lundi 29 avril 2013

Un Anarchiste Joseph Conrad 1 ( nouvelle Angleterre )


                                        
joseph conrad

                                                       Un anarchiste
                                                                               conte enragé


            Cette année-là je passai les deux plus beaux mois de la saison sèche sur l'un des domaines,  sur le principal domaine d'élevage devrais-je dire, d'une célèbre société de fabrication d'extrait de viande.
            B.O.S. B.O.S.Vous avez lu les trois lettres magiques sur les pages de réclame des journaux et des revues,  à la devanture des marchands de comestibles et dans les calendriers de l'année à venir que la poste vous apporte au mois de novembre. Ils diffusent aussi des brochures rédigées en plusieurs langues, en un style d'un enthousiasme nauséeux,  dont les statistiques de massacre et de sang auraient de quoi faire pâlir un Turc. L'oeuvre d'art destine à illustrer cette littérature représente en couleurs brutales et luisantes un énorme taureau noir qui piétine furieusement un serpent jaune convulse d'agonie dans une herbe vert émeraude,  le tout se détachant sur un ciel de cobalt. C'est atroce et allégorique.  Le serpent symbolise la maladie,  la faiblesse,  peut-être simplement la faim, cette maladie chronique de la plus grande partie de l'humanité.  Naturellement tout le monde connaît la B.O.S.Co Ltd, avec ses produits sans rivaux,  Vinibos, Jellybos, et la suprême,  l'inégalable perfection, le Tribos, dont les vertus nutritives vous sont offertes sous une forme non seulement hautement concentrée, mais déjà à moitié digérée.  Tel est apparemment l'amour que la Compagnie Limited porte à ses contemporains,  amour pareil à celui des père et mère pingouins pour leurs rejetons affamés.
            Évidemment il faut bien employer de façon productive les capitaux d'un pays, et je n'ai rien à dire contre la Compagnie. Mais, étant moi-même animé de sentiments d'affection pour mes frères en humanité,  je suis attristé par le système de publicité moderne. Malgré tout ce qu'il peut attester d'énergie,  d'ingéniosité,  de trouvailles et d'impudence chez certains individus,  il trahit surtout, à mon sens, la triste prédominance de cette forme de dégradation mentale qui s' appelle crédulité.
            J'ai dû en maintes régions du monde, civilisées ou non, avaler du B.O.S. avec plus ou moins de profit pour moi-même,  mais toujours sans grand plaisir.  Dissous dans de l'eau chaude et abondamment poivré pour en faire ressortir le goût,  cet extrait n'est pas absolument imbuvable.  Mais je n'ai jamais pu avaler sa réclame. Peut-être ont-ils manqué d'audace.  Autant que je m'en souvienne, ils ne promettent pas une jeunesse éternelle à ceux qui font usage du B.O.S., et n'ont pas encore attribué à leur estimable produit le pouvoir de ressusciter les morts. Pourquoi cette réserve austère,  je me le demande.  Je ne crois d'ailleurs pas qu' ils m'auraient eu,même à ce prix. Quelle que soit la forme de dégradation humaine dont je puisse, étant humain moi-même,  souffrir ce n'est pas de la forme populaire. Je ne suis pas gobeur.
            Je me suis appliqué à souligner ce point me concernant en vue du récit qui va suivre.  J'en ai, dans la mesure du possible,  contrôlé les données.  J'ai consulté des collections de journaux français,  et j'ai interrogé,  lorsque le hasard de mes voyages m'amena à Cayenne,  l'officier qui commande la garde militaire de l'île Royale.  Je crois l'histoire vrais,  au fond. Ce n'est pas, me semble-t-il , le genre d'histoire qu' un homme invente sur son propre compte,  car elle n'est ni grandiose ni glorieuse,  ni assez drôle non plus pour flatter une vanité pervertie.
            Elle a trait au mécanicien d'un petit vapeur appartenant à la Compagnie B.O.S. Ltd., dans son domaine de Maranon. Ce parc à bestiaux est aussi une île,  une île grande comme une petite province,  située dans l'estuaire d'un grand fleuve de l'Amérique du Sud. Elle est sauvage et sans beauté,  mais l'herbe qui pousse sur ses plaines basses paraît douée de qualités nutritives et aromatiques exceptionnelles.  Elle retentit des beuglements des troupeaux innombrables,  un bruit sourd et déchirant qui monte sous le. Vaste ciel comme une protestation formidable de prisonniers condamnés à mort. Sur la terre ferme,  par-delà vingt milles d'eau boueuse et décoloré e, dort une ville que nous appellerons, si vous voulez, Horta.
            Le trait le plus intéressant de cette île,  qui fait l'effet d'une sorte de pénitencier pour animaux,  c'est qu' elle est le seul habitat connu d'un papillon rarissime et somptueux.  L'espèce en est même plus rare que belle,  ce qui n'est pas peu dire. J'ai déjà fait allusion à mes voyages. Je voyageais à cette époque,  mais strictement pour moi, et avec une modération inconnue de nos jours où l'on peut prendre un billet pour faire le tour du monde. Je voyageais même avec un but. En fait, je suis, " Ha! Ha , un enragé tueur de papillons,  ha ! ha! Ha! ".
            C'est en ces termes et sur ce ton que Mr Harry Gee, régisseur du domaine parlait de mes travaux.  J'incarnais pour lui la plus parfaite absurdité du monde, alors qu' à ses yeux la Compagnie B.O.S. Ltd représentait au contraire le summum des. réalisations du XIX e siècle.  Je crois qu' il gardait ses guêtres et ses éperons pour dormir. Ses journées en selle,galopant à travers plaines,  suivi d'une escorte de cavaliers à demi sauvages qui l'appelaient Don Enrique et ne se faisait pas une idée bien nette de la Compagnie B.O.S.Ltd qui payait leurs gages. C'était un excellent  régisseur,  bien que je ne m'explique pas pourquoi il s' obstinait, quand nous nous retrouvions aux repas, à me donner de grandes tapes dans le dos, en me demandant d'une voix forte et moqueuse :
            - Alors grand Chasseur,  encore un carnage aujourd'hui ? Une hécatombe de papillons.? Ha, ha, ha !
            D'autant moins qu' il me facturait deux dollars par jour l'hospitalité de la B.O.S. Co Ltd, au capital de 1 500 000 livres sterling, entièrement versé,  dont le bilan pour cette année-là doit sans doute faire état de ces versements.
            - Je ne crois pas, en toute justice pour la Compagnie,  pouvoir vous demander moins, m'avait-il expliqué avec une gravité extrême,  en réglant avec moi les conditions de mon séjour dan l''île.
            Ces bouffonneries auraient été assez inoffensives s' il n'y avait toujours quelque chose de détestable dans une intimité qui ne comporte aucun sentiment amical.  Et puis ses plaisanteries n'étaient pas des plus amusantes.  Elles consistaient en une répétition lassante et soulignées d'éclats de rire des épithètes descriptives appliquées à ses victimes. " Enragé tueur de papillons ! Ha, ha, ha ", voilà un échantillon de cet esprit que lui en tout cas prisait fort. Et c'est. avec le même humour qu'il attira mon attention sur le mécanicien du vapeur,  un jour que nous arpentions le sentier qui longe la baie.
            La tête et les épaules de l'homme émergeaient au-dessus du pont où gisaient divers outils et quelques pièces de mécanique. Il effectuait une réparation sur les machines.  Au bruit de nos pas il leva avec inquiétude un visage encrasse au menton pointu et à la petite moustache blonde. Ce que je distinguai de ses traits délicats sous les zébrures noires, m'apparut livide et épuisé,  dans l'ombre verdâtre de l'arbre énorme qui étendait son feuillage au-dessus du bateau amarré à la berge.
            A ma grande surprise Harry Gee interpella le mécanicien en l'appelant " Crocodile ", avec ce ton mi moqueur, mi brutal qui traduit une parfaite suffisance chez les gens de sa charmante espèce.
            - Comment va le travail aujourd'hui,  Crocodile ?
            J'aurais dû vous dire déjà que l'aimable Harry Gee avait appris un peu de français,  dans une colonie quelconque,  et qu' il prononçait cette langue avec une précision forcée très déplaisante,  comme s' il voulait s' en moquer. L'homme du bateau lui répondit aussitôt d'une voix agréable.  Ses yeux avaient une douceur liquide et ses dents luisaient d'un éclat extraordinaire entre ses lèvres minces et flétries. Le régisseur se tourna vers moi pour m'expliquer d'un ton jovial et bruyant.
            - Je l'appelle Crocodile parce qu' il vit à moitié dans l'eau, à moitié sur terre.  Un amphibie,  quoi ! Il n'y a pas d'autres amphibies sur l'île que les crocodiles,  alors il faut qu' il appartienne à cette espèce-là,  hein ? En réalité,  ce n'est rien moins qu' un citoyen anarchiste de Barcelone !
           - Un citoyen anarchiste de Barcelone?  répétai-je stupidement observant l'homme qui s' était remis à l'ouvrage et se penchait sur la machine en nous tournant le dos. Je l'entendis protester à voix très intelligible,  sans changer de position
            - Je ne sais même pas l'espagnol.
            - Hein ? Comment ? Vous osez nier que vous venez de là-bas ? se récria brutalement le régisseur modèle.
            - Sur quoi l'homme se redressa, laissa choir une clé anglaise dont il venait de se servir, et nous regarda. Il tremblait de tous ses membres.
            - Je ne nie rien, rien, rien du tout, fit-il excédé.
            Et ramassant son outil, il se remit au travail sans prêter plus d'attention à notre présence.  Après l'avoir regardé une ou deux minutes nous nous éloignâmes.
            - Est-ce vraiment un anarchiste ? demandai-je une fois hors de portée.
            - Je m'en fiche comme de l'an quarante,  répondit le jovial employé de la B.O.S. Je lui ai donné ce nom-là parce qu' il me convenait de le désigner ainsi. C'est l'intérêt de la Compagnie.
            - De la Compagnie ? m'écriai-je en m'arrêtant net.
            - Aha ! triompha-t-il, en levant son museau glabre de roquet et en écartant ses grandes jambes maigres.  Ça vous épate ? Je me crois tenu à faire de mon mieux pour la Compagnie,  qui a d'énormes frais. Tenez, notre représentant de Horta me dit qu'on dépense 50000 livres pour faire de la publicité dans le monde entier. Il ne faut pas lésiner sur le tape-à-l'oeil ! Eh bien, écoutez.  Quand je suis arrivé ici il n'y avait pas de canot à vapeur,  j'en ai réclamé un tout de suite et n'ai pas cessé par chaque courrier de réclamer jusqu'à ce que je l'obtienne. Seulement le bonhomme qu' on avait envoyé avec nous a lâches au bout de deux mois en laissant son bateau amarré au ponton de Horta. Il avait trouvé un poste plus avantageux dans une scierie du fleuve, le sagouin ! Et depuis ce temps-là c'est toujours la même histoire.  Par ici, le moindre vagabond écossais ou yankee qui s' intitule mécanicien vous demande dix-huit livres par mois, et à peine avez-vous eu le temps de vous retourner qu'il décampe, après avoir démoli quelque chose en général.  Je vous donne ma parole que certains des animaux que j'ai eus comme mécaniciens ne distinguaient pas la chaudière de la cheminée.  Quant à celui-là il connaît son affaire, et je n'ai pas envie de le laisser filer, comprenez-vous ?
            Il me donna un petit coup sur la poitrine pour accentuer l'effet de ses paroles.  Sans m'arrêter à cette familiarité je lui demandai ce que venait faire là-dedans la profession d'anarchiste de cet homme.
            - Tiens, ricana le régisseur.  Si vous voyez un beau jour un va-nu -pieds en loques se cacher dans les fourrés du côté de la mer, et en même temps à moins d'un mille de la côte,  une petite goélette filer à toutes voiles, vous ne croiriez pas le gars tombé du ciel, n'est-ce pas ? Et il ne pourrait venir que du ciel ou de Cayenne.  Moi, j'ai l'esprit vif. Dès que j'ai vu ce drôle de gibier je me suis dit : " Un forçat évadé ! " J'en étais aussi certain que de vous voir là devant moi, en ce moment. Je poussai mon cheval droit sur lui. Il a fait face un moment, perché sur un monticule de sable, en criant:
            - Monsieur, Monsieur, arrêtez !
            Puis à la dernière minute il a flanché et pris ses jambes à son cou. Je me suis dit : " Toi, je te materai avant de te lâcher ! " Et sans un mot je continuai la poursuite en le rabattant de droite à gauche. Je finis par le ramener à la côte et par l'acculer sur une petite langue de terre.  Les talons dans l'eau, il n'avait derrière lui que le ciel et la mer, et devant, à moins d'un mètre,  mon cheval qui s' ébrouait et piétinait le sable.
        *    Il croisa les bras sur la poitrine,  et leva le menton d'un geste d'enragé. Je n'allais pas me laisser impressionner par ces façons de mendigot.
            - Vous êtes un forçat échappé ? lui dis-je.
            En entendant parler français son menton tomba et il changea de figure.
            - Je ne nie rien, répondit-il, encore tout haletant, car je l'avais fait gambader joliment vite devant mon cheval.  Je lui demandai ce qu' il faisait là.  Il avait retrouvé le souffle et m'expliqua qu' il voulait gagner une ferme du voisinage,  dont probablement les gens de la goélette avait parlé. Je me mis à rire, ce qui l'inquiéta. L'aurait-on trompé ? N'y avait-il pas de ferme à portée de marche ?
            Je riais de plus en plus fort. Je riais de plus en plus fort et le premier troupeau croisé en route l'aurait réduit en charpie à coups de sabots. Un homme surpris à pied dans les pâturages n'a pas l'ombre d'une chance de s'en tirer.
            - Vous devez certainement la vie à notre rencontre, lui dis-je et il répondit que c'était bien possible, bien qu'il eût plutôt cru d'abord que je voulais l'écraser sous les sabots de mon cheval. Je lui affirmai que rien n'aurait été plus facile, si j'en avais eu envie. Sur quoi notre entretien s'enlisa. Je ne pouvais imaginer ce que j'allais faire du forçat, à moins de le pousser à l'eau. Je m'avisai de lui demander ce qui l'avait fait déporter. Il pencha la tête : Voyons, insistai-je : cambriolage, assassinat, viol ou quoi ? Je voulais savoir ce qu'il allait trouver à raconter, tout en attendant bien sûr un mensonge, mais il se contenta de dire:
            - Imaginez ce qu'il vous plaira. Je ne nie rien. Ça ne sert à rien de nier.
             Je le regardai fixement et une idée me vint.
             - Il y a des anarchistes là-bas, dis-je. Peut-être que vous êtes des leurs ?
             - Je ne nie rien du tout, Monsieur, répéta-t-il.
             Cette réponse me fit douter qu'il fût réellement anarchiste. Je crois que ces sacrés toqués-là sont plutôt fiers d'eux-mêmes. S'il avait été anarchiste il l'aurait proclamé tout de suite.
            - Qu'est-ce que vous étiez avant d'être forçat ?
            - Ouvrier, répondit-il, et bon ouvrier encore !
            Là je me dis que c'était sûrement un anarchiste, après tout. C'est de cette classe qu'ils sortent presque tous, n'est-ce pas ? J'ai horreur de ces brutes lâches qui jettent des bombes. J'étais presque décidé à tourner bride et à laisser le bonhomme se noyer ou crever de faim, à son gré. Quant à traverser l'île pour venir m'embêter, les bêtes sauraient bien l'en empêcher. Je ne sais ce qui me poussa à lui demander / Quel espèce d'ouvrier ?
            Je me souciais comme d'une guigne qu'il réponde ou pas, mais quand je l'entendis répliquer
            - Mécanicien, Monsieur.
            Je faillis tomber de selle de saisissement. Le canot en panne dormait dans la baie depuis trois semaines. Mon devoir envers la Compagnie était bien clair. Il avait remarqué mon sursaut et nous restâmes une grande minute à nous regarder dans les yeux, comme ensorcelés.
            - Montez en croupe derrière moi, commandai-je. Vous allez remettre mon canot d'aplomb.


                                                                C'est en ces termes que ............./
* papillon hibou                                                                                                                    à suivre 



                                                          
      
          

samedi 20 avril 2013

Sinatra Anthony Summers & Robbyn Swan ( Biographie États-Unis )


Sinatra
                                              Sinatra
                                                           la vie

       
            La vie d'un homme qui à peine sorti de l'adolescence décida qu'il serait chanteur et rien d'autre. Ses parents immigrés italiens sont installés à Hoboken, dans le New Jersey. Cité, avant de devenir riche lieu de villégiature, pauvre, violente, partagée entre les irlandais et les siciliens. Marty Sinatra, presque illettré épouse Dolly petite femme maigre qui donnera naissance à un bébé de 6kg 100, du forceps il gardera les traces d'un tympan perforé, et des marques sur la joue, l'oreille et le côté gauche du cou.17 décembre 1915. Il deviendra ( Harry James... ) " ... ce petit chanteur maigrelet qui chante si bien... " Méticuleux jusqu'à l'excès, son articulation et son don musical, son instinct apporteront à la chanson populaire une dimension surprenante. Mais homme ombrageux, dispendieux, amoureux sans doute surtout d'Ava Gardner, " la demoiselle du sud " épouse préférée de sa mère, ils se déchirèrent.  Sa vie professionnelle n'aurait pas vraiment pris son essor sans l'intervention de Moretti, et de différents mafieux, tout au long de sa carrière. Imposé dans L'homme au bras d'or, Tant qu'il y aura des hommes... Les auteurs décrivent le rôle de la mafia dans les productions hollywoodiennes. Homme hyper actif, il est co-actionnaires dans différents casinos  à Las Végas, volontiers cogneur, il boit, fume, transporte des valises de dollars toujours pour la mafia, épisode raconté par Jerry Lewis, en politique, il apporte son soutien au parti démocrate, grand admirateur de JFK, pour qui il organise des séjours chez lui à Palm Springs. Violemment déçu  par son éviction en raison de ses trop nombreuses amitiés mafieuses, le père du président l'étant déjà largement.
Homme ouvert, il n'admet pas la ségrégation ni l'antisémitisme. Il créé le Rat Pack avec Sammy Davis Jr Dean Martin Shirley Mac Laine. Un monde à lui seul, il aimait et admirait les caïds. Quatre fois marié, père de famille, généreux il aidait sans compter, ses amitiés amoureuses très, très nombreuses portent les noms des plus belles comédiennes, de Marlène Dietricht à Marilyn Monroe proche aussi par leurs relations mafieuses, Ses admirateurs l'appelaient The Voice, Blue man eyes.Il aimait la cou:leur orange, portait une pochette orange sur sa veste de smoking. Il travailla, perdu parfois sur scène jusqu'à 80 ans. A sa mort, à Las Vegas où il donna tant de représentations  "... toutes les lumières du Strip s'éteignirent quelques minutes, la circulation s'arrête et des milliers de personnes se tiennent chandelles à la main... A NewYork la pointe de l'Empire State Building est à nouveau illuminée en bleu, à Hollywood le sommet de la tout des Capitol Records est drapé de noir... Beverly Hills, messe solennelle en présence du tout Hollywodd, Gregory Peck, Larry King, Jack Nicholson, Faye Dunaway, Bruce Sprinsteen... etc. " 12 mai 1998. Les auteurs enquêtèrent 4 ans, et donnent une imposante biographie des 60 ans de carrière du chanteur un moment idole, et d'une époque, notamment l'imbrication de la mafia dans l'épopée Kennedy.

vendredi 19 avril 2013

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 17 Samuel Pepys ( Angleterre journal )



                                                         Journal

                                                                                                                24 mars 1660

            Je travaillai dur toute la journée à écrire des lettres au Conseil d'Etat, etc... Aujourd'hui Mr Creed vint à bord et eut le front de dîner avec milord, mais il ne put pas coucher à notre bord.
            Le soir le capitaine Isham qui avait passé toute la nuit précédente à Gravesend vint et amena avec lui Mr Lucy ( une relation de Mrs Pearse qui m'avait emmené chez elle ). Je bus avec lui dans la cabine du capitaine, mais comme j'avais du travail je ne pus lui tenir compagnie. J'expédie aujourd'hui de nombreuses lettres à l'étranger aussi nous n'avons pu aller nous coucher que tard. Mr Shipley et Mr Howe ont soupé avec moi dans ma cabine. Eliezer, le domestique, a renversé un pot de bière sur mes papiers et m'a occasionné beaucoup de travail. Puis, au lit.


                                                                                                            25 mars

            Vers 2 heures du matin, des lettres sont arrivées de Londres par notre chaloupe. Ils me réveillèrent donc, mais je refusai de me lever et donnai l'ordre d'attendre le matin, ce qu'on fit. Je me levai alors et portai les lettres à milord qui les lut au lit. Entre autres il y avait la lettre et le mandat l'autorisant à choisir les représentants au Parlement pour les Cinque Ports. Il y avait également une lettre pour moi de Mr Blackborne qui, de sa propre main, avait ajouté dessus " à S.P. gentilhomme ", ce qui ne m'a pas rendu qu'un peu fier. Après quoi j'ai écrit une lettre au secrétaire du château de Douvres pour l'inviter à venir voir milord au sujet de l'envoi de ses lettres.
            Vers 10 heures Mr Ibbot, au bout de la grande table, commença à prier et à prêcher. En vérité il fit un très bon sermon sur le devoir de tout chrétien d'être solide dans sa foi.
 *           Après cela le capitaine Cuttance et moi mangeâmes des huîtres, cependant que milord restait dans sa cabine, bien décidé à ne pas bouger aujourd'hui. Après cela nous montâmes dans la chambre des officiers au-dessus pour dîner avec le capitaine. Le capitaine Isham et touts les officiers du navire étaient là. J'avais la préséance sur tous, excepté le capitaine. Après dîner j'écrivis un grand nombre de lettres à mes amis à Londres. Ensuite de quoi le sermon recommença, mais je dormis tout le temps, Dieu me pardonne !
            Après cela, comme il faisait une belle journée, je me suis promené sur le pont avec le capitaine et nous avons bavardé. Le soir j'ai soupé avec lui et ensuite j'ai reçu des ordres de milord sur quelque affaire à régler pour demain. J'ai donc veillé tard pour m'en acquitter. Puis, au lit.


                                                                                                                26 mars

            Aujourd'hui cela fait deux ans qu'il plut à Dieu que je fusse opéré de la pierre chez Mrs Turner dans Salisbury Court. J'ai résolu de commémorer ce jour tant que je vivrai, comme je l'ai fait l'an dernier chez moi, et de toujours inviter Mrs Turner et ses amis. Mais, pour le présent, il plaît à Dieu que je sois là où je suis et je ne peux le faire ouvertement. Je ne peux me réjouir et bénir Dieu que dans mon âme, ce que je fais car, que son saint nom soit béni, je n'ai jamais été en aussi bonne santé de ma vie qu'en ce moment.
            Ce matin je me suis levé de bonne heure et me suis occupé de dresser un état de toute la flotte et de faire la liste de tous les bateaux, avec leur contingent d'hommes et de canons. Une heure plus tard, nous avons eu une réunion des principaux commandants de bord et officiers de marine pour évaluer nos forces. Après cela, dîner. Il y avait beaucoup de commandants à bord. Tout l'après-midi milord m'a dicté de très nombreux ordres, jusqu'à ce que je sois très las.
            Le soir, Mr Shipley et William Howe vinrent m'apporter quelques bouteilles de vin et des victuailles dans ma cabine, où nous passâmes un joyeux moment, en commémoration du jour où on m'a enlevé ma pierre. Le capitaine Cuttance vint ensuite et resta à boire une bouteille de vin jusqu'à 11 heures du soir. C'est là une marque d'amitié qu'il n'accorde habituellement pas à l'officier le plus gradé du navire. Après cela, au lit


                                                                                                                 27 mars
            Levé de bonne heure pour dresser un nouvel état de la flotte pour envoyer au Conseil. Ce matin, le vent s'est levé et nous sommes entrés dans le Hope. En passant devant le vice-amiral lui et le reste des frégates qui l'accompagnent nous ont salué de nombreuses salves et nous leur avons rendu leur salut, à tel point que les déflagrations ont brisé toutes les fenêtres de ma cabine et ont arraché le barreau de fer placé devant l'écoutille afin d'empêcher quiconque de s'y glisser. Ce midi j'ai dîné, pour la première fois que je suis en mer, à la table de milord. Tout l'après-midi j'ai été très occupé à écrire des lettres et des ordres. Dans l'après-midi, sir Harry Wright vint à bord discuter de son élection au Parlement. Milord l'a amené voir ma cabine, tandis que j'étais plongé dans mon travail d'écritures. Le soir j'ai soupé en compagnie de milord avec le capitaine. Après cela je me suis remis au travail jusque tard dans la nuit. Puis, au lit.


                                                                                                                     28 mars

            Ce matin et toute la journée, beaucoup de travail, d'autant plus que Mr Burr s'est occupé toute la journée de ses propres affaires à Gravesend. Le soir, un gentilhomme très bien éduqué, du nom de Banes, qui se rendait à Flushing, et qui parlait très bien français et latin, fut amené à bord comme prisonnier sur ordre du capitaine Clarke, pour avoir crié, depuis le navire qui le transportait : " Où est votre roi ? Nous avons fait ce qu'il fallait faire : vive le Roy ! " *Il a avoué qu'il était Cavalier dans son coeur et que lui et toute sa famille avait combattu pour le roi, mais qu'il était ivre quand il avait crié, car il avait passé toute la nuit précédente en permission à Gravesend, et qu'il ne se rappelait pas ce qu'il avait dit. Mais ses paroles et son comportement montraient qu'il était gentilhomme. Milord le trouva sympathique; mais pensa qu'il n'était pas sûr de le relâcher. Il donna cependant des ordres pour qu'on le traite avec civilité. On le conduisit donc à la cabine du lieutenant de vaisseau, où on lui donna à souper. Entre-temps, j'écrivis une lettre au Conseil à son sujet et un ordre pour qu'on renvoie le navire sur lequel on l'avait pris. Mais, peu après , il envoya une lettre à milord, que milord trouva fort à son goût, si bien qu'il discuta avec moi du meilleur parti à prendre. De sorte que je dis un mot à milord, puis au capitaine, en faveur de relâcher ce gentilhomme et d'arrêter la lettre, ce qui fut fait. Je montai alors bavarder avec lui en latin et en français, et je bus une ou deux bouteilles de vin avec lui. Vers 11 heures du soir, il repartit sur son bateau, et Dieu le bénisse ! De là, à ma cabine et au lit. Aujourd'hui nous avons reçu la nouvelle selon laquelle Bernard et Pedley ont été élus à Huntingdon. Milord fur très fâché que ses amis aient été battus.


                                                                                                               29 mars

            Nous mouillons un peu au-dessus de Gravesend.
            Dans la soirée Mr Shipley est revenu de Londres et nous a donné les résultats de plusieurs élections pour le prochain Parlement. Il nous a rapporté qu'on refaisait une effigie du roi pour la remettre à la Bourse.
***            Ce soir on murmurait un peu partout que certains des capitaines du vice-amiral étaient mécontents et avaient l'intention de combattre contre l'amiral. Mais on a vite fait taire ces rumeurs. Le vice-amiral a formellement démenti la chose et a protesté de sa fidélité à l'amiral.
            Le soir Mr Shipley, William Howe et moi avons soupé dans ma cabine. Puis nous sommes montés dans la cabine du lieutenant de vaisseau où nous sommes restés bavarder. Puis, au lit.


                                                                                                                  30 mars

            Je fus salué au matin par deux lettres de personnes auxquelles j'avais fait une faveur, qui contenaient chacune une pièce d'or. Aujourd'hui, tandis que milord et moi étions en train de dîner, le Naseby se profila devant nous et vint finalement s'ancrer près de nous. Après dîner, milord et nombre d'autres montèrent à bord. Tout y était en désordre. Une nouvelle cheminée avait été installée pour milord dans sa chambre à coucher, et il en fut très content. Milord, par son discours, révéla qu'il était très attaché à ce bateau.


                                                                                                                  31 mars 1660

            Ce matin, le capitaine Jowles, commandant le Wexford, est venu à bord. C'est moi qui lui ai obtenu auprès de milord ce commandement, une fois la chose faite, il était entendu qu'il compléterait les 20 shillings qu'il m'avait donnés hier, à concurrence de 5 livres. Je lui fis donc signer un billet selon lequel il me doit 4 livres et j'envoyai mon domestique avec lui à Gravesend. Il lui donna 4 livres pour moi et le garçon lui remit discrètement le billet. Ce matin Mr Hill, qui habite dans Axe Yard, est venu à bord avec le vice-amiral. Je lui ai donné une bouteille de vin. Cela me fait extrêmement plaisir d'être en mesure d'honorer mes amis. De nombreux ordres à écrire tout l'après-midi. Le soir Mr Shipley, Mr Howe, Mr Ibbot et moi avons soupé ensemble dans ma cabine.


                                                                                                ............/     1er Avril 1660



*    van loo
**   en français
*** l'angleterre au xvii sc











lundi 15 avril 2013

Sainte Lucie Jacques de Voragine '( conte - récit extrait de La Légende dorée )





                                                   Sainte Lucie , Vierge

            Lucie, vierge de Syracuse, noble d'origine, entendant parler par toute la Sicile de la célébrité de Sainte Agathe, alla à son tombeau avec sa mère Euthicie qui, depuis quatre ans, souffrait sans espoir de guérison d'une perte de sang. Or, à la messe, on lisait l'évangile où l'on racontait que N. S. guérit une femme affligée de la même maladie. Lucie dit alors à sa mère :
            - Si vous croyez ce qu'on lit, croyez que Agathe jouit toujours de la présence de celui pour lequel elle a souffert. Si donc vous touchez son tombeau avec foi, aussitôt vous serez radicalement guérie.
            Quand toute l'assistance se fut retirée la mère et la fille restèrent en prières auprès du tombeau. Le sommeil alors s'empara de Lucie, et elle vit Agathe entourée d'anges, ornée de pierres précieuses, debout devant elle et lui disant :
             - Ma soeur Lucie, vierge toute dévouée à Dieu, que demandez-vous de moi que vous ne puissiez vous-même obtenir à l'instant pour votre mère ? Car elle vient d'être guérie par votre foi.
             Et Lucie qui s'éveilla dit :
             - Mère, vous êtes guérie. Or, je vous conjure au nom de celle qui vient d'obtenir votre guérison par ses prières de ne pas me chercher d'époux. Mais tout ce que vous deviez me donner en dot, distribuez-le aux pauvres.
            - Ferme-moi les yeux auparavant, répondit la mère, et alors tu disposeras de ton bien comme tu voudras.
            Lucie lui dit :
            - En mourant si vous donnez quelque chose c'est parce que vous ne pouvez l'emporter avec vous. Donnez-le moi tandis que vous êtes en vie, et vous en serez récompensée.
            Après leur retour on faisait journellement des biens une part qu'on distribuait aux pauvres. Le bruit du partage de ce patrimoine vint aux oreilles du fiancé, et il en demanda le motif à la nourrice. Elle eut la précaution de lui répondre que sa fiancée avait trouvé une propriété de plus grand rapport qu'elle voulait acheter à son nom. C'était le motif pour lequel on la voyait se défaire de son bien. L'insensé croyant qu'il s'agissait d'un commerce tout humain, se mit à faire hausser lui-même la vente. Or, quand tout fut vendu et donné aux pauvres, le fiancé traduisit Lucie devant le conseil Pascasius : il l'accusa d'être chrétienne et de violer les édits des Césars. Pascasius l'invita à sacrifier aux idoles, mais elle répondit :
            - Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est de visiter les pauvres, de subvenir à leurs besoins, et parce que je n'ai plus rien à offrir, je me donne moi-même pour lui être offerte.
            Pascasius dit :
            - Tu pourrais bien dire cela à quelque chrétien insensé comme toi, mais à moi qui fais exécuter les décrets des princes, c'est bien inutile de poursuivre.
            - Toi, reprit Lucie, tu exécutes les lois de tes princes, et moi j'exécute la loi de mon Dieu. Tu crains les princes, et moi je crains Dieu. Tu ne voudrais pas les offenser et moi je me garde d'offenser Dieu. Tu désires leur plaire et moi je souhaite ardemment de plaire à J.C. Fais donc ce que tu juges te devoir être utile, et moi je ferai ce que je saurai m'être profitable.
            Pascasius lui dit :
            - Tu as dépensé ton patrimoine avec des débauchés, aussi tu parles comme une courtisane.
            - J'ai placé, reprit Lucie, mon patrimoine en lieu sûr, et je suis loin de connaître ceux qui débauchent l'esprit et le corps.
            Pascasius lui demanda :
            - Quels sont-ils ces corrupteurs ?
            Lucie reprit :
            - Ceux qui corrompent l'esprit, c'est vous qui conseillez aux âmes d'abandonner le créateur. Ceux qui corrompent le corps, ce sont ceux qui préfèrent les jouissances corporelles aux délices éternelles.
            -Tu cesseras de parler, reprit Pascasius, lorsqu'on commencera à te fouetter.
            - Les paroles de Dieu, dit Lucie, n'auront jamais de fin.
            - Tu es donc Dieu, repartit Pascasius
            - Je suis, répondit Lucie, la servante du Dieu qui a dit " Alors que vous serez en présence des rois et des présidents, ne vous inquiétez pas de ce que vous aurez à dire, ce ne sera pas vous qui parlez, mais l'Esprit parlera en vous.
            Pascasius reprit :
            - Alors tu as l'esprit saint en toi ?
            - Ceux qui vivent dans la chasteté, dit Lucie, ceux-là sont les temples du Saint-Esprit.
            - Alors, dit Prascasius, je vais te faire conduire dans un lieu de prostitution pour que tu y subisses le viol, et que tu perdes l'esprit-saint.
            - Le corps, dit Lucie, n'est corrompu qu'autant que le coeur y consent, car si tu me fais violer malgré moi je gagnerai la couronne de chasteté. Mais jamais tu ne sauras forcer ma volonté à y donner consentement. Voici mon corps, il est disposé à toutes sortes de supplices. Pourquoi hésites-tu ? Commence, fils du diable, assouvis sur moi ta rage de me tourmenter.
            Alors Pascasius fit venir des débauchés en leur disant :
            - Invitez tout le peuple, et qu'elle subisse tant d'outrages qu'on vienne dire qu'elle en est morte.
            Or quand on voulut la traîner, le Saint-Esprit la rendit immobile et si lourde qu'on ne put lui faire exécuter aucun mouvement. Pascasius fit venir mille hommes et lui fit lier les pieds et les mains, mais ils ne surent la mouvoir en aucune façon. Aux mille hommes il ajouta mille paires de boeufs, et cependant la vierge du Seigneur demeura immobile. Il appela des magiciens afin que par leurs enchantements ils la fissent remuer, mais ce fut chose impossible. Alors Pascasius dit :
            - Quels sont ces maléfices ? Une jeune fille ne saurait être remuée par mille hommes ?
            Lucie lui dit :
            - Ce ne sont pas maléfices mais bénéfice de J.C. et quand vous en ajouteriez encore dix mille vous ne m'en verriez pas moins immobile.
            Pascasius pensant , selon quelques rêveurs, qu'une lotion d'urine la délivrerait du maléfice, il l'en fit inonder. Mais comme auparavant on ne pouvait venir à bout de la mouvoir, il en fut outré. Alors il fit allumer autour d'elle un grand feu et jeter sur son corps de l'huile bouillante mêlée de poix et de résine.
            Après ce supplice Lucie s'écria :
            - J'ai obtenu quelque répit dans mes souffrances, afin d'enlever à ceux qui croient la crainte des tourments, et à ceux qui ne croient pas, le temps de m'insulter.
            Les amis de Pascasius le voyant fort irrité, enfoncèrent une épée dans la gorge de Lucie qui, néanmoins, ne perdit pas la parole :
            - Je vous annonce, dit-elle que la paix est rendue à l'Église, car Maximien vient de mourir aujourd'hui, et Dioclétien est chassé de son royaume. Et, de même que ma soeur Agathe a été établie la protectrice de la ville de Catane, de même j'ai été établie la gardienne de Syracuse.
            Comme la vierge parlait ainsi, voici venir les ministres romains qui saisissent Pascasius, le chargent de chaînes et le mènent à César. César avait en effet appris qu'il avait pillé toute la province. Arrivé à Rome, il comparaît devant le Sénat, est convaincu, et condamné à la peine capitale.
            Quant à la vierge Lucie elle ne fut pas enlevée du lieu où elle avait souffert, elle rendit l'esprit seulement quand les prêtres furent venus lui apporter le corps du Seigneur. Et tous les assistants répondirent : Amen.
            Elle fut ensevelie dans cet endroit-là même où on bâtit une église. Or, elle souffrit au temps de Constantin et de Maxime, vers l"an de N.S. 310.




                                                 ( éd GF  Jacques de Voragine - Varazze 1225/1230 ? - 1298 )
                                            

vendredi 12 avril 2013

La Maison des Anges Pascal Bruckner France ( roman )





                                                         La Maison des Anges

            " Polar du bitume ", dit l'auteur. De son enfance Antonin a retenu les larmes de son père, communiste, supportant la très grande liberté de sa mère, par ailleurs garçon bien éduqué " ils l'avaient révulsé par leur indiscipline systématique ", deviendra d'une méticulosité obsessionnelle. " Un appartement n'est impeccable que pour un regard superficiel... " Sa cohabitation avec Monika propriétaire d'un chien tourne à la tragédie pour l'animal d'une affection débordante. Antonin travaille dans une agence immobilière, vend des appartements à Paris et des maisons en proche province. Une visite de l'un de ces logements situé dans la plaine Monceau destiné à des acheteurs brésiliens tourne à la catastrophe dès l'entrée. Un clochard vomit devant le marbre et les pieds des visiteurs. Plus tard vente ratée Antonin tabasse, à coups de pieds l'homme mendiant et fuit le croyant mort. Puis il rencontre une femme, grande bourgeoise, mais aussi bienfaitrice bénévole des plus démunis. Troublant personnage qui a travaillé auprès Mère Thérésa entraîne Antonin dans son action de bénévolat et à sa perte. Pascal Bruckner essayiste, romancier dépeint un Paris propriété des clochards de dernière zone, des sans-papiers, des sans-emplois-sans logements, des sous-terrains, des soupes populaires, des maisons d'accueil, des sentiments de chacun face à la misère la plus noire, les sentiments douteux " des artistes de gauche, des bobos... " Le roman pourrait être l'un de ceux d'un romancier américain décrivant les bas-fonds newyorkais, tant ils ressemblent à ce qu'est devenu Paris, s'ils étaient aussi bien écrits. Paris traversé d'est en ouest et du nord au sud. La mendicité décrite comme un commerce, des mendiants organisés. Pascal Bruckner travailla dans l'humanitaire, son regard aigu accroche tous les travers des riches, des pauvres. A lire, Paris d'aujourd'hui.

mardi 9 avril 2013

Constantinople Anna de Noaïlles France ( Poème )






                                                         Constantinople


               J'ai vu Constantinople étant petite fille
               Je m'en souviens un peu
               Je me souviens d'un vase où la myrrhe grésille
               Et d'un minaret bleu.

      Je me souviens d'un soir aux Eaux-Douces d'Asie
               Soir si traînant, si mou
               Que déjà, comme un chaud serpent la Poésie
               S'enroulait à mon cou.

               Une barque passa, pleine de friandises
               O parfums balancés.
               Des marchands nous tendaient des pâtes de cerises
               Et des cédrats glacés.

               Une vieille faisait cuire des aubergines
               Sur l'herbe, sous un toit.
               Le ciel du soir était plus beau qu'on n'imagine,
               J'avais pitié de moi.

               Et puis j'ai vu cerné d'arbres et de fontaines,
               Un palais rond et frais.
               Des salons où luisait une étoile d'ébène
               Au milieu des parquets.

               Un lustre clair tintait au plafond de la salle
               Quand on marchait trop fort ;
                J'étais ivre d'ardeur, de pourpre orientale
                Mais j'attendais encore.

                J'attendais le bonheur que les petites filles
                Rêvent si fortement
                Quand l'odeur du benjoin et des vertes vanilles
                Évoque un jeune amant ;
                    Je cherchais quelle aimable et soudaine aventure
                Quel enfantin vizir
                Dans ce palais plus tendre et frais que la nature
                Allait me retenir.

                Ah ! si, tiède d'azur, la terre occidentale
                Est paisible en été,
                Les langoureux trésors que l'Orient étale
                Brûlent de volupté.

                O colliers de coraux, ô nacres en losanges,
                O senteurs des bazars ;
                Vergers sur le Bosphore, ou des raisins étranges
                Sont roses comme un fard.
 
                Vie indolente et chaude, amoureuse et farouche,
                Où tout le jour on dort,
                Où la nuit, les désirs sont des chiens, dont la bouche,
                Se provoque et se mord.

                Figuiers d'Amaout-keuï, azur qui luit et tremble,
                Monotone langueur
                De contempler sans trêve un horizon qui semble
                Consacré au bonheur.

                Hélas ! Pourquoi faut-il que les beaux paysages
                de rayons embrasés,
                Penchent si fortement les mains et les visages
                Vers les mortels baisers ?

                Tombes où des turbans coiffent les blanches pierres
                O morts qui sommeillez,
                Ce n'est pas le repos, la douceur, les prières
                Que vous nous conseillez.

                Vous nous dîtes " Vivez, ce que contient le monde
                 De sucs délicieux,
                 On le boit à la coupe émouvante et profonde
                 Des lèvres et des yeux.

                 " La beauté du ciel turc, des cyprès, des murailles
                 Nul ne peut l'enfermer
                 Mais le bel univers se répand et tressaille,
                 Dans des regards pâmés.

                 L'immense odeur du musc, du cèdre et de la rose
                 Glisse comme le vent ;
                 Mais l'Amour, de ses doigts divins la recompose
                 Au creux d'un chaud divan.

                 Sainte-Sophie, avec ses forêts de lumière
                 Et ses bosquets d'encens
                 Se laisse contempler et toucher tout entière
                 Sur un corps languissant. "

                 Vous me brûlez les os,
                 Hélas ! je vous entends, morts de la terre chaude,
                 Depuis mes premiers ans toute mon âme rôde
                 Auprès de vos tombeaux.

                 J'étais faite pour vivre au bord de l'eau profane
                 Sous le soleil pressant
                 Consacrant chaque soir à la jeune Diane
                 La ville du Croissant.

                 J'étais faite pour vivre en mangeant des pignolles
                 Sous le frêle prunier
                 Où Xanthé préparait, enfant joueuse et molle,
                 Le coeur d'André Chénier.

                 J'étais faite pour vivre en ses voiles de soi
                 Et sous ces colliers verts,
                 Qui serrent faiblement, qui couvrent et qui noient
                 Des bras toujours ouverts.

                 La douce perfidie et la ruse subtile
                 Auraient conduit mes jeux
                 Dans les jardins secrets où l'ardeur juvénile
                 Jette un soupir joyeux.

                 On n'aurait jamais su ma peine ou mon délire
                 Je n'aurais pas chanté,
                 J'aurais tenu sur moi comme une grande lyre
                 Les soleils de l'été.

                 Peut-être que ma longue et profonde tristesse
                 Qui va priant, criant,
                 N'est que dur besoin,qui m'afflige et m'oppresse,
                 De vivre en Orient ?



          
                                                                                                        Anna de Noaïlles
               

Anecdotes et réflexions d'hier pour aujourd'hui 16 journal Samuel Pepys ( Angleterre )






fragonard
                                                                                                                             17 mars 1660

            Ce matin, j'ai dit adieu au lit à  ma femme.  Nous nous sommes levés et j'ai donné à ma femme un peu d'argent pour couvrir ses besoins pendant quelque temps, et les papiers importants que je possède. Puis je la laissai se préparer et j'allai voir milord avec mon laquais Eliezer au domicile de milord chez Mr Crew. J'y réglai plusieurs affaires avec milord,  et il me remit une grande quantité de papiers pour que je les trie et que je l'en débarrasse comme du reste. Après quoi je revins à la maison avec Mr Moore et j'emmenai ma femme en voiture à l'Échiquier dans Holborne. Après nous y être rafraîchis elle est montée en voiture et adieu.. Je restai un moment avec Tom Alcok et Mr Anderson le frère de mon vieux camarade de chambre de Cambridge et nous primes un verre. Ils étaient venus me voir au sujet de quelqu'un qui voudrait une place dans la marine. De là j'allai dîner avec Mr Hawley chez Mr Crew. Après dîner je repassai chez moi ou toutes nos affaires avaient été rassemblées dans la salle à manger et mises sous clé ( ma femme avait emporté la clé avec elle ). Aujourd'hui,  en présence de Mr Moore ( qui l'a rédigé ) et de Mr Hawley j'ai, avant de partir avec ma femme, scellé mon testament et le lui ai remis. Je lui donne tout ce que j'ai au monde, à l'exception de mes livres que je donne à mon frère John, sauf les livres français qui doivent revenir à ma femme.
            Dans la soirée, à l'Amirauté j'y retrouvai milord et j'obtins une commission pour Williamson qui sera capitaine de la frégate la Harpe. Je me rendis ensuite en voiture, en compagnie de Mr Crips, chez milord et lui fit signer cette nomination à table,  pendant qu'il soupait. Je retournai ensuite à Westminster, toujours avec Crips qui est très désireux de partir en mer. Milord m'a dit aujourd'hui qu' il était prêt à lui consentir n'importe  quelle faveur.  Je rentrai donc avec lui chez sa mère, qui habite près de chez moi dans Axe Yard, j'y retrouvai la femme du Dr Claudius et je restai bavarder et écouter la vieille Mrs Crips jouer ses vieux morceaux au clavecin jusqu'à l'heure du coucher. Après quoi j'allai au lit, je dormis avec son fils Laud dans la meilleure chambre de la maison qui, en vérité, était joliment meublée.



                                                                                                                    18 mars 1660

            Il a plu aujourd'hui  toute la journée.  Je me levai tôt et allai chez le barbier, Jerva, dans la cour du Palais. Il me coupa les cheveux, ensuite je pris avec lui une chope ou deux de bière et je commençai d'engager son domestique pour m'accompagner en mer. Ensuite au domicile de milord où je trouvai le capitaine Williamson. auquel je remis sa commission de capitaine de la Harpe et il me donna une pièce d'or et 20 livres en argent. Puis chez moi où je restai un moment avant d'aller dîner chez Mr Shipley au domicile de milord. Après cela chez Mr Messum qui fit un très élégant sermon sur " Priez pour la vie du roi, et le fils du roi. " ( Esdras 6.10 ).
        De là chez Mr Crew, mais comme milord n'y était pas, je ne restai pas, mais m'en allai.  Rencontrai Mr Woodfine qui m'emmena dans une taverne à bière dans Drury Lane. Nous restâmes à boire ensemble et à manger des petits pains grillés qui étaient très bons et dont l'aspect nous a bien fait rire avec la maîtresse de maison.  Je pris ensuite le chemin de la maison et je passai chez Mr Belgrave où je repris le billet que je lui avais signé pour 40 shillings qu'il m'avait prêtés sur gage il y a deux ans, cependant qu' il gardait mon luth, de sorte que nous sommes désormais quittes lui et moi. Puis chez Mrs Crisp. Elle, sa fille, son fils et moi restâmes à bavarder jusqu'à 10 heures du soir. Je leur donnai les meilleurs conseils que je pouvais donner au sujet de leur fils, à savoir qu' il devrait entrer dans la marine. Puis, au lit.



                                                                                                                        19 mars

            De bonne heure chez milord, où il y avait beaucoup de travail. J'en ai la tête pleine. En vérité, depuis deux ou trois jours je suis très préoccupé et je pense constamment à tous ces problèmes. Après cela à l'Amirauté où je restai un bon moment avec Mr Blackborne qui m'a dit qu'il était fort à craindre que le roi ne revienne, car on décourageait touts les républicains et toutes leurs initiatives. De là chez Wilkinson où je dînai  * avec Mr Shipley, pendant que nous dînions le garde du corps de milord Monck vint précédé du commandant militaire du Parlement, faire deux déclarations : la première est que tous les cavaliers doivent quitter la capitale, et la seconde que tous les officiers qui ont été récemment licenciés doivent faire de même. De cette seconde proclamation Mr Robert Creed a dit, je m'en souviens, que c'était comme si on avait dit que tout le peuple de Dieu devait quitter la capitale. De là je me rendis avec quelques officiers de marine à la taverne du Cygne, où nous bûmes du vin en attendant un certain Wilday qui devait venir me remettre de l'argent en  provenance de Worcester, à savoir 25 livres. J'allai dans une autre pièce, je pris l'argent, je bus avec lui jusqu'à ce que tous ceux qui m'accompagnaient fussent partis, et nous nous quittâmes. Pour rentrer, comme le fleuve était en crue, je demandai à Crockford de me porter sur ses épaules. Puis à la maison, où je déposai mon argent.
            On ne parle plus maintenant que du retour du roi et, d'après ce que j'entends, c'est le souhait de tous et tout le monde est persuadé que cela va avoir lieu.
            Je continue à être très triste pour ma pauvre femme, mais j'espère que cette entreprise en vaudra la peine.
            A Whitehall où je restai travailler tard à l'Amirauté, puis chez Tony Robin où se trouvaient le capitaine Stokes, Mr Luddington et d'autres. Je parlai au capitaine en faveur de Laud Crisp et il me promit qu'il le recevrait.
            Après cela chez Mrs Crisp où je retrouvai le Dr Clodius et sa femme. Lui avait bu et était très gai. Nous jouâmes aux cartes tard. Puis au lit
     **       Aujourd'hui milord a dîné chez le lord-maire. Jasper s'y est laissé enivré et milord en a été très en colère.



                                                                                                                    20 mars 1660

            Le temps reste très pluvieux. Ce matin je me levai tôt et je passai chez moi mettre un peu d'ordre dans mes affaires avant mon départ, que je crois être pour demain. Après cela chez milord où beaucoup de travail m'attendait. Il me donne toutes les lettres et tous les papiers qui arrivent pour lui concernant la marine, et je dois.lui préparer un compte-rendu pour lorsque nous serons à bord. De là me rendis avec le capitaine Isham en voiture à Whitehall, à l'Amirauté. Lui et moi ainsi que Chetwind, Doling et Llewellyn dînâmes ensemble chez Marsh à Whitehall. Ensuite, à la Tête de Taureau où William Simons vint nous rejoindre. Je leur jurai mon amitié avant de prendre la mer, et nous nous quittâmes. Ils me promirent de m'écrire en mer. Puis le domestique de Pim vint, selon mes instructions, avec deux montures pour que j'en choisisse une. Je pris la couleur la plus sombre et je laissai l'autre pour Mr Shipley ( J'ai fait une erreur ici, je n'ai en fait pris congé d'eux que le lendemain ). De là, en voiture à Londres. Je pris mélancoliquement congé de mon père et de ma mère, sans avoir le temps de prendre un verre ou de parler de nos affaires. En vérité, j'avais peur de ne plus jamais revoir ma mère, car elle avait alors un gros rhume. Ensuite, à Westminster où, en raison de la pluie et d'un vent d'est l'eau était si haute qu'on circulait en barque dans King Street et que toute notre cour était inondée, si bien qu'on ne pouvait pas accéder à ma maison. On n'avait pas vu cela de mémoire d'homme. La plupart des maisons sont inondées. Puis retour en voiture chez milord où je retrouvai Mr Shipley. Il resta avec moi à attendre que milord rentre, jusque tard dans la soirée. Alors lui et moi et William Howe allâmes avec nos épées chercher milord chez sir Henry Wright pour le reconduire chez lui. Il a décidé de partir demain si le vent se calme. Shipley et moi rentrâmes en voiture, moi chez Mrs Crisp qui m'avait attendu longtemps devant un bon souper qu'elle avait préparé. Nous restâmes à bavarder et à plaisanter jusque très tard, puis Laud et moi allâmes nous coucher.



                                                                                                             21 mars 1660

            Chez milord, mais comme le vent soufflait très fort contre nous et que le temps était mauvais nous n'avons pas pu partir aujourd'hui. J'ai fait beaucoup de travail, je suis ensuite allé voir milord Widdrington de la part de milord qui désirait pouvoir disposer des lettres ordonnant  des élections pour les  Cinque Ports. Milord fut très civil avec moi. Il fit apporter du vin et il écrivit une longue lettre de réponse. De là je suis allé dans une taverne en face de chez Mr Pearse avec le juge rapporteur Fowler et Mr Burr, je restai boire avec eux deux ou trois pintes. Après cela je retournai chez Mr Crew et rendis compte à milord de ce que j'avais fait. Ensuite, je m'occupai d'aller prendre congé de mon père et de ma mère. J'ai par erreur consigné ces adieux pour la journée d'hier. De là à Westminster chez Mr Crisp où nous passâmes un fort bon moment. La vieille femme envoya chercher à souper pour moi et m'offrit un mouchoir décoré de fraises en bouton. Ensuite, au lit.



                                                                                                                  22 mars

            Debout de bon matin. Je rangeai tout chez moi, et ensuite je pris congé de Mrs Crisp, de sa fille qui était au lit et de Mrs Hunt. Puis je fis de même à la grille du domicile de milord où Mr Hawley vint me voir. Je lui confiai la clé de ma maison, il m'accompagna chez Mr Crew et là je pris congé de lui pour de bon. Mais comme il continue de faire mauvais temps, milord n'a pas voulu partir aujourd'hui. Milord passa la matinée en privé à sceller ses dernières volontés et son testament avec Mr William Mantagu. Après cela je sortis m'occuper de mes propres affaires. J'achetai une paire de bas de serge grise pour monter à cheval, une épée, une ceinture et des souliers. Après quoi j'emmenai Wotton et Brigden à la taverne de la Tête du Pape dans Chancery Lane, où se trouvaient déjà Gilbert Holland et Shelston. Nous dînâmes et bûmes une grande quantité de vin. Ils payèrent tout.
            C'est étrange de voir que ces gens me promettent maintenant n'importe quoi : l'un m'a promis une rapière, l'autre un flacon de vin ou une robe de chambre et m'a prié de lui faire la faveur d'accepter son ruban de chapeau en fil d'argent. Je prie Dieu de me garder de tirer vanité de tout cela ou d'être trop imbu de mon importance.
            Après cela à Westminster où je pris congé de Kate Sterpin qui était très triste de mon départ, et ensuite de Mr Montagu. Puis je reçus de Mr Blackborne mon mandat de secrétaire des deux amiraux de la flotte. Allai ensuite prendre congé des secrétaires du Conseil privé. Ensuite Doling et LLewellyn voulurent que je les accompagne au bureau du Mount, où nous bavardâmes et bûmes. Puis je les quittai. Je me rendis chez milord après avoir rencontré en chemin Chetwind et Swan et leur avoir dit adieu, et j'y dormis toute la nuit avec Mr Andrew.
            Aujourd'hui Mr Shipley s'est rendu à bord et j'ai envoyé mon domestique avec lui. Aujourd'hui aussi Mrs Jemima est allée à Marrowbone, de sorte que je n'ai pas pu la voir.
            Mr Moore n'étant pas en ville ce soir, je n'ai pu prendre congé de lui, ni lui parler affaires, ce qui m'a beaucoup ennuyé.
            J'ai donc laissé mes petites clefs à son intention auprès de Mr Andrew.



                                                                                                            23 mars 1660

            Levé tôt. Je portai le testament dans un coffret noir à Mr William Montagu afin qu'il le garde. Puis chez le barbier où je mis ma cravate. Puis retour chez milord qui était presque prêt à partir et m'avait attendu.
   ***         Gilbert Holland vint m'apporter une rapière et Shelston un pain de sucre. Il avait amené sa femme qui, d'après lui, était une très jolie femme, à la taverne du Navire, à côté, pour que je la voie, mais je n'avais pas le temps. Le jeune Reeves m'apporta également une petite longue-vue que j'ai achetée pour milord : elle m'a coûtée 8 shillings. Puis, après cela, milord partit dans la voiture de sir Henry Wright avec le capitaine Isham, accompagné de Mr Thomas et de John Crew, et moi et William Howe dans un fiacre jusqu'à la Tour de Londres où les barques nous attendaient.
            Milord et le capitaine montèrent dans une, William Howe, moi, Mr Ibbot et Mr Burr dans l'autre, et nous gagnâmes le grand bief où le Swiftsure était mouillé. Au passage nous vîmes la grande brèche que la crue récente avait faite et qui avait causé pour plusieurs milliers de livres de dégâts à la population autour de Limehouse. Dès que milord fut à bord les navires le saluèrent par une salve de canon. Peu après le vice-amiral Lawson vint et sembla témoigner un grand respect à milord comme d'ailleurs les autres commandants des frégates qui nous entouraient.
            Je rejoignis la cabine qui m'était allouée qui était la meilleure de toutes celles attribuées aux gens de la suite de milord. Je sortis certaines affaires de mes coffres pour écrire et Mr Burr et moi nous mîmes tous deux au travail. Je soupai à la table des officiers avec Mr Shipley. Nous étions en retard car nous avions écrit les ordres pour qu'on prépare les navires, etc... et encore autres ordres pour chacun des ports maritimes entre Hastings et Yarmouth pour qu'on arrête toutes les personnes qui vont et viennent entre les Flandres et l'Angleterre.
            Après cela, au lit dans ma cabine où j'étais un peu à l'étroit, je m'en arrangeai cependant et je dormis très bien. Comme le temps était beau je n'ai pas du tout été malade. Je ne sais pas quand je le serai.


*     george monck
**   hals
*** murillo                                                                                                      
                                                                                                             ............../ 24 m...