mardi 28 février 2017

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 71 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

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                                                                                                                                1er juin 1662
                                                                                                                  Jour du Seigneur
            A l'église ce matin un inconnu a fait un excellent sermon. Dîner à la maison et visite de Mr Spong. Nous chantâmes un moment des psaumes français et arrivèrent Mr Shipley et Mr Moore, et à nouveau à l'église où un pasteur presbytérien a fait un triste et long sermon, ce qui m'a contrarié, et retour à la maison. Et promenade sur la terrasse, et souper et la prière, et au lit.


                                                                                                                               2 juin

            Levé de bonne heure pour affaires, puis à la Garde-Robe avec Mr Moore. Discussion avec milord pour changer les crusados en monnaie sterling, et d'autres sujets. Me rendis ensuite chez mon frère Tom voir mon père et retour à la maison. Mon père vint ensuite dîner avec moi. Puis en voiture, je le déposai dans Cheapside. Ma femme et moi chez Mrs Clarke, à Westminster pour la première fois ensemble. Nous la trouvons en " dishabillée " avec l'intention d'aller à Hampton Court demain. Nous avons eu une longue et agréable conversation. C'est vraiment une femme très élégante. Puis par le fleuve à Salisbury Court, et Mrs Turner étant absente, retour en voiture. Après une promenade sur le terrasse et le souper, au lit. Aujourd'hui ma femme a mis son corselet à crevés qui est fort élégant.


                                                                                                                            3 juin
uncertainregard.eklablog.fr
Résultat de recherche d'images pour "corset femme 18è( siècle"            Levé avant 4 heures, et au travail dans mon cabinet à équilibrer les comptes entre milord et moi-même. Je voudrais bien être maître de 1 000 livres, mais je n'en suis encore qu'à 530.
            Au bureau toute la matinée. Mr Coventry a apporté des lettres patentes et a pris rang parmi nous ce matin. Comme nous dressions un contrat, je m'apprêtais, comme je le fais toujours, à en établir les articles, mais sir William Penn m'a sans le moindre égard déclaré que c'est au contrôleur de le faire, et il y a donc mis Mr Turner, ce dont je fus fort contrarié et que je commençai à discuter. Et grâce à la lettre contenant les ordres du Duc et à celle de Mr Barlow et conformément à la coutume de nos prédécesseurs, dont sir George Carteret était parfaitement informé lorsqu'il était contrôleur, il fut décidé en ma faveur. Ce que fera sir John Mennes quand il viendra, je n'en sais rien, mais sir William Penn s'est comporté en vil coquin et je me souviendrai de lui tant que je vivrai.
            Ayant terminé au bureau je descendis à l'appontement de la Tour où Mr Creed et Shipley étaient prêts avec trois coffres de crusados soit environ 6 000 livres sterling prêts à débarquer et à être déposés chez moi. Ce qu'ils firent, et je les mis dans ma deuxième cave, et Mr Shipley en prit la clé. J'ai retrouvé mon père, le Dr Williams et Tom Trice dans l'Old Bailey chez Short le marchand de bière, mais je n'ai pas pu arriver à un accord avec TomTrice. De là à la Garde-Robe où je trouvai milady revenue de Hampton Court et où la reine s'est montrée fort aimable avec elle, et milady me dit que c'est une fort jolie femme, ce qui me fait plaisir.
            Hier, m'a dit sir Richard Ford, les échevins de la Cité se sont présentés à elle en costume et lui ont offert une coupe d'or contenant 1 000 livres en pièces d'or. Mais il m'a dit que leur trésor est si pauvre qu'ils ont été obligés de nommer deux ou trois échevins pour lever des amendes afin d'arriver à la somme, et parmi eux sir William Warren.
            A la maison et au bueau où vers 8 heures du soir arrivent sir George Carteret et William Batten. Nous avons un peu travaillé. Puis à la maison et au lit, tracassé par sir William Penn, sa façon indigne d'agir envers moi aujourd'hui. Aussi par la responsabilité de l'argent qui est chez moi que j'avais oublié. Mais j'ai fait se lever les servantes pour allumer une chandelle et la mettre dans la salle à manger pour faire peur aux voleurs. Et sommeil.


                                                                                             4 juin
                                                                                                                     
           Levé de bonne heure et visite de Mr Moore venu m'annoncer la mort de Mr Barnwell, ce qui me tracasse un peu, d'autant plus que je crois que nous allons perdre la compagnie de Mr Shipley.
Résultat de recherche d'images pour "crusados"            Au bout d'un moment avec sir William Batten par le fleuve à Woolwich et nous vîmes là l'expérience qu'on faisait du fil du caret de Hollande de sir Richard Ford, qui a provoqué tant de remous chez nous, et je me suis beaucoup inquiété pour notre cordier, Mr Hugues, qui le déclare de mauvaise qualité. Nous l'avons trouvé de très mauvaise qualité et cassant plus vite au cours d'un essai loyal, à cinq fils que celui à quatre fils de Riga, et aussi que parfois il contient du vieux fil qu'on a goudronné et recouvert de chanvre neuf, ce qui est une tromperie inouïe. Je suis content de cette découverte parce que je ne veux pas qu'on décourage les ouvriers du roi ( comme le fait fort malhonnêtement sir William Batten ) de déclarer les défauts des marchandises fournies par les négociants quand elles en ont.
            Après avoir mangé du poisson que nous avions acheté sur le bateau chez Falconer, nous allâmes à Woolwich pour examiner la charpente de nos maisons, et retour. Et j'allai chez milord que je trouvai décidé à acheter le manoir de Brampton à sir Peter Ball, ce qui me fait plaisir. De là à Whitehall et j'exposai la tromperie à sir George Carteret. Puis à la Garde-Robe où je soupai avec milady, milord n'a pas mangé, il écrit ce soir des lettres à différentes destinations, car il doit quitter Londres demain. Rentrai tard et au lit.


                                                                                                             5 juin 1662

             A la Garde-Robe où milord me demanda ce que je pensais de Mr Moore. Je lui en dis tout le bien que je pouvais, et par ce moyen je le ferai adjoindre à Mr Townshen pour les affaires de la Garde-Robe. Il m'a aussi donné à examiner tous les comptes de Mr Shipley et de Mr Moore, ce qui me fait plaisir, car cela montre la grande confiance qu'il a en moi, et je désire conserver sa protection. Puis pris congé de lui, puisqu'il part aujourd'hui, et allai au bureau où ils venaient de commencer. Je leur montrai la découverte faite hier, et j'ai de ce fait, un nouvel ennemi, sir Richard Ford. Mais cela m'est égal, car c'est mon devoir et j'ai donc fait suspendre sa facture pour le présent.
            A dîner je trouve le Dr Thomas Pepys à la maison. Mais je dus quitter le dîner appelé par un billet de Mr Moore chez l'échevin Backwell pour y surveiller la pesée de quelques milliers de crusados de milord. Et nous trouvons que 3 000 valent à peu près 530 ou 540 livres sterling en tout.
            De retour à la maison je trouve mon père. Nous avons causé un bon moment et nous sommes quittés/
            Réunion au bureau pour terminer les comptes de Mr Gauden, mais nous n'avons pas tout à fait fini. Dans la soirée, avec Mr Moore, chez Backwell avec encore 12 000 crusados dont nous avons surveillé la pesée, et à la maison. Et au lit.


                                                                                                            6 juin

            A mon bureau, tout seul toute la matinée. Le serrurier, était avec moi pour autre chose, ouvrit un coffre qui était dans mon bureau depuis mon arrivée. Nous trouvons la maquette d'un beau navire. J'aimerais savoir si elle est au roi  ou à Mr Turner.
            A midi à la Garde-Robe, comme convenu, pour retrouver mon père qui fut bien reçu par milady qui me dit avoir quelque idée d'envoyer ses deux petits garçons chez nous à Brampton/ Mais j'ai obtenu la permission de les emmener avec moi et ma femme à Hampon Court demain ou dimanche. De là chez mon frère Tom. Nous trouvons une lettre de Pall disant que ma mère est gravement malade, en danger de mort. Ce qui nous inquiète beaucoup, mais j'espère qu'il n'en est rien, cette lettre a été écrite il y a quatre jours.  A la maison et à mon bureau et au lit à la lumière du jour.
            Aujourd'hui, à la demande de mon père, j'ai prêté 20 livres à mon frère Tom, qu'il remboursera sur la vente de Stirtloe quand celle-ci pourra avoir lieu. J'ai envoyé cet argent tout en monnaie nouvelle par mon petit laquais, de chez l'échevin Backwell.


                                                                                                              7 juin
baby.perroq.com
Résultat de recherche d'images pour "perroquet"            Au bureau toute la matinée. Je vois que Mr Coventry est résolu à faire beaucoup de bien et à s'enquérir de tout ce qui ne va pas au bureau. Dînai avec lui à midi et avec sir William Batten à Trinity House où se trouvait, entre autres, sir John Robinson, lieutenant de la Tour. Il dit qu'hier sir Henry Vane a présenté sa défense complète au Banc du roi, et qu'il a été déclaré coupable. Et qu'il n'a jamais entendu personne plaider avec autant de simplicité, et c'est aussi ce que d'autres disent.
            J'ai grande peine à décider s'il faut que j'aille, comme j'en avais l'intention, à Hampton Court demain. J'ai finalement résolu de ne pas y aller, à cause de la dépense et parce que je redoute maintenant de présenter des notes de frais de voyage, et ce sera aussi le cas d'autres, je suppose, parce que Mr Coventry les examine.
            De là j'ai été appelé chez sir George Carteret. Nous avons causé un grand moment. Je vois, comme il me l'a dit, que si ce n'est que Mr Coventry a déjà mis du foin dans ses bottes en vendant des places, il lui plaît beaucoup et espère grand bien de lui. Mais il a tellement lieu de se plaindre du manque d'argent que j'en suis tout affligé, craignant que ce ne soit la perte du bureau. A mon bureau tout l'après-midi, et le soir j'apprends que mon père est parti pour la campagne, mais si c'est pour Richmond comme il en avait eu l'intention pour me retrouver ensuite à Hampton Court lundi, ou si c'est pour Brampton, je ne le sais pas, ce qui me tracasse fort. Dans la soirée à la maison et au lit.

                                                                                                                                                                                                                                                                                    8 juin 1662              
                                         Jour du Seigneur
            Resté au lit jusqu'à l'heure de l'office, puis levé et été à l'église. Je vois que Mr Miller est revenu de la campagne et a prononcé un bien languide sermon. A la maison et dînai avec ma femme et de nouveau à l'église avec ma femme.
            De là à pied chez milady avec qui je soupai et avons été réjouis entre autres par le perroquet que milord a rapporté de son voyage. Il parle très bien et cri " Pall " de façon si charmante que cela conduit milord à le donner à milady Paulina. Mais la mère de milady ne l'aime pas.
            A la maison. J'aperçois mon domestique Will qui marche le manteau rejeté sur l'épaule comme un voyou. Je ne sais si c'était parce qu'il ne voulait pas qu'on le vît marcher en compagnie du petit laquais, mais j'en fus contrarié. Et de retour après la prière je lui demandai où il avait appris cette tenue impudente, il me répondit qu'elle n'était pas impudente, ou une réponse insolente de ce genre, sur ce je lui donnai une paire de gifles. Ce qui ne m'était jamais arrivé, et j'en fus ensuite un peu tourmenté. Et au lit.


                                                                                                                9 juin

            Levé de bonne heure et au bureau avec Mr Hayter à faire mon bordereau de marchés que je suis maintenant très désireux de terminer, car je suis décidé à m'enquérir sérieusement du prix des marchandises.
            Dînai à la maison, ensuite chez mon frère et en différents endroits, entre autres chez Greatorex
 et à la taverne, mais je n'ai pas pris de vin. Il m'a recommandé Bond de notre côté de la ville pour m'apprendre à cuber le bois de charpente et d'autres choses que je désire apprendre pour ma charge. Retour au bureau où Thomas Hayter et moi avons terminé mon bordereau, ce qui m'a fait grand plaisir. Puis rentrai souper et au lit.


                                                                                                                    10 juin

            Au bureau toute la matinée. Beaucoup de travail et grand espoir d'améliorer les choses au bureau grâce à Mr Coventry. Dînai à la maison avec Mr Hunt. Retour au bureau dans l'après-midi mais, comme la réunion de l'après-midi n'avait pas lieu, j'allai chez mon frère et chez le libraire, et ailleurs pour affaires, et je payai tous les livres jusqu'à aujourd'hui et je ne veux plus en acheter d'aucune sorte pendant un bon moment, quoique j'ai grande envie d'acheter les oeuvres du roi qui viennent de paraître en in-folio et de les offrir à milord. Mais je crois que je ferais mieux de mettre cet argent de côté. Rentré à la maison, et au lit.


                                                                                                                      11 juin
la-croix.com in MOMA San Francisco
Résultat de recherche d'images pour "été   londres peinture moma"            Au bureau toute la matinée. Avec sir William Batten et sir William Penn pour les comptes de l'entrepreneur des subsistances. Puis rentrai dîner et encore au bureau tout l'après-midi. Mr Hayter et moi recopions au net mon bordereau, et j'ai pris grand plaisir à régler le papier et à écrire les têtes de chapître à l'encre rouge. Puis rentrai souper. Ce soir Mr Saill, le peintre, est venu vernir le portrait de ma femme et le mien et je le payai pour mon portrait en miniature 3 livres, de sorte que je suis en règle avec lui. Et après souper, au lit.
            J'ai reçu aujourd'hui une lettre de mon père disant qu'il est bien arrivé et qu'il trouve ma mère assez bien remise. Ce qui me laisse bien fâché contre Pall qui a écrit à mon père tant de choses sur la maladie de ma mère qui, je crois, n'était pas si grave, et qui l'a obligé à retourner brusquement à la campagne, sans dire adieu ou prendre aucun divertissement ici.


                                                                                                                      12 juin

            J'ai essayé ce matin mon habit de cheval de drap avec les genoux ajustés, le premier que j'aie fait faire, et je les crois très commodes si ce n'est pas trop chaud pour que par la suite on souhaite en porter un pas fermé aux genoux. Au bureau toute la matinée où nous avons une réunion plénière du conseil de la Marine, à savoir sir George Carteret, sir John Mennes, sir William Batten, Mr Coventry, sir William Penn, Mr Pett et moi. J'ai ensuite obtenu que tous signent une résolution sur mes autorisations de paiement sans qu'ils soupçonnent l'usage que je veux en faire, entre autres. Mais il s'agit de demander que mes commis aient le droit de délivrer toutes les autorisations, ce dont je ne suis pas peu satisfait. Une grande querelle s'éleva entre sir George Carteret et Mr Coventry sur l'apurement des comptes de l'entrepreneur des subsistances et savoir si c'est George Carteret qui doit lui payer ce qui lui est dû ou si c'est l'Echiquier. Sir George prétend que c'est à lui afin de conserver ses 3 pence. Ils se mirent en colère, et je crois bien que cela finira devant le roi et son Conseil. J'ai fait ce que j'ai pu pour ne pas m'en mêler, ayant des questions personnelles à régler avant de vouloir paraître un rien passionné.
            De là dîner sur l'invitation de Mr Gauden, au Dauphin, où le repas fut bon. Mais ce qui m'étonne beaucoup, c'est que j'ai sans peine passé tout le dîner sans boire une goutte de vin.
Résultat de recherche d'images pour "été   londres peinture moma"            Après le dîner allai au bureau la tête remplie par les affaires, et à la maison, et comme c'était le jour le plus long de l'année j'ai envoyé tout le monde coucher à la lumière du jour. Mais alors que j'étais au lit, et endormi, un mot est arrivé de mon frère Tom pour me dire que le mari de ma cousine Anne Pepys du comté de Worcester est mort et qu'elle est remariée, et que son deuxième mari est à Londres et veut venir me voir demain.
                                                                                                                                                                                                                                      evous.fr     in Moma                                                                                                                

                                                                                                                13 juin

            Levé à quatre heures du matin et lu le Deuxième Discours contre Catilina de Ciceron qui m'a infiniment plu. J'y vois bien plus de choses que je n'avais pensé qu'on y trouvât. Mais je vois bien que c'était par ignorance et qu'il est aussi bon écrivain qu'aucun que je connaisse.
            Puis j'ai été chez George Carteret pour parler de la querelle d'hier au bureau, et je lui ai offert mes services pour chercher dans tous les vieux registres et les vieux papiers que j'ai ce qui peut être en sa faveur. Il en a été fort satisfait et a fort déclamé contre Mr Coventry me racontant qu'il lui avait rendu service au Parlement quand Prynne avait établi une accusation en forme contre lui pour avoir reçu de l'argent en échange de nominations. Qu'il l'avait, sur sa demande, exprimée par lettre, empêché d'agir en ce sens. Et il m'a raconté bien d'autres choses, par exemple que le roi avait des obligations et dans quelle misérable situation sa famille se trouverait s'il venait à mourir avant d'avoir liquidé ses comptes. Je vois en somme qu'il m'estime beaucoup et qu'il m'est ami. Et il pourra m'être utile
            De là en divers lieux pour affaires. Eté, entre autres, voir mon frère où Tom Benier, le barbier, m'a coupé les cheveux.
            De là chez milady et dînai avec elle et Mr Loxton, Gibbons et Goodroom, et après dîner fait un peu de musique, et rentrai travailler, et dans la soirée ma femme et Sarah et le petit laquais très agréable promenade jusqu'à la Demi-Etape. Et retour, et au lit.


                                                                                                             14 juin1662

            Levé à 4 heures du matin et été travailler au bureau. Puis réunion pour travailler et vers 11 heures, ayant une chambre que nous avions réservée, nous sommes allés à la colline de la Tour et là, en face d'un échafaud élevé exprès ce jour nous avons vu amené Henry Vane. Une grande presse. Il a fait un long discours interrompu à de nombreuses reprises par le shérif et par d'autres, et il lui aurait enlevé le papier qu'il tenait, sauf qu'il ne se le laissa pas arracher. Mais ils firent livrer au shérif tous les calepins de ceux qui prenaient des notes, et on fit venir les trompettes sous l'échafaud pour empêcher qu'on l'entendît.        
            Puis il pria, se prépara et reçut le coup. Mais il y avait tant de monde sur l'échafaud que nous n'avons rien vu, alors que Borman qui était sur place vint et nous raconta qu'il avait commencé par parler de l'irrégularité de son procès disant qu'on avait, contrairement à la Grande Charte, refusé d'admettre les exceptions qu'il avait soulevées contre l'acte d'accusation, et qu'à ce moment il fut interrompu par le shérif. Il tira alors ses notes de sa poche et commença à les lire. Il dit d'abord qu'il était né gentleman et qu'il avait été élevé en gentleman, qu'il en avait les qualités, et pour paraître aux yeux du monde encore plus gentleman, il avait été jusqu'à 17 ans un bon vivant, mais qu'alors il avait plu à Dieu de déposer dans son coeur une fondation de grâce qui le convainquit, contre son intérêt en ce monde, de renoncer à toute carrière et à quitter le pays pour aller où il pourrait servir Dieu avec une plus grande liberté. Il fut alors rappelé et élu membre du Long Parlement. Il n'a là jamais agi contre sa conscience, mais toujours pour la gloire de Dieu. Ici il voulut leur exposer les actes du Long Parlement mais on l'interrompit si souvent qu'enfin il fut forcé de renoncer. Il pria alors pour l'Angleterre en général, puis pour ses églises et enfin pour la cité de Londres. Et il prit la position requise pour le billot et reçut le coup. Il avait une cloque ou une suppuration au cou et il demanda qu'on ne la blessât pas. Il ne changea ni de couleur, ni de langage jusqu'à la fin, mais il mourut en se justifiant ainsi que la cause qu'il avait défendue. Il dit avec une grande assurance qu'il serait à la droite du Christ. Il se montra en tout l'homme le plus résolu qui soit mort de cette façon, manifesta plus d'ardeur que de peur mais avec une humilité et une gravité parfaites. Quelqu'un lui demanda pourquoi il ne priait pas pour le roi. " Si, dit-il, vous allez voir que je sais prier pour le roi, que Dieu le bénisse ! "
            Le roi avait promis son corps à sa famille, aussi dit-il qu'il espérait qu'on aurait des égards pour son corps quand il serait mort et demanda qu'on lui permît de mourir en gentleman et en chrétien et non pas dans la foule et la cohue.                                                 lartpourtous.blog.tdg.ch   in Moma 
Résultat de recherche d'images pour "été   londres peinture moma"            Un petit moment au bureau puis nous nous rendîmes tous à Trinity House pour dîner, et de nouveau au bureau jusqu'au soir, et rentrai, et au lit. J'apprends aujourd'hui que milord Peterborough est arrivé inopinément de Tanger pour exposer au roi la situation sur place qui, nous en avons peur, n'est pas des meilleures. Nous apprenons aussi que les Espagnols sont devant Lisbonne avec treize navires, dont six hollandais. Ce qui, je le crains, augure mal pour le Portugal.
            J'ai écrit une lettre relatant tous les événements de cette journée à milord qui se trouve à Hinchingbrooke. Il est me dit-on, satisfait des travaux qu'ils y font.


                                                                                                                            15 juin
                                                                                                         Jour du Seigneur
            A l'église ce matin et dînai à la maison où arrivèrent mon frère Tom et Mr Fisher, second mari de ma cousine Nan Pepys, un homme très facile à vivre, un vieux Cavalier. Je lui ai fait fête autant que je pouvais, et nous avons été très gais. Je suis content qu'elle ait trouvé un si excellent homme. Après leur départ de nouveau à l'église, mais comme ma femme n'était pas habillée à mon goût je me fâchai et elle, une fois en route pour l'église s'en revint, vexée. Mr Mills fit un sermon banal. De retour je m'aperçus que ma femme et Sarah étaient allées à une église voisine, ce qui ne me déplut pas. Elle revint bientôt et après quelques propos acerbes nous fûmes réconciliés. Son frère vint alors la voir. Elle me dit ensuite qu'elle le croyait marié à une femme qui lui apporte 500 livres et qu'il avait demandé ce qu'il ferait de mieux de cet argent. Mais je m'abstins de lui donner quelque conseil tant qu'elle ne pourrait pas me dire avec certitude ce qu'il en est, répugnant à me mêler trop tôt de ses affaires. Puis promenade sur la terrasse, souper, et au lit.


                                                                                                                   16 juin 1662

            Levé avant 4 heures et après un peu de travail pris Will. Nous franchîmes à pied la colline de la Tour. La porte n'était pas ouverte, nous sommes par Sainte-Catherine et par Ratcliff, je crois, au bord du fleuve, parcourant plus d'une demi-lieue avant de trouver un canot. Nous avons alors passé le fleuve dans un canot à un seul rameur, ce qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps, et sommes finalement allés à pied à Deptford où j'ai vu où en est le travail pour la maison de sir William Batten et pour la mienne. Il est presque terminé. J'ai aussi, avec Mr Davies, inspecté le suif de mon cousin Joyce et l'ai comparé avec le suif d'Irlande récemment acheté. Le nôtre est beaucoup plus blanc mais aussi mou. Lequel des deux a un défaut, si c'est un défaut, je n'en sais rien.
            Nous retournâmes donc à pied jusqu'en face de la Tour et passâmes là le fleuve, et à la maison où je trouve sir William Penn et sir Mennes discutant de l'habitation de sir Mennes et de ce qu'il vienne demeurer avec nous. Je crois qu'il projette de prendre la maison de Mr Turner et que celui-ci prenne son logis, ce qui me plaît beaucoup. Nous allâmes tous les trois chez Mr Turner examiner la maison pour, je crois, que Mr Mennes la vît.
            Puis par le fleuve, avec ma femme, à la Garde-Robe où nous dînâmes, et l'après-midi, avec tous les enfants, par le fleuve à Greenwich où je leur montrai le yacht du roi, le palais et le parc, tous fort agréables, et nous allâmes à la taverne, avons entendu leur musique, et retour gaiement. Will et moi revînmes de la Garde-Robe à pied ayant laissé ma femme à l'appontement de la Tour. Je la retrouve couchée, pas très bien, car elle a ses époques. Et au lit.


                                                                                       à suivre.......
                                                                                                       17 juin 1662

            Levé, Mr M........
   


                                                                                                             

            

dimanche 26 février 2017

La vengeance des mères Jim Fergus ( Roman EtatsUnis )


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                                               La Vengeance des Mères

            Les Indiens ont des dons. Imiter à la perfection le cri du vautour ou se faire oublier et réapparaître sous une autre forme. Un jour le jeune journaliste propriétaire d'une revue reçoit la visite d'une jeune femme vêtue à quelques détails près comme une Indienne. Apparition, non puisqu'elle lui
abandonne une serviette remplie de cahiers. Malgré les difficultés et les obligations de son métier il les lit. Et plonge dans un univers, dans une autre époque, en-dehors de Chicago et de ses activités habituelles. Seize ans plus tôt Fergus a publié " Mille femmes blanches ". Epopée racontant la proposition faite par les Cheyennes d'un échange : mille chevaux contre mille femmes blanches. Le capitaine Grant accepta. Mais les guerres continuèrent. Le livre s'achevait en 1876. Nombre de femmes acceptèrent espérant fuir qui la prison, d'autres souteneurs, telle Lulu, chanteuse et danseuse de Cancan, arrivée de Marseille passée par San Francisco. On retrouve sa gouaille et ses peurs dans les cahiers qui constituent un journal des événements. Trois d'entre elles l'entretiennent Molly Mc Gill, forte et pleine d'une douleur de mère ainsi que les soeurs Kelly, rousses, demeurées surtout pour venger la mort de leurs petites filles, mortes de froid alors qu'elles étaient obligées de fuir l'attaque de leur village de tipis. Village de Little Wolf, de Crazy Horse. Les Indiens veulent conserver leurs territoires où courent les bisons, si nécessaires, épaisse fourrure, peau, les cerfs, et les chevaux pour parcourir les très vastes territoires. Nous sommes à la fin de l'hiver, même si le froid est encore intense la neige fond et ruisseaux et rivières abondent en truites, quelques racines émergent. Mais les pauses sont rares, les troupes américaines pourchassent les cheyennes, les yacotas, tous les groupes indiens, pour récupérer des terres nécessaires aux nouveaux arrivants, créer des fermes, amener des troupeaux de vaches. Les luttes sont sanglantes, les femmes n'hésitent pas à tuer, scalper et plus quand elles peuvent pour venger les enfants enlevés ou cruellement blessés. Les moeurs indiennes sont bien décrites, pas d'intimité, timidité des hommes durant les danses prévues pour les accordailles. Et les chevaux auxiliaires vaillants pour traverser falaises, plaines et collines dans ce nord ouest de l'Amérique. Sitting Bull et sa suite se joint à celle de Little Wolf. Nous sommes en 1876, les armes à feu sont rares, pourtant les femmes apprennent à tirer accrochées à la crinière de l'animal d'une main, d'un pied à la croupe, alors qu'elles penchées à hauteur des jambes, invisibles peuvent tirer sur l'ennemi. Mais l'usage des flèches, des sabres et des couteaux est un atout pour les valeureux guerriers qui ne pourront préserver que quelques réserves. C'est un western.









Gourmandises 2 Agatha Christie ( Crèmes et Châtiments Grande Bretagne )

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                                                           Crèmes 
                                                                       et Châtiments

            Agatha Christie était non seulement une grande gourmande, elle était aussi une grande voyageuse, suivant en Orient, notamment en Irak son second mari archéologue. Les épices accompagnent les aubergines frites ou les poivrons de cette recette

            Dinde à l'Irakienne

           Frictionner la dinde avec un mélange de sel thym poivre et moutarde à l'extérieur et à l'intérieur. Et de farce la remplir, pour cela :
            1 pomme rissolée dans de préférence de l'huile d'olive, touillez les petites lamelles qu'accompagnent une poignée de raisins secs et une tranche de poitrine fumée découpée. Muscadez, dorée la préparation la recouvrir d'un bol de riz, et d'eau. Cuisson douce. Plus d'eau ? alors il est temps de nourrir l'animal.                                                  
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            Dans un plat allant au four, largement graissé ainsi que l'oiseau de tous côtés, au four, thermostat 6/7, une heure et demie environ, l'arroser de son jus en la retournant. A ce moment, récupérer le jus de la dinde dans une casserole ajouter un verre de vin blanc et un verre d'eau, porter à ébullition en ajoutant : un de oignon,ux gousses d'ail, une carotte et une branche de céleri finement découpés.
            Contemplez l'oiseau doré et... dégustez.


°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°


             Dans ce joli livre très imagé, on apprend que l'auteur de ces délicieux romans policiers, trop gourmande parfois, s'obligeait à la diète, soit thé léger sans lait, pendant 4 jours.

              Fricassée à l'iranienne

            1 kg de mouton ou de préférence d'agneau découpé en morceaux. Farinez et rissolez dans l'huile.    blog-de-guy.blogspot.com 
Résultat de recherche d'images pour "cuisine mouton aubergines iran"            Par ailleurs laisser dégorger 4 belles aubergines découpées en gros carrés et les saler, gros sel.
            Hachez finement deux oignons mélangés à une livre de tomates épluchées et épépinées réduites en purée et en recouvrir la viande, en ajoutant poivre rouge et curcuma, une pincée.
            Rissoler alors quelques minutes les carrés d'aubergines dans un peu d'huile et jeter sur la viande. Recouvrir de deux verres d'eau. En cours de cuisson ajouter le jus d'un citron.
            Conseil du livre : déguster avec du riz ou des pâtes orientales coupées en petits carrés.


°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°                                                           cuisinedaubery.com/feed  
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             Agatha Christie et le Tour du Monde. Elle le fit avec son premier mari, Archibald Christie, dont elle garda le nom pour son oeuvre, en 1920. Travail de conseiller financier pour lui, et plaisir de gourmande pour l'écrivain qui, à Honolulu, découvre, dit-on, le surf et les fruits exotiques.

            Salade d'Honolulu

            1 ananas
,           1 papaye
            5 petites bananes
            2 poignées de litchis                                                                     boomeresque.com
Résultat de recherche d'images pour "honolulu"            2 mangues
            1 citron vert
            1 bol de sucre roux
            1 verre de jus d'orange
            Une cuillère à soupe de rhum
            Eplucher les fruits, les découper.
            Verser dans le compotier le jus d'orange et de citron vert, le rhum.
            Ranger tout d'abord les bananes coupées finement, puis les mangues et la papaye, ensuite les litichis et enfin couronner par de grandes tranches d'ananas. Saupoudrer de sucre roux. Mettre au frais.
         Conseil du livre : utiliser un plat transparent afin que les couleurs des différents fruits s'apprécient.
            Glace vanille pour accompagner ce délicieux dessert ou sorbet citron.

         
     
                                                                   in extraits Crèmes et Châtiments
                                                                                 
                                                          

jeudi 23 février 2017

Mots d'auteur Anton Tchekhov ( Flash )

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                                               ** Flash **


            ............ Jugeant des autres d'après soi, il ne croyait pas à ce qu'il voyait et supposait toujours que, pour chaque homme, c'était sous le couvert du secret comme sous le couvert de la nuit que se déroulait sa vraie vie, la plus intéressante. Toute existence personnelle se fonde sur le secret, et peut-être est-ce en partie pour cela que l'homme civilisé s'énerve tant pour que le secret de la vie privée soit respectée............


                                                                           Anton Tchekhov
                                                                                            ( in La Dame au petit chien )                  

mardi 21 février 2017

Contre-Attaque Philippe Sollers ( Roman France )

Contre-attaque


                                                 Contre -Attaque
                                                                   Entretiens avec Franck Nouchi

           De " La France moisie " Philippe Sollers poursuit une réflexion qui dans ce beau texte décrit une " France suffocante "selon ses mots. D'un entretien avec Franck Nouchi débuté 27 octobre 2015 achevé le 25 mars 2016 il ressort une somme de pensées soutenues par les philosophes"....... Oui, finalemet, ce XXè sc a été très décevant....... repartir d'avant 1914, de Péguy..... " Notant une grande misère spirituelle, idéologique. Parlant des écrivains, Voltaire et son " Traité sur la tolérance ", il indique la plus grande aptitude des auteurs à transmettre la pensée plutôt que les idéologues." Paris est une fête  ", Hémingway ", livre très recherché après un attentat. Houellebecq très lu en Europe, moins aux EtatsUnis, prémonitions. Mais Philippe Sollers bordelais ne cesse de revenir sur ses écrits, ses différends avec Debray, dissèque les propos de Alain Finkielkraut, et revient toujours sur la société du spectacle de Debord. Mais toujours Sollers rappelle les textes-trésors de Rimbaud, Proust, Baudelaire.
Et revient tout au long de l'ouvrage sur le problème des religions. Et l'enfance "...... Je ne vois pas pourquoi je devrais oublier mon enfance....... un endroit extrêmement important pour tout artiste, pour tout écrivain...... " Le débat "...... Les pontes ne comprennent rien....... Ils sont hostiles, à priori, à toute représentation de la contradiction. Elle est trop vivante....... Philip Roth écrit : - Rendre la nuance, telle est la tâche de l'artiste. Sa tâche est de ne pas simplifier...... d'élucider la complication, et d'impliquer la contradiction...... " Philippe Sollers transmet sa culture dans ses nombreuses parutions, ses précédents écrits, il est ainsi possible d'approfondir à son rythme en le relisant tous les sujets suggérés par l'auteur. 13 chapîtres. En attendant son prochain ouvrage, sans doute " Les lettres à Dominique Rollin ".

samedi 18 février 2017

Correspondance Proust Gallimard 11 A Gustave Tronche ( Lettres France )

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lesmaterialistes.com
                                           
                                              A Gustave Tronche

                                                                                                         19 ou 20 juin 1921

            Cher ami
            ( ou plutôt bien cher ami, formule de vous que je trouve plus gentille ) j'ai reçu tantôt deux pneumatiques charmant de Léon Daudet ( tout ceci confidentiel ). Mais comme de ces pneus il ressort que pour des raisons que je vous donnerai verbalement, L'Action Française va proposer à la N.R.F un nouveau texte, mais que dans cet écho ni le nom de Vendérem ni le titre Sodome et Gomorrhe ne figureront, mon avis est celui-ci :
            1° Comme avant tout je suis désireux de ne pas fâcher Léon Daudet, je serais d'avis d'accepter l'écho qu'ils proposeront ( je crois que l'antisémitisme n'était pour rien dans la chose mais que sale juif est une " épithète homérique dans la maison ") si l'écho est suffisamment élogieux pour compenser le manque de précision.
            2° Mais si l'écho se trouve insultant pour Vandérem ( et je trouverais tel qu'on citât textuellement des phrases de lui sans le nommer ) il vaut mieux répondre que vous ne pouvez accepter ce texte et que désormais la N.R.F. s'adressera pour la publicité à des journaux où c'est moins compliqué.
            Vous serez bien gentil de rendre cette lettre à Odilon après l'avoir mise sous enveloppe que vous fermerez.
            J'ai fait téléphoner ce soir à Jacques Rivière, non pour lui dire ce que vous me défendez, mais pour qu'il vienne me voir. Mais sa concierge a répondu qu'on ne répondait pas de chez lui, et comme il était en effet plus de neuf heures et demie je n'ai pas insisté pour ne pas être une cause de fatigue pour lui.
            Je vais écrire à Gaston pour le remercier du chèque que vous avez eu la gentillesse de faire doubler. Je reste navré de votre décision et y pense sans cesse
            Votre ami

                                                                                Marcel


********************


                                                   A Gustave Tronche

                                                                                                             20 juin 1921

            Bien cher ami
            Vous seriez bien gentil de m'envoyer un pneu ( je ne l'aurai sans doute que très tard, doutant fort de pouvoir me déshabiller avant 1 heure de l'après-midi, et le temps des fumigations et du repos me mènera tard ).
Résultat de recherche d'images pour "antisemitisme tableaux"            1° J'ai relu plus attentivement les 2 télégr peu lisibles de Léon Daudet et je me demande s'il ne dit pas que son journal a proposé une rédaction n.. à la N.R.F. ). En un mot j'avais compris un amendement à venir, alors que peut-être c'est un amendement passé. S'il s'agit d'un amendement passé, c'est que votre messager l'a repoussé sans vous consulter, en quoi il a eu grand tort. Mais dans ce cas je ne vous conseille pas ni à vous, ni à lui, ni à personne de prendre l'initiative d'un nouvel écho à l'A.F. Je trouve que ce serait manquer de dignité. ( Cela n'empêche pas les deux télégr de Daudet d'être charmants et assurément s'il était seul rien ne se serait produit. Dans ce cas nous nous tiendrons à votre système du  Temps etc. ( Je suis contre les Débats. Peut-être Bonsoir ). - Mais peut-être avais-je bien lu la 1re fois et allez-vous recevoir des suggestions  de l'A.F. Dans ce cas vous verrez pour le mieux en évitant que ce soit blessant pour Vandérem.
            2° Les "Belles Lettres " dirigées par un M. Landeau (?) ont-elles une importance qconque. J'ai le sentiment de n'avoir pas répondu à beaucoup de lettres d'eux. En tous cas je viens d'écrire à M. Gallien qui me demandait un rendez-vous afin de dessiner ma gueule pour cette revue que j'étais trop souffrant. Je lui enverrai peut-être une photo. De tout coeur à vous.


                                                                                        Marcel Proust


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                                                   A Gaston Gallimard

                                                                                                            Samedi soir
                                                                                                  10 septembre 1921

            Mon cher Gaston
            J'ai reçu aujourd'hui une dépêche qui m'a fait un plaisir profond, et une lettre qui m'a bien ennuyé. La dépêche était de Jacques. Comme dans sa lettre d'hier il avait l'air tourmenté que je ne donne pas d'extrait à la NR.F. ( non évidemment qu'il y tienne mais parce qu'il fallait alors boucher un trou  et que me chercher un substitut surmenait ses nerfs ) je lui ai envoyé à la première heure dépêche pour qu'il ne se fasse pas de bile et pour l'assurer que Paulhan avait l'extrait. Sa réponse télégraphique que j'ose à peine vous dire tant elle était heureuse, témoignait d'un tel calme reconquis que j'en ai été ému du fond du coeur.                                                                 contrecourant.Wordpress.com  
Résultat de recherche d'images pour "antisemitisme tableaux"            La lettre qui m'a ennuyé est la vôtre ( reçue seulement ce soir Samedi ) et vous comprenez bien si elle me contrarie, c'est parce que je sens que vous ai contrarié. Mais mon cher Gaston puisque cela vous contrariait vraiment, et puisque j'avais dit à Duvernois que c'était, sous réserve de votre autorisation, pourquoi ne pas m'avoir dit à temps " ne le faites pas ". Je me suis engagé aussitôt après vous avoir vu. Je comprends bien que vous ne m'avez rien dit par délicatesse, mais j'aurais mieux aimé ne pas vous ennuyer. J'envoie un mot à Duvernois pour lui proposer comme titre : " Une jalousie ", au lieu de Sodome et Gomorrhe 2 ( mais je ne lui demande pas de mettre : " Extrait d'un volume "etc, car du moment que cela change de titre, voyez d'ici quelle confusion cela ferait. Un lecteur viendrait à la N.R.F. demander : " Donnez-moi Une Jalousie de M. Proust . - Ah ! il n'a rien publié ici sous ce titre ).Votre lettre me contrarie aussi ( mais ceci est secondaire ) parce que je vois qu'il faut renoncer à l'espoir de publier d'autres extraits d'autres volumes, aux Oeuvres Libres.  Puisque vous me dites, trop tard, que vous n'approuvez pas que j'aie donné un 1er article aux Oeuvres Libres, cela me ferme la voie pour toujours. Car maintenant je suis averti, cela vous contrarie, donc je ne pourrai jamais récidiver, désirant avant tout ne pas vous contrarier. Sur la question d'argent il m'est difficile de vous répondre car je comprends mal votre raisonnement. En deux mots si j'ai saisi, cette collaboration fait gagner de l'argent à M. Proust, mais elle en fait gagner infiniment plus à M. Fayard. Mais songez qu'en m'interdisant pour l'avenir de recevoir de l'argent de M. Fayard ( je me soumets naturellement et ne vous reparlerait pas des Oeuvres Libres ), vous me mettez dans une position d'autant plus délicate que je n'en recevrai pas plus de la N.R.F. Elle me doit en ce moment ( si je compte bien et je peux me tromper ) environ soixante mille francs. Comment pourra-t-elle jamais me les payer ( au fond j'espère bien que si et qu'elle me les paiera ). C'est bien loin d'être un reproche et vous savez que j'ai accepté moi-même votre mode de paiement à 2 500 fr par mois. Mais il ne fonctionne pas tous les mois. Et ce que je touche un mois est " imputable " à des mois antérieurs. D'autre part au fur et à mesure que la N.R.F. ne pourra pas me payer, je lui livrerai de nouveaux livres qui accroîtront encore sa dette. C'est le tonneau des Danaïdes. Croyez bien que je vous dis tout cela dans un esprit tout " affectueux ", et avec une affection que je ne mettrais même pas si je me parlais à moi-même. Ce n'est ni une critique, ni une demande, tout simplement le regret que vous ne laissiez pas d'autres, compenser un peu cela. - Vous savez que pour la question des - voisinages - je n'ai jamais cru qu'ils nuisaient autant que vous le croyez à un auteur tant soit peu classé. Sans cela il n'y avait pas de raison pour que je ne refuse pas le Prix Goncourt parce que Claude Farrère et tant d'autres l'ont eu. Et la N.R.F. elle-même ne publie pas que des chefs-d'oeuvre, à commencer par les oeuvres de votre serviteur et ami


                                                                                          Marcel Proust

Encore une fois, lisez cela comme cela a été écrit, en toute amitié.

P.S. Faites attention que par erreur j'ai laissé trois ! feuille(?) blanche(?) fiez-vous seulement aux n°s des pages.


                                                       A Gaston Gallimard

                                                                                             Le 19 ou 20 septembre 1921

           Lettre importante à lire soigneusement.

           Mon cher Gaston                                                                 Van Gogh in the moma   pinterest.fr
Résultat de recherche d'images pour "impressionnistes moma"           Bien qu'ayant fait une petite chute dans ma chambre qui ne me rend pas très agréable d'écrire aussitôt après, je mentirais si je vous taisais que j'ai peu de satisfaction de la N.R.F. et comme cette même chute ( d'ailleurs insignifiante ) m'empêchera vraisemblablement de recevoir et de sortir, surtout si vous devez toujours aller en Bretagne. La N.R.F. a pour me martyriser deux directeurs, l'un le directeur général est vous. Il est toujours absent, pour des rendez-vous d'affaires etc mais enfin où je ne peux le relancer quand j'ai un conseil à lui demander. Et même quand il est à la Revue il me fait répondre qu'il n'y est pas ( ce qui me ramène au temps où Swann fut refusé et où je téléphonais avec une vaine naïveté trois fois par jour ). Le directeur de la Revue mon très cher Jacques Rivière, a imaginé je ne sais sur quoi qu'il n'avait pas comme extrait tout ce qu'il a demandé, alors qu'il a tout et un peu plus. Il en est résulté des semaines de lettres, de dépêches, d'angoisse pour moi à devenir fou.
 ( Excusez-moi bien auprès de M. Paulhan. Sans ma chute j'aurais cherché à aller le remercier.) Craignant que Jacques n'eût besoin d'encore plus je lui ai offert en surplus la Visite des Cambremer. Mais il paraît que c'est trop long. Enfin je lui ai offert pour le n° de novembre toute la fin du livre. Mais il faudrait des coupures. Je m'y refuse absolument ( envoyez-lui cette lettre car cela me fatigue trop d'écrire à vous deux ). Vous craignez qu'un extrait aux Oeuvres libres n'empêche de lire le livre. Mais au moins le titre étant différent il y a chance pour que ce soit le contraire. Dans la N R f en revanche où le public est mon public, tout le monde comprendra que c'est la suit  et si je faisais des coupures, je mutilerais mon oeuvre car personne ne se reporterait au livre. Dites en conséquence à Jacques que je ne lui donnerai rien en Novembre, il aura seulement en Octobre ce qu'il a demandé et un peu plus. Je renonce à répondre à la N.R.F. puisque il s'obstine ( pas Jacques Boulenger, Jacques Rivière ). En admettant le principe que l'extrait aux Oeuvres Libres ne nuit pas au livre, je reconnais ou plutôt je crains ( car je n'ai pas encore eu d'épreuves ) que le fragment soit très long et très fâcheusement choisi pour le livre. Je vous aurais demandé conseil quand il en était temps si vous ne m'aviez volontairement glissé entre les doigts comme une vraie anguille. ( Vous n'avez même pas répondu à ma lettre ). J'ai vu Duvernois après vous avoir vu, avant son départ pour Bruxelles où il est. Il m'a fait envoyer immédiatement un à-valoir de 10 000 fr. Il croit ( ? ) qu'à la répartition je peux avoir autant. Je lui ai dit votre sympathie ce qui a paru beaucoup le toucher, et je lui ai dit que jamais plus il n'aurait une ligne de moi dans les Oeuvres libres car je craignais de vous contrarier. Il en a paru très ennuyé, m'a dit de ne pas perdre tout espoir mais ma décision, bien que prise à regret, est formelle. Je n'écrirai plus aux Oeuvres libres ( comme je n'y aurais jamais écrit si vous me l'aviez dit le soir où vous êtes venu ). Maintenant mon cher Gaston je tiens à vous faire une recommandation très importante. N'allez pas ( bien entendu la question de votre loyauté et des droits ne se pose pas, j'ai pleine confiance en vous ), pour me prouver que Duvernois se trompe et que les Oeuvres libres feront tort à Sodomorrhe 2, soigner moins la diffusion de ce volume ( peut-être en 2 volumes ) que des précédents. Ce serait d'abord absurde puisque je vous ai promis de ne plus écrire aux Oeuvres Libres. Ce serait de plus très fâcheux. Cet ouvrage ( Sodome 2 ) est le plus riche en faits psychologiques et romanesques que je vous aie encore donné. La partie qu'a Duvernois est de beaucoup la moins bonne ( et je le regrette de ttes façons car c'est la plus nuisible au livre ). Donc mettez d'autant plus d'activité à lancer ce volume ( ou ces 2 volumes, c'est très long ) pour effacer le tort que la publication d'une partie en revue aura pu faire, et pour me récompenser de mon sacrifice puisque je refuse désormais leur collaboration.
Résultat de recherche d'images pour "antisemitisme tableaux"            Pour le titre de l'extrait de Jacques j'aimerais quelque chose comme " La perte après coup de ma grand'mère ".
            Vous pouvez mettre en note extrait de Sodome 2 ( bien que le morceau choisi par Jacques ne soit guère de nature à faire lire le livre ). En tous cas comme il n'y a dans ce morceau ni Sodome ni Gomorrhe, ces 2 noms seraient déplacés en titre principal. Voulez-vous le dire à Paulhan avec mes amitiés. La fatigue, l'épuisement pour mieux dire m'arrêtent. Je suis mon cher Gaston affectueusement votre dévoué

                                                         Marcel Proust

Je reçois avant que cette lettre soit fermée les épreuves de la N.R.F. qui "tombent " ( comme moi ! ) aussi mal que possible. Je vais néanmoins les corriger mais vous demande quand on n'en aura plus besoin qu'on me les renvoie car mes corrections ( les fautes sont nombreuses ) serviront pour le volume. Le titre le meilleur est : Les Intermittences du Coeur. C'est le mieux, il n'y a pas à hésiter. Je constate avec joie en parcourant ces épreuves que tout ce que m'avait demandé Jacques et dites-le lui en plaisanterie gentille, qu'il m'a tourmenté pour rien. - . Je trouve que je suis très gentil de vous sacrifier pour l'Avenir les Oeuvres libres cher prieur, car notre traité ne contient nul voeu de célibat, de chasteté, de pauvreté. Je vous recommande à nouveau de vous donner un peu de mal pour le lancement de mon nouveau livre sur lequel j'entasserais volontiers tous les éloges que Balzac dans sa correspondance, donne, avec tant de naïveté mais du génie, aux siens. Or comme les deux suivants sont encore " mieux " ( ! ) il ne faut pas que j'aie l'air, avec un nombre restreint d'éditions, d'être
 " fini". Déjà M. Souday semble me préférer Binet-Valmer. Preuve d'indépendance politique sans doute.

P.S. Hélas je vois qu'une goutte de café est tombée sur la 1re page de cette lettre. Mais recommencer 17 pages c'est impossible.

         

                    





                                    

jeudi 16 février 2017

Douche Ecossaise Saturnin Fabre ( Cinéma biographie France )


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                                                                      Douche écossaise

            Les cinéphiles connaissent Saturnin Fabre, bourguignon né à Sens en 1884. Son père ne fit pas toujours des affaires heureuses, et si son frère suivra un chemin dit classique, Saturnin Fabre, Erbaf dans son livre de souvenirs fut indiscipliné. Inscrit chez les Frères à Passy il fut souvent puni, pensionnaire reçut de rares visites familiales, il y resta dix ans. A seize ans il déçut encore ses parents en choisissant la vie d'artiste. Il étudia le tambour et la clarinette, refusé une première fois au conservatoire, il joua pourtant quelques petits rôles et avança doucement vers une carrière longue tant au théàtre qu'au cinéma où il fut engagé dans les tous premiers films, muets bien sûr. Et l'on voit noter quelques noms qui demeurent dans nos mémoires, ainsi de Volterra, Antoine visionnaire dans ses mises en scène, la comédienne Jeanne Fusier, devenue Fusier-Gir, Brunot, Ses Mémoires, délicieux livre assez rare, écrits sans prétention et avec une grande lucidité, portent à réfléchir. Quelques extraits, commencés par la fin, la dernière page titrée : Préface.
            " ....... dans cet ouvrage nous avons tout fait à l'envers, nous avons retourné notre nom.
            Nous adressons ici l'expression de notre admiration et de nos sentiments de condoléance aux écrivains dont nous ignorions le dessous malsain et fastidieux de la profession. 
            .............
           L'acte de s'asseoir devant des papiers blancs, de se convertir en cul-de jatte, en cocu immobile qui ignore tout, de se meurtrir les fesses en une pénitence volontaire....... de s'énerver d'impatience dans les jumeaux......... de s'établir une ptose généralisée pour griffonner sérieusement , en hypnose, sur des feuillets, constitue un renoncement à soi-même, une duperie, un héroïsme.
            Culs de Corneille, de Molière...... de Valéry....... de pauvres et grands hommes, pardon !

.......... Erbaf fit son entrée dans la classe de Paul Mounet. il serra les mains de ses camarades.....Hélène Dieudonné...... Laissons parler Willy........ " C'est un grand comique et un fumiste invétéré."........ Quand par hasard il s'aventure dans la classe il y jette, en effet, un de ces beaux désordres qui sont l'effet de son art. "......... Antoine........ Il avait insufflé le naturel, la vie au théâtre....... Après six mois d'exercice, tout était discipline autour d'Antoine.........
            A l'époque actuelle, où les individus agissent lorsqu'ils sont cent et ne font rien lorsqu'ils sont seuls ; dans une société où tout s'abrite sous la lâcheté du nombre, où tout n'est qu'enrégimentement, rassemblement........ mutuelles, il est quasi impossible de comprendre l'oeuvre magistrale, INDIVIDUELLE, d'Antoine. "                            youtube.com 
Résultat de recherche d'images pour "saturnin fabre gabin raimu"            Souvenirs heureux, mais aussi tristes. La grande guerre 1914/1918.
            " Plus d'un demanda à Erbaf quels étaient ses souvenirs de guerre :
            - Nous étions des brutes. Les brutes n'ont pas de souvenirs... 
           Erbaf entre Paris et les tournées théâtrales, le cinéma, amours sans suite, le comédien a des amitiés longues et solides, ainsi avec Raimu, racontée à leur fin mélancolique. De nombreuses anecdotes évoquées piquantes, jalousies de comédiens, trucs de comédiens sur scène et au cinéma, les femmes sont rares, peu sympathiques. Les petites scènes de la vie quotidienne demandent à être lues, telle la porte ouverte au studio Marcel Pagnol, par temps froid et grand mistral, enrage Raimu autant que Erbaf. De nombreux dessins-caricatures signés Saturnin Fabre dans le livre d'humour froid, à lire avec chaleur. Il apprit à cultiver son jardin à l'Isle Adam
         
            

lundi 13 février 2017

Anecdotes et Réfflexions d'hier pour aujourd'hui 70 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

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                                                                                                                       18 mai 1662
                                                                                                                 Pentecôte
            Par le fleuve jusqu'à Whitehall et là à la chapelle à mon banc qui me revient comme clerc du Sceau privé. J'entendis un excellent sermon du Dr Hacket, évêque de Lichfield et de Coventry sur ces mots " Celui qui boira de cette eau n'aura jamais soif " et un excellent motet chanté par le capitaine Cooke et un autre ainsi que de la belle musique. Puis le roi descendit et donna, prit le sacrement à genoux, spectacle qui méritait bien d'être vu.  Puis avec George Carteret à son logis pour dîner, avec milady et un certain Mr Brevint, ecclésiastique français. Nous fûmes très gais et causâmes longuement avec milord, après le dîner. Puis de nouveau à la chapelle et entendîmes un autre bon motet. De là à la Chambre du Conseil. Le roi et le Conseil ont siégé jusqu'à 11 heures du soir et je fus obligé de marcher de long en large dans les galeries jusqu'à cette heure-là. Il examinait tous les projets de loi qu'on doit présenter à la Chambre demain, avant que le roi quitte Londres et proroge la Chambre.
            Enfin le Conseil leva sa séance et sir George Carteret m'informa des décisions du Conseil, sa décision pour les navires qui devaient transporter de la cavalerie d'Irlande au Portugal. Cette décision est maintenant changée. Je pris une voiture et rentrai, renvoyant le canot sans moi. A la maison je trouvai ma femme fâchée de ce que j'étais sorti, mais je la contentai. Elle avait son costume neuf de taffetas noir et son jupon jaune, très jolis. Et au lit.


                                                                                                                               19 mai

            Restai longtemps au lit, tantôt me querellant avec ma femme, et puis de nouveau content. Je me levai enfin et mis mon costume en drap de cavalerie et mon manteau en camelot neuf, qui me satisfait assez. Allai au Temple à propos de ma réplique, puis chez mon frère Tom où j'apprends que mon père sera à Londres cette semaine. Rentrai, certaines boutiques étant fermées, d'autres ouvertes. On me dit que la Chambre de communes croit fort qu'elle sera forcée de précipiter son travail ce matin, afin que cet après-midi le roi approuve leurs lois pour pouvoir quitter Londres. Mais il fut, m'a-t-on dit depuis, forcé de rester jusqu'à près de 9 heures du soir. Et il les a prorogées et est allé à Guilford pour dormir. A la maison, et Mr Hunt a dîné avec moi et nous avons été très gais. Après dîner sir William Penn, sa fille, moi et ma femme allâmes en voiture au Théâtre. Étions dans une loge et vîmes Le petit filou, bien jouée. De là à Moorflields où nous nous sommes promenés et avons mangé des gâteaux au fromage et du jambon. Mais de retour à la maison je fus malade et forcé de vomir. Puis avec ma femme, marcher et chanter sur la terrasse jusqu'à fort tard, la nuit étant très agréable avec un clair de lune, et au lit.


                                                                                                                        20 mai

            Travail au bureau avec sir William Penn, puis retour à la maison. Puis arrive le doyen Fuller après notre dîner, mais je lui fis servir quelque chose, et nous fûmes très gais une heure ou deux, et je suis très satisfait de sa compagnie et de sa bonté. Enfin nous nous quittâmes, ma femme et moi allâmes à l'Opéra où nous vîmes la deuxième partie du Siège de Rhodes, mais ce n'est pas aussi bien joué que lorsque Roxalana y était, laquelle, dit-on, est maintenant la propriété de milord d'Oxford. Puis à l'appontement de la Tour où nous avons pris un canot, et nous avons tous été à pied à la Demi-Étape où nous mangeâmes et bûmes, et ce fut fort agréable. Et enfin retour, dans la soirée, et bonsoir. Nous menons une vie fort agréable en ce moment, et depuis longtemps. Dieu en soit loué et nous fasse lui en rendre grâce ! Bien que je sois fort hostile aux dépenses excessives, je crois qu'il vaut pourtant mieux prendre quelque plaisir maintenant que nous avons la santé, l'argent et l'occasion, plutôt que de différer les plaisirs jusqu'à la vieillesse ou la pauvreté, quand nous ne pourrons si bien en jouir.


repro-tableaux.com                                                                                                                    21 mai
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            Avec ma femme par le fleuve à Westminster, et après qu'elle eut vu son père ( je n'ai rien su depuis quelque temps de ce qu'il faisait, ni ce que faisait sa mère ) elle me retrouva au logis de milord. Nous restâmes et allâmes nous promener dans le jardin de Whitehall et dans le jardin privé avons vu les chemises et les jupons de fil de milady Castlemaine, ornés de riche dentelle au bas, les plus élégants que j'aie jamais vus. Et les voir m'a fait chaud au coeur. Puis chez Wilkinson, elle, moi et Sarah  pour dîner. On m'a servi un beau quartier d'agneau et une salade. Sarah m'a raconté que le roi a dîné et soupé tous les jours et tous les soirs de la semaine dernière chez milady Castlemaine. Le roi était là également le soir où on a fait des feux de joie en signe de réjouissance pour l'arrivée de la reine. Mais il n'y avait pas de feu devant chez elle, bien qu'il y en ait eu devant presque toutes les maisons de la rue, ce qui fut fort remarqué. Et qu'ils envoyèrent chercher une balance pour se peser l''un et l'autre, et qu'elle étant grosse d'enfant était, dit-on la plus lourde. Mais elle est maintenant la plus triste des créatures et ne sort pas de chez elle depuis le départ du roi.
            Nous sommes allés au Théâtre voir Le maître de danse  français avec un vif plaisir. Mais nous sommes tristes de la voir abattue et déjà traitée sans égards. La pièce nous a bien plu, mais le rôle de Lacy, le maître de danse, est le meilleur du monde.
            De là chez mon frère Tom pensant trouver mon père arrivé de la campagne. Nous ne trouvons que mon Fenner et sa vieille femme que je n'aie pas vue depuis le dîner de mariage et n'ai nulle envie de la voir. Après leur départ, avec ma femme chez Mrs Turner que nous trouvâmes assez mal en point, et ses deux garçons, Charles et Will, revenus de la campagne et devenus très communs après trois ans  dans le Yorkshire à la garde de leur père. De là de nouveau chez Tom où j'ai bien soupé, ma cousine Scott était présente, et mon père n'étant pas arrivé nous sommes rentrés à pied. Et au lit.


                                                                                                                 22 mai

            Ce matin arrive un ordre du secrétaire d'Etat Nicholas pour que je laisse un certain Mr Lee, conseiller, examiner les papiers que je peux avoir, concernant des événements passés et où se trouve l'écriture de sir Henry Vane, afin de dresser l'acte d'accusation. Ce que je fis. Et à midi en compagnie de sir William Penn et de sa fille, il a dîné avec moi, et est retourné à son travail tandis que nous allions en voiture au Théâtre voir Les Dédales de l'amour. Il n'y a pas grand-chose dans cette pièce, hors le rôle d'un campagnard interprété par Lacy, et qu'il a admirablement joué. Retour et dîner avec sir William Penn, sir William Batten et le capitaine Cocke.... Ce soir chacun de nous à reçu une lettre du commandant Teddeman provenant de la Méditerranée, indiquant un traité de paix conclu à des conditions avantageuses par sir John Lawson avec les gens d'Alger, ce qui est une fort excellente nouvelle. Il au aussi envoyé des anchois à chacun de nous, des olives et du muscat. Mais je ne sais pas encore ce que c'est, et je n'ose pas le demander.
            Après le souper, à la maison et au lit. Résolu à consacrer cette semaine à la comédie et aux plaisirs, et à me remettre au travail la semaine prochaine pour longtemps.


                                                                                                                  23 mai 1662
                                                                                                                 utpictura18.univ-montp3.fr
Résultat de recherche d'images pour "le caravage"            Au bureau une bonne partie de la matinée. Et puis vers midi, à pied avec ma femme à la Garde-Robe. Ma femme monta à la salle à manger trouver milady Paulina et je restai en bas à causer avec Mr Moore, au salon, et à lire les récents discours du roi et du chancelier à l'occasion de la prorogation des Chambres du Parlement. Et pendant que je lisais on m'annonça que milord Sandwich était arrivé et était monté chez Milady, ce qui me mit dans l'attente d'une grande joie. Je montai donc pour attendre que milord sorte de la chambre de milady. Il arriva au bout d'un moment, et a l'air en très bonne santé et mon âme se réjouit de le voir. Il fut très gai. Et a laissé le roi et la reine à Portsmouth. Il est venu loger ici jusqu'à mercredi prochain, il retrouvera alors le roi et la reine à Hampton Court.
            Puis dîner, Mr Brown ( secrétaire de la Chambre des lords, sa femme et sa mère également présentes ) et milord très gais, disant, entre autres, que la reine est une personne fort plaisante et qui se peint encore. Après dîner je lui ai montré la lettre que j'ai reçue de Teddeman donnant les nouvelles d'Alger, dont il est extrêmement satisfait, et il en a écrit une au duc d'York sur ce sujet et l'a envoyée par un exprès.
            Une grande compagnie arrivant après dîner pour voir milord, ma femme et moi nous esquivâmes pour aller à l'Opéra où nous vîmes L'Esprit du sergent de ville joué pour la première fois, mais pièce plus sotte, je crois, que je n'en ai jamais vue. Après la pièce sommes rendus à Covent Garden au théâtre de marionnettes que nous avons vu l'autre jour, et en vérité c'est fort agréable. J'ai vu là pour la première fois parmi les violonistes jouer du tympanon avec des baguettes dont on bat les cordes, et c'est fort joli. Puis retour par le fleuve et souper très gaiement avec sir William Penn. Et au lit.


                                                                                                           24 mai

            A la Garde-Robe où j'ai de nouveau parlé avec milord et où j'ai vu William Howe devenu quelqu'un de fort élégant et sérieux. Puis sorti avec Mr Creed qui me donna tous les renseignements que je désirais. Entre autres les grandes difficultés où milord s'est trouvé tout l'été faute d'ordres précis et complets du roi. Je crains que messeigneurs du Conseil aient moins souci des affaires que les anciens gouvernants, et davantage de leurs plaisirs et de leurs profits. Appris que le Hego de Toros est un divertissement simple mais le plus connu en Espagne. Que la reine n'a donné aucune gratification à aucun des commandants ou des officiers, sauf à milord Sandwich, et c'était une bourse d'or, ce qui n'est pas un présent honorable, d'environ 1 400 livres sterling. A quel point la reine a toujours vécu retirée et que de toute la traversée elle n'est jamais allée sur le pont ou sortie de sa cabine, mais qu'elle aimait beaucoup la musique de milord et qu'elle la faisait venir dans son salon et qu'elle s'installait dans sa cabine assez près pour l'entendre. Que milord fut obligé de faire un éclat avec le Conseil du Portugal au sujet du paiement de la dot, pour l'obtenir, qui consistait, outre Tanger et la liberté de commerce avec les Indes, en deux millions de couronnes, la moitié maintenant et l'autre dans un an. Mais ils n'ont apporté que peu d'argent, le reste est en sucre et autres marchandises et en traites. Que le roi du Portugal est presque simple d'esprit et que c'est sa mère qui fait tout, et que c'est un prince très médiocre.
            Après une boisson du matin à l'Etoile dans Cheapside je l'emmenai à la Bourse puis chez moi, mais comme ma femme avait déjà dîné je l'emmenai chez Fish Street où nous prîmes deux homards en conversant. Puis allai au bureau. Cela fait avec sir William Penn à Deptford par le fleuve chez le commandant Rooth car il est très malade et retour à la maison par terre nous arrêtant à la Demi-Étape pour manger et boire. Puis à la maison, et au lit.


                                                                                                                 25 mai
repro-tableaux.com                                                                                            Jour du Seigneur
Résultat de recherche d'images pour "le caravage"            Me rasai comme tous les jours cette semaine, avec une pierre ponce, procédé que j'ai appris de Mr Marsh lorsque j'étais récemment à Portsmouth, et je le trouve très facile, rapide et propre et je continuerai à en user. A l'office où j'entendis un bon sermon de Mr Woodwock dans notre église. Seulement en priant à la fin pour une femme en couches, il pria que Dieu la délivrât de la malédiction héréditaire de l'enfantement, ce qui me parut une assez étrange expression. Dînai à la maison avec Mr Creed. Aujourd'hui j'ai mangé le premier plat de petits pois. Après nous être entretenus nous sommes sortis et allâmes de droite, de gauche, entrant dans de nombreuses églises, parmi lesquelles celle de Mr Baxter à Blackfriars. Puis à la Garde-Robe où je trouve que milord prend une purge, de sorte que je ne le vis pas. Mais avec le capitaine Ferrer ( dans le carrosse de Mr Montagu ) j'allai à Charing Cross et là à la taverne du Triomphe il me montra quelques dames portugaises arrivées à Londres avant la reine. Elles ne sont pas belles et leurs vertugadins sont un vêtement étrange. Beaucoup de dames et de personnes de qualité viennent les voir. Je ne leur trouve rien d'agréable. Et je constate qu'elles ont déjà appris à baiser et à lever les yeux sans crainte, et je crois bien qu'elles ne vont pas tarder à oublier la vie retirée de leur pays. Elles se plaignent fort du manque de bonne eau à boire. Puis je revins à pied à la Garde-Robe et soupai avec milady, puis retour à la maison et après une promenade sur la terrasse avec ma femme, la prière et au lit.
            Les gardes du Roi et des milices de la Cité sillonnent la ville depuis cinq ou six jours, ce qui me fait penser, et c'est ce qu'on dit, qu'il se trame des complots. Dieu nous protège !


                                                                                                                       26 mai

            Levé avant 4 heures du matin pour préparer certains comptes pour milord de Sandwich. Au bout d'un moment arrive par arrangement Mr Moore. A ce qu'il nous paraît à présent nous constatons que milord a plus de 7 000 livres de dettes et qu'il attend des rentrées d'argent qui régleront tout. Nous le croyons donc solvable, mais avec très peu d'argent liquide. Puis chez milord, et nous avons passé une heure avec lui quand il fut prêt, à lui exposer cela. Et comme il lui reste quelque 6 000 livres de ce qu'il a reçu du roi, il est décidé à en faire usage et à se libérer de son mieux, ce que j'approuve, car autrement il n'aura pas d'avance avant bien longtemps. Puis à la maison et à Trinity House où les Frères, qui étaient à Deptford aujourd'hui élire un nouveau Maître, sir John Mennes, bien que sir William Batten lui ait vivement disputé cet honneur. Ce dont je ne suis pas peu satisfait à cause de la vanité de sa femme, sont arrivés vers 3 heures et dîner. Je me mis à côté de Mr Prynne qui, dans la conversation commença à parler des documents qu'il possède sur la luxure et la vie dépravée des religieuses anglaises de jadis, et il m'en a montré un tiré de sa poche où trente religieuses pour leur luxure furent chassées de leur maison, étant indignes d'y vivre et furent, par ordre du pape, cependant placées dans d'autres couvents.
            Je ne pus rester avec eux jusqu'à la fin du dîner, quittai la table et partis sans rien dire et allai par le fleuve chez mon frère et de là conduisis ma femme au Taureau Rouge où nous avons vu Le Dr Faust mais si pitoyablement et si médiocrement représenté que nous en fûmes dégoûtés, d'autant plus qu'en vertu d'une résolution déjà prise ce doit être la dernière pièce que nous devons voir d'ici la Saint-Michel. Puis retour à la maison en voiture par Moorfields où nous nous arrêtâmes un moment à regarder les lutteurs. A la maison, j'ai emporté mon luth sur la terrasse, et au lit.


                                                                                                                   27 mai 1662
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Résultat de recherche d'images pour "le caravage"            Ce matin chez milord et de là chez mon frère, où j'ai trouvé mon père, le pauvre homme, qui était arrivé, ce qui me fit plaisir. Je restai avec lui jusqu'à midi puis il alla dîner chez mon cousin  Scott qui l'avait invité. Il me parla des aménagements qu'il fait à la maison et au jardin de Brampton, qui me font bien plaisir.
            Je ne pouvais aller avec lui, de sorte que nous nous séparâmes à Ludgate, et je rentrai dîner. Et au bureau tout l'après-midi, et de la musique dans mon cabinet, seul, le soir, et au lit.


                                                                                                                    28 mai

            Levé de bonne heure pour ranger mon cabinet, puis chez milord. Nous parlâmes de différents sujets, puis allai en différents endroits pour affaires avec Mr Creed. Entre autres chez Mr Wotton, le bottier où nous prîmes notre boisson du matin. Et retour à la maison vers midi. Au bout d'un moment arrive, comme convenu, mon père pour dîner avec moi. Ce que nous fîmes très gaiement, car je désirais lui donner autant de gaieté que je le peux pendant que le pauvre homme est à Londres. Après dîner arrive mon oncle Wight resté un moment avec nous à causer et ensuite nous allâmes tous les trois à la brasserie de Leadenhall où nous restâmes un moment, puis je les quittai pour aller à la Garde-Robe, où je constatai que milord était parti pour Hampton Court, mais la femme de Ferrer arriva avec les jeunes demoiselles. Elle n'était pas disposée à y aller, sur ce je fus disposé à remettre ma visite, et je rentrai. Mais j'ai grande envie d'y aller avec eux demain. Et au lit.


                                                                                                                  29 mai

            A la maison toute la matinée. A midi à la Garde-Robe et dînai avec milady, et restai ensuite longtemps à causer avec elle. Puis retour vers la maison et dans Lombard Street je fus hélé d'une fenêtre par l'échevin Backwell et j'entrai saluer sa femme qui est fort jolie. Là était Mr Creed et il semble qu'ils ont eu quelque ennui, la crainte d'un incendie à côté et qu'ils avaient été occupés à déménager leurs biens. Mais l'incendie était terminé avant mon arrivée. De là à la maison et avec ma femme, les deux servantes et le petit laquais nous avons pris un canot pour aller à Vauxhall, où je n'avais pas été depuis longtemps, dans l'ancien jardin de printemps. Nous nous sommes longtemps promenés et les filles ont cueilli des oeillets. Nous sommes restés et voyant qu'on ne pouvait rien avoir à manger, sauf très cher et après avoir attendu longtemps, nous sommes repartis sans qu'on nous prêtât la moindre attention. Nous aurions pu agir de même si nous avions pris quoi que ce fût. De là au nouveau jardin où je n'avais encore jamais été, et qui est bien mieux que l'autre. Là aussi nous nous sommes promenés et le petit laquais passe sous la haie et cueille quantité de roses. Et après une longue promenade nous sommes sortis comme nous étions sortis de l'autre jardin. Et nous fûmes dans une autre maison, une maison ordinaire, où nous avons pris des gâteaux, du boeuf salé et de la bière. Et retour par le fleuve, très contents.
            Ce jour anniversaire du roi a été très solennellement observé et d'autant plus que la reine arrive aujourd'hui à Hampton Court. Dans la soirée il y a eu des feux de joie, mais bien peu en comparaison du grand nombre qu'il y eut jadis quand on a brûlé le Croupion. Et au lit.


                                                                                                                     30 mai

Résultat de recherche d'images pour "le caravage"            Ce matin j'ai fait mes compte. Je me trouve en possession de 530 livres de claro et pas plus, tant je me suis peu enrichi depuis mes derniers comptes. Mais j'avoue, j'ai dépensé beaucoup d'argent en vêtements.
            Je décidai soudain d'emmener ma femme, Sarah et Will par le fleuve, avec des provisions, jusqu'à Gravesend dans l'intention d'entrer dans le Hope jusqu'au Royal James pour visiter le navire et Mr Shipley, mais le croisai dans un heu apportant les affaires de milord, nous montâmes alors à bord, et poursuivîmes avec eux jusqu'à la Demi-Étape, très heureux de voir Mr Shipley. Nous avons vu là un petit Turc et un nègre dont on veut faire des pages pour les deux jeunes demoiselles. Il y avait aussi beaucoup d'oiseaux et d'autres élégantes curiosités. Mais j'avais peur d'attraper des poux et je repris le canot et arrivai à Londres avant eux. Pendant tout le trajet, à l'aller et au retour, j'ai lu La Giroflée des murailles avec grand plaisir. Puis à la maison et de là à la Garde-Robe où Mr Shipley était arrivé avec ce qu'il apportait. Restai causer avec milady qui se prépare à aller demain à Hampton Court. Puis rentrai et, à 10 heures du soir Mr Shipley vint souper avec moi. Nous avons eu un plat de maquereaux aux pois, et il nous a dit bonsoir, allant dormir à bord du heu, et moi au lit.


                                                                                                                        31 mai

            Fait la grasse matinée. Puis me levai pour rédiger mon journal de ces deux ou trois derniers jours. Puis arriva Anthony Joyce pour me réclamer l'argent du suif qu'il a fourni récemment, à ma demande, ce qui me contrarie. Mais il faut que je le lui fasse avoir au plus tôt selon ma promesse.
            Au bout d'un moment allai à Whitehall, apprenant que sir George Carteret était arrivé à Londres. Mais je ne l'ai pas trouvé, de sorte que je revins avec Tom et de là amenai mon père chez moi où il dîna, nous entretenant des affaires que nous avons avec l'oncle Thomas et Thomas Trice. Il partit après le dîner et j'allai au bureau où nous tînmes réunion. J'allai ensuite à pied chez mon frère, à la Garde-Robe et en d'autres endroits pour d'autres affaires, puis retour. Et je me fis peigner les cheveux par Sarah pour avoir la tête propre, et je les trouvai si sales à cause de la poudre et d'autres choses désagréables que je suis décidé à les garder secs, sans poudre. Et aussi par une inspiration soudaine , je me suis coupé toute la moustache que je me laissais pousser depuis un grand moment, à seule fin de pouvoir me passer toute la figure avec une pierre ponce, comme je le fais actuellement sur mon menton, et gagner du temps, ce qui me paraît un moyen très facile et très doux. Sarah m'a aussi donné un bain de pieds aux plantes, et au lit.
            Ce mois se termine par un très beau temps sans interruption depuis longtemps. Ma santé est assez bonne, seulement les vents me tourmentent parfois à l'excès du coté du fondement. La reine est arrivée il y a quelques jours à Hampton Court et tout le monde dit que c'est une très belle femme, fort élégante et pleine de jugement, et que le roi est assez satisfait. Ce qui, je le crains, fera faire un long nez à Madame Castlemain. La cour est maintenant entièrement à Hampton. On a récemment conclu un traité de paix avec Alger, ce qui est aussi une bonne nouvelle. Mon père est venu récemment à Londres pour nous voir et bien que cela m'ait coûté et doive me coûter plus d'argent, je suis content des aménagements qu'on fait à ma maison de Brampton. Milord Sandwich est récemment arrivé par mer avec la reine, en bonne santé et en bon renom. Après examen de ma fortune, je me trouve avoir 530 livres de claro. L'Acte d'uniformité vient d'être imprimé, et on estime qu'il fera des ravages parmi les pasteurs presbytériens. Les esprits de tous bords sont fort mécontents. Un des bords estime être traité plus durement qu'on ne le lui avait promis, et l'autre moins bien récompensé par le roi qu'il ne l'escomptait. Dieu nous préserve tous ! Je me suis récemment obligé par serment à m'abstenir de vin et de théâtre, ce dont je me trouve bien.


                                                                             à suivre
                                                                                          .............../

                                                                                                                     1er juin

            A l'église ce matin.........