Botchan
En 1906 ses études tout juste terminées, Natsumé est nommé maître auxiliaire de mathématiques dans une île assez éloignée de son Tôkyô natal. Enfant pas du tout cajolé " ... Mon père ne manifestait strictement aucune affection à mon égard. Ma mère réservait ses faveurs à mon frère aîné... " Seule la servante, elle-même issue d'une vieille famille ruinée, manifeste un attachement très fort jusqu'à ses derniers jours à ce garçon impulsif et bagarreur. A la mort des parents, le frère aîné seul héritier, offre 600 yens à Natsumé et disparaît. Ce dernier réfléchit et décide de continuer à étudier 3 ans. A l'issue de ses trois années n'ayant plus d'argent il accepte le poste dans une petite ville thermale, chacun peut prendre son bain quotidien, où le collège, 600 élèves, et l'école normale se disputent la meilleure réputation, un quartier des plaisirs, son tambour et ses quelques geishas. Le jeune enseignant prend vite la mesure de ce qui l'attend. Les élèves poussés à se moquer de ce jeune tokyôîte qui fréquente les gargotes et se nourrit de boulettes de riz et des nouilles, par des professeurs, l'un sournois et beau parleur accompagné d'un comparse professeur de dessin, d'une direction trop peu active. Les professeurs affublés de sobriquets, Chemise rouge, Porc-Epic et autres, sont décrits avec une sage lucidité, un peu lente parfois. Critiqués avec humour, avec une certaine cruauté lorsque l'innocence pousse à la démission devant la force, Natsumé mal logé, mal nourri par une logeuse qui ne propose généralement que des patate douces bouillies, pense à un retour rapide vers la grande ville. Une bagarre sournoisement menée va décider de l'avenir, et c'est à coup d'oeufs, 8, sensés combler son appétit, et cachés dans les poches des manches de son kimono, qu'il termine ces quelques semaines. Edokko pur il préfère vendre des journaux ( 1906 ! ) ou livrer du lait plutôt qu'une promotion dans un univers trop hypocrite à son goût. Retour à Edo, il l'espère. "... Peut-être que le monde n'est peuplé que de charlatans qu'ils ont une seule idée en tête : se tromper mutuellement. J'étais écoeuré.... Et si c'était là la vie je devais apprendre à ne pas baisser les bras et faire ce que font les gens ordinaires.Mais si pour m'assurer mes trois repas par jour il me fallait jusqu'à soutirer ma part du butin des voleurs à la tire, c'est le fait même de vivre qu'il me fallait reconsidérer... " Livre délicieux, écriture zen, il est encore aujourd'hui l'un des ouvrages les plus lus au Japon. Un vrai plaisir de lecture.
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