jeanjosephjulaud.fr
Petit Epistre au Roy
.
En m'esbatant je faiz rondeaux et rime,
Et en rimant, bien souvent je m'enrime :
Bref, c'est pitié d'entre nous rimailleurs,
Car vous trouvez assez de rime ailleurs.
Et quand vous plaist, mieulx que moy, rimassez,
Des biens avez, et de la rime assez.
Mais moy à tout ma rime et ma rimaille
Je ne soustiens ( dont je suis marry ) maille.
Or ce me dist ( ung jour ) quelque rimart, amaryllidaceae.org
Viença Marot, trouves tu en rime art ?
Qui serve aux gens, toy qui a rimassé ?
Ouy vrayement ( respondz je ) Henry Macé.
Car voys tu bien, la personne rimante,
Qui au jardin de son sens la rime ente,
Si elle n'a des biens en rimoyant,
Elle prendra plaisir en rime oyant :
Et m'est advis, que si je ne rimoys,
Mon pauvre corps ne seroit nourry moys
Ne demy jour. Car la moindre rimette
C'est le plaisir, où fault que mon rys mette.
Si vous supply qu'à ce jeune rimeur
Faciez avoir ung jour par sa rime heur.
Affin qu'on die, en prose et en rimant,
Ce Rimailleur, qui se alloit enrimant,
Tant rimassa, rima et rimonna,
Qu'il a congneu quel bien par rime on a.
Clément Marot
( 1532 in Adolescence Clémentine )
*******************************
Epistre a celluy qui l'injuria par escript,
et ne se osa nommer
Quiconques soys, tant soys tu brave,
Qui ton orde et puante bave
Contre moy a esté crachant,
Tu es sot, craintif et meschant.
Ta sottie on voyt bien parfaicte
En l'epistre que tu as faicte
Sans art et sans aucun sçavoir.
Toutesfoys tu cuydes aviur
Chanté en Rossignol ramage ;
Mais ung Corbeau de noir plumage
Ou ung grant Asne d'Arcadie
Feroit plus doulce mélodie.
Et pour venir au demourant,
Tu crains fort, O pouvre ignorant,
Tu crains qu'envers toy je m'allume,
Tu crains la fureur de ma plume.
Pourquoy crains-tu ? Il fault bien dire
Qu'en toy y a fort à redire :
Car il est certain, si tu fusses
Homme de bien et que tu n'eusses
Quelque marque, ou mauvais renom,
Tu ne craindroys dire ton nom.
Quant est de ta meschanceté,
Elle vient de grand'lascheté fotageframepool.com
D'injurier celluy, qui onques
Ne te feit offenses quelconques.
Et quant je t'auroys faict offense,
Es tu de si peu de deffence,
Si couard et si baboyn,
De n'oser parler que de loing ?
L'epistre venue de moy
Pour femme, qui vault mieulx que toy,
N'est autre cas que une risée
Où personne n'est déprisée.
Mais toy, lourdault mal entendu,
En ta response m'a rendu
Pour une risée une injure.
Si je te congnoissoys ( j'en jure ),
Tu sentiroys si mes lardons
Ressemblent roses ou chardons.
Clément Marot
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire