1er juin 1662
Jour du Seigneur
A l'église ce matin un inconnu a fait un excellent sermon. Dîner à la maison et visite de Mr Spong. Nous chantâmes un moment des psaumes français et arrivèrent Mr Shipley et Mr Moore, et à nouveau à l'église où un pasteur presbytérien a fait un triste et long sermon, ce qui m'a contrarié, et retour à la maison. Et promenade sur la terrasse, et souper et la prière, et au lit.
2 juin
Levé de bonne heure pour affaires, puis à la Garde-Robe avec Mr Moore. Discussion avec milord pour changer les crusados en monnaie sterling, et d'autres sujets. Me rendis ensuite chez mon frère Tom voir mon père et retour à la maison. Mon père vint ensuite dîner avec moi. Puis en voiture, je le déposai dans Cheapside. Ma femme et moi chez Mrs Clarke, à Westminster pour la première fois ensemble. Nous la trouvons en " dishabillée " avec l'intention d'aller à Hampton Court demain. Nous avons eu une longue et agréable conversation. C'est vraiment une femme très élégante. Puis par le fleuve à Salisbury Court, et Mrs Turner étant absente, retour en voiture. Après une promenade sur le terrasse et le souper, au lit. Aujourd'hui ma femme a mis son corselet à crevés qui est fort élégant.
3 juin
uncertainregard.eklablog.fr
Levé avant 4 heures, et au travail dans mon cabinet à équilibrer les comptes entre milord et moi-même. Je voudrais bien être maître de 1 000 livres, mais je n'en suis encore qu'à 530.
Au bureau toute la matinée. Mr Coventry a apporté des lettres patentes et a pris rang parmi nous ce matin. Comme nous dressions un contrat, je m'apprêtais, comme je le fais toujours, à en établir les articles, mais sir William Penn m'a sans le moindre égard déclaré que c'est au contrôleur de le faire, et il y a donc mis Mr Turner, ce dont je fus fort contrarié et que je commençai à discuter. Et grâce à la lettre contenant les ordres du Duc et à celle de Mr Barlow et conformément à la coutume de nos prédécesseurs, dont sir George Carteret était parfaitement informé lorsqu'il était contrôleur, il fut décidé en ma faveur. Ce que fera sir John Mennes quand il viendra, je n'en sais rien, mais sir William Penn s'est comporté en vil coquin et je me souviendrai de lui tant que je vivrai.
Ayant terminé au bureau je descendis à l'appontement de la Tour où Mr Creed et Shipley étaient prêts avec trois coffres de crusados soit environ 6 000 livres sterling prêts à débarquer et à être déposés chez moi. Ce qu'ils firent, et je les mis dans ma deuxième cave, et Mr Shipley en prit la clé. J'ai retrouvé mon père, le Dr Williams et Tom Trice dans l'Old Bailey chez Short le marchand de bière, mais je n'ai pas pu arriver à un accord avec TomTrice. De là à la Garde-Robe où je trouvai milady revenue de Hampton Court et où la reine s'est montrée fort aimable avec elle, et milady me dit que c'est une fort jolie femme, ce qui me fait plaisir.
Hier, m'a dit sir Richard Ford, les échevins de la Cité se sont présentés à elle en costume et lui ont offert une coupe d'or contenant 1 000 livres en pièces d'or. Mais il m'a dit que leur trésor est si pauvre qu'ils ont été obligés de nommer deux ou trois échevins pour lever des amendes afin d'arriver à la somme, et parmi eux sir William Warren.
A la maison et au bueau où vers 8 heures du soir arrivent sir George Carteret et William Batten. Nous avons un peu travaillé. Puis à la maison et au lit, tracassé par sir William Penn, sa façon indigne d'agir envers moi aujourd'hui. Aussi par la responsabilité de l'argent qui est chez moi que j'avais oublié. Mais j'ai fait se lever les servantes pour allumer une chandelle et la mettre dans la salle à manger pour faire peur aux voleurs. Et sommeil.
4 juin
Levé de bonne heure et visite de Mr Moore venu m'annoncer la mort de Mr Barnwell, ce qui me tracasse un peu, d'autant plus que je crois que nous allons perdre la compagnie de Mr Shipley.
Au bout d'un moment avec sir William Batten par le fleuve à Woolwich et nous vîmes là l'expérience qu'on faisait du fil du caret de Hollande de sir Richard Ford, qui a provoqué tant de remous chez nous, et je me suis beaucoup inquiété pour notre cordier, Mr Hugues, qui le déclare de mauvaise qualité. Nous l'avons trouvé de très mauvaise qualité et cassant plus vite au cours d'un essai loyal, à cinq fils que celui à quatre fils de Riga, et aussi que parfois il contient du vieux fil qu'on a goudronné et recouvert de chanvre neuf, ce qui est une tromperie inouïe. Je suis content de cette découverte parce que je ne veux pas qu'on décourage les ouvriers du roi ( comme le fait fort malhonnêtement sir William Batten ) de déclarer les défauts des marchandises fournies par les négociants quand elles en ont.
Après avoir mangé du poisson que nous avions acheté sur le bateau chez Falconer, nous allâmes à Woolwich pour examiner la charpente de nos maisons, et retour. Et j'allai chez milord que je trouvai décidé à acheter le manoir de Brampton à sir Peter Ball, ce qui me fait plaisir. De là à Whitehall et j'exposai la tromperie à sir George Carteret. Puis à la Garde-Robe où je soupai avec milady, milord n'a pas mangé, il écrit ce soir des lettres à différentes destinations, car il doit quitter Londres demain. Rentrai tard et au lit.
5 juin 1662
A la Garde-Robe où milord me demanda ce que je pensais de Mr Moore. Je lui en dis tout le bien que je pouvais, et par ce moyen je le ferai adjoindre à Mr Townshen pour les affaires de la Garde-Robe. Il m'a aussi donné à examiner tous les comptes de Mr Shipley et de Mr Moore, ce qui me fait plaisir, car cela montre la grande confiance qu'il a en moi, et je désire conserver sa protection. Puis pris congé de lui, puisqu'il part aujourd'hui, et allai au bureau où ils venaient de commencer. Je leur montrai la découverte faite hier, et j'ai de ce fait, un nouvel ennemi, sir Richard Ford. Mais cela m'est égal, car c'est mon devoir et j'ai donc fait suspendre sa facture pour le présent.
A dîner je trouve le Dr Thomas Pepys à la maison. Mais je dus quitter le dîner appelé par un billet de Mr Moore chez l'échevin Backwell pour y surveiller la pesée de quelques milliers de crusados de milord. Et nous trouvons que 3 000 valent à peu près 530 ou 540 livres sterling en tout.
De retour à la maison je trouve mon père. Nous avons causé un bon moment et nous sommes quittés/
Réunion au bureau pour terminer les comptes de Mr Gauden, mais nous n'avons pas tout à fait fini. Dans la soirée, avec Mr Moore, chez Backwell avec encore 12 000 crusados dont nous avons surveillé la pesée, et à la maison. Et au lit.
6 juin
A mon bureau, tout seul toute la matinée. Le serrurier, était avec moi pour autre chose, ouvrit un coffre qui était dans mon bureau depuis mon arrivée. Nous trouvons la maquette d'un beau navire. J'aimerais savoir si elle est au roi ou à Mr Turner.
A midi à la Garde-Robe, comme convenu, pour retrouver mon père qui fut bien reçu par milady qui me dit avoir quelque idée d'envoyer ses deux petits garçons chez nous à Brampton/ Mais j'ai obtenu la permission de les emmener avec moi et ma femme à Hampon Court demain ou dimanche. De là chez mon frère Tom. Nous trouvons une lettre de Pall disant que ma mère est gravement malade, en danger de mort. Ce qui nous inquiète beaucoup, mais j'espère qu'il n'en est rien, cette lettre a été écrite il y a quatre jours. A la maison et à mon bureau et au lit à la lumière du jour.
Aujourd'hui, à la demande de mon père, j'ai prêté 20 livres à mon frère Tom, qu'il remboursera sur la vente de Stirtloe quand celle-ci pourra avoir lieu. J'ai envoyé cet argent tout en monnaie nouvelle par mon petit laquais, de chez l'échevin Backwell.
7 juin
baby.perroq.com
Au bureau toute la matinée. Je vois que Mr Coventry est résolu à faire beaucoup de bien et à s'enquérir de tout ce qui ne va pas au bureau. Dînai avec lui à midi et avec sir William Batten à Trinity House où se trouvait, entre autres, sir John Robinson, lieutenant de la Tour. Il dit qu'hier sir Henry Vane a présenté sa défense complète au Banc du roi, et qu'il a été déclaré coupable. Et qu'il n'a jamais entendu personne plaider avec autant de simplicité, et c'est aussi ce que d'autres disent.
J'ai grande peine à décider s'il faut que j'aille, comme j'en avais l'intention, à Hampton Court demain. J'ai finalement résolu de ne pas y aller, à cause de la dépense et parce que je redoute maintenant de présenter des notes de frais de voyage, et ce sera aussi le cas d'autres, je suppose, parce que Mr Coventry les examine.
De là j'ai été appelé chez sir George Carteret. Nous avons causé un grand moment. Je vois, comme il me l'a dit, que si ce n'est que Mr Coventry a déjà mis du foin dans ses bottes en vendant des places, il lui plaît beaucoup et espère grand bien de lui. Mais il a tellement lieu de se plaindre du manque d'argent que j'en suis tout affligé, craignant que ce ne soit la perte du bureau. A mon bureau tout l'après-midi, et le soir j'apprends que mon père est parti pour la campagne, mais si c'est pour Richmond comme il en avait eu l'intention pour me retrouver ensuite à Hampton Court lundi, ou si c'est pour Brampton, je ne le sais pas, ce qui me tracasse fort. Dans la soirée à la maison et au lit.
8 juin 1662
Jour du Seigneur
Resté au lit jusqu'à l'heure de l'office, puis levé et été à l'église. Je vois que Mr Miller est revenu de la campagne et a prononcé un bien languide sermon. A la maison et dînai avec ma femme et de nouveau à l'église avec ma femme.De là à pied chez milady avec qui je soupai et avons été réjouis entre autres par le perroquet que milord a rapporté de son voyage. Il parle très bien et cri " Pall " de façon si charmante que cela conduit milord à le donner à milady Paulina. Mais la mère de milady ne l'aime pas.
A la maison. J'aperçois mon domestique Will qui marche le manteau rejeté sur l'épaule comme un voyou. Je ne sais si c'était parce qu'il ne voulait pas qu'on le vît marcher en compagnie du petit laquais, mais j'en fus contrarié. Et de retour après la prière je lui demandai où il avait appris cette tenue impudente, il me répondit qu'elle n'était pas impudente, ou une réponse insolente de ce genre, sur ce je lui donnai une paire de gifles. Ce qui ne m'était jamais arrivé, et j'en fus ensuite un peu tourmenté. Et au lit.
9 juin
Levé de bonne heure et au bureau avec Mr Hayter à faire mon bordereau de marchés que je suis maintenant très désireux de terminer, car je suis décidé à m'enquérir sérieusement du prix des marchandises.
Dînai à la maison, ensuite chez mon frère et en différents endroits, entre autres chez Greatorex
et à la taverne, mais je n'ai pas pris de vin. Il m'a recommandé Bond de notre côté de la ville pour m'apprendre à cuber le bois de charpente et d'autres choses que je désire apprendre pour ma charge. Retour au bureau où Thomas Hayter et moi avons terminé mon bordereau, ce qui m'a fait grand plaisir. Puis rentrai souper et au lit.
10 juin
Au bureau toute la matinée. Beaucoup de travail et grand espoir d'améliorer les choses au bureau grâce à Mr Coventry. Dînai à la maison avec Mr Hunt. Retour au bureau dans l'après-midi mais, comme la réunion de l'après-midi n'avait pas lieu, j'allai chez mon frère et chez le libraire, et ailleurs pour affaires, et je payai tous les livres jusqu'à aujourd'hui et je ne veux plus en acheter d'aucune sorte pendant un bon moment, quoique j'ai grande envie d'acheter les oeuvres du roi qui viennent de paraître en in-folio et de les offrir à milord. Mais je crois que je ferais mieux de mettre cet argent de côté. Rentré à la maison, et au lit.
11 juin
la-croix.com in MOMA San Francisco
Au bureau toute la matinée. Avec sir William Batten et sir William Penn pour les comptes de l'entrepreneur des subsistances. Puis rentrai dîner et encore au bureau tout l'après-midi. Mr Hayter et moi recopions au net mon bordereau, et j'ai pris grand plaisir à régler le papier et à écrire les têtes de chapître à l'encre rouge. Puis rentrai souper. Ce soir Mr Saill, le peintre, est venu vernir le portrait de ma femme et le mien et je le payai pour mon portrait en miniature 3 livres, de sorte que je suis en règle avec lui. Et après souper, au lit.
J'ai reçu aujourd'hui une lettre de mon père disant qu'il est bien arrivé et qu'il trouve ma mère assez bien remise. Ce qui me laisse bien fâché contre Pall qui a écrit à mon père tant de choses sur la maladie de ma mère qui, je crois, n'était pas si grave, et qui l'a obligé à retourner brusquement à la campagne, sans dire adieu ou prendre aucun divertissement ici.
12 juin
J'ai essayé ce matin mon habit de cheval de drap avec les genoux ajustés, le premier que j'aie fait faire, et je les crois très commodes si ce n'est pas trop chaud pour que par la suite on souhaite en porter un pas fermé aux genoux. Au bureau toute la matinée où nous avons une réunion plénière du conseil de la Marine, à savoir sir George Carteret, sir John Mennes, sir William Batten, Mr Coventry, sir William Penn, Mr Pett et moi. J'ai ensuite obtenu que tous signent une résolution sur mes autorisations de paiement sans qu'ils soupçonnent l'usage que je veux en faire, entre autres. Mais il s'agit de demander que mes commis aient le droit de délivrer toutes les autorisations, ce dont je ne suis pas peu satisfait. Une grande querelle s'éleva entre sir George Carteret et Mr Coventry sur l'apurement des comptes de l'entrepreneur des subsistances et savoir si c'est George Carteret qui doit lui payer ce qui lui est dû ou si c'est l'Echiquier. Sir George prétend que c'est à lui afin de conserver ses 3 pence. Ils se mirent en colère, et je crois bien que cela finira devant le roi et son Conseil. J'ai fait ce que j'ai pu pour ne pas m'en mêler, ayant des questions personnelles à régler avant de vouloir paraître un rien passionné.
De là dîner sur l'invitation de Mr Gauden, au Dauphin, où le repas fut bon. Mais ce qui m'étonne beaucoup, c'est que j'ai sans peine passé tout le dîner sans boire une goutte de vin.
Après le dîner allai au bureau la tête remplie par les affaires, et à la maison, et comme c'était le jour le plus long de l'année j'ai envoyé tout le monde coucher à la lumière du jour. Mais alors que j'étais au lit, et endormi, un mot est arrivé de mon frère Tom pour me dire que le mari de ma cousine Anne Pepys du comté de Worcester est mort et qu'elle est remariée, et que son deuxième mari est à Londres et veut venir me voir demain.
evous.fr in Moma
13 juin
Levé à quatre heures du matin et lu le Deuxième Discours contre Catilina de Ciceron qui m'a infiniment plu. J'y vois bien plus de choses que je n'avais pensé qu'on y trouvât. Mais je vois bien que c'était par ignorance et qu'il est aussi bon écrivain qu'aucun que je connaisse.
Puis j'ai été chez George Carteret pour parler de la querelle d'hier au bureau, et je lui ai offert mes services pour chercher dans tous les vieux registres et les vieux papiers que j'ai ce qui peut être en sa faveur. Il en a été fort satisfait et a fort déclamé contre Mr Coventry me racontant qu'il lui avait rendu service au Parlement quand Prynne avait établi une accusation en forme contre lui pour avoir reçu de l'argent en échange de nominations. Qu'il l'avait, sur sa demande, exprimée par lettre, empêché d'agir en ce sens. Et il m'a raconté bien d'autres choses, par exemple que le roi avait des obligations et dans quelle misérable situation sa famille se trouverait s'il venait à mourir avant d'avoir liquidé ses comptes. Je vois en somme qu'il m'estime beaucoup et qu'il m'est ami. Et il pourra m'être utile
De là en divers lieux pour affaires. Eté, entre autres, voir mon frère où Tom Benier, le barbier, m'a coupé les cheveux.
De là chez milady et dînai avec elle et Mr Loxton, Gibbons et Goodroom, et après dîner fait un peu de musique, et rentrai travailler, et dans la soirée ma femme et Sarah et le petit laquais très agréable promenade jusqu'à la Demi-Etape. Et retour, et au lit.
14 juin1662
Levé à 4 heures du matin et été travailler au bureau. Puis réunion pour travailler et vers 11 heures, ayant une chambre que nous avions réservée, nous sommes allés à la colline de la Tour et là, en face d'un échafaud élevé exprès ce jour nous avons vu amené Henry Vane. Une grande presse. Il a fait un long discours interrompu à de nombreuses reprises par le shérif et par d'autres, et il lui aurait enlevé le papier qu'il tenait, sauf qu'il ne se le laissa pas arracher. Mais ils firent livrer au shérif tous les calepins de ceux qui prenaient des notes, et on fit venir les trompettes sous l'échafaud pour empêcher qu'on l'entendît.
Puis il pria, se prépara et reçut le coup. Mais il y avait tant de monde sur l'échafaud que nous n'avons rien vu, alors que Borman qui était sur place vint et nous raconta qu'il avait commencé par parler de l'irrégularité de son procès disant qu'on avait, contrairement à la Grande Charte, refusé d'admettre les exceptions qu'il avait soulevées contre l'acte d'accusation, et qu'à ce moment il fut interrompu par le shérif. Il tira alors ses notes de sa poche et commença à les lire. Il dit d'abord qu'il était né gentleman et qu'il avait été élevé en gentleman, qu'il en avait les qualités, et pour paraître aux yeux du monde encore plus gentleman, il avait été jusqu'à 17 ans un bon vivant, mais qu'alors il avait plu à Dieu de déposer dans son coeur une fondation de grâce qui le convainquit, contre son intérêt en ce monde, de renoncer à toute carrière et à quitter le pays pour aller où il pourrait servir Dieu avec une plus grande liberté. Il fut alors rappelé et élu membre du Long Parlement. Il n'a là jamais agi contre sa conscience, mais toujours pour la gloire de Dieu. Ici il voulut leur exposer les actes du Long Parlement mais on l'interrompit si souvent qu'enfin il fut forcé de renoncer. Il pria alors pour l'Angleterre en général, puis pour ses églises et enfin pour la cité de Londres. Et il prit la position requise pour le billot et reçut le coup. Il avait une cloque ou une suppuration au cou et il demanda qu'on ne la blessât pas. Il ne changea ni de couleur, ni de langage jusqu'à la fin, mais il mourut en se justifiant ainsi que la cause qu'il avait défendue. Il dit avec une grande assurance qu'il serait à la droite du Christ. Il se montra en tout l'homme le plus résolu qui soit mort de cette façon, manifesta plus d'ardeur que de peur mais avec une humilité et une gravité parfaites. Quelqu'un lui demanda pourquoi il ne priait pas pour le roi. " Si, dit-il, vous allez voir que je sais prier pour le roi, que Dieu le bénisse ! "
Le roi avait promis son corps à sa famille, aussi dit-il qu'il espérait qu'on aurait des égards pour son corps quand il serait mort et demanda qu'on lui permît de mourir en gentleman et en chrétien et non pas dans la foule et la cohue. lartpourtous.blog.tdg.ch in Moma
Un petit moment au bureau puis nous nous rendîmes tous à Trinity House pour dîner, et de nouveau au bureau jusqu'au soir, et rentrai, et au lit. J'apprends aujourd'hui que milord Peterborough est arrivé inopinément de Tanger pour exposer au roi la situation sur place qui, nous en avons peur, n'est pas des meilleures. Nous apprenons aussi que les Espagnols sont devant Lisbonne avec treize navires, dont six hollandais. Ce qui, je le crains, augure mal pour le Portugal.
J'ai écrit une lettre relatant tous les événements de cette journée à milord qui se trouve à Hinchingbrooke. Il est me dit-on, satisfait des travaux qu'ils y font.
15 juin
Jour du Seigneur
A l'église ce matin et dînai à la maison où arrivèrent mon frère Tom et Mr Fisher, second mari de ma cousine Nan Pepys, un homme très facile à vivre, un vieux Cavalier. Je lui ai fait fête autant que je pouvais, et nous avons été très gais. Je suis content qu'elle ait trouvé un si excellent homme. Après leur départ de nouveau à l'église, mais comme ma femme n'était pas habillée à mon goût je me fâchai et elle, une fois en route pour l'église s'en revint, vexée. Mr Mills fit un sermon banal. De retour je m'aperçus que ma femme et Sarah étaient allées à une église voisine, ce qui ne me déplut pas. Elle revint bientôt et après quelques propos acerbes nous fûmes réconciliés. Son frère vint alors la voir. Elle me dit ensuite qu'elle le croyait marié à une femme qui lui apporte 500 livres et qu'il avait demandé ce qu'il ferait de mieux de cet argent. Mais je m'abstins de lui donner quelque conseil tant qu'elle ne pourrait pas me dire avec certitude ce qu'il en est, répugnant à me mêler trop tôt de ses affaires. Puis promenade sur la terrasse, souper, et au lit.
16 juin 1662
Levé avant 4 heures et après un peu de travail pris Will. Nous franchîmes à pied la colline de la Tour. La porte n'était pas ouverte, nous sommes par Sainte-Catherine et par Ratcliff, je crois, au bord du fleuve, parcourant plus d'une demi-lieue avant de trouver un canot. Nous avons alors passé le fleuve dans un canot à un seul rameur, ce qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps, et sommes finalement allés à pied à Deptford où j'ai vu où en est le travail pour la maison de sir William Batten et pour la mienne. Il est presque terminé. J'ai aussi, avec Mr Davies, inspecté le suif de mon cousin Joyce et l'ai comparé avec le suif d'Irlande récemment acheté. Le nôtre est beaucoup plus blanc mais aussi mou. Lequel des deux a un défaut, si c'est un défaut, je n'en sais rien.
Nous retournâmes donc à pied jusqu'en face de la Tour et passâmes là le fleuve, et à la maison où je trouve sir William Penn et sir Mennes discutant de l'habitation de sir Mennes et de ce qu'il vienne demeurer avec nous. Je crois qu'il projette de prendre la maison de Mr Turner et que celui-ci prenne son logis, ce qui me plaît beaucoup. Nous allâmes tous les trois chez Mr Turner examiner la maison pour, je crois, que Mr Mennes la vît.
Puis par le fleuve, avec ma femme, à la Garde-Robe où nous dînâmes, et l'après-midi, avec tous les enfants, par le fleuve à Greenwich où je leur montrai le yacht du roi, le palais et le parc, tous fort agréables, et nous allâmes à la taverne, avons entendu leur musique, et retour gaiement. Will et moi revînmes de la Garde-Robe à pied ayant laissé ma femme à l'appontement de la Tour. Je la retrouve couchée, pas très bien, car elle a ses époques. Et au lit.
à suivre.......
17 juin 1662
Levé, Mr M........