accompagna à la maison où je mangeai un morceau. Puis nous repartîmes tous deux pour Whitehall. Il resta à attendre Mr Crew au Conseil, et moi je me rendis à l'Amirauté où j'obtins le billet à ordre pour l'argent. Je pris soin de le faire transmettre à Mr Hutchinson, trésorier de la Marine, d'ici demain. En revenant à la maison je rencontrai Mr King, l'un des Trésoriers du Ministère de la Guerre et je l'emmenai chez Harper. Il m'apprit que lui et ses collègues étaient mis dehors par les nouveaux trésoriers généraux.
            Cet après-midi certains des officiers de l'armée et certains députés ont tenu une conférence à Whitehall pour tenter d'arranger la situation, mais je ne sais pas ce qu'il en résulte.
            Ce midi j'ai rencontré le capitaine Holland à la taverne du Chien. J'ai discuté avec lui des avantages que je pourrais tirer du fait que milord prenne la mer. Il pense que je devrais m'arranger pour faire recruter  cinq ou six domestiques à bord et leur donner pour gages ce qu'il me plairait, et garder leur paye pour moi. Il a aussi beaucoup insisté pour que je prenne le poste de secrétaire que milord m'offre.
            Au même moment vinrent nous rejoindre Mr Wade et Mr Sterry, secrétaire de l'ambassadeur du Danemark qui nous apprit la mort du roi de Suède à Gottenbourg le 3 février dernier. Il me dit combien il avait trouvé de changement en arrivant ici et en découvrant que les députés exclus étaient réadmis. Il parla également très librement des bénéfices réalisés par Mr Wade pendant son séjour en Zélande et qu'il croyait qu'il grugeait Mr Powell et que l'expérience lui avait rapporté plus de 500 livres. Mr Wade se mit en colère et nia les faits. Mais je crois qu'il est loin d'être innocent.



                                                                                                                     .../
* gainsborough    ** hogarth

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